[Haute-Forêt] Quête : Racines

[Voyageuse]

La rôdeuse sourit.
" Oui mais ça n'est pas toi... Mais peu importe. Tu as raison, l'atmosphère qui règne par ici est merveilleusement apaisante. Je parie qu'on y dort d'un sommeil particulièrement réparateur. Même l'eau est absolument délicieuse..."
Elle fouilla dans leurs sacs, à la recherche de provisions. Viande froide, fromage, pain, fruits : ils avaient effectivement de quoi se sustenter suffisamment pour la soirée. Et l'endroit était sensiblement moins froid et moins humide que le reste de la forêt.

[Kasumi]

Le demi-elfe goûta à l'eau pour s'en rendre compte et ne put qu'être d'accord avec la rôdeuse : elle était fraîche et pure et étanchait la soif bien plus que toutes celles qu'il lui avait été donné de boire au cours de son existence. Le liquide bienfaisant et l'atmosphère du bosquet semblait même sublimer le goût des aliments, transformant leur repas un peu frugal en délice gastronomique. Le repas fut donc un régal et les deux rôdeurs se perdirent ensuite dans la contemplation des étoiles, assis l'un à côté de l'autre pour se réchauffer de leur présence mutuelle.

[Voyageuse]

La fraicheur les poussa peu à peu à se réfugier sous les couvertures, et ils s'endormirent rapidement, lovés l'un contre l'autre, bercés par le bruit de la brise dans les feuilles.
Ce fut un bruit inhabituel qui réveilla Kasumi, quelque part au milieu de la nuit. Une sorte de plainte, quelque chose qui ressemblait à une voix humaine, et qui semblait venir d'un peu plus bas, en descendant le ruisseau. Autour de lui, tout était endormi, immobile sous la lumière de la lune.

[Kasumi]

Kasumi vérifia si Sylvia avait été réveillée elle aussi mais elle était toujours calmement endormie à ses côtés, son visage apaisé et serein. Le demi-elfe ne voulait pas risquer de la déranger aussi se leva-t-il avec un luxe de précaution, intrigué par la voix qui se faisait entendre. Une fois debout, il se dirigea à pas de loups vers la source, grelotant malgré lui de ne plus se trouver bien au chaud sous ses couvertures à demi-éveillé mais trop curieux de résoudre ce mystère pour y retourner.

[Voyageuse]

La plainte ressemblait à une sorte de gémissement, des pleurs peut-être, produits par une voix trop aiguë pour être celle d'un homme. Peut-être celle d'un enfant...
Il descendit le ruisseau sur quelques dizaines de mètres, puis se trouva face à un taillis touffu et épineux dans lequel il lui fallut pénétrer, suivant toujours le cours d'eau. Il déchira ses vêtements aux ronces et la peau de ses avants-bras de marbra de griffures avant que la végétation ne laisse place à un petit espace dégagé, au centre duquel se trouvait un enfant. Mais ce n'était pas un humain. C'était un jeune faune auquel il aurait été bien en peine de donner un âge, et qui pleurait toutes les larmes de son corps.

[Kasumi]

Kasumi ne s'était pas du tout attendu à cette rencontre mais il fallait bien reconnaître qu'il n'avait pas non plus réfléchi à quel créature pourrait avoir été à l'origine de ces plaintes au cœur même du bosquet de Celd.

Sans vraiment réfléchir car il était sensible à la détresse de la créature, le demi-elfe s'approcha de lui et s'accroupit pour ne pas l'effrayer avant de demander d'une voix douce :

- Allons, que se passe-t-il petit être ?

Bon, ce n'était peut-être pas l'approche la plus psychologique qui soit mais le rôdeur espérait tout de même susciter une réaction autre que la fuite.

[Voyageuse]

Le petit faune sursauta en entendant le son de sa voix et Kasumi le vit se raidir et bondir sur ses jambes, prêt à fuir. Puis il parut comprendre que le demi-elfe n'était pas un ennemi.
" Tu m'as fait peur, dit-il d'un ton de reproche. J'ai cru que tu étais des leurs... Mais je suis bête : de toute façon, ils n'auraient jamais pu me suivre ici."
Il parlait le commun d'une voix un peu hésitante, à l'accent chantant.

[Kasumi]

Kasumi poussa un soupir de soulagement : l'espace d'un instant, il avait craint que la créature ne s'enfuie de son abri. Mais le dialogue avait bel et bien pris et le demi-elfe conserva sa position et son intonation rassurante pour demander :

- Je suis désolé de t'avoir effrayé : ce n'était pas mon intention. Mais dis-moi : qui a essayé de te suivre ?

[Voyageuse]

Le faune avait l'air un peu hagard.
" Là, ce soir... personne je crois... mais les autres jours... C'étaient des ogres je crois. Ils ont tué la moitié de ma famille, et ma mère. Ils nous avaient volé des choses qui nous sont précieuses, donc on les pistait, et ils nous ont tendu une embuscade. Moi je suis arrivé trop tard... mais je veux y retourner, et tous les tuer. C'est ce qu'ils méritent."
Son ton s'était fait déterminé, plein de colère. Peut-être même de haine.

[Kasumi]

L'histoire du faune était terrifiante et triste et Kasumi ne sut pas vraiment quoi répondre mais il savait en revanche qu'il fallait dissuader la créature d'aller bêtement se faire tuer par une bande d'ogres en maraude, quel que soit son sentiment de vengeance bien naturel. Lui-même n'avait-il pas été dans la même situation quelques années plus tôt à la mort de sa propre mère ?

- Ecoute, tu ne peux pas faire ça. Je veux dire : tu ne réussirais qu'à te faire tuer et ce n'est certainement pas ce que ta mère aurait voulu...

Il marqua une pause, hésita. Il ne pouvait pas vraiment se permettre de lui proposer son aide puisqu'il y avait plus que lui en jeu désormais mais il avait besoin de savoir :

- Combien y avait-il d'ogres ? Et où se trouve le reste de ta famille ?

[Voyageuse]

Le faune haussa les épaules, secouant la tête.
" Combien ils sont, ça n'a pas d'importance. Je les tuerai un par un, même s'il me faut des années pour les piéger chacun à leur tour. Et je n'ai pas l'intention de me faire tuer bêtement... non que l'idée de mourir me dérange, mais ce ne sera pas avant d'avoir vengé ma mère. C'est une question de justice ! Et je n'ai pas l'intention de rejoindre le reste de ma famille tant que je n'en aurai pas fini."
Son ton était plein de hargne.

[Kasumi]

Kasumi avait envie de lui poser une main sur l'épaule mais il n'esquissa aucun mouvement de peur de le braquer et qu'il ne s'enfuie. Il conserva également son ton apaisant même s'il se sentait dépassé par la détresse de la jeune créature.

- Et que se passera-t-il si tu meurs ? Ou si les ogres te piègent et te capture pour attirer le reste de ta famille ? C'est ainsi qu'ils aiment procéder, tu sais ? Tu ne peux pas t'en sortir tout seul... Où sont ces ogres ? Loin d'ici ?

[Voyageuse]

Mais le jeune faune était buté.
" Ils ne peuvent pas m'utiliser pour piéger ma famille : ils me croient morts, puisque je faisais partie de l'expédition. Ils ne s’inquiéteront pas de ma disparition. Et... ils sont à une journée de marche, je pense... peut-être un peu plus maintenant, mais leurs traces sont faciles à suivre et je suis plus rapide qu'eux. Je les rejoindrai en moins de trois jours. Et c'est gentil à vous de vouloir m'aider, mais c'est un combat que je dois mener seul. C'est une affaire entre eux et moi. Je dois leur faire payer, venger ma mère. Je n'aurai pas de repos tant qu'ils ne seront pas tous morts. J'ai juste voulu faire un crochet par ici pour demander aux dieux de m'aider à rendre justice... Je ne m'attendais pas à y trouver quelqu'un, d'habitude il n'y a personne...."

[Kasumi]

Cette fois, Kasumi ne retint pas son geste et se redressa pour s'approcher un peu plus du petit faune :

- Ne commet pas cette erreur ! Ne fais pas comme moi... N'abandonne pas ta famille pour une accomplir une vengeance où tu pourrais perdre bien plus que la vie. Ecoute, tu dois me croire, j'ai été exactement dans la même situation que toi il y a cinq ans de cela. J'ai laissé libre court à ma haine et à mon esprit de vengeance. J'ai tué les meurtriers de ma mère, et ceux qui les accompagnaient. J'ai survécu. Mais j'ai failli perdre tout ce qui comptait pour moi.

[Voyageuse]

Le jeune faune le regardait avec un air d'incompréhension totale.
" Si tu dis que tu as vécu la même chose que moi... alors ce qui comptait c'était la vengeance, et rien d'autre ! Et tu l'as eue, ta vengeance, puisque tu dis que tu as tué les meurtriers de ta mère ! Alors pourquoi dis-tu que tu as failli perdre tout ce qui comptait pour toi ? Tu avais vengé la mort de ta mère, tu devais te sentir libéré !"

[Kasumi]

Kasumi répondit aussitôt avec une véhémence qui le surprit lui-même :

- Non ! Je me sentais vide et sans âme, comme si j'étais devenu un de ces prédateurs impitoyables et froids que j'avais voulu combattre. Je le paie encore aujourd'hui, d'une certaine façon. Et je n'ai découvert que récemment tout ce que j'ai dû laisser de côté à l'époque, pour accomplir ma vengeance. Et crois-moi, le jeu n'en vaut pas la chandelle. La solitude ou la mort, c'est tout ce qui t'attend : et ni l'une ni l'autre ne sont une libération.

[Voyageuse]

Le petit faune resta silencieux un moment, songeur, réfléchissant sans doute aux paroles de Kasumi. Puis il secoua vivement la tête et protesta :
" Mais si je ne me charge pas de faire justice, qui le fera ? Je ne peux pas laisser leur crime impuni ! C'est ma mère... donc c'est à moi de venger sa mort. Tu parles de mort et de solitude, mais moi je vois le devoir d'un fils envers sa mère, le sentiment d'accomplir mon devoir et de rétablir la justice."

[Kasumi]

Kasumi pouvait comprendre ces arguments même s’il doutait qu’il s’agisse réellement de la première motivation du faune. Cependant, il était tout aussi persuadé qu’un être tel que lui, aussi doué puisse-t-il être, ne tiendrait jamais dans un combat, même loyal, face à plusieurs ogres. Charge à lui de le lui faire comprendre sans le vexer, ce qui était une gageure :

- Ecoute, c’est une cause noble et juste mais, malheureusement, cela ne suffit pas toujours à obtenir la victoire. Je vois combien tu es courageux mais les ogres sont des créatures vicieuses et intelligentes à leur manière. Ils sont experts pour ce qui est de flairer les pièges et tendre des embuscades à ceux qui les ont pris en chasse. Tu ne devrais pas y aller seul sinon ta quête de justice risque fort de s’arrêter avec ta mort. Qui vengerait alors les tiens ? Et qui protégera les futures victimes de ces ogres si tu venais à être battu ? Tu es intelligent, tu dois aussi envisager cette possibilité. As-tu parlé à Celd ? Il est bien plus sage que je ne le serai jamais et il pourrait être de bon conseil. Te guider vers une aide aussi, peut-être…

[Voyageuse]

" Je sais ce que j'ai à faire, répliqua le jeune faune. Je ne veux mettre personne d'autre que moi en danger. Et ils ne m'auront pas. Je saurai les piéger et les tuer un à un ! Je ne m'arrêterai que quand justice sera faite !
- Justice... ou vengeance ?", intervint une voix féminine, douce comme le souffle du vent dans les branches par un soir d'été.
Les ronces s'écartèrent pour livrer passage à une licorne d'un blanc immaculé qui fixa alternativement le faune et le demi-elfe. Son allure était si majestueuse que le jeune faune sembla se ratatiner sur lui-même.
" Quelle différence ?, répliqua-t-il cependant, d'une voix pourtant moins assurée.
- Qu'en penses-tu, toi ? questionna la licorne en se tournant vers Kasumi.

[Kasumi]

Kasumi était subjugué par la beauté et la noblesse de l'être qui les gratifiait de sa présence. Les licornes étaient extrêmement rares et le symbole ultime de la grâce de Mielikki et c'était la première fois - là encore - que le demi-elfe avait la chance d'en apercevoir une. Sans parler de s'entretenir avec elle. Il mit aussitôt un genou en terre devant cet être quasi divin et répondit en se sentant un peu stupide et indigne d'une telle audience :

- Il y aurait une certaine justice si ces ogres menaçaient la vie d'autres habitants des bois, ce qui est malheureusement à peu près sûr. Mais personne ne devrait avoir à se faire justice lui-même, surtout s'il est seul. Comment pourrait-il se montrer objectif quand on lui a arraché l'amour des siens ?

[Voyageuse]

La licorne inclina majestueusement sa tête en signe d'approbation.
- Tu considères donc que ce jeune faune a tort de vouloir faire justice lui-même. C'est une opinion pleine de sagesse... Mais n'est-ce qu'une opinion vide d'âme, n'est-ce que des mots ? Ou est-ce quelque chose de réellement ancré dans ton âme ?
Elle s'était approchée davantage pour faire face à Kasumi, et le jeune faune, impressionné, recula de quelques pas.

[Kasumi]

Kasumi aussi était intimidé mais il n'esquissa aucun mouvement pour s'éloigner de l'animal gracieux mais pourtant imposant. Et il le va son visage vers le sien avant de répondre avec une grande sincérité :

- Ce sont bien plus que des mots car je les tire de ma propre expérience. J'ai perdu deux ans de ma vie et même davantage à chercher ma vengeance. Et je ne l'ai jamais obtenue, malgré la mort de mes ennemis d'antan. Pire, c'est le descendant de ces derniers qui m'en a fait prendre conscience il y a quelques veilles à peine. Mais comprenez-moi bien, si je pouvais chasser ces ogres, je le ferai sans doute, pour le danger qu'ils représentent, pour leur nature fondamentalement mauvaise et destructrice.

[Voyageuse]

La licorne hocha la tête, et ne répondit pas immédiatement. Elle semblait réfléchir.
" Et les ennemis que tu as combattu alors, durant ces deux années, avaient-ils eux aussi cette même nature fondamentalement mauvaise et destructrice que tu décris chez les ogres ? Je suis curieuse d'entendre comment l'un d'eux a pu te faire prendre conscience de l'inutilité de ton combat..."
Sa voix, toujours aussi douce, était pleine d'une curiosité bienveillante.

[Kasumi]

Kasumi se sentait à la fois mis en confiance par l'intérêt de l'animal sacré mais plus encore jugé à l'aune de ses principes célestes. Il ne chercha pas à tergiverser, incapable de mentir à une licorne, ne serait-ce que par omission ou inexactitude.

- J'avais tout lieu de le penser et, aujourd'hui encore, je reste persuadé que cette race est profondément et globalement maléfique, qu'elle ne vit que par le pillage des races plus faibles, qu'elle ne cherche pas à construire ou même à créer sans parler de préserver. Et pourtant, certains individus ont réussi à me surprendre par leur sagesse, par leur sens de l'honneur. Ils étaient un peu brutaux eux aussi mais il n'avait rien à voir avec tous les guerriers que j'avais croisé jusqu'alors. C'est probablement le cas des ogres aussi : il doit en exister des exceptions qui incitent à la prudence, qui forcent à réfléchir et prendre du recul avant de les attaquer.

[Voyageuse]

La licorne avait écouté sans l'interrompre, avec bienveillance.
" Et donc... Si je comprends ce que tu dis, tu estimes finalement que ton combat était justifié, puisqu'il s'agissait de combattre une race mauvaise ? Et pourtant, tu disais à l'instant qu'il avait été vain... C'est assez ambigu, finalement, comme position, ne trouves-tu pas ? Es-tu certain d'être parvenu à faire la paix avec cette partie de ton passé ?
Ses questions reflétaient toujours une curiosité sincère, et en même temps détachée, sans jugement.

[Kasumi]

Le demi-elfe prit le temps de réfléchir davantage cette fois, avant de livrer ses conclusions :

- La différence est bien maigre en réalité entre une action juste et une vengeance gratuite et sans fondement. J'ai tué des asabis à cette époque, des êtres probablement mauvais. Mais je ne l'ai pas fait pour de bonnes raisons, pour défendre des vies qu'ils auraient menacé. Je n'ai pas non plus pris la peine de me demander s'ils étaient tous aussi mauvais qu'ils me le paraissaient. Et je suis allé les chasser jusque sur leurs terres ancestrales, devenant de fait le chasseur, l'intrus alors que j'aurais dû rester le défenseur des forêts que je me destinais à devenir.

[Voyageuse]

" Tu as grandi en sagesse depuis cette époque, ton récit le prouve. De défenseur, tu était devenu l'agresseur... et de fait, tu étais passé de l'autre côté d'une barrière invisible. C'est bien que tu en aies pris conscience..."
Elle se tourna vers le jeune faune.
" Ainsi sont les demi-elfe et les humains... capables du meilleur et du pire, capables de tout donner pour accomplir ce qu'ils croient être leur devoir, puis capable de prendre du recul et de changer de voie. L'esprit des humains est extrêmement volatil... celui des demi-elfes l'est généralement un peu moins."
La faune acquiesça sans répondre, et la licorne se tourna à nouveau vers le rôdeur.
" Cette prise de conscience t'a-t-elle beaucoup coûté ? Autant qu'elle t'a apporté en sagesse ? Davantage peut-être ?"

[Kasumi]

Kasumi était touché par les paroles de la licorne pleines de profondeur et bienveillantes à son égard. Il poussa un soupir tandis qu'il se remémorait le difficile et douloureux passage dans le monde des esprits des asabis. Mais l'intimité de cette toute petite clairière incitait à se libérer des secrets pesants et il se livra sans fard :

- Oui, cela m'a coûté. Mon père a été mis en danger et les amis qui m'ont aidé l'ont tous été aussi. Sans compter que j'ai dû consentir un sacrifice pour m'amender de certains de mes excès. Je pense que j'y ai gagné en sagesse au final alors je n'ai pas à me plaindre, loin de là. Je suis même plus en paix avec moi-même d'avoir soulagé les esprits tourmentés de ceux que j'ai combattu autrefois. Cela dit, l'esprit avec lequel j'ai négocié a beaucoup exigé de moi en retour. Il m'a pris de la force physique et je ressens encore durement cette perte, ce vide.

[Voyageuse]

" Les asabis sont des êtres durs. Leurs dieux le sont tout autant. Une dette se doit d'être payée, une faute se doit d'être expiée. Tu estimes que le paiement exigé a été excessif... mais il ne t'appartient pas réellement d'en juger et tu le sais. Pourtant, tu ne peux trouver complètement la paix tant que tu auras ce sentiment d'injustice ancré en toi. Mais rien n'est figé, rien n'est définitif. Il doit être possible d'en compenser le prix."
Elle lui sourit avec douceur.
" Et dis-moi, jeune demi-elfe... Comment vois-tu l'avenir, maintenant que tu as résolu ton passé ? Seras-tu le défenseur des forêts que tu te destinais à devenir ?"

[Kasumi]

Kasumi choisit de ne pas s’épancher davantage sur sa perte et le ressentiment qu’il en concevait encore : il allait devoir apprendre à l’accepter et à vivre avec, à s’adapter… Il préférait bien plus s’attacher à ses projets d’avenir et son regard se fit rêveur à mesure qu’il les exprimait à voix haute :

- Oui, je le crois. Je vais certainement voyager encore quelque temps et retourner sur mon continent lointain. Mais j’espère fonder une famille, m’installer quelque part dans un environnement naturel avec elle et les défendre, l’un et l’autre. J’arrive aussi à un âge où j’ai envie de transmettre ce que j’ai appris, de montrer aux citadins peut-être qu’ils ont tout à gagner à vivre en harmonie avec la forêt, qu’elle n’est pas une menace mais qu’elle garantit la vie, à condition de la respecter et d’en utiliser les fruits à bon escient.