[Commerce] Au Loyal Paladin

[Kasumi]

« Je m’en voudrais beaucoup ! » commença le luménien d’un ton sérieux avant qu’il n’ajoute, franchement amusé cette fois :


« … de ne pas essayer de vous faire rougir. C’est un passe-temps typiquement luménien voyez-vous ? Et vous, Juliet, comment aimez-vous occuper votre temps libre si vous en avez ? »

[Althéa]

Vimaire fronça les sourcils mais ses yeux brillants trahissaient qu'elle appréciait la plaisanterie.

"Quand j'ai du temps libre, je le passe à changer de place les meubles de ma maison. Du moins, ceux qui ne sont pas trop lourds. J'aime le changement, la variété. Pour le moment, je ne peux pas vraiment le faire parce qu'une amie vit avec moi."

La porte s'ouvrit. Vimaire sourit en voyant la nouvelle arrivante.

"Je reviens dans quelques secondes."

La jeune femme était une jeune femme blonde au visage ingénu. Elle sourit à Lachance et parla à l'officier maritime qui lui tendit des clés. L'apparition s'éclipsa comme elle était venue.

"C'est Louison. Je l'héberge chez moi depuis que la commanderie tyrite a brûlé."

[Kasumi]

Le capitaine avait rendu son sourire à l'invitée surprise avant qu'elle ne s'esquive aussi rapidement qu'elle était apparue. Quand Vimaire revint auprès de lui, il avait retrouvé une mine un tantinet plus sérieuse, presque soucieuse, signe que la bière ne l'avait pas autant atteint qu'il ne l'avait laissé à penser :

- Un autre incendie ? Vous voulez dire comme dans les entrepôts ou n'était-ce qu'un accident cette fois ? C'est bien triste en tous cas...

[Althéa]

"Cela avait l'air d'un accident. Une émeute portée contre la commanderie tyrite qui a mal fini. Un plus existé que les autres a envoyé une torche à l'intérieur. Le feu a pris très vite. Une partie de la charpente s'est écroulée et est tombée sur ceux qui s'étaient retranchés à l'intérieur. Une bien triste histoire pour Manost ..."

Elle fronça les sourcils.

[Kasumi]

Lachance fronçait lui aussi les sourcils et tenta de le dissimuler sous couvert d'une nouvelle lampée de bière le temps de reprendre ses esprits :

- Une bien sale affaire si vous le permettez à un marin qui a vu bien d'horribles choses dans sa vie. Encore des victimes de la guerre si vous voulez mon avis : elle s'immisce en tout même ici, bien loin derrière les lignes.

Prenant conscience que cette conversation ternissait grandement la soirée festive, il ajouta d'un ton plus enjoué en levant sa choppe :

- Mais trinquons plutôt à l'espoir de revoir bientôt une période de paix retrouvée.

[Althéa]

"A la paix !"

Vimaire but une autre lampée de sa pinte.

"Maintenant que j'y pense, cet incendie a pris très vite lui aussi. Je n'étais pas sur les lieux mais c'est ce qu'on m'a dit. Peut-être ..."

Elle s'interrompit.

"Pour le moment, trinquons à cette belle soirée. Et à vous, capitaine."

[Kasumi]

Lachance n’avait pas plus envie que la manostienne de songer à la guerre et entendait bien profiter de cet instant de détente bien trop rare à son goût. Il répliqua d’un ton amusé :

- Tiens, tiens ! C'est un honneur évidemment mais que me vaut le plaisir d’être cité dans votre toast, Juliet ? Serait-ce ma simple arrivée ou le surcroît de travail et de tracas quelle vous a procuré à vous et à vos hommes ? Il va falloir que vous m’expliquiez, capitaine…

[Althéa]

"C'est vrai que cela a été horrible ... Sortir de notre attente fébrile ... Et puis, voir ce navire magnifique."

Elle se tourna vers ses hommes avec un petit sourire.

"Il est vrai que ce fut horrible."

[Kasumi]

Le capitaine répondit d'un ton attentionné mais sincère tout en regardant Vimaire dans les yeux pour qu'elle s'en rende bien compte et accroître la portée de ses paroles :

- Si cela vous a rassuré de vous être sentie utile, vous pouvez l'être car nous n'aurions pas pu réparer sans votre aide. Et mes hommes ont besoin eux aussi de se sentir utiles à l'effort de guerre et rejoindre nos frères et nos sœurs au combat. Et je vous remercie personnellement pour votre regard admiratif à mon navire. Santé à vous, Juliet Vimaire !

Il leva sa chope et s'autorisa un nouveau sourire particulièrement expressif.

[Althéa]

Vimaire sourit à son tour mais n'ajouta rien. La soirée se prolongea au delà d'une heure raisonnable. A la fin, un observateur novice aurait eu beaucoup de peine à distinguer les luméniens des manostiens si ce n'était par leur accents.

Le capitaine des affaires maritimes finit par se lever, sûrement pour donner l'exemple.

"Il se fait très tard, ou très tôt."

Elle se retourna vers Lachance.

"Je ne m'ennuie pas, mais je suis de nouveau de garde demain. J'ai passé une très bonne soirée. A demain soir, donc"

[Kasumi]

L'heure était effectivement très avancée et il ne serait pas sérieux de prolonger davantage cette charmante soirée. Le capitaine Lachance se tourna vers son homologue et, avant qu'elle n'ait pu s'éloigner, il lui destina deux bises fort peu protocolaires puis déclara avec joie :

- Oui, la soirée répondait décidément à toutes mes attentes. A demain soir, capitaine !

Puis il se tourna vers ses hommes éparpillés dans la salle commune et, d'un ordre bref, les amena à le rejoindre : il était temps de faire leurs adieux et de retourner à bord de la Surprise.

[Althéa]

Angèle sourit. Elle n'avait pas véritablement faim mais se garda d'en faire mention. Elles passèrent toutes les deux les portes du Loyal Paladin. Malgré l'heure de midi, la taverne avait l'air étonnamment vide. Le peu de clientèle présente avait l'air maussade et anxieux.

Les deux jeunes femmes n'eurent aucune difficulté pour trouver une table. Là, elles attendirent Titoeil Debeurré.

[Kasumi]

Titœil n'était pas très occupé - à son plus grand dam sans doute - et Angèle était une sorte d'habituée du Loyal Paladin aussi l'aubergiste s'empressa-t-il de rejoindre leur table et d'adresser à ses deux clientes son plus charmant sourire.

- Bonjour mes amies : qu'est-ce qui vous fera plaisir aujourd'hui ? Je crains que les choix soient toujours aussi limités mais nous avons tout de même tué un bon cochon hier si ça vous dit. Sinon, nous avons reçu un arrivage de lieu jaune par la marée du matin.

[Althéa]

Visiblement, les affaires avec la guerre n'allaient pas bon train et Angèle en fut désolée pour lui. Quant à ce qu'elle voulait manger ... Elle se souvenait de la cuisine fine à base de poisson qu'elle avait mangée à Luménis. Elle avait peur d'être déçue par l’assaisonnement manostien. Aussi commanda-t-elle l'autre plat. Après qu'il ait pris la commande d'Amélie, elle lui demanda.

"Je voudrais aussi vous demander si vous aviez entendu parler d'un certain professeur Malorne ou mieux si vous l'aviez vu. En fait, nous cherchons à connaître l'identité d'un jeune homme qui l'accompagnait peut-être."

[Kasumi]

Amélie avait manifestement bien trop faim pour se contenter de poisson et le fit savoir en commandant le même plat qu'Angèle. De son côté et avant de s'en retourner en cuisine pour chercher leur commande, l'aubergiste se gratta le menton après avoir écouté la question de la paladine :

- Un professeur vous dîtes ? Ce nom ne me dit rien mais je dois bien avouer que je ne connais pas tous ceux de mes clients. Sauriez-vous à quoi il ressemble ? Ou quand il serait susceptible d'être passé ?

Amélie n'écoutait la conversation que d'une oreille et un grondement de son estomac indiquait clairement la cause de sa distraction.

[Althéa]

"Ma foi, c'est difficile à dire ... L'échelle de temps est assez étendue. Entre l'incendie de la commanderie et les quatre jours avant aujourd'hui. Nous ne savons pas à quoi il ressemble. Par contre, nous avons un croquis de la personne qui l'a peut-être accompagné. Ce ne sont pour l'instant que des conjectures mais si vous ou l'un de vos clients peut l'identifier ..."

Elle avait parlé de son ton habituellement calme et détaché. Mais elle espérait que sa requête serait efficace.

[Kasumi]

Amélie sembla sortir de sa torpeur à ces mots et sortit immédiatement l'un des croquis et le tendit à l'aubergiste. Pendant que celui-ci l'examinait, la barde adressa un sourire contrit à sa compagne : elle s'en voulait peut-être de ne même pas y avoir songé elle-même : décidément la faim était mauvaise conseillère !

Contre toute attente - ou presque - Titœil s'exclama d'un ton triomphant :

- Oui, je me souviens de ce groupe ! Ils m'ont marqué parce qu'ils étaient tous vêtus et équipés pour partir à l'aventure. Mais c'était bien il y a deux mois de cela ! Et je ne les ai pas revu depuis. Voyons, le plus âgé devait être votre professeur. Il parlait de se diriger vers la Cordillère. Et cet homme là était son assistant ou quelque-chose du genre. Et si je me souviens bien, il y avait deux autres personnes : plus jeunes. Un jeune-homme et une jeune-femme plutôt jolie. Mais bien moins que vous évidemment ! Ils n'ont rien fait de mal, au moins ? Ils étaient très polis alors j'espère que ce n'est pas le cas.

[Althéa]

Encore une réponse mais qui apportait son lot de questions. Si elle avait bien compris, ils étaient quatre et se rendaient à la Cordillière du Faucon, sans doute sur les lieux de leur expédition. Mais qu'étaient devenus les trois autres ? Au vu des blessures de l'inconnu, il fallait peut-être craindre qu'elles soient en danger ou peut-être pire.

Dans tous les cas, le temps passait très vite et risquait bien de leur manquer.

"Non, ils n'ont rien fait de mal, ne vous en faites pas. Avez-vous vu certains de vos clients leur parler ?"

Peut-être que l'un d'entre eux connaîtrait l'identité de leur inconnu.

[Kasumi]

Titœil réfléchit à nouveau longuement en se tordant les mains sous l'effort de concentration que cela exigeait mais il finit par répondre d'un ton désolé :

- Je ne me souviens pas. Ils ne sont venu qu'une fois : il est donc peu probable qu'ils connaissent beaucoup de mes habitués. Je suis désolé de ne pas savoir vous aider. Oh, mais je peux peut-être laisser ce croquis affiché à l'entrée ! Vous en dîtes quoi ?

[Althéa]

Elle faillit répondre oui mais réfléchit un peu. L'histoire, au fil du temps perdait de sa netteté et même devenait presque trouble. Peut-être les membres de l'exploration avaient-il étaient mis en danger par une tierce personne. Peut-être un concurrent voulant garder les biens de l'expédition. Cela expliquait peut-être que les trois autres personnes manquaient à l'appel. En même temps, si elle passait sous silence que l'inconnu en question se trouvait au temple d'Ilmater ...

"Si cela ne vous fait rien. Je repasserai à l'occasion vous demander si vos recherches ont été fructueuses. Merci dans tous les cas."

[Kasumi]

Sur un sourire un peu embarrassé et des dénégations "Non, il n'avait pas fait grand chose et aurait aimé faire plus pour l'aider", Titœil battit en retraite devant la gente féminine, retrouvant un instant l'abri de ses cuisines. Il revint moins de cinq minutes plus tard avec deux belles assiettes au fumet des plus appétissants. En plus de généreuses tranches de rôti de porc grillées, l'aubergiste avait ajouré du choux et des pommes de terre pour former un plat des plus roboratifs. Amélie semblait ravie à en juger par la façon dont elle écarquilla les yeux de plaisir anticipé.

[Althéa]

Angèle écarquilla les yeux sur son énorme assiette. Avec un peu de chance, elle pourrait grapiller en toute impunité surtout si Amélie faisait plus attention au contenu de son assiette que dans celle en face d'elle. Elle l'espérait.

Elle remercia néamoins Titoeil avec un sourire pour tous les efforts qu'il faisait. Le peu de client qu'il avait, il les traitait comme des coqs en pâte. Quitte à les faire engraisser ...

[Kasumi]

Amélie semblait effectivement obnubilée par son assiette mais même les plus fervents des appétits pouvaient être rassasiés et elle finit par relever la tête vers l'assiette à peine entamée de sa compagne alors que la sienne était déjà plus qu'à moitié vide :

- Tu picores encore une fois ! Tu as l'air soucieuse, Angèle... Allez, sourie : c'est les vacances et notre mystère sera bientôt résolu, j'en suis convaincue !

[Althéa]

Angèle gratifia Amélie d'une grimace penaude.

"Tu sais, je n'ai jamais bien faim. Et cette assiette est tellement énorme. Mais si tu n'as pas assez avec la tienne, je peux t'en donner une partie. Tu es peut-être en pleine croissance et le grand air de Manost creuse, à ce qu'on dit."

[Kasumi]

La jeune femme fit semblant de s'offusquer : "Non mais n'importe quoi ! En pleine croissance ?! Je ne suis plus une adolescente voyons !"

Toutefois, la barde ne pouvait s'empêcher de lorgner la seconde portion avec appétit et elle ajouta, plus conciliante :

- Mais d'un autre côté, si Titœil voit que tu as laissé son assiette à moitié pleine, il risque de le prendre mal. Donc on verra bien quand j'aurai fini mon assiette...

[Althéa]

Angèle sourit.

"Quelque part, il pourrait voir que je l'ai aussi laissée à moitié vide."

La lutte perpétuelle entre les pessimistes et les optimistes ou plus prosaïquement entre les appetits d'oiseau et les appetits d'ogre. Elle se demanda où la jeune femme pourtant si frèle pouvait bien stocker la quantité astronomique de nourriture qu'elle avalait.

[Kasumi]

La lutte fut discrètement résolue par un partage équitable des ressources restantes, un bon morceau de viande changeant d'assiette ainsi que deux pommes de terre et un peu de chou. Malgré tout, Angèle dut se forcer pour finir le reste de sa part avant que ne vienne l'heure de dépenser toutes ces calories et de quitter le Loyal Paladin. Une fois dehors, Amélie porta la main à son ventre et annonça - sans la moindre gêne - qu'elle avait bien trop mangé et que l'idée d'une bonne sieste ne serait pas pour lui déplaire. Elle avait toutefois promis d'accompagner la paladine au temple aussi en prit-elle le chemin.

HRP : tu peux poster là bas !

[Kasumi]

Quête : œil pour œil

Le trio atteignit sans peine ni nouvelle péripétie la taverne et auberge la plus célèbre de toute la capitale. Ils notèrent immédiatement que l'établissement n'était pas très fréquenté en cette heure précoce, même en comparaison des heures moins creuses en ces temps de disette. En réalité, seule une autre table était occupée pour le moment et Angèle eut tout l'embarras du choix pour choisir celle qui lui plairait. Titœil, fidèle au poste, se tenait derrière son comptoir et salua la paladine et sa jeune amie d'un geste de la main, leur faisant signe qu'il n'allait pas tarder à venir prendre leur commande. Pour l'heure, il semblait plongé dans sa tâche : sans doute faisait-il ses comptes avec une expression quelque peu maussade peu coutumière.

[Althéa]

Il n'y avait presque personne et s'en était désolant. Elle ne savait pas quoi dire au tavernier. Elle espérait qu'après la guerre tout retourne à la normale. Il y aurait sûrement un temps pour les larmes, puis un autre pour la reconstruction. Ensuite ... Elle préférait ne pas y penser.

"Voila, vous êtes au Loyal Paladin. Ne vous fiez pas à la faible influence : on y mange vraiment très bien."

[Kasumi]

Son invité ne semblait pas se formaliser du manque de fréquentation du lieu, bien au contraire. Il promenait son regard sur la salle sans parvenir à en percevoir les détails sans doute. Mais même avec un vision trouble, il était impossible de ne pas se sentir à l'aise au Loyal Paladin, de ne pas percevoir les efforts de son tenancier pour l'entretenir et faire en sorte que la salle commune reste accueillante même en ces temps difficiles.

- Il est encore tôt, j'imagine que cela s'anime un peu plus pour le repas... Est-ce que... Est-ce que des bardes s'y produisent ? J'ai du mal à me souvenir d'une taverne sans musique ou spectacle. Mais je sais que ça parait étrange d'entendre cela de quelqu'un qui a perdu la mémoire.