[Lieu] Les Commerces du Port

[Galathée]

" Très bien." dit simplement le tailleur.
Il alla frapper à la porte voisine et la Sunite reparut, portant une théière qu'elle posa sur une table voisine. Elle disposa trois tasses autour. Un parfum de citron et de bergamote flottait dans l'air.
" Les gnomes boivent du thé ? demanda-t-elle. Ça ne doit pas être facile de faire pousser des choses sous terre..."
L'artisan musardait parmi ses rouleaux de tissu, concentré, sans plus leur prêter attention.

[Alchem]

« Effectivement. Rares sont les plantes qui poussent sous terre. Nous autres, svirfnebelins, on cultive les champignons. De nombreuses variétés. Certains nous servent même de matières premières. Mais j’ai déjà eu l’occasion de boire du thé à quelques reprises. Et c’est avec plaisir que j’en prendrai. »
Alchem termina de se vêtir. Une fois fait, il replaça le couteau dans sa manche, effectua un rapide ajustement de sa tenue, puis s’approcha de la table.
« Vous avez l’air de vous connaitre, tout les deux. »
Le gnome supposait que le tailleur n’aurait pas envoyé un inconnu préparer du thé. Ou alors, c’était que les habitudes commerciale de la surface étaient très étranges.

[Galathée]

" Maître de l'Effeuille est le fournisseur du Temple de Sunie depuis près de trente ans, dit la jeune Sunite.
— Trente-deux, dit-il avec une fierté non feinte.
— Donc oui, je le connais."
Elle servit le thé et tendit une tasse à Alchem.
" Mais je ne crois pas que le rouge soit votre couleur.
— Hum... Du vert, je dirais. Ou du violet. Mais pas trop soutenu."
Il alla chercher un premier carré de tissu, du velours vert sombre, et le posa contre l'épaule d'Alchem.
" Trop triste, dit la Sunite.
— Hum."
Il revint avec un brocart violacé.
" C'est mieux. Vous avez une préférence, vous ?"

[Alchem]

Alchem prit la tasse, en but une petite gorgée et s’efforça de bien ressentir le goût de cette boisson peu familière. C’était pas mal, vraiment. Sauf que son attention était requise ailleurs. Le choix des couleurs... Si cela ne tenait qu’à lui, il aurait opté pour du gris. Mais c’était assurément la plus mauvaise réponse qu’il aurait pu donner. Tellement mauvaise qu’il se demanda comment le tailleur aurait réagit. Un gnome de la surface, il en était sûr, aurait osé la blague. Il observa l’étoffe verte, puis la violette, revint à la verte, haussa les épaules.
« Les deux couleurs me plaisent. Et puis, je vous fais confiance. Vous vous y connaissez mieux que moi. Du moment que ce n’est pas extravaguant, ça me va. »

[Galathée]

" Ça j'avais bien compris." dit le tailleur avec une grimace.
Il s'assit sur un tabouret haut puis parut pensif un moment, se tapotant le menton d'un doigt.
" Deux jours, lâcha-t-il finalement. J'ai pas mal de boulot en cours, et je ne laisse pas mes assistants triturer n'importe quoi. Est-ce que vous avez envie de broderie sur les revers du pourpoint ? Peut-être quelque chose rappelant la culture des profondeurs ? Un symbole ?"

[Alchem]

« Oui, pourquoi pas. »
Tout en trempant à nouveau ses lèvres dans la tasse, Alchem réfléchit à ce qui pourrait être brodé. La réponse lui vint assez facilement.
« Des étoiles. Brodez des étoiles. C’est un symbole que j’apprécie. »
Et ce, pour deux raisons. L’anneau d’or avec une étoile était le signe de Callarduran Doucemain, la divinité principale des svirfnebelins. Certes, le gnome suivait plutôt les préceptes de Baravar Sombretoge, mais celui-ci était un dieu des illusions et de la tromperie, il ne fallait pas être très malin pour afficher ouvertement son symbole. Ensuite, l’étoile, c’était le ciel nocturne, chose qu’Alchem trouvait particulièrement fascinante.
« Vous vous occupez aussi des chapeaux ? Je demande parce qu’il n’y a sans doute rien de tel pour cacher mon crane chauve. »
Avec sa taille, à peu près tout le monde allait le voir de haut. Le chapeau était vraiment stratégique.

[Galathée]

" Dans le temps, je faisais aussi des chapeaux, oui, dit le petit tailleur. Mais maintenant, je fais ça moins souvent, seulement pour des mariages, des cérémonies religieuses. Vous devriez aller voir chez les soeurs Novembre. L'une fait des chapeaux, l'autre des chaussures. Elles ne sont pas très loin, si vous suivez la rue, prenez la première à gauche, puis la deuxième à droite. Je peux vous donner un échantillon du tissu que j'ai l'intention d'utiliser, comme ça vous pourrez lui indiquer la couleur à laquelle il faudra assortir votre couvre-chef."

[Alchem]

Chaussures et chapeaux chez les sœurs Novembres... Alchem nota mentalement les indications de Maître l’Effeuille, puis répondit :
« Très bien, faisons ainsi. Je vais me rendre chez elles. »
Il reposa sa tasse vide sur la table.
« Merci pour le thé. Donc, le costume sera prêt dans deux jours, c’est bien cela ? Pour le payement, comment on procède ? »
Une fois les derniers détails réglés, il serait tant de partir de la boutique. Avec ou sans Eveline ? Cela faisait justement partie des détails à régler.

[Galathée]

" Vous paierez à la réception, dit le tailleur. Je ne peux pas présumer de votre satisfaction. Vous êtes mon premier gnome des profondeurs. La cité du soleil, ce n'est généralement pas leur destination favorite..."
Valentine s'était levée, elle aussi, et elle sourit au gnome.
" En route, messire Alchem. Allons vous chercher un chapeau."
Elle lui tint la porte tandis que l'artisan ne leur prêtait déjà plus la moindre attention. Ils regagnèrent la rue où se pressaient toujours de nombreux badauds. Certains s'écartèrent lorsque le gnome parut, mais la Sunite lui reprit le bras.
" Puis-je continuer à vous accompagner dans votre quête de l'élégance ? demanda-t-elle. Ou bien, voulez-vous profiter d'un peu de solitude ? Si ce mot a seulement un sens dans cet endroit..."

[Alchem]

Avant de quitter la boutique du tailleur, Alchem attendit de recevoir l’échantillon de tissu qu’il pourrait montrer aux soeures Novembre. Puis il salua poliment. Le voilà de retour dans la rue.
« Si vous êtes disposé à continuer de m’accompagner, je n’y vois pas d’objection. L’élégance est votre domaine. Ce serait sot de ma part que de me priver de vos conseils. »
De plus, avec la prêtresse, il pouvait circuler en toute sûreté. Il commença à se mettre en marche.
« Je prendrai aussi des chaussures, histoire de faire les choses jusqu’au bout. »
Dalius, depuis l’intérieur de sa poche, se fit entendre.
« Pour aller jusqu’au bout, Monsieur Gris, il te faudrait surtout un objet magique ultra puissant pour être plus beau ! »
C’était une taquinerie... mais le gnome ne dirait pas non à un tel objet. De la même façon qu’une perruque faisait partie intégrante du style de certaines personnes, il pouvait en aller de même avec un anneau magique. Mais du coup, où était la frontière entre le déguisement et le style ? En vérité, ce que le gnome ne voulait pas, c’était avoir trop de contrainte. Le maquillage, c’était contraignant. Pas un costume pratique ou un objet magique.
« Au fait, Valentine, j’y pense. Ne seriez-vous pas où je pourrais me procurer un objet enchanté accroissant le charisme ? Ce serait un outil utile dans mon cas. »

[Galathée]

" Et bien, il y a plusieurs boutiques qui vendent des objets magiques, bien sûr... Mais ce n'est pas bon marché... Enfin, j'imagine que vous ne cherchez pas non plus à devenir l'être le plus charmant de l'île... Si ce que vous voulez, c'est ne plus attirer les regards pour les mauvaises raisons, on devrait trouver un anneau ou un pendentif à un prix raisonnable."
Elle lui sourit, malicieuse.
" Mais vous allez du tailleur au chapelier en passant par le cordonnier, et parlez à présent d'objets magiques. Etes-vous un riche héritier, de là d'où vous venez ?"

[Alchem]

Alchem rendit à Valentine son sourire, un sourire plus furtif et moins malicieux. Puis, rattrapé par sa nature méfiante, il jeta aux alentours un regard afin de vérifier si, par hasard, il n’y avait pas des oreilles indiscrètes. Il ne répondit qu’une fois assuré de la confidentialité de l’échange.
« Ho, disons que j’ai quelques ressources financières. Je n’ai pas quitté les profondeurs les poches vides. Pour autant, j’ignore si j’ai assez pour un objet magique aux effets conséquents. Et même si c’était le cas, cela risquerait de me mettre en difficulté pour les dépenses courantes. Néanmoins, se renseigner ne coûte rien ! »
Le gnome avait sur lui mille pièces d’or environs, une somme tout de même conséquente. A ceci s’ajoutait une bourse contenant des pierres précieuses qu’il pouvait vendre. Bref, il était loin d’être pauvre. Cependant, sauf s’il pouvait profiter d’une bonne affaire ou s’il découvrait une source de revenue, mieux valait pour l’instant en rester à l’acquisition d’une nouvelle tenue.

[Galathée]

" Aux Merveilles Elfiques est l'établissement le plus renommé de la ville. Le mage qui l'a ouvert autrefois en a cédé le bail il y a quelques années, mais ça reste une adresse incontournable pour qui veut vendre ou acheter des objets dotés de magie ou des composants de sortilèges. C'est dans cette partie de la ville, mais pas exactement la porte à côté... Et je ne suis pas certaine que cela soit très bon marché... C'est le problème des endroits réputés. Cela dit, le charisme, c'est la spécialité des Sunites. Si ça se trouve, quelqu'un au Temple pourrait vous bricoler un enchantement pour un prix modique... ou en échange d'un service... Je ne sais pas."

[Alchem]

Aux Merveilles Elfiques... Et hop, un nom de plus. Tout était bon à prendre.
« Ma foi, si je peux rendre un coup de mains aux temples de Sunie pour obtenir ce genre de service, j’en serais ravi. J’ai une certaine expérience des tâches dangereuses. Remarquez, tous ceux qui viennent des profondeurs connaissent le danger. Peut-être que le mieux, ce serait qu’une fois ma tournée des boutiques dans ce quartier terminée je retourne au temple avec vous afin que je me renseigne. »
Alchem ne ménageant pas ses efforts, il était prêt à sillonner la ville en long, en large et en travers du moment que c’était utile. En tout cas, si les choses continuaient ainsi, il aurait bientôt aidé tous les temples de Lumenis.

[Galathée]

Valentine louvoyait entre les nombreux badauds avec une aisance d'habituée. Elle pilotait Alchem avec célérité, l'attirant et le repoussant pour qu'ils ne heurtent personne. Elle attira son attention, discrètement, sur un groupe de pickpockets afin qu'ils les évitent, lui acheta un petit pain sucré sur une échoppe, lui désigna l'une ou l'autre enseigne connue en ville : un boulanger, un armurier, un parfumeur.
Enfin, ils quittèrent la large artère qu'ils avaient arpentée pour s'engager dans des rues un peu moins fréquentées. Alchem décrypta le nom de celle qu'ils empruntèrent enfin : c'était larue de l'Espadon.

[Galathée]

Quittant les quais, après avoir longél'esplanade, Alchem et son compagnon improvisé bifurquèrent dans une petite rue transversale. Ils n'allèrent pas très loin : après un entrepôt fermé et quelques maisons sombres, ils parvinrent à une taverne d'aspect tranquille.
La Cale Sèche était un troquet sans prétention, quelques tables sur un plancher sombre, un comptoir et une aubergiste aux allures de femme pirate, des vestiges marins en guise de décoration sur les murs. Cependant, chose étrange, on n’y servait pas de bière. Seul le rhum y avait droit de cité, provenant d’une douzaine d’endroits différents, et parfumé de mille manières. Le compagnon d’Alchem était manifestement un habitué car il salua la patronne amicalement avant de se diriger vers une table dans le fond, à laquelle il s’installa sans faire de manière. Plusieurs autres hommes le saluèrent. Certains semblaient être des marins revêches, mais il y avait quelques officiers de marine, reconnaissables à leurs uniformes. La tenancière surgit une seconde plus tard et leur servit deux verres sans demander au svirnefbelin ce qu’il voulait.
« Le premier est offert par la maison, expliqua son compagnon. C’est l’étalon de la soirée. En fonction de votre réaction, elle saura vous orienter. »
Il avala le sien d’un trait, avant de frissonner, puis de sourire.
« Je crains de n’en savoir pas beaucoup sur les souterrains maritimes de Luménis. Comme je vous l’ai dit, les deux que j’ai repérés sont fermés, et je n’ai aucune idée de leur longueur ni de l’endroit où ils mènent… »
Il se leva et alla un moment au comptoir. Il revint avec un morceau de parchemin et un crayon à mine de plomb. Rapidement, il dessina le port, traçant les jetées, l’esplanade, la rade militaire, sans devoir réfléchir.
« Il y a quatre sorties des égouts dans le port… Une ici, une là, deux là. Il y a aussi six souterrains immergés. Le premier, là, mène au Castel des Beaux Etrangers. C’est une auberge pour monstres. C’est par là que passent les elfes aquatiques et les ondins quand ils viennent à Luménis. Le deuxième souterrain mène au troisième. A mi-distance, il y a un puits qui remonte jusqu’à la cour du Temple de Waukyne. Pourquoi, mystère. Peut-être qu’il fut un temps où c’était un Temple de Valkur ou d’Umberlie, je ne sais pas. C’est peu passionnant. Le quatrième, ici, remonte sur une grotte vide, qui se trouve sous le Parc Verdoyant. Vu la taille du conduit, il n’est pas impossible qu’il y ait une colonie de quelque chose sous la ville, dans des temps immémoriaux… Je ne sais pas… Des sahuagins ? Une bestiole amphibie ? Il ne reste vraiment rien dans la caverne, donc… Difficile de savoir. Les deux derniers sont fermés, comme je vous le disais sur la jetée. Je n’ai donc pas d’idée de ce qu’on pourrait trouver derrière. De l’eau, pour commencer, de toute façon. »

[Alchem]

L’atmosphère de ce troquet très marin était forcément nouvelle pour Alchem, mais pas désagréable. Un lieu calme où l’on pouvait discuter sans élever la voix. Tout en écoutant celui qui l’avait conduit ici, agréablement surpris d’avoir même un plan à observer, le gnome huma son verre de rhum. Sans être une découverte, il n’en avait consommé qu’à de très rares occasions. Il en but un petit tiers avant de commenter.
« Fichtre, c’est précis tout ça. Je ne m’attendais pas à avoir autant de détails, mais juste à quelques anecdotes. Ce n’est pas pour me déplaire, ceci-dit. Puis-je garder le plan ? »
Il vida un second tiers de son verre et reprit :
« Vous avez l’air d’être connu et d’avoir pas mal bourlingué. A qui ai-je l’honneur de parler ? »

[Galathée]

L'homme sourit. Alchem nota que ce qu'il avait de brillant sur les joues étaient en fait de fines écailles transparentes. Il en avait aussi sur le front et dans le cou, en particulier sur la nuque. Ses iris bleu sombre se confondaient avec ses pupilles.
" Je suis le capitaine Valtameri, pour vous servir."
Son sourire s'élargit.
" Je suis un genasi d'eau, c'est pour ça que je vous ai l'air bizarre. Je doute qu'on croise beaucoup d'êtres de ma race dans les profondeurs... sauf peut-être dans les lacs souterrains, qui sait. Et je vous laisse la carte, mais seulement si vous me promettez de ne pas explorer mes souterrains secrets sans moi. Maître... ?"

[Alchem]

« Alchem. Vous avez ma parole. C’est la première fois que je croise l’un des votre, ailleurs que dans un livre. »
« Hé ! Et moi ? » fit Dalius en sautant sur la table.
« Et lui, c’est Dalius, mon familier. »
Le dit familier en profita pour goûter le rhum. Le gnome, ensuite, termina son verre.
« Pas mauvais. Quel est l’endroit le plus simple pour vous trouver, capitaine ? Ici, peut-être. »

[Galathée]

" Salut Dalius, dit le genasi. Et enchanté, maître Alchem."
Il sourit et se carra dans son siège.
" Ce n'est pas le meilleur endroit pour me trouver, non. Je suis capitaine dans la marine régulière et mon domicile est le pont de mon navire. Mais la Généreuse a connu des avaries lors de sa dernière sortie, et je suis donc consigné à terre pour une durée indéterminée. Je crains que ma petite frégate ne soit pas prioritaire au chantier, de surcroît. J'habite à la pension de l'Oursin, rue des Iles Perdues. Ce n'est pas très loin d'ici."
Il reprit son plan et y ajouta quelques rues, plaçant la taverne où ils se trouvaient puis, un peu plus loin dans la ville, sa pension.
" Mais dites-moi, Maître Alchem. Qu'est-ce qu'un jeune svirfnebelin tout juste sorti de terre irait donc faire dans les souterrains luméniens ?"

[Alchem]

Jeune ? Alchem ne releva pas, mais cela l’amusa un peu. Sans être vieux, sa jeunesse était belle et bien derrière lui. Cependant, évaluer l’âge sur un visage de son genre n’était pas des plus simples, supposait-il.
« J’en ai strictement aucune idée. Mais sait-on jamais, peut-être qu’un jour, quelque chose me poussera à le faire. Je serai alors contant de m’être renseigné au préalable. Vous savez, nous autres, des profondeurs, on préfère poser les questions quand on en a l’occasion. Sinon, c’est un coup à le regretter. On n’est jamais assez préparé aux imprévus. »
Il lorgna du côté du comptoir.
« J’avais dis que je vous payerai un verre. Toujours intéressé ? »

HRP :
Petite astuce pour écrire ce nom bizarre de gnome sans erreur :
1 Penser à gobelin.
2 Transformer Gobelin en NEbelin.
3 Rajouter devant la petite partie exotique : Svirf. C’est elle qui est difficile à prononcer et un peu chiante à se rappeler.
Et hop : Svirfnebelin.

[Galathée]

HRP : attention, me faire la leçon, comme ça, c'est me provoquer pour que je fasse de pire en pire o

" Pourquoi pas ? dit le genasi, affable. Ce n'est pas comme si j'avais beaucoup d'obligations en ce moment. Je veux bien un verre à la carambole. Il est corsé mais avec un petit arrière-goût exotique qui m'a toujours bien plu. Je vous le déconseille, cependant, Maître Alchem, si vous n'êtes pas coutumier des boissons fortes. Mais je sais que vous dormez à la Bienveillance. Au pire, je vous y rapatrierai."

[Alchem]

HRP : mais ce n’est pas une leçon, ô grand MJ ! C’est une astuce, juste une astuce, une toute petite et gentille astuce !

« Je veux bien tester. J’ai l’habitude des boissons fortes. Celles de chez moi arrachent la gorge, d’après ceux qui ont osé y goutter. De plus, j’avais des nains dans mon entourage. Je suppose que cela aide. »
Il se tourna vers la tenancière femme pirate :
« Deux verres à la carambole, s’il vous plait ! »
« Chouette ! J’ai hâte d’essayer ! »
Le svirfnebelin refit face au capitaine avant d’ajouter :
« Puisqu’on parle d’alcool, oui les gnomes ont une aussi bonne descente que les nains. On boit pas mal là-dessous. A quelques reprises, j’ai assisté à des concours très serrés. Après, ce n’est pas moi qui peut le prouver. Deux trois verres, ça me suffit. »

[Galathée]

" J'imagine que c'est comme partout : certains sont solides, d'autres moins solides, et ceux qui sont solides se pourrissent en réalité les entrailles, et un jour, après avoir prouvé au monde entier qu'ils étaient capables d'ingurgiter leur poids en tord-boyaux, ils s'écroulent la panse distendue, et finissent à nourrir ici les rats, là-bas les vers, plus loin les poissons."
Il sourit tandis que l'aubergiste leur portait leurs consommations.
" Mais vous pensez bien qu'un militaire se doit de rester raisonnable et de connaître ses limites. Jeune marin, j'étais coutumier de ces nuits où les souvenirs se suspendent soudain... qu'ai-je fait ? dans quel endroit ? avec qui ? quelle est cette demoiselle auprès de laquelle je me réveille à présent ? d'où me vient cet oeil au beurre noir ? à quoi ai-je dépensé ma paie ?"
Il rit.
" Tout ça est révolu depuis bien longtemps."

[Alchem]

« J’imagine, oui. Je suis moi-même un peu militaire. Un militaire gnomes des profondeur, c’est assez spécial, ce qui ne change rien au fait qu’on se doit d’être très raisonnable. »
Militaire... Terme un peu inapproprié, quoi que dans les faits, il faisait tout de même partie de la garde d’Ornegemme. Pas tellement d’uniforme ou de salut spécifique, mais la mission de protéger la communauté. Patrouilleur en chef était le titre exacte. Il collaborait avec les soldats nains de Lameroy. Alors oui, peut-être qu’on pouvait le qualifier de militaire, de militaire exotique. Mais un militaire plus en service. Le svirfnebelin entama son verre. Cette nouvelle variété de rhum allait-elle lui plaire ? Ce qui était certain, c’est qu’après, il n’y aurait plus d’alcool pour la soirée. Il ne voulait pas être ivre. Il détestait perdre le contrôle, ne plus être maître de lui-même.

[Galathée]

Le rhum était effectivement très fort, avec un arrière-goût sucré assez prononcé, original, inconnu des papilles du gnome.
" J'imagine que la vie dans les profondeurs doit être autrement plus dangereuse qu'en cette contrée bienheureuse... Où se trouve votre cité d'origine ? En Hélonna ? Je connais les cités naines, les cités elfes, la plupart des cités humaines, mais je dois avouer que je n'ai jamais vu de ville svirfnebeline. Sont-ce des cités comme Luménis, hormis que le toit des maisons culmine à quelques mètres sous la voûte d'une grotte gigantesque ? Ou vivez-vous dans des maisons taillées à même la roche, comme des grottes aménagées ?"

[Alchem]

Tout en sirotant ce rhum qui, décidément, était une belle découverte, Alchem répondit :
« Effectivement, le monde des profondeurs est hostile. Et plus on s’enfonce, plus on trouve des horreurs. J’ignore ce qu’il y a tout en bas, je ne sais même pas s’il y a un fond, mais je sais que tenter d’explorer le cœur de la terre est de la folie. Ma cité se trouve quelque part sous Hélonna. On entretient une route commerciale avec Lameroy. Vous devez connaître. C’est par là que j’ai gagné la surface. Notre architecture fait un peu penser à celle des nains. Nous sommes des peuples de la pierre. Certaines maisons sont creusées dans les parois, d’autres construites dans les vastes espaces qu’offrent les grottes. La ville s’étend autant horizontalement que verticalement. Les rues en hauteur sont des ponts. Niveau décoration, je dois le concéder, c’est assez austère. Rien à voir avec Lumenis. Mais il y a chez nous un poignant sentiment de sérénité. »
« Hé, tu m’en laisses un peu ? »
« Vas-y. C’est vraiment pas mauvais. »

[Galathée]

" Un rat alcoolique, je n'aurais jamais imaginé ça. Comment une si petite créature peut-elle ingurgiter un tord-boyaux pareil sans tomber raide, ça me fascine... dit le genasi en riant. Mais c'est un familier de mage, je sais. Ils ne sont pas tout à fait ordinaires."
Il vida son verre.
" Vous avez raison de penser que Luménis n'est pas une cité qui invite à la sérénité. Elle est beaucoup de choses, elle inspire beaucoup d'émotions... mais la sérénité, pas souvent. Il faut dire que c'est le lot des grandes villes... Beaucoup de monde, beaucoup de tourments, beaucoup de défis... et des convoitises... Ce n'est pas rien. Cela ne doit pas être simple, pour quelqu'un qui a connu le silence de la terre. Vous avez l'air de bien vous adapter."

[Alchem]

« J’essaie de faire de mon mieux, en tout cas. En entreprenant ce voyage, je savais qu’il me faudrait fournir beaucoup d’efforts en ce sens. »
Alchem écarta son verre de Dalius afin de le vider.
« Mais ! Encore une goutte ! Juste une ! »
« Juste une. »
Le gnome sourit et commenta :
« Mon familier boit tout ce que je bois. Alors forcément, il s’est habitué. Et vous, vous venez d’où ? Les votre vivent dans un coin à eux ? »

[Galathée]

" Les genasis d'eau ne forment jamais de communauté. Nous sommes des apatrides et des orphelins. Nous vivons parmi les elfes aquatiques ou parmi les hommes. Personnellement, j'ai été adopté par un capitaine luménien et son épouse, il y a de cela trente-six ans, à présent. Ils m'ont élevé comme si j'étais leur fils. D'où je viens... de la mer. Je n'en sais pas plus. Mais c'est chose fréquente dans ma race. Il faut juste vivre avec."
Il fit signe à l'aubergiste de revenir le servir, interrogeant Alchem du regard.