[Ailleurs] Quête : Dix Petits Gosses

[Galathée]

" Un dur à cuire débile. Faudra surtout que tu penses à utiliser des mots pas trop compliqués, sinon il comprendra absolument rien de rien..."
Il s'approcha de la porte de l'appentis, jeta un oeil dehors.
" Je vais aller voir si le chien dort déjà... je crois que j'ai mis une bonne dose... j'espère qu'il ne dormira pas encore demain matin... Faudrait que j'arrive à récupérer les os, sinon les parents de Carl vont se demander comment il a réussi à les trouver... Hum... Est-ce que tu crois qu'on va passer par la maison, ou bien tu te sens de tenter l'escalade ? Il y a une fenêtre dans le toit."

[Taliesin]

-Si l'escalade est pas trop dure et s'il a laissé la fenêtre ouverte, je crois que ce serait plus discret de passer par là, répondit-il après un moment de réflexion. On aura moins de chances de réveiller ses parents ou de les croiser, des fois qu'ils soient pas encore couchés... Mais on sera obligés de reprendre le même chemin pour le retour, alors faudra faire en sorte d'aveugler Carl, pour pas qu'il nous voie enlever notre déguisement... Parce que là, ça ficherait tout en l'air !

[Galathée]

" Tu penseras bien à quelque chose... T'es trop forte, de toute façon !" s'exclama Guéric avant de se faufiler au dehors.
Violette demeura donc en arrière, dans l'appentis, coincée entre l'établi et la carcasse d'une énorme penderie aux angles à peine esquissés. L'odeur de la sciure fraîche flottait dans l'air et la petite fille entendit quelque chose fouiner dans un coin, sans doute une souris ou un rat, bestioles qui dépassaient certainement les Manostiens humanoïdes en effectifs. Le vent se glissait au travers des ardoises disjointes du toit, sifflant. Pendant un moment, il n'y eut plus rien d'autre, aucun signe de ce qui se tramait au-dehors. Pas d'aboiement signifiant l'échec du petit halfelin, mais ce dernier tardait à revenir. Il finit cependant par repointer son nez, ouvrant la porte de la remise avec un grincement atroce.
" La voie est libre ! Le chien dort comme un Helmite saoul, je lui ai même pincé la truffe et il n'a pas bronché ! Et la fenêtre du toit est entrouverte... La gouttière a l'air solide... ou alors on peut tester le lierre... Légers comme on est, l'un ou l'autre, ce sera possible... Faudra juste faire gaffe de pas déraper sur les tuiles... et de pas passer à travers ! Mais on a ça dans le sang, pas vrai !"

[Taliesin]

Il grimaça.
-Sans doute... Mais souviens-toi que si on laisse la moindre trace, comme du lierre arraché ou une tuile cassée, les parents de Carl comprendront que quelqu'un est entré dans la maison durant la nuit, et tous nos efforts seront réduits à néant, et ça chauffera rudement ppour nous... Alors voilà, si on voit qu'on peut pas grimper sans faire de dégâts, faudra qu'on change d'idée et qu'on passe par l'intérieur.
Tout en parlant, il se concentrait déjà sur la séance d'escalade à venir. Ce n'était vraiment pas le moment de commettre la moindre erreur.
-Hum, c'est peut-être mieux si on enlève nos chaussures, non ? ajouta-t-il. On trouvera plus de prises avec les pieds, pis on sera plus légers... Ce serait pas de trop, vu qu'on aura le sac avec le drap et la lampe...

[Galathée]

" T'as raison. Tu penses vraiment tout le temps à tout, j'aimerais bien être malin comme toi. Mais bon... chacun son truc, je suppose. Enfin moi je crois que si je pouvais manger des bonnes tourtes plus souvent, je serais aussi futé ! La tourte, ça rend futé, c'est bien connu. Enfin, je dis pas ça pour que tu en chapardes, hein. Pas du tout."
Il retira ses godillots troués et les glissa sous le meuble en cours de fabrication.
" Ben j'espère que les rats vont pas me les bouffer ! Ça sent le fromage, là-dedans, une horreur !"
Son sourire s'élargit.
" Je propose que tu passes devant. Comme ça si tu glisses, je te rattrape. J'ai un peu plus l'habitude. Même si je suis pas aussi futé."

[Taliesin]

-D'accord, dit Taliesin après s'être également déchaussé. Mais seulement si tu promets de faire attention à toi aussi. Ce serait trop bête que tu te blesses, et puis, de mon côté, je serai hyper prudente. Enfin, je sais que j'ai pas besoin de te donner de conseils, parce que tu es beaucoup, beaucoup plus futé que tu le crois ! Souviens-toi du coup de dessiner un œil, par exemple ! C'était une idée géniale !
L'instant suivant, il s'apprêtait à sortir.

[Galathée]

Ils gagnèrent donc l'extérieur et la nuit froide. La silhouette de la petite maison de Carl se dessinait sur le ciel gris sombre. Guéric poussa doucement la grille du jardinet — qui ne grinça pas, heureux miracle — puis invita Violette à le suivre vers la façade de la maison. La fillette aperçut la fenêtre du toit, effectivement entrouverte, puis évita de justesse de trébucher sur la forme inerte du gros molosse qui dormait. Il était étendu de tout son long, langue sortie, flancs battants, dans l'herbe humide. De temps en temps une de ses pattes s'agitait, signe, probablement, qu'il coursait un lièvre (ou un halfelin) imaginaire. Le petit garçon s'approcha de la gouttière et tira un bon coup dessus. Celle-ci répondit d'un bruit de ferraille peu engageant.
" Si tu n'as pas peur des araignées, peut-être que le lierre est plus prudent ?"

[Taliesin]

Il hocha la tête.
-Faut juste voir si on risque pas de tout l'arracher. Mais s'il tient bien, d'accord, on passera par là. Et pour les araignées, t'inquiète pas, ce sont pas les petites bêtes qui vont faire peur à la grosse ! Enfin, grosses, par rapport à elles, quoi ! Pis s'il y en a des assez imprudentes pour nous grimper dessus, bah, tant mieux ! On les récupérera une fois arrivés en haut, et on en fera cadeau à Carl !
Affichant un large sourire, il se mit en devoir d'examiner et de tester le lierre.

[Galathée]

C'était un lierre ancien, qui paraissait doté d'un tronc et de branches noueuses. Taliesin, sous sa forme originale, ne se serait pourtant jamais risqué à l'escalader. Cela restait une simple plante grimpante, pas un arbre. Mais les petits halfelins étaient indéniablement légers... C'était en réalité impossible à évaluer, il ne disposait pas des référents appropriés. Guéric avait l'air confiant. Si cela voulait dire quelque chose...
Le barde tira sur les branches qui s'agitèrent jusque tout en haut, sans céder, et une araignée filiforme lui tomba sur la main. Il vit une autre se carapater dans une fissure. Une troisième attendait crânement au milieu de sa feuille verte. Elles semblaient relativement inoffensives. Peut-être certaines mordraient-elles s'il les brusquait, mais on n'avait jamais entendu parler de créatures mortelles tapies dans les lierres manostiens.

[Taliesin]

Une nouvelle fois, il hésita. Ne vaudrait-il pas mieux gagner la chambre de Carl via la maison ? Guéric savait crocheter les serrures et tous deux avaient le pas léger, après tout... Mais voilà : ils risqueraient alors de devoir affronter des parents éveillés ou au sommeil léger, un plancher ou des marches grinçant allègrement et tout un tas d'autres imprévus susceptibles de faire capoter leur plan. Non, autant opter pour le lierre. S'ils se montraient prudents, s'ils ignoraient les éventuels assauts des araignées, l'ascension se passerait bien. Normalement.
-Je crois qu'on peut y aller, dit-il.

[Galathée]

Guéric lui leva les deux pouces, le visage hilare, et Violette put entamer son ascension. Elle se révéla plus aisée qu'il ne l'avait craint : le lierre était solidement arrimé à la façade, s'étant entortillé autour de tout ce qu'il avait trouvé, en ce compris un vieux balcon, la corniche et une ancienne poutre au bout de laquelle avait sans doute un jour été suspendue une poulie. Bien sûr, ils arrachèrent beaucoup de feuilles, mais le vent aurait tôt fait de les disperser, dissimulant leur escalade. Et il y avait les araignées. C'était une chance que ni Taliesin, ni Violette ne les craignent, car il y en avait partout. Si la plupart préféraient prendre la poudre d'escampette à l'approche du tumulte, certaines refusaient d'abandonner leur toile malgré le cataclysme, et d'autres semblaient trouver très sympathique d'emprunter ce tout nouveau type de transport. Bref, le barde métamorphosé dut rapidement cesser de compter les bestioles, et il sentit très distinctement au moins deux morsures. Ce qui signifiait probablement qu'il s'était fait poinçonner bien plus que ça. Enfin, il parvint sur la corniche qui bordait le toit, à quelques pas seulement de la fenêtre entrouverte. Guéric était juste derrière.
C'est ce moment que choisit le chat pour faire son apparition. C'était une créature velue, rayée et très amicale, qui s'empressa d'aller se lover, ronronnante, dans les chevilles un peu tremblantes de la petite halfeline... et ces tuiles était diablement glissantes...

[Taliesin]

Il ne manquait plus que ça... désespéra intérieurement l'elfe.
Dans l'idéal, il aurait aimé profiter d'un répit pour se débarrasser de la cohorte d'araignées qu'il devait transporter et pour échanger quelques mots avec Guéric au sujet de la suite des opérations. Mais la présence de l'affectueux félin rendait tout cela inenvisageable, puisqu'il lui fallait se concentrer au maximum afin de conserver son équilibre. Le bon côté des choses, c'est que si les occupants de la maison entendaient des bruits, ils les attribueraient sans doute au fameux matou...
-Je vais rentrer dans la chambre, et si Carl fait mine de se réveiller, je trouverai un coin où me planquer, souffla-t-il à son ami. Essaie de me suivre le plus vite possible... Et fais gaffe au chat !
L'instant suivant, avec moult précautions, il tentait de mettre son plan à exécution.

[Galathée]

Taliesin comprit rapidement qu'il lui faudrait progresser à quatre pattes s'il entendait arriver vivant à l'intérieur. Le chat, en effet, était doté d'une force peu commune, et semblait vouloir littéralement s'incruster dans les chevilles de sa nouvelle amie. Comme le vent était également de sortie, et qu'il avait plu, les risques de chute étaient grands car les tuiles du toit luisaient de mousse. Mais une fois racrapotée sur la corniche, la petite fille put cheminer aisément jusqu'à la fenêtre, l'entrouvrir (elle ne grinçait heureusement pas) et se glisser dans la chambre. Le long du mur d'en face, Carl se retourna dans son lit et soupira longuement. Guéric sauta à son tour à l'abri, léger et silencieux. Par contre, le chat, qui les avait crânement accompagnés, se mit à ronronner avec enthousiasme, manifestement séduit par le gamin ou, et c'était plus probable, par les relents de viande faisandée qui émanaient encore de ses mains.

[Taliesin]

Et bien, les choses promettaient d'être plus compliquées que lors de leur précédente opération... Mais ils allaient se débrouiller.
-Faut qu'on repère un endroit où se cacher s'il se réveille, souffla-t-il au Halfelin. Pis mettre la main sur une ceinture, aussi... Dès qu'on l'aura saucissonné, bâillonné et aveuglé, le plus dur sera fait. Enfin, je crois.
Restait juste à espérer que Carl porte une tenue de nuit similaire à celle de Domi. Sinon... Bah, sinon, ils aviseraient.

[Galathée]

Ils pouvaient aisément se cacher dans l'ombre d'une grande penderie ou sous le bureau. En effet, Carl disposait d'un nombre de meubles appréciable... reflet de la profession de ses parents, sans doute. Tandis que Guéric ouvrait précautionneusement les tiroirs d'une commode à la recherche d'une ceinture ou de quoi que ce soit d'autre du même acabit, le chat continua à lui tourner autour. Puis, se désintéressant du halfelin, il sauta sur le lit de Carl et se mit à rechercher un endroit propice où dormir, escaladant sans vergognes le gamin endormi. Celui-ci se mit à bouger en grommelant, dérangé par le félin chaleureux...

[Taliesin]

Taliesin n'hésita pas un instant : si Carl était réveillé, ils devraient attendre qu'il se rendorme, ce qui pouvait être long ; si le matou s'installait sur le lit, ils ne pourraient plus en ôter les couvertures pour ligoter le garçon... Aussi s'approcha-t-il et essaya-t-il de soulever l'animal pour le déposer au sol, tout en se tenant prêt à aller se cacher si le mal était déjà fait... Lui qui aimait bien les chats, il devait reconnaître que celui-ci était en train de les mettre dans un sacré pétrin !

[Galathée]

La bestiole émit un léger miaulement de protestation et Carl jura en rabattant son oreiller sur sa tête. Il ne s'éveilla pas davantage, mais Taliesin avait désormais un chat ronronnant, et relativement pesant, dans ses petits bras de halfeline. Dès qu'il le déposa au sol, le matou lui jeta un regard lumineux et... sauta derechef sur le lit, où il s'aplatit, à l'affût. Il croyait manifestement qu'il s'agissait là d'un jeu... et il allait falloir agir de manière un rien plus drastique pour s'en débarrasser.

[Taliesin]

Mais comment ? En demandant à Guéric de lui ouvrir la porte de la chambre puis de la clore sitôt qu'il l'aurait déposé dans le couloir ? Le chat risquait alors de miauler, de gratter au battant ou d'aller réveiller les parents de Carl par des manœuvres similaires. Non, c'était trop dangereux. Ne restait donc qu'une seule solution...
-Tiens-toi prêt à fermer la fenêtre, souffla-t-il à son ami en entreprenant de récupérer le matou.
S'ils avaient de la chance, l'opération ne serait pas trop bruyante. Mais s'ils n'en avaient pas... Enfin, ce n'était pas non plus comme si d'autres choix s'offraient à eux.

[Galathée]

Globalement, l'opération se solda par une réussit. Le matou se laissa soulever sans crainte, ronronnant de joie à l'idée de s'être trouvé une petite camarade de jeu, jusqu'à ce qu'il réalise que Taliesin l'entraînait vers la fenêtre. Il tenta alors de se débattre, ce qui récolta quelques griffes à Violette. Elle tint cependant bon, balança le chat prestement sur la corniche et Guéric referma aussitôt l'issue. La bestiole gratta une seconde à la vitre mais renonça rapidement.
" Bien joué..." fit le halfelin.
C'est alors que le plancher du palier, à l'extérieur de la chambre, grinça. C'était peut-être une illusion... ou un craquement du genre que font les vieilles maisons dans la nuit... mais peut-être pas.

[Taliesin]

Taliesin ne fit ni une ni deux : le plus rapidement et le plus silencieusement possible, il se rua à l'abri du meuble le plus proche, convaincu que Géric agirait de même. Il espérait que le grincement n'était rien d'autre qu'une fausse alerte mais préférait ne pas prendre de risques, puisqu'il pouvait aussi s'agir des parents de Carl qui, alertés par des bruits sortant de l'ordinaire, étaient venus voir de quoi il retournait. Si les dieux étaient bons, ils se contenteraient de jeter un simple regard dans la chambre avant de s'en retourner, leur permettant de reprendre l'opération là où ils l'avaient laissée... Opération qui, force était de le constater, s'avérait déjà bien plus ardue que la précédente...

[Galathée]

La porte s'ouvrit quelques seconde plus tard, alors que Guéric avait lui aussi trouvé refuge derrière un meuble et demeurait aux aguets. Une petite silhouette se glissa dans la pièce, la traversant en s'aidant de ses mains pour ne pas trébucher. Elle se dirigea au jugé jusqu'au lit, buta dans la chaise et jura, puis attrapa la jambe de Carl au travers de la couverture.
" Carl, j'ai fait pipi."
L'autre grommela.
" Carl..."
La petite silhouette secoua la jambe avec plus d'énergie.
" Je t'ai dit que j'avais fait pipi.
— Tu fais chier, Harold, maugréa Carl.
— Maman a dit que tu devais venir changer le drap.
— Ta gueule.
— Caaaaarl ?"

[Taliesin]

Récapitulons : une séance d'escalade parmi les araignées, un chat trop affectueux, un petit frère souffrant d'énurésie... Et quoi d'autre, maintenant ? Soit Carl finirait par céder et quitterait la chambre, soit il continuerait à faire la sourde oreille et Harold s'en irait réveiller ses parents, lesquels risquaient de venir tancer leur aîné... Dans le premier cas, ils pourraient attendre la suite des événements. Dans le second, il faudrait se carapater. Ou intercepter le gamin avant qu'il ne sorte de la pièce, avec tout les risques que cela impliquait. Mais peut-être y aurait-il moyen de s'en faire un allié ? A voir...

[Galathée]

Carl finit par soupirer.
" Putain, Harold, espèce de pisseux minable.
— T'as pas le droit de dire ça. Maman a dit qu'à mon âge, tu f'sais aussi pipi, encore.
— Grimpe.
— Quoi ?
— Y'a de la place pour deux. Moi j'me lève pas.
— Oh... Bon, mais j'vais d'abord chercher mon Boubou. Il a peur tout seul dans l'noir.
— Ouais, c'est ça."
Et Carl se retourna tandis que le petit Harold partait vers la porte.

[Taliesin]

Taliesin aurait aimé appeler le petit d'un murmure, lui expliquer qu'il était un fantôme envoyé par Helm pour apprendre à son frère à être plus gentil. Mais voilà, le frère en question était éveillé, il ne pouvait donc encore trahir sa présence. Et comme aller verrouiller la porte était tout aussi inenvisageable, il fallait attendre qu'Harold soit revenu s'installer dans le lit et qu'il ait rejoint le pays des rêves, à l'instar de Carl. Ensuite, Guéric et lui seraient enfin en mesure d'intervenir. L'idée de terrifier un gosse innocent ne lui plaisait guère, mais il ne voyait aucune autre alternative. Sans doute ne pourraient-ils se dispenser de l'attacher et de l'aveugler. Cependant, il veillerait à lui adresser des paroles rassurantes, pour bien montrer qu'on n'en avait pas après lui...

[Galathée]

Le petit Harold revint quelques minutes plus tard, chargé d'un animal en peluche de race indéfinissable, hirsute et rapiécé. Il se glissa sous la couverture de Carl et poussa un soupir de satisfaction.
" Ah putain tu pues, Harold ! grommela Carl.
— C'est le pipi. Je peux prendre une tunique à toi ?
— Oh, merde... Fais ce que tu veux, laisse-moi dormir..."
Harold s'approcha alors de la commode derrière laquelle se trouvait Guéric. Il fourragea dans les tiroirs, renversant leur contenu sur le sol, trouva ce qu'il cherchait, enleva sa propre tunique puante, puis se changea. Il retourna ensuite se blottir contre son frère. Pendant quelques minutes, ils se disputèrent la couverture, Carl jura, Harold se pelotonna davantage, et puis leurs respirations se calmèrent, d'abord décalées puis se synchronisant petit à petit. Guéric se redressa et marcha à pas de loup jusqu'à Taliesin.
" Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ? C'était pas prévu, ça !"

[Taliesin]

-Je crois qu'on a pas le choix et qu'il faut continuer : ce sera trop difficile de revenir ici une autre nuit, répondit-il d'un ton hésitant. Alors je propose qu'on commence par attacher et bâillonner Carl. Ensuite, faudra s'occuper d'Harold. J'ai pas du tout envie qu'on lui fasse peur, parce qu'il a rien à se reprocher, lui. Pis il est encore tout petit... Mais si on le réveille en premier, si on lui dit qu'il a rien à craindre parce que c'est un bon garçon, et que Helm nous a envoyés pour essayer de faire en sorte que son frère devienne aussi gentil que lui, peut-être que ça ira ? Faut juste voir si... Ben... Si on prend des précautions pour pas qu'il crie ou qu'il s'enfuie.

[Galathée]

" Je le connais pas du tout, Harold... dit Guéric. Je savais même pas qu'il avait un frère, moi, Carl.."
Il grimaça.
" Mais t'as raison. On commence avec Carl... C'est bien, il a fait tomber une ceinture de l'armoire en y fouinant, le petit... Je vais essayer de lui caler les jambes et le reste, pendant que tu prépares le matériel, ça va ? J'espère que le petit dort bien..."
Il se dirigea vers le lit sur la pointe des pieds, emportant au passage la ceinture en question. Il se mit ensuite au travail, rapidement, avec davantage d'assurance que pour Domi... ou simplement plus pressé, craignant peut-être l'intrusion d'un nouveau visiteur. Carl maugréa plusieurs fois, accusant son frère à mi-voix, tandis qu'Harold dormait tranquillement sans se soucier de la bousculade. Enfin... tout fut paré pour leur intervention.

[Taliesin]

-Alors, qu'est-ce qu'on fait pour Harold ? s'enquit-il, dans un souffle, après avoir déballé tout leur équipement. On l'attache même si c'est vache ? Ou on se contente de le réveiller puis de joue les fantômes hyper gentils et rassurants, en espérant qu'il se mettra pas à hurler ?
Spontanément, il préférait la seconde option, de loin plus humaine que la précédente. Mais il y avait tellement de risques qu'il continuait à hésiter. Or, ils ne pouvaient plus vraiment se permettre de tergiverser...

[Galathée]

Guéric paraissait au moins aussi hésitant que lui.
" Je sais pas... On peut jouer gentil, mais s'il file on sera vraiment dans la bouse... si on l'entortillait dans son drap, simplement ? C'est pas sûr qu'il va se réveiller... Les p'tits de cet âge-là, ça dort parfois comme des bûches même quand tu joues de la trompe au-dessus de leur tête... Crois-moi, j'en ai deux à la maison."
Il haussa les épaules.
" Parce que s'il se lève et qu'il part... On va le rattraper comment ? T'as un pouvoir magique pour ça ?"

[Taliesin]

-J'ai aucun pouvoir magique, moi ! protesta-t-il. Je sais juste faire un petit tour de passe-passe de rien du tout... Mais tu as raison, entortillons Harold dans son drap puis occupons-nous de son frère. Et s'il se réveille, ben... On avisera. On le rassurera et on en profitera pour mettre la honte à Carl, en montrant que son cadet, il est bien plus gentil que lui.
L'instant suivant, il se mettait au travail : entortillage puis déguisement.