[Bâtiment] Commanderie tyrite

[Althéa]

C'est un bâtiment massif à la surface grise, beaucoup moins étendu que le siège du Cœur Radieux cependant. Il se blottit contre le temple de Tyr jusqu'à avoir avec lui un mur en commun. L'intérieur est aussi austère qu'à l'extérieur : des boiseries élimées et un sol de pierre.

Ici sont regroupées ceux qui ont choisi de se vouer à la justice. Prêtres et paladins se côtoient sans vraiment de distinction. Dès leur plus jeune âge, les adeptes apprennent à prier, plaider et combattre. Tout cela avec la plus grande discipline.

Le premier étage consiste en un vaste hall surnommé la "salle des pas perdus". Pas de statue mais un bas relief presque grossier représentant le dieu aveugle et manchot. Suit un étroit couloir donnant sur des bureaux en enfilade et une orgueilleuse bibliothèque garnie exclusivement d'ouvrages de droit. De l'autre coté du couloir s'étend la salle commune faisant à la fois office de salon d'étude et de réfectoire jouxtées par les cuisines. Le premier étage et quant à lui dévolu aux dortoirs.

[Althéa]

suite du rp solo.

Le bâtiment était meurtri, blessé dans sa pierre. Une partie des bureaux avait brûlé et une partie des dortoirs s'étaient écroulés en bas. De par la béance, on pouvait voir le ciel gris. Le hall était noir, d'une désolation calcinée et il régnait encore une forte odeur de brûlé.

Angèle et Amélie, totalement muettes observaient le décor. La porte en bois, seule entrée mais aussi seule sortie semblait avoir été attaquée au marteau de guerre des deux cotés. Les assaillants avaient poussé, empêchant le retrait des tyrites en proie à la panique. La paladine regardait autour d'elle, le visage figé. Elle croisait les bras comme pour se protéger de la réalité ou pour contenir le tremblement de ses mains. La barde s'approcha sans dire un mot, lui prit doucement le bras. Elle regarda la fenêtre ouverte par laquelle Sambre avait miraculeusement fait fuir les plus jeunes avant que le bâtiment ne s'écroule. Tymora leur avait souri.

"Qu'est ce que c'est que ça ?"

La voix d'Amélie la tira de ses pensées. Elle suivit son regard jusqu'à une étrange flaque noire. D'aspect aqueux, elle était cependant plus épaisse et visqueuse. C'est ce qu'elle consista en la touchant du bout du pied. Elle se pencha, intriguée. Elle dégageait une odeur forte et désagréable qu'elle ne parvint pas à identifier. Étrange ... En regardant autour d'elle, elle remarqua une multitude de ces traces sur le sol et les murs comme si quelqu'un les en avait aspergés. Comme si ... Elle craignit d'aller au bout de sa pensée, la formula cependant.

"Tu penses que ça pourrait être un combustible ?"

Amélie avala avec difficulté sa salive.

"Je me disais que c'était étrange qu'une torche fasse autant de dégâts."

Elle acquiesça, presque dégoûtée. Alors, ce n'était pas un simple accident ? Ou peut-être l'étrange substance avait un autre dessein. Peut-être les émeutiers seraient en mesure d'apporter une réponse. Meridith était peut-être déjà au courant. Telle qu'elle la connaissait, elle risquait de la trouver à l'endroit où elle l'avait laissée.

"Je sais que le moment est mal choisi ... Mais je t'invite au Loyal Paladin."

[Althéa]

Les troisjeunes femmes avaient du mal à suivre le jeune mage qui courait devant elles en se frottant les mains. Il ne s'arrêta que devant le bâtiment tyrite.

"Si ça se trouve, nous sommes tombées sur le fou de service. Il en faut toujours un. Ce qui explique pourquoi ils ne l'ont pas laissé aller à la guerre.", chuchota Meridith avant qu'elles le rejoignent.

S'il l'avait entendu, il ne paraissait pas s'en préoccuper outre mesure ou ne s'en formalisait pas. Il paraissait concentré et un rien impatient.

"Où est-ce ?"

Il les suivit à travers les gravats, regardant partout autour de lui. Lorsqu'Angèle lui désigna la première flaque, il s'arrêta d'un bloc, les pupilles dilatées et les narines presque palpitantes.

"Parfait, parfait, parfait ..."

Il se laissa tomber en avant, comme s'il voulait embrasser le sol. Appuyé sur les mains, le postérieur en l'air, il prit d'abord le temps de humer, indifférent aux trois femmes qui le regardaient avec une certaine perplexité.

"Parfait, parfait, parfait, répéta-t-il enthousiaste comme s'il était en train de faire une découverte extraordinaire, bon ... est-ce que ça s'enflamme ?"

Sans prévenir, il sortit un briquet à amadou de ses poches et alluma la mèche. Une grande flamme verdâtre jaillit de la surface. Et si Amélie n'avait pas eu le réflexe de le tirer en arrière, il en aurait eu le bout du nez brûlé.

"Parfait, dit-il encore, est-ce qu'il y en a d'autres ?"

Il sourit en voyant ses trois accompagnatrices froncer les sourcils.

"Je voulais juste voir ce que cela faisait. A priori, vous avez votre réponse : c'est un excellent combustible. Mais j'aimerais bien pouvoir l'analyser pour voir ce que c'est."

Il regarda autour de lui, fut content de trouver des flaques analogues. Puis, fouillant dans une des poches de sa robe, il en sortit une éprouvette et une sorte de bâton. Puis, tranquillement, comme s'il avait été seul, il se mit à prélever du mystérieux liquide noir sans prêter attention à quoi que ce soit d'autre.

"Nous vous laissons analyser alors ... Vous nous donnerez sûrement des précisions en temps utile.., murmura Angèle au bout de quelques minutes
- Parfait, parfait, parfait , répondit-il.
- Partons d'ici, souffla Meridith, cet endroit me donne le bourdon."

[Althéa]

"Ne courrons pas mais continuons de marcher vite. Je vous parie qu'elle est toujours derrière nous."

Ils marchaient tous d'un bond pas et sans vraiment s'en rendre compte avaient emprunté les rues menant à la commanderie tyrite. Une voix haut- perchée leur apprit qu'ils étaient effectivement suivis.

"Orignal, Lenclos, Morneval, Auzimour, d'Aulfray ! Pouvez-vous vous arrêter quelques minutes, s'il-vous-plait ? Je vous rassure tout de suite : je n'ai aucun texte de loi à vous faire rédiger.
- Menteuse, souffla Hugo, c'est ce qu'elle m'a fait croire hier. Je m'étais caché derrière une armure. Un peu plus, j'aurais pu lui échapper. Ma candeur me perdra. Avec un peu de chance, elle va s'arrêter à la commanderie. Ce sera un peu comme si ses racines l'appelaient, non ?
- Nos racines ..."précisa Dimitri.

En voyant le mur de leur bâtiment, ils s'arrêtèrent tous. En lettres rouges, quelqu'un avait tracé une phrase vengeresse et accusatrice.

"Tyr a tué Helm et a brûlé ici. Seul Cyric reste."

[Althéa]

Sans s'en rendre compte, les tyrites s'étaient rapprochés les uns des autres. Ils demeuraient sans voix, visiblement choqués. Les mots blasphématoires attaquaient non seulement leur dieu mais aussi leur cité.

"Incendier notre commanderie ne leur suffisait donc pas ?", murmura Dimitri.

Sambre, guettant manifestement leur arrivée depuis le bâtiment sortit à leur rencontre. Contrairement à la dernière fois, elle avait l'air sobre, mais totalement furieuse.

"Une très belle prose, n'est-ce pas ? Je l'ai vue en arrivant ce matin. Et bien sûr, ce n'est pas nettoyable : il va falloir repeindre et cela avant que la moitié de la ville n'ait pu la lire. Déjà que nous ne sommes pas très bien vus. Si en plus, on nous accuse de servir les intérêts de Cyric ...
- Ou de Melandis", souffla Hilare qui ne riait plus du tout.

La brève émulation qui s'était emparée des avocats fugueurs et de leurs proches avait stoppé d'un coup. Ils regardaient chaque mots, comme pour le loger sous leurs paupières. Les poings serrés ou au bord des larmes. Angèle finit par se détourner. Une seconde avant que Kieran n'apparaisse devant elle. Elle étouffa avec peine un cri de surprise.

"Comme on se retrouve !, lança-t-il assez amusé de son petit effet, j'étais convaincu que vous repasseriez par là.
- Vous avez lu cette inscription ?, demanda-t-elle encore choquée par ce qu'elle venait de voir.
- Peccadilles, c'est de la prose de littéraire. Moi, je suis un pur scientifique. Si au moins il avait s'agit d'une énigme mathématique. Et j'ai du nouveau.
- Du nouveau ?
- Votre incendie. Vous ne vous souvenez pas ? Une étincelle et boum badaboum ! Vous avez de la chance qu'il n'y en ait pas eu plus que cela. Sinon, vous auriez eu droit à une belle explosion.
- Vous êtes parvenu à identifier les composants ?
- Certains, pas tous. Sinon, ça serait trop facile. De l'engrais, du souffre, une sorte de feu grégeois mais il y a quelque chose de plus ... Cela m'échappe. Mais j'ai l'impression qu'on n'en trouve pas par là. J'ai même demandé à Hanna.
- Hanna ?
- Notre scientifique cartographe. Une rouquine comme moi .. Un peu perchée mais très douée."

Il ne sembla pas accorder la moindre attention au groupe qui s'était formé autour de lui.

"Connaissez-vous les mages qui travaillent avec vous ?", demanda soudain Meridith.

Kieran ouvrit la bouche, manifestement surpris par la question. Puis la ferma. Et la rouvrit encore.

"Connaître, c'est un bien grand mot. Nous autres mages sommes sensibles et nous avons tous notre jardin secret. Les places de mage sont chères à Manost et chacun doit être le meilleur dans sa spécialité pour rester. Donc comprenez bien que nous n'étalons pas nos talents sur la place publique.
- L'un d'entre vous est-il spécialisé en alchimie ?, demanda Meridith, jouant son va-tout.
- En alchimie, il y a Hanna et moi. Mais le laboratoire est ouvert à tous. Et nous ne sommes pas tout le temps là-bas. Nous mangeons, nous dormons, tout ça ...
- Et sauriez-vous où trouver ces composants inflammables ?
- ça, ce n'est pas difficile. La taie dorée baigne dans toutes sortes de trafics. Tout le monde le sait."

Les tyrites hochèrent la tête. Ce n'était pas un secret.

"Avez-vous déjà vu un de vos confrères s'y rendre ?", osa Sambre, comprenant peu à peu de quoi la conversation retournait.

Kieran ne parut pas plus choqué par la question.

"Je ne pense pas. Je ne fais pas vraiment attention aux autres. Et ils ne font pas non plus attention à moi. Mais s'il m'arrivait de voir l'un d'entre eux s'y rendre ..."

Il les gratifia d'un clin d’œil et d'un sourire entendu.

[Kasumi]

Quête : œil pour œil (prélude)

L'heure du déjeuner venait à peine de passer quand un messager vint porter une missive au bureau de Sambre. Le pli portait le cachet du temple d'Ilmater, fidèle féal de Tyr. Le style du message se voulait simple et direct :

Chère Consœur,

Nous avons récemment recueilli un patient gravement mutilé dont le cas comporte encore de nombreux mystères. L’état psychologique de cet homme ne nous a pas permis d’établir son identité mais il pourrait bien être lié au culte de Tyr d’après des bribes d’informations qu’il nous a révélé ce matin. Nous soupçonnons désormais qu’il puisse s’agir de l’un de vos fidèles et vous pourriez probablement nous aider à le déterminer si vous aviez l’obligeance de dépêcher l’un de vos prêtres ou paladins en nos murs.

J’écris en mon nom propre mais je peux vous rappeler que l’Eglise Ilmate ne cautionne en rien les souffrances qui ont été administrés à certains des vôtres lors des tragédies récentes.

Frère Gontrand Théobald Dupreux, Chapelle d’Ilmater, Manost.

[Althéa]

Il était difficile de voir la commanderie dans son piteux état. Ses charpentes calcinées, son trou béant à la place du toit. Et la plupart des fenêtres calcinées et noircies. Angèle, les bras croisés comme pour se protéger de la triste réalité adressa à son dieu une prière muette. L'église tyrite était à l'image du lieu, blessée en sa chair. Il leur fallait retrouver la force de relever la tête. A coté d'elle, Amélie frissonna.

"Qu'est-ce que nous cherchons ?"

Elle regarda autour d'elle. Elle ne savait pas vraiment.

"Peut-être un petit coffre, une cassette. Je ne sais pas vraiment. Quelque chose d'inhabituel placé à un endroit inhabituel.
- C'est bizarre, tu ne trouves pas ?
- Qu'est-ce qui est bizarre ?
- Le fait qu'il ait déposé quelque chose à la commanderie et qu'il se soit brûlé. Alors que l'accident remonte à plus d'une veille.
- Je ne sais pas vraiment ...
- Et cet endroit est lugubre. Une fois qu'il sera réparé, il aura de nouveau besoin de fenêtres. Et de vitraux.
- Tu serais intéressée ?"

Amélie hocha la tête avec un petit sourire. Et toutes les deux commencèrent leurs recherches. Tout d'abord dans la partie détruite par le feu.

[Kasumi]

Quête : œil pour œil

HRP : pas une mauvaise intuition !

L'incendie avait considérablement ravagé une partie de la commanderie et pas tout à fait épargné le reste. Toutefois, le bâtiment avait été vaste et bien construit, lui évitant ainsi une destruction totale malgré la violence des flammes qui avaient ravagées les dortoirs.

L'une des parties les mieux protégées de la commanderie avaient toujours été la salle des archives, partiellement enterrée et munie de murs épais aptes à protéger ses secrets et ses trésors juridiques, si tant est qu'on ait la tournure d'esprit appropriée pour les considérer ainsi. Malgré l'aura sacrée et toujours intimidante qui entourait cette partie du bâtiment, les recherches des deux enquêtrices les menèrent finalement dans cette direction. Elles durent emprunter un escalier et allumer une bougie pour éclairer leur passage jusqu'à une porte renforcée. Il suffit toutefois de la pousser pour l'ouvrir : on ne l'avait pas verrouillée. A l'intérieur s'alignaient trois longues rangées d'étagères. L'incendie ne semblait pas les avoir épargnées, détruisant probablement des savoirs et des traités sans prix. chaque rangée latérale était munie d'un petit écriteau indiquant probablement sa position, commençant à un devant elles pour se prolonger jusqu'au chiffre trente, tout au fond de la salle.

[Althéa]

Quête : oeil pour oeil

Devant les rangées de documents détruits, Angèle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle parvint à se resaisir et regarda autour d'elle. Peut-être ... Une étagère à gauche, une étagère à droite, une étagère au centre. L'écriteau indiquait le classement. Vu le temps qu'elle avait passé dans la salle, elle aurait dû y penser. Elle se souvint des chiffres. Le premier était 19 et était accompagné de G. Peut-être le parchemin n'indiquait-il pas en fin de compte une combinaison mais une coordonnée géographique pour se repérer dans la salle. Elle se rendit donc à gauche jusqu'à la 19 ème étagère.

Amélie la regarda quelques instants les sourcils froncés

"Mais quel maniaque de l'ordre a pris son temps pour ranger tout ça.
- Moi.
- Je devrais avoir peur ?
- Il fallait bien que quelqu'un mette de l'ordre pour permettre de se retrouver un peu dans les documents.
- C'est contagieux ?"

Angèle dissimula avec difficulté son sourire et vérifia si sa deuxième intuition était la bonne.

[Kasumi]

Angèle retrouva les rayonnages d'ordinaire si familiers mais tellement dérangeant tant il était difficile de fixer son regard sur les rangées entières de grimoires et de parchemins réduits en cendre. Certains espaces semblaient malgré tout avoir été préservés : ça et là quelques boîtes demeuraient, renfermant des liasses de parchemins ou tout autre objet renfermant un savoir ancestral ou récent, indifféremment.

La paladine se tourna d'instinct vers la colonne de gauche - composée comme toutes les autres - de quatre étagères parfaitement alignées. La troisième étagère de ce bloc n'avait pas été épargnée par le feu comme en témoignaient les cendres parsemant certains casiers par ailleurs vides. Le quarante-deuxième d'entre eux, soigneusement identifié par une petite étiquette, était vide lui aussi. Mais, contrairement à beaucoup trop d'autres, il était parfaitement nettoyé, comme si on avait pris soin d'en récupérer les documents récemment. Mais quant à savoir si c'était le fait de pillards ou d'un archiviste consciencieux...

[Althéa]

La paladine grimaça. Quelqu'un était passé avant elles ... Peut-être Sambre mais cela l'étonnait quelque peu. S'il y avait eu des documents, ils étaient partis. Qui les avait à présent en sa possession, c'était difficile à dire. Mais c'était fort à parier que cette personne connaissait leur emplacement. Le patient au temple ilmate avait dit qu'il n'était pas seul. Dans tous les cas, elle ne trouverait rien ici.

Elle promena son regard sur la salle d'archives dans laquelle elle aimait tant rester. Son lit de camp était encore dans un coin, réduit en cendres comme le reste. Des textes calcinés, des documents éparpillés. Le regard embué, elle regarda de nouveau sur le rayonnage, plus attentivement cette fois dans l'espoir que les visiteurs aient au moins oublié un papier. Ou aient peut-être tenter de dissimuler quoi que ce soit à l'abri des regards.

[Kasumi]

Fouiller le casier ne lui apprit rien davantage mais cette persévérance à chercher un indice malgré tout sur l'étagère et autour lui fit remarquer un détail nettement visible dans la suie et la poussière qui maculait le sol. Des traces de botte, clairement visibles étaient positionnées de telles façons que leur porteur avait dû se tenir exactement à l'endroit où elle se trouvait. Ayant recouvert en partie ces traces, il semblait impossible d'en déduire autre chose mais Amélie lui signala qu'il y en avait d'autres, un peu partout dans le rayon et aussi dans l'allée. Toutes les traces semblaient de la même taille, suggérant qu'elles appartenaient à une seule personne. Une personne qui n'avait fait aucun effort pour dissimuler son passage.

[Althéa]

Angèle regarda les traces avec une certaine perplexité. Quelqu'un était passé, et s'était promené dans les rayons en toute impunité. Le lieu était déserté par bon nombre de ses co-religionnaires. Le souvenir de l'accident était bien trop présent dans leurs esprits.

Ses yeux se portèrent sur les traces de botte. La personne avait marché dans la suie. Elle les suivit, pas à pas. Peut-être les empreintes se poursuivaient après la sortie de la pièce. Restait à espérer qu'elles ne les avait pas totalement effacées. Mais pour le moment, elle se contenta de s'arrêter là où il semblait avoir marqué un temps d'arrêt pour voir s'il n'avait rien laissé d'intéressant dans les rayonnages. Peut-être n'était il pas parti avec les documents ... Peut-être les avait-il tout simplement déplacés. Elle en doutait cependant.

[Kasumi]

En remontant les traces, la paladine eut rapidement la conviction que la personne à qui appartenait les traces s’était déplacée partout où des documents avaient été récupérés : les traces passaient de rangée en rangée et présentaient de très nombreux aller-retour jusqu’à l’une des allées centrales de la pièce. De nombreux casiers avaient été nettoyés sur son chemin et l’inconnu avait laissé le vide derrière son passage. Les deux enquêtrices remontèrent sa trace jusque dans un coin proche de la porte principale des archives. Là encore, le ménage avait été fait, révélant une zone libérée de suie et de poussière au sol. Les documents avaient été réunis ici mais ne s’y trouvaient plus. Mais par qui et surtout dans quel but ?

[Althéa]

Ah non, ce n'était pas possible. Voila qu'on s'amusait à voler des documents ! Des archives de droit en plus. Angèle sentit une vague de colère la traverser. On brûlait la commanderie, on pillait ses archives, ne laissant derrière soi qu'un bâtiment béant et quelques traces de pas dans la suie. Elle sentit la main d'Amélie sur son bras.

"On peut peut-être demander à Sambre si elle a vu quoi que ce soit", suggéra la jeune barde.

Elle acquiesça. Elles n'avaient pas vraiment le choix. Elles remontèrent les marches jusqu'à la partie épargnée du bâtiment. La porte du bureau de la grande prêtresse était fermé. Elle hésita un peu et toqua.

[Kasumi]

Seul le silence lui répondit pendant un long moment et elle allait sans doute songer à se détourner de la porte si intimidante. Mais une voix reconnaissable entre toutes se fit entendre au travers de l'huis :

- Qui va là ?

Et comme si elle voulait vérifier par elle-même, la grande prêtresse se découpa aussitôt dans l'embrasure de la porte ouverte avec une certaine brusquerie.

- Oh, c'est toi, Angèle ?

La femme albinos avait à peine jeté un regard à sa compagne mais nul doute qu'elle n'avait pas manqué de noter sa présence.

[Althéa]

Visiblement, Sambre n'était pas dans ses meilleurs jours, ce qui était pleinement compréhensible. Rester dans le lieu désert avait quelque chose de déprimant. Mais elle était comme un capitaine de vaisseau, restant à bord du bateau pendant qu'il sombrait. Elle montrait, à tout Manost qu'il y avait encore une tyrite à la commanderie. Quelque part, elle l'admirait.

"Je suis désolée de te déranger. Je voulais te demander si étais descendue à la salle des archives récemment ou si tu avais aperçu quelqu'un en entrant ou en sortant."

Amélie avait répondu à son signe de tête et reculé d'un pas poli.

[Kasumi]

- La salle des archives : non, pourquoi ?

La réponse avait été un peu trop rapide... Elle eut une moue interrogative et finit par ajouter, après un petit temps de réflexion :

- Enfin, pas depuis le lendemain de l'incendie. J'ai préféré la vider de ce qu'elle contenait : l'endroit n'était plus très sécurisé. Tu y cherchais quelque-chose ? Est-ce en rapport avec le message de l'Ilmate ?

[Althéa]

Angèle leva quelques instants un sourcil. Pourquoi Sambre avait-elle répondu si vite ? Dissimulait-elle quelque chose ? Cela l'étonnait un peu.

"Oui. Le patient qui l'occupe indiquait avoir placé quelque chose dans la salle des archives. C'est un des rares éléments dont il se souvient. Il a marqué un emplacement dans un des rayonnages. Mais il n'y a plus rien à cet endroit. Penses-tu que je pourrais jeter un coup d’œil sur les documents que tu as emporté ?"

Avec un peu de chance, les parchemins qu'elle cherchait se trouveraient avec le reste.

[Kasumi]

La prêtresse parut surprise de la révélation d'Angèle mais reprit bien vite son aplomb :

- Tu peux fouiller dans ce qui reste mais la plupart des documents ont été brûlés, avec le reste. N'aie pas trop d'espoir. Et je crains que tout ne soit pas aussi ordonné que tel que tu l'avais laissé. J'ai dû composer avec le peu de place. Viens, je garde le tout dans mon étude.

Sambre mena les deux femmes vers une porte au fond de son bureau, révélant une pièce plus encombrée et désordonnée encore que la salle qu'elles laissaient dans leur dos. Retrouver un parchemin parmi ce fatras promettait de longues heures de recherche assidue.

[Althéa]

C'était effrayant, surtout pour une personne habituée à l'ordre. Mais quelque part, même l'entropie la plus tenace ne résistait pas à un classement méthodique.

"Je vais essayer et puis peut-être essayer de ranger un peu. Merci en tout cas ..."

Elle eut un sourire encourageant en direction de la prêtresse. Rien ne redeviendrait tel qu'il était avant la catastrophe, mais l'on pouvait toujours s’accommoder avec le reste. Elle s'approcha des documents. Sambre avait sûrement procédé avec une certaine méthode. Elle avait sûrement déplacé en premier les documents des étagères les plus proches de l'entrée. Elle avait mis par dessus les autres à mesure qu'elle progressait. Si son calcul était bon, les parchemins devaient être en haut d'une des piles.

[Kasumi]

La paladine dut cependant rapidement se rendre à l’évidence : si certains partageaient son sens de la méthode et de l’ordre, ce n’était pas tout à fait le cas de Sambre. Il semblait même que la seule logique qui avait éventuellement présidé au rangement des documents « survivants » était de disposer au mieux de la place disponible. Si certains documents semblaient dans un ordre correct, les numéros les identifiants se suivant comme attendu, de nombreuses piles ou fragments de pile n’avaient rien à voir avec leurs voisins. C’était comme si, lassé de bonnes résolutions ou débordée par quelque urgence, des documents avaient été posé ici et là où on le pouvait et non plus où ils auraient dû l’être.

Au moins chaque pièce semblait toujours dûment référencée et la plupart des documents étaient intacts ou ne présentaient que peu de traces de l’incendie. Il restait un espoir que les pièces qu’elle cherchait se trouvaient quelque part dans les piles. Mais où ? Un travail de fourmi l’attendait !

[Althéa]

Angèle soupira, faisant vaciller son épi. Dans sa hâte d'aller répondre au messager, elle l'avait totalement oublié. Elle en fut contrariée quelques secondes avant de l'oublier. Elle eut un sourire penaud en direction d'Amélie.

"Je crois que plus vite je commencerai, plus vite j'aurai fini.
- Je peux t'aider. Par contre, je ne sais pas ce qu'il faut chercher.
- Un document qui clocherait par rapport au autres.
- C'est à dire ?
- Un document qui ne serait pas une loi, ni un décret, ni un compte rendu de procès. Quelque chose qui n'aurait aucune valeur juridique.
- Fastidieux.
- Horrible, tu veux dire ... Je n'ai jamais vu un tel carnage. En fait, tu sais ce qui m'aiderait le plus ?
- D'aller te chercher du thé ?
- Bien essayé ... J'ai dit au clerc d'Ilmater que nous serons au Clos s'il a besoin de nous. Or, je reste de devoir rester quelque temps ici. S'il a besoin de quoi que ce soit, il ne nous trouvera pas.
- Je pourrais en profiter pour m'occuper un peu du jardin.
- Veinarde
- Je pourrais écrire à ce fameux Soren pour lui demander des précisions sur Luménis.
- Tu ne veux pas savoir ..."

Elles se sourirent. Angèle se plongea dans les documents. Elle procéda avec méthode, classant chaque parchemin en plusieurs piles distinctes. Elle s'interrompit quand Amélie reprit la parole.

"N'empêche, cette histoire est étrange. Du moins, c'est l'impression que j'ai. Plus ça va et plus je pense que notre inconnu se trouvait à la commanderie et qu'il n'était pas seul. Il est peut-être venu déposer un document avant d'être surpris par le feu.
- Ton raisonnement est plutôt pertinent.
- Mais il n'explique pas la nature du document, ni pourquoi il l'a caché à la commanderie, ni même qui il est. Et pourquoi on ne l'a retrouvé qu'il y a trois jours. Peut-être que le parchemin était une décision de justice compromettante. Ce qui expliquerait pourquoi il est venu la cacher ici.
- Rien ne ressemble plus à des parchemins de droit qu'un parchemin de droit .... Je crois que je vais devoir ouvrir l’œil.
- Je te souhaite bien du courage."

[Kasumi]

Laissée seule à son rangement, la paladine put procéder à son rythme et selon son sens méthodique des plus perfectionnés sans qu'aucune perturbation extérieure ne vienne la détourner de sa tâche fastidieuse. Cependant, les textes qui passaient sous ses yeux lui paraissaient de plus en plus abscons et les lettres se mirent à danser la gigue comme si elles cherchaient à échapper à sa compréhension. Certains documents portaient encore leur numéro de référence les reliant au casier dans lequel ils avaient autrefois été soigneusement rangés. Cela permis à la paladine de les classer par ordre et surtout d'éliminer des monceaux de paperasse qu'elle n'avait pas à se donner la peine de lire.

Au bout d'un temps interminable où la luminosité avait baissé tant et si bien qu'elle peinait à lire, elle avait isolé une trentaine de documents sans référence et potentiellement intéressants et, plus important encore, deux documents portant fièrement la mention "19G-3-42". L'un de ces deux documents était l'acte de propriété d'une mine située dans les montagnes. Le second était plus étrange : il s'agissait d'un manifeste d'expédition offrant un droit moral à un certain Docteur Malorne sur les découvertes qu'il pourrait effectuer lors de son expédition prévue quelque part dans l'est de la Cordillère. Il était précisé que ses recherches portaient sur une ancienne civilisation naine aujourd'hui disparue.

[Althéa]

"Ah ah ..."

C'était plus un soupir qu'une exclamation. Elle n'en pouvait plus. Dans son crâne, la migraine s'était installée et dansait une folle sarabande. Elle avait trouvé, du moins, le pensait-elle. Le papier en lui-même lui fit plisser les yeux. Une civilisation naine disparue, un professeur, une exploitation des ressources ... Une bien étrange équation que son cerveau en manque de thé avait du mal à résoudre.

Quelqu'un voulait peut-être contester l'acte de propriété sur les découvertes du Docteur. Elle avait entendu des rumeurs à propos des nains et beaucoup parlaient d'or. Était-ce pour cela qu'on voulait le spoiler du résultat de ses recherches ? Elle fronça les sourcils. Les réponses à une de ses questions lui apportaient d'autres interrogations. Dans tous les cas, elle avait un nom. Et elle avait peut-être mis la main sur ce que cherchait l'inconnu. Il serait peut-être heureux de le savoir. Peut-être était-il encore temps de se rendre au temple d'Ilmater.

hrp : je poste au temple

[Althéa]

Heureusement, la commanderie n'était pas trop éloignée du temple. L'inconnu pesait lourd sur son épaule et il devenait manifeste que la station debout risquait de lui coûter assez vite beaucoup d'énergie. Se rendre au port ou au quartier des docks n'était pas une bonne idée, du moins pour aujourd'hui.

Elle progressa doucement, pas à pas, encourageant l'inconnu quand elle sentait que marcher s'avérait difficile. Enfin, ils arrivèrent devant les portes de la commanderie.

[Kasumi]

Sortir de son lit pour se promener quelques minutes dans le jardin du temple et affronter les rues pavées d'une cité peuplée au trafic encombré étaient deux choses bien différentes et le patient arriva en sueur devant les portes de la commanderie. Pour son plus grand désarroi sans doute, Angèle dut l'aider à s'asseoir sur un muret pour l'aider à reprendre son souffle. Toutefois, l'effort ne se révèlerai peut-être pas totalement vain :

- Attendez : je suis déjà venu ici ! Non, je ne me souviens pas que le bâtiment ait été dans cet état donc c'est peut-être une fausse impression tout compte fait... Et puis mon regard est encore flou, c'est trompeur.

Il quêta une confirmation ou peut-être un encouragement ?

[Althéa]

Angèle sentit un infime espoir l'envahir. Le bâtiment n'était pas ainsi quand il était venu, mais c'était plus que normal.

"La commanderie a été ravagée par un incendie il n'y a pas si longtemps. Lorsque vous êtes venu, elle devait être encore debout. Voudrez-vous entrer à l'intérieur, du moins dans la partie qui tient encore debout ? Je pourrais vous emmener à la salle des archives où nous avons trouvé le document."

Du regard, elle chercha Amélie.

[Kasumi]

Amélie - quoique discrète comme de coutume - se tenait à proximité, un sourire tranquille mettant en valeur son beau visage. L'attention d'Angèle fut néanmoins attirée à nouveau par l'inconnu qui avait fini par reprendre quelques forces :

- Oh, vous avez déjà évoqué cet incident, il me semble. C'est terrible... Etiez-vous présente, vous-même ? Si voir cet endroit vous est douloureux je pourrais peut-être entrer seul... Je ne sais pas.

[Althéa]

Elle secoua la tête mais ne put s'empêcher de grimacer. Elle n'avait pas été témoin de l'accident mais elle n'en souffrait pas moins pour autant.

"Non, je n'étais pas présente. J'ai appris la nouvelle en rentrant à Manost. C'est un rude coup pour les tyrites. Mais ne vous en faites pas, je parviendrai à entrer avec vous."

Elle éviterait de porter son regard sur la partie noircie et écroulée.