[Everaska] Quête: Racines

[Kasumi]

Kasumi adressa une grimace moqueuse à son demi-frère et répondit d'un ton faussement sérieux :

- Désolé Tilmandil mais cette partie ne figurera pas dans ta chanson ! C'est une affaire entre rôdeurs. Tu as fait beaucoup de progrès mais il faudra encore prendre des leçons auprès de grand-mère !

Il reprit d'un ton rêveur à l'adresse de sa grand-mère, rougissant légèrement comme un enfant pris en faute :

- C'est que ce je faisais parfois le mur quand on me laissait la bride sur le cou... Donc ce n'est pas tout à fait en ville...

HRP : je pense qu'il y a un grand chêne et peut-être un petit autel dédié à Rillifane Rallathil, le dieu de la nature elfique dans les bois environnant Everaska.

[Voyageuse]

hrp : pourquoi pas...

- Hum... je vois où c'est alors... enfin je crois, répliqua la grand-mère.
Ce qui lui attira aussitôt un regard plein de curiosité de la part du barde.
- Mais je ne dirai rien, poursuivit-elle, malicieuse. Absolument rien ! Enfin... sauf, peut-être, si Tilmandil me révèle en échange des secrets suffisamment croustillants, ajouta-t-elle après une minute de réflexion.
Sylvia haussa un sourcil, alarmée, cherchant apparemment dans sa mémoire ce que Tilmandil pourrait bien révéler.
- Il faudra qu'on ait une petite discussion, alors, fit Tilmandil, entrant bien sûr dans le jeu.

[Kasumi]

Le demi-elfe répondit aussitôt d'un ton malicieux mais il ne put s'empêcher de rougir en imaginant ce que Tilmandil pourrait révéler :

- Ne te laisse pas abuser, grand-mère : Tilmandil a beaucoup d'imagination mais il ne sait rien qui pourrait nous embarrasser. Il pourrait broder bien sûr - comme les bardes ont la fâcheuse tendance de le faire - mais j'ai confiance en toi pour le tenir à l'écart de "tu sais où" ! Et ne nous attendez pas pour dîner : nous trouverons quelque-chose à emporter en route.

Il se tourna résolument vers Sylvia, espérant ne pas offrir de prise à Tilmandil et lui adressa un clin d'œil complice :

- Quant à toi, belle demoiselle, j'espère que tu ne réclameras rien en échange de ton silence sur ce que tu verras ce soir !

[Voyageuse]

Sylvia sourit, espiègle.
- Oh que si, je réclamerai tout un tas de choses... mais ce sera juste entre nous, et en fonction de la qualité de la surprise !
Elle se tourna vers Tilmandil.
- Et je suis parfaitement incorruptible !
- A d'autres ! s'esclaffa le barde.

Ils avaient dépassé les derniers arbres du grand bois et traversaient maintenant les derniers prés avant les portes de la ville. Dans les vergers alentours, les branches ployaient sous les derniers fruits de l'année, et quelques elfes étaient occupés à les ramasser. La grand-mère tendit la main vers une branche s'élevant juste à hauteur de cavalier, et cueillit quelques pommes qu'elle leur tendit, sans s'attirer de réprobation apparente des cultivateurs : sans doute les pommiers bordant la route étaient-ils considérés comme communs. Les fruits étaient juteux, mûrs à point, et la campagne, sous le soleil automnal qui commençait à décliner, était magnifique.

[Kasumi]

Les pommes étaient un délice et constitueraient un parfait dessert là où il avait l'intention d'emmener Sylvia, dans les bois de l'autre côté de la ville. Il en mit quelques-unes dans sa sacoche après en avoir dévoré une à belles dents. Ne restait qu'à trouver un plat à emporter et peut-être même un bon vin en cours de route... Cela dit, il ne faudrait pas trop s'attarder en chemin s'ils voulaient arriver avant la nuit au petit bosquet de chênes vénérables. Kasumi se souvenait que la vue des étoiles et de la ville nocturne y étaient particulièrement magnifiques mais il espérait avant pouvoir dîner sur l'herbe de la petite clairière juste au centre.

[Voyageuse]

Le reste du trajet se déroula dans la bonne humeur. Elvylith informa Kasumi qu'il pouvait réclamer de quoi se sustenter à la cuisine, s'il avait la patience d'attendre qu'on lui prépare quelque chose. Les yeux de Sylvia brillaient de curiosité mais elle ne posa aucune question, peu désireuse de réveiller les tendances à l'indiscrétion de Tilmandil.
Ils arrivèrent à la demeure paternelle alors que le soleil déclinait, nimbant l'atmosphère d'une lumière chaude et dorée qui mettait en relief la beauté de certains bâtiments. Ils avaient encore une petite heure avant le coucher du soleil. Un palefrenier prit en charge les montures, les déchargeant des soins indispensables, et ils purent se rendre aussitôt à l'intérieur. Elryndel n'était pas visible, sans doute se reposait-il dans sa chambre. Et la cuisinière les informa qu'elle pouvait leur préparer quelque chose... s'ils lui laissaient un bon quart d'heure, ou même une petite demi-heure de préférence.

[Kasumi]

Cela leur laissait une demi-heure pour gagner la petite clairière dans les bois en dehors de la ville. Ce serait juste s'ils voulaient admirer le soleil couchant mais pas impossible à condition de reprendre des montures pour s'y rendre. Kasumi ne manqua pas de remercier la cuisinière pour ses efforts mais il avait des préparatifs à faire de son côté : prendre une couverture pour y déposer les victuailles voir pour s'y emmitoufler si la soirée se prolongeait sur place. Et aussi prévenir le palefrenier qu'ils comptaient ressortir. Il aurait aussi aimé toucher un mot à son père pour l'avertir de leurs progrès mais il répugnait à le déranger et Tilmandil ou Elvylith le feraient tout aussi bien.

[Voyageuse]

Tout fut prêt une demi-heure avant le coucher du soleil. Le palefrenier avait laissé intact le harnachement de leurs montures, et la cuisinière leur avait rassemblé quelques victuailles : pain, fromage, viandes froides, pâtés en croûte, assortiment de crudités dans de petits bols fermés par un carré de tissu, gâteaux moelleux, quelques fruits aussi.
Tilmandil avait disparu brièvement dans les profondeurs de la maison, mais ressortit à temps pour les voir partir, comme s'il comptait mettre à exécution sa menace de les suivre. Leur grand-mère, en revanche, demeura invisible.
Sylvia, de son côté, avait disparu dans leur chambre, et lorsqu'elle ressortit, elle avait tressé artistiquement ses cheveux en une natte qui s'enroulait sur elle-même, qu'elle avait attachée avec des rubans de la même couleur que le veste que Kasumi lui avait offerte. Elle était resplendissante.

[Kasumi]

Kasumi resta bouche bée un bon moment en apercevant Sylvia revenir de la chambre. Admiratif, il ne réussit tout d'abord qu'à bafouiller légèrement avant de se reprendre en apercevant son demi-frère, goguenard :

- Tu es vraiment magnifique ! Enfin... Encore plus que d'habitude. J'adore ce que tu as fait avec tes cheveux.

Il s'approcha avec un semblant de timidité pour lui offrir une aide dont elle n'avait pas vraiment besoin pour monter à cheval, juste pour le plaisir de la toucher comme s'il peinait un peu à se convaincre qu'elle était bien réelle. Mais il était plus que temps de se mettre en route s'ils ne voulaient pas manquer le spectacle sans commune mesure du crépuscule.

[Voyageuse]

Ils traversèrent la cité, observant l'effervescence habituelle des débuts de soirée, alors que les derniers clients se hâtaient devant les échoppes, que les marchés pliaient leurs étals et qu'un peu partout, de bonnes odeurs de cuisine émanaient des habitations.
Les citadins, pressés, ne leur prêtèrent qu'une attention distante, mis à part les enfants qui, ayant peu l'habitude d'apercevoir des humains, ouvraient de grands yeux curieux.
Les nuages à l'horizon commençaient à se parer de lueurs légèrement orangées, mais au-dessus de leur tête, le ciel restait d'un bleu pur, de plus en plus profond au fur et à mesure que le soleil baissait à l'horizon. Les derniers oiseaux les saluaient de leurs chants, et, alors qu'ils avançaient hors de la ville, ils aperçurent quelques lièvres en maraude. Le bosquet n'était pas très loin des murs de la ville. ils devraient y parvenir juste avant que le soleil ne commence à disparaître à l'horizon.

[Kasumi]

L'atmosphère était bucolique mais ils progressaient régulièrement sous l'impulsion de Kasumi. Le demi-elfe était tous sourires, ses yeux étaient un peu rêveurs mais il était avant tout décidé à ne rien dévoiler de sa surprise avant qu'ils n'aient atteint le cœur du bosquet. A la limite de celui-ci, il invita Sylvia à descendre de cheval. Les deux montures étaient suffisamment bien dressées pour éviter d'avoir à les attacher. Et, s'il leur prenait l'envie de s'échapper, le rôdeur savait qu'elles rentreraient d'instinct à la demeure familiale. De toutes façons, ce n'étaient plus les montures qui avaient son attention. Il se fendit d'un nouveau sourire :

- C'est à deux minutes à pied mais il faut que tu me promettes de fermer les yeux jusqu'à ce que je te dise de les ouvrir : c'est beaucoup plus beau si tu découvres cet endroit une fois arrivée seulement !

Tenant le panier à une main, il avait l'intention de guider Sylvia jusqu'au milieu des chênes. Il savait qu'une trouée entre deux d'entre eux leur permettait de contempler le coucher de soleil derrière la cité, une vue pleine de splendeur au milieu du calme presque surnaturel des arbres multi-centenaires.

La clairière était couverte d'un tapis de feuille mais les racines des géants étaient pourtant clairement visibles, offrant autant d'endroit où s'asseoir confortablement. Kasumi avait été frappé par la sérénité qui émanait du lieu, ses souvenirs estompés ne rendant pas justice à ce sanctuaire dédié à la nature paisible de Rillifane Rallathil. Sur les derniers mètres, le coeur battant un peu plus vite en anticipant la réaction de Sylvia, le demi-elfe avait placé ses mains devant ses yeux et l'avait amenée à s'asseoir précisément où la vue était la plus époustouflante. Après avoir posé le panier à leurs pieds, il avait pris place à ses côtés et passés un bras autour de ses épaules avant de déclarer dans un chuchotement :

- Tu peux ouvrir tes très beaux yeux maintenant.

[Voyageuse]

Sylvia s'était laissée guider sans mot dire, profitant de la situation pour se blottir contre lui sous prétexte de ne pas chuter. Mais Kasumi la devinait tous les sens aux aguets, écoutant, respirant, devinant la nature autour d'elle, à la fois concentrée et sereine. Elle ne parut pas surprise de l'environnement dans lequel elle se trouvait lorsqu'il la laissa enfin libre de regarder autour d'elle. La vue sur la cité, en revanche, eût l'effet espéré.
- Ouah ! C'est magnifique !
Le rôdeur remarqua qu'elle regardait autant, sinon davantage, les sommets enneigés alentours, rivalisant d'éclat sous les rayons du soleil couchant, que la ville elle-même. Il faut dire que la nature, ici, faisait un écrin splendide pour la cité qu'elle abritait. Et les quelques monuments de pierre, à contre-jour, se découpaient magnifiquement sur le paysage, au point qu'il tait difficile de déterminer si c'était la nature alentour qui embellissait la ville, ou la présence de la cité qui embellissait le paysage.

[Kasumi]

Kasumi garda le silence un moment, se délectant autant du plaisir qu'il lisait dans les yeux émerveillés de Sylvia que de la vue magnifique de la cité de la branche paternelle de sa famille. Alors que le coucher de soleil formait un panel de roses et d'orangés sur les montagnes et les bâtiment d'Everaska, le demi-elfe rompit enfin le silence d'un ton doux :

- Oui, même étant enfant je me rendais compte que les elfes savaient y faire pour respecter la beauté de la nature. Je venais régulièrement ici, en douce.
C'était toujours très tranquille mais je me sentais seul à l'époque. Plus aujourd'hui.

Il tourna sa tête vers la jeune femme et profita de sa distraction pour lui voler un léger baiser.

[Voyageuse]

La jeune femme leva les yeux vers lui, l'air un peu perdue dans ses pensée, et lui rendit son baiser. Avec douceur et tendresse.
- Tu as raison : le peuple de ton père sait vraiment créer des endroits enchanteurs. On dirait presque que leur immense cité fait partie de la nature. Alors que les villes humaines semblent plutôt se dresser contre la nature. Ça ne fait pas du tout le même effet... Enfin, du peu de villes humaines que j'ai vu. Mais je manque un peu de recul : ça remonte à loin, tout ça... Et elles n'étaient pas de taille comparable à Everaska. En tout cas, je n'ai jamais vu de ville aussi belle.

[Kasumi]

Le rôdeur garda une des mains de sa compagne dans la sienne et lui sourit tendrement avant de répondre d'un ton doux :

- J'ai vu plusieurs cités dont certaines sont plus peuplées. Aucune ne ressemble à Everaska mais certaines n'étaient pas dénuées de beauté pour autant. Il est vrai que rares sont les citadins à vouloir vraiment vivre en harmonie avec la nature sans la contrôler ou l'utiliser pour leur profit. Les elfes peut-être un peu plus que les hommes, je ne sais pas. Everaska est la seule vraie cité elfique que j'aie connue de ma vie en réalité... En tous cas, les préceptes de Rillifane Rallathil, le Chêne Ancien ont un certain poids ici. Même si le seul sanctuaire à lui être dédié se trouve juste ici, en bordure de la ville, sans vraiment lui appartenir. Mais je parle comme une vraie pipelette ou un vieux barbon alors que je suis plus jeune que toi ! Revenons à l'essentiel : tu as faim, peut-être ?

[Voyageuse]

- Oui, bien sûr, j'ai faim !, répliqua la rôdeuse.
Elle lui sourit avec enthousiasme.
- Fais-moi voir ce que tu as amené de beau, ajouta-t-elle en lui prenant sans vergogne le sac des mains pour fouiller dedans. Je suis sûre que la cuisinière s'est surpassée. C'est pas mal d'avoir une cuisinière à domicile, dis donc... Mais je trouve d'ailleurs que tu as des habitudes de luxe, ici ! Le contraste lorsque tu revenais dans notre forêt devait être rude... Et comment tu fais, là-bas, dans ton autre patrie ? tu as aussi une armée de serviteurs prêts à satisfaire le moindre de tes désirs ?

[Kasumi]

Kasumi lui avait cédé de bon cœur le sac contenant leur dîner, prenant toujours autant de plaisir à la voir s'étonner ou s'enthousiasmer de petites choses. Il rit de bon cœur à sa remarque et commença à étendre la couverture sur le sol devant eux en répondant d'un ton léger :

- Bien sûr que non, ce n'était pas difficile ! C'est agréable de se faire servir de temps à autre surtout quand c'est dans ma famille ou dans une auberge conviviale. Mais j'ai toujours aimé cuisiné ou même trouver mon repas quand il n'y a pas d'urgence. Et je n'ai pas de serviteurs non, quelle horreur ! A dire vrai, je n'ai pas non plus de maison... J'espère que ça ne te déçois pas trop ? J'aurais peut-être du éviter de t'inviter dans un restaurant si bourgeois hier si tu risques d'y prendre goût !

[Voyageuse]

- Comment ça, tu n'as pas de maison ? Mais je suis extrêmement déçue ! Moi qui croyais en avoir fini avec les cabanes de fortune de bric et de broc... Tu dors où, en fait, si tu n'as pas de maison ? Tu as assez d'argent pour te payer l'auberge tous les soirs ? Tu bouges, peut-être, de ville en ville ?
Tout en le questionnant, elle sortait les provisions et les disposait au hasard sur la couverture, étalant l'ensemble sans ordre apparent, les fruits voisinant avec la viande, le pain avec les tartelettes aux fraises, le fromage avec les légumes.
Les soleil avait disparu à l'horizon et le ciel s'obscurcissait très lentement, mais ils y voyaient encore suffisamment, malgré l'ombre des arbres.

[Kasumi]

- Laisse-moi juste un instant pour ajouter la touche finale !

Il était évidemment exclu de faire un feu ici, au cœur du bosquet sacré. Le rôdeur en appela donc au pouvoir de son épée pour leur procurer un peu de lumière qui ne devait pas se voir depuis l'extérieur du bosquet. Il reprit d'un ton ingénu :

- Voilà, comme ça je peux bien mieux te voir !

Puis enchaîna aussitôt d'un ton un peu plus songeur :

- Je l'aime bien ta petite cabane, moi ! Mais c'est vrai que j'ai une vision biaisée par la seule nuit que j'y ai passée !

Profitant un instant de son effet, il poursuivit pour répondre enfin aux interrogations de Sylvia :

- En fait, j'ai pas mal bougé et dormi sur les routes ou en pleine nature. Ou au Fort de la ville qui m'employait pendant quelques semaines où j'étais instructeur. J'ai aussi dormi sur un bateau une fois pour me rendre vers une île magique : c'est assez difficile surtout que les marins ronflaient pas mal. Et aussi dans une grotte pendant quelques autres semaines... Bref, les nuits à l'auberge sont plutôt l'exception alors j'en profite !

[Voyageuse]

- Oui, en fait tu es toujours sur les routes... Y'a du barde en toi, je l'dis !
Sylvia sourit. L'allusion à leur nuit inoubliable ne l'avait même pas fait rougir. C'était juste... dans l'ordre des choses, pour elle, quelque part. Ça faisait partie de leur relation.
Elle se servit en piochant un peu dans chaque plat, mélangeant allègrement les saveurs.
- En fait tu es un solitaire... Quelqu'un qui bouge autant, qui va de mission en mission, d'aventure en aventure, ne peut que le faire seul, non ?

[Kasumi]

Kasumi fit lui aussi honneur aux plats préparés avec goût. Il avait souri à la mention d'un barde qui se cacheraient en lui. Ce n'était pas la première fois ni la première personne qui le lui faisait remarquer mais cela sonnait toujours autant comme une plaisanterie tant il ne se sentait que peu d'affinité avec cette profession. Et ce n'est pas Tilmandil qui lui avait fait changer d'avis : il aimait beaucoup son demi-frère mais leurs modes de vie ne se ressemblaient presque en rien. La seconde remarque de Sylvia l'avait laissé un peu plus longtemps songeur. Mais il finit par répondre au bout d'un moment :

- J'ai longtemps été très solitaire oui. Presque toutes ces années en fait. Mais j'ai aussi parfois voyagé avec des compagnons. Pas toujours les mêmes. C'était plus agréable mais aussi plus angoissant : c'est plus facile de gérer le danger quand on n'a la responsabilité que de soi-même...

[Voyageuse]

Sylvia hocha la tête.
- Je vois ce que tu veux dire, je crois... Quand on est seul on ne se soucie pas vraiment de mourir, c'est ça ? Ou c'est juste que tu te sentais responsable de la sécurité de tes compagnons ? Je dois dire que c'est quelque chose que je n'ai jamais vraiment ressenti : lorsque je suis partie en expédition avec d'autres, ils étaient en général plus expérimentés que moi et c'était plutôt eux qui s'inquiétaient de ma sécurité, ce qui m'agaçait fortement. Enfin, sauf quand j'étais avec des petits jeunôts... mais on ne courait pas vraiment de danger donc je ne stressais pas pour leur sécurité.
Elle sourit.
- Mais en fait, je crois que moi aussi je préférais partir seule. Simplement parce que c'est pesant de devoir s'adapter aux façons de faire et aux habitudes des autres, surtout lorsqu'on part plusieurs jours. Je préférais être autonome et faire à ma façon.

[Kasumi]

Kasumi sourit à son tour malgré la gravité des sujets abordés puis répondit d'un ton songeur :

- Surtout qu'on ne choisit pas toujours ses compagnons de route. Je me souviens que c'était le cas lors de ma dernière mission : elle a duré des mois et elle ne s'est pas aussi bien passé que je l'aurais voulu. Je ne m'entendais pas avec certains membres de l'expédition et nous ne partagions pas les mêmes façons de procéder... Je n'en garde pas un excellent souvenir.

Son regard se perdit dans la contemplation du ciel étoilé avant qu'il ne reprenne d'un ton beaucoup plus enjoué :

- Enfin, c'était mon avant-dernière aventure en fait ! Pour celle-ci, je n'avais absolument pas prévu qui seraient mes compagnons et je n'ai eu que des bonnes surprises !

[Voyageuse]

Sylvia sourit.
- J'étais heureuse de faire à nouveau équipe avec toi, en tout cas. Ça m'a rappelé plein de souvenirs... La fois où on était partis à la chasse à l'ours et ,où on a compris un peu tard qu'on ne faisait pas le poids, par exemple... Et la fois où tu as voulu combattre une momie, sauf qu'on savait pas où en trouver, on a fouillé tout le secteur où on avait entendu dire qu'il y en avait une, sans jamais l'apercevoir... simplement parce que ce jour-là il y avait un soleil trop radieux. On s'est fait gronder sérieusement au retour !

[Kasumi]

Kasumi sourit avec tendresse à l'évocation de ces souvenirs. Certes ils n'avaient pas fait les fiers à ces occasions mais s'en souvenir maintenant qu'ils étaient adultes et bien plus responsables était vraiment très agréable. En somme, c'était une partie de leurs racines communes. Et le rôdeur se souvint qu'ils étaient déjà très complices malgré leurs nombreuses prises de bec de l'époque. Le regard brillant, il répliqua d'un ton amusé :

- Je t'avais dit qu'on réussirait à l'amadouer cet ours en emportant les gâteaux au miel de ma mère ! Bon, on ne pouvait pas prévoir qu'ils seraient à la cannelle ! Je suis certain que mon plan aurait fonctionné sinon ! Et quant à cette momie, rappelle-toi que je voulais en trouver uniquement parce qu'on avait parié une semaine de cuisine si je réussissais à en abattre une ! Bon, ce n'est pas une si mauvaise chose qu'il n'y en ait pas eu...

Il marqua une pause avant d'ajouter d'un ton un peu trop innocent :

- Sinon on aurait eu du mal à en venir à bout ! C'est coriace une momie !

[Voyageuse]

Sylvia, pas dupe du tout, lui tira la langue avant de finalement se blottir contre lui, admirant les dernières lueurs orangées s'attardant à l'ouest, se reflétant sur les neiges éternelles des montagnes.
- On n'a pas d'aussi beau couchers de soleil dans notre forêt. Enfin, pas souvent. Il y avait trop d'arbres près du campement. Il fallait qu'on s'éloigne sur deux jours pour grimper sur une colline, trouver un espace dégagé assez vaste. Ça n'était pas simple. Et puis, peut-être qu'on s'en fichait, à l'époque, des couchers de soleil romantiques... Et puis il n'y avait pas ce cadre de montagne, tellement beau... Non, vraiment, c'est bien plus beau ici. Ça manque juste, un peu, d'humains...

[Kasumi]

Kasumi se positionna de sorte à laisser Sylvia s'appuyer sur lui tout à son aise pendant qu'il commençait à lui masser les épaules avec tendresse.

- Oui, c'est vrai que c'est magnifique ici. Je crois que j'ai aussi pris goût aux montagnes. En tous cas je suis content de redécouvrir cet endroit avec toi. Mais je ne crois pas que je pourrais m'y sentir à l'aise sur la durée. Pour y voir ma famille ou même pour les vacances, c'est vraiment l'idéal mais je ne souhaiterais pas m'y installer en fait. Aussi parce que je sens que ça ne te plairait pas non plus.

Il déposa un léger baiser dans sa nuque avant de reprendre le massage de ses épaules qu'il sentait un peu crispées malgré le décor sublime et l'atmosphère apaisante.

[Voyageuse]

Petit à petit, Sylvia finit par se détendre. Il le sentit aux muscles qui se détendaient sous ses mains expertes, à son souffle qui se ralentissait. Il devina, plus qu'il ne vit, qu'elle avait fermé les yeux et se laissait totalement aller, enfin détendue.
Les derniers oiseaux s'étaient tu, et on n'entendait plus que la brise faisant bruisser légèrement les feuilles. Quelque part, une chouette ulula. Une chauve-souris les survola. La nuit tombait, peu à peu, et la lumière fournie par l'épée de Kasumi ne durerait sans doute plus très longtemps.

[Kasumi]

Kasumi était parfaitement détendu lui aussi, comme s'il partageait un lien empathique avec sa compagne. Ses caresses parcoururent un instant son dos avant qu'il ne l'enlace dans ses bras, posant les mains sur son ventre avant de poser son menton sur son épaule et de parler doucement à son oreille :

- Est-ce que tu veux rester encore un peu ? Ou préfères-tu rentrer en ville ? Moi je me sens très bien ici, avec toi dans mes bras. Mmmh, tu sens si bon.

[Voyageuse]

Sylvia garda les yeux fermés, et ne répondit pas tout de suite. A se demander si elle avait entendu la question. Elle semblait parfaitement détendue, presque au bord de la somnolence.
- Je n'ai pas le courage de marcher jusqu'aux chevaux, plaida-t-elle en guise de réponse. Argument fallacieux... mais ils étaient si bien, ici.
Les premières étoiles piquetant le ciel annonçaient une belle nuit sans pluie, et la température était douce, l'herbe accueillante. Après tout, ils n'avaient pas besoin d'un lit...