[Haute-Forêt] Quête : Racines

[Kasumi]

Malgré la triste humeur d'Elryndel, malgré les inquiétudes légitimes de sa compagne, l'humeur de Kasumi restait au beau fixe. Il avait beau s'en vouloir un peu, se jugeant un peu égoïste mais son père n'avait jamais été très à l'aise en forêt, même au meilleur de sa forme. Et, s'il devait malheureusement prendre son mal en patience, s'il ressentait le retour à Everaska comme un échec, le demi-elfe était persuadé que ce ne serait désormais qu'une question de temps avant qu'il ne soit libéré de son mal. Il aurait voulu partager son optimisme mais il se doutait que la plupart de ses compagnons ne le comprendraient peut-être pas, l'attribueraient à l'influence du bosquet ou à la présence de Sylvia à ses côtés. Peut-être était-ce en partie le cas. En tout état de cause, il se sentait un peu décalé, un peu étranger à la lourdeur ambiante. Et il ne pouvait s'empêcher de sourire à chaque fois qu'il surprenait un regard de Sylvia, à chaque fois que leurs mains se frôlaient comme par inadvertance. Même au milieu de leurs amis, ils étaient un peu à part, dans leur bulle, comme quelques minutes plus tôt. Le demi-elfe tenta tout de même de prendre l'initiative de la conversation, demandant d'un ton poli à Galawen :

- J'imagine que nous devrons nous éloigner du bosquet pour que vous puissiez nous téléporter ? Et combien d'entre nous pouvez-vous emmener sans risque en un voyage ?

[Voyageuse]

Gamawen l'accueillit d'un sourire amical, quoique résigné.
- Il va falloir qu'on s'éloigne, oui, à un jour ou deux de marche pour échapper à la magie locale. Et je peux emmener trois personnes avec moi. Il faudra donc que je fasse deux voyages... mais je ne peux me téléporter que deux fois dans une même journée. Donc certains d'entre vous devront attendre le lendemain.
Elle grimaça.
- Je me doute que vous avez tous hâte de rentrer, autant que moi. Je pense plus sage de ramener en priorité Elryndel, et peut-être Tilmandil qui est moins acclimaté que vous à la vie dans les bois. J'imagine que vous préférerez rester avec votre amie un jour de plus... A moins, bien sûr, que Tilmandil ne se sente prêt à attendre un jour de plus, auquel cas je pourrai vous ramener rapidement.
Elryndel écoutait la conversation d'une oreille distraite, sans s'en mêler. On le devinait résigné à n'être à nouveau qu'un poids mort qu'on transporte où et quand on le souhaite...

[Kasumi]

Kasumi avait laissé l'elfe s'exprimer en l'écoutant attentivement et en jetant à peine quelques œillades aux autres, s'attardant surtout sur son père et son mutisme inquiétant. Alors, quand elle eut achevé d'évoquer ses contraintes, il répliqua d'un ton plaisantin, non pas qu'il traite le sujet à la légère mais il voulait contribuer à dédramatiser leur situation. Et tant pis si cela passait pour de l'inconséquence vis-à-vis de ses aînés elfes... Il prenait le risque :

- Vous... Voudriez me laisser tout seul avec Sylvia dans ces contrées sauvages ? Vraiment : ce ne serait pas très convenable ! Imaginez quels ragots pourraient se répandre en ville ? Surtout avec Tilmandil pour les encourager ! Non, je veux bien faire un effort et me sacrifier pour un jour mais vous devez d'abord me promettre de tout faire pour museler mon demi-frère. Vous reste-t-il un sort de silence peut-être ?

[Voyageuse]

L'elfe eût tout d'abord l'air outrée, choquée... Puis se mit à sourire. Et eût même un petit rire.
- Oh, j'ai de bons moyens de pression sur Tilmandil, ne vous en faites pas ! Cela dit, il y a fort à parier que toute la maisonnée saura tout de votre histoire avec cette jeune humaine avant votre retour. Votre grand-mère, particulièrement, risque d'être friande de détails. Mais je peux vous assurer que cela ne sortira pas des murs. La ville n'en saura rien.
Elle secoua la tête et poursuivit sur le ton de la plaisanterie.
- Inutile d'insister, c'est le maximum que je puisse promettre. Ma déontologie m'interdit de lancer le moindre sort désagréable à quelqu'un qui m'a sauvé la vie...

[Kasumi]

Kasumi dédia un regard amusé à Sylvia puis, un peu plus circonspect à Tilmandil, avant de se recentrer sur son interlocutrice. Finalement et même s'ils n'avaient guère eu l'occasion de converser jusque là, il pensait apprécier son humour. Il feignit cependant d'être catastrophé :

- Il n'oserait tout de même pas tout dire à grand-mère tout de même ?! Si, je crains que si... Mais la décision ne devrait pas en revenir à Sylvia ? Elle va découvrir notre famille et quelle première impression mon frère laissera-t-il ? Enfin, j'imagine que s'il prépare soigneusement le terrain, grand-mère sera moins choquée de me voir tenir la main d'une si jolie damoiselle. Peut-être acceptera-t-elle même de nous laisser prendre nos quartiers au même étage de la maison tomber en pamoison.

[Voyageuse]

- Tu connais bien mal grand-mère, fit simplement remarquer Tilmandil avec un regard entendu à l'adresse de Galawen.
- Tu aurais bien du mal à pouvoir lui dissimuler le moindre détail, de toute façon. Elle voudra tout savoir... répondit la magicienne avec bonne humeur. Surtout avant d'ouvrir la demeure familiale à une humaine...
- Ne t'en fais pas, ce n'est pas vrai, précisa immédiatement Tilmandil à l'adresse de Kasumi. Je crois même me souvenir qu'elle a eu autrefois un faible pour un humain...
Sylvia, quant à elle, ne paraissait guère rassurée par la tournure de la discussion, et commençait sans doute à peine à réaliser qu'elle se rendrait dans une cité totalement elfique où, peut-être, les humains pouvaient être regardés avec circonspection, méfiance, voire répulsion.

[Kasumi]

Avisant le mutisme de sa compagne et soucieux qu'elle ne se sente pas exclue de leurs débats pour quelque raison que ce soit, Kasumi lui adressa un sourire rassurant avant de lui attraper la main pour la serrer ostensiblement devant ses parents et déclarer d'un ton léger mais sincère :

- Je suis certain que Sylvia sera bien accueillie dans notre famille. Et de toute façon, ils seront bien obligé d'accepter mon choix de cœur. Et tant pis si quelques elfes s'offusquent au passage. Ce qui m'inquiète davantage serait qu'il s'en trouve des centaines de beaux et séduisants pour tomber éperdument amoureux d'elle et de lui faire la cour.

[Voyageuse]

- Ne t'inquiète pas, je suis sûre qu'ils ne t'arriveront pas à la cheville, s'exclama Sylvia en riant. Ils ne savent pas vivre dans les bois, ce sont des citadins... Donc tu n'as pas à t'inquiéter, tu es irremplaçable.

Tilmandil coupa court à la discussion, estimant sans doute que l'essentiel était dit. Il sortit sa flûte et commença à jouer un air doux et envoûtant, qui amena bientôt un silence total chez ses compagnons. Il suffisait de se laisser bercer par la musique pour se retrouver entraîné dans une ambiance féérique et paisible où la vie était merveilleusement belle et où aucun danger ne menaçait. Un peu comme le bosquet où ils se trouvaient finalement. Peut-être que la flûte ne faisait qu'amplifier la magie qui en émanait...
Puis, à voix presque basse, il raconta une merveilleuse histoire d'aventure, de courage et d'abnégation, dont le héros était un paladin sans peur et sans reproche volant au secours de sa belle, prisonnière d'orques sanguinaires. Puis il joua un dernier air. Une berceuse sans doute.

La nuit était douce et paisible, le ciel piqueté d'étoiles formait une voûte lumineuse au-dessus de leur tête, et le feu crépitait joyeusement.
- Je pense qu'on peut le laisser d'éteindre doucement, fit remarquer Sylvia. Ici, on est en sécurité.
- Vous êtes sûre ?
- Certaine...
- Alors on ferait mieux de dormir...

[Kasumi]

La veillée avait été douce et idéale, rejetant les dernières bribes de doutes et d’inquiétudes de la journée. La musique de Tilmandil, même si elle était étrangère au bosquet n’y était pas déplacée, y trouvait même sa place comme si elle était une autre expression de la sérénité présidant en ce lieu enchanteur. Kasumi s’était laissé transporter par les notes, par le récit, par les harmonies de la flûte des sirènes guidée par le talent indéniable de son demi-frère. En quelque sorte, il était admiratif de son art sans en ressentir la moindre jalousie. Plutôt de la fierté et une douce tranquillité. Avec de tels talents réunis pour atteindre le même but, ils ne pouvaient pas échouer…

Puis vint le moment pour tous de se coucher. Kasumi souhaita une nuit paisible à son père puis à Galawen alors qu’ils rejoignaient leur tente. Puis il dédia quelques remerciements à Tilmandil pour la qualité de son récital et lui souhaita une nuit pleine de beaux rêves avec peut-être une ou deux belles à sauver.

Alors qu’il se retrouvait enfin seul à seule avec Sylvia, il dédia un large sourire à cette dernière avant de passer une main autour de sa taille et de chuchoter à son oreille.

- Tu ne me sembles pas tout à fait fatiguée mais peut-être que je me trompe. Que dirais-tu de nous marcher un peu et d’admirer les étoiles ? Elles ne me semblent plus si étranges depuis notre dernière discussion.

Il était évident qu’il souhaitait discuter un peu mais il ne laissait transparaître aucune inquiétude qui aurait pu annoncer des sujets sensibles…

[Voyageuse]

Sylvia semblait considérer qu'il avait surtout autre chose en tête qu'une simple discussion, à en juger par ses yeux brillants de malice. Mais elle ne fit aucun commentaire et se contenta d'acquiescer en silence.
- Si on s'éloigne du feu, il va falloir me guider, fit-elle néanmoins remarquer en se serrant doucement contre lui, passant à son tour un bras autour de sa taille. Je n'y vois rien, tu sais bien. Tu vas être obligé de ne pas me lâcher un seul instant...
Son ton était léger, un peu provocant peut-être. Mais elle semblait parfaitement détendue et insouciante.

[Kasumi]

Le rôdeur ne semblait pas considérer la nécessité de guider sa compagne comme une contrainte, bien au contraire. Il sourit et poussa un soupir d'aise en sentant sa chaleur tout contre lui alors qu'elle l'enlaçait. Quand ils se furent éloignés de quelques mètres du campement, il lui répondit d'un ton détendu, pas aussi léger qu'il ne l'était lors de la plupart de leurs autres moments d'intimité mais pas soucieux pour autant.

- Je voulais te parler un peu, mon amour. Pour le plaisir déjà mais aussi parce que nous n'en avons pas eu beaucoup le temps. Il faut dire que tu es très douée pour me faire oublier tout ce que j'avais l'intention de dire ou de faire ! D'ailleurs, c'est d'une injustice intolérable si tu veux mon avis ! Et donc, je sais que tu n'as pas voyagé autant que tu l'aurais voulu. Et dans quelques jours nous irons à Everaska. Alors je m'inquiète un peu. Que tu n'y ailles que pour m'accompagner et que ce que tu y verras ne t'y plaise pas. Je voudrais que tu n'hésites pas à me le dire si c'était le cas. Je ne voudrais pas te rendre malheureuse parce que tu aurais cru bon de suivre mes choix. Les choix, nous devront les faire à deux désormais. Enfin, après que nous ayons guéri mon père. Voilà, je tenais à ce que tu le saches. Parce que je tiens à toi. Et à nous.

[Voyageuse]

Sylvia resta un instant silencieuse.
- Ce que tu me dis me touche beaucoup... mais n'aie crainte, je n'ai pas l'intention de subir des choix qui ne seraient pas miens. Ce ne serait pas dans mon caractère. Si je ne me plais pas à Everaska, sois certain que tu seras le premier à le savoir, et nous aviserons en conséquence. Mais... au risque de te décevoir, je tiens à ce que tu saches que je ne suis pas du genre à me sacrifier pour plaire à celui que j'aime. Si je ne me plais pas à Everaska, j'en partirai. Ou si ta famille ne m'accepte pas, je partirai aussi. Avec toi, je l'espère, mais si tu préfères rester... et bien je comprendrai.
Elle eût un sourire un peu contraint.
- Mais nous n'en sommes pas là... D'abord, peut-être qu'Everaska me plaira ! Après tout, une cité elfe, ça doit être magnifique, construite en harmonie avec la nature... Et ensuite, rien ne dit que tu voudras rester vivre là-bas, toi !
Il sentit qu'elle espérait probablement, au fond d'elle, qu'il ne compte pas passer le reste de jour dans une cité, fut-elle magnifique, fut-elle elfique.

[Kasumi]

Le demi-elfe se contenta de se placer face à elle pour l'enlacer dans ses bras et demeura silencieux un moment avant de répondre d'un ton optimiste, apaisé :

- Merci Sylvia. C'est tout ce que j'espérais entendre. Je sais que tu es une femme indépendante, pleine de caractère. C'est un des nombreux aspects que j'aime chez toi. Mais tout a été si vite. Tu as accepté de me suivre à la recherche de mon père, et maintenant dans sa cité de son enfance. J'étais trop heureux que tu le fasses pour m'interroger jusqu'ici. J'ai eu peur que tu viennes à le regretter. Mais nous n'en sommes pas encore là, non. Je ne pense pas que nous nous attarderons à Everaska : c'est la cité de ma famille mais pas la mienne. Ce n'est qu'un des nombreux endroits que je souhaiterais te montrer. Et il en reste des milliers que je n'ai pas encore découverts.

Mais il sentait soudain que le moment n'était pas encore venu de prévoir des plans sur la suite : il y avait tant d'inconnues, tant de choses à réaliser. Cela viendrait naturellement, en son heure. Ils n'avaient fait que poser la première pierre. Alors il l'attira un peu plus contre sa poitrine et poussa un soupir tranquille et poursuivit avec sincérité.

- Ce que je veux c'est être à tes côtés. L'endroit importe peu.

[Voyageuse]

Sylvia poussa un soupir d'aise et se blottit avec tendresse contre lui.
- C'est ce que je veux moi aussi... Ça tombe bien !
Après un instant de silence, elle ajouta.
- Mais je suis soulagée que tu ne désires pas vivre à Everaska, je crois... Je ne sais pas si j'aurais pu m'y adapter. ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit, je suis heureuse d'avoir l'occasion de visiter une ville elfe, ça doit être magnifique. Pour y passer quelques temps, c'est sûrement agréable... mais je n'aurais pas voulu y vivre...
Il devina qu'elle souriait, rêveuse.
- Et puis il est trop tôt encore pour se soucier de ça. Pour le moment, je profite de la vie au jour le jour, je remercie les dieux de t'avoir ramené à moi, et j'ai juste envie que ça ne cesse jamais. L'avenir viendra en son temps... Prenons le temps de vivre le présent !

[Kasumi]

Sylvia ne devait y voir goutte mais le rôdeur sourit franchement de ses réponses. Le présent était magnifique même s'il espérait aider son père dans une mauvaise passe et s'il fallait anticiper sur les prochaines étapes de leur voyage pour y remédier, rien ne poussait les deux rôdeurs à le faire concernant leurs relations sentimentales. Kasumi ne craignait pas l'avenir les concernant : il était même tout à fait confiant, sachant depuis quelque temps déjà que leur première nuit ensemble, si elle l'avait surpris, n'était pas qu'une passade sans lendemain. De son point de vue en tous cas. Et comme l'heure était au présent et qu'ils étaient isolés dans les bras l'un de l'autre, le rôdeur répliqua aux derniers mots de sa compagne non sans une certaine espièglerie :

- Je suis tout à fait d'accord ! Vivons le présent et puis il est encore trop tôt pour penser à demain. Et donc pour aller se coucher ! Si les berceuse de mon frère ne t'ont pas trop alanguie en tous cas.

Et comme pour préciser sa pensée, la rôdeuse sentit une main se glisser délicatement sous sa tunique, caressant délicatement la cambrure de ses reins.

[Voyageuse]

Il sentit le corps de son amante se tendre aussitôt, son coeur battre plus fort. Elle tendit les lèvres vers lui, réclamant un baiser, tandis que son souffle se faisait plus court. La soirée n'était pas finie, effectivement, et elle n'avait pas sommeil. Il avait même la sensation qu'elle attendait son invite depuis qu'ils s'étaient éloignés du feu, trop heureuse de pouvoir donner librement court à leur passion. Elle lui prit la main, entrelaçant leurs doigts, pour l'entraîner vers un tapis de mousse moelleux qui, semblait-il, n'était là que pour eux.
La température dans le bosquet était douce et agréable, bien plus chaude que sur l'autre versant de la colline, rendant les couvertures superflues. Et ils se savaient en sécurité : inutile d'être vigilant, inutile de se précipiter pour revenir prendre leur tour de garde. S'ils ne revenaient pas près de leurs compagnons, du reste, personne ne s'en inquiéterait. Ils pouvaient passer la nuit où bon leur semblait après tout... Ils pouvaient même ne pas dormir...

[Kasumi]

Le temps n'avait plus cours en effet si ce n'est celui du rythme de leurs amours. Kasum, toujours aussi impénitent, fit longuement montre le désir de sa compagne en multipliant les caresses et les jeux pour rendre sa partenaire complètement folle. Les tortures qu'il subit justement en représailles menèrent les deux rôdeurs vers bien des extases complices avant que la langueur et le bonheur simple d'être présents l'un pour l'autre n'aient raison de leur vigueur et de leur vitalité. Leurs ébats les avaient entraîné tard dans la nuit et, sentant le sommeil sur le point de reprendre ses droits, le demi-elfe se fendit d'un dernier geste protecteur et confiant pudiquement sa tunique à son amante, allant même jusqu'à l'aider à l'enfiler avant de l'attirer dans ses bras et contre sa poitrine.

[Voyageuse]

Le petit matin les trouva tendrement enlacés, quelque part au milieu du bosquet, sans trop qu'ils sachent où d'ailleurs. Kasumi, ouvrant les yeux, vit sa compagne s'éveiller exactement au même moment et lui sourire avec douceur. Ils étaient bien, ils étaient en sécurité, et leurs compagnons ne s'inquiéteraient certainement pas de leur absence. Il fallait juste, tout de même, qu'ils les rejoignent pour déjeuner et se mettre en route. Ils étaient sensés rentrer chez eux...
Quoiqu'il en soit, ils n'entendaient personne, soient qu'ils dorment, soit que leurs pas au hasard les aient emmenés trop loin pour cela. Un craquement finit cependant par les alerter, les obligeant à tourner la tête, pour découvrir Léo, venu peut-être en reconnaissance. Le lion se contenta de les observer un moment, puis fit demi-tour, nonchalamment.

[Kasumi]

Kasumi vit la marque d'Eärundra derrière la présence de Léo mais il refusa d'en prendre le moindre ombrage. Le réveil était bien trop doux pour se le gâcher en récriminations. Il fallait se lever et retrouver les autres bien entendu mais il était encore très tôt probablement : il n'y avait nulle raison de se précipiter. Il adressa un sourire radieux à sa compagne tout en contemplant ostensiblement son visage puis en caressant tendrement sa joue.

- Bonjour belle nymphe. Je me sens si bien à vos côtés. Oserais-je demander la permission de rester un instant encore dans votre magnifique forêt ?

[Voyageuse]

Sylvia sourit, radieuse.
- Bien sûr, beau prince... Tu peux rester aussi longtemps que tu le veux. Mais sache que ce ne sera pas gratuit. Il faudra, pour chaque heure passée auprès de moi, donner une obole d'un baiser. Et le prix sera beaucoup plus élevé pour chaque nuit...
Elle tira la langue, espiègle.
- Il s'agit d'un prix non négociable, évidemment !
Elle l'attira à elle et l'embrassa passionnément.
- Tu veux rester un instant seulement, tu es sûr ? En échange d'un autre baiser comme celui-ci, je t'offre une heure...

[Kasumi]

Kasumi éclata de rire avant de répliquer d'un ton faussement sérieux et emphatique qui ne parvint pas à masquer son regard espiègle :

- Comme il vous plaira douce beauté de la nature. Vos terres, vos lois ! Vos désirs sont des ordres et je n'aurais pas l'outrecuidance de discuter votre offre si généreuse !

Et de l'embrasser avec douceur d'abord puis avec une fougue à peine maîtrisée. Sans décoller ses lèvres de sa bouche, il se plaça au-dessus d'elle en plantant son regard dans le sien. Et ses yeux reflétaient maintenant d'autres sentiments que l'humour. Il reprit enfin, la voix bien plus rauque :

- Et que ferons-nous de cette heure, ma charmante tentatrice ?

Et comme pour lui donner des idées sur la question, il laissa une main remonter le long de sa cuisse nue en un frôlement exquis et impossible à ignorer.

[Voyageuse]

- Tout ce que tu voudras, beau prince...
Sa respiration s'était faite hachée, et il devinait que les battements de son coeur s'accéléraient.
- Tu m'avais caché que tu maîtrisais des sorts d'envoûtement... Tu dois être barde, c'est sûr... C'est de la triche...
Et puis elle cessa de parler pour l'embrasser, laissant ses mains courir sur son corps, se laissant porter sans résistance par le torrent de la passion.
Pour le coup, c'est sûr qu'ils seraient nettement en retard au petit déjeuner...

[Kasumi]

Ils n'avaient cure de rater le petit-déjeuner ou même de prêter le flanc aux quolibets justifiés. Kasumi n'avait répondu que par des caresses, remontant lentement le long de ses jambes puis bien plus haut pour retirer doucement le vêtement qui couvrait sa compagne. Il se faisait tantôt tendre, tantôt espiègle, tantôt plus fougueux à mesure que les réponses de Sylvia portaient son propre désir, à mesure qu'ils s'abandonnaient l'un et l'autre, l'un à l'autre. Plus tard, bien plus tard, leurs obligations les rattrapèrent et ils reprirent pied dans la réalité, riant tous deux de bon cœur de la tête que feraient probablement leurs amis quand ils se montreraient enfin. Ils s'étaient rhabillé soigneusement, sans hâte puis Kasumi offrit son bras à la rôdeuse en une invite galante et ils reprirent le chemin qu'ils pensaient avoir suivi la veille. Il ne manquait plus qu'ils se perdent pour être la risée de tous, à coup sûr !

[Voyageuse]

Ils étaient tous les deux trop bons pisteurs pour risquer de se perdre, même si leurs traces disparaissaient bien plus vite, dans ce bosquet baigné de magie, que dans des bois ordinaires.
Ils trouvèrent leurs compagnons prêts au départ, le feu éteint et soigneusement couvert, les tentes et les bagages pliés.
- On s'est dit que vous n'aviez pas faim, sinon vous seriez venus plus vite, commenta Tilmandil.
Eärundra se contenta de hausser les épaules, et prit la tête du groupe, sans rien demander à personne. Pressée, apparemment, d'avancer enfin. Son silence pouvait presque passer pour un reproche. Galawen leur décocha un sourire amusé, et se mit en route à la suite de la druidesse.
- Ah, on a voté, à l'unanimité, pour dire que vous étiez vraiment les porteurs les plus costaud de l'équipe, poursuivit Tilmandil en désignant le brancard avec un sourire narquois.

[Kasumi]

Privés de déjeuner et de corvée de portage ! Si le rôdeur adressa un regard s'efforçant de paraître sévère à Tilmandil, il estimait pour sa part que la punition était bien légère et ne regrettait pas un seul instant de s'être attardé un peu plus tard entre les bras de son amante. La réaction d'Eärundra ne le surprit pas davantage mais il préférait éviter d'encourir quelque sermon sous la forme de reproches ou d'un regard glacial et hautain et s'en tint soigneusement à l'écart. Au lieu de cela, il se saisit de son côté du brancard sans rechigner puis se permit de souhaiter le bonjour à tout le monde, soulignant par la même qu'on avait oublié de les saluer. Il atténua l'effet de sa sortie en adressant un clin d'œil à Galawen en réponse à son sourire amusé. Il ferait certainement moins le fier d'ici quelques heures quand la fatigue et la faim se feraient sentir mais il se dit que ses compagnons auraient certainement pitié d'eux à ce moment-là.

[Voyageuse]

Tilmandil répondit à son salut avec un sourire amusé, Galawen également. Elryndel garda le silence, hochant imperceptiblement la tête. Seule Eärundra parut n'avoir rien entendu.
Le chemin s'avéra bien moins difficile que celui de la veille. Le moral des troupes, dans cet environnement béni, était au beau fixe, l'optimisme de rigueur, et même Elryndel semblait moins pâle, moins morose. Même s'il restait toujours aussi silencieux.
Eärundra attendit deux bonnes heures avant de donner le signal de la pause. On pouvait la suspecter de faire volontairement durer la petite punition des deux rôdeurs. Peut-être. Mais Kasumi nota son air préoccupé lorsqu'elle les invita à s'asseoir sur un vieux tronc d'arbre arraché par le vent. Avec un sourire, Tilmandil sortit une petite collation qu'il distribua équitablement entre tous, sans favoriser personne, pas même les rôdeurs.

[Kasumi]

La collation était plus que bienvenue et Kasumi l'entama avec appétit avant de reporter son attention sur la druidesse et son mutisme intriguant à défaut d'être inhabituel.

- Eärundra, vous semblez soucieuse. Craignez-vous un danger ?

Evidemment il y avait mille autre raison possible à son silence : de sa rencontre avec Celd à des rumination sur les prochaines étapes de leur voyage jusqu'à un silence parfaitement indifférent sans cause particulière. Mais aborder lez sujet selon cet angle, lui paraissait bien plus risqué.

[Voyageuse]

la druidesse secoua négativement la tête.
- Non, pas de danger. Pas dans l'immédiat en tout cas.
Elle resta silencieuse encore un moment, parut hésiter, puis le fixa de ses yeux verts. Pars tout à fait les mêmes que Sylvia, nota-t-il : ceux de la druidesse étaient pailletés d'or.
- Je songeais simplement à la suite des événements. Je connais un shaman asabi, je vous l'ai dit. Un druide. C'est lui qui m'a donné les quelques informations que j'avais sur cette plante. Il est quasiment certain qu'il saurait où se trouve celui qui vous intéresse. Mais pour le trouver, lui, ça ne sera pas simple : il erre généralement par monts et par vaux au gré de son instinct. Et le désert est vaste : la dernière fois il m'a fallu plus d'un mois de recherche pour le trouver. Chercher directement celui qui vous intéresse sera certainement tout aussi long...
Elle soupira, et son regard se fit scrutateur.
- J'ai songé à un moyen beaucoup plus rapide de le repérer. Mais je ne pourrai emmener qu'une personne avec moi...

[Kasumi]

L'humeur du demi-elfe s'assombrit nettement quand il réalisa les implications de ce que venait de révéler la druidesse. Il avait le choix entre errer des semaines à la recherche de deux asabis dans un désert probablement hostile et alors que l'état de son père risquerait de se dégrader dans l'intervalle ou celui d'abandonner tous ses compagnons en suivant Eärundra. Délaissant son en-cas à peine entamé, le rôdeur tourna son regard vers Tilmandil et vers Sylvia avant de répondre d'un ton peiné :

-Parlez-nous de ce moyen... Est-il certain que nous y gagnerions du temps ? ce n'est pas une décision à prendre à la légère...

[Voyageuse]

La druidesse hocha la tête.
- Oui, je suis certaine de gagner du temps. Quant au moyen employé...
Elle grimaça, jeta un coup d'oeil à Galawen et Elryndel, parut hésiter, et poursuivit à voix plus basse, avec une légère grimace.
- Et bien, ce n'est pas très orthodoxe... en fait, je songeais à... emprunter l'un des aigles géants de la garde d'Everaska. Bon, ce serait plus simple si votre famille a des relations suffisantes pour qu'on nous en prête, mais sinon on se passera de permission, ce n'est qu'un emprunt. Ils ne peuvent porter qu'une personne, mais je dois pouvoir me faire obéir d'un deuxième aigle en plus du mien. On ira beaucoup plus vite, beaucoup plus loin, et on repérera les asabis facilement. Je saurai reconnaître celui que je cherche.