Les Antiques Cryptes

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

« Certes, Eldurvellir, peut-être allons-nous croiser des morts-vivants. Mais à tout prendre, je préfère eux à des cultistes furieux ! » répliqua Silmandel sans frainer sa progression.

Il surveilla quand même du coin de l’œil ce que fabriquait le mage, mais se garda bien de perdre une seconde. Parfois, tout ce jouait à une seconde, surtout si un démon pouvait pointer le bout de son vilain nez.

[Asmodeus]

Asmodeus avait lui aussi cessé ponctuellement de s’intéresser au gamin pour se précipiter dans la direction indiquée par Silmandel de toute la vitesse qu’il était capable de soutenir pendant quelques minutes. Mieux valait ne pas être à l’arrière du groupe quand l’entité qui était adorée par la secte ferait une entrée fracassante et chercherait des victimes pour assouvir sa colère de voir que des aventuriers avaient saccagé son sanctuaire et libéré ses prisonniers.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Le gamin, surpris, s'était laissé faire. Quant à Clémentine, elle avait gratifié le mage d'un regard méfiant, sans cependant intervenir. Il faut dire qu'il avait eu une bonne idée : certes, si Alexandre devait courir ventre à terre, la robe avait de fortes chances de glisser, l'entravant à nouveau mais, dans l'immédiat, il était beaucoup plus libre de ses mouvements.
Après que la jeune fille ait allumé sa torche, ils s'engagèrent dans le couloir, les captifs sur leurs talons. Ils parvinrent sans encombres dans l'autre salle. La bonne nouvelle, c'est que le passage qui leur faisait face et grâce auquel ils pourraient quitter l'antre de la secte était apparemment dégagé. La mauvaise, c'est que, à quelques mètres seulement sur les droite, un groupe de goules dévoraient les corps de deux cultistes qui n'étaient pas là précédemment. Et, évidemment, les horribles créatures relevèrent la tête en entendant venir les nouveaux venus. Plusieurs d'entre elles se léchèrent même leurs babines sanglantes.

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Bon, toujours pas de démon furieux. C’était déjà une bonne, une très bonne chose. Et toujours pas de cultistes, tout du moins, pas en vie. C’était aussi un bon point. Mais forcément, tout ne pouvait pas aller parfaitement. Quand Silmandel aperçu les goules, il hésita entre essayer de les éliminer au plus vite ou débuter une course-poursuite. Des goules... ce n’étaient pas des zombis et le temps, plus que jamais pressait.

« Ne faites pas attention ! Tout droit ! On va tout droit ! » cria-t-il en montrant l’exemple.

Il fit, au pas de course, un écart pour mettre le plus de distance possible entre lui et les monstres. Puis, à nouveau, il regarda en arrière, soucieux qu’on le suive. Il se prenait au jeu. Il voulait sauver Alexandre, Clémentine, mais aussi tous les autres. Ne serait-ce pas un exploit ? Ne serait-ce pas une belle histoire ?

[Asmodeus]

Lutter à la course contre des goules promettait d’être difficile mais peut-être pouvaient-ils en effet rejoindre un lieu moins désavantageux pour les affronter. Et qui sait si elles ne se rabattraient pas sur quelques cadavres laissés en chemin. L’un dans l’autre, les récents ajouts à leur groupe étaient à double tranchant : ils ne pourraient pas espérer quitter discrètement le complexe mais peut-être que certains des esclaves les plus faibles fourniraient de bons auxiliaires pour attirer les non morts, les retarder et couvrir leur fuite. Ils n’avaient pas besoin de compétences particulières : il leur suffisait de courir moins vite que l’élu divin. Il ne leur en demandait pas beaucoup tout de même ! Il ne prendrait toutefois pas le temps de formuler ce genre d’instructions qui pourraient être mal accueillies : mieux valait recourir à l’action présentement : fuir à la suite de Silmandel en faisant un gros effort pour ne pas se laisser distancer. Les esclaves avaient eu leur chance : à eux d’assumer leurs rêves et leurs espoirs de liberté !

[Eldurvellir]

Eldurvellir suivit Silmandel et Asmodeus sans réfléchir ; il eut juste la présence d'esprit de se placer de manière à protéger Alexandre au mieux. On était venu le chercher, ce n'était pas pour qu'il succombe à la première attaque.

Tiamandis s'était calée contre la gorge du mage et le mordillait de tout son coeur, ivre de jalousie.

Tout en courant, Eldurvellir songeait qu'il devrait faire une petite mise au point avec son familier, qui décidément avait pris d'assez mauvaises manières. Jalousie, coup de coeur pour Silmandel qui avait bien failli le tuer lors de leur rencontre... Soit les cryptes avaient une influence déplorable sur la pipistrelle, soit une remise en main s'imposait.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Dans un bel ensemble, tout le groupe se rua en direction de la salutaire issue, effectuant comme Silmandel un crochet afin de s'éloigner des morts-vivants et d'éviter le brasero qui occupait le centre de la salle. En passant devant le couloir s'ouvrant sur leur droite, ils perçurent les échos d'une bataille acharnée : ainsi les cultistes n'avaient-ils pas encore totalement succombé à l'assaut des monstres ; peut-être même avaient-ils reçu des renforts puisque, à en croire le défunt geôlier, une grande cérémonie était prévue ce jour, impliquant la venue de nombreux autres membres de la secte...
Cependant, ni iles aventuriers ni les anciens captifs n'avaient l'intention de s'attarder pour en avoir le cœur net : seule la fuite importait. Ils atteignirent le corridor et l'enfilèrent à bonne allure, profitant du fait que les goules avaient marqué une hésitation avant de se lancer à leurs trousses. Mais combien de temps pourraient-ils maintenir ce rythme effréné ? Combien de temps avant que les forces d'Asmodeus ne viennent à lui manquer, avant que la providentielle idée d'Eldurvellir ne montre ses limites et que la robe d'Alexandre, glissant à nouveau, ne fasse tomber le garçon ? Pas beaucoup, malheureusement... Et les créatures qui les talonnaient semblaient fermement décidées à ne pas les laisser en paix.

[Asmodeus]

Asmodeus n’avait pas plus de solutions pour remédier à leur position délicate maintenant qu’ils avaient atteint le couloir. Cependant, savoir que les cultistes luttaient toujours avait un côté paradoxalement rassurant : ils constituaient toujours une excellente diversion pour attirer le plus gros du contingent des occupants « naturels » des catacombes. Toutefois, s’ils venaient à croiser les cultistes, ils seraient bien plus difficiles à convaincre de leurs bonnes intentions désormais qu’une troupe d’esclaves les accompagnaient. Mais le plus sage était de ne pas trop cogiter sur ce qui pourrait se dresser sur leur route : ils étaient loin d’être débarrassés de leurs premiers poursuivants et l’élu divin sentait son souffle s’épuiser et ses jambes devenir terriblement lourdes. L’un des esclaves fraîchement libérés était-il susceptible de le porter ? Un homme fort et bien disposé à son égard peut-être. Et tant pis s’il apparaissait comme faible physiquement : cela vaudrait mieux que de mourir entre les mains des goules sauvages.

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Tous des butés ces morts-vivants ! Quand ils avaient une idée en tête, difficile de le leur faire oublier ! Tant qu’il n’y avait qu’une petite poignée de goules, ce serait à peu près gérable. Le problème, selon Silmandel, c’était que leur procession était toute sauf discrète. Plus leur fuite allait se prolonger, plus ils allaient attirer les monstres des environs. Et puis, il ne fallait pas oublier les pièges. Difficile de les éviter ou même de les repérer dans cette situation. L’elfe, qui avait l’avantage d’être en bonne forme, sans compter qu’il savait ce que courir voulait dire, sans quoi il ne serait déjà plus de ce monde, commença donc à échafauder un embryon de plan dans cette totale improvisation. D’abord, quitter le repaire de la secte. Cela ferait déjà un problème de moins sur le dos. Ensuite, cesser de courir pour éliminer les goules. Enfin, avec de la chance, poursuivre la fuite de façon silencieuse.

« Clémentine, signalez-nous quand on aura dépassé les derniers postes de garde. Il faudra ensuite qu’on se trouve un endroit à notre avantage pour livrer bataille. Sinon, on court à la catastrophe ! » dit l’aventurier, toujours en tête.

[Eldurvellir]

Eldurvellir vit Asmodeus ralentir, faiblir même. Il se porta à sa hauteur, en courant à côté de l'enfant qu'il continua à protéger de son mieux. Il fit glisser son sac devant et farfouilla d'une main pour en extraire une potion énergisante qu'il tendit à l'homme fatigué.

- Prenez ceci, Asmodeus, et buvez-la sur le champ.

Se pouvait-il que ce charismatique compagnon, si prompt à impressionner ses interlocuteurs, fût angoissé au point d'oublier les potions que je lui ai remises ? pensa le mage.

Il eut la présence d'esprit de sortir un petit onguent qu'il badigeonna vivement sur sa gorge. Il ne manquerait plus qu'il saigne à cause du mordillage de Tiamandis et que l'odeur de son sang attire les goules vers le groupe ! l'onguent mentholé eut un effet radical : la pipistrelle arrêta de mordiller et se dissimula dans l'écharpe de son maître, non sans quelques menus couinements de contrariété.

[Asmodeus]

Asmodeus avisa la potion tendue par le mage avec circonspection mais sans ralentir sa cadence. Il hésita un instant en craignant un coup fourré peut-être destiné à fournir aux goules – à ses dépens -un sujet de préoccupation plus immédiate que la poursuite de vivants un peu plus vifs. C’était, après tout, une tactique que lui-même avait envisagé quelques instants plus tôt. Et le mage n’avait pas confié être un adepte de la torture et d’autres pratiques tout aussi peu recommandables ? Dans le feu de l’action, sa trahison avait de bonnes chances de passer pour un acte généreux. Cependant, l’élu divin se sentait faiblir d’instant en instant et s’empara de la potion quand plusieurs esclaves le dépassèrent sans peine. Il n’avait désormais plus d’autres choix que de faire confiance à Eldurvellir. Il déboucha le breuvage et l’avala par gorgées saccadées, sa gorge nouée par l’effort de la course. Il toussa et faillit s’étrangler dans l’opération. Mais restait à espérer que la potion aurait d’autres effets. Plus ou moins immédiats si possible.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Le breuvage ingurgité à grand peine procura à Asmodeus un regain d'énergie. Il savait cependant que cela ne durerait qu'un petit moment : la potion était naturelle, non poins magique... Mais c'était toujours ça de gagné. Quant à Silmandel, il n'eut pas besoin d'attendre que Clémentine s'exprime pour obtenir une réponse : il venait d'apercevoir deux cadavres à demi dévorés gisant sur le sol. Voilà tout ce qu'il restait de second et dernier poste de garde jalonnant ce corridor...
-Il va falloir qu'on tourne à gauche au prochain croisement ! lança la jeune fille qui courrait juste à côté de son frère. Une trentaine de mètres plus loin, il y aura une salle, encore à gauche : nous pourrions nous y réfugier mais nous serions alors bloqués puisqu'il n'y a qu'une entrée... Sinon, nous devrons progresser plusieurs minutes avant de trouver un autre lieu défendable...
Comme ils l'avaient supposé, les goules ne les lâchaient pas : c'est tout juste si elles avaient accordé un regard aux corps. Et pour ne rien arranger, certains des captifs semblaient commencer à fatiguer...

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

« Les armes des gardes, récupérez-les ! Il faut s’armer ! » cria Silmandel, à la vue des deux corps.

Les esclaves libérés ne devaient rien avoir pour se défendre. Or, le groupe devait pouvoir faire face aux goules. Sinon, courir était la seule alternative, solution qui ne pouvait durer. Se séparer était éventuellement envisageable, mais cela impliquait qu’il y aurait peu, très peu de survivants. L’elfe ne voulait pas en arriver à cette extrémité, pas encore. Néanmoins, s’il fallait des morts pour sauver Clémentine et Alexandre, tant pis. Le jeu en valait la chandelle.

« Bon, on tourne à gauche et on essaye de faire front ! Mais on entre pas dans la salle, on reste dans le couloir ! »

Ainsi, il était toujours possible de reprendre la fuite.

[Asmodeus]

La potion d’Eldurvellir lui avait redonné un semblant d’énergie mais il sentait que cela ne suffirait pas à faire la différence bien longtemps. De son point de vue, atteindre la première salle dont parlait Clémentine était sa limite. Au-delà, il n’aurait absolument aucune chance de continuer à suivre ses compagnons plus vaillants. Il n’avait cependant pas très envie de le reconnaître et, avisant certains des esclaves tout juste libérés, il improvisa un argument qui aurait plus de chances d’émouvoir leur guide. N’avait-elle pas insisté sur l’idée de ne pas nuire aux anciens captifs de la secte ?

- Certains ne tiendront pas au-delà de cette première salle. Il faudra combattre ce groupe et l’éliminer rapidement. Que les plus forts d’entre vous prennent ces épées.

[Eldurvellir]

Eldurvellir ne connaissait absolument rien au maniement des armes, mais il espéra que les ex-esclaves sauraient s'en servir contre les goules.

... Courir, encore courir...

Le mage avait senti Tiamandis frémir à l'odeur du sang, mais il parvint à la contenir. Inutile qu'elle se sauve pour les faire repérer davantage que le bruit de leurs pas.

Il courait derrière Alexandre, dont la course légère semblait être le pas naturel, comme si le fait d'être libéré le poussait à s'éloigner de l'endroit effrayant où il avait failli être sacrifié.

Eldurvellir restait persuadé que le garçon allait être l'objet d'un sacrifice à la statue qu'ils avaient détruite, un sacrifice grandiose, comme le laissaient supposer les atours superbes dont Alexandre était paré.

Il fallait désormais pouvoir sortir des cryptes... Le mage sentait cependant que le sang coulerait encore. Il espérait juste que ce ne serait pas le sien, si possible pas non plus celui des autres membres du groupe.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Trop absorbés par leur course pour vérifier si la demande de Silmandel avait été suivie d'effet, les aventuriers atteignirent l'intersection et bifurquèrent dans le couloir indiqué.
-Tout le monde s'arrête ! lança Clémentine sitôt qu'ils eurent atteint les abords de la salle latérale. Il me semble qu'il y a des pièges, plus loin, et je ne serai pas là pour vous les indiquer !
L'instant suivant, Silmandel sur les talons, elle rebroussait chemin, torche dans une main, épée dans l'autre. Quatre captifs les imitèrent : plus courageux ou plus dévoués que les autres, ils avaient récupéré deux épées mais également deux arcs et entendaient manifestement s'en servir. Le reste du groupe s'étant immobilisé, peut-être par peur des chausses-trappes, peut-être par peur du noir, simplement : après tout, pour l'heure, la jeune fille était la seule à disposer d'une source de lumière. Quant à Alexandre, après un moment de tergiversation intérieure, il se dirigea lentement vers sa sœur.
Les goules s'étaient également arrêtées : apparemment légèrement moins nombreuses qu'auparavant, ce qui laissait entendre que certaines d'entre elles avaient préféré se repaître des cadavres à leur disposition plutôt que de continuer à cavaler, elles paraissaient hésiter à se ruer contre des proies selon toute vraissemblance décidés à leur résister..

[Asmodeus]

Asmodeus obtempéra à l’instruction de Clémentine quoiqu’il lui en coûte un peu. Mais il fallait se rendre à l’évidence : continuer dans le couloir sans bénéficier ni de la connaissance des pièges de Clémentine ni de l’apport de lumière de sa torche était tout bonnement suicidaire. Sans cette même torche ni les yeux d’elfes de Silmandel, l’élu divin parvint tout aussi vite à la conclusion qu’ils ne pourraient pas voir venir un éventuel danger qui chercherait à les surprendre. Avec la plupart des forces combattantes tournées vers les goules, il se sentait un peu exposé aussi chercha-t-il à prendre quelque précaution :

Asmodeus –> Lumière –> Bâton d’Asmodeus
Regroupez-vous autour d’Asmodeus, vous autres !

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

On l’avait écouté. C’était amusant d’ailleurs qu’on l’écoute, lui. L’espace de cette fuite, Silmandel avait eu l’impression de diriger le mouvement, position à laquelle il n’était pas du tout habitué. Mais cette constatation ne demeura point dans son esprit. Il était désormais avec Clémentine et quatre autres personnes prêtes à se défendre. Immobile, l’elfe attendait puisque les goules ne s’étaient pas ruées au combat. Serait-il possible qu’elles renoncent à un tel repas ? Peu probable. Toujours était-il qu’en cas d’engagement, il devait offrir à Clémentine la possibilité de profiter de ses dons, comme face aux zombis, comme face aux gardes. Il lui restait deux sorts, deux projectiles magiques. Après, ce serait à coup de rapière... L’aventurier détourna un instant le regard pour savoir où était passé Alex. Ce n’était pas le moment de le perdre. L’ayant aperçu, il reporta toute son attention sur les goules.

[Eldurvellir]

Que faire ? se demandait Eldurvellir avec quelque angoisse. Plus de sorts, plus de dagues de jet... Fuir était pour lui la seule solution. Mais c'était admettre lâcheté - et pire, échec.

Il réalisa que sa seule utilité en cas de combat était de protéger l'enfant.

- Alexandre, en cas d'attaque, tu te mettras immédiatement derrière moi.

Le mage s'adressa au reste du groupe.

- Je ne pourrais pas faire mieux pour le groupe, malheureusement.

Courageusement il sortit sa dague, prêt pour le cas où une goule se jetterait sur lui.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Cependant, si une telle chose devait advenir, c'est que la situation aurait évolué dans un sens dramatiquement défavorable. Car, pour l'heure, entre les monstres et le reste du groupe, dont le mage, il existait un barrage de taille, constitué de Silmandel, de Clémentine et des quatre anciens captifs qui avaient décidé de leur prêter main forte : ceux-ci brandissaient leurs armes avec détermination, quoiqu'il soit difficile de deviner s'ils savaient vraiment s'en servir... Autre bonne nouvelle : comme la largeur du couloir ne permettait qu'à trois personnes de se tenir de front, ils pouvaient former deux lignes de protection. Les goules, pour leur part, n'étaient pas encore passées à l'attaque : elles échangeaient des murmures dont il était impossible de saisir la teneur.
Le sortilège et la déclaration d'Asmodeus avaient produit leur petit effet : les prisonniers fraîchement libérés se massaient autour de lui, dans le cercle de lumière projeté par son bâton, lequel éclairait non seulement le passage mais aussi les premiers mètres de la salle adjacente, qui semblait abriter des sarcophages. Quant à Alexandre, il avait jeté un regard hésitant à Eldurvellir avant de s'immobiliser à seulement deux mètres derrière sa sœur. Apparemment, il ne voulait pas rester éloigné d'elle.

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Silmandel devait bien avouer qu’il était surpris. Il se serait attendu à ce que les goules attaquent tout de suite. Au lieu de cela, elles restaient à distance et chuchotaient entre elles on ne sait quel mauvais projet. L’elfe jeta un regard interrogateur à Clémentine et lui murmura :

« Ne ferions-nous pas mieux, puisqu’elles ne viennent pas, de nous retirer doucement ? Le temps joue sans doute contre nous. Je reste avec les autres en arrière, pour tenir en respect les morts. Vous, vous pourriez reprendre la tête et nous guider. Comme ça, on avance doucement mais sûrement vers la sortie. »

[Asmodeus]

Asmodeus était satisfait d’être parvenu, l’air de rien, à se constituer une protection humaine plutôt rassurante. Cependant, le fait que le combat ne se soit pas déclenché ne manquait pas de l’inquiéter quelque peu : leur soudaine puissance affichée avait peut-être fait hésiter les non morts mais il craignait surtout que d’autres ennuis ne profitent de ce délai – consciemment ou non – pour se glisser dans leur dos ou se dresser sur leur route. Les combats allaient certainement attirer d’autres candidats à la bombance sans parler des reliefs de cultistes qui pouvaient se réorganiser de minute en minute ou même du démon dont il avaient profané le sanctuaire. Ces créatures n’étaient pas connues pour leur propension à la mansuétude ou au pardon aussi préférait-il mettre le plus de distance entre lui et elles, et le plus rapidement possible maintenant que la brève pause lui avait fait récupérer une partie de son souffle.

- Asmodeus déconseille d’entrer là-dedans. Mieux vaudrait avancer tant que c’est encore possible. Et le plus tôt sera le mieux.

[Eldurvellir]

Voyant l'enfant se positionner derrière sa soeur après l'avoir regardé de travers, Eldurvellir haussa les épaules. Tant pis pour le garçon, s'il était blessé il y aurait toujours les potions de soins. Et s'il été tué, eh bien ! qu'y pouvait-il ?

Le mage concentra son attention sur les événements en cours. Il ne tenait pas spécialement à entrer dans une salle sépulcrale et continuer dans le couloir, vers la sortie, lui paraissait être le mieux.

Il lui semblait qu'un repli le plus silencieux possible était la meilleure solution. Les créatures étaient sensibles aux vibrations, aux odeurs de sang, peut-être à la chaleur des corps. Il n'était pas certains qu'elles le soient aux bruits, excepté ceux de contact susceptibles de créer des vibrations. Un peu comme les chauves-souris, ou les serpents.

- Je pense que Silmandel a raison, une fuite aussi silencieuse que possible est notre meilleur recours.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Se rangeant à l'avis de ses compagnons, Clémentine gagna la tête de la colonne, son petit frère sur les talons, et la lente progression dans le couloir débuta. Les goules, surveillées par Silmandel et les trois prisonniers demeurés à ses côtés, suivirent le mouvement, avides de chaire fraîche mais prudentes. Ce manège ne se prolongea cependant pas très longtemps. Tout à coup, un hurlement retentit, un hurlement similaire à celui qu'ils avaient entendu au moment où la statue du démon s'était embrasée. Les morts-vivants échangèrent alors un regard et détalèrent sans demander leur reste, tandis que le sol commençait à vibrer...

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Silmandel --> Lumière --> Rapière de Silmandel

Pour palier au manque de luminosité provoqué par le déplacement de Clémentine à l’avant du groupe, Silmandel avait illuminé sa lame. Il reculait au même rythme que ses compagnons de circonstance. Il aurait bien aimé savoir s’ils savaient se battre ou non. Cela changeait tellement de choses... Toutefois, la situation se mit drastiquement à changer. Un rugissement, le démon assurément... Ne l’ayant pas vu apparaître sitôt la statue brûlée, l’ensorceleur avait pensé échapper à sa venue. Mais il s’était trompé. Au pas de course, il rejoignit Clémentine.

« Il nous faut le chemin le moins piégé pour fuir au plus vite. Ou alors, le chemin le plus étroit, le plus bas de plafond. Si j’en crois le bruit, on a un démon sur les bras, un grand démon ! »

[Asmodeus]

Il était à nouveau temps de reprendre la fuite. Une fuite tout aussi éperdue que les non morts. Si ces créatures étaient assez intelligentes pour y avoir recours, il n’avait pas l’intention de faire preuve de moins de lucidité que ces simples cadavres ambulants. Asmodeus fit donc de son mieux pour ne pas se laisser distancer par le groupe. La pause lui avait fait du bien mais il savait d’expérience que la fatigue ne tarderait guère à venir absorber ses dernières forces. Il fallait rapidement sortir de ce complexe infesté de créatures impies car les quelques esclaves qu’il avait réuni autour de lui n’offrirait de protection que quelques brefs instants seulement et – qui plus était – il perdrait jusqu’à ce maigre avantage s’il n’accélérait pas le pas.

- Courir n’est pas une activité très prisée d’Asmodeus alors il serait reconnaissant que vous le guidiez par le plus court chemin menant à la sortie. D’autant qu’Eldurvellir et quelques esclaves montrent des signes de fatigue.

[Eldurvellir]

Effectivement la lassitude commençait à transparaître dans les gestes d'Eldurvellir, moins précis qu'à l'accoutumée. Fébrilement le mage reprit sa besace devant lui et chercha quelques potions énergisantes. Il en but une et en remit aux esclaves qui les accompagnaient, en espérant qu'elles ne seraient pas gâchées. Mais plus le groupe était nombreux, meilleures étaient les chances de survie. Il ne restait plus de potions de ce type dans son sac, et il espéra que les autres avaient encore les leurs. Quant à Alexandre, on pourrait éventuellement le porter s'il était trop fatigué pour continuer à marcher.

Dérangée, Tiamandis se réveilla à demi, pour finalement se repelotonner dans l'écharpe du mage et se rendormir. C'était assez extraordinaire, mais Eldurvellir réalisa que son onguent avait certainement eu un effet calmant sur la pipistrelle.

- Allons, Asmodeus, un peu de courage, nous allons y arriver.

Le mage parlait également pour se rassurer lui-même.

[Taliesin]

[Quête : De flamme et d'os]

Les captifs auxquels Eldurvellir donna des potions le remercièrent et les burent sans se poser de question, y puisant un nouvel élan. La groupe put ainsi avancer à un bon rythme sans que personne ne perde du terrain sur les autres. A un moment, Clémentine ordonna à ses compagnons de longer l'un des murs du passage, arguant qu'ailleurs, le sol était piégé. Malgré la peur, malgré l'urgence, elle fut obéie, et aucun incident ne fut à déplorer.
Ils atteignirent bientôt une nouvelle bifurcation et s'immobilisèrent, laissant passer plusieurs goules détalant à fond de train qui ne leur prêtèrent pas la moindre attention. Elles venaient de la gauche, c'est à dire de l'antre de la secte et, dans cette direction, l'obscurité se faisait moins profonde, l'on distinguait comme une vague lueur mouvante et rougeoyante... Évidemment, c'est donc vers la droite que se rua le groupe des fuyards, imitant en cela les morts-vivants qui les avaient précédés.
-On va arriver à un croisement, et il faudra prendre une décision ! lança Clémentine. Soit on choisit le trajet que je connais le mieux, le plus court mais aussi celui où les couloir sont les plus vastes, soit on opte pour un détour via des corridors plus étroits qui me sont moins familiers...
Derrière eux, la luminosité sembla croître, des flammèches se mirent à courir sur le sol, sur le plafond, sur les parois...
...et Alexandre s'étala de tout son long. Sa robe avait choisi ce moment fort inopportun pour glisser et le faire tomber.

[Asmodeus]

Une voie directe mais qui risquait sous peu d’être un peu trop fréquentée, y compris par ce que fuyaient les goules ou alors des galeries tortueuses sans doute bourrées de pièges et d’autres périls mortels. Asmodeus était encore indécis face à ce choix aux perspectives des plus alléchantes jusqu’à ce que le démon ou quelle que fut l’abomination qu’ils avaient libérée manifeste des signes un peu trop inquiétants :

- Le trajet des corridors étroits ou cette chose sera sur Asmodeus et vous avant qu’ils aient atteint la sortie !

Asmodeus avisa la chute d'Alexandre à ce moment critique et l'attribua à sa robe trop grande. Il revint à sa hauteur en un instant mais ne tendit pas la main pour le relever : un de ses compagnons plus fort s'en chargerait bien assez vite :

- Tout va bien, petit ? Tu devrais retirer cette robe avant de te faire mal. Asmodeus peut la porter pour toi pendant ce passage difficile.

[Manfred]

Quête : de flamme et d’os

Ho, des flammes ! Que c’était joli ! Mais non, c’était dramatique ! Dans la famille démon, pas de chance, ils avaient tiré un bon gros spécimen, du genre de ceux qu’il vaut mieux ne même pas voir. Silmandel jeta quand même un coup d’œil derrière lui. Mais derrière lui, il y avait surtout les autres membres de leur groupe en fuite.

Clémentine proposa deux voies. Asmodeus exprima son avis. L’elfe allait faire de même quand Alexendre tomba au sol. Etant proche de lui, puisqu’il était proche de Clémentine, l’ensorceleur fut prompte à réagir.

« Hé, c’est pas le moment de nous faire ça Alex », dit-il, souriant, tout en aidant déjà le garçon à se relever.

Il n’y avait que lui pour sourire dans ces situations. Il ne releva pas la remarque de son collègue. En fait, il estimait aussi qu’un changement d’habits s’imposait mais que là, le temps manquait.