[Lieu] Cojum

[Kasumi]

Manost compte quelques cités sous sa tutelle sur le continent. Cojum fait partie du fleuron de ces communautés vouées au culte de Helm. Loin d’atteindre la taille impressionnante de sa cousine du sud, la Cité du savoir est lovée à la périphérie du Bosquet des Pierres, un territoire encore sauvage et boisé avec lequel contrastent les vastes champs de vigne qui font la richesse du terroir des plaines orientales.

Il est relativement difficile d’accéder à cette cité car la seule route pavée passe à proximité du territoire Mélandien. Ce fut pendant longtemps un frein pour son développement commercial bien que de nombreux marchands aient risqué le voyage pour la qualité unique des vins, dans cette partie du monde.

Considérer que la bourgade est vouée à l’agriculture serait une erreur grossière que s’empresseront de démentir les habitants du cru. L'université de magie de Cojum est la plus prestigieuse de tous les territoires helmites. La plupart des cadres de la célèbre Guilde des Arcanes de Manost y ont été instruits.

Et c'est dans cette cité baignant dans la spiritualité que sont aussi formés nombre de prêtres et de paladins de Helm. Ils peuvent y trouver le recueillement et la sérénité nécessaires à leur parcours.

D'autre part, la Cité compte en ses murs des bibliothèques parmi les plus imposantes, des lieux de savoir qui dépassent de loin ceux de la Cité bénie.

Les sages des temples, tout comme ceux qui s’intéressent à la magie, en font un passage obligé pour atteindre les sphères les plus élevées du savoir. Certains grimoires consignés ici sont des exemplaires uniques vieux de plusieurs siècles et issus de plusieurs civilisations. La cité compte également parmi ses habitants des sages continuant de recueillir, de perfectionner et d’alimenter cette merveilleuse collection digne du trésor du plus ancien des dragons.

Bien que ce savoir ait suscité la convoitise à maintes reprises et que la Cité Manostienne y ait détache une garde permanente pour défendre les remparts de la cité intérieure, la menace la plus pressante touche avant tout les hameaux et les communautés rurales parfois très isolées.

Le voyageur qui porterait ses pas jusqu’aux faubourgs de Cojum y trouverait un endroit aussi charmant qu’accueillant. L’essentiel des maisons construites à l’extérieur des remparts ne compte jamais plus de deux étages d’une architecture modeste quoique robuste. C’est également dans cette partie de la ville que sont organisées les fêtes traditionnelles commémorant les grands évènements religieux ou tout simplement le grand Festival de la Moisson. Les places pavées et les champs alentours se parent alors des milles couleurs des toiles tendues dans l’entrelacs des échoppes, des pistes de danse et des lieux de restauration.

L’intérieur de la Cité est beaucoup plus proche de son modèle Manostien et compte des bâtiments très anciens construits en pierre. Les promenades pavées et fleuries sont un lieu idéal pour l’étude à l’abri des ormes parsemant ici et là les pelouses. Des bancs de pierre, des statues et des fontaines décorent ces lieux paisibles et silencieux, une alternative, durant les beaux jours, aux salles d’études des bâtiments officiels ou de l'université.

[Kasumi]

Quête : œil pour œil

Il pleuvait... On ne pouvait pas s'empêcher de le remarquer quand on venait - moins d'une seconde plus tôt - de quitter une Manostensoleillée. Le petit groupe composé de Malo, d'Angèle et de Wilhem, le clerc d'Oghma se tenait au bord d'une petite route qui grimpait devant eux à flanc de colline. La paladine reconnut - en surplomb de leur position - les toits des bâtiments de Cojum qu'elle n'avait pourtant fait qu'entrapercevoir lors de son dernier et unique séjour dans la cité du savoir.

- Au temps pour les préjugés concernant la météo, ironisa aussitôt Malo.

[Althéa]

Alors, ils étaient arrivés et leur voyage n'avait duré que quelques secondes. C'était presque tricher. Elle regarda la ville qui s'étendait presque à portée de main. Bien qu'à demi consciente la première fois qu'elle les avait vus, elle ne les avait pas oubliés. La dernière fois, elle avait vomi suite au sort de téléportation ou peut-être de la fièvre. Aujourd'hui, elle ne ressentait qu'un léger malaise et heureusement. Elle aurait eu trop honte d'être malade devant les deux autres.

C'était en soi une petite revanche bien qu'amère parce que Morgan n'était plus là. Mais elle savait que quelque part, une part d'elle-même l'accompagnait encore. Elle l'imagina déambulant sous les toits à la rencontre de sa fille de longues années d'absence. Elle se demanda si elle arriverait à reconnaître la maison de son amie de qui était à présent bien loin.

Si elle sourit à la remarque de Malo, elle n'ajouta rien.

[Kasumi]

Malo remonta la capuche de son manteau et fut aussitôt imité par le clerc d'Oghma qui lança le mouvement sans attendre : Cojum était perchée sur une éminence à laquelle il était possible d'accéder par une unique route. Toutefois, Angèle nota aussitôt que de nombreux chariots et de plus encore de tentes encombraient la plaine située au pied du chemin et de par et d'autre de la route à chaque fois qu'une zone plate le permettait. Wilhem prit la parole sombrement avant qu'elle ait pu lui poser la moindre question à ce sujet :

- Ce n'est pas une période de festival. Ces gens doivent donc être des réfugiés ayant fui les zones menacées...

Inutile de préciser la nature de la menace : la guerre embrasait tout le continent et se rappelait constamment aux esprits distraits.

[Althéa]

hrp : j'ai modifié. Avec toutes mezexcuses.

Angèle était demeurée tête nue, savourant la sensation de la pluie sur son visage. Ce n'était pas un peu d'eau qui allait lui faire peur. Elle observa un petit moment le ballet incessant des chariots se dirigeant vers la ville. La guerre était partout et chacun savait que les civils en étaient les premières victimes. Elle se demanda où en étaient les combats se rappelant que si elle n'avait pas été démobilisée suite à son "accident" elle se serait trouvée au milieu des troupes.

S'arrachant avec difficulté à ses pensées moroses, elle emboîta le pas aux deux autres. Bientôt, elle verrait les portes de la cité du savoir.

[Kasumi]

HRP : vraiment aucun souci Althy

Mais bien avant d'atteindre les portes, les trois compagnons durent traverser une certaine cohue à peine organisée pour laisser la route plus ou moins libre. Ici, à quelques pas des murs protecteurs de la cité du savoir, s'agglutinaient des familles apeurées survivant dans un grand dénuement. Il était probable que nombre d'entre eux avaient dû quitter leur logement en emportant le strict minimum. L'esprit analytique de la paladine enregistra que la plupart des tentes était uniforme et portait les insignes de l'armée, signe que les autorités n'étaient pas restées complètement sourdes aux malheurs des civils même si l'accès à la ville et à son enceinte semblait leur avoir été refusé.

[Althéa]

Angèle regarda un long moment ces familles apeurées, parties dans le plus grand dénuement. A Manost, tous avaient la chance d'être à l'abri des hauts murs. Pas dans les campagnes. Les parcours de ces gens étaient incertains et ils avaient laissé derrière eux leurs foyers et de nombreux souvenirs. Elle espéra de tout coeur que cette guerre s'arrête au plus vite.

La pluie redoublant, elle se résolut à rabattre la capuche de son manteau avant de presser le pas pour rejoindre les deux hommes.

[Kasumi]

Vingt minutes plus tard environ, les trois voyageurs arrivaient devant les portes principale de la ville mais ils durent encore patienter pendant une dizaine de minutes dans la queue formée par des dizaines de réfugiés dont la plupart devaient rebrousser chemin. Quand Angèle arriva enfin sous l'arche de la porte, un garde lui fit signe de s'arrêter en lui jetant un regard las aux bagages qu'elle et ses compagnons transportaient :

- Bonjour. Vous allez pouvoir vous installer dans le campement nord-ouest : vous verrez, c'est indiqué en bas de la pente. Avez-vous besoin d'une tente et de couvertures ?

Selon toute vraisemblance, le garde les prenait pour des réfugiés eux aussi...

[Althéa]

Angèle abaissa son capuchon, dévoilant ses traits. Peut-être le garde en faction donnerait plus de crédit à leurs visages découverts.

"Bien le bonjour. Nous ne sommes pas des réfugiés mais de simples voyageurs. Nous aurions besoin de séjourner quelque temps en ville pour des recherches dans votre bibliothèque. Nous sera-t-il possible de passer les portes, s'il vous plaît ?"

Par rapport aux gens qui se trouvaient soudain sans foyer, leurs préoccupations étaient, hélas, bien dérisoires.

[Kasumi]

Angèle conservait une aura même quand elle ne revêtait pas une armure ou le symbole de son ordre. A moins qu'il ne s'agisse tout simplement du ton de sa voix, bien loin de celui adopté par la plupart des réfugiés de guerre. Toujours est-il que le garde changea immédiatement d'attitude à l'égard du petit groupe :

- Bien sûr, excusez-moi d'avoir préjugé. Mais je dois vous prévenir que les auberges de la ville sont combles ou presque. Et je dois vous demander vos noms et d'où vous venez...

Ce fut le prêtre Oghman qui se chargea cette fois de prendre la parole en sortant son symbole divin de sous sa tunique :

- Je suis Wilhemn prêtre du Lieur en pèlerinage. Les noms de mes compagnons ne seront peut-être pas nécessaires.

Le soldat semblait un peu gêné sur la conduite à tenir et son regard passa de Malo à Angèle comme s'il hésitait à les laisser passer ou à appliquer les consignes qu'on lui avait signifiées.

[Althéa]

Angèle eut un petit sourire en direction du garde.

"Il n'y a aucun soucis. La guerre emmène malheureusement un bon nombre de personnes de personnes devant vos portes. En d'autres circonstances, nous aurions fort bien pu nous trouver à leur place. Mon nom est Angèle d'Aulfray et je viens de Manost ainsi que Sieur Maloran ici présent."

Elle passa le fait qu'elle était paladine de Tyr sous silence. Son dieu étant encore celui par qui la catastrophe était arrivée ... Elle n'avait pas envie de se frotter à quelques revanchards.

"Nous aimerions profiter des connaissances que renferment votre immense bibliothèque."

Là encore, elle n'avait pas envie de trop en dire.

[Kasumi]

Le garde parut grandement soulagé de pouvoir noter leurs noms à tous sur son parchemin et il leur répondit en retour - avec un peu plus d'enthousiasme que nécessaire :

- Soyez les bienvenus à Cojum dans ce cas. La Bibliothèque est l'un des seuls lieux qui n'aient pas été pris d'assaut par la cohue encore.
Wilhem répondit pour couper court à d'autres questions éventuelles :

- Je sais où se trouve la bibliothèque : je vais vous montrer le chemin. Et puisque les auberges sont prises d'assaut, que diriez-vous de venir tenter votre chance au temple d'Oghma ? Jer ne garantis pas qu'il y aura de la place mais vous aurez plus de chances qu'en toquant à la porte de toutes les auberges de la ville.

[Althéa]

Ce n'était pas ce qu'ils avaient prévu à la base mais c'était une solution raisonnable. Au temple d'Oghma, ils avaient un endroit où dormir. Et Malo, qui s'était défini à plusieurs reprises comme avide de connaissances ne serait pas dépaysé. Et peut-être qu'avec un peu de chance quelqu'un là-bas serait susceptible de le reconnaître. Angèle sourit au clerc avant de hocher la tête.

"Nous pourrions essayer en effet. Cela nous rendrait un immense service s'ils nous acceptaient sous leur toit. Nous aurions aussi un point fixe autour duquel rayonner au fil de nos recherches."

Et ils pourraient aussi laisser leurs affaires le temps de quelques repérages en ville.

[Kasumi]

L'affaire étant entendue, Wilhem les fit passer les portes de la ville. Force était de constater que les rues de la ville étaient encombrées à l'inverse des étals du petit marché qu'ils traversèrent : visiblement l'afflux de réfugié avait entraîné une pénurie de produits frais, sans doute à des lieues de ce à quoi Angèle et Malo s'étaient préparés. Ce dernier murmura d'un ton triste à l'oreille de la paladine :

- C'est mieux qu'Amélie ne soit pas venue avec nous je crois...

La ville faisait en effet peine à voir et la majorité des passants semblait préoccupés et même soucieux. Imperméable à l'ambiance des lieux ou l'ignorant volontairement, le prêtre attira leur attention en les menant vers une large avenue se dirigeant vers le centre ville.

- Vous verrez, le temple d'Oghma est situé juste à côté de la grande bibliothèque.

[Althéa]

La ville faisait peine à voir. Elle était quelque part le miroir de Manost. La population aux abois, la pénurie sur les étals et la morosité ambiante. Angèle ne s'était pas attendue à trouver Cojum ainsi. Etait-ce ainsi qu'Amélie l'avait vue, juste avant son départ ? Si oui, elle n'en avait rien dit. La jeune barde avait un optimisme et un allant bien supérieurs aux siens. Mais comment aurait-elle réagi en voyant sa ville en souffrance ? Mal sans doute. Elle chuchota à Malo.

"Oui, et je pense qu'elle est bien plus en sécurité à Manost de toute façon. Je crois que j'éviterai de lui décrire la ville en revenant."

Elle répondit au prêtre avec un petit sourire.

"Cela nous sera très pratique."

Elle-même ne se souvenait plus de l'aspect de la ville qu'elle avait parcourue, voilée par le brouillard de la fièvre. Elle aurait aimé la voir autrement.

[Kasumi]

HRP : désolé de te présenter Cojum dans cet état mais cela me semblait plus logique avec la guerre qui fait rage à quelques centaines de kilomètres de là.

En se rapprochant du centre de la petite cité, les voyageurs croisèrent moins de monde dans les rues. Dans certaines d'entre elles, les seuls signes de présence humaine semblaient même parvenir des quelques auberges et tavernes reconnaissables à leurs écriteaux. Dans d'autre, c'était des patrouilles de soldat parcourant inlassablement la ville pour donner un semblant de sécurité à ses habitants.

Et enfin, à la faveur d'un tournant, Angèle se retrouva dans une avenue menant à la grande place de Cojum. Un lieu qui semblait presque déplacé par rapport à ce qu'elle avait vu près des portes et sur la colline. Le vaste espace était dallé de grès et de marbre et disposait de plusieurs fontaines à margelles. Dans le prolongement de l'avenue était érigé un immense bâtiment de sept étages. Un escalier d'une dizaine de marches en occupait toute la longueur et permettait d'atteindre des arcades puis les grandes portes d'airain de la célèbre bibliothèque, gardienne du savoir de tout un pays, toute une culture.

Des bâtiments de taille plus modeste entouraient la place : le temple d'Oghma en occupait une partie de l'aile ouest à en juger par le symbole ornant sa façade. A l'opposé, un bâtiment à peine moins impressionnant que la bibliothèque se tenait derrière une grille sur laquelle un écriteau indiquait : "Académie de Cojum".

[Althéa]

hrp : hé, mais y a aucun problème C'est logique comme ça.

Ainsi, c'était ici le domaine du savoir, le point névralgique de la ville. C'était tout simplement beau. Elle contempla la bibliothèque comme un homme mort de soif regarderait une vaste étendue d'eau. Là dedans se trouvait la réponse à de nombreuses énigmes bien loin du pragmatisme et de l'esprit étriqué de Manost. Ici dormaient sûrement pléthore de livres d'astronomie et d'astrophysique à jour sur les dernières découvertes mais également tous les livres de droit qu'elle n'aurait jamais l'opportunité de consulter. Et pourquoi pas aussi des ouvrages d'Angélique Mystéria. Cela, elle ne voulait pas le savoir. Mais il y avait sûrement ce qui les intéressait en priorité : des informations sur les civilisations disparues perdues pour tout Toryl depuis une éternité. Attendant d'être retrouvées.

Elle eut du mal à détacher ses yeux de l'endroit. Quelques instants, elle eut l'impression d'avoir Morgan à ses cotés et de l'entendre dire. "Je t'avais dit que c'était magnifique." Elle sourit presque à cette douce illusion avant de se tourner vers les deux autres.

"Peut-être devrions-nous attendre de voir si les prêtres peuvent nous héberger et nous installer avant de nous mettre au travail."

Il lui tardait de commencer.

[Kasumi]

- Bonne idée, lui rétorqua Malo et il était visible qu'il ne parvenait pas non plus à détacher son regard de l'impressionnante bibliothèque. Wilhem les invita à les suivre vers la façade ornée d'un symbole en forme de parchemin tout en leur précisant qu'il préférait tout d'abord parler lui-même aux prêtres pour négocier leur éventuel asile.

A l'entrée du temple, le clerc d'Oghma parla à voix basse avec l'un des gardes qui se précipita à l'intérieur. Au moins purent-ils profiter de l'abri du auvent de pierre pour éviter d'être encore plus trempés qu'ils ne l'étaient déjà.

Quelques minutes plus tard, le garde revint mais n'autorisa le passage qu'à Wilhem. Malo ne se priva pas de murmurer à l'oreille d'Angèle :

- Eh bien, il me semble que l'accueil pourrait difficilement être moins chaleureux !

[Althéa]

Angèle demeura quelques secondes interdite avant de répondre doucement.

"Peut-être devrons-nous chercher une place à l'auberge finalement."

Sambre, même dans ses plus mauvais jours n'aurait jamais traité un étranger de la sorte. Mais il y avait peut-être un imprévu qui requérait la présence du clerc en urgence et rendait la leur gênante. Elle préféra s'éloigner quelque peu des gardes nerveux en attendant que la situation se calme. En espérant que Malo la suivrait, elle gagna l'abri précaire mais sec d'un porche. Si Wilhem revenait, il ne manquerait pas de les voir. Il ne restait plus qu'à attendre.

[Kasumi]

Et Wilhem ne tarda effectivement pas à revenir en arborant une expression quelque peu contrariée. Il n'y alla pas par quatre chemins pour leur expliquer la situation :

- Apparemment, le grand lieur a donné pour consigne de ne plus accueillir de visiteurs qui ne partageraient pas notre foi. Comprenez le bien : le temple est déjà bondé de fidèles et il ne reste que très de peu de place disponibles. Cependant, il m'a indiqué que l'Académie pourrait certainement vous accueillir. Il va vous rédiger une lettre de recommandation mais elle ne sera pas prête immédiatement. Je peux vous proposer de déposer vos bagages au temple pendant le temps où vous aurez à patienter.

[Althéa]

C'était prévisible, surtout en temps de crise avec le nombre important de personnes en ville. Et Angèle n'en voulait pas aux prêtres du lieur.

"Nous sommes désolés de vous causer des soucis. Nous aurions dû prévoir la situation en ville. L'accadémie conviendra fort bien, merci. Pour ce qui est des affaires si nous pouvons les entreposer quelque part, cela ne serait pas de refus. Peut-être pourrions-nous faire un repérage à la bibliothèque en attendant que la lettre soit rédigée."

Si toutefois on les laissait entrer avec leurs vêtements gorgés de pluie.

[Kasumi]

Le prêtre anticipa cette question non posée en répondant avec un grand pragmatisme :

- C’est une bonne idée : moi-même je comptais m’y rendre dans l’heure. Vous pourrez utiliser ma chambre pour vous changer si vous le désirez. Puis nous nous rendrons ensemble à la Bibliothèque à moins que vous préfériez partir de votre côté et qu’on se redonne rendez-vous ici ?

[Althéa]

Angèle hocha la tête.

"Nous pourrions nous rendre tous les trois de concert. Je pense que vous vous repérerez plus facilement que nous dans les travées. Pour ce qui est de nous changer, ce serait effectivement une très bonne idée. Je vous remercie de nous aider."

Les lieurs étaient décidément très prévoyants.

[Kasumi]

La paladine et son "protégé" purent se sécher les pieds sur un tapis laissé à cet effet à l'entrée du temple mais ils continuèrent néanmoins à goutter de la tête aux pieds sur le dallage noir et blanc de la maison du savoir. Plus d'un clerc - et même quelques novices à qui reviendraient certainement la corvée de nettoyage - leur jetèrent des regards sombres sur leur passage. Néanmoins, Wilhem les mena sans dévier de sa trajectoire vers un couloir latéral menant à un escalier. A l'étage, ils pénétrèrent dans un couloir dont toutes les portes étaient rigoureusement identiques. Le prêtre en ouvrit une vers la mi-couloir et s'effaça devant une petite pièce sans fenêtre et meublée uniquement d'un lit étroit, d'une simple table et d'une unique chaise.

- Honneur aux dames !

[Althéa]

Angèle se changea sans perdre de temps. Elle était trempée jusqu'aux chausses aussi se défit-elle de tout. Elle remplaça sa tunique par une autre un peu plus chaude d'une teinte gris bleutée. Elle se souvint avec une certaine nostalgie que Morgan lui disait qu'elle mettait en valeur ses yeux. Au dessus, elle enfila un surcot de laine beige clair. Pour les chausses, elle enfila des grises, les plus chaudes possibles. Le tout était de ne pas s'enrhumer.

Elle rangea ses vêtements mouillés au fond du sac et laissa rapidement la place à Malo pour qu'il puisse se changer à son tour.

[Kasumi]

Malo lui jeta un regard qu'elle ne put qu'interpréter comme admiratif avant de prendre sa place dans la petite chambre. Lui n'avait pas autant de possibilités de rechange mais il ressortit tout de même, moins de trois minutes plus tard, vêtu de sec. Il avait laissé son sac à côté de celui de la paladine, juste sous la table.

Les deux trentenaires restèrent dans le couloir - Malo ne prenant pas l'initiative de la conversation - tandis que Wilhem prenait son temps pour changer de tenue à son tour. Il semblait n'en avoir pas changé tant celle qu'il portait était identique à la précédente. Identique mais sèche elle aussi.

- Très bien ! Allons-y si vous le voulez bien : le savoir n'attend pas !

Wilhem leur fit parcourir le chemin inverse, attirant de nouveaux regards - curieux cette fois - jusqu'aux portes du temple. A l'extérieur, ils durent presser le pas pour échapper à la pluie mais atteignirent le perron de la Grande Bibliothèque en étant plutôt secs.

- Attention, les conversations ne sont tolérées - et qu'à voix basse - que dans le hall. Le silence est de rigueur dans les salles de lecture. Je vous conseille l'écrit si vous voulez échanger. Nous autres prêtre du Lieur maîtrisons d'autres techniques utiles cela dit.

Puis, avant d'obtenir leur réponse, il ouvrit l'un des battants de la porte principale du bâtiment...

Derrière se trouvait une salle aussi vaste que dans les rêves les plus fous d'Angèle. Le hall était une zone ouverte jusqu'au toit du bâtiment, sept étages plus haut. Le sol devant elle était composé de parquet finement ajusté. Entre les colonnes gigantesques étaient disposées des dizaines de tables de lecture dont bon nombre étaient occupées par des lecteurs attentifs. Des escaliers couverts de moquette pourpre permettaient d'accéder aux différents paliers, faisant rêver à des trésors quasiment infinis de savoirs en tous genres. Devant la porte, au pied de l'escalier principal menant au premier étage, un comptoir était destiné à accueillir les visiteurs. Derrière lui, une elfe d'âge mûr compulsait un parchemin mais releva légèrement la tête à leur entrée.

[Althéa]

En voyant le regard admiratif de Malo, elle manqua rougir jusqu'aux oreilles. Les vêtements qu'elle avait enfilé étaient ce qu'elle avait de plus chaud et elle n'avait pas pensé une seule seconde qu'ils auraient leur effet sur une autre personne que Morgan. Pendant que Malo puis le clerc se changeaient, elle demeura coite. Elle avait l'habitude de vivre entourée de bavards qui avaient l'habitude d'entretenir la conversation. A coté, elle devait avoir l'air froid et sinistre.

Le retour du clerc la sortit de ses préoccupations et elle le suivit jusqu'à la bibliothèque avec une impatience certaine.

C'était immense ! Il était difficile de savoir laquelle entre celle de Luménis et celle de Cojum valait l'autre en superficie mais toutes les deux étaient mythiques. Et elle avait la chance d'y entrer. Elle regarda autour d'elle cette plénitude de savoir qu'elle avait toujours voulu admirer. Des livres à perte de vue ... Elle se tourna vers Malo et lui adressa un sourire complice. Point besoin de paroles pour comprendre ce qu'un tel enchantement suscitait. Elle espéra que cette vision enchanteresse pourrait faire remonter quelques souvenirs. C'était sûrement de cet établissement dont il se souvenait.

[Kasumi]

Les yeux de son compagnon étaient écarquillés et il semblait chercher à embrasser toute la pièce d'un seul regard mais c'était évidemment impossible.

"Je... Je suis déjà venu ici."

Malo suivit Wilhem comme un pantin avec une expression complètement perdue et il dut s'appuyer au comptoir quand ils arrivèrent devant le comptoir d'accueil. L'elfe qui se tenait derrière leur adressa un sourire et les devança en s'adressant directement à Malo :

- Cela fait plaisir de vous revoir, Professeur Maloran. Comment s'est passée votre dernière expédition ?

[Althéa]

Visiblement les souvenirs revenaient avec une force étourdissante. Angèle regarda Malo avec une inquiétude certaine et le suivit jusqu'au comptoir. Là, elle le retint doucement mais sûrement par la manche de son manteau. Elle constata avec un soulagement mêlé de crainte que l'employé de la bibliothèque le connaissait. Elle lui demanda doucement.

"Comment vous sentez-vous ? Voulez-vous vous asseoir."

Puis s'adressant directement au bibliothécaire.

"Bonjour. J'ai l'impression qu'il ne se sent pas très bien. La fatigue peut-être ..."

[Kasumi]

Malo accepta son soutien et se laissa entraîner vers une table toute proche où il restait deux chaises de libre tandis que Wilhem restait près du comptoir pour demander quelques renseignements à la bibliothécaire. Une fois assis, Malo sembla reprendre pied et murmura :

- On a bien fait de venir ici. Je crois que le lieu m'est familier. Mais tout cet afflux d'émotion est difficile à assimiler. J'ai juste besoin d'une minute ou deux...