[Boutique] Chandellerie

[Chandara]

Cela n'expliquait pas tout à fait comment les empoisonneurs avaient repéré Gabin mais Chandara ne s'intéressait de toute façon pas vraiment à la question : l'important étant que les malfaiteurs aient été interpelés, que l'antidote soit en leur possession et qu'ils parviennent le plus rapidement possible à le dispenser aux malades les plus souffrants.

Chandara espérait pour sa part qu'Yvain avait pris soin d'avertir le guet concernant la diffusion des bougies pour la cérémonie du soir. Sans cela, il y aurait bien des gens à avoir besoin de l'antidote sans compter ceux qui tomberaient malades et pourraient mourir avant d'avoir pu se rendre au temple d'Ilmater.

[Arthur de Faisanlys]

Mais Arthur n'en avait pas complètement fini avec cette histoire.
" Est-ce que vous pensez que ça veut dire qu'un des mages vous a trahi ? Ou alors un ancien des... comment avez-vous appelé ça... des sentinelles de Helm ? Vous devriez songer à raconter cette histoire aux enquêteurs, je pense... Vous n'avez rien fait de répréhensible et il n'est pas impossible que ces deux-là ne soient que des exécutants..."
Il rougit lorsqu'il réalisa qu'il s'était un peu emballé.
" Hum. Enfin, j'imagine qu'on le saura très vite. De toute façon, vous êtes un témoin clé : dès que vous irez mieux, on ne manquera pas de vous interroger."

[Althéa]

"Je ne sais pas ..., commença à répondre Gabin, cela me paraît impossible mais ... Trois mages sont au courant de mes capacités. Quant aux sentinelles de Helm, elles ont été dissoutes."

Il s'arrêta d'un coup et son visage prit soudain une teinte cireuse.

"S'il vous plaît, dites moi que le poison n'a pas fait trop de victimes. J'ai essayé de le distiller au maximum tout en essayant de ne pas éveiller leurs soupçons. Mais je vous en prie, dites-moi que je n'ai tué personne."

Il laissa pendouiller sa main qui quelques minutes auparavant tenait fermement la brioche comme si manger avait perdu toute son importance.

[Chandara]

Chandara était touchée par la détresse de Gabin et ne pouvait que compatir à l'horreur de sa situation. Elle chercha donc à le ménager sans mentir pour autant :

- Vous n'avez rien à vous reprocher, Gabin : vous avez sauvé le plus de gens que vous le pouviez. La plupart des malades ont survécu et pourront être sauvés grâce à vos remèdes. Et si vous n'aviez rien fait, Arthur et moi serions probablement à compter parmi les victimes...

Quand on y songeait, la pensée était aussi inconcevable qu'effrayante.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur n'avait aucune idée de la réponse à cette question, aussi se retrancha-t-il dans le silence, opinant aux paroles apaisantes de Chandara. Il lui semblait bien avoir entendu parler de décès mais il ne voulait pas charger le jeune homme. Tout le monde n'avait pas en lui de résister aux mauvais traitements et de donner sa vie pour préserver celle des autres. Il ne voulait pas juger, il ne connaissait pas le mage.

[Althéa]

Les yeux de Gabin furent soudain noyés de larmes.

"Je ne voulais pas ... Mais comment est-ce que je vais pouvoir rattraper tout cela ? Je ... Je ne vais pas pouvoir vivre avec ça ... J'avais peur qu'ils me tuent. Je suis désolé, tellement désolé. Et j'aimerais que les gens le sachent."

Il sanglotait à présent, incapable d'en dire d'avantage.

[Chandara]

Chandara revint sur ses pas pour se porter à la hauteur du mage et posa une main sur son avant-bras avant de répondre d'un ton sincère :

- Les seuls coupables à blâmer sont vos geôliers. Quant à vous, on vous connaîtra comme celui qui a contrarié leurs projets et celui qui amène un antidote pour des personnes qui seraient mortes sans ce que vous avez tenté de faire.

[Arthur de Faisanlys]

Chandara était drôlement gentille. Arthur n'était pas complètement sûr que c'est ainsi que la postérité se souviendrait de l'empoisonneur. Parce que c'était ce qu'il était, l'empoisonneur. Et sans l'intervention des paladins, d'Yvain, de l'Ilmate, de la garde... C'est ce qu'il serait resté. Mais bon, il avait déjà l'air bien assez malheureux comme ça. Et il fallait espérer qu'il gagne en force de caractère avec le temps car... il conservait ses compétences meurtrières. Mais sans doute le capitaine Hilare n'était-il pas né de la dernière pluie : il ferait en sorte que les autorités gardent un oeil sur ce scientifique un peu trop dangereux. Pour le reste, le jeune paladin n'ouvrit pas davantage la bouche. Il ne se sentait pas capable d'offrir au mage des paroles de réconfort à demi-sincères.

[Althéa]

"Je n'ai pas contrarié leurs projets, répondit le jeune homme au milieu des larmes, j'ai fait ce qu'ils voulaient : mon poison a tué ... J'ai tué ! Je n'arriverai pas à vivre avec ça."

Comme le pensait Arthur, le capitaine du guet se tenait à quelques pas d'eux, posant sur le mage un regard scrutateur dans lequel le dégoût était clairement visible. Gabin ne le remarqua pas. S'appuyant sur ses deux sauveurs, il reprit sa route en direction du temple d'ilmater.