Quête : Guerre des Plaines Brûlantes - Ailyn, Bellatrix, Dorian, Zaiu

[Bellatrix]

Hep hep hep, une bonne chose de faite ! Il serait bien qu'ils arrivent à poser les pattes sur le fichu carnet pour voir ce que leur bonnhomme écrivait. Elle était sûr qu'il ne l'utilisait pas comme un vulgaire almanach dans lequel il racontait la dernière fois où il avait mangé des haricots. D'ailleurs, c'était préférable. Personne ne voulait le savoir. Bellatrix accompagna Ailyn dans les cuisines et se saisit de deux assiettes supplémentaires. Pour ne jamais en avoir goûté, elle ne savait pas si elle apparciait les enfants. Mais il était important de garder ceux là en sécurité. Les enfants étaient aussi un poison très redoutable.

Et puis aussi, la vérité et le vomi sortaient de la bouche des enfants. Avec un peu de chance, ils auraient les moyens de les faires parler sans trop les torturer. Un petit chantage affectif marcherait à merveille. Et aussi une menace de privation de dessert.

[Bat]

De loin, Dorian avait suivi avec grande attention les faits et gestes de l' associé autant que les propos échangés. L' homme avait dit une chose très intéressante : " de notre organisation dépend notre survie à tous ". Cela signifiait peut-être que Blanche-Mine malgré ses crimes représentait un moindre mal face à un péril plus grand encore (Dorian frissonna en imaginant ce que pourrait être le péril en question). Ou bien cela signifiait que Blanche-Mine n' accorderait la vie sauve à ses troupes qu' à la stricte condition que ces derniers exécutent à la lettre ses ordres et permettent la réussite de ses -sombres- projets.

Dans tous les cas, le contenu du carnet pouvait se révéler très intéressant. En outre Ailyn et Bellatrix avaient apparemment réussi à capter la confiance de leur interlocuteur, plus ouvert avec elles qu' il ne l' avait été avec Dorian....

Dans l' immédiat, le bon vampire vit ses camarades revenir vers la cuisine afin de continuer leur travail de ravitaillement des troupes occupant la mine. Voilà une bonne occasion pour échanger les derniers renseignements obtenus...

Dorian hâta le pas avec ses -grandes- jambes arriva à la hauteur des magiciennes qui parcouraient les galeries mal éclairées.

" Hep, hep " dit - il d' une qu' il s' efforça de ne pas rendre trop forte. Il ne fallait pas mettre la puce à l' oreille d' éventuels tiers. Il s' approcha d' Ailyn et Bellatrix et sans préambule entra dans le vif du sujet.

" Alors quoi de neuf de votre côté ? J' ai peu appris au sujet de notre ami Zaïu et hélas ce ne sont pas de bonnes nouvelles. Il s' est rebellé contre ses geôliers en compagnie d' une Elfe nommée Zona. Cette pauvre Zona n' a pas survécu à sa tentative et Zaïu a réussi à prendre la fuite. Hélas il s' est perdu dans les galeries inexplorées et vastes de ce complexe minier. Il y a peu de chances de retrouver vivant notre pauvre Zaïu, de l' aveu même de ses gardes. "

Il y eu un silence de quelques secondes puis Dorian reprit :

" J' ai attendu ce que l' associé de Blanche-Mine a dit et fait. Alors que faisons - nous ? Tentons - nous de nous emparer du carnet ? Nous pourrions neutraliser cet homme et ses gamins à l' aide d' un bon soporifique dans une cruche d' eau ou dans une assiette de soupe. Ou alors un sort de sommeil pourrait faire l' affaire...si vous savez en jeter un, bien entendu. "

[Ailyn]

Ailyn fronça les sourcils en apprenant la nouvelle concernant Zaïu. Il fallait tout de même quelques instants pour encaisser un tel évènement : elle s'était sentie proche et solidaire de Zaïu dans cette mission suicide, et le voilà qui disparaissait sans laisser de trace... Pauvre elfe, pourtant si créatif...
Cet évènement lui faisait également prendre conscience qu'il pouvait arriver n'importe quoi à n'importe lequel d'entre eux. Et elle ne souhaitait plus d'esclandre, ni avec Bellatrix, ni avec Dorian. Les risques étaient grands, pas question de les faire augmenter avant d'être certains d'avoir une porte de sortie... Pour l'instant, ils étaient bloqués dans le repaire des brigands, et leur vie était en jeu, sans espoir concret d'en sortir vivant...

Ailyn émit un petit clic avec sa langue :

"Non, Dorian, je ne crois pas qu'un quelconque "geste brusque" soit une bonne idée, pas dans la situation dans laquelle nous sommes. Il faut mesurer nos pas et nos paroles : voyons déjà ce que nous pouvons apprendre par des méthodes plus... saines disons."

[Bellatrix]

Bellatrix tapa doucement dans ses mains.

"Je vois que Dorian est un petit coquin qui aime nous raconter des blagues. Un sort de sommeil ou un sédatif dans la cruche d'eau et ce sera tout le camp que nous aurons sur le dos ! Par contre, les marmots, ça se soudoit et ça se noie. Copains un jour, crétins toujours. Il y a un jeu rigolo que je connais : on cite un objet et les gens vont les chercher. Les petits sont joueurs. On leur demande quelques objets, et puis par hasard, un carnet. Avec un peu de chance, l'un des deux pensera à celui du paternel. De préférence quand celui-ci est absent. Ensuite, on sort la tapette à souris."

[Bat]

Dorian écouta les objections de ses deux co-équipières avec intérêt. Il comprenait les réticences d' Ailyn. Il est vrai qu' un sommeil brusque de l' associé et de ses deux fils pouvaient mettre la puce à l' oreille d' un éventuel visiteur ou d' une possible patrouille passant par-là...Le bon vampire eut plus de mal par contre à suivre les propos de Bellatrix mais il parvint à saisir l' essentiel du discours. Proposer un jeu aux deux gamins ? Cela était séduisant mais pouvait se révéler risqué. Jehan et Maheu se demanderaient sûrement ce que les pseudos-déserteurs voulaient au fameux carnet...

Pourtant il fallait bien tenter quelque chose pour débloquer la situation. Ils n' allaient pas errer dans ces mines ad vitam aeternam. Il fallait agir...

" Bon j' énonçais une simple suggestion hein " fit-il, " maintenant si vous pensez que se servir des deux garçons pour arriver à nos fins est plus indiqué, fort bien adoptons ce plan. Bien entendu, ç' est vous qui parlerez à nos jeunes " amis ". Moi, je crains que que les gamins aient du mal à me faire confiance et à jouer avec moi " continua le géant sentencieusement...

Tout en parlant, Dorian interrogeait Ailyn du regard afin d' obtenir son avis sur l' idée de Bellatrix.

[Ailyn]

Ailyn écarquilla les yeux et répondit à Bellatrix :

"Oui, c'est bien pensé... On pourra peut être en faire quelque chose... Il faut voir ce qu'on pourra tirer des gamins !"

Elle se tourna vers Dorian ensuite :

"Pour l'instant, assez perdu de temps : allons vite chercher des assiettes avant que ces malotrus aient tout avalé ! Et allons ensuite à la pêche aux gamins !"

Pressée, elle fit mine de se diriger vers les cuisines, jetant un regard interrogateur à ses deux compagnons.

[Bat]

Bien entendu Ailyn était dans le vrai et il n' y avait nulle raison d' attendre plus que de raison.

" Tout à fait Ailyn " fit le guerrier luménien avec un hochement de tête approbateur, " hâtons-nous bien entendu. Un qui va être content de nous revoir à coup sûr, c' est le cuisinier. Avec nous il s' est fait de nouveaux amis " fit Dorian en riant. Les cuisines, voilà au moins un endroit qui n' était pas hostile pour le trio luméno-manostien...

Sur ces bonnes paroles, le géant se mit en route prenant soin à ne pas dépasser Ailyn autant qu' à ne pas se blesser contre le plafond plutôt bas de la mine...En même temps une fois ou deux, il se retourna afin de vérifier que Bellatrix ne perdait pas le contact avec eux dans les galeries...

[Lothringen]

A leur retour aux cuisines, ils purent constater que le cuisinier avec lequel ils avaient sympathisé n'était toujours pas rentré. Son collègue était toujours en pleine vaisselle, et devant ce débarquement massif, se détourna un instant de sa tâche.

"Ah, c'est vous qui servez l'autre et ses mioches, aujourd'hui ? Vous arrivez juste à temps, je croyais la distribution finie, j'allais m'attaquer au fond de marmite. Allez, prenez tant que c'est encore un peu chaud."

Ils purent ainsi prendre deux assiettes supplémentaires sans incident.

HRP : je coupe là pour savoir ce que fait Dorian

[Bat]

Dorian salua aimablement le cuisinier, leur nouvel " ami " l' autre marmiton étant malheureusement absent, puis se pencha en avant et posa délicatement une des assiettes à soupe sur un plateau et ledit plateau sur son bras. Il évita ainsi à l' une de ses co-équipières cet effort. Puis il sortit avec précautions dans les tunnels mal éclairés, son chargement chaud sur son bras imposant. Il attendit alors que les deux magiciennes passent devant lui. Arrivé à l' embranchement près duquel se trouvaient les appartements de l' associé, Dorian remettrait son assiette de soupe à Ailyn ou Bellatrix et resterait en retrait. Alors les deux magiciennes iraient apporter la soupe aux deux gamins et par la même occasion leur proposeraient le jeu prévu...


Le bon vampire attendit donc dans le couloir l' arrivée de ses compagnes d' aventure, le visage parfaitement innocent...


HRP : si quelque chose ne va pas, si je n' ai pas tout saisi, dites-le moi, j' éditerais mon message en conséquence .

[Bellatrix]

Bellatrix suivit donc Dorian et les assiettes à soupe. "Dorian et les assiettes à soupe", c'était un nom excellent pour un groupe de musique de roche. Il faudrait qu'elle en parle à ses amis nains. D'ailleurs, elle en connaissait sept et elle venait parfois faire le ménage chez eux quand elle devait arrondir ses fins de mois. Avant d'arriver vers les enfants, elle laissa Ailyn passer la première. Elle savait qu'en règle générale, sa peau diaphane et ses cheveux pouvaient faire peur à des petits êtres sensiblees.

Elle sourit en tentant d'avoir l'air le plus neutre possible. Elle savait bien qu'elle n'était pas foncièrement inocente. Si elle essayait, elle aurait juste l'air bizarre ou constipé.

[Lothringen]

Pendant que le vampire mimait l'innocence et que Blanche-neige y renonçait, Ailyn se retrouvait en première ligne, qu'elle le veuille ou pas, les deux assiettes en main. Ils retrouvèrent leur homme toujours attablé au même bureau, et ce dernier leur ouvrit le rideau qui menait à la pièce suivante, en enfilade :

"Tenez, c'est par là... je vais vous présenter."

Elles découvrirent une chambre éclairée par quelques bougies, avec deux petits lits, un tapis en bon état, un coffre et quelques jouets en bois par terre. Les deux garçons se disputaient, et le petit pleurait parce que le grand avait pris le petit ours en son qui pourtant ne l'intéressait pas deux minutes plus tôt. Une fratrie ordinaire.

"Jehan, Maheu... ces demoiselles vous apportent la soupe. Vous me ferez le plaisir de tout manger, et proprement. La nourriture est trop précieuse pour être gaspillée."

"Oui, papa", dit sagement Jehan en prenant sa part. Maheu renifla et n'oublia pas de prendre la sienne, mais ne pipa mot. Les deux enfants commencèrent à manger avec appétit, tout en regardant de temps à autres les deux inconnues, qui eurent vaguement l'impression de passer un examen.

[Ailyn]

Ailyn se détendit. Ce n'était pas tout à fait la même chose d'avoir à faire à des enfants qu'à des adultes. Elle les avait beaucoup fréquenté avant que le Vieux ne fasse péter le laboratoire. Ils allaient à la rivière, piquer des carottes aux gros Bob, courir les chemins et construire des cabanes dans les arbres... Mais Ailyn n'avait plus l'âge, n'est-ce pas ? Elle avait à présent l'âge de faire la guerre, de mentir, de distribuer des assiettes de soupe et de pleurer les amis perdus dans des galeries plus sombres que la mort...

La jeune fille leur sourit aimablement. Ces deux petites présences lui faisaient vraiment du bien.

"Bonjour !" leur lança-t-elle avec entrain.

Elle leur adressa un gentil clin d'oeil.

"Il est sympa, celui-là !" s'exclama-t-elle à leur intention en désignant le petit ours de son."Il a un nom ?"

[Lothringen]

"Ah oui", déclara fièrement Maheu. Le plus jeune des deux, il devait avoir cinq ans, guère plus. "Il s'appelle Petit Ours."

Il allait être difficile de lui faire des compliments sur sa créativité... Pendant ce temps, le père traversa la pièce, en direction d'une troisième pièce en enfilade qui devait probablement être sa chambre. Ses deux fils avaient les cheveux d'un même blond éclatant.

"Je vous laisse, si vous avez besoin de moi je suis à côté. J'ai laissé l'assiette sur le bureau, derrière."

Comme il n'avait rien dans ses mains, il fallait supposer qu'il avait laissé le carnet quelque part dans la première pièce. Mais il allait être plus difficile de se débarrasser des deux gamins : maintenant qu'ils avaient vu présence féminine et distraction, ils se ruaient dans leurs jambes.

"Et vous, vous vous appelez comment ?" lança Jehan.

[Bellatrix]

Bellatrix sourit de toutes ses dents et esquissa un petit pas de danse.

"Moi, je m'appelle Bellatrix. Dites-donc, il est chouette l'endroit où vous habitez. Nous, on vient d'arriver ici et on ne connaît pas encdore tout. "

Flatter les petits monstres, leur donner l'impression qu'ils étaient supérieurs aux adultes, feindre la compassion, l'écoute pour ensuite les lier dans les ténèbres. Voila un adage qui lui faisait imensèment plaisir. Peut-être que Jehan et Maheu leur raconteraient comment ils étaient arrivés là. Et comme qui disait : la vérité venait de la bouche des enfants. A par bienssûr qu'ils racontent qu'ils étaient venus à bord d'une cité Néthérisse ces espèces de petits abrutis mythomanes.

[Bat]

Toujours aux aguets, Dorian ne perdait pas un mot de la conversation. Les deux magiciennes avaient bien commencé et jouaient la comédies avec un vrai talent. Peut-être pourraient-elles un jour donner un spectacle de choix au théâtre situé dans le sous-sol de l' auberge des 7 chopes d' Atkhatla... L' associé était si confiant qu' il ne s' intéressait même plus à elles... Tout cela était très bien. Dorian admirait la subtilité d' Ailyn et Bellatrix. Les deux garçons ne paraissait nullement perturbés. C' est vrai qu' une présence féminine était souvent rassurante.

Par prudence, le bon vampire écoutait les bruits en provenance du tunnel par lequels le trio était arrivé. Si un tiers pointait le bout de son nez, Dorian tâcherait de le retenir le temps qu' Ailyn et Bellatrix puissent opérer en toute tranquillité.

[Lothringen]

Pas d'importuns pour l'instant. De leur côté, Jehan et Maheu jaugeaient la femme au teint blafard qui dansait. Le fait d'avoir affaire à des femmes, la présence de leur père à proximité les rendait beaucoup plus confiants qu'ils avaient pu l'être avec le géant Dorian.

"Bellatrix ? C'est un drôle de nom. Moi c'est Jehan, mais papa l'a déjà dit."

"Vous avez l'air bizarre", résuma Maheu d'une voix traînante, tout en étouffant Petit Ours en son un peu plus entre ses bras. La vérité sort souvent de la bouche des enfants...

[Ailyn]

Ailyn ne savait que faire ? Essayer d'esquiver les enfants pour aller jeter un oeil au carnet ? Si seulement Dorian pouvait s'en charger, ça aurait l'air vaguement discret... Et Ailyn pourrait retenir l'attention du père le temps que Dorian remette les choses à leur place... Lui qui avait l'oreille si fine...

"Je m'appelle Ailyn", lança-t-elle au enfants. "Je suis ravie de faire votre connaissance !"

Tâchant de rendre sa voix claire, et priant de toutes ses forces pour que Dorian l'entende, elle poursuivit :

"Et si on faisait un jeu, tous les 4 ? Pendant que votre papa se repose, hein ?"

[Lothringen]

"Oh oui !" Maheu battit des mains, ce qui envoya Petit Ours en son faire un petit tour sur le tapis. Il s'empressa de le ramasser. Jehan fut moins démonstratif, mais hocha la tête en signe d'assentiment. Les deux garçons, isolés depuis des semaines dans cet espace réduit et sans doute interdits de sorties trop fréquentes, ne demandaient pas mieux que de se distraire en leur compagnie.

"De quel jeu s'agit-il ?" s'enquit Jehan, pragmatique."Papa ne veut pas qu'on joue à cache-cache dans les couloirs, de l'autre côté, parce qu'on risque de se perdre."

Il désigna du menton la direction de la chambre de son père.

[Bat]

Par chance, l' ouïe de Dorian était aussi fine que sa vision était aiguisée...Le bon vampire entendit donc sans peine les propos d' Ailyn. Ainsi le moment d' agir approchait. Ailyn et Bellatrix allaient entraîner les deux enfants hors du couloir pendant que leur père faisait la sieste. Ensuite lui Dorian en profiterait pour faire un tour dans la chambre et découvrir enfin-si la chose s' avérait possible- le contenu du fameux carnet.

Le guerrier luménien s' avança tout doucement, pas à pas jusque à l' endroit du couloir où se trouvaient les deux magiciennes et les petits. Essayant de rester aussi discret que possible, il croisa le regard d' Ailyn et lui fit un imperceptible signe de tête affirmatif pour montrer qu' il était prêt à agir puis se se recula à nouveau dans la semi-pénombre. Il utilisa alors sa furtivité elfico-vampirique.

Dorian - - - -> furtivité

Tout en faisant presque corps avec le mur grossièrement taillé de la galerie de mine, afin de ne pas se faire repérer, Dorian attendit le début de la partie de cache-cache proposée par ses deux camarades...

[Bellatrix]

Bellatrix battit une nouvelle fois des mains.

"Moi, je connais un jeu très drôle. Il s'appelle "Action ou vérité". Si vous choisissez "action", vous devez faire ce qu'on vous dit. Et si on vous dit "vérité" vous devez répondre à une question sans mentir."

Bien sûr, les adultes, eux, avaient toujours le droit de mentir pour le bien des enfants mais surtout quand ça les arrangeait. Pour ne pas éveiller les soupçons et mettre un peu d'animation, elle demanda à Ailyn.

"Alors : action ou vérité ?"

[Lothringen]

Maheu se contenta de dévisager Bellatrix avec l'air de penser que ses jeux aussi étaient bizarres, mais Jehan, plus vif, ne laissa pas à Ailyn le temps de réfléchir à sa réponse.

"Action ! Action !"

Le blabla, c'est un truc de filles.

[Bellatrix]

Bellatrix eut l'air de réfléchir avant de proposer.

"Je veux que vous alliez tous les trois chanter une comptine au cuisinier dans laquelle il y aura les mots : nombril, soupière, tarte et pot de chambre. Ne revenez pas tant que vous n'aurez pas accompli votre mission."

Elle espéra que ce petit interlude hautement musical et inventif laisserait le temps au Grand Vampire de s'emparer du petit carnet.

[Bat]

Dorian regardait avec toute l' attention possible Ailyn et Bellatrix organiser leurs " jeux " fin d' entraîner Jehan et Maheu sur une " fausse piste ". Cette méthode " saine " comme disait Ailyn en valait bien d' autres...Le bon vampire espérait de tout son fort intérieur que les deux gamins mordraient à l' hameçon et que lui pourrait enfin passer à l' action. Avec sa stature, se faufiler en toute hâte et parcourir le carnet de l' associé de Blanche-Mine représentait presque un défi...Heureusement que ledit associé faisait sa sieste et que Dorian possédait les pouvoirs de furtivité et hâte.

En parlant de furtivité, le guerrier luménien se concentra sur la sienne afin de ne pas être repéré par Jehan et Maheu, cela serait vraiment trop stupide...Dorian se prépara à agir très vite et sous peu.

[Lothringen]

Jehan resta interloqué. Du haut de ses dix ans, il se considérait un peu jeune pour être capable d'improviser une chanson, et il ne se sentait pas vraiment la vocation d'un barde. Mais Bellatrix venant de désigner Ailyn pour leur partenaire, il se dit comme de bien entendu qu'en fait elle relèverait le défi pour eux et alors c'était comme d'aller au spectacle. Et ça deviendrait drôle.

"D'accord ! Mais tu dois venir avec nous pour vérifier qu'on a bien fait les choses !"

De son côté, Maheu répétait la consigne à voix basse, de peur d'oublier en route.

"Nombril, soupière, tarte, pot de chambre. Nombril, soupière, tarte..."

"Allez, on y va !"

Et Jehan les entraîna tous les quatre dans la galerie. Le petit groupe passa non loin de Dorian sans l'apercevoir, puis poursuivit sa route en direction des cuisines.

[Bat]

Dorian eut du mal à garder son calme : les deux magiciennes avaient réussi. Les deux gamins s' étaient pris au jeu et à présent le champs était libre. Les enfants n' étaient plus là et le père dormait. Mais il fallait faire vite. Avec ses pouvoirs elfico-vampiriques (de célérité et furtivité), Dorian se glissa avec toute la hâte et la discrétion possible dans le bureau où se trouvait le fameux carnet. Fébrilement, tout en essayant de garder son calme et de maîtriser les battements de son coeur, le vampire luménien ouvrit le précieux document.

Par chance, Dorian en tant que gérant de la Forge Flamboyante de Luménis avait un peu l' habitude de parcourir des documents techniques ou comptables. Il avait l' espoir de comprendre quelque chose parmi les notes de l' associé de Blanche-Mine. Mais ça, il allait vite le savoir dès les prochaines minutes...

[Lothringen]

Dorian n'eut pas à fouiller très longtemps pour trouver le carnet. Bien sûr, son propriétaire ne l'avait pas laissé bien en évidence sur la table, mais dans un petit tiroir sous le bureau. Encore fallait-il connaître son existence pour avoir envie de l'y trouver...

C’était un carnet relié en cuir, déjà bien entamé. En page de garde, on pouvait lire, d'une petite écriture serrée :
« Journal de bord et livre de comptes du village de Macreda, par Theon Grisard, bourgmestre. »

Le carnet semblait épais, cela prendrait un moment de le parcourir ; Dorian voulait-il le laisser là, prendre le risque de le lire sur place, ou l'emporter ?

[Bat]

Dorian s' énerva à peine. En fait il aurait pu parier que la situation ne serait pas aussi simple que prévu dans le plan d' Ailyn. Cela aurait été trop beau si le carnet avait eu l' épaisseur...d' un carnet. Quelle idée avait eu le bourgmestre d' écrire un véritable roman, surtout au coeur d' un endroit aussi sinistre et reculé que cette mine....Dans l' immédiat le bon vampire devait réfléchir et vite : rester lire au risque de se faire surprendre par le bourgmestre ou bien prendre la poudre d' escampette afin de parcourir le carnet dans un lieu plus tranquille.

Le vampire sharessien prit rapidement sa décision : il glissa le carnet dans une des poches de son habit et s' éclipsa sans faire de bruit. Si d' aventure l' associé émergeait trop tôt de sa sieste, Dorian jouerait les innocents...après avoir caché le carnet en lieu sûr...Le problème principal concernait les deux magiciennes : si les choses se gâtaient, Ailyn et Bellatrix apparaitraient logiquement comme complices.

Mais si Dorian restait sur place, peut-être n' aurait-il pas le temps de s' esquiver et il ne pourrait prendre connaissance de la totalité du contenu du carnet. Tout ce que Dorian pouvait espérer si le bourgmestre s' apercevait de la disparition du carnet, c' était que l' associé de Blanche-Mine pense avoir simplement égaré ses écrits...

Fragiles espérances que tout cela. Sur ces pensées, Dorian parcourut les galeries désertes à la recherche d' un coin tranquille où il pourrait poursuivre sa lecture...

[Lothringen]

En réalité le coin le plus tranquille du repaire des déserteurs était précisément celui où il se trouvait : il y avait peu d'allées et venues entre les cuisines, les cellules et les "appartements" de celui qu'il savait désormais être bel et bien le bourgmestre qu'on leur avait demandé de rechercher. Dorian finit donc par se caler dans un coude des galeries pas trop mal éclairé par les torches et, après avoir bien vérifié qu'il n'y avait personne en vue, rouvrit le carnet.

Les premières pages répondaient strictement au programme évoqué en page de garde. C’était une succession de doléances, de litiges entre voisins, et de comptes rigoureux des dépenses publiques et revenus d’impôts. On pouvait y apprendre que Macreda comptait cent-huit habitants permanents et soixante-dix vaches laitières, une sorcière supposée et une bonne poignée de médisants. La personnalité du bourgmestre y transparaissait en filigrane : rigoureux dans ses comptes mais conciliant dans ses rapports humains, il préférait régler les différents à l’amiable que d’importuner le clergé de Tyr ou les milices des plus gros bourgs.
Dans les plus récentes pages, cependant, la présentation était différente. C’était toujours la même écriture fine, mais les paragraphes étaient plus brefs et la fréquence d’écriture plus discontinue. A force de feuilleter, on pouvait tomber sur cette page qui faisait office de charnière entre ces deux types de rédaction :

Le 25e jour de Marpenoth, 1372 CV.

Les autorités manostiennes ont renoncé à défendre les campagnes : l’ordre d’évacuation vient de tomber. Nous avions beau nous y attendre, le coup est rude pour nous tous. Plus de cent années d’efforts, de pierres arrachées aux carrières, de puits creusés à la sueur de nos fronts, et de troupeaux patiemment engraissés – tout cela va être abandonné à la fureur de pillards et de massacreurs sanguinaires. Nous avons ordre de détruire ce que nous ne pouvons emporter, et de brûler les dernières récoltes. Mon devoir est de vérifier que chacun fait ce qu’il doit faire, et de partir le dernier.

Le 30e jour de Marpenoth

Ça y est, le dernier convoi vient de partir. Je suis le bourgmestre d’un hameau fantôme. Les enfants ont peur, et je ne peux les en blâmer. Personne n’attend de moi que je demeure, les autorités m’enjoignent même de suivre les autres, et pourtant, je me refuse à partir. Le rôdeur en moi s’indigne : aux dernières nouvelles, la colonne de troupes mélandienne ne passera pas ici – je veux éviter que le village ne soit la proie des pillards. En prime, je soupçonne que Petit-Jacques a raté le départ…

Le 1er jour d’Uktar

Je me croyais aux aguets, mais ils ont tout de même réussi à me surprendre, ces déserteurs. Leur chef est un curieux semi-orque albinos du nom de Blanche-Mine. Il est beaucoup moins sot qu’on ne s’y attendrait. Alors que ses hommes étaient déjà prêts à nous massacrer, les garçons et moi, il a pris le temps de se renseigner sur qui j’étais et ce que je faisais là. Et il m’a proposé un pacte : je les fais bénéficier de ma connaissance de la région, et ils nous laissent la vie sauve. Je n’avais d’autre choix que d’accepter. Plus avisé que les brutes qui le suivent, Blanche-Mine a compris qu’ils ne pourraient survivre longtemps ici sans connaissance du terrain. Avec mon aide, ils auront un avantage certain sur les troupes manostiennes…

Le 2e jour d’Uktar

Mon premier « service » envers mes nouveaux amis a été de leur indiquer la vieille mine – elle est idéalement cachée en pleine forêt, et ne figure plus sur les cartes récentes. Je pourrais leur en fournir le plan complet, et même leur dessiner une carte de la région, mais je m’en garde : sans doute me tueraient-ils alors. Blanche-Mine semble s’amuser de ma défiance, et m’assure que tant que je les renseignerai correctement, je n’ai pas de souci à me faire, car je lui suis plus utile que la plupart de ses hommes, même avec le surcroît de trois bouches à nourrir. Il daigne même me présenter à eux comme son « associé. »

Le 5e jour d’Uktar

Ces déserteurs feraient honte aux bêtes sauvages. Les récits de leurs atrocités me font saigner les oreilles, et j’ai exigé de m’installer à l’écart afin qu’ils laissent mes garçons en paix. Là encore, Blanche-Mine me l’a accordé.
Je leur ai indiqué où trouver les réserves cachées du vieux moulin. Suis-je un traître ? En ces temps troublés, ces mots n’ont plus grand sens. Comme eux, j’essaie de survivre. Quoi qu’il en soit, nos destins sont liés désormais.

Le 8e jour d’Uktar

Je ne suis pas le seul à n’avoir pu me décider à quitter la région - le druide Agenor et ses compagnons mènent la vie rude aux déserteurs, qui les craignent à raison : avant-hier, un homme parti se soulager a été retrouvé la carotide arrachée par une bête sauvage, les chausses sur les talons… Blanche-Mine me demande de l’aider à le coincer. Sans doute le pourrais-je, mais pour l’heure, je temporise. Autrefois, j’aurais pu m’entendre avec Agenor et son groupe. Mais maintenant ?

[Bat]

Dorian acheva sa lecture et dut s' appuyer contre le mur un bref instant. Avant toute toutes choses, il lui fallait mettre de l' ordre dans ses idées. Ainsi donc l' associé alias Theon Grisard agissait sous la contrainte de son -sinistre- partenaire. Quelque part cela rassurait Dorian. Il serait plus facile de ramener le bourgmestre chez les luméno-manostiens...à condition qu' Ailyn, Bellatrix et Dorian à persuader Theon Grisard que cette fuite ne mettrait pas ses garçons en danger. Cela ce n' était pas gagné...Dans l' immédiat toutefois, mieux valait remettre le carnet là ou le bon vampire l' avait trouvé. Ce dernier priait Sharess, Lathandre, Sunie, Tymora et tous les dieux d' alignement bons du panthéon féérunien pour que Théon ne se soit pas réveillé pendant la lecture de ses notes.

Avec de multiples précautions, Dorian revint sur ses pas et s' approcha à pas de loup des appartements de l' associé. Tout en faisant tout son possible pour ne pas faire de bruit et ne pas se rendre visible, le géant pointa les oreilles afin d' écouter d' éventuels pas de l' associé contraint. Si son ultra-ouïe lui permettait d' entendre la respiration lente d' un homme endormi, alors Dorian se glisserait chez lui et remettrait le carnet à sa place dans le bureau. Après quoi, il i rait partager ses découvertes avec ses camades d' aventure : Ailyn et Bellatrix seraient ravies d' être éclairées sur la situation réelle du bourgmestre...

Dorian - - -> détection auditive - - -> les appartements de Theon Grisard.

[Lothringen]

Il ne détecta pas grand chose d'utile. Dans la première pièce, le bureau, tout était tranquille et rien ne bougeait ; il n'entendait aucune respiration. La seconde, plus lointaine et dont l'entrée était dissimulée par un rideau, restait tout de même hors de portée.