[Désert d'Anauroch] Quête : Racines

[Voyageuse]

Le chef hocha la tête d'un air songeur. La réponse de Kasumi avait paru le rassurer quelque peu, et il s'autorisa un demi-sourire avant de reprendre immédiatement son sérieux.
" Pénombre gagne en influence depuis quelques temps. Je ne sais pas ce qui se passe par là-bas, mais ce que vous me dites n'augure rien de bon. Ce que je redoute, c'est une alliance entre eux et une autre des factions qui hantent ces terres... Notamment les asabis. Avez-vous observé quoi que ce soit allant dans ce sens ? Ou quoi que ce soit qui représenterait un danger pour les humains d'ici ?

[Kasumi]

Le souci du bédouin était bien compréhensible : il cherchait à protéger sa tribu et son mode de vie. Rien de moins que ce qui avait été sa vocation de rôdeur lorsqu'il avait vécu en Haute-Forêt. Le demi-elfe prit donc le temps de la réflexion pour livrer une réponse la plus sincère possible :

- Les asabis que nous avons rencontré lors de notre voyage restaient prudemment au nord des montagnes et aucun d'entre eux ne semblait désireux de s'approcher de la Mer intérieure. Nous avons aussi rencontré un petit groupe que nous avons soupçonné être lié au Zhentarim. Ils semblaient au courant des machinations des mages de Pénombre mais je ne crois pas qu'ils y aient été mêlé de près ou de loin. Vos ennemis semblent se craindre et se méfier les uns des autres. Espérons que cela continue ainsi.

[Voyageuse]

Le bédouin hocha la tête, la mine sombre.
" Espérons..."
Il planta à nouveau son regard dans les yeux de Kasumi.
" Et que pensent de tout cela les elfes d'Everaska ? La menace n'est pas si loin de leur territoire... Ont-ils l'intention de tenter quelque chose ? D'appuyer... l'une ou l'autre faction peut-être ?

[Kasumi]

Il était bien tard pour avoir ce genre de discussions, d’autant que le demi-elfe n’avait pas vraiment de réponse claire et satisfaisante à donner au chef bédouin. Il répliqua néanmoins sans détour, aussi honnêtement que possible compte tenu de ce qu’il savait et ce qu’il savait ignorer :

- Vous devez savoir que je ne suis qu’un simple rôdeur. Je ne suis donc pas vraiment au fait de ces grandes décisions. Cependant, j’en sais assez sur Everaska pour savoir que les elfes mènent une politique assez autarcique. C’est moins vrai que chez d’autres communautés plus isolées mais ce qui n’atteint pas directement le territoire d’Everaska ne concerne pas Everaska. C’est peut-être un peu plus subtil que cela puisque la cité entretient des relations avec les autres états et même certaines communautés importantes. Mais Everaska enverra des diplomates longtemps avant d’envoyer des soldats.

Il était conscient que cette réponse ne satisferait certainement pas le bédouin aussi s’empressa-t-il d’ajouter sur un ton un peu plus optimiste :

- J’ai toutefois des relations directes avec un diplomate everaskan. Si vous voulez organiser une rencontre avec certains des chefs de la région, je pourrai lui en toucher un mot. Je ne peux rien promettre de plus malheureusement.

[Voyageuse]

" Ah..."
Le bédouin semblait légèrement déçu.
" Voyez-vous, j'espérais... que peut-être votre présence ici signifiait que les autorités d'Everaska étaient au courant de l'aggravation de la situation, qu'ils vous envoyaient évaluer l'ampleur de la menace ou quelque chose comme ça. Ces histoires d'animaux transformés... J'en ai entendu parler par d'autres tribus qui voyagent plus à l'est que nous, ça fait plusieurs veilles, peut-être plusieurs mois que ça dure. Bref, je pensais que votre présence ici était liée à tout cela."
Il soupira.
" Mais effectivement... votre proposition d'organiser une rencontre avec les elfes pourrait s'avérer nécessaire..."

[Kasumi]

Kasumi haussa les épaules en signe d'impuissance : si les bédouins s'en remettaient à une puissance étrangère et lointaine pour intervenir, la situation devait effectivement leur apparaître critique. Il jeta un regard en direction d'Eärundra - bien silencieuse durant le repas - puis répondit avec sincérité :

- Je ne veux pas vous donner de faux espoirs mais je transmettrai l'état de la situation dans le désert : j'en ai eu un aperçu direct la veille passée. Et je ferai part de votre proposition de rencontre également. Vous devez voyager sans cesse : y-a-t-il toutefois un endroit où l'on peut vous contacter ?

[Voyageuse]

Son interlocuteur réfléchit un instant.
" Ici, à l'oasis d'Aiguebrune, ils trouveront toujours du monde. Et la plupart des clans bédouins sont au courant des déplacements des uns et des autres. Il leur suffira de demander où se trouve le clan de Noirépine, ils nous trouveront."
Il soupira.
" La menace qui se profile à l'est est trop importante pour que nos clans, isolés et pris dans leurs petites luttes d'influences locales, puissent y faire face. Et surtout, elle ne concerne pas que cette région de féérune, mais probablement le continent entier, voire Toril elle-même... Il faut que les autres puissances en prennent conscience et agissent avant qu'il ne soit trop tard... J'espère que vous saures leur faire comprendre cela".

[Kasumi]

Le rôdeur répondit d’un ton conciliant car lui aussi était inquiet du déséquilibre dans l’ordre naturel auquel il avait assisté. Cependant, il doutait d’être la personne la plus à même de changer les choses de manière décisive. Ces terres n’étaient pas les siennes et il serait un étranger partout où il irait quémander de l’aide. Quant à agir lui-même, à peine plus d’une veille dans le désert avait suffi à le convaincre qu’il n’avait pas même les capacités pour survivre seul de manière durable dans cet environnement et diminué comme il l’était à présent.

- Je ferai mon possible pour me montrer convaincant. Je vous encourage toutefois à multiplier les appels auprès des voyageurs qui traversent vos terres : le récit d’un seul n’aura jamais la même force que la rumeur provenant de plusieurs sources concordantes.

Mal à l’aise devant le tour grave que prenait cette rencontre, le demi-elfe ajouta d’un ton poli :

- Notre voyage va nous porter une nouvelle fois quelques jours vers l’est et nous allons devoir repartir tôt demain. Je crois qu’il serait plus sage de dormir. Je vous remercie pour votre excellent accueil en tous cas.

[Voyageuse]

Le vieil homme hocha la tête.
" Je ne vais pas vous retenir plus longtemps... La nuit sera suffisamment courte comme cela, en effet. Merci d'avoir pris le temps d'écouter les inquiétudes de mon peuple..."
Il se leva et s'inclina brièvement.
" Bonne nuit à vous, voyageur. Et à vous aussi, Dame, ajouta-t-il en se tournant vers la druidesse qui se levait à son tour pour lui rendre son salut. Puissent l'ombre et l'eau abonder sur votre route..."
La druidesse s'inclina avec un sourire et répondit en langue bédouine, puis attendit Kasumi pour revenir vers leur campement.
Les autres feux du camp bédouin étaient éteints, les familles dormaient déjà. Les étoiles piquetaient le ciel de mille diamant; la nuit était calme et silencieuse, comme elle sait l'être dans le désert. Les bruits humains, dans cet environnement, étaient bienvenus.

[Kasumi]

Kasumi souhaita la bonne nuit au chef de tribu et l’assura une nouvelle fois qu’il s’entretiendrait avec les autorités everaskanes avant de prendre congé. La nuit était fraîche quand ils atteignirent leur camp de fortune et le rôdeur s’assura que les aigles ne manquaient de rien puis vérifia leurs bagages avant de se tourner vers la druidesse :

- Moi qui pensait me reposer longuement ce soir, c’est peine perdue. Je ne crois pas que nous ayons besoin de faire un tour de garde avec tous les bédouins alentours : avoir été invité à leur table doit être gage de protection… Mais comme nous n’avons qu’un hamac, je te le cède volontiers ! Le sable est mou ici, pas comme la rocaille de la dernière fois. Et vu mon retard de sommeil, je dois pouvoir m'endormir n'importe où.

Il ne tenait pas particulièrement à se retrouver à nouveau dans une situation embarrassante, surtout sachant ce qu’il savait.

[Voyageuse]

" Garde ton hamac, sourit la druidesse, sans paraitre se soucier de ce que sa proposition sous-entendait. Les humains -ou les demi-elfes- ont davantage besoin de confort que nous autres elfes pour bien dormir. Moi, je peux plonger dans la rêverie même en étant à demi-assise contre un rocher, si je le veux. Et je peux aussi demander asile à l'une des familles que j'ai aidées tout à l'heure, ils me l'ont proposé. "
Elle s'étira.
" Je te confie le campement et les aigles. Nous sommes de toute façon en sécurité ici. Ne te préoccupe pas de moi...", conclut-elle avec un sourire avant de s'éloigner dans l'obscurité en direction du campement bédouin.

[Kasumi]

Kasumi devait bien reconnaître qu’il était une nouvelle fois impressionné par la sagesse de la druidesse et son grand sens pratique. Certes, il avait des circonstances atténuantes avec les heures de sommeil en retard qu’il avait accumulées. A dire vrai, il n’aspirait qu’à dormir surtout en sachant que la nuit serait bien trop courte. C’est pour ces raisons qu’il ne protesta pas un seul instant et souhaita la bonne nuit à Eärundra avant de s’installer le plus confortablement possible.

[Voyageuse]

Il fut réveillé par la chaleur et la lumière éblouissante du soleil. Il était plus tard qu'il l'aurait voulu : il devina que le soleil devait être levé depuis plus d'une heure.
Il entendait la druidesse fredonner non loin, et sentit une bonne odeur de thé lui chatouiller les narines.
" Debout la marmotte ! Il est temps...."
Il put constater qu'Eärundra, fidèle à ses habitudes, avait déjà préparé le petit déjeuner. Un peu plus loin, les bédouins vaquaient à leurs occupations, nourrissant leur bétail. le rôdeur constata que leurs tentes n'avaient pas été démontées, signe qu'ils comptaient rester peut-être plusieurs jours sur place.
" Bien dormi ? questionna la druidesse une fois qu'il l'eût rejoint, en lui tendant du pain et du fromage. Paré pour une journée de vol ?"

[Kasumi]

Ce petit laps de temps volé sur la journée lui avait été profitable et il ne tarda pas à rejoindre la druidesse, se sentant à nouveau d’attaque pour une longue journée de voyage. Il s’empara de sa part du petit-déjeuner et adressa un sourire de remerciement à l’elfe :

- Oui, tu as bien fait de me laisser une ou deux heures de plus : il m’arrive de devenir ronchon quand je manque trop de sommeil. Cela dit, là-haut, il n’y a que Rubis que je puisse gêner et je ne m’y risquerais pas sachant qu’il peut aisément se venger !

[Voyageuse]

" Il risquerait de t'abandonner en plein désert et tu mettrais des jours et des jours à rentrer... Et ne compte pas sur opale pour aller çà l'encontre des décisions de son cher Rubis ! Tu sais quoi, je crois bien qu'elle va bientôt pondre... Je sens qu'elle a hâte de rentrer..."
Elle profita du temps qu'il mettait à déjeuner pour charger les bagages.
" les bédouins sont inquiets, ajouta-t-elle, plus sérieuse. J'espère que ton père a des contacts suffisament bien placés pour relayer ces inquiétudes... Tu vas lui en parler ? "

[Kasumi]

La nouvelle concernant les oiseaux le fit sourire et il les regarda avec tendresse avant de répondre à la druidesse d’un ton plus grave :

- Oui, ils ne sont pas encore en danger immédiat mais ils ont raison d’être inquiets. Et tenter de convaincre mon père de l’importance de ce qui se passe ici est le moins que je puisse faire. Au-delà des hommes et des elfes que cela met en danger, je suis révolté par ces aberrations qui vont à l’encontre de tout ce qui est naturel.

Il était sincère, son regard passionné suffisait à s’en convaincre.

[Voyageuse]

" Ta'sslan est inquiet aussi. Mais pas uniquement pour ces motifs, même si, comme nous, il hait ces aberrations. Il craint aussi que certains clans asabis soient tentés de s'allier avec Pénombre, de se mettre au service de la cité. Il y a des pages communes de leur histoire... Si j'ai bien compris, nombre d'asabis ont été esclaves des phaerimms, sous la surface du désert, et ils ont été libérés par les archimages de Pénombre avant que la cité ne réapparaisse. Enfin, je crois. Je dois dire que je connais mal l'histoire de leur race, je sais juste qu'ils sont plus ou moins les descendants des Sarrukh, et que certains de ceux-ci sont devenus des liches, eux aussi sous la surface de ce désert... Bref, leur histoire et celle de Pénombre s'entremêle. Ils peuvent être tentés d'entrer au service de ceux qu'ils percevraient comme d'anciens alliés."
Elle secoua la tête.
" En tout cas, Ta'sslan pense que certains le feront. Pas tous, heureusement. Il craint les tensions entre clans que ça va générer. Mais... tout cela nous dépasse, je crois. Les forces en jeu dans ce désert, y compris et surtout sous sa surface, sont énormes. Je pense que les mages d'Everaska le savent, mais une piqûre de rappel ne leur fera pas de mal. Pour ma part... j'espère ne jamais voir ces aberrations quitter le désert pour attaquer les autres peuples."
Elle acheva de boucler la dernière sangle. Il ne restait plus à Kasumi qu'à faire la vaisselle -corvée pour laquelle elle se garda bien de proposer son aide.

[Kasumi]

Kasumi s’exécuta sans rechigner : il était bien normal qu’ils se partagent un tant soit peu les tâches. Sa physiologie permettait à l’elfe de moins dormir mais le demi-elfe tenait à participer dès qu’il le pouvait sans les retarder. Il avait écouta la leçon d’histoire avec attention mais il ne pouvait s’empêcher de garder à l’esprit que cette région n’était plus la sienne. Partout, des guerres abominables se déroulaient entre monstres et entre humains. Il ferait ce qu’il pourrait et cela consistait ici à porter un message fidèle, un avertissement de ce qui était et de ce qui pourrait advenir : si les elfes et les hommes de ces terres ne pouvaient pas régler eux-mêmes leurs problème, ce n’était pas un rôdeur qui pourrait changer la donne.

La vaisselle finie, il s’approcha de Rubis, prêt à poursuivre cette étape de son voyage.

[Voyageuse]

L'étape fut aussi longue et éprouvante que d'habitude. Même si le corps de Kasumi s'était peu à peu habitué à ces longues postures immobiles, même avec une selle plutôt confortable, tenir une journée entière sur le dos de Rubis était nettement plus fatigant que chevaucher une monture équine.
Ils firent halte à midi au beau milieu de nulle part, dans un désert de rocaille, et parvinrent un peu avant le coucher du soleil à une oasis qu'ils avaient déjà visité quelques jours plus tôt, et qui se révéla étonnamment déserte. Elle ne le resterait pas, cependant. Du haut de leur perchoir, ils avaient aperçu une petite caravane d'une dizaine de personnes, des marchands probablement, qui se dirigeaient comme eux vers l'est et seraient là d'ici une petite heure.

[Kasumi]

Les heures passées seul en selle étaient propices aux réflexions en tous genres mais le rôdeur se sentait surtout passablement somnolent après de trop nombreuses nuits écourtées et ce voyage qui semblait durer depuis une éternité. Depuis combien de temps avait-il quitté Luménis ? Que devenait Première Neige ? Il pressentait qu’il ne pourrait plus vraiment s’attarder en ces terres s’il ne voulait pas que leur lien soit rompu.

Dès qu’ils eurent atterri, il s’approcha d’Eärundra pour lui signaler qu’il comptait monter la garde le soir même. Cela signifiait ne pas prolonger leur veille. Comme d’habitude, il avait l’intention de laisser la druidesse se reposer la première. Il ne restait plus qu’à espérer que cette précaution serait suffisante face à la caravane qui approchait. Il serait utile dans tous les cas de discuter avec eux pour cerner leurs intentions voire obtenir des nouvelles de l’est ou du nord.

[Voyageuse]

En guise de nouvelles, ils n'en obtinrent pas vraiment et donnèrent bien plus d'informations qu'ils n'en reçurent. Les nouveaux arrivants étaient des vendeurs d'étoffes précieuses et de bijoux qui se rendaient dans les Vaux, et comptaient passer bien au sud de la Mer de la Soif dont ils connaissaient la sinistre réputation. ils se montrèrent avides de renseignement sur le secteur, mais hélas Kasumi et Eärundra connaissaient surtout le nord du désert : la discussion s'avéra vite stérile.
Les marchands proposèrent cependant, une fois mis en confiance, de les relayer pendant la nuit pour organiser des tours de gardes plus court, si toutefois Kasumi et Eärundra acceptaient de bivouaquer avec eux. L'elfe ne semblait guère savoir que penser de la proposition, et jeta un regard interrogateur à Kasumi.

[Kasumi]

Kasumi ne voulait pas accorder sa confiance si rapidement à des hommes dont il ignorait tout. Il était trop près du but pour tout risquer par un relâchement. Il déclina donc poliment la proposition des marchands pour s’en tenir à son plan initial : bivouaquer non loin des marchands certes mais séparer tout de même leur campement et s’assurer que toujours Eärundra ou lui restent éveillés.

[Voyageuse]

La druidesse n'émit aucune objection, se rangeant à son avis. Ils installèrent leur campement à quelques dizaines de mètres des caravaniers et veillèrent à tour de rôle, Kasumi prenant le premier tour comme à son habitude, Eärundra le laissant compenser son manque de sommeil le lendemain matin.

L'étape suivante fut tout aussi morne et monotone. Mais le paysage changeait peu à peu. Les monts Cimeterre se découpaient à l'horizon, sur leur droite. Ils avaient rendez-vous à l'extrémité nord-ouest de la chaîne, et ils y seraient très certainement le soir même, avec un peu d'avance sur l'échéance prévue. Les asabis étaient sans doute encore en chemin, à deux ou trois jours de marche. Il leur serait facile d'aller en reconnaissance à dos d'aigle, le soir même ou le lendemain, pour les repérer. Mais pour l'heure, il leur fallait trouver un endroit où bivouaquer. Nulle oasis n'était visible, et, comme lors de leur dernier passage dans les environs, le vent de sable qui se levait sous leurs ailes n'augurait rien de bon.

[Kasumi]

Kasumi ne voulait prendre aucun risque et s’attendait à ce que le bivouac du soir les force à s’emmitoufler dans leurs couvertures à flanc de falaise. Après tout, il avait rattrapé une partie de son sommeil la nuit dernière ce qui serait appréciable en cet instant. Demain, ils pourraient se mettre en route en milieu de matinée pour tâcher de retrouver Huassasth. En tous cas, il fit signe à Eärundra que le premier emplacement correct ferait l’affaire : il n’avait pas l’intention de voler jusqu’à la nuit avec la tempête qui se préparait.

[Voyageuse]

Ils finirent par trouver un emplacement ressemblant fort à celui qu'ils avaient choisi quelques jours plus tôt. Un renfoncement dans la roche, presque une grotte, les abriterait du vent. Les aigles n'avaient pas cette chance, et Eärundra usa de ses sortilèges pour les préserver de la tempête de sable qui se préparait. Hélas, leur effet ne durerait pas toute la nuit...
Les deux voyageurs, mieux lotis que leurs aigles, purent bénéficier de l'abri relatif du renfoncement pour faire un feu et cuisiner. Eärundra créa de l'eau pour les aigles et pour eux, avant d'installer leurs couchages. Au-dehors, la tempête faisait rage, et les deux aigles, blottis contre la roche, avaient enfoui leurs têtes dans leurs plumes. C'était tout ce qu'ils pouvaient faire. La nuit serait inconfortable... d'autant qu'ils eurent la surprise de voir débouler une colonie de rongeurs, des sortes de gros rats fuyant sans doute la tempête, ou peut-être poussée au loin par Ta'sslan, bien décidée à partager leur abri.

[Kasumi]

Dans cet endroit et au cœur de la tempête, il était peu probable qu’ils soient attaqués par quelque chose plus gros que des rats. La situation précaire d’Opale et Rubis acheva de décider le rôdeur : cette nuit, il dormirait en même temps qu’Eärundra afin de raccourcir au minimum la durée de leur halte et être tous deux reposés au cas où il faille intervenir quand viendrait la fin des sortilèges d’Eärundra. Il fallait cependant s’assurer que les rongeurs n’étaient pas agressifs ni porteurs de maladies et, les préparatifs de leur campement achevés, Kasumi s’en ouvrit à la druidesse.

- Au moins nous n’aurons pas froid cette nuit… Mais il faut protéger nos réserves de nourriture. Comment veux-tu procéder ?

[Voyageuse]

" Hum... j'ai un sortilège permettant de les repousser, mais il ne dure qu'une heure et demie. Ou alors je peux tenter de convaincre leur... chef de meute, si on peut dire... d'aller voir ailleurs à la recherche d'un autre abri. Mais... c'est presque cruel, vu le temps qu'il fait dehors. Il va être difficile à convaincre"
Elle soupira.
" J'ai quelques herbes qu'ils n'aiment pas trop, on va en frotter nos sacs contenant les provisions. Et les autres aussi d'ailleurs, sauf si vous voulez des trous dans vos vêtements. S'ils sont trop affamés, ça ne suffira pas... et... ils le sont je pense. Bon, je vais sortir, les attirer plus loin avec quelques provisions que je leur laisserai, les convaincre de me suivre. J'espère qu'il y a un autre abri un peu plus loin le long de la falaise, qu'ils ne soient pas tentés de revenir. J'utiliserai mon sortilège de répulsion juste avant qu'on dorme, en espérant que ça suffise à les décourager et qu'ils ne retentent pas leur chance plus tard. C'est tout ce que je vois. D'autres idées ?"

[Kasumi]

Le rôdeur sourit : l’elfe était décidément pleine de ressources et de bonnes idées :

- Ne prends pas de risque s’il n’est pas possible de les loger ailleurs : nous sommes autant des intrus de passage qu’eux-mêmes. Je vais voir s’il est possible de suspendre certains sacs hors de portée pendant que tu charmes ces rongeurs. Je suis certain que si Léo avait été là, nous n’aurions eu aucun problème. Il me manque déjà !

[Voyageuse]

" Ça grimpe partout, ces bestioles... mais peut-être que si tu suspens les sacs au bout d'une corde accrochée au "plafond", ils n'arriveront pas à descendre. Il faut essayer, en tout cas. Moi, je vais quand même essayer de leur trouver un autre abri, ajouta-t-elle en fouillant dans leurs provisions.
Elle en sortit un morceau de pain, le plus ancien possible, un peu de gras de jambon, deux pommes un peu blettes, et s'accroupit, fixant calmement les rongeurs dans les yeux, l'un après l'autre. Ils lui rendirent son regard, curieux, intéressés par le contenu de ses mains. Et ils la suivirent quand elle sortit. Tous, sans exception.
" Mission accomplie... provisoirement, fit la druidesse en revenant. Mais le seul abri que j'ai pu leur trouver est minuscule en comparaison de celui-ci, et ils sont affamés. En plus ça n'est pas loin, donc ils risquent de revenir au beau milieu de la nuit malgré la tempête. A toi de mettre ton plan à exécution... en espérant qu'ils ne s'amusent pas à nous grignotter nos couvertures pendant qu'on dormira !

[Kasumi]

Il n’y avait malheureusement pas moyen de s’en prémunir de façon certaine. Seul un feu aurait pu les tenir à l’écart mais leur maigre réserve de combustible était bien trop précieuse pour l’employer ainsi. Le demi-elfe fit donc de son mieux pour suspendre les sacs contenant leurs biens les plus comestibles. Ce n’était pas parfait et il existait un risque certain qu’ils soient réveillés par une chute de sac sur leur tête mais il faudrait là encore s’en contenter.

- Cette fois c’est la présence de mon frère que je regrette : je suis certain qu’il connait une musique pour charmer les rats dans son répertoire. Tu crois que je devrais essayer avec sa flûte ? Enfin, tu préfèrerais rapidement leur compagnie à la mienne si je faisais ça, je parie !