[Habitation] Le clos des roses

[Chandara]

Chandara se demanda pendant un instant à quoi pouvait ressembler une nuit dans un lit qui bougerait sans cesse et finit par conclure qu'elle devrait en faire l'expérience pour s'en rendre compte... Peut-être en se rendant à Luménis, un jour prochain ? Bon, c'était bien trop prématuré pour ne serait-ce qu'y songer aussi se concentra-t-elle sur la question que le luménien lui avait posée :

- Oh, c'est à plusieurs jours de voyage de la mer en fait... Une grande plaine sur laquelle veille les contreforts des montagnes. A dire vrai, ce n'est que récemment que j'ai vu la mer pour la première fois. Une telle étendue d'eau - salée qui plus est - était inconcevable pour moi avant d'en avoir eu un aperçu ! C'est ridicule, je sais...

[Arthur de Faisanlys]

" Non, ce n'est pas ridicule. Mon univers a sûrement été plus étriqué que le vôtre pendant des années... Je ne quittais pour ainsi dire jamais la villa familiale. Il y avait un jardin, certes... Ça ne fait que quelques années que je tente de rattraper le temps perdu. Enfin, je dis ça... Je ne cours pas après les ennuis, mais il faut croire que j'ai un certain don pour les attirer."
Il sourit pour dédramatiser ses propos, puis s'empourpra juste de croiser le regard splendide de la jeune femme, et d'apercevoir, une seconde, ce qui se trouvait juste en dessous.
" Et puis nous sommes jeunes, de toute façon. Nous n'avons sans doute pas encore vu le quart du tiers de ce qu'il y a à voir... et c'est mieux. Le contraire serait désolant, vous ne pensez pas ?"

[Chandara]

La jeune femme s'était perdue un instant dans le regard qui n'avait pourtant fait que la frôler et elle répondit, un peu confuse et hésitante :

- Que ? Oh... Oui ! Je veux dire : nous avons encore bien des belles choses à découvrir ! Il y aura des embûches bien sûr étant donné la voie que nous avons choisie, l'un et l'autre. Mais vous parvenez si bien à me convaincre qu'il reste plus de bonnes choses que de mauvaises à découvrir. Et - de toute façon - l'inconnu a un côté grisant, vous ne pensez pas ?

Si elle avait osé, elle aurait avoué que - de son point de vue - le jeune homme n'attirait pas que les ennuis. A supposé qu'il ne la place pas dans cette catégorie bien sûr !

[Arthur de Faisanlys]

" Chandara, vous me faites peur ! dit Arthur, un peu alarmé. J'espère que vous n'avez pas besoin de moi pour entrevoir tout ce que le futur peut potentiellement vous apporter... Je sais que les derniers mois ont été difficiles mais... A votre âge, si vous pensiez l'avenir sombre, ce serait si triste ! Mais j'imagine que c'est la rançon de la guerre... Vous, vous rentrez dans cette ville qui est vôtre, vous voyez ce qu'elle est devenue... ou en train de devenir... Moi je n'ai pas encore réalisé, je pense."
Il secoua la tête.
" Pardonnez-moi, mes pensées s'embrouillent."
C'est votre proximité, sans doute.
" Je suis heureux si je peux vous donner un peu d'espoir... mais je pense que vous devez le trouver en vous-même. Il y a de quoi."

[Chandara]

Pourtant c'est bien auprès de vous que j'entrevois une des plus belles parties de mon futur... Chandara rougit ses propres pensées et se morigéna de se laisser ainsi aller comme une jeune fille. C'était pourtant si grisant d'avoir un homme bon et doux comme Arthur à ses côtés. Un homme qui n'hésitait pas un seul instant à passer son après-midi en sa compagnie dans une ville qui devait lui sembler bien morne.

- Oh, je suis bien consciente de ma chance : j'ai survécu, j'ai toute la vie devant moi encore et bien des possibles qui s'offrent à moi. Je m'en voudrai de vous laisser penser que je suis ingrate au point de ne pas le reconnaître. Dans quelques mois, la guerre sera derrière moi. Il se peut même que j'emprunte des voies que je n'ose encore envisager. J'ai beaucoup pensé à ce dont nous avions parlé sur la route du moulin. Sur la possibilité de retrouver la foi de servir un dieu, à ma façon...

[Arthur de Faisanlys]

C'était un sujet qu'Arthur n'aurait jamais osé aborder si Chandara ne l'avait pas fait d'elle-même. Pourtant, il s'était posé la question, dès qu'il l'avait vue. Il ne lui semblait pas qu'elle avait retrouvé un dieu, il avait l'impression qu'il l'aurait perçu, d'une manière ou d'une autre, comme un rayonnement autour d'elle. Ou une étincelle dans son regard. Peut-être était-ce ce qui la rendait si incertaine, alors qu'une femme aussi magnifique qu'elle n'aurait pas dû douter des largesses que l'avenir lui réservait.
" Et qu'en est-il sorti ?" murmura-t-il, espérant ne pas se montrer indiscret.

[Chandara]

La jeune femme esquissa un sourire chaleureux mais tout de même timide avant de répondre :

- Pendant les combats, j'ai préféré remettre à plus tard ces réflexions. J'aurais trop eu l'impression de me convertir que par nécessité ou même par utilitarisme... Au fond de moi, j'aurais toujours douté des raisons profondes de ma conversion si je l'avais faite par peur de mourir sans dieu ou pour gagner en efficacité. Mais je m'étais promis de m'y atteler si je voyais la fin du conflit. De m'y consacrer en toute sérénité. Je crois que le bon moment est venu à présent. Bien sûr, je ne sais pas ce que me réserve l'avenir ni dans quelle direction mon cœur et mon âme me pousseront mais comme je le disais : l'inconnu est parfois grisant.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur acquiesça.
" C'est courageux de votre part... de vous ouvrir de la sorte... Je ne sais pas bien comment on se trouve un dieu... Est-ce que vous avez une idée de comment vous allez faire ? Vous allez lire ? Méditer ? Assister à des offices religieux et voir si quelque chose vous remue à l'intérieur ?"

[Chandara]

Malgré la gravité du sujet, la jeune femme répliqua d'un ton léger et amusé :

- Ce sont toutes de bonnes idées : faut-il vraiment que je choisisse ? Je crois que je ferai un peu de tout ça. Et écouter les conseils de mes amis aussi, je crois.

Elle enchaîna avec davantage de sérieux :

- Enfin, j'ai déjà pas mal lu sur le sujet je suppose, même à l'époque où je m'étais consacrée à Helm. Mon instructeur était pour promouvoir l'esprit critique et l'ouverture d'esprit... Bon, je dois tout de même vous avouer que je le trouvais parfois un peu pompeux et pédant que je préférais les entraînements martiaux mais son enseignement me sera peut-être plus que jamais profitable.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur sourit.
" Je crois que ça doit venir de l'intérieur. A mon avis, vous en savez bien assez sur les dieux... Vous avez eu une formation rigoureuse, vous êtes paladine... Si vous êtes sûre que c'est ce qu'il vous faut... rester dans cette carrière avec un nouvel élan... alors ça doit venir de l'intérieur."
Il rougit.
" Enfin... je n'oserais pas vous dire comment vous y prendre, bien sûr. Je songeais juste... si j'étais dans votre situation... mais je ne suis pas dans votre situation. Pardonnez-moi."

[Chandara]

Qu'Arthur s'intéresse tant à un sujet qui la remuait tant, toucha Chandara. Elle esquissa un geste dans sa direction mais se ravisa néanmoins au dernier moment pour se contenter de sourire avec bienveillance :

- Il n'y a franchement rien à pardonner, bien au contraire. Vos conseils et votre sagesse me sont très précieux, n'en doutez pas ! Je mentirais si je disais que je ne veux pas redevenir paladine mais j'ai peur que ce ne soit terriblement prétentieux de ma part. Les dieux qui permettent ce genre de voie ne sont pas légions et je ne vois pas en quoi je saurais me montrer suffisamment digne de l'un d'eux pour recevoir l'appel à nouveau. Peut-être me faudra-t-il me montrer moins ambitieuse. Et comme vous l'avez si bien dit autrefois, il n'y a pas que la vocation de paladin qui est honorable.

Et voilà qu'elle se remettait à broyer du noir... Elle s'efforça de sourire à nouveau pour chasser ces nuages de son esprit et ne pas gâcher le séjour du jeune-homme.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur fut sensible à son changement d'humeur, et sans l'avoir réellement prémédité, il lui prit la main. Il la lâcha cependant aussitôt, mortifié d'avoir eu ce geste de familiarité, alors qu'elle était troublée.
Mais tu l'as embrassée, autrefois, et elle n'était pas contraire.
C'était autrefois. Ils étaient dans une situation de stress intense, ils s'étaient laissés aller à une intimité imprévue...
" Je comprends que vous aspiriez à demeurer paladine... c'est une vocation admirable, je serais mal placé pour vous contredire."
Mais... Il y avait un mais, bien sûr. C'était le dieu d'abord, la commanderie ensuite, du moins de la manière dont Arthur voyait les choses. Mais Chandara paraissait si fragile qu'il n'osa rien en dire...
" Je suis sûr que vous seriez digne de n'importe quel dieu, Chandara. Le tout est d'entendre son appel... et ce n'est pas tout à fait la même chose. Donnez-vous le temps. Vous trouverez votre voie."
Mais elle s'était fourvoyée une fois, déjà : comment avait-elle pu se sentir attirée par les préceptes de Helm ? Il ne put s'empêcher de sourire. Elle avait droit à une seconde chance. Difficile de ne pas y voir la main de Lathandre.

[Chandara]

Puisqu’Arthur avait fait le premier pas – et même s’il s’était aussitôt ravisé – la jeune-femme s’approcha de lui et, après avoir calmement écouté son discours, glissa timidement sa main dans la sienne. Cela ne signifiait pas grand-chose, juste que ce contact, cette chaleur, lui faisait du bien. Elle espérait une nouvelle fois ne pas apparaître comme une dévergondée entreprenante mais elle s’était promis de suivre les élans de son cœur. Sur le champ de bataille, alors qu’elle pensait chaque matin que son dernier jour était venu, cela avait été une pensée qui lui avait permis de tenir le coup, de se raccrocher à un espoir : cela aurait été une insulte aux dieux qui avaient eu pitié d’elle et lui avait permis de survivre que de renier à présent cette résolution. Sans vraiment oser le regarder - comme si cela pouvait rendre son geste plus discret - elle répondit d’un ton apaisé :

- Merci Arthur. Vous m’avez donné à réfléchir… Je crois que le mieux que j’aie à faire est de me rendre dans les temples des divinités qui me parlent. Vous savez, j’admire la compassion prônée par Ilmater, la détermination de Torm, même le sens de la justice de Tyr. Leurs préceptes pourraient me correspondre. Mais je n’ai pas su me décider à l’époque où on me pressait de choisir entre eux et je ne crois pas parvenir à une décision avant d’avoir fait le tour de tous les dieux que j’ai prié ces derniers mois. Et comme à Manost nous n’avons pas de temple consacrés à Lathandre ou même à… Sunie, je devrai sans doute me rendre à Luménis...

Cette perspective la réjouissait et redessina un sourire sur son beau visage alors qu’elle osait enfin tourner le regard vers le paladin. Allait-il la juger superficielle sous prétexte qu’elle avait avoué s’en être remis à la dame aux cheveux de feu ? Sunie n’avait pas bonne presse à Manost ou même à Cojum, sa ville natale. Trop frivole et chaotique, peut-être était-elle encore moins ouvertement appréciée que Tyr pourtant à peine toléré dans le climat délétère actuel. Mais Arthur était luménien et - en cela - il était certainement plus ouvert d’esprit.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur n'essaya pas de récupérer sa main, mais il eut du mal à écouter ce que la jeune femme disait, perdu dans ce contact, la chaleur de sa paume, le grain de sa peau contre la sienne. Il n'en entendit que les dernières phrases, reconstitua le reste au travers des bribes qu'il avait perçues à moitié.
" Si vous venez jamais à Luménis, je vous guiderai comme vous me guidez aujourd'hui."
Il lui tenait la main. N'était-ce pas absolument totalement monstrueusement inconvenant ? Comment une fille aussi jolie pouvait-elle s'afficher ainsi au bras d'un rustre comme lui ? Il n'avait jamais été porté sur l'esthétique, mais la toile bon marché de ses vêtements le gêna subitement. Il ne put s'empêcher de se demander si les lois manostiennes permettaient qu'un garçon et une fille sans lien officiel se touchent ainsi en public. Mais Chandara devait savoir ce qu'elle faisait... Il espérait juste qu'ils n'auraient pas d'ennuis.
" Cela dit... Il ne faut pas non plus que ça devienne un marché... Je veux dire... La foi est rarement rationnelle..."

[Chandara]

Chandara était soulagée - non, ce n'était pas le mot : elle se sentait euphorique. Qu'Arthur n'ait pas repoussé son initiative, qu'Arthur se propose pour l'accueillir si d'ordinaire elle mettait ses projets à bien, qu'Arthur soit simplement là pour lui tenir la main en fait...
Malheureusement, elle voyait déjà se découper l'enseigne familière du Loyal Paladin à l'horizon. Elle n'aurait jamais cru que cette vision puisse la décevoir et pourtant c'était le cas. Une fois sur place, elle devrait relâcher la main du jeune-homme pour accompagner Kelpie jusqu'aux écuries et il n'était pas du tout garanti qu'elle retrouve le courage de la saisir à nouveau ensuite.

Cela dit, il leur restait la majeure partie de l'après-midi après cette formalité et la jeune-femme avait bien envie d'en profiter. Cette perspective lui fit remarquer d'un ton réjoui :

- Je prends tout de même vos paroles pour une invitation que je prendrai plaisir à honorer ! Mais pour cet après-midi, j'ai déjà de nombreux projets qui - j'espère - seront à votre goût.

HRP : Althy, si tu as prévu de jouer l'interaction avec Titœil, n'hésites pas à déplacer mon message au Loyal !

[Arthur de Faisanlys]

HRP : idem pour mon message, bien sûr... Il ne faut pas non plus hésiter à reprendre les rênes... Je ne sais pas ce qui est prévu...

Arthur garda la bride de la jument à la main.
" Je vais m'occuper du cheval... Peut-être... si vous prévenez votre ami... Je peux mener votre jument aux écuries... C'est juste... Hum. Vous n'avez pas une tenue adaptée... Si vous marchiez... heu..."
Il se sentit rougir.
" Hum. Enfin. Vous voyez ce que je veux dire. Je peux m'en charger. Votre destrier a l'air de... heu... me tolérer."
Il flatta l'encolure de Kelpie, espérant qu'elle ne le contredirait pas en le mordant.

[Chandara]

Elle se sentit une nouvelle fois un peu idiote d'avoir ainsi voulu se faire jolie au risque de ne pas avoir une tenue adaptée. Elle était aussi désolée d'ainsi obliger Arthur à s'occuper de sa monture : c'était indigne de lui mais elle n'osait pas s'opposer à sa bienveillance et à sa gentillesse et répondit d'un ton un peu gêné :

- Je vais prévenir Titœil comme ça nous ne perdrons pas trop de temps ! Et je crois que Kelpie fait plus que vous tolérer : vous êtes très doué pour vous faire apprécier... des chevaux.

Elle avait rajouté un peu précipitamment ces derniers mots par crainte devant sa propre audace et elle battit aussitôt en retraite un peu lâchement, son cœur battant soudain un peu trop vite.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur rougit.
" Je... Heu... C'est gentil de dire ça." murmura-t-il simplement.
Il avait toujours bien aimé les chevaux, mais il avait appris sur le tard. C'était une chance qu'il ait une certaine connexion avec ces créatures, sans quoi il aurait fait un piètre paladin.

[Chandara]

La paladine s'était, quant à elle, précipité - le plus rapidement possible tout en lui permettant de conserver sa dignité - vers la porte menant à la salle commune du Loyal Paladin. Il y avait fort à parier que Titœil ne serait pas si surpris de la revoir car il devait bien se douter que le Clos des Roses n'abritait pas d'écurie pour Kelpie. Sans doute s'était-il gardé de la prévenir pour s'assurer rapidement qu'elle y avait élu domicile... Si c'était bien cela, la jeune-femme ne parvenait pas à en vouloir à son ami et se ferait un plaisir de le rassurer et de louer une place pour Kelpie pour les jours à venir.

[Althéa]

En la voyant, Titoeil se remit à danser d'un pied sur l'autre, visiblement gêné. Apparemment, les suppositions d'Arthur et de Chandara concernant l'hébergement étaient exactes. Titoeil, sous ses airs débonnaires était-il facétieux ? Il regarda la jeune femme avec une admiration certaine et de lui dire franchement.

"Vous êtes vraiment jolie."

Il accepterait sans problème d'offrir une pension à Kelpie. C'était le moins qu'il pouvait faire pour la jeune fille. Les deux jeunes gens se retrouvaient donc entre bipèdes et pouvaient donc aller ou bon leur semblerait.

hrp : allez où vous voulez, échangez autant que vous voulez, je vous rattraperai de toute façon.

[Chandara]

Même s’il ne s’agissait que d’un ami qu’elle considérait un peu comme un oncle, Chandara s’était mise à rougir du compliment vantant sa beauté. Elle se mit ensuite rapidement d’accord avec le tenancier du Loyal Paladin sur les modalités d’hébergement de Kelpie : comme elle ne pourrait peut-être pas venir s’en occuper deux fois par jour, elle s’arrangea avec Titœil pour qu’il confie cette tâche au palefrenier de l’établissement. A peine deux minutes plus tard, elle remerciait chaleureusement son ami en promettant de passer aussi souvent que possible et rejoignait Arthur à l’entrée de l’écurie.

Quand elle le vit, il lui adressa un sourire enthousiaste, ravie mais un peu nerveuse tout de même qu’ils puissent consacrer la suite de la journée à leurs loisirs. Elle n’osa pas saisir sa main mais elle plaça la sienne de sorte à encourager le jeune homme à en prendre l’initiative tout en lui demandant d’un ton conciliant :

- Est-ce que vous aimez le théâtre, Arthur ? Il se joue en ville une pièce que j’ai toujours eu envie d’aller voir. Bien sûr, nos troupes de comédiens n’ont pas la réputation de celles de Luménis et le spectacle pourrait vous paraître un peu terne alors je comprendrais que vous préfériez faire autre chose…

[Arthur de Faisanlys]

Mais Arthur avait les mains sales d'avoir aidé à installer Kelpie à l'écurie, agissant par là presque par réflexe : il avait perdu l'habitude d'être servi, symbole de son ancienne vie dans le Manoir Maelwedd, un univers qui lui était désormais étranger. Aussi avait-il dessellé la jument, contrôlé la ferrure et commencé à la bouchonner avant que le palefrenier officiel, incrédule, ne le chasse poliment de son écurie. Arthur s'était confondu en excuses empourprées, heureusement avant le retour de la jeune femme. Il avait essuyé ses paumes sur son pantalon sans se satisfaire du résultat et se sentit mortifié lorsqu'il devina qu'elle attendait un geste.
" Heu... Du théâtre ? Pourquoi pas... Mais vous pensez que... nous avons le temps de faire un détour... par une fontaine... peut-être ?"
En espérant qu'il y ait des fontaines à Manost... C'était peut-être un peu trop frivole à leur goût.

[Chandara]

Chandara cligna des yeux un instant, ne comprenant pas immédiatement pour quoi Arthur aurait soudain le besoin d'une fontaine. Plusieurs hypothèses saugrenues lui passèrent par la tête le temps d'une seconde avant qu'elle ne remarque qu'il tentait discrètement de s'essuyer les mains sur ses vêtements. Elle répondit alors sans plus attendre :

- Bien entendu ! Il y en a, sur la place pas loin d'ici il me semble ! Il y en a une bien plus jolie du côté de la promenade mais ce n'est pas vraiment sur notre chemin... Pas encore en tous cas !

Et sans plus de formalité, la jeune-femme s'engagea dans l'avenue avant de bifurquer dans une rue latérale jusqu'à atteindre une petite place au centre de laquelle trônait une petite fontaine ne payant pas vraiment de mine.

- Ah, je savais bien qu'elle était par ici, se réjouit Chandara en constatant qu'elle ne s'était pas fourvoyée.

[Arthur de Faisanlys]

Confus, Arthur se lava rapidement les mains dans l'eau fraîche puis fut contraint, malgré tout, de les essuyer sur son pantalon. Il décocha un regard embarrassé à la jeune femme puis lui sourit.
" Théâtre, vous disiez. Vous croyez qu'on va me laisser entrer avec une tenue pareille ? Je veux dire... Enfin... ça dépend du genre de théâtre, je suppose... Et ils donnent des représentations en plein après-midi ?"

[Chandara]

Chandara lui adressa un regard pénétrant puis lui rendit son sourire :

- Et pourquoi voudriez-vous qu'on ne vous laisse pas entrer, Arthur ? Je vous trouve très bien comme vous êtes ! Vous auriez gardé votre armure, je ne dis pas - quoique d'ailleurs ! - mais même si ce théâtre paraît luxueux et inaccessible de l'extérieur, il donne surtout des représentations de troupes d'amateurs. Et j'espère que ce ne sera pas trop mauvais pour vous, à dire vrai. Mais nous pourrons toujours nous esquiver discrètement si ce n'est pas le cas !

[Arthur de Faisanlys]

Arthur sourit.
" Je n'y connais rien, ne vous en faites pas. Je serai bien incapable de juger de la qualité de la pièce."
Il espérait surtout qu'il ne s'endormirait pas sur son siège.
" Comment s'appelle cette pièce que vous avez tant envie de voir ?"

[Chandara]

Le regard de Chandara se mit à briller d'une lueur espiègle et elle répondit d'un ton volontairement mystérieux :

- Ça, c'est une surprise Arthur ! Vous ne voudriez tout de même pas savoir tout ce que j'ai prévu pour agrémenter votre séjour, tout de même ? Ça vous gâcherait un peu le plaisir, non ?

Et sans lui laisser la liberté de protester, elle se remettait déjà en route avec, pour destination, le bâtiment baroque et un brin controversé du nouveau Théâtre de la Harpe.

[Althéa]

A première vue, les eaux de la fontaine semblaient limpides quoi qu'un peu agitées. Contrairement aux heures ensoleillées, il n'y avait personne autour. C'était, comme Arthur et Chandara avaient pu l'observer une petite fontaine dans l'angle reculé d'une rue discrète et qui avait l'air de n'alimenter que peu de bâtiments.

"Je pense que c'est plutôt de cette fontaine dont vous parliez tout à l'heure.", dit-il avec un petit sourire penaud.

[Chandara]

Chandara s'empressa de le confirmer en s'approchant de l'eau avec une certaine circonspection. Elle avait l'air saine d'aspect mais cela n'était pas suffisamment révélateur pour se faire une idée. C'est pour cela qu'elle se tourna vers l'Ilmate pour lui demander avec pondération :

- Est-ce que vous sauriez détecter la présence de poison ?

Et c'est là qu'elle s'aperçut n'avoir même pas pris la peine de demander son nom : c'était une honte !

[Althéa]

L'ilmate hocha la tête et s'approcha à son tour de l'eau.

"Je le peux en effet. J'ai juste besoin de quelques minutes."

Il psalmodia concentré, les yeux rivés sur l'onde. Mais l'eau resta inerte et rien ne révéla la présence d'un éventuel poison.

"Non, cela ne vient pas d'ici. L'hypothèse était plus que plausible, pourtant."