[Bâtiment] Le Comptoir des Transparences

[Galathée]

Quête : Les Squelettes du Placard
Chapitre 9 : Sauvetages (suite)

Quittant les rues mal famées pour gagner le Comptoir, Taliesin trouva heureusement la porte ouverte au niveau du hangar. La première chose qu'il constata, en entrant à l'intérieur, fut que les cellules de fortune étaient ouvertes et vides. La Liberté avait sans doute appareillé, comme prévu, sans se soucier des retardataires. Il gagna rapidement la salle commune. Plusieurs regards se tournèrent vers lui à son arrivée : Kerun, d'abord, qui, les traits tirés et le costume maculé, semblait avoir besoin d'une bonne nuit de sommeil. Il dévisagea Taliesin comme s'il voyait un fantôme.
" Lathandre soit béni." souffla-t-il sans parvenir pour autant à se lever.
Lena quitta son banc, elle, et vint à sa rencontre.
" Taliesin... Nous n'espérions plus..."

[Taliesin]

Kerun ?! C'était... inespéré. Miraculeux, même. Au point que, sous le coup de la surprise et du soulagement, il se sentit vaciller.
Bien sûr, l'absence de Guéric, d'Ybarra et d'Arion le frappa avec une force quasiment égale. Il s'y était attendu, cependant, et ce n'était de toute façon pas le moment pour s'enquérir de leur sort.
[color=#FFFFF66]-Je suis heureux de vous revoir...[/color] répondit-il d'une voix sourde. Mais je dois repartir dans l'instant... et je vais avoir besoin d'aide. Le gosse est dans le temple de Moandre. Les clercs l'ont guéri d'un empoisonnement mortel dû à une morsure d'araignée, dans les jardins souterrains du sanctuaire... Évidemment, ils ne me le rendront qu'après avoir reçu le dédommagement que je leur ai promis. Je pense qu'une... soixantaine de pièces d'or, voire un peu plus, fera l'affaire. Et il faudrait qu'au moins deux personnes m'accompagnent : la nuit venue, l'Antre des Miséreux est un véritable coupe-gorge...

[Galathée]

" Quoi ?! s'exclama Lena, qui suivait à peine.
— Je vais aller le chercher, dit Kerun. Tu peux rester ici avec Lena, te reposer."
Il se leva.
" Abel est dans la cuisine... Tu... tu pourrais avoir envie de te changer, aussi."

[Taliesin]

Le barde secoua la tête.
-Non non, Kerun. Ne m'en veux pas, mais... Tu n'as pas l'air en état. Tandis que moi, j'ai pu bien me reposer, il y a seulement quelques heures. De surcroît, il faut impérativement que j'y retourne : j'ai servi aux Moandrites une histoire à ma façon, et je crains qu'ils n'y croient plus du tout à la moindre incohérence... Je vais donc y retourne. N'y a-t-il personne d'autre pouvant m'accompagner ?
La Réunion ne pouvait s'être entièrement vidée...

[Galathée]

" Je viens avec toi, dit Kerun. Je ne suis utile à rien ici, de toute façon."
Il jeta un regard sur Lena.
" Nous revenons vite. Préviens Sedanius.
— Veux-tu que...
— Non. Nous nous en sortirons bien à deux."
Sans laisser le temps à Taliesin de protester, l'agent secret lui prit le bras et l'entraîna dans le hangar.

[Taliesin]

-A tout à l'heure, Lena... prit-il néanmoins le temps de lancer par-dessus son épaule.

Quant à protester, il y songea bien, mais ce fut pour y renoncer aussitôt : quand Kerun avait une idée en tête, impossible de l'en faire sortir. Et puis, ils devaient vraiment se hâter.

-Il nous faut de l'argent, ou ils ne nous le rendront pas, dit-il à l'agent secret. Déjà que j'ai à moitié l'impression qu'ils préparent un mauvais coup, autant ne pas prendre davantage de risques...

[Galathée]

" Bien sûr, dit le Luménien. Attends-moi ici."
Il repartit dans la salle commune et revint quelques minutes plus tard. Il avait passé un manteau au-dessus de ses vêtements et entraîna le barde vers la sortie.
" Comment diable avez-vous atterri dans le Temple de Moandre ? Ce n'est pas exactement juste à côté de celui de Baine..." demanda-t-il, tandis qu'ils se glissaient dans la rue.

[Galathée]

Quête : Les Squelettes du Placard
Chapitre 9 : Sauvetages (suite)

Revenant du Temple de Moandre, Kerun et Taliesin se glissèrent dans la pénombre du hangar. Leurs yeux d'elfe perçurent rapidement les formes et les contours des étagères et ils purent progresser sans risques vers la salle à manger, sous la porte de laquelle demeurait un rai de lumière.
" Toi qui es moitié magicien, demanda Kerun. Est-ce que ça existe un sortilège qui te prive de l'odorat ? Comme celui qui rend sourd ou aveugle ?"
Baptiste dormait paisiblement sur son épaule, son dos se soulevant au rythme de sa respiration.

[Taliesin]

Taliesin éclata de rire.
-Est-ce une manière de me signifier que le délicat fumet qui émane de ma personne et de celle de Baptiste n'est point à ton goût ? J'en suis fort marri, crois-m'en. Cependant, pour notre défense, j'arguerai que nous avons marché, pataugé et même littéralement nagé en des lieux dont la puanteur était au bas mot mille fois pire que celle régnant dans le temple de Moandre.
Il croisa les bras.
-Mais, pour répondre à ta question... Non, je ne connais pas de sort capable de priver quelqu'un de l'odorat. En revanche, il en existe un appelé "Perte d'odeur", que l'on peut appliquer à un individu ou à un objet. Malheureusement, comme je n'en dispose pas, il nous faudra recourir à des moyens plus traditionnels : beaucoup d'eau chaude, et énormément de savon !

[Galathée]

" Et ce sera notre première étape." dit Kerun avec bonne humeur.
La porte s'était ouverte au bout du hangar, dessinant un carré de lumière dans l'obscurité.
" Cependant, messire, je pensais davantage aux clercs de Moandre, forcés de se vautrer dans cette immonde atmosphère à longueur de journée, qu'à votre propre parfum !"
Lena les attendait dans la salle à manger et leur sourit. Elle découvrit la tête du gamin endormi avant de grimacer.
" Il va bien. Cela va disparaître, dit le Luménien. Nous allons l'installer avec nous... en espérant que les ronflements de Guéric ne le réveilleront pas.
— Sedanius a déplacé Guéric dans sa propre chambre. Il voulait pouvoir le surveiller."
La drow était apparemment la seule occupante de la pièce.
" Il faudrait mettre de l'eau à chauffer pour Taliesin... Il fleure..."
Lena acquiesça en portant une main à son nez.
" C'est peu de le dire. Je m'en occupe."

[Taliesin]

Il grimaça, embarrassé.
-Désolé, notre périple nous a fait emprunter une voie à côté de laquelle des égouts, même ceux de Melandis, ressemblent à un paradis. Je vous raconterai en détail, à l'occasion. Mais pas avant un repas, sous peine de vous couper totalement l'appétit.
Il sourit.
-Je promets de brûler mes frusques dès que possible : elles sont de toute manière irrécupérable. Quant à l'armure... A voir. Peut-être qu'après des heures de patient nettoyage...

[Galathée]

" Tu pourrais déjà tout mettre dehors et nous aviserons demain, proposa Kerun. Tu peux te laver dans le hangar, il y a au moins deux baquets. Je vais monter le gosse et je te redescendrai des vêtements... Une tunique de nuit me semble appropriée, vu l'heure... Et il vaut mieux que nous ne laissions pas Baptiste seul trop longtemps. Je doute qu'il s'éveille avant l'aube, mais on ne sait jamais : il sera sûrement content de t'avoir près de lui."
Lena s'était esquivée dans la cuisine et Taliesin entendit le bruit caractéristique de l'eau qui coule.
" Merci de l'avoir sauvé, Taliesin. Je sais qu'il ne t'est rien mais... je savais que tu ferais la différence."

[Taliesin]

-C'est moi qui te remercie, Kerun, répondit-il, très sérieux. Tu m'as offert une opportunité de me rendre utile, de faire le bien, de réparer, même si ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan, une partie des erreurs que j'ai commises. Je t'en suis profondément redevable, et je suis heureux d'avoir contribué au sauvetage de ce gosse. Alors si c'était à refaire, je n'hésiterai pas un seul instant.
Et c'était la pure vérité. D'ailleurs, il espérait bien avoir l'occasion de secourir d'autres Luméniens asservis, enfants comme adultes.

[Galathée]

Le Luménien sourit et lui serra brièvement le bras.
" Je n'en doute pas, murmura-t-il. Pas une seconde."
Il s'esquiva ensuite vers l'escalier et les étages. Quelques secondes plus tard, Lena revenait. Elle se saisit d'une lampe et rouvrit la porte du hangar.
" Je vais aller allumer un peu de lumière et chasser les araignées... Le bain sera prêt très vite, en fonction de tes goûts en matière de température..."

[Taliesin]

-D'ordinaire, j'aime les bains bien chauds. Mais vu l'heure, et vu ma hâte à me débarrasser de ce qui me recouvre de la tête aux pieds, je serais prêt à plonger dans de l'eau glacée ! Tiède sera donc déjà merveilleux.
Il grimaça.
-J'aimerais te filer un coup de main... Toutefois, je ne voudrais ni t'incommoder, ni infecter nos locaux. Alors je crois que je vais aler attendre dehors, sauf si tu as vraiment besoin de moi.

[Galathée]

" J'ai du muscle, sous ma robe de mage, dit la jeune femme avec un sourire. File donc... mais ne prends pas froid. Le vent souffle sur la Houleuse."
Elle lui ouvrit la porte pour qu'il puisse gagner le quai désormais désert. La petite cour de pierre grise paraissait plus grande, sans la silhouette élancée de la Liberté pour la border. L'odeur qui refoulait du fleuve était à peine moins désagréable que celle qui émanait du barde, mais tout était question de contraste, probablement. D'autres entrepôts étaient faiblement éclairés, ça et là, de l'autre côté de l'eau noire, mais la perspective était réduite, les bâtiments nombreux, encaissés, vautrés les uns contre les autres. Le clapotis de l'eau, constant, ne masquait qu'imparfaitement le fracas de la vie, plus loin, un cri quelque part, le miaulement d'un chat, les éclaboussures de quelque chose qu'on jette du haut d'un ponton.
Puis la porte se rouvrit.
" C'est prêt."
Taliesin regagna l'intérieur et la chaleur de la salle commune le frappa, nouveau contraste, avant que Lena ne le laissa à l'étrange intimité de l'immense hangar. La transparence de l'eau qui emplissait son baquet ne serait bientôt plus qu'un souvenir, mais d'agréables volutes de vapeur s'en échappaient, signe que la drow n'avait pas négligé l'espoir du barde. Une tunique propre était replié à côté d'une serviette, sur un tabouret voisin.

[Taliesin]

Le barde ne fit ni une ni deux : il ressortit, se dépouilla de l'entièreté de ses effets puis, ne rapportant avec lui que le pipeau, il regagna le hangar et se hâta de pénétrer dans le baquet.
Il s'était cru en bonne forme, ragaillardi par le repos pris dans les jardins de Moandre. Mais une minute à se délasser dans son bain lui suffit pour comprendre à quel point il s'était trompé : car déjà, insidieusement, irrésistiblement, il avait commencé à dériver. Or, comme il serait stupide de s'assoupir dans de l'eau qui ne tarderait pas à refroidir alors qu'un bon lit l'attendait à l'étage, il se redressa promptement et entreprit de se récurer méticuleusement, depuis la racine des cheveux jusqu'à la pointe des orteils.
Il ne ménagea pas ses efforts, frottant avec énergie, espérant peut-être que les mauvais souvenirs l'abandonneraient en même temps que l'ignoble crasse. Vint cependant un moment où l'onde perdit non seulement sa chaleur, mais également sa transparence. Alors, il se résigna à mettre un terme à ses ablutions.
Quelques instants plus tard, le baquet était vidé et l'elfe, séché, habillé de frais, entreprenait de gagner sa chambre, certain qu'il ne faudrait pas longtemps avant qu'il ne dorme comme une souche.

[Galathée]

Ni Kerun, ni Lena, qui devisaient autour d'une tasse de thé dans la salle commune, ne tentèrent de l'arrêter. Ils le félicitèrent pour sa propreté, lui souhaitèrent la bonne nuit, et le laissèrent se replier. Il se retrouva donc dans la chambre qu'une lampe à huile éclairait faiblement. Le lit de Guéric était vide, mais il avait conservé la forme du petit halfelin. Kerun avait installé Baptiste sur la couche qu'avait occupée Deverell la veille. L'enfant paraissait minuscule dans les draps du paladin. Il respirait doucement, tranquillement, l'air apaisé, malgré les taches qui lui maculaient le visage. Taliesin nota qu'on avait abandonné un linge à côté de son oreiller, sans doute pour éponger ce qui coulait des meurtrissures.

[Taliesin]

Après un moment d'hésitation, Taliesin s'approcha, prit le linge et, doucement, délicatement, s'en servit pour nettoyer le visage du garçon. Ce n'était pas un acte très utile : on avait procédé à l'opération peu de temps auparavant et il n'y avait donc qu'une quantité infime de liquide. Mais ce n'était pas pour cela que l'elfe l'avait fait. Pourquoi, alors ? Il n'aurait su le dire. Peut-être parce qu'il craignait que le sentiment d'impuissance qui l'avait tourmenté tout au long de son séjour dans le temple de Baine ne revienne le hanter dans son sommeil et que, pour éviter cela, il avait besoin de constater que Baptiste était vivant, qu'il avait bel et bien réussi, au moins, à sauver l'une des victimes des abominables clercs.
Sa tâche terminée, il demeura encore quelques instants immobile, les yeux rivés sur l'enfant paisiblement endormi, puis il esquissa un pâle sourire et gagna sa propre couche. Il se tourna et se retourna, une fois, deux fois, cherchant la position la plus confortable qui soit.
La trouva-t-il ? Il ne le sut jamais. Car il avait déjà sombré, terrassé par la fatigue.

[Galathée]

Son sommeil fut interrompu par un hurlement strident, suivi du bruit d'un lit malmené. Le barde n'eut pas besoin d'émerger complètement pour reconnaître la voix du gamin.
" Non ! Nooooooon !" cria Baptiste tout en repoussant ses couvertures à grands coups de pied.
Ses paupières étaient closes mais son agitation extrême. Taliesin entendit Kerun maugréer, s'extirpant probablement de sa transe avec quelque difficulté.
" Non ! Jamais ! Vous m'entendez ?! Jamais !"

[Taliesin]

Un instant, un très bref instant, il se dit que cela faisait des lustres que Victor n'avait pas été victime d'un cauchemar aussi violent.
Puis il nota la différence de timbre. Se souvint d'où il était. De qui criait.
Baptiste.
Baptiste qui, s'il ne prenait pas les plantes adéquates, ne pouvait jamais longtemps jouir d'un repos tranquille.
S'arrachant non sans regret au confort de son lit, le barde se leva, rejoignit l'enfant et lui posa une main légère sur l'épaule.
-Tout va bien, Baptiste, dit-il d'une voix encore enrouée de sommeil. Ce n'est qu'un mauvais rêve. Tu es en sécurité, ici. Personne ne peut plus te faire de mal.
Il espérait que son ton rassurant suffirait à apaiser le petit garçon, qu'il n'aurait pas à l'immobiliser comme dans le temple de Baine. Mais si c'était nécessaire, il s'y résoudrait.

[Galathée]

Mais son intervention mesurée ne fut pas suffisante et il dut cadrer l'enfant de manière plus physique, se prenant au passage un ou deux coups involontaires. Cependant, dès qu'il fut dans l'étreinte de ses bras, le gosse se calma, cette fois, se raccrochant à la toile de sa tunique avant de soupirer et de retrouver l'inertie du sommeil. Kerun se pencha au-dessus de l'épaule de l'elfe, posa deux doigts contre la gorge de l'enfant, puis eut une légère grimace.
Quelqu'un frappa à la porte.
" Est-ce que tout va bien ?" demanda la voix étouffée de Sedanius.
L'elfe des bois alla à sa rencontre.
" Le gosse a fait un cauchemar. Rien de grave."

[Taliesin]

Le barde songea à expliquer immédiatement au clerc de quoi il retournait avant de renoncer à cette idée : ce dernier avait besoin de repos, lui aussi. Cela attendrait donc le lendemain. Mais il espérait que la Réunion possédait les plantes adéquates ou que Sedanius disposait d'un sortilège approprié : sinon, leurs nuits risquaient d'être particulièrement agitées...Et pour l'heure, il ne savait trop que faire, craignant que Baptiste ne se remette à crier s'il le relâchait. Il allait donc le tenir encore un moment contre lui puis, peu à peu, desserrer son étreinte... et voir ce qui se produisait.
Il voyait malgré tout dans l'incident un signe encourageant : il signifiait que le gamin avait quitté l'inconscience due à l'empoisonnement pour entrer dans un sommeil normal. Bref, il se remettait.

[Galathée]

Sedanius repartit dans le couloir et Kerun revint en arrière.
" Voilà qui était... subit, dit-il en passant une main incertaine sur son visage. Mais pas inattendu. Je n'ose pas imaginer les nuits sur la Liberté."
Entre les bras de Taliesin, Baptiste dormait désormais paisiblement et le barde put le recoucher et le border sans qu'il ne réagisse. Il vit l'elfe des bois jeter un coup d'oeil sur le lit, mais il n'y avait pas eu d'accident.
" Tous ces gosses traumatisés..." murmura le Luménien, sans terminer sa phrase.
Il releva les yeux.
" Rendors-toi. Il reste plusieurs heures avant l'aube."

[Taliesin]

-Traumatisés mais vivants, libres, et avec une chance de se remettre, l'espoir de mener à nouveau une vie heureuse... répondit-il doucement. Ce n'est pas rien. Et je suis sûr que cette chance, cet espoir... Nous pourront les offrir à d'autres, dans les veilles à venir.
Il regagna sa couche mais ne s'y étendit pas immédiatement.
-Tu as également besoin de dormir, Kerun, tenta-t-il. Si tu préfères, je peux veiller, et me reposer demain.
Si le Luménien refusait, il n'insisterait pas, cependant, et tenterait de retrouver le sommeil.

[Galathée]

" Je vais me lever, dit l'agent secret. Je dois faire le point, je ne suis pas suffisamment serein pour dormir davantage."
Il sourit.
" Mais repose-toi... Je pense important que tu sois là quand il s'éveillera. Il n'a fait que m'entrevoir dans le Temple de Baine et... Je sais que tu n'as pas envie de te retrouver avec un gamin sur le dos, mais il se familiarisera avec les autres membres du Comptoir au fil des jours."
Il s'habilla ensuite rapidement, tandis que barde retrouvait le sommeil, et celui-ci dormait déjà quand Kerun sortit.
Ce fut à nouveau Baptiste qui réveilla l'elfe, alors que la lumière perlait au travers des rideaux. Mais ce ne fut pas par un cri, ni par un pleur, juste par une question...
" Il y a quelqu'un ?"
Calfeutré dans sa couverture, il avait l'air passablement désorienté, mais pas franchement effrayé.

[Taliesin]

Il n'aurait pas été contre quelques heures de sommeil supplémentaires ou, au moins, contre de longues minutes à paresser tranquillement dans son lit : les bardes et le réveil, cela faisait souvent deux. Mais il n'avait pas envie de laisser sans réponse l'appel du gamin. Aussi se redressa-t-il, s'étira-t-il, étouffa-t-il un bâillement.
-Je suis là, dit l'elfe, d'un ton tranquille. Et nous avons réussi, Baptiste. Nous avons atteint l'endroit où je souhaitais te conduire. Tu y es en sécurité.

[Galathée]

L'enfant le chercha du regard dans la pénombre, le localisa, sourit doucement.
" Oh, d'accord." murmura-t-il, comme s'il ne comprenait pas vraiment ce que le barde venait de dire.
Il soupira, se pelotonna un peu plus dans ses couvertures et se rendormit aussitôt, comme si de rien n'était. Taliesin entendit quelqu'un passer dans le couloir, d'un pas pesant, puis s'engouffrer dans les escaliers. Un pigeon roucoulait sur l'appui de fenêtre.
C'était le début d'un nouveau jour au Comptoir des Transparences.

[Taliesin]

Il se rallongea, resta un moment à contempler le plafond. Le sommeil l'avait fui et tenter de le retrouver serait illusoire, il le savait. Mais ça n'avait pas d'importance : il se sentait reposé, finalement. Bientôt, il se levait, s'étirait longuement, bâillait copieusement, s'habillait. Il resta alors debout, hésitant. Toutefois, Baptiste ayant l'air tranquille, il jugea qu'il pouvait descendre : il suffirait de laisser la porte entrebâillée et de tendre régulièrement l'oreille pour entendre le gamin appeler. Cela vaudrait de toute façon mieux que de dmeurer ici, immobile, à ne rien faire : cela ne lui réussissait jamais.

[Galathée]

Quand Taliesin gagna la salle principale du comptoir, il y trouva Kerun, Sedanius, Lena et Abel. Il fut accueilli par des sourires, quelques félicitations et un bon petit déjeuner. Le Luménien fit signe au barde de venir prendre place près de lui. Le clerc de Tyr paraissait épuisé, les traits tirés, et rapidement, son regard se fit vague. Le nain, le visage bouffé par sa barbe broussailleuse, était difficile à lire. Lena paraissait la plus détendue.
" J'espère que tu as pu te requinquer un rien, dit Kerun. Si ce n'est pas le cas, ce thé devrait t'y aider."
La drow grimaça.
" On ne se substitue pas aisément à Aliosha, murmura-t-elle, confuse.
— Je ne critiquais pas !" se défendit le Luménien.