[Désert d'Anauroch] Quête : Racines

[Voyageuse]

La druidesse réfléchit.
" Ce sont des animaux à sang froid... A la nuit tombée, ils sont léthargiques. Leurs réflexes sont moindres. Il est probable qu'ils s'enterrent et ne laissent dépasser qu'un petit peu leur tête... ou même pas, peut-être qu'ils se contentent de guetter les vibrations. De plus, ils sont groupés à deux endroits : juste au-dessus de notre tête, et du côté ouest de la cuvette.Il me semble que si on part par le sud, et que je lance une tempête sur ceux qui sont à l'ouest, ça les distraira un moment. Les autres seront trop loin pour percevoir notre présence par les vibrations... j'espère... mais effectivement, s'ils nous détectent ils vont nous prendre en chasse."
Elle se tut un instant, écoutant attentivement.
" Je ne peux me transformer qu'une fois. En aigle, pour rejoindre Rubis. Mais si je suis aigle, je ne peux plus lancer de sortilège, et si je redeviens druide il aura du mal à nous transporter tous les deux... enfin, si, il prendra l'un de nous dans ses serres."
Elle secoua la tête.
" Ecoute, je peux rejoindre Rubis, pour l'amener ici au crépuscule, disons une demi-heure après le coucher du soleil. Ils seront déjà moins vigoureux. Tu tentes de fuir à ce moment-là, et s'il y a un souci je redeviens elfe pour lancer le sortilège... non, plus simple : je deviens elfe auprès de rubis, je reviens sur son dos, et on te prend au passage... mais il faut que tu sortes à peu près au moment où on arrivera..."

[Kasumi]

Kasumi prit le temps d'y réfléchir : ce serait dangereux et il allait falloir jouer très serré mais ils n'avaient pas vraiment le choix sinon abandonner Rubis et tenter de s'enterrer une partie de la nuit. Il esquissa finalement un sourire et tenta de manifester une confiance qu'il n'éprouvait pas vraiment.

- Je te fais confiance : je serai près à ce moment. Est-ce que j'attends que tu m'envoie un signe ou alors je sors de toutes façons une demi-heure après la tombée du soleil ? Je pourrai guetter la luminosité depuis l'entrée de la grotte, sans me montrer.

Il s'interrompit pour réfléchir encore un instant puis ajouta :

- Tu pourras aussi réduire magiquement ma taille pour me rendre plus facile à transporter pour Rubis. Côté bagages, nous n'avons plus grand chose à emporter en plus de nos deux sacs heureusement.

[Voyageuse]

Eärundra secoua la tête.
" Je ne peux pas réduire la taille d'un humain. Mon sort se limite aux animaux..."
Elle s'approcha à pas de loup de l'entrée de la grotte, puis revint vers lui.
" Si tu te places ici, exactement, tu n'es pas visible de la paroi ouest où ils se trouvent... donc, à moins qu'ils ne changent de place, tu peux guetter tranquillement de là après le coucher du soleil. Même s'ils bougent... reste bien immobile, ils détectent le mouvement. Je me débrouillerai pour qu'on passe dans ton champ de vision, et tu sauras que tu peux fuir."
Elle lui saisit la main.
" Ça m'ennuie de te laisser là... Sois prudent !"

[Kasumi]

Le rôdeur baissa le regard vers la main sur la sienne et eu un pauvre sourire avant de répondre d'un ton un peu désolé sans chercher à se dérober :

- Ne t'en fais pas : pense à retrouver Rubis et sois prudente et je serai là à ton retour ! C'est toi qui a encore la tâche la plus difficile même si ce sera dur de t'attendre.

Une nouvelle longue et pénible attente allait débuter et il craignait davantage de ne pas revoir la druidesse que la possibilité pourtant réelle d'être découvert et piégé dans la grotte.

[Voyageuse]

La druidesse secoua la tête.
" Non, c'est toi qui prend le plus de risque. Moi, une fois dans les airs, je serai hors d'atteinte... et je vais me faire du souci."
Elle grimaça, puis se haussa sur la pointe des pieds pour lui voler un baiser, mutine.
" C'est pour te porter chance ! lança-t-elle avant qu'il n'ait le temps de protester. Ah, pense à me rapporter mes vêtements et mon sac !"
Puis elle disparut, laissant la place à un aigle au plumage brunâtre qui s'avança en clopinant jusqu'à l'entrée de la grotte, avant de prendre brusquement son envol. De la druidesse, il ne restait qu'un tas de vêtements.

[Kasumi]

Kasumi n'avait pas su répliquer ni même esquissé le moindre geste avant que la druidesse n'ait disparue. Puis il déglutit lentement en prenant conscience de ce que la druidesse manifestait de plus en plus ouvertement son affection. Il espérait vraiment - même si une petite part de lui le regrettait certainement aussi - qu'elle saurait dépasser les sentiments visiblement réels qu'elle éprouvait pour lui. Sinon, ils risquaient tous les deux d'avoir de sérieux problèmes avec Sylvia et - pire encore - de la blesser sans que ce soit dans ses intentions. A peine fut-il remis de ce nouveau baiser et de sa signification qu'il prit conscience de ce que signifiaient les dernières paroles d'Eärundra et le tas de vêtements au sol. Elle n'avait pourtant pas eu à renoncer à ses vêtements lors des autres transformations. Etait-ce une nouvelle provocation destinée à éprouver son pouvoir de séduction ? Au moins ferait-il nuit quand il serait temps de la retrouver... Le rôdeur ramassa soigneusement les vêtements puis hésita sur ce qu'il était censé en faire puis il les fourra dans le sac de la druidesse. S'il fallait qu'elle se change en vitesse, il pourrait toujours éventuellement lui prêter sa tunique. Puis il se plaça près de l'entrée de la grotte, attentif et dans l'expectative. Il faudrait attendre plusieurs heures et cela promettait d'être éprouvant. Au moins cela lui laissait-il le temps d'appréhender ce qu'il avait appris dans l'intimité de leur cocon : il ne parvenait toujours pas à croire comment Eärundra avait pu s'attacher de cette façon à lui et une part de lui ne pouvait s'empêcher de demeurer incrédule et de mettre ces baisers sur le compte de la nature provocatrice de l'elfe.

[Voyageuse]

hrp : en fait, c'est moi qui ai oublié de lui faire perdre ses vêtements les autres fois... en fait, elle aurait dû arriver nue et se précipiter sur son sac, ça aurait été plus fun à jouer...

L'astre du jour déclina, lentement, à l'horizon. Tout demeurait parfaitement silencieux aux alentours. Le sable paraissait plus rouge, plus chaud. Un léger vent se leva au moment où le soleil disparaissait à l'horizon, et peu à peu, le crépuscule s'installa.
Un petit point, à peine visible dans le ciel désormais sombre, fit son apparition, et grossit peu à peu. Rubis, certainement. Il n'y avait toujours pas le moindre bruit, et la température avait chuté de plusieurs degrés. Etait-ce suffisant pour que les serpents somnolent ? Le seul moyen de le savoir était de sortir...

[Kasumi]

HRP : oui effectivement, c'est plus amusant et beaucoup plus gênant pour mon Kasu qui ne saura plus où poser les yeux. Rine ne lui est épargné

Kasumi ne pouvait pas se permettre de rater le moment du rendez-vous d'autant plus que la présence de Rubis et d'Eärundra risquait de plus en plus d'éveiller l'attention des serpents. Le rôdeur sortit donc prudemment en préférant dégainer son épée plutôt que son arc au cas où l'un des serpents se mette en tête de se détendre pour le mordre au passage. Un pas après l'autre, il franchit les limites de l'entrée en essayant de ne pas faire de bruit et tous ses sens aux aguets. Il sentait son cœur battre beaucoup trop vite et tenta de maîtriser son souffle pour se calmer. il avait malgré tout un peu trop l'impression de marcher au milieu d'un nid de serpents. Il leva la tête vers la petite pente qui lui permettrait de quitter la cuvette, se fit la réflexion qu'il devrait rapidement s'éloigner pour ne pas faire prendre de risque à l'aigle et à sa cavalière. Mais pour l'heure il devait déjà progresser pas à pas en s'attendant - à tout instant - à réveiller un serpent et se faire attaquer.

[Voyageuse]

Pour l'heure, tout était calme autour de lui. Les serpents ne semblaient pas l'avoir repéré. Sans doute leurs sens étaient-ils émoussés.
Il savait qu'il devait quitter les lieux par le nord-est, pour éviter de se trouver nez à nez avec leurs adversaires. Il monta petit à petit le long de la paroi, silencieux comme une ombre, sans que rien ne se déclenche. Une fois à mi-hauteur, il les vit, ou crut les deviner, petites bosses se détachant sur le sable au-dessus de la cuvette. Il n'y en avait pas là où il allait déboucher, mais il ne pouvait pas être certain que l'un d'eux n'était pas enterré juste au-dessous.
Il atteignit le haut de la paroi sans que rien ne se produise. Il vit l'aigle d'Eärundra piquer dans sa direction. Puis, brusquement, un sifflement se fit entendre, de l'autre côté de la cuvette, et l'aigle obliqua, tandis qu'il entendait distinctement la voix de l'elfe incanter. Une tempête de neige se déclencha, stoppant net la progression des serpents... de ce côté-ci du moins. Mais déjà, d'autres arrivaient de l'autre côté...
Il sentit qu'on lui broyait les épaules, sensation désagréable qu'il connaissait déjà, et bientôt la cuvette ne fut plus qu'un point à l'horizon. Le vol fut de courte durée. Une petite demi-heure plus tard, ils se posaient, quelque part au milieu des dunes, suffisamment loin des serpents pour ne rien risquer. l'aigle le lâcha à trois mètres du sol et se posa juste après.
" Ca va ?"

[Kasumi]

Il avait craint durant un instant de se trouver piégé mais son exfiltration s'était déroulée au mieux même si leur présence avait été repérée. Ensuite, le vol - aussi douloureux et désagréable qu'il avait été - les avait certainement mené assez loin des serpents pour ne plus avoir à les craindre durant la nuit. L'atterrissage avait été - somme toute - la phase la plus rude comme prévu. Le demi-elfe avait tenté d'amortir au mieux sa chute sur le sable mais il avait tout de même été tout proche de se démettre l'épaule en roulant sur lui-même. Quand la voix d'Eärundra se fit entendre, il était occupé à se la masser : il aurait certainement une nouvelle ecchymose mais il tenta de faire bonne figure en relevant la tête avant de se souvenir que la druidesse n'avait pas encore récupéré ses affaires. Extrêmement gênée de la savoir nue et si proche, il tenta à nouveau de plaisanter pour masquer son trouble :

- Oh, je n'adore pas encore être largué comme un paquet mais je commence doucement à m'y faire alors ça viendra ! Et j'ai pensé à te rapporter tes affaires aussi : elles sont dans ton sac.

[Voyageuse]

" Merci", répondit la druidesse.
Elle ne chercha pas, cette fois-ci, à profiter de la situation ou à le mettre davantage mal à l'aise. Il l'entendit fouiller dans son sac, et lorsqu'elle revint vers lui, elle avait revêtu une tunique longue, pour la nuit sans doute.
" Il ne t'a pas loupé, fit-elle remarquer avec douceur. Au moins, il ne risquait pas de te lâcher ! Mais laisse-moi te soigner..."
Elle se mit à incanter, et toute la douleur qu'il ressentait à l'épaule fut balayée en un clin d'oeil.

[Kasumi]

Le rôdeur fut grandement soulagé de ce semblant de retour à la normale dans leurs relations et esquissa un sourire à destination de l'elfe. Puis il ressentit toute la douleur quitter son épaule et poussa un soupir de soulagement avant de l'éprouver doucement. Satisfait, il regarda autour de lui pour aviser de l'emplacement de leur campement : un coin situé dans une cuvette au milieu des dunes. Il n'y aurait guère d'endroit où s'abriter sinon des regards et c'était bien là l'essentiel d'autant que la couche de sable leur assurait une nuit confortable. Il ne pourraient pas relâcher leur vigilance en tous cas :

- J'imagine que tu n'as pas repéré de créatures dans les parages ? En tous cas il vaut mieux se montrer prudent : on va devoir se passer de feu mais on n'a pas à se partager les couvertures donc ça devrait aller. Tu es celle qui t'es le plus dépensée aujourd'hui et nous aurons grand besoin de tes sorts demain alors je vais prendre le premier tour de garde. Mais tu as certainement un peu faim avant de dormir ?

[Voyageuse]

Eärundra hésita la tête.
" Ce ne serait pas de refus, finit-elle par avouer. Fais-moi voir ce que tu as amené..."
Elle fouilla dans les provisions, en sortit quelques fruits et un peu de fromage de chèvre, ainsi qu'un morceau de pain rassis.
" Ça fera l'affaire... Et je te laisse le soin de la première veille sans regret. Je suis épuisée ! Je n'ose pas imaginer le nombre de lieues que j'ai parcourues..."
Elle engloutit son casse-croute en quelques minutes, et s'enroula dans la couverture, à même le sol.
" N'hésite pas à me réveiller... Dans quatre heure j'aurai retrouvé toute ma forme. Ah, et méfies-toi quand même, je n'ai pas vraiment exploré les environs. Le soleil couchant m'éblouissait, puis il a commencé à faire sombre..."

[Kasumi]

Kasumi laissa la druidesse se restaurer tout son saoul en la couvant d'un regard bienveillant. Il avait faim lui aussi mais il aurait tout le temps de s'en occuper quand ce serait son tour de garde. Puis il la laissa se coucher et chercha à la rassurer pour être bien sûr qu'elle puisse réellement profiter de son repos :

- Ne t'en fais pas : je veille sur ton sommeil et je te réveillerai à la moindre alerte alors tu peux dormir... enfin rêver sans arrière-pensées !

Il avait l'intention de se placer à proximité et d'effectuer quelques tours de la cuvette mais seulement après avoir mangé un morceau lui-même. Quatre nouvelles heures à patienter sans rien faire allaient être longues mais c'était une tâche nécessaire et même vitale. Au moins devait-ce être la dernière nuit dans le secteur avant d'entamer le long voyage de retour.

[Voyageuse]

Les quatre heures lui parurent longues, en effet. Il ne se passa rien. Le froid s'intensifiait et un calme absolu régnait. Les étoiles brillaient comme des diamants piquetant la voûte céleste, et il n'y avait pas un bruit.
L'elfe s'éveilla d'elle-même, s'étirant telle un chat, et se redressa en lui souriant.
" Viens donc dormir à ton tour... les couvertures sont toutes chaudes !"
Elle tira un vieux pull informe de son sac et l'enfila, lui tendant la couverture.

[Kasumi]

Kasumi n'avait pas eu l'intention d'interrompre le sommeil nécessaire de l'elfe malgré son ennui. Il accueillit donc son éveil avec soulagement et ne se fit pas prier pour s'approcher des couvertures effectivement très tentante.

- Merci Eärundra ! Je n'ai rien noté pendant ma veille : tout est calme. Presque trop : je crois que je ne me ferai jamais à ce silence oppressant.

Mais déjà il se glissait avec soulagement sous les couvertures et esquissa un sourire d'aise : il se rendit compte qu'il était lui aussi épuisé. Passer son temps à rester vigilant et à ne rien faire était nerveusement exténuant.

[Voyageuse]

Ce fut la chaleur qui le réveilla. Le soleil, même s'il n'était pas encore très haut dans le ciel, dardait ses rayons brûlants sur eux. Un morceau de tissu lui couvrait les yeux, précaution prise par la druidesse, sans doute, pour ne pas le réveiller. mais la chaleur était intense...
" Tiens, bois une petite infusion, ça désaltère... Et je t'ai préparé le petit déjeuner."
La druidesse avait fait un tout petit feu avec quelques brindilles, sans doute. Des fruits, du pain et du fromage complétaient le menu. Comme la veille...
" Je me fais du soucis pour Ta'sslan. Les serpents sont capables de surveiller son abri pendant des jours et des jours... jusqu'à son retour peut-être. Et il y a laissé ses affaires. Je pense qu'il faudrait le prévenir... mais ça nous ferait perdre une journée."

[Kasumi]

Le demi-elfe s'extirpa sans attendre des couvertures qui rendait la chaleur encore plus pénible à supporter. En retirant le bandeau posé sur ses yeux pour constater que le petit-déjeuner l'attendait déjà il fut touché par ces petites attentions à son égard. Là encore il ne fit pas son difficile et accepta l'infusion d'un hochement de tête après avoir salué Eärundra. Il en but quelques gorgées qui humectèrent agréablement sa bouche et sa gorge tout en écoutant les inquiétudes de la druidesse.

- Tu crains qu'il puisse se faire surprendre ? C'est vrai qu'une partie des serpents risque de rester en embuscade maintenant qu'ils nous ont vu... Mais à quoi penses-tu : aller au devant d'Opale pour le prévenir ? Dans l'absolu, ça ne me gêne pas de perdre une journée mais le timing risque de devenir un peu juste pour mon rendez-vous avec Huassasth : nous n'aurions plus le droit à l'erreur.

[Voyageuse]

" C'est vrai que le timing est serré... "
Eärundra soupira.
" Ecoute... on peut aussi se séparer. Une fois qu'Opale nous aura rejoints, je peux aller avec elle retrouver Ta'sslan pour lui expliquer la situation. Je sais que je me fais sûrement du souci pour rien, il sera méfiant et détectera la présence des serpents, sans doute... Ou je peux aussi me faire aigle pour qu'on vole tous les deux à la rencontre d'Opale, au-dessus de la mer. Elle comprendra qu'elle doit nous suivre, elle nous guidera jusqu'à lui. Ça ne nous ferait pas perdre tant de temps que cela, on sera près de lui d'ici la fin d'après-midi, et on pourra repartir demain matin. C'est comme tu préfères...

[Kasumi]

Kasumi n'aimait pas l'idée de survoler la mer et d'être forcément visible de très loin tout en s'approchant dangereusement de la cité de Pénombre. Cependant, cela semblait être la moins mauvaise des deux solutions proposées :

- Nous devons l'aider même si le risque n'est peut-être pas aussi grand que nous le craignons. Et je ne veux pas que nous nous séparions : ce serait la solution la plus dangereuse et je n'aime pas te laisser prendre tous les risques...

C'était la pure vérité : non pas qu'il doutât des compétences de la druidesse mais elle était son amie et il n'abandonnait jamais ses amis.

- Nous allons donc à sa rencontre : moi avec Rubis et toi sur tes propres ailes ! De toutes façons le paysage ici n'a rien de particulier et je m'en serais voulu de ne pas voir cette fameuse mer de plus près ! Tu sauras tenir son rythme sur une aussi longue distance ?

[Voyageuse]

" Bien sûr ! Je dispose de toute l'endurance et la rapidité d'un aigle, et cette mer n'est pas si grande... J'irai un peu plus lentement que Rubis, mais il m'attendra... Et c'est l'affaire de cinq ou six heures de vol je pense."
Elle commençait déjà à ranger leurs maigres affaires.
" Plus tôt nous serons là-bas, mieux ce sera. Heu... par contre je vais manger quelque chose de plus consistant, sinon je ne tiendrai pas une si longue distance... Tu ferais bien de t'emporter un casse-croûte pour manger en selle. Mais je ne peux pas en faire autant... A moins qu'on ne trouve une île, je suis obligée de faire tout le trajet d'une traite."

[Kasumi]

Le rôdeur esquissa un sourire en constatant une nouvelle fois que la druidesse pensait à tout jusqu'aux détails pratiques de leur périple. Il était d'accord pour penser que le plus tôt ils arriveraient à contacter Ta'sslan, le mieux ce serait. Toutefois ils n'étaient pas à quelques minutes près et il entreprit de mettre quelques vivres dans une sacoche.

- Il vaut mieux éviter de se poser avant l'arrivée si nous pouvons l'éviter : nous serions vulnérables. Prends le temps dont tu as besoin pour manger mais méfie-toi : si tu as le ventre trop plein, tu voleras certainement moins vite ! Mais si tu fatigues, n'hésite pas à venir te percher sur mon épaule !

Il avait tenté cette plaisanterie comme pour éviter de penser à la mission dangereuse qu'ils se proposaient d'accomplir tous les trois.

[Voyageuse]

" Très bonne idée, répliqua la druidesse. Je le ferai sûrement... J'aurais peut-être pu me changer en mulot et me glisser dans ta poche, d'ailleurs. mais je préfère pouvoir voler de mes propres ailes, au cas où ça s'avère nécessaire. Je tiens à mon indépendance... Et puis, sous forme d'aigle, je peux dans une certaine mesure communiquer avec eux."
Elle avala un peu de viande froid et de pain, du fromage encore, un fruit de plus.
" Bon... allons-y ! Je passe devant, je te laisse guider Rubis et lui faire comprendre qu'il doit me suivre. Fais attention à bien équilibrer les bagages, même s'il y en a peu !"

[Kasumi]

Le rôdeur avait ri à l'idée de se retrouver avec une Eärundra de poche dans ses bagages mais il avait pris un grand soin à faire disparaître les signes de leur bivouac, à regrouper leurs affaires - y compris les vêtements abandonnés par la druidesse - puis à les fixer de part et d'autre de la selle de Rubis. Il commençait à en avoir une bonne expérience et la confiance qu'il commençait à développer avec l'aigle aiderait à faire le reste. Il laissa Eärundra prendre un tout petit peu d'avance avant de grimper en selle, de flatter le cou de Rubis puis de lui ordonner de décoller à sa suite. Il espérait ne pas la perdre de vue elle qui semblait si vulnérable sous cette forme...

[Voyageuse]

Eärundra n'était plus qu'un point minuscule dans le ciel, mais Rubis, avec sa vision d'aigle, la repéra sans peine et comprit qu'il devait la suivre. Ils se rapprochèrent peu à peu, restant toutefois à une distance raisonnable. Et ils mirent le cap sur le sud.
La mer, d'un bleu pur, ne tarda pas à se découper à l'horizon. Quelque part sur leur gauche se trouvait la cité de Pénombre, trop loin pour être distinguée, sans doute cachée par les brumes qu'ils apercevaient. La druidesse-aigle vint se reposer un moment sur l'épaule de Kasumi, nichant sa tête au creux de son cou, et lui écrabouillant désagréablement l'épaule pour rester en équilibre.
Petit à petit, il n'y eût plus que du bleu, sous leurs ailes, au-dessus de leur tête, partout où portait le regard. Et cette brume à l'horizon. Ils finirent par apercevoir un point blanc sur ce fond bleu. Un point blanc dans le ciel, qui grossissait. Opale. La druidesse se porta à sa rencontre, et l'aigle fit demi-tour. Il ne restait plus qu'à la suivre... jusqu'à ce qu'elle se pose, trois heures plus tard.
Kasumi avait eu largement le temps de dévorer son en-cas, de souffrir du soleil atrocement brûlent, et de s'ennuyer ferme. Ils devaient être quelque part au beau milieu de l'après-midi. Ils se posèrent au bord d'une petite cuvette dans le sable, comme celle qu'ils avaient quitté la veille au soir. Mais vide. Et ils ne se souvenaient pas avoir aperçu quiconque depuis le ciel.

[Kasumi]

Kasumi avait supporté avec stoïcisme le contact des serres lui blessant légèrement l'épaule. A la vitesse où ils se déplaçaient, il n'était pas étonnant que la druidesse ait besoin de se cramponner et il estimait que la situation était plutôt amusante en fin de compte. Après avoir survolé les étendues infinies de sable et de rocs pendant des jours, il était déstabilisant que le décor change ainsi du tout au tout et - n'eut été la sensation désagréable de se trouver si près d'une cité remplie de mages dégénérés et maléfiques - le voyage aurait même pu être assez agréable.

Le demi-elfe aperçut avec un grand soulagement l'aigle arrivant en sens inverse signifiant qu'ils tenaient le bon cap. De quoi oublier pendant quelques instants la chaleur étouffante qui lui brûlait la peu du visage où il ne pouvait pas se protéger à cause du vent. Durant la suite du trajet, il s'était attendu à chaque instant à apercevoir la silhouette de Ta'sslan se découper à l'horizon mais c'était évidemment impossible : le druide devait se cacher efficacement pour tenter d'échapper aux regards hostiles. Cela rendait d'autant plus problématique leur initiative à bien y réfléchir. Il était d'ailleurs probable que l'asabi leur fasse la réflexion qu'ils aient risqué de révéler sa position.

Encore restait à le trouver. Kasumi descendit prudemment de l'aigle en observant attentivement les environs à la recherche d'un signe de danger. Il était probable que Ta'sslan soit encore dans les parages mais il avait eu largement le temps de bouger depuis qu'Opale avait reprit son envol.

[Voyageuse]

Eärundra se posa à l'intérieur de la cuvette, où se découpait une petite caverne artificielle, comme celle où ils avaient logé durant deux jours. Elle reprit sa forme elfique, sans guère se soucier de sa nudité, et se mit immédiatement à l'ombre.
" Je pense qu'il faut l'attendre ici... On ne le trouvera pas s'il veut rester caché, mais lui a dû nous voir. Il reviendra sûrement par là. Et... Hum... tu as mes vêtements ou tu as décidé de profiter des circonstances pour m'obliger à rester nue ?" ajouta-t-elle d'un ton mutin.

[Kasumi]

Le rôdeur se détourna - mais sans précipitation cette fois. Il devait reconnaître que la vision d'Eärundra nue n'avait absolument rien de désagréable et - même s'il s'en voulut immédiatement de cette pensée légère - il ressentait un peu moins vivement sa gêne après ce qu'ils s'étaient échangés la veille et la décision qu'il avait prise la concernant. Il aimait Sylvia et - aussi séduisante soit la beauté elfique - la rôdeuse n'avait rien à envier à Eärundra de son point de vue.

Il revint au bout de quelques instants avec les vêtements de l'elfe et les lui tendit sans vraiment faire d'effort pour ne pas l'observer à la dérobée et en lui rendant même son regard taquin :

- Certainement pas : tu es tout à fait charmante ainsi mais je ne voudrais pas que tu attrapes un mauvais coup de soleil ! Avec cette peau de blonde, la crème serait obligatoire et il ne s'agirait pas que *tu* profites de la situation pour me recruter pour t'en passer dans le dos !

Une fois qu'elle eut saisi les vêtements, il se détourna finalement pour retirer les sacs pendant de la selle de Rubis. Sa compagne avait raison : Ta'sslan n'aurait pas manqué de les voir et il les rejoindrait sans qu'il soit besoin de le chercher. Toutefois, le rôdeur avait bien l'intention d'explorer la petite grotte pour vérifier que rien ne s'y tapissait mais cela pouvait attendre qu'Eärundra soit présentable.

[Voyageuse]

L'endroit où ils avaient atterrit se trouvait suffisamment loin de la mer pour qu'ils se sentent en relative sécurité. Ils ne tardèrent pas à apercevoir des "traces" du passage du druide, sous la forme d'une colonie d'araignées en migration, qui se dirigeaient de toutes la vitesse de leurs pattes vers la montagne située au sud. Elles ne pourraient pas franchir l'obstacle, bien sûr, et peut-être que cela ne suffirait pas à les mettre hors d'atteinte des mages de Pénombre, mais Ta'sslan n'avait guère d'autres solutions à sa disposition.
La petite caverne était complètement déserte, vraisemblablement définitivement abandonnée.
" Il a dû logiquement partir vers l'ouest, avança la druidesse, qui revenait vers lui après avoir enfilé ses habits, pour contourner la mer. Et à en juger par le temps que nous avons mis, il ne sera pas de retour ici avant trois heures... s'il revient."
Elle soupira.
" Que ferons-nous s'il ne revient pas ? Est-ce qu'on ne devrait pas aller à sa rencontre ? Mais il doit se cacher..."

[Kasumi]

Voilà qui compliquait un peu plus la situation : trois heures les mèneraient vers le début de soirée ce qui les bloquerait dans la petite caverne sans qu'ils puissent rien entreprendre d'autre. D'un autre côté, la dite caverne était un lieu de bivouac idéal pour la nuit et ils n'avaient de toute façon pas prévu de se remettre en route avant le lendemain. Le rôdeur prit le temps pour réfléchir à ses diverses options : entre attendre ici le retour hypothétique du druide ou tenter de se mettre à sa recherche quitte à le mettre en danger.

- Nous ne parviendrions peut-être pas à le retrouver : il doit se dissimuler efficacement aussi près du danger. Et nous risquons de le faire repérer car nous ne disposons pas des mêmes atouts. Peut-être devrions-nous attendre ici et s'il ne se manifeste pas d'ici à demain matin, nous lui laisserons des signes d'avertissement au moins dans la caverne et près de son autre abri. Est-ce que vous avez des moyens de communication propres à votre profession pour éviter qu'une information tombe entre de mauvaises mains ?