[Désert d'Anauroch] Quête : Racines

[Voyageuse]

Le visage de Sylvia s'assombrit immédiatement.
" Alors c'est vrai, tu dois repartir ? Pour plusieurs jours ?"
Elle poussa un profond soupir.
" Et j'imagine que je ne peux pas t'accompagner ?... "
" c'est quoi, au juste, ce rendez-vous ?"

[Kasumi]

Kasumi se doutait de combien il était difficile pour Sylvia de le laisser à nouveau repartir alors qu’elle l’avait déjà attendu si longuement. Il se tourna donc vers elle avant de saisir l’une de ses mains avec douceur pour y déposer un baiser avant de répondre d’un ton contrit :

- J'aimerais bien laisser ce désert derrière moi mais c’est l’une des clauses du marché que j’ai négocié pour qu’Elryndel soit délivré de la malédiction. Je dois apporter un dédommagement en or pour chacune des victimes. Huassasth doit récupérer l’essentiel de la somme que je vous ai demandée et la distribuer aux familles des asabis que j’ai tués dans le passé. Nous devons le retrouver au nord des monts Cimeterre.

Il songea un instant que peut-être Eärundra accepterait de se transformer comme elle l’avait fait quelques jours plus tôt pour guider un troisième cavalier mais peut-être que ce serait une mauvaise idée. Que l’épreuve serait trop dure pour la druidesse comme pour sa compagne. En tous cas, il valait mieux que l’idée vienne d’elles…

[Voyageuse]

" Et pourquoi est-ce que je ne pourrais pas t'accompagner ?
- Parce que je connais mieux les aigles... et...
- Dites tout de suite que je ne suis pas capable de monter un aigle !
- Non, ce n'est pas ce que je veux dire, c'est juste qu'Opale me connaît mieux. Mais surtout, je connais mieux les asabis... et le désert.
- Ça n'est pas une raison suffisante !"
La druidesse haussa les épaules.
" C'est à vous de voir ensemble... mais je pense tout de même qu'il est plus prudent que j'accompagne Kasumi. C'est un milieu hostile... Et je sais, entre autres, créer de l'eau à volonté, purifier de la nourriture... des choses qui vous sont inaccessibles.
- Je pense qu'il serait plus sage que ce soit Eärundra, en effet, intervint la grand-mère. Ce qui lui valut un regard noir de Sylvia. Mais prenez le temps d'y réfléchir..."

[Kasumi]

Aïe ! Kasumi aurait dû s’attendre à ce que le débat tourne au duel de volonté. Il avait pourtant cru que les relations entre les deux femmes avaient finies par s’apaiser et se normaliser mais il ne pouvait pas vraiment leur en vouloir : d’un côté, il s’était engagé auprès d’Eärundra à la laisser l’accompagner et de l’autre Sylvia avait dû ronger son frein et se sentait vraisemblablement dépossédée et jalouse de cette situation. Il pressentait que s’il ne gérait pas correctement cette situation difficile, il en ressortirait beaucoup de ressentiment et il tenait avant tout à l’éviter. Il devait trouver une autre solution pour ménager l’une et l’autre ou au moins s’en donner les moyens. Au fond de lui, il savait que la solution la plus sage était de laisser la druidesse l’accompagner mais Sylvia ne le lui pardonnerait peut-être pas…

- Nous nous rendons dans un lieu relativement connu je pense… Pensez-vous qu’il soit possible de trouver un mage qui s’y soit déjà rendu ?

Si ce n’était pas le cas, il tenterait de parler à Eärundra à l’écart et la sonder sur la possibilité de les accompagner sans utiliser l’un des deux aigles. Sans doute qu’elle refuserait à raison… C’est pour lui laisser cette liberté qu’il devrait se débrouiller pour que leur entretien reste privé.

[Voyageuse]

" Non !"
La réponse, unanime, avait fusé en même temps des bouches d'Eärundra et de Galawen.
" Très peu de mages sont déjà allés dans le désert... et tout se ressemble par là-bas. Les risques de faire une erreur en se téléportant sont élevés."
" En outre, nous ne savons pas précisément où se situe le point de rendez-vous, renchérit la druidesse. La pointe nord-ouest des montagnes, c'est vague. On peut très bien se retrouver à plusieurs jours de marche d'eux, et ne pas le savoir... Non, il est impératif d'y aller en volant...

[Kasumi]

Décidément, les femmes ne lui facilitaient pas la tâche. Kasumi tourna un regard vers son frère pour implorer silencieusement son aide mais il était plus probable que Tilmandil s’amuse de cette situation et ne cherche pas à l’en tirer. Au temps pour les mages dans ce cas… Ne restait plus que les aigles. Il était temps de se lancer...

- Eärundra, tes compétences nous sont nécessaires, je serais ingrat de le contester. Est-ce que tu crois que tu pourrais nous accompagner jusqu’aux montagnes sans utiliser l’un des aigles si nous adaptons notre rythme ? Nous aurions tout le temps d’apprendre à Sylvia ce que j’ai appris au sujet des aigles.

Il se tourna vers cette dernière pour ajouter :

- Tu as toujours été plus douée que moi avec les animaux. Et j’ai pu constater tout à l’heure que tu avais fait des progrès étonnants en équitation en seulement quelques jours.

[Voyageuse]

Eärundra semblait hésitante.
" il y a cette possibilité, oui... mais... Je ne suis pas sûre de le vouloir... Et passer si longtemps dans le corps d'un aigle, c'est beaucoup. Trop."
Elle secoua la tête.
" Non, il vaut peut-être mieux que vous y alliez tous les deux, si vraiment ça vous coûte trop de vous séparer une bonne demi-veille. Il y a toujours le pipeau pour vous fournir de l'eau, vous pouvez emmener des réserves... Bien sûr, pas pour six jours, et il va falloir que tu joues de ton pipeau pendant des heures pour vous abreuver tous les quatre avec les aigles. Mais il y a aussi des oasis... Enfin, normalement ! Tu penses que tu saurais refaire le chemin en sens inverse sans te tromper de direction ? Souviens-toi qu'une erreur infime au départ te décalera ton arrivée de plusieurs dizaines de lieues, que tu risques de ne pas trouver les oasis escomptées. il est difficile de se repérer là-bas..."

[Kasumi]

Le visage du rôdeur s’était décomposé à mesure du discours d’Eärundra et des doutes qui le gagnaient. Oui, cela lui coûtait beaucoup de se séparer à nouveau de Sylvia alors qu’ils venaient juste de se retrouver. Sans compter que cela lui enverrait comme message qu’il ne comptait pas sur elle pour une aventure dangereuse. Oui, il était vrai que l’un et l’autre étaient bien plus armés en forêt, ou même en montagne. Mais s’il reculait immédiatement à la première difficulté et choisissait d’emblée un compagnon plus aguerri, ils ne pourraient peut-être jamais réaliser leur rêve. Celui qu’il était persuadé que Sylvia partageait avec lui. Celui de partir ensemble à l’aventure. Il répondit donc d’un ton conciliant, regardant tour à tour les deux jeunes femmes :

- Il est tard et nous sommes certainement trop fatigués pour penser droit et en décider ce soir. Comme nous avons un peu de temps devant nous, je propose que l’on en rediscute demain. Eärundra, tu connais bien Opale et la façon de monter les aigles. Peut-être que nous pourrions simplement faire quelques essais de vol demain ? Et nous aviserons ensuite…

[Voyageuse]

" C'est la voix de la sagesse", commenta Elvilith.
Sylvia paraissait un brin contrariée, mais n'ajouta rien. Eärundra, de son côté, était sereine. L'aïeule poursuivit.
" Il reste un peu de temps avant le soir... On devrait s'installer un campement confortable, déterminer s'il nous manque des choses, s'il est nécessaire d'envoyer Galawen à la maison..."
" On pourrait peut-être même décider de rentrer en ville dès demain, puisque nous avons quelques jours de délai ?"

[Kasumi]

Kasumi garda le silence, essayant de prendre la mesure de l’humeur des uns et des autres. Il n’avait fait que repousser le problème au lendemain mais c’était nécessaire : il se sentait las après ces journées éprouvantes et ces nuits trop courtes. Et, par-dessus tout, il avait envie de discuter calmement avec Sylvia, la laisser exprimer sa frustration et ses envies. Ils n’étaient pas pressés par le temps. Le rôdeur se leva souplement pour aller chercher son sac et ce qui y demeurait encore. Il paraissait effectivement sensé de faire l’inventaire de ce dont ils auraient besoin pour leur prochaine étape qu’elle que soit celle qui l’accompagnerait. Il avait déjà quelques idées en tête : des vivres frais, des vêtements de rechange, du nouveau matériel de couchage peut-être… Et aussi de l’antipoison si Eärundra ne faisait pas partie du voyage. Quoiqu’il ait aussi un moyen de retenir un sort qui ferait l’affaire, bien plus adapté au désert et à ses dangers que sa capacité d’enchevêtrement.

- Personnellement, je préfèrerai profiter de ces grands espaces pour permettre à Sylvia de se familiariser avec le vol. Et j’ai un peu peur que nous ayons des ennuis à la frontière si je reviens sans Rubis. Autant que nous en ayons fini avec cette histoire avant que la question ne se pose, non ? Nous fêterons tout cela à la maison après…

[Voyageuse]

hrp : j'ai encore fait une erreur... impossible de se téléporter dans everaska même, normalement... je suis vraiment ko en ce moment ! je vais modifier 2-3 choses...

" Hum... Oui, le problème Rubis ne doit pas être négligé. D'autant que vous avez déjà quelques jours de retard sur le délai annoncé, si j'ai bien compris, avec à la clé des pénalités financières...
- On aurait pu contourner le problème en le laissant un peu plus loin. Mais tu as raison, il te faut des grands espaces si tu veux que ta dulcinée découvre ce genre de sensation.
- A moins que la civilisation te manque trop et que tu rêves d'un vrai lit ? Je sais que tu aimes vivre à la dure, mais tout de même, le désert, pour un homme des bois, ça ne doit pas être l'environnement idéal...
- Mais... rassure-moi sur un point... tu comptes bien le rendre, cet aigle ?, les interrompit brutalement Elryndel, réalisant le sens que pouvait avoir la fin de la tirade de Kasumi.

[Kasumi]

HRP : aucun souci : j’avais considéré qu’on ne pourrait de toute façon pas se téléporter à moins d’une demi-journée de voyage de la ville.

Kasumi baissa un peu les yeux et rougit à la question de son père. Visiblement, sa grand-mère n’avait pas abordé avec lui la position qu’elle avait défendue avant leur départ. Un regard en direction d’Eärundra suffit à raffermir sa position et il répondit avec sincérité :

- Si Rubis manifeste le souhait de vivre librement, j’aimerais trouver une solution pour le lui permettre. Nous le lui devons bien et il n’est plus considéré que comme un poids par les gardes. Peut-être faudra-t-il prétendre que je l’ai perdu dans le désert… Enfin, si c’est envisageable.

Puis, comme pour se détourner de ce sujet grave, il répondit à Tilmandil d’un ton plus léger :

- C’est vrai que le désert n’est pas mon milieu préféré. Mais je peux très bien me passer d’un bon lit. Bien plus aisément que de la compagnie de ma dulcinée.

Il adressa un clin d’œil à cette dernière, espérant que sa tirade suffirait à la tirer de son humeur maussade.

[Voyageuse]

Sylvia lui sourit, mais on la devinait encore tendue.
Elvilith s'approcha de son fils.
" J'aurais dû me douter, marmonna celui-ci. L'influence d'Eärundra...
- Cet aigle n'est plus lié à quiconque et il est âgé. Trop pour qu'on le lie à un jeune garde. Au mieux, il pourrait espérer remplacer l'aigle décédé d'un des plus vieux membres de la garde, mais il est peu probable que les choses se déroulent ainsi : il y a plusieurs aigles jeunes en attente de maître. non, vraiment, je t'assure qu'ils n'ont pas besoin de cet aigle.
- Et... je suis sensé les convaincre ?
- J'irai avec toi... Il faut juste ne jamais mentionner le nom d'Eärundra.
- Je m'en serais douté..."
Le moins qu'on puisse dire était que le père de Tilmandil avait retrouvé une bonne partie de son allant.
- Mais revenons aux choses pratiques... Nous avons des couvertures, un peu de vaisselle et de petit matériel, de la nourriture et de l'eau. Et aussi une potion anti-poison, une crème contre les brûlures et un désinfectant, quelques herbes médicinales aussi... Manque-t-il quelque chose d'autre ?

[Kasumi]

Kasumi répondit calmement à son père :

- Pas seulement d’Eärundra. Et je suis rôdeur moi aussi : je ne peux pas rester insensible à la détresse d’un animal. Jusqu’ici, Rubis n’avait rien connu d’autre que la captivité mais on lui a laissé le choix. Ce sera à lui de le faire. Sauf si bien sûr cela vous met tous en difficulté. Je ne voudrais pas vous l’imposer.

La question de sa grand-mère le ramenait à des considérations plus pratiques et il se repassa les événements du voyage en revue et ce qu’il anticipait pour les jours à venir avant de déclarer avec conviction :

- Un hamac si Eärundra souhaite récupérer le sien. Et il serait bien de récupérer du grain pour les aigles. Pour le reste, nous nous débrouillerons avec l’or en excédent pour nous ravitailler en ce que nous ne pourrons pas attraper en chemin. Enfin, je dis ça mais je vais laisser Sylvia jeter un œil à notre paquetage. Je peux vous l’avouer, maintenant, mais c’est toujours elle qui me préparait mon sac quand nous partions en expédition !

Ce n’était pas l’exacte vérité mais la rôdeuse savait toujours faire preuve d’un plus grand pragmatisme que lui-même et il était important de lui laisser mettre la main aux préparatifs.

[Voyageuse]

La rôdeuse prit la chose avec le plus grand sérieux, jetant un coup d'oeil au sac de Kasumi, tandis que la grand-mère réfléchissait.
" Du grain, j'en ai amené un peu, pour un ou deux repas, mais pas assez pour toute ton expédition.
- Ils peuvent chasser, rétorqua Eärundra, tandis que Sylvia achevait de vider sans vergogne le sac de Kasumi.
- Mwouais, j'vois surtout que tu n'as plus rien à te mettre ! Tu comptais faire du nudisme peut-être ? Et puis c'est quoi cette histoire de hamac ? Tu n'en as pas...
- Je lui prêtais le mien, répondit Eärundra d'un air dégagé, ce qui lui valut un regard soupçonneux de Sylvia. Regard qu'elle reporta sur Kasumi.

[Kasumi]

Kasumi eut bien du mal à soutenir ce regard qu’il avait appris à identifier comme dangereux. Il se doutait bien de ce qui devait passer par la tête de sa compagne en cet instant mais il espérait qu’elle lui faisait désormais assez confiance pour lui laisser le bénéfice du doute. Mais le regard était trop insistant pour qu’il y résiste longtemps et cherche à se justifier un peu trop précipitamment peut-être :

- Je perdu le mien dans une oasis il y a quelques jours. Mais ne fais donc pas cette tête : nous dormions à tour de rôle pour pouvoir monter la garde. D’ailleurs, nous devrons certainement faire pareil. Et pour ce qui est du nudisme, je n’aurais rien contre mais le soleil est très mauvais pour la peau des demi-elfes et il fait très froid la nuit…

Il avait tenté de plaisanter mais il sentait qu’il n’était pas parvenu à lever tous les doutes légitimes de Sylvia. Encore heureux qu’elle n’avait pas vidé le sac d’Eärundra. Non seulement il devait s’y trouver la surprise qu’il lui réservait mais aussi – bien plus dangereuses - certaines statuettes de lion dont une représentant en outre la druidesse. Il sentait que ce ne serait pas le moment idéal pour que la rôdeuse les trouve.

[Voyageuse]

Heureusement, Eärundra n'avait pas l'intention de laisser Sylvia explorer son sac...
Celle-ci, du reste, se contenta de l'explication, avec un regard noir à destination de la druidesse toutefois.
" Il va falloir que je te prête des vêtements, si je comprends bien, lança Tilmandil. Voyons un peu... J'ai du bleu vif, de l'orangé, une chemise rayée rouge et or, un pantalon noir aussi... remarque, l'orange et le jaune, c'est discret dans le désert, non ? Bon, c'est pas vraiment ton style habituel, mais je suis sûr que ça t'ira à ravir ! "
Sylvia se mit à pouffer. Au moins l'intervention du barde avait-elle réussi à la dérider.
" Tu devrais essayer, je veux te voir en barde !"

[Kasumi]

Kasumi n’en croyait pas ses oreilles mais il était néanmoins reconnaissant de l’intervention du barde. Il bougonna mais juste pour la forme, sans conviction :

- Ah, ce que je m’en veux : j’aurais dû demander des vêtements décents à Galawen ! Mais soit, j’accepte de porter des vêtements qui risquent d’être trop serrés et beaucoup trop voyants mais à une condition !

Il se tourna vers Sylvia et lui adressa son plus beau sourire :

- C’est que toi aussi tu acceptes d’en porter à notre retour !

[Voyageuse]

Sylvia rit, tout en rougissant cependant légèrement.
" Ah, mais tu ne sais rien de ce qui s'est passé pendant toutes ces journées !, lança Tilmandil d'un ton parfaitement sérieux. Parce que figure-toi que ta dulcinée, elle a déjà essayé mes vêtements. Si, je t'assure ! En fait, en ton absence, j'ai réussi à réorienter sa vocation vers la carrière de barde. Et donc je te présente... ma nouvelle élève ! ajouta-t-il en la désignant d'un geste théâtral. Ah, bien sûr, ça veut dire qu'elle reste ici avec moi pendant que tu vas courir les forêts...
- Hein ?!!? Non, ça c'était pas dans le contrat !
- Si, dans les petites lignes que tu n'as pas lues avant de signer. Parce qu'un rôdeur, ça sait pas lire, c'est bien connu... Aïe ! Aïe ! Arrête, je plaisantais ! Mais tout le monde sait que les rôdeurs n'ont pas le sens de l'humour... Non, arrête !"
Le barde avait quelques difficultés à se défendre contre les attaques du faucon, tandis que Sylvia le toisait, les poings sur les hanches.

[Kasumi]

Kasumi éclata de rire et ses yeux pétillèrent de malice en observant l’échange. Il ne se priva pas d’intervenir au bout de quelques secondes pour en ajouter une couche :

- Tu rêves, Tilmandil ! Mais je suis très intrigué et j’accepterai peut-être de t’accompagner sur ton prochain spectacle si tu me dis ce que tu as appris à Sylvia. J’ai fait des progrès à la flûte, tu verras !

Il se tourna vers cette dernière et ajouta à son intention :

- A moins que n’acceptes de me faire une démonstration de tes nouveaux talents ?

[Voyageuse]

" Et bien... Je lui ai appris à danser, tournoyer, virevolter... elle est très douée !
- Ne l'écoute pas, il dit n'importe quoi...
- Et ne t'en fais pas, elle te fera une démonstration... Quand le moment sera venu !
- Mais tais-toi donc ! Par contre... Moi je veux bien t'écouter à la flûte !
- Et tu vas lui montrer, aussi, le portrait ?
- Tais-toi !
- Comme tu vois, Kasumi, tu as manqué des tas de choses passionnantes... d'ailleurs tu devrais me laisser aller à ta place là-bas et rentrer tranquillement...
- Il y a plein d'araignées là-bas, glissa Eärundra
- Ça c'est un coup bas", ronchonna le barde...
Les laissant à leurs bisbilles sans importances, la grand-mère avait achevé de desseller les chevaux, et commençait à trier le matériel qu'ils avaient emporté, mettant de côté ce qui serait utile à Kasumi. Elryndel, lui aussi plus pragmatique, lui tendit un pull. Eärundra en avait déjà enfilé un, donné probablement par elvilith dès leur arrivée.

[Kasumi]

Kasumi avait observé les échanges en se demandant à quel point Sylvia et Tilmandil s’étaient rapprochés pendant cette longue veille. Une chose était certaine : ils avaient gagné en complicité et Sylvia aurait beaucoup de choses à lui raconter, si toutefois elle acceptait de le faire. Le rôdeur remercia son père et enfila rapidement le pull, s’apercevant – au moment où il le mettait - qu’il faisait effectivement frais et qu’il ne s’en était pas vraiment rendu compte. Désireux de ne pas être laissé pour compte dans la conversation qui l’amusait, il ajouta à l’adresse du barde :

- D’ailleurs, il y a de bonnes chances que nous t’ayons ramené quelques spécimens de belle taille dans nos bagages ! Nous avons été envahis par toute une colonie dans les montagnes.

Changeant de cible devant l’air de dégoût de son frère, il retourna toute son attention vers la rôdeuse :

- Je vois que j’ai tout un tas de choses à rattraper, effectivement ! Alors ma tante a fini le portrait ? Et tu as appris des pas de danse aussi ? Il faut que tu me racontes ça ! Oh, et je voudrais aussi savoir comment tu as nommé ton beau faucon aussi…

[Voyageuse]

" Il s'appelle Vif-Argent, répondit fièrement Sylvia. Argent pour me rappeler les elfes de lune... Vif... parce qu'il l'est."
Le faucon s'envola et exécuta une figure dans les airs, probablement pour montrer son enthousiasme.
" Mais ne te fie pas aux bêtises de tilmandil. Il ne m'a pas appris à danser..."
" Un peu quand même !"
" Un peu..."
" Juste assez pour que tu puisses l'inviter à danser lors de la fête qu'on va donner à ton retour pour fêter notre victoire !"
" Pardon ? Quelle fête ?"
" Ben oui, ça se fête, une si belle guérison ! Tu n'as pas le choix, je suis déjà en train d'organiser ça !"

[Kasumi]

Kasumi avait écouté son frère d’une oreille distraite et c’est à Sylvia qu’il répondit avec enthousiasme lui aussi :

- C’est un magnifique nom et qui lui va comme un gant ! Et je suis certain que tu vas m’épater quand je t’inviterai à danser. Enfin, si tu acceptes, bien évidemment !

Il se pencha pour ajouter en lui murmurant à l’oreille :

- Et je t’apprendrai avec plaisir tout ce que je sais sur la danse si tu le désires.

[Voyageuse]

Mais Tilmandil avait l'oreille fine.
" J'en sais plus que toi, et je lui ai déjà appris !
- Oui, mais je préfère danser avec Kasumi... et de toute façon tu seras occupé à jouer de la musique !, rétorqua Sylvia.
- Et je n'ai jamais dit qu'il y aurait...
- Si, tout est déjà prévu, tu n'as pas ton mot à dire !
- Je me suis chargée de sélectionner quelques invités..., intervint Galawen.
- Toi aussi tu es dans le coup ?
- Et c'est dans moins d'une veille, donc il faudra que tu te dépêches de mener à bien tes discussions avec les lézards !
Sylvia, en silence, avait glissé son bras autour de la taille de Kasumi et se blottissait contre lui, l'air heureuse. La tension concernant son départ prochain semblait retombée.

[Kasumi]

Kasumi échangea des sourires avec son frère et la compagne de son père alors que son cœur s’accélérait un peu de bonheur en sentant Sylvia toute blottie contre lui.

- Oh, c’est le propre des invités de marque que d’arriver en retard, non ? Enfin, j’espère bien arriver à temps pour me changer : porter un costume de barde dans le désert sera déjà bien suffisant ! Hors de question que je m’affiche avec dans des contrées plus civilisées ! Enfin, j’espère aussi que tu n’as pas l’intention de déclamer des histoires mensongères sur ton demi-frère comme la dernière fois, Tilmandil ! Cette fois, j’y veillerai !

[Voyageuse]

" Je suis seul maître de ce que je veux conter ou chanter, affirma Tilmandil d'une voix solennelle. Et tu n'as aucun moyen de pression sur moi !"
Une petite araignée, échappée sans doute du sac de Kasumi, le fit sursauter à ce moment-là : elle escaladait ses chaussures. Il bondit en arrière, et parvint à l'écraser au terme d'une lutte héroïque qui fit pouffer de rire Sylvia et Eärundra.
" Au lieu de vous chamailler comme des gosses, venez donc installer le campement ! les interrompit Elvilith d'une voix bourrue. Les amoureux, vous voulez une grotte rien que pour vous ?"

[Kasumi]

Kasumi s'apprêtait à répondre qu'il connaissait certains points faibles de son frère et qu'il n'hésiterait pas à s'en servir si des représailles étaient nécessaires mais il fut mouché par l'intervention de sa grand-mère. Sans réfléchir, il répondit par un "Oui !" tout à fait spontané avant de rougir en croisant le regard de sa compagne. Il déclara alors d'une voix timide :

- Enfin, oui, je vais installer notre campement. Dans une grotte, il ne s'agirait pas qu'on se retrouve tous serrés !

Il se garda bien de croiser le regard de son demi-frère ou même de ses parents et fila immédiatement vers l'amoncellement de matériel pour y récupérer le nécessaire.

[Voyageuse]

Sylvia ne semblait pas spécialement gênée. Elle récupéra tranquillement son sac et le suivit jusqu'à la petite grotte qu'ils avaient partagé la veille du départ.
Ils avaient de la chance : le temps était beaucoup plus clément que ce jour-là. C'était une belle journée d'automne. Mais déjà, les températures chutaient, annonçant une nuit particulièrement fraîche sous le ciel dégagé.
Nul ne leur fit le moindre commentaire alors qu'ils s'éloignaient, même s'ils percevaient le regard amusé de Tilmandil et celui, vaguement ému peut-être, de Elvilith. Eärundra semblait avoir disparu, mais après tout, elle était ici chez elle, et elle reparaitrait sûrement au moment opportun... Enfin, il nota que les aigles, eux aussi, s'étaient envolés, heureux de profiter d'un peu de liberté.

[Kasumi]

Kasumi ressentit un léger pincement au cœur en constatant le départ de la druidesse. Sans doute avait-elle été déçu de son revirement et il espérait vraiment trouver l'occasion de s'en expliquer avec elle. Mais pour l'heure son attention était bien plus accaparée par sa compagne. Ils se retrouvaient enfin un peu à l'écart des autres et il lui adressa un sourire lumineux tout en commençant à installer leur couchage.

- Tu m'as affreusement manqué pendant que j'étais là-bas... Mais je suis heureux de te retrouver encore plus radieuse à mon retour !