[Temple] Le Sanctuaire de Lathandre

[Alchem]

Alchem plongea un instant dans ses réflexions. Machinalement, il se caressa d’un doigt l’arrète du nez, qu’il avait long, comme nombre de ses congénères. En montant dans le navire, il s’était inquiété de la durée du trajet. A présent, cela semblait plutôt une bonne chose. Florent avait raison. Jamais l’Eclat corrompu ne devait atteindre Lumenis, ou toute autre zone peuplée. Les yeux du svirfnebelin tombèrent sur ce que venait d’apporter le novice.

« Je n’ai pas trop à me plaindre de la faim. C’est plutôt mon sommeil qui a été perturbé, même si j’ai récemment eut l’occasion de récupérer. »

Il se versa tout de même une coupe de vin et prit un morceau de fromage. L’odeur ne put qu’attirer Dalius. Sa tête grise émergea de la poche, ses vibrisses frémissantes d’intérêt.

« Je peux ? » hasarda-t-il dans cette langue que seuls partageaient le maître et le familier.
« Tu peux, mais tu restes dans ton coin. »
« Quel coin ? La table est ronde. »

Alchem prit son rat et le mit au bord de la table, à distance respectable de la nourriture. Dalius était gris, svelte et propre. Il eut droit à un fragment de fromage.

« Dalius, mon familier », expliqua le svirfnebelin au clerc.

Il revint vite au sujet qui l’avait amené en ces murs. Tout en reprenant la parole, il retira le pendentif qu’il portait sous sa tunique et le déposa à l’intention de Florent. Il était en or et arborait un symbole de soleil.

« Voici le symbole du dieu en question. Le pendentif se trouvait dans les affaires de la liche. Il est magique. Je l’ai montré à un mage à Antelucas. La seule chose qu’il m’a appris, c’est qu’il n’est pas maudit. Il y avait aussi des livres. Ils sont sur le navire actuellement. Ils devraient renfermer de précieuses informations. »

Alchem but un peu de vin et déposa sa coupe.

« Intervenir sur le navire est sans doute le mieux. Comme vous dites, la menace est circonscrite. Mais reste les tempêtes et, pire encore, les pirates. Quand je suis parti, une tempête arrivait. Il n’y avait aucun signe de pirate mais le capitaine a évoqué la possibilité d’en rencontrer. Bref, avec l’Eclat lui-même, plus on attend, plus les risques grandissent. Il faudra agir dès qu’on le pourra. »

Alchem n’osait même pas imaginer ce qui se passerait si la gemme tombait entre de mauvaises mains.

HRP : contacte Kasumi si tu veux avoir des infos sur le pendentif.

[Galathée]

" Il est sans doute possible d'amarrer le bateau dans un village côtier, quitte à le faire évacuer quelques heures. Je pense que vu la menace, limiter les retombées est crucial."
Il prit le pendentif, le retourna.
" Ce symbole ne me dit rien. Mais je ne suis pas versé dans les panthéons non humains... Je serais bien incapable d'en tirer quoi que ce soit si Aleka ne l'a pas pu. C'est une prêtresse de talent. Mais une fois encore, l'Université de la Magie est peut-être le lieu le plus approprié pour en élucider les mystères. D'autant que les elfes y sont plus nombreux que dans les temples voués aux divinités humaines... Dame Lathiriel, notamment, n'est pas sans savoir dans ce registre. Mais ce n'est pas le plus urgent. Le plus urgent, c'est évidemment la liche."
Il pinça les lèvres.
" Combien de personnes pouvez-vous transporter avec vous, quand vous vous téléportez ?"

[Alchem]

« Quatre. Au besoin, je peux rédiger des parchemins de téléportation que d’autres pourraient utiliser mais ce n’est pas sans risque. Moins la destination est connue de celui qui recourt à ce sortilège, plus grandes sont les chances de ne pas arriver à l’endroit escompté. C’est un coup à finir à la mer. »

Alchem lorgna le pendentif, entre les mains de Florent. L’université de la magie semblait être un lieu plus qu’intéressant, surtout pour lui qui était en partie magicien. Il avait soif de savoir. Peut-être pourrait-il profiter de l’enseignement d’un érudit. Jusqu’à présent, le seul professeur qu’il avait eu était sa mère, Théâya, une maîtresse des illusions. Mais d’abord, la liche.

« S’il y a vraiment besoin de transporter plus de monde, il faudrait obtenir des parchemins de téléportation sans erreur ou, mieux encore, bénéficier des services d’un mage plus expérimenté que moi. »

[Galathée]

" Quatre personnes, ça me semble déjà un bon nombre. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'en avoir davantage... Enfin... Je peux me tromper. Comme je vous le disais, je ne suis pas expert en ces matières..."
Il croisa les bras.
" Même si la divinité qui était vénérée dans ce Temple était liée au soleil, je ne suis pas certain que nous soyons les mieux placés pour vous aider, tout bien réfléchi. Les clercs de Mystra sont souvent à la fois prêtres et magiciens. Le temple de Luménis est lié à l'université, il doit certainement y avoir des experts des matières qui vous intéressent en son sein. Mystra n'est pas spécialisée en morts-vivants, bien sûr, mais Aleka est avec vous et elle ne manque pas d'expérience... Si Elorep était présent... Mon discours serait probablement différent... Enfin, nous faisons sans doute mieux d'attendre l'aubemestre. Avez-vous une idée de l'identité de la liche ? Etait-ce un elfe, elle aussi ?"

[Alchem]

Alchem se remémora les étranges scènes auxquelles il avait assistées. Mais il n’y trouva pas la réponse. Il lui semblait toujours avoir vu le Despote sous ses traits monstrueux de mort-vivant et ceci ne l’aidaient pas d’avantage.

« Non. Je ne sais pas. Et selon toute évidence, Le Despote n’est qu’un titre, un pseudonyme. »

Il reprit sa coupe. Dalius était sur le point de boire dedans.

« Je penserai à rendre visite aux clercs de Mystra lorsque la menace de l’Eclat ne sera plus. L’université de la magie pourrait bien m’intéresser aussi. Tant de chose en fait m’intéressent. Votre ville est grande... »

Il but et reposa sa coupe. Le rat en profita.

[Galathée]

" Je pensais à l'aide des Mystrans plus rapidement... Mais nous en reparlerons tout à l'heure."
Il sourit.
" Puis-je m'enquérir de la raison qui vous a mené au contact de cette créature ? Ce n'est pas de chance, de se retrouver face à un tel monstre, alors que vous n'aspiriez qu'à la découverte..."

[Alchem]

Alchem réfléchit un instant avant de répondre :

« J’ai juré de combattre le mal où que je le trouve. Le désir de la découverte m’a fait sortir des profondeurs mais n’a rien changer à mes convictions. La liche s’est manifestée à nous alors qu’on bivouaquait dans la Forêt Maudite. Dès lors, je devais la combattre. »

[Galathée]

Florent acquiesça.
" La Forêt Maudite apporte éternellement son lot de mauvaises rencontres. Il fut un temps, autrefois, où les hommes et les femmes de bonne volonté, dans cette cité, ailleurs, avaient l'espoir de pouvoir la purger intégralement de ses forces obscures... et peut-être ce rêve reviendra-t-il, un jour, hanter les nuits de ceux qui, comme vous, aimeraient voir la lumière triompher en tout lieu... Enfin... J'imagine que c'est mal choisi, comme expression, vu vos origines..."
Il sourit.
" A vénérer un dieu de la lumière, on ne se refait pas. Excusez la maladresse de mes paroles."
Il haussa les épaules.
" Mais d'autres priorités ont pris le pas sur la Forêt Maudite. Votre expérience nous rappelle qu'il n'est jamais bon d'en détourner le regard."

[Alchem]

« Je ne l’ai pas mal pris, ne vous en faites pas », rassura Alchem.

Il était méfiant, suspicieux, voir paranoïaque, mais pas susceptible. Il acheva son fromage et poursuivit :

« Il y a des lieux où le mal est difficile, voir impossible à chasser. L’Outreterre est de ceux-ci. Chacune de ses strates cachent plus d’horreurs que celle qui la coiffe. Heureusement, il me semble que la surface est plus préservé. Il n’y a pas des Forêts Maudites partout. »

[Galathée]

" Je pense que le mal peut être défait, où qu'il se terre, dit le Lathandrite, et quelle que soit sa forme... Terrestre, souterraine, divine... Le problème est de savoir quand nous arriverons à bout de cette tâche. Peut-être demain, c'est ce que me souffle ma foi... Un demain lointain, probablement. Mais il existe... Pour Outreterre et pour ici, et pour toutes les Forêts Maudites de Toril."
Il sourit.
" Je parle comme un Lathandrite, vous devez m'excuser. Mais même si ces temps sont lointains, je pense que le mal en lui-même est voué à l'autodestruction. Alors s'il reçoit un coup de pouce, cela ne peut qu'aller un rien plus vite... Chacun peut y oeuvrer à son niveau."

[Alchem]

Alchem se voulait être un champion du bien, mais il était trop pragmatique pour croire à un monde totalement purgé du mal. Le mal avait ses propres champions, ses propres dieux. Il avait mille visages. Il était possible de remporter des victoires, de pacifier une région, d’abattre un tyran, mais ce n’était là que des gouttes d’eaux dans l’océan du multivers. C’était assez, aux yeux du gnome, pour valoir le coup. Il ne sauverait pas le monde entier, mais il pouvait sauver des vies. Chacune n’avait pas de prix.

« Certains prétendent que le bien ne peut exister sans le mal, que ces forces contraires participent à l’équilibre. Quoi qu’il en soit, j’évite pour ma part de penser à si grande échelle. Je fais ce que je peux, là où je le peux. »

[Galathée]

Le clerc sourit doucement.
" C'est la bonne attitude." dit-il simplement.
Il se redressa et poussa un bref soupir.
" Bon. Je crains que notre aubemestre n'en ait encore pour une heure ou deux... Voulez-vous l'attendre ici ? Je peux vous faire porter un repas plus roboratif et un clerc peut vous tenir compagnie en attendant Maître Alaric, mais pour ma part, je suis attendu auprès des novices... Sinon, je peux aussi vous mener à la chambre où vous serez logé cette nuit. Je conçois qu'il doit être relativement difficile d'attendre alors que l'heure est grave, mais nous n'avons pas d'autre choix..."

[Alchem]

« Menez-moi à ma chambre. Je pourrais y travailler. J’ai de quoi dans mon sac. »

Alchem ne recherchait pas spécialement de compagnie. Et il avait l’habitude d’attendre, même lorsque c’était difficile. Jeune, il était empressé. Plus maintenant. Il quitta sa chaise, prit Dalius et le mit dans sa poche où il disparut tout à fait, comme s’il ne s’y trouvait pas. Le gnome hésita un instant, puis ajouta :

« Et si possible, pouvez-vous me faire porter de quoi me laver ? Je n’en ai pas eu l’opportunité depuis plusieurs jours. »

Il aurait pu y songer à Antelucas, mais il était alors trop épuisé et il avait trop à faire. Sans empester, il ne sentait plus la rose. Or il ne voulait pas être mal à l’aise en présence de l’aubemestre.

[Galathée]

Florent acquiesça et l'entraîna dans les couloirs jusqu'à une petite chambre propre, au fin-fond du dédale de couloirs. C'était une pièce carrée, de dimensions modestes, dans laquelle se trouvait un lit confortable, une table et une chaise, une commode vide. Un semblant de bibliothèque offrait une sélection de livres sur des sujets divers. Florent expliqua à Alchem comment couvrir la flamme magique de la torche éternelle qui était fichée au mur pour en dissimuler l'éclat. Il promit aussi de lui faire porter de l'eau au plus vite, mais les Lathandrites avaient l'habitude de se déplacer jusqu'à leur salle d'eau, aussi fallait-il dénicher un baquet quelque part. Ce n'était pas impossible et il s'engagea à faire vite. Il prit ensuite congé du gnome des profondeurs, lui souhaitant un bon début de soirée. Dès que l'aubemestre rentrait, il en serait averti.
Florent n'avait pas menti car l'eau arriva peu de temps après, sous la forme d'un grand bain et de multiples seaux, portés par des novices circonspects. Il y avait de quoi se laver à bonne température, aussi les adolescents laissèrent-ils leur invité à ses ablutions et son travail, sans plus le déranger.

[Alchem]

De l’eau chaude ? Quelle drôle de fantaisie. Alchem se lavait à l’eau froide depuis toujours. Mais cela ne changeait rien et c’était agréable. Il se dépêcha toute de même d’en finir, n’ayant guère envie d’être dérangé avant d’être prêt. Pour ceux d’ici, il était déjà assez bizarre vêtu, inutile d’en rajouter.

La tâche accomplie, il jeta un coup d’œil aux livres présents, puis s’installa à la table afin de mettre à jour son journal. Ce ne serait pas long. Puis il entamerait l’étude du parchemin acheté à Antelucas, un nouveau sortilège. Rien de tel que s’immerger dans la magie pour se vider l’esprit.

[Galathée]

C'est pendant l'examen de celui-ci qu'il fut interrompu par le retour de Florent. Le clerc s'excusa pour le dérangement mais l'aubemestre était rentré de son engagement nocturne et il avait estimé urgent de rencontrer le svirfnebelin. Le Lathandrite ramena donc le gnome vers la salle qu'ils avaient occupée plus tôt. L'aubemestre, Alaric d'Antelucas, était un homme d'une taille colossale, large d'épaules, énergique, bien que déjà âgé d'une bonne soixantaine d'années. Le crâne chauve, la barbe grise, il accueillit Alchem en lui serrant amicalement la main, avant de l'inviter à s'asseoir à nouveau. Même sur des chaises, leur différence de taille était pour le moins stupéfiante. Mais l'aubemestre était un homme affable, et on ne percevait aucun danger en lui, aucune violence, alors qu'il aurait sans doute pu briser la table d'un seul coup de poing. Il n'y alla pas par quatre chemins.
" Messire, les informations que m'a rapportées Florent me semblent inquiétantes, pour dire le moins, et je suis heureux qu'Aleka vous ait dirigé vers Luménis. Je partage cependant le point de vue de mon subordonné : cette gemme ne doit pas être apportée en nos murs avant d'avoir été dépouillée de la liche qui l'occupe. Il serait idéal de procéder à sa destruction en mer, ou dans un port isolé. Il existe quelques villages de pêcheurs, sur la côte, qui sont abandonnés depuis les guerres mélando-luméniennes d'il y a vingt-cinq ans. Trois d'entre eux ont été rasés par l'armée des envahisseurs, mais les quais, où ils avaient amarrés leurs navires, existent encore. Pensez-vous que votre capitaine pourrait être convaincu d'y détourner son navire, le temps de procéder à la purification de l'artefact ?"

[Alchem]

L’affabilité d’Alaric rassura Alchem. Même si celui-ci n’en montrait rien, trop habitué à se dissimuler derrière un masque d’impassibilité ou d’amabilité, selon ce qui convenait, ou même derrière des jeux d’acteur et des mensonges, comme sa profession l’exigeait parfois, il avait peur intérieurement de mal se comporter en présence de quelqu’un d’haut placé. Il était en terre étrangère, dans le temple d’un dieu dont il ne connaissait guère que le nom. Fort heureusement, la simplicité semblait primer. L’aubemestre était direct. Le gnome le fut tout autant.

« Je ne peux l’affirmer, mais je pense que oui. Aleka le connait, mais ne lui a révélé ce qu’on transportait que lorsqu’on n’a plus eu le choix. On devait s’éloigner de l’Eclat pour se préserver de ses effets. Le capitaine n’a pas été ravie de la découverte et je présume que ce n’est pas étonnant. Il a toutefois accepté d’enfermer la gemme dans un coffre, l’endroit le plus sûr du navire. Si je reviens en compagnie de clercs et qu’on lui explique ce qui se joue, il devrait collaborer. Peut-être réclamera-t-il un dédommagement... enfin bon... en tout cas, il ne devrait pas refuser. »

[Galathée]

" Un dédommagement... Vous pouvez lui dire que s'il exige un dédommagement pour cet arrêt nécessaire, il l'obtiendra, mais les autorités luméniennes risquent de se souvenir qu'au moment où il avait la possibilité d'agir librement pour le plus grand bien de tous, il a préféré être vénal. Ce ne sera pas une décision très populaire, croyez-moi."
Il soupira.
" Pour le reste, je crains de ne pas pouvoir vous fournir de clercs, Messire Murmure, mais je sais où vous pourrez les trouver. Le Temple de Mystra regorge de personnes capables de gérer à la fois le Mal et la Magie. La liche est certes un mort-vivant et nous autres, Lathandrites, sommes habitués à les combattre, mais vous ignorez sans doute que les événements qui ont frappé Luménis ces dernières années ont durement affecté le Temple, et nous ne sommes plus très nombreux. Enfin... Nous restons un sanctuaire vivace et peuplé, mais nos clercs sont jeunes, et la vie en ville ne nous met pas souvent au contact de morts-vivants. Mes quatre clercs les plus expérimentés sont actuellement à l'extérieur de la ville et même si j'arrivais à les contacter, le temps qu'ils reviennent, la gemme pourrait avoir fait des ravages... Les chasseurs de morts-vivants lathandrites ne résident plus à Luménis depuis un moment."
Il croisa les bras.
" Je connais Aleka. C'est une femme capable. Aidée de quelques Mystrans bien choisis, elle pourra faire quelque chose... et je gage que vous-même n'êtes pas sans ressources. Je vais vous recommander à la Dame du Mystère et elle pourvoira à vos besoins. Sans doute estimera-t-elle qu'en guise de dédommagement, son Temple doit pouvoir examiner la gemme... Je n'en sais rien. Malheureusement, les clercs aussi exigent généralement rétribution pour leur temps et leurs compétences. Mais je suis certain que vous ne serez pas déçu."

[Alchem]

« Très bien. J’irai voir les Mystrans dès que possible. Je ferais de mon mieux pour que les choses se passent comme vous le désirez. La gemme n’attindra pas Lumenis tant qu’elle sera encore corrompue. »

Alchem aurait sans doute plus de points communs avec les Mystrans qu’avec les Lathandrites. Aussi était-il curieux de les rencontrer. Tout comme il serait curieux de pouvoir lui-même examiner l’Eclat purifié s’il en avait l’occasion. En tant que mage, il aimait la magie. En tant que gnome, il aimait les gemmes. Alors les gemmes magiques, il ne pouvait exister mieux à ses yeux.

« Je n’ai rien à rajouter, me concernant. Tout me semble clair. »

[Galathée]

L'aubemestre acquiesça.
" J'aimerais pouvoir vous aider davantage, mais ce serait présomptueux de ma part, compte tenu de la puissance de mes clercs. Il est tard, et le Temple de Mystra se situe à l'autre bout de la ville. Je vous suggérerais de prendre quelque repos et de vous y rendre dès l'aube, demain. Nous pouvons vous réveiller, c'est notre heure. Je vous rédigerai une lettre de recommandation pour la Dame du Mystère, mais je pense qu'il sera plus bénéfique que vous lui relatiez vous-même les tenants et les aboutissants de votre mésaventure et de ses retombées."
Florent, qui était demeuré dans la pièce, se dirigea vers la porte.
" J'espère, cependant, que nous aurons l'occasion de nous rencontrer à nouveau et dans des circonstances plus agréables, Maître Murmure, car il est toujours plaisant pour un Lathandrite de converser avec des êtres de bonne volonté appartenant à d'autres races. Vous passerez mes salutations à Aleka, également."

[Alchem]

]« Je n’y manquerai pas. »

Alchem se leva, salua et suivit Florent. Il allait avoir une nuit agréable, un lit agréable, mais pendant ce temps, Aleka et son mari, Théodore, avait essuyé une tempête. Et la gemme impie les menaçait, eux et l’équipage. Il fallait espérer que rien de trop grave n’allait se passer avant que le gnome ne puisse revenir avec de l’aide. Pour l’heure, il ne fallait pas y penser. Parce que cela ne servait à rien, sinon à s’inquiéter. Le svirfnebelin finit par interroger Florent sur un autre sujet.

« Excusez-moi. Je n’ai jamais dormi dans un temple. Or, j’ai l’habitude de prier avant de me coucher, des prières qui ne s’adressent pas à Lathandre. Est-ce autorisé ? Je fais cela, seul, dans mon coin. »

Il trouva sa question stupide aussitôt après l’avoir prononcée. Il pouvait bien se passer de prière un jour, Baravar n’allait pas le punir pour ça, d’autant plus qu’il n’était pas clerc. Et pourtant, il en avait besoin et ce, depuis des années, depuis la mort de Théass.

[Galathée]

Florent parut surpris par la question.
" Pour autant que vos prières ne s'adressent pas à une divinité maléfique, il n'y a pas de problèmes, Messire Murmure. Mais si vous louez le nom d'un dieu de l'ombre, vous risquez d'avoir une mauvaise surprise : le sortilège de sanctification qui protège le Temple peut avoir de vilains effets secondaires."
Il eut un sourire.
" Cependant, je gage que vous n'auriez pas pu franchir nos glyphes, si vous aviez été animé d'intentions néfastes. Je vous souhaite une excellente nuit."
Puis, sur une légère inclination du buste, le clerc prit congé du svirfnebelin.

[Alchem]

« Réveillez-moi à l’aube. J’aimerais partir voir les Mystrans le plus tôt possible », dit Alchem avant que Florent n’ait disparu.

Il n’eut pas le réflexe de lui souhaiter bonne nuit. La nuit était quelque chose de relativement récent pour lui. Sous terre, il n’y avait ni jour, ni nuit, ni matin, ni soir, juste les ténèbres immuables. Le gnome couvrit comme le clerc le lui avait montré le feu éternel. Dès lors, la chambre ne fut plus que nuances de gris. Alors qu’il se déshabillait, il songeait encore à sa question maladroite. Curieusement, avec des étrangers, il lui était plus difficile d’être lui-même qu’un rôle endossé. Il récupéra son pendentif en rubis et, les mains serrées sur une dague, il adressa ses mots muets à son dieu. A présent, c’était Aleka, Théodore, l’Eclat et le navire qui occupaient ses pensées. La prière ne dura que quelques minutes. Le svirfnebelin se glissa dans son lit et ferma les yeux. Pour lui, le noir n’existait qu’avec les paupières closes.

[Galathée]

La nuit se déroula sans heurts, dans un silence total. Loin de la gemme, Alchem n'en subit aucun effet désagréable et il put reposer, tranquille, à l'abri des murs épais et protégés du Temple. Il fut réveillé des heures plus tard par quelques coups légers frappés à la porte. Il constata qu'il faisait gris au dehors, signe que le soleil ne s'était pas encore levé, mais ne tarderait plus à le faire. Pourtant, le sanctuaire bruissait de mouvements et d'excitations. C'était l'aube, l'heure des Lathandrites, le moment de leur cérémonie quotidienne, et chacun s'affairait afin d'être prêt à temps.
Florent expliqua à Alchem que le petit-déjeuner n'avait lieu qu'après la cérémonie, et que celle-ci durait jusqu'au lever du soleil et ensuite. S'il avait la patience d'attendre, il était le bienvenu pour assister au lever du jour en leur compagnie, ou pour se préparer en attendant le petit déjeuner. S'il était trop pressé, il faudrait qu'il aille picorer en cuisine en solitaire. Le prêtre ne pouvait pas jurer que les Mystrans seraient déjà debout, mais peut-être étaient-ils du genre à procéder à mille expériences à toute heure... Par sécurité, il lui remit le pli qu'Alaric d'Antelucas avait écrit que pour la Dame du Mystère.

[Alchem]

Alchem s’était levé rapidement, comme toujours. On ne flemmardait pas chez les svirfnebelins. Il jeta un bref coup d’œil à la lettre avant de la faire disparaître dans l’une de ses poches. Puis il leva la tête afin de répondre à Florent :

« J’assisterai avec joie au lever du soleil en votre compagnie lorsque cette histoire sera réglée. Soyez assuré que je reviendrai, peut-être avec Aleka. Pour l’instant, indiquez-moi simplement le chemin à suivre afin de me rendre chez les Mystrans. Je mangerai chez eux, ou en chemin. »

Il espérait que ce départ hâtif ne vexerait personne. En vérité, l’invitation était aimable, mais il préférait ne pas trop se montrer, pas plus que nécessaire. Il avait accompli ce qu’il devait au Sanctuaire de Lathandre. Maintenant, sa place était ailleurs, d’autant plus qu’il avait promis au couple de faire le plus vite possible.

[Galathée]

Florent accompagna Alchem jusqu'à la sortie. Pour ce faire, ils durent traverser la grande salle où se pressaient désormais les clercs et de nombreux fidèles. A chaque seconde, le ciel semblait un peu plus clair, et le soleil sur le point de surgir. La cérémonie n'allait plus tarder. Plusieurs personnes saluèrent le gnome et le prêtre tandis qu'ils cheminaient.
" Je comprends l'urgence de votre démarche, et sachez que personne ne vous jugera cavalier en la matière, bien au contraire. Notre aubemestre se mettra en rapport avec la Dame du Mystère, pour suivre cette affaire. J'espère que les Mystrans accepteront de vous aider de la manière nécessaire. Sinon n'hésitez pas à nous revenir et nous chercherons une autre solution."
Ils étaient désormais sur le parvis du Temple.
" Pour trouver le Temple de Mystra, rien de plus simple. Prenez l'avenue qui nous borde vers la gauche et continuez toujours dessus. Elle va se rétrécir pour traverser le Parc Verdoyant, mais peu importe. Toujours tout droit, un peu en biais à gauche au sortir du Parc. C'est la même rue qui passe devant le Temple de Mystra. Vous ne pouvez pas le rater, c'est un énorme dôme de pierre sombre teinté d'or et de violet, au milieu d'un énorme jardin. Aucun autre lieu ne correspond à pareille description. C'est juste après l'Université. Vous trouverez sans problèmes."
Il s'inclina.
" Je vous souhaite une belle journée, Maître Murmure, et je prie pour la réussite de votre entreprise. Que Lathandre veille sur vous, vos amis, et bénisse votre mission."

[Alchem]

« Je vous remercie pour l’aide que vous m’avez déjà apporté, ainsi que pour la nuit en vos murs. A bientôt, j’espère. »

Sur ces paroles, Alchem ajusta son capuchon et tourna les talons. Il s’éloigna d’un pas rapide. Il n’était plus qu’une silhouette grise qui allait sans bruit, mais pas sans regard pour ce qui l’entourait. L’instant ne se prêtait peut-être pas à la visite, néanmoins, rien ne l’empéchait d’observer ce qu’il y avait sur sa route. Les instructions pour gagner le temple de Mystra étaient plus que simple. Au moins ne risquait-il pas de se perdre.

[Féérune]

[Quête : Chercheurs de Sens]

en provenance de : http://www.baldursgateworld.fr/lacouron ... post355712

Sylveneige avait râlé quasiment tout le long du chemin. Lumi avait encore disparu.

- Tu sais, Streen, si ça se trouve il est simplement retourné à la fauconnerie du temple. Mais s'il n'y est pas, alors là, je t'assure que les crétins qui nous ont mis en cellule le paieront ! et cher !

Moult cailloux avaient fait les frais de la colère de la rôdeuse. D'ailleurs, elle cherchait du regard quelque chose à envoyer balader... Malheureusement, dans un temple soigné comme celui de Lathandre, rien ne traînait à terre.

- Et le petit-déjeuner... Rien qui tienne au corps. J'ai faim. Boudiou que j'ai faim !

[Streen]

C’était d’un pas las que Streen se rendait au temple en compagnie de Sylveneige. Personnellement, la disparition de Lumi ou la faim l’affectaient peu. Le mal rouge avait progressé selon lui et les plaques s’étaient faites de plus en plus présentes. Si jamais Jolan avait menti et qu’il n’existait aucune guérison, il aurait la couleur d’une fraise sur tout le corps. Il trouva néanmoins le courage de répondre :
-Nous irons à la fauconnerie voir si Lumi s’y trouve et tu pourras de restaurer à l’ombre de l’arbre après.

[Voyageuse]

Le soldat qui les escortait n'avait quasiment pas desserré les dents du tout le trajet. Il leur avait, en fait, adressé la parole en une seule occasion : lorsque la rôdeuse avait prononcé le mot "crétin", après avoir laissé libre court une première fois à sa rancune à leur sortie de cellule. Il s'était arrêté net, pour leur rappeler d'un ton sec que ce genre d'insulte était punie d'une amende, d'une dizaine de pièce d'or, et que s'ils persistaient dans cette voie ils pouvaient très bien se retourner en prison aussi rapidement qu'ils en étaient sortis. Quant à leur rancœur mal placée, il leur rappela également que s'ils s'étaient retrouvés en cellule, c'était uniquement parce qu'ils s'étaient dit trop épuisés pour répondre immédiatement aux questions de l'officier et attendre dans son bureau que le temple vienne confirmer leurs dires.
Il ne fut visiblement pas mécontent de les laisser aux portes du Temple. Mais il leur sembla qu'il ne s'éloignait pas immédiatement, préférant sans doute vérifier qu'ils entraient bien dans l'édifice.

Leur entrée ne passa pas inaperçue. Une jeune prêtresse, vêtue d'une aube d'un jaune éclatant, se porta immédiatement à leur rencontre, lorgnant Streen d'un oeil inquiet.
- Soyez les bienvenus dans le Temple du Seigneur de l'Aube. Je présume... que vous venez sans doute pour des soins ?