[Temple] Le Sanctuaire de Lathandre

[Féérune]

- Pardon, Maître Alaric ?

Le ton de Sylveneige était devenu soudain passablement froid.

- N'êtes-vous pas demandeur ? Si Marvin nous a amené à vous, c’est qu’il sait quelles sont nos capacités. Evidemment, si vous pensez qu’il vaut mieux laisser agir la secte un peu plus longtemps en perdant du temps à chercher d’autres personnes pour la combattre…

La rôdeuse cilla avec une certaine sévérité.

- Hein ? Je crois qu’il vaut mieux que vous acceptiez nos services sans trop barguigner… Après, nos relations un peu chaotiques ne vous concernent pas vraiment, je pense. Sans compter que ce sont vos atermoiements – que je comprends, au demeurant – qui nous empêchent de suivre notre premier plan. Et donc de nous assurer à coup sûr l’accès à la secte.

[Voyageuse]

Alaric resta de glace.
- Je ne juge pas seulement votre incapacité à vous mettre d'accord, mais aussi certaines énormités que vous avez énoncées sans même vous en rendre compte en tentant d'élaborer vos plans. Si c'est vous qui avez été chargés de cette affaire, c'est uniquement pour mettre le moins de personnes possible au courant de l'existence de ces armes dangereuses. Mais je commence à me demander si nous ne prenons pas au contraire un risque en ne confiant pas cette affaire à de vrais professionnels. Un risque pour vous, j'entends : ce sont vos vies que vous risquez, et toute décision prise à la légère peut vous coûter bien plus qu'une réprimande!
Il se tourna vers Streen.
- La garde est déjà prévenue. Si vous étiez moins concentrés sur vos querelles, vous vous en seriez rendus compte, et je vous ai dit qu'ils seraient là d'une minute à l'autre. il vous reste donc très peu de temps pour vous mettre d'accord.

[Streen]

Streen se tourna vers Sylveneige d’un air plus doux qu’il y a quelques instants.
-Sylveneige chérie, je te laisse décider mais je te recommande de partir à la rencontre des deux clercs et de me laisser aller en prison.
Streen pensa subitement à une phrase qui semblait signifier : « aller en prison, ne pas passer par la case départ et ne pas récolter 20000 pièces d’or » sans savoir pourquoi.
Puis d’un air froid à l’aubemestre :
-Vous avez déjà appelé la garde alors que l’on s’était pas encore mis d’accord sur le plan ? Vous l’avez fait à notre insu. Décidément, vous ne manquez pas de culot alors que ce n’était au départ qu’une simple idée. Vous ne nous avez même pas prévenu. Quand à la mission, ne croyez pas que nous allons échouer. Si nous n’étions pas déterminé, nous ne serions pas venu rendre visite à Sir Jolan ni à vous.
A nouveau à Sylveneige :
-Bon il faut que tu files, je crois que la situation devient urgente.

[Féérune]

- Oui...

Sylveneige leva les yeux vers l'aubemestre.

- Vous ne vous rendez absolument pas compte, de votre tour d'ivoire, de la mentalité des hommes des tavernes.

Un instant, l'expression lui parut bizarre, mais l'elfe chassa cette pensée pour poursuivre son explication.

- Si j'arrive en pleurnichant que Streen a été arrêté, que croyez-vous qu'il va se passer ? Les deux frères vont immanquablement ricaner et me répondre que c'est bien dommage. Point. Si j'arrive complètement énervée, en sautant sur une table et en hurlant qu'il faut libérer un pauvre garçon qui voulait juste s'amuser un peu au dépens du Temple de Lathandre, là j'aurais des chances d'intégrer la secte. Tout simplement parce qu'un beau geste bien charismatique de ma part poussera les frères à souhaiter qu'une personne telle que moi, qui sait visiblement soulever l'enthousiasme des foules, les rejoigne.

Sylveneige continua après un cillement appuyé.

- Il faut que vous compreniez cela ! traînerais-je une petite foule dehors jusqu'à la prison, je n'en sais rien, mais s'ils m'écoutent avec suffisamment d'intérêt pour persuader les frères de me prendre dans la secte, cela suffira.

[Voyageuse]

L'aubemestre leva les yeux au ciel.
- C'est vous qui voyez... mais c'est à vos risques et périls ! Si vous êtes arrêtée, je ne pourrai pas vous venir en aide, en aucune façon : la présence de sharites en ville doit rester secrète.
Se tournant vers Streen, il ajouta :
- Et pour que les choses soient claires, lorsque j'ai demandé à ce qu'on appelle la garde, vous aviez déjà fixé ce plan, il vous restait juste à décider lequel d'entre vous serait arrêté ou si vous l'étiez tous les deux. Je ne pouvais pas deviner qu'il vous faudrait si longtemps... Êtes-vous enfin décidés à présent ?

[Féérune]

- Oui, bien sûr.

Sylveneige regarda son cher Streen, d'un air malicieux.

- Allons Streenounet, une petite nuit en prison... Tout seul, sans ta Sylveneige...

L'elfe faillit se jeter au cou du jeune homme, se retint à temps pour ne pas faire un scandale chez un Dieu aimable, mais pudique.

[Streen]

Streen lança un clin d’œil complice à sa compagne :
-Allez file avant que la garde ne t’attrape toi aussi.
Streen songea à une journée totale sans Sylveneige. Cela le désola un peu mais ce n’était qu’une journée après tout. Il survivrait très bien. Ce n’était que partie remise. Il dit à l’aubemestre une fois qu’elle fut partie :
-C’est bon cette fois nous sommes vraiment prêts.

[Féérune]

Sylveneige réfléchissait.

- Hmmm ? Oui, je file ! à très bientôt !

L'elfe fila de son pas léger.

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[Voyageuse]

Quête : chercheurs de sens

Les gardes ne tardèrent guère à arriver. Ils étaient trois, menés par un officier aux cheveux grisonnants.
L'aubemestre ne s'embarrassa guère de fioritures.
- Voici l'homme qui a tenté de badigeonner les vitraux de poix tout à l'heure, déclara-t-il sans préambule. Sa complice a filé avec leur matériel. Je vous laisse le mettre à l'ombre quelques temps, histoire de lui passer l'envie de recommencer... J'avais craint un moment une attaque d'une secte quelconque, mais je penche plus pour un pauvre hère qui aurait fait un pari stupide...
- Nous nous chargerons de l'interroger pour tirer ça au clair, répondit l'officier. Ne vous en faites pas. Vous, vous nous suivez jusqu'au fort. Sans faire d'histoire...

[Darren Flèche-Sombre]

RP Quotidien

Darren n’était pas très porté sur la religion, aussi son arrivée dans le Temple fut-elle remarquée. C’était sans doute la première fois qu’il s’y rendait de son propre chef. Autrefois, il avait rencontré Albérich Megrall à plusieurs reprises, quand l’aubemestre était aussi conseiller, mais depuis le départ de ce dernier, le Temple de Lathandre avait retrouvé sa place en marge de la vie luménienne. Darren savait que Gareth, aujourd’hui doublement son supérieur, s’en réjouissait. Lui-même n’y réfléchissait guère. Megrall avait été un interlocuteur valable, à défaut d’être vraiment connaisseur des nécessités de la sécurité en ville. Mais il avait eu la curiosité et le désir de bien faire, ainsi que le respect de l’expertise de ses interlocuteurs. Avec Gareth, c’était une autre chanson : il imposait d’en haut et il fallait plier. Comme il était compétent, Darren s’exécutait sans récriminations. Il était probablement encore plus pragmatique que le général. Déjà, contrairement à celui-ci, Darren maîtrisait ses émotions sans difficultés.

L’elfe s’était rendu jusqu’au sanctuaire sans escorte, à pied, revêtu de son uniforme bleu ciel, qu’il trouvait à la fois magnifique et complètement ridicule. Mais ses années sylvestres étaient révolues depuis longtemps, tout comme le travail de terrain de manière générale. Désormais, il supervisait, conseillait, organisait, recrutait, déléguait, depuis son bureau ou la salle de réunion, sans plus jamais mettre la botte dans la boue. Bien sûr, il continuait à s’entraîner et il savait qu’il demeurait un des meilleurs tireurs d’élite de la ville, mais seule une nouvelle révolution l’aurait renvoyé dans la rue. Et même s’il se sentait parfois un peu rouillé, parfois un peu désoeuvré, parfois un peu jaloux, il ne souhaitait rien de tel. Il assumait son poste et tant pis si cela signifiait envoyer quelques flèches par jour dans une cible de paille, quand tout le reste de son labeur était enfin terminé. Souvent, seule la lune assistait à ses exercices, et ce n’était pas plus mal, Darren avait toujours été un homme discret.

Un jeune clerc l’intercepta en haut des marches, le reconnaissant sans pourtant l’avoir jamais vu, s’inclinant servilement, rayonnant d’inquiétude.
« Seigneur, puis-je vous aider…
— Je viens parler à l’aubemestre.
— Je vais voir si Messire d’Antelucas est disponible.
— Nous avions convenu de nous rencontrer ce matin. »
Le jeune homme lui fit signe d’attendre et l’abandonna dans la nef. Darren laissa son regard courir sur les fidèles sans réellement les regarder. Il y avait du monde. Sans doute pas énormément, compte tenu de la taille de l’édifice, mais à cette heure, la plupart des Luméniens vaquaient à leurs occupations et seuls les oisifs pouvaient se permettre de traîner dans les travées du Temple. Des femmes, des vieux, des pauvres, en somme. Darren réalisa que son regard, même tranquille, mettait les gens mal à l’aise et plus il fixait une zone, plus elle se vidait. Cela le fit sourire. C’était un effet de sa personne qu’il n’ignorait pas. Aujourd’hui qu’il était commandant de la garde luménienne, il pouvait imaginer que c’était son statut qui effrayait les citadins, et pas sa mine revêche.
« Il va vous recevoir. »

Même sans y avoir souvent mis les pieds, Darren connaissait le plan du sanctuaire par cœur. Il connaissait aussi celui du Palais, du Fort, de l’Assemblée, de l’Amphithéâtre, du Salon des Naturalisations, de la Capitainerie, et d’en fait plus de trente bâtiments luméniens d’importance. Prérogative de la garde. Même Dame Dithazir avait dû consentir à lui fournir les plans précis de l’Université de la Magie. En cas de brèche sécuritaire, il devait pouvoir visualiser clairement l’environnement, dans ses plus petits détails, souvent cruciaux. Il se laissa pourtant guider par le clerc qui l’avait accueilli, jusqu’au bureau de l’Aubemestre. Alaric s’était logiquement installé dans l’appartement de fonction qu’avaient occupés de nombreux chefs lathandrites avant lui, et Darren détailla l’ameublement en y entrant, curieux de voir comment l’ancien soldat avait imprimé sa marque dans les lieux. Mais comme Megrall, Alaric n’était pas féru de décorum. Sans doute les choses étaient-elles mieux rangées. Certaines choses ne s’oubliaient pas quand on avait été militaire.
« Asseyez-vous, Darren. » dit le Lathandrite en relevant les yeux de ses parchemins.
L’elfe se glissa jusqu’à la chaise qui faisait face à la table de travail.
« Bonjour Aubemestre. »
Le colosse chauve lui sourit. Darren lui rendit sa marque de sympathie. L’aubemestre actuel était un homme bon, respecté, intelligent, un excellent chef de culte à en croire les rumeurs, et le Temple tournait admirablement bien, rayonnant sur Luménis en bon phare spirituel. Mais il n’atteindrait jamais les sommets de son éphémère prédécesseur, et ce pour une simple raison : sa terre d’origine. Il était antelucien et, même si sa cité natale était aujourd’hui une alliée solide et sincère de Luménis, les anciennes rivalités étaient vivaces dans les esprits. Elire un Antelucien et qui plus est, l’héritier renonçant de la forteresse, était chose impossible. Peut-être dans un siècle ou deux. Darren vivrait peut-être pour le voir, mais pas Alaric qui, à plus de soixante ans, était déjà au crépuscule de son existence. Cela demeurait une force de la nature, cependant, et le commandant de la Garde l’estimait.
« Vous vouliez me parler. J’ose espérer qu’on ne s’est pas à nouveau plaint de nos novices. »
L’elfe demeura un instant interdit.
« Je… ne suis pas au courant, dit-il. Et j’imagine que vous vous doutez que je ne me déplacerais pas pour un peu de tapage matinal. »
L’Aubemestre sourit.
« Bien sûr. Alors en quoi le Temple pourrait-il vous aider ?
— Il ne s’agit pas de m’aider mais d’aider Luménis, messire.
— Je ne sous-entendais rien d’autre. »
Ils se jaugèrent un moment.
« Je voudrais que nous parlions glyphes de garde.
— Le Temple a toujours eu l’autorisation de les utiliser pour se protéger.
— Ce qui est légitime. Mais j’aurais voulu en savoir davantage à leur sujet.
— Ceux du temple ?
— Non, de manière générale. Il paraît qu’ils restent actifs tant qu’ils ne sont pas déclenchés ?
— Tout à fait.
— Des années, alors ?
— Des millénaires, même.
— Quels sont leurs effets ?
— Multiples. C’est au choix du clerc qui le trace. Le glyphe de base explose en infligeant des blessures dues au froid, au feu ou à l’acide, par exemple, mais il est possible de créer des glyphes qui paralysent, maudissent ou rendent aveugle, des glyphes qui convoquent des créatures… Il y a de nombreuses possibilités.
— Et ces glyphes peuvent ne se déclencher que pour certains types de personnes ? »
Alaric croisa les bras et l’observa un moment en silence. Darren sourit. L’aubemestre n’était pas né de la dernière pluie.
« Que voulez-vous protéger, Darren ?
— Les portes de la ville. »
Les sourcils du clerc se levèrent.
« Voilà qui est radical. Luménis a toujours été une cité ouverte…
— Et on voit où ça l’a menée. Mais le changement n’est pas forcément mauvais, en la matière. Si je comprends bien, c’est un sortilège simple, durable, qui pourrait filtrer les entrées efficacement.
— C’est certain.
— Mon boulot est de veiller à la sécurité des Luméniens.
— Cela reste radical. Il faudra en parler au conseil.
— Bien sûr. Mais je voulais juste connaître votre avis sur la faisabilité.
— C’est faisable. Les quais, par contre…
— Je ne pensais pas aux quais dans l’immédiat. »
Alaric posa son menton dans sa paume.
« Quel genre de barrière imaginiez-vous ?
— Assez simplement contre les esprits maléfiques.
— Vous savez qu’il existe de nombreux sortilèges pour se défier d’un glyphe.
— Je ne m’attends pas à ce que la ville devienne hermétique à toute malfaisance, non.
— Si les conseillers acceptent, ils exigeront que la présence de ces glyphes soit publique.
— Tant mieux. Cela découragera certains de tenter le coup.
— Et les plus expérimentés se protégeront davantage.
— L’un dans l’autre, nous y gagnons. »
L’Aubemestre haussa les épaules.
« Les Lathandrites accepteront-ils de s’en charger, si le conseil le décidait ? »
Les deux hommes s’observèrent à nouveau pendant quelques secondes.
« Nous serions honorés d’aider les dirigeants luméniens à garantir l’harmonie en ville. »
Darren sourit.
« Très bien. Dans ce cas, je sais tout ce que je dois savoir. »
Il fit mine de se lever.
« Darren, juste une chose. »
L’elfe se rassit.
« Pourquoi demander au Temple ? Vous auriez pu approcher les Waukyniens ou les Mystrans… Ils auraient moins d’hésitations.
— J’espérais vous faire honneur.
— Et c’est le cas. Je suis juste… surpris. »
Le commandant de la garde se leva.
« Je ne néglige pas le rôle de l’église lathandrite, Aubemestre. Le rôle qu’elle joue, celui qu’elle a joué, celui qu’elle pourrait jouer demain. Bonne journée à vous. »
Le clerc se contenta d’acquiescer et, sur un salut poli, Darren regagna le couloir. Un prêtre l’attendait et il accepta cette escorte fébrile sans se formaliser. Sans doute Alaric se méfiait-il de ses intentions et il n’avait pas complètement tort de penser qu’il avait été approché dans un but pratique mais aussi politique. Mieux valait avoir tous les alliés de son côté.

Darren retraversa la grande salle, dévala les marches du perron et regagna la rue animée. Les gens s’écartèrent presque imperceptiblement sur son passage tandis qu’il repartait vers le Parc Verdoyant et, plus loin, le fort de Luménis.

[Alchem]

Si Alchem n’avait pas coutume de privilégier son devoir, peut-être aurait-il cédé au plaisir du tourisme. Jamais, de toute sa vie, il n’avait vu une ville plus grande que Lumenis. Mais il fallait plus qu’une cité, aussi vaste qu’elle puisse être, pour lui faire oublier l’urgeance de son affaire. C’était au sanctuaire de Lathandre qu’il devait se rendre. Et il s’y rendit, suivant pour cela scrupuleusement les indications que lui avait fournis le soldat au poste de garde.

Le voilà donc, en cette soirée, devant les vastes portes du bâtiment. Un temple splendide... difficile à imaginer pour quelqu’un qui venait des profondeurs. Le gnome avait repris sa véritable apparence, gris d’habit, gris de peau, petit personnage si terne qui s’avançait désormais.

« Tu fais tâche dans le paysage », taquina Dalius, qui risqua sa tête hors de la poche.

Le svirfnebelin lui appuya un doigt entre les deux oreilles pour le ramener à l’intérieur.

« Hé, c’est pas juste ! »

[Kasumi]

En cette heure, nul ne se pressait sur les marches du parvis du grand sanctuaire lathandrite mais les portes en demeuraient néanmoins ouvertes et ne semblaient pas gardées pour en filtrer les visiteurs potentiels. A l'intérieur, ce serait sans doute une autre histoire mais il allait falloir s'avancer pour déterminer quel accueil serait réservé à un gnome des profondeurs porteur de mauvaises nouvelles.

HRP : je vais prévenir Galathée de te prendre en charge pendant une partie de ton séjour "luménien". D'ici là, n'hésite pas à entrer.

[Alchem]

HRP : ok.

Puisque nul ne semblait surveiller les portes et qu’elles étaient ouvertes, Alchem les franchis. Pour lui, les grands bâtiments devenaient gigantesques, ce qui le faisait paraitre encore plus petit qu’il ne l’était. Ses yeux d’obsidienne embrassèrent l’endroit. Dalius risqua également un autre coup d’œil, étant dévoré par la curiosité. Mais très vite, le svirfnebelin se mit en quête d’un prêtre ou de quelque chose qui pourrait y ressembler.

[Galathée]

Le svirfnebelin ne put pas aller très loin car il fut intercepté presqu'aussitôt par un novice, reconnaissable à sa robe brune et son jeune âge. Alchem put lire dans ses yeux qu'il n'avait jamais vu d'être de sa race car il ne masqua qu'imparfaitement sa surprise, et encore, au bout de longues secondes de stupéfaction.
" Heu... Bienvenue... dans le Temple... Messire... du Dieu de L'Aube... Le Temple du Dieu de l'Aube... Pas vous, évidemment. Vous n'êtes pas le dieu... enfin. Hum hum. Je peux faire quelque chose pour vous ? Sinon... Heu... Le sanctuaire... Il est ici. Et... Enfin. Je devrais vous laisser parler."
Autour de lui se pressaient de nombreux fidèles, qui allaient et venaient dans le couloir puis l'immense salle de culte, dont la baie ouverte vers l'est dévoilait de somptueux jardins.

HRP : je n'ai aucune idée du moment de la journée, ni de la saison... Quelqu'un peut-il me renseigner ?

[Alchem]

HRP : c’est le soir. Je n’ai pas l’heure précise mais lorsque j’ai passé les portes de la ville, il ne semblait pas être excessivement tard. Il y avait beaucoup de monde. Pour la saison, aucune idée. En tout cas, mon RP n’est pas décalé dans le temps.

Alchem se montra plus jovial qu’il ne l’était d’ordinaire. Un sourire ne compensait pas la laideur, mais c’était mieux que rien. Et ce pauvre novice paraissait en avoir besoin.

« Bonsoir. Je viens de la part d’Aleka, un de vos collègues du temple de Lameroy. Elle m’a rédigé une lettre. J’aimerais m’entretenir avec un grand prêtre. Dites-lui que c’est très important. »

[Galathée]

" Aleka... Ça me dit rien. Lameroy, c'est où ?"
Il s'empourpra.
" Heu. Je vais voir qui je peux trouver... Vous avez un nom ? C'est plus facile si j'ai un nom. Je veux dire. Sinon je vais devoir vous décrire et comme je ne sais pas exactement ce que vous... êtes... Hum hum."

[Alchem]

« Ho, navré. Je m’appelle Alchem Murmure. Et je suis un svirfnebelin, un gnome des profondeurs si vous préférez. »

Nouveau sourire. Nul doute que ce coquin de Dalius n’avait pas perdu une miette de ce savoureux échange. Il ne se montra toutefois pas, heureusement.

[Galathée]

" Un svir..."
Le novice grimaça, puis sourit.
" Alchem Murmure, c'est plus facile. Après, ce que vous êtes, ce n'est pas si important..."
Il lui fit signe de le suivre dans la salle principale du temple, que la pénombre avait déjà envahie, mais où s'allumaient peu à peu des lueurs d'un jaune chaleureux, ramenant la lumière au coeur du crépuscule.
" Vous pouvez patienter ici un moment ? Faut que je réfléchisse à qui je peux trouver... Enfin je reviens... Ne vous perdez pas."
Puis, soulevant le bas de son aube, il partit en courant dans l'un des couloirs adjacents. Autour d'Alchem, des Luméniens continuaient d'aller et venir, soit en direction d'une des nombreuses alcôves qui bordaient la grande salle, soit vers la sortie, soit vers un clerc. Car il y en avait plusieurs, manifestement plus expérimentés et âgés que le novice, qui arpentaient la nef ça et là...

[Alchem]

Alchem ne s’éloigna guère de là où le novice l’avait laissé. Celui-ci n’avait pas l’air des plus dégourdis, mais il se devait quand même de l’attendre, au moins un peu, question de politesse. Il laissa errer son regard dans la salle, décidément un bel endroit. Il s’imaginait toutefois mal y prier. Bien sûr, le temple n’était pas dédié à son dieu, et ce dernier préférait l’obscurité à la lumière. Cependant, même à Ornegemme, le gnome n’allait pratiquement jamais au temple de Baravar Sombretoge et rare avait été les moments où il avait ressenti le besoin de s’adresser à un clerc. Non, il priait seul. Il était pieux mais cela ne regardait que lui, lui et Baravar.

« Alors, on oublie de donner son nom ? Et d’ailleurs, je sais même pas ce que tu es. Si je devais te décrire, je dirais un caillou. »

Alchem appuya pour la seconde fois sur la tête du rat pour qu’il disparaisse à l’intérieur de sa poche.

« Un vilain caillou même ! Très vilain ! »

Sacrée crapule !

[Galathée]

Quelques minutes plus tard, le gnome vit reparaître son novice, accompagné cette fois d'un homme de grande taille, vêtu d'une aube jaune d'or. Le jeune garçon faisait des signes dans sa direction et le clerc se para d'un sourire et se dirigea vers lui. Blond, les yeux clairs, il devait avoir une bonne quarantaine d'années humaines. Il tendit une main amicale à Alchem, tout en se penchant à sa hauteur.
" Bienvenue en nos murs, ami des Profondeurs. Il est rare de rencontrer l'un de vos frères à la surface et encore davantage dans le Temple d'une divinité du ciel. Alvin me dit que vous avez besoin de l'assistance d'un clerc. En quoi pouvons-nous vous aider ?"

[Alchem]

Alchem rendit le sourire et serra la main, mais modéra sa jovialité à de l’émable politesse. Quiconque connaissait les svirfnebelins ne pouvait ignorer leur caractère difficile. A trop vouloir paraitre sympa, cela pouvait passer pour de l’hypocrisie. Mieux valait de la franchise.

« Il y a de cela quelques jours, j’ai quitté Lameroy en compagnie d’une prêtresse de votre ordre. Nous avons affronté et défait un puissant mort-vivant, mais son âme s’est retranchée dans une gemme magique qu’il a corrompue. L’objet est d’une rare dangerosité. Nos efforts conjoints ne peuvent le détruire et ils risquent de ne pas suffire non plus à le ramener ici-même. J’ai donc pris les devant afin d’obtenir du secours. »

Ce n’était là qu’un bref résumé. Le gnome produisit la lettre.

« La prêtresse est Aleka, du temple d'Antelucas. Ceci est de sa main. »

Texte de la lettre :

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Cher confrères,

Le porteur de cette missive est un compagnon de confiance qui n'a pas hésité à m'apporter son aide dans une enquête officielle visant à détruire un puissant mort-vivant. Bien que l'ayant contraint à se réfugier dans ce qui lui sert de phylactère, la liche que nous avons défait dépasse mes pouvoirs et nous menace. Nous en appelons donc à votre aide bienveillante pour m'aider à amener l'objet en sécurité jusqu'à Luménis.

Aleka, prêtresse consacrée du temple de Lathandre d'Antelucas.

[Galathée]

Le clerc grimaça en prenant connaissance de la missive.
" Je crains que ceci ne dépasse de loin mes compétences." dit-il.
Il fit signe au svirfnebelin de le suivre vers l'un des couloirs.
" Je ne comprends pas bien, si l'objet est si dangereux, pourquoi vous voulez le ramener à Luménis. N'est-il pas incroyablement risqué, justement, de l'introduire dans un lieu peuplé... et fragile ? Une destruction orchestrée hors de la ville me semblerait plus raisonnable. Sanctifier un site ne prend qu'une nuit et une journée. Ce serait autrement plus sûr. Je doute que les autorités voient d'un bon oeil l'arrivée subite d'un phylactère puissant et non contrôlé."

[Alchem]

« J’avoue ne pas être le plus compétant pour en juger, confessa Alchem, tout en suivant le clerc. Jamais encore je n’ai été confronté à quelque chose d’aussi maléfique et mes connaissances, autant en matière de phylactère, que de magie divine, sont limitées. Mais vous devez avoir raison, d’autant plus raison que la pierre semble capable d’influencer ceux qui sont à proximité. Quoi qu’il en soit, il faut faire quelque chose et rapidement. Je peux exposer avec précision la situation. Je me conformerais ensuite aux décisions qui seront prises. »

[Galathée]

" Malheureusement, notre spécialiste des objets maudits, Elorep, est en déplacement, actuellement. J'imagine que nous pourrions le contacter par sortilège pour lui demander son avis."
Il ouvrit une porte et introduisit Alchem dans une petite salle dotée d'une table ronde et de quelques chaises. Deux novices qui y lisaient sursautèrent en les voyant entrer.
" Dehors, les jeunes." leur dit le clerc et ils obtempérèrent dans l'instant.
Il désigna ensuite une chaise à son hôte.
" J'aimerais en référer à l'aubemestre, mais il est de sortie et ne reviendra que plus tard dans la soirée. Aviez-vous l'intention de passer la nuit à Luménis ? Ou bien est-il nécessaire, pour vos affaires, que vous rentriez auprès de l'artefact ?"

[Alchem]

« Je peux passer la nuit à Lumenis si nécessaire. De toute façon, face à l’artéfact, je suis impuissant. Aleka est sur place. Elle fera de son mieux pour modérer ses effets d’ici mon retour. L’affaire est pressante mais on devrait quand même avoir un peu de temps devant nous. »

Après avoir jeté un bref coup d’œil aux deux novices, Alchem s’installa sur la chaise que le clerc lui désignait. Il s’avait d’expérience que la précipitation ne conduisait à rien de bon. Autant qu’il expose clairement le contexte et qu’une solution satisfaisante soit trouvée, plutôt que d’hâter les choses et de revenir sur le navire avec du vent.

« J’ai gagné Lumenis par téléportation. Je suis capable d’accomplir un autre voyage, en emmenant avec moi qui le voudra. Toutefois, si je le fais, je devrais attendre un jour avant de réitérer le sortilège. Autant ne pas le gâcher. »

[Galathée]

" Bon. Le mieux est sans doute d'attendre l'aubemestre, dans ce cas. Je vais nous faire porter de quoi manger et boire."
Il le dévisagea avec une pointe d'embarras.
" Je dois avouer que j'ignore tout de l'ordinaire de votre peuple. Est-il des aliments qui vous déplaisent ou qui vous sont interdits par religion ? Je ne voudrais pas vous insulter par mégarde. Comme vous le savez sans doute, Lathandre oeuvre à l'harmonie entre les races de bonne volonté et je tiens à ce que vous vous sentiez à votre aise ici... De même... Si la lumière vous incommodait, faites-le moi savoir. Nous devrions trouver une pénombre qui nous convienne à tous les deux."

[Alchem]

« Ho, heu, non, ne vous inquiétez pas, je mange de tout. Et je me suis accoutumé à la lumière. »

Trop concentré sur la gemme impie, Alchem avait été pris de court par les questions du clerc. C’était un retour à des sujets quotidiens. Les adeptes de Lathandre se montraient vraiment accueillant, tout le contraire des semblables du gnome.

« En fait, au départ, si j’ai quitté les profondeurs, c’était pour visiter la surface. Voir, goûter, sentir, ressentir, apprendre de nouvelles choses. Il semble juste que mon devoir m’est rattrapé. Je connais très peu votre dieu. »

Cela, il ne l’aurait pas dit normalement. Il se serait contenté du minimum, il aurait compté ses mots. Mais il savait devoir faire un effort à ce niveau. La surface, ce n’était pas les profondeurs. Il y avait quand même bien plus de gens fréquentables.

[Galathée]

Le Lathandrite sourit.
" Je connais très mal les vôtres. Mais c'est une entreprise louable que de se lancer à la découverte... Le savoir est une belle valeur. En parlant de savoir, je réalise que je ne me suis pas présenté. Je me nomme Florent. J'avais sûrement un nom de famille autrefois, mais ce genre de choses, et bien... nous est peu utile, une fois au Temple. Je vais héler un novice, je reviens... Nous pourrons vous héberger au Temple, si vous le désirez. Il y a bien sûr des hostelleries nettement plus accueillantes un peu partout dans la ville, mais... vu que vous venez d'arriver, c'est sans doute le plus simple... Ce sera à vous de me dire. Nous sommes des lève-tôt, ce n'est pas au goût de tout le monde."
Il se leva ensuite pour gagner la porte et Alchem l'entendit appeler quelqu'un, puis échanger quelques mots à mi-voix. Il était de retour une seconde plus tard.
" Notre aubemestre dîne dehors. Réunion oecuménique. Généralement, ça se termine relativement tôt. Mais vous pouvez peut-être déjà m'expliquer votre histoire. Ce qui vous semble pertinent, du moins. Les rafraîchissements arriveront bientôt."

[Alchem]

« Dormir ici est effectivement le plus simple », déclara Alchem, sitôt Florent de retour.

Sa curiosité, encore une fois, l’aurait poussé à visiter divers établissements. Or ses impératifs l’en empêchaient. L’affaire devait être réglée, sans quoi il serait toujours préoccupé.

« Pour mon histoire... disons que tout allait plutôt bien jusqu’à ce qu’on abatte la Liche. Notre groupe n’a perdu qu’un membre. Si l’adversaire n’avait pas été aussi vaniteux, l’issue aurait été différente. Il se nomme le Despote. Il semble être très vieux. Son repaire se trouvait dans la Forêt Maudite, non loin de Lameroy. C’était un temple profané, jadis consacré à un dieu elfique du soleil. Ce temple renfermait un artéfact, une gemme magique, l’Eclat. C’est cette gemme qu’il a corrompue. Et c’est en elle que son esprit est allé se réfugier.

Très rapidement, on s’est rendu compte que l’Eclat provoquait de la fatigue. Puis qu’il altérait les rêves et même qu’il pouvait prendre le contrôle des dormeurs à proximité. Sa nocivité va croissante. J’ai peur qu’il finisse par pouvoir dominer les âmes à sa portée. On a gagné Antlucas grâce à l’une de mes téléportations. Là-bas, au temple de Lathandre local, on a trouvé quelqu’un pour me décrire Lumenis afin qu’on puisse s’y rendre avec une nouvelle téléportation. Mais ça a échoué. Je suis pratiquement certain que l’Eclat est responsable. Je connais les disfonctionnements de la téléportation et ce qui est arrivé n’en fait pas partie. On s’est rabattu sur un navire. On pensait qu’on aurait le temps d’effectuer la traversée. Mais dès le premier jour, un marin a fait un malaise très suspect. C’est à la suite de cet événement que j’ai décidé de gagner seul Lumenis pour vous avertir.

Actuellement, donc, la gemme est sur le navire. Celui-ci devrait atteindre Lumenis d’ici trois quatre jours.

[Galathée]

Le Lathandrite avait pâli.
" De ce que vous me dites... Il est impératif que cette gemme ne gagne pas le sol luménien. Imaginez-vous les dégâts qu'elle pourrait y faire ? Un bateau me semble justement un endroit idéal pour procéder à sa neutralisation. C'est un lieu clos, avec un nombre fini de personnes à bord... Il sera plus aisé de vérifier ensuite qu'aucune des personnes affectées ne conserve de séquelles. En mettant le pied ici, cela deviendrait chose impossible, et nous ne pourrions jamais savoir si un peu de maléfice n'a pas gagné le coeur d'un promeneur innocent."
Il croisa les bras.
" Je n'ai jamais entendu parler d'une divinité elfique du soleil. Sans doute est-ce un culte local ou un dieu oublié... L'un dans l'autre, il est clair que si la gemme pouvait être débarrassée de l'emprise de la liche, Luménis pourrait être intéressée de l'acquérir... ou du moins de l'avoir en prêt. Comme je vous le disais, notre expert des objets maudits est en mission à l'extérieur de la ville... dans la Forêt Maudite, également... On dirait que l'heure est aux objets pervertis, peut-être devrions-nous y lire quelque chose..."
Il soupira, un instant pensif.
" Mais l'Université de la Magie serait très certainement intéressée, cela ne fait aucun doute. Et les mages qui s'y trouvent... Enfin. J'anticipe. D'abord vaincre la liche, bien sûr."
On frappa légèrement à la porte et un novice entra avec deux coupes, un pichet d'eau et un de vin, ainsi que du raison mur, du fromage, un peu de pain grillé.
" Il est encore tôt pour dîner, mais je devine que votre voyage, aussi bref a-t-il été, a dû vous donner faim."