[Commerce] Au Loyal Paladin

[Althéa]

"Il fut un temps où nous avions de nombreux bardes qui se produisaient à Manost. Bien sûr, ils ne pouvaient pas chanter ni mettre en scène tout ce qu'ils voulaient. Aujourd'hui, il y a une sélection très stricte et peu sont autorisés à exercer."

Elle eut un sourire penaud en direction d'Amélie qui en avait fait les frais.

"La guerre apporte son lot de méfiance et fait que les autorités ont besoin d'avoir un contrôle strict sur sa population. Et c'est quelque part malheureux."

[Kasumi]

L’homme répondit d’un ton grave, sensible à l’humeur de ses interlocutrices :

[color=#afeee]- Oui, c’est assez malheureux. Même s’il ne m’appartient pas d’en juger, c’est toujours agréable d’écouter une bonne histoire ou même de danser pour agrémenter une soirée. Je crois me souvenir que c’est une coutume Cojumite d’ailleurs. Alors, si vous êtes toujours décidée à m’accompagner, je crains que vous ne sauriez y couper ! Je suis certain d’être assez remis d’ici là en tous cas.[/color]

Pendant ce temps, Titœil avait fini par lever le nez de son livre de compte et à se glisser jusqu’à leur table :

- Ah, mes plus fidèles clientes ! Que puis-je pour votre service ? Et pour votre ami ?

Le tenancier avait clairement employé un ton interrogatif au-delà qui laissait à penser qu’il se demandait qui était ce jeune homme qui les accompagnait. Mais il était trop discret et respectueux pour poser directement la question.

[Althéa]

Angèle le présenta par ce qu'elle savait. Elle était cependant étonnée que Titoeil ne le reconnaisse pas comme étant le jeune assistant du docteur Malorne.

"Voici le jeune homme dont vous nous avez parlé la dernière fois que nous sommes venues. Il accompagnait l'expédition. Et je vous présente Titoeil Debeurré, le patron de la meilleure taverne de la ville."

Pour ce qui était du plat, elle n'aimait pas s'embarrasser à choisir.

"Ce sera un plat du jour pour tous les trois, si vous le voulez bien."

Et elle lui montrait également qu'elle lui faisait confiance.

[Kasumi]

Titœil se frappa le front de la paume de la main, faisant enfin le rapprochement entre le jeune homme et les esquisses d'Amélie :

- Désolé mais j'ai l'impression de perdre la tête parfois ! Enfin, heureusement qu'elle est bien vissée sur mes épaules. J'ai un peu fouiller dans mes registres, ma mémoire n'étant plus ce qu'elle était et j'ai donc préparé un plat du jour particulier au cas où vous viendrez : c'est la même chose que vous aviez commandé la fois précédente. J'espère que cela ravivera quelques souvenirs. Enfin, presque la même chose : je n'ai pas pu mettre la main sur du lièvre mais il me restait un bon lapin et je l'ai accommodé de la même façon...

L'invité se confondit en remerciements, touché par l'attention et il adressa un sourire à Angèle : oui, son choix de l'amener ici était décidément une excellente idée.

[Althéa]

Titoeil était surprenant à bien des égards et c'étaient surtout sa prévenance et sa gentillesse dont on se souvenait au bout du compte. Les clients revenaient toujours et ce n'était pas que pour son indéniable talent de cuisinier.

Elle sourit au tavernier. Jamais elle n'aurait pensé qu'il prendrait l'initiative. Elle-même n'aurait jamais pensé à le suggérer. Elle tenterait, dans la mesure du possible de revenir plus souvent.

"Merci mille fois, Titoeil. C'est vraiment une bonne idée."

Elle se sentait mieux. A présent, une vraie recherche s'était mise en route.

[Kasumi]

Le tenancier battit en retraite - le rouge aux joues - et revint avec leur repas quelques minutes plus tard. La quantité semblait toujours un rien exagérée mais ni Amélie ni leur invité ne trouvèrent à y redire. Ce dernier prit le temps de humer son assiette, d'en éprouver toutes les sensations comme si le fumet - puis le goût - pouvaient réveiller d'autres souvenirs. Il garda néanmoins le silence un bon moment puis déclara comme si une révélation s'était imposée à lui :

- Je me souviens... De cette soirée je crois. J'ai vu leurs visages. Du professeur, des autres. De Malika surtout. Je ne sais pas trop pourquoi. Mais je crois que je saurais la reconnaître si je la croisais maintenant. Aucun n'a prononcé mon nom cependant...

[Althéa]

C'était quelque part encourageant, même si le nom continuait de se dérober. La dénommée Malika pouvait devenir un autre élément de recherche non négligeable. Peut-être était-il très proche d'elle ? Elle n'oublierait jamais le visage de Morgan. Il lui vint une idée. C'était peu probable mais on ne savait jamais.

"Peut-être pouvez-vous décrire à Amélie le visage de cette jeune femme qui pourrait le dessiner. Ainsi, nous aurions une personne de plus que nous pourrons rechercher."

[Kasumi]

Ses deux interlocuteurs se montrèrent hésitants : l’homme n’étant pas certain de pouvoir décrire en détail l’image générale qu’il se faisait de ses compagnons et Amélie elle-même semblait trouver le défi difficile mais n’avait rien contre l’idée d’essayer de dresser quelques esquisses. Même en cas de succès, Angèle comprit que la manœuvre prendrait forcément du temps. Mais au moins n’en manquaient-ils pas vraiment.

[Althéa]

Elle comprenait leur réticence et se sentit gagnée par leur hésitation. Autrefois, elle n'en aurait pas démordu et les aurait emmené de façon diplomate à ce qu'elle souhaitait. Elle se sentait frustrée et aurait volontiers fait plus si elle l'avait pu. Mais il y avait énormément d'incertitude.

Morgan aurait certainement su quoi faire dans ce genre de situation. Elle aurait interrogé les bonnes personnes, adopté les bons réflexes. Il lui semblait que Cojum était la seule issue, même si elle leur prenait du temps.

[Kasumi]

La suite de leur repas se déroula tout de même dans la bonne humeur et une surprise les attendait pour le moment où ils commandèrent leur dessert : Amélie et Angèle reconnurent immédiatement le capitaine Vimaire qui se dirigea droit vers leur table.

- Ah je vous cherchais ! Vous n'étiez pas au Clos mais je pensais bien vous trouver ici : j'ai des nouvelles pour vous. Elles vous concernent en fait, sieur Maloran.

Un simple sourire et pourtant tout ou presque était dit, non sans une certaine brutalité à bien y réfléchir. Angèle aurait été bien en peine de déterminer qui d'Amélie ou de son invité faisait les yeux les plus ronds.

[Althéa]

Angèle aurait pu imiter les deux autres si elle n'était pas arrivée à maîtriser son air ahuri. Mais elle ne trouvait pas la situation comique pour autant. Ainsi, Vimaire venait de donner un nom à l'inconnu. Elle l'avait fait très brusquement, sans aucun tact, et elle reconnaissait bien la capitaine du port à cela.

Elle se tourna vers l'inconnu, guettant sa réaction, espérant qu'elle ne lui provoque pas de choc. Comment Sieur Maloran allait-il prendre la nouvelle ?

[Kasumi]

Le dénommé Maloran ne prêtait guère attention à la nouvelle venue et semblait - au contraire - guetter le soutien de la paladine, son regard un peu perdu dans le vague.

"Je... Est-ce vraiment mon nom ?"

Vimaire prit la question pour elle évidemment et s'empressa d'y répondre avec une froide efficacité :

- C'est en tous cas ce que stipulent les registres vous concernant. Quand vous avez quitté Manost pour Cojum il y a deux mois.

[Althéa]

Angèle grimaça, la situation commençait à déraper. Le manque de tact de Vimaire cette fois portait à préjudice. Le jeune homme avait l'air en état de choc. Compte tenu des circonstances, c'était totalement prévisible et il fallait qu'elle l'aide. Il cherchait son regard, comme un soutien. Il lui faisait confiance et ce depuis le début. C'était touchant et effrayant à la fois et elle devait s'en montrer digne.

Doucement, pour ne pas le brusquer, elle étendit le bras et prit doucement sa main qu'elle pressa dans la sienne un bref instant. Elle murmura.

"Ne luttez pas. Si ce nom fait venir des souvenirs laissez-les affluer. Nous sommes avec vous et vous ne risquez rien. Tout va bien se passer."

[Kasumi]

HRP : J’espère que tu ne m’en veux pas pour la brusquerie de Vimaire

La capitaine encaissa le reproche de la paladine en rosissant légèrement puis elle battit prudemment en retraite vers une autre table, affirmant dans un souffle qu’elle pourrait leur fournir des détails plus tard s’ils le souhaitaient. Le départ de l’officier et le contact de la main d’Angèle parut rasséréner le convalescent et son teint finit par reprendre des couleurs plus naturelles. Il semblait toutefois passablement désorienté :

- Ce nom. Je l’associe à mon père en fait. Mes amis ne m’appelaient pas ainsi. Je crois que je préfèrerais que vous m’appeliez Malo. Sieur Maloran, ça fait vraiment beaucoup trop prétentieux ! Enfin, si ce n'est pas présomptueux de vous considérer comme une amie et vous ne préférez pas que je vous donne du "Dame d'Aulfray" !

Au moins avait-il tenté de mettre une pointe d’humour dans sa sortie, signe que sa personnalité reprenait peu à peu le dessus.

[Althéa]

hrp : je t'en veux pas du tout. Par contre, Angèle n'a rien reproché explicitement. Mais Vimaire a vu la grimace, c'est sûr.

Angèle sourit en le voyant reprendre une contenance.

"Hé bien, Malo ... Mais je ne pourrai pas vous rendre la pareille car je n'ai pas vraiment de diminutif. Quant à mon surnom. Non, vous ne voulez pas savoir."

Et elle n'avait pas envie qu'il sache non plus.

[Kasumi]

Amélie ne sut retenir un sourire à la dernière remarque d'Angèle et Malo ne manqua pas de le remarquer : sa vue semblait s'améliorer pour qu'il est noté ce détail ou alors la paladine se faisait des idées.

- Loin de moi l'idée de chercher à le savoir : Angèle est un charmant prénom ! Pourquoi devrais-je vous en affubler d'un autre ?

Ayant retrouvé une partie de son appétit, il s'attaqua au dessert qu'apporta discrètement Titœil avant d'ajouter d'un ton plus sérieux :

- J'imagine que le mieux à faire est de prendre connaissance des détails que nous a annoncé cet officier ? Puis de rentrer : je parie que Frère Gontrand s'inquiète déjà de mon absence.

[Althéa]

Sa vue s'améliorait et elle se dit qu'elle ne pouvait plus rougir à sa guise. C'était assez fâcheux. Elle n'aimait pas spécialement son prénom. Au contraire, elle le trouvait quelque peu vieillot et inapproprié. En même temps, elle n'en aurait pas trouvé d'autre.

Elle acquiesça aux paroles du jeune homme. Ils avaient maintenant de nombreux renseignements. Il était temps pour eux d'en faire usage.

"Nous pourrions-nous rendre demain au poste de garde afin de voir si les noms de vos compagnons sont sur le registre. Peut-être vous évoqueront-ils d'autres éléments qui pourraient nous aider. En attendant, je crains que vous ayez raison. Nous ne devons pas inquiéter Frère Gontrand."

[Kasumi]

Malo désigna l'assiette la paladine et osa un de ses sourire charmeurs tout en déclarant d'un ton léger :

- Dans un moment. Mais nous avons encore bien assez de temps pour que vous finissiez votre dessert ! Ma vue a peut-être été altérée mais je vois bien que vous avez laissé bien plus de la moitié de votre part de tarte... Une longue route nous attend bientôt et je me souviens que je cuisine très mal alors profitez-en !

[Althéa]

Angèle lui sourit d'autant plus et répondit sur le même ton.

"Vous savez, je n'ai plus très faim. Je n'ai pas l'habitude de manger beaucoup. Mais vous, vous êtes encore convalescent et je suis sure que vous avez encore besoin de prendre des forces. Et votre part de tarte était plus petite que la mienne. Je ne voudrais pas vous priver ..."

On pouvait toujours essayer.

[Kasumi]

En réponse, Malo rit de bon cœur et son regard pétilla de malice et il répondit avec amusement :

- Soit ! J'ai compris : vous faites attention à votre ligne. Vous n'en avez pas du tout besoin, je vous assure mais si ça peut vous rassurer, je veux bien vous aider à finir.

Amélie profita de cette nouvelle occasion pour intervenir :

- Ma part à moi était encore plus petite !

Ce qui ne manqua pas de déclencher un nouveau rire de leur invité.

[Althéa]

Tant mieux si la tablée se détendait. Elle s'en sentait d'autant plus sereine. Elle répondit sur le ton de la plaisanterie.

"C'est vrai que j'oubliais qu'Amélie est encore en pleine croissance. Pour ma part, j'ai grandi assez. Dans tous les cas, je vais partager cette belle portion entre vous deux ..."

Et elle n'était pas obligée de terminer son dessert. Voila qui était équitable.

[Kasumi]

Malo fut sur le point d'ajouter quelque chose mais il devait être suffisamment sage pour s'abstenir de pousser trop loin la plaisanterie. Amélie et lui finirent donc la part de tarte d'Angèle en échangeant quelques sourires discrets. Vint cependant le moment de quitter l'auberge et Malo reporta toute son attention sur la paladine :

- Je ne sais vraiment pas comment vous remercier. Et je ne parle pas de la part de tarte, évidemment. J'ai le sentiment que nous avons progressé à pas de géants aujourd'hui. Grâce à vos bonnes idées.

[Althéa]

Angèle hocha la tête.

"Je pense que nos trouvailles seront exponentielles maintenant que nous connaissons votre nom. Vous êtes inscrit sur les registres et avec un peu de chance trouverons-nous d'autres traces de votre passage. Je suis heureuse que nous ayons progressé."

Elle sourit à Amélie.

"Nous te devons une fière chandelle. C'est grâce à tes dessins que nous avons avancé."

[Kasumi]

Amélie sourit et rosit même de plaisir de la reconnaissance de son aînée. Malo la remercia à son tour, réclamant de voir l'une des esquisses pour se rendre compte de comment la barde le représentait. Elle n'en avait malheureusement pas sur elle et répliqua avec une certaine timidité qui ne lui était pas coutumière que Frère Gontrand pourrait lui en montrer.

- Vous avez beaucoup crapahuté aujourd'hui : vous devez être vannées, non ? En tous cas moi je crois que je le suis. Je suis certain que ça ira mieux demain après une bonne nuit de sommeil mais il va bien me falloir un ou deux jours pour être en état de voyager... Fichtre, voilà que je deviens aussi prudent que ce brave Ilmate !

[Althéa]

Angèle hocha la tête. Elle était raisonnablement fatiguée. Elle aurait encore un peu le temps de réviser un peu histoire de prendre de l'avance sur cours prochains avant de s'écrouler.

"Nous aurons la force de vous raccompagner jusqu'au temple. Dans tous les cas, reposez-vous bien, prenez des forces. Voudriez-vous que nous allions consulter les registres de la porte demain ?"

[Kasumi]

Malo lui adressa un sourire tranquille et répondit après avoir étouffé un bâillement :

- Oui. J'ai toujours un peu peur d'accaparer tout votre temps libre mais je serais ravi que vous m'accompagnez aux portes demain. Et qui sait si cela n'éveillera pas d'autres souvenirs ? En attendant, nous avons tous besoin d'une bonne nuit de sommeil pour méditer sur les découvertes de la journée. Frère Gontrand ne va pas en revenir que vous ayez trouvé mon nom en si peu de temps !

HRP : tu peux poster au temple si tu le souhaites.

[Kasumi]

Quête : œil pour œil

Marvin s'était laissé entraîner dans le sillage des pas légers et aériens de sa petite amie. Ils ne tardèrent pas à traverser les quelques rues qui séparaient la demeure du Clos des Roses de la plus célèbre auberge de la ville.

Le jeune homme tint la porte à sa compagne avant de la laisser pénétrer la première dans la salle commune chaleureuse. En les voyant tous les deux, Titœil esquissa un sourire et s'adressa à eux avec sa bienveillance coutumière :

- Ainsi donc vous avez retrouvé votre amie, jeune homme. Je suppose que vous n'aurez plus besoin de mon hospitalité : c'est dommage. Vous me rappelez une personne qui m'est chère. C'est idiot bien sûr... Vous ne pouvez pas la connaître...

[Althéa]

Amélie hocha la tête avec un petit sourire.

"Désolée mais je ne pouvais pas le laisser dormir tout seul. Il a peur dans le noir. Par contre, s'il vous rappelle quelqu'un, c'est normal : c'est Marvin le frère jumeau de Chandara, une paladine qui habite à Manost. Il vient tout juste d'arriver de Cojum."

Elle regarda autour d'elle espérant que le Loyal retrouverait bientôt bon nombre de clients.

"Par contre, pour manger, je crois que nous viendrons plusieurs fois ici pour goûter à votre excellente cuisine."

Son sourire s'élargit.

[Kasumi]

Le tenancier sembla éberlué, clignant plusieurs fois des yeux et se répétant à demi pour lui-même "le frère jumeau de Chandara". Il se reprit toutefois rapidement et afficha son sourire bonhomme :

- Oh, alors ce sera avec encore plus de plaisir que je vous accueillerai ! J'espère que votre sœur se porte bien, jeune homme. Elle nous manque déjà beaucoup ici !

Marvin se fendit d'une réponse timide mais polie avant de se précipiter vers la petite chambre qu'il avait voulu louer. Il revint moins d'une minute plus tard avec un unique bagage ainsi qu'un manteau chaud passé sur le bras. Il sourit à nouveau à l'aubergiste en s'excusant platement de la gêne occasionnée avant d'ajouter - non sans une certaine fierté - autant pour lui que pour Amélie :

- Ma sœur a toujours eu un don pour s'attirer la sympathie et se faire des amis. Il y a des jours où je l'envie un peu !

[Althéa]

"Mais ta soeur n'a pas une compagne merveilleuse du nom de Amélie.", répondit la jeune barde du tac au tac.

Elle laissa passer quelques secondes avant d'ajouter.

"Tu sais qui c'est toi ?"

Nouveau temps d'arrêt.

"Il ne veut pas le reconnaître mais il est aussi quelqu'un de charmant. Timide mais charmant."