[Bâtiment] La taverne de la Taie Dorée

[Gaspard Hurlegloire]

Après un bref regard jeté à la tenancière, le colosse se redressa.
« Debout Lothar », dit-il simplement, tout en l’aidant, d’une ferme poigne, à se remettre sur pied.
Il tenait toujours son épée. A nouveau, il observa la clientèle, puis il se dirigea vers la sortie.
« On va retourner vers notre régiment et reconsidérer la situation. Ce qui vient de se passer n’est pas de bon augure. Si vous pouvez vous guérir, c’est le moment. On aura peut-être encore une mauvaise surprise, dehors. »

[Althéa]

Lothar se leva avec difficulté, grimaçant à chaque mouvement à cause du frottement de ses vêtements sur sa chair reconstituée. Debout, il chercha son équilibre durant de longues minutes avant de pouvoir lancer un sort de soin. Quand il se fut soigné au maximum de ses capacités, il eut l'air de souffrir tout autant. Il considéra la proposition de Gaspard.

"Il vaudrait mieux que nous allions au Loyal Paladin. Je n'ai pas envie d'inquiéter nos hommes et surtout que la panique s'installe. Il faut que les autres pensent que nous sommes toujours les bienvenus en ville. Aussi, il faut que je montre que je suis vivant. Cela poussera les autres à se découvrir ... Et il me semble important que nous allions également à la commanderie tyrite. Elle aussi a subi un incendie ... Qu'en pense-tu ?"

[Gaspard Hurlegloire]

« Ne pas inquiéter nos hommes..., répéta Gaspard, perplexe. Tu viens d’échapper à une tentative d’assassina en pleine ville. L’idée que notre ordre en ignore tout me déplait. Que les simples soldats n’en soient pas informés, certes, mais il doit en être autrement pour nos proches subalternes. Sinon c’est prendre le risque de retrouver sous peu des cadavres dans les rues. On ne sait pour l’instant rien des motifs et de l’identité de ceux qui ont fait ça. Aucune piste n’est à négliger. Nous devons être prêt à toute éventualité même si, je te rejoins sur ce point, il n’est pas nécessaire de le montrer. En apparence rien ne change. Dans les faits, c’est sans doute une nouvelle bataille qui débute. »

[Althéa]

"Tu as raison. Mettons au courant notre contingent. Tels que je les connais, ils seront au Loyal Paladin. Par contre, je ne veux pas qu'on me voie dans cet état là. J'ai besoin de ta cape."

Une fois le vêtement, il s'en couvrit, dissimulant par un habile truchement ses vêtements dévastés. Sa démarche était incertaine mais il pouvait tout de même avancer. Ce n'est qu'une fois dehors, à l'abri des regards qu'il posa une main fraternelle sur l'épaule de Gaspard qu'il comprima un bref instant.

"Dans tous les cas, je te dois la vie. Je ne l'oublierai pas."

Ils marchèrent dans les rues vides et aucun assassin ou incendiaire ne se montra, les laissant pour le moins tranquilles jusqu'au Loyal Paladin.

[Echo]

Après avoir franchi, leurs pas les menèrent tout naturellement devant l'entrée d'une taverne dont Chance ignorait le nom bien qu'elle doutât que l'établissement se nomme "Le Loyal Paladin" ou encore "Le damoiseau en plastron rutilant". Non, le bâtiment n'était pas assez... ostentatoire pour mériter un tel nom. Mais était-ce le genre de lieu où emmener un enfant ? La tieffeline jeta un oeil à Ulysse avec circonspection. Cela ferait l'affaire, ils n'avaient de toute façon pas d'autre intention que de manger un morceau et de reprendre leur visite.

[Althéa]

Le gamin que la perspective de manger avait l'air d'enthousiasmer hocha vivement la tête. Et c'est tout juste s'il ne se précipita pas pour pousser les battants. A l'intérieur, il régnait une étrange odeur de brûlé. Ulysse pinça le nez. Derrière le comptoir, une femme de haute stature maquillée à outrance les jaugea froidement.

"Qu'est-ce que vous voulez ma petite dame ? Si c'est pour refourguer votre marmot, ça fait longtemps qu'on achète plus les enfants."

Elle avait parlé d'une voix forte et les piliers de comptoir autour d'elle partirent d'un grand rire chargé de vapeur d'alcool.

[Echo]

L'odeur ambiante n'était pas pour éveiller l'appétit de Chance et elle espérait qu'elle n'avait pas entamé celui d'Ulysse. Avec calme, elle invita d'un geste ce dernier à choisir une table. L'idée de quitter cet endroit au plus vite lui avait vaguement traversé l'esprit mais elle se contenta d'observer la tenancière avec défi. Elle attendit que les rires se soient calmés pour prendre la parole.

- Le "marmot" voudrait manger quelque chose. Et quoi que vous ayez fait brûler récemment dans votre auberge, je n'en veux pas dans son assiette.

Elle s'en retourna auprès d'Ulysse et s'installa en face de lui. Après quelques secondes de silence un peu gêné, elle déclara en souriant :

- Bienvenue à Manost.

[Althéa]

Le gamin nullement impressionné par le jeu d'intimidation des adultes marcha à travers la salle jusqu'à trouver un banc digne d'intérêt sur lequel il se laissa tomber avec une désinvolture propre à l'enfance. La tenancière quant à elle jaugea la tieffeline des pieds à la tête puis demanda, un tantinet moqueuse.

"Et qu'est-ce qu'il voudra manger le petit monsieur ? Aujourd'hui, le plat du jour c'est ragoût de navet au lapin. Et j'espère que la petite dame, elle a de quoi payer. D'ailleurs, est-ce qu'elle veut manger aussi ?"

[Echo]

Chance haussa un sourcil, puis se raidit imperceptiblement. De l'argent... en avait-elle seulement assez pour payer un repas ? Le doute l'assaillit mais il était hors de question de partir maintenant comme des mendiants. Ulysse voulait manger, Ulysse mangerait donc, elle s'occuperait des détails techniques en temps et en heure.

Elle interrogea l'enfant du regard avant de lui demander :

-Ragoût de navet au lapin, ça te va ?

Son estomac à elle rechignait encore à recevoir quoi que ce soit, et l'odeur qui planait dans l'air avait de toute façon fini par lui donner la nausée.

- Rien pour moi, merci.

[Althéa]

Ulysse avait très faim et il hocha la tête avec une conviction plus que véritable. La tenancière ayant suivi l'échange eut un soupir théâtral avant de beugler à qui devrait l'entendre.

"Et un autre lapin à réchauffer, un ! Et que ça saute."

Elle lança un regard mauvais à Chance avant de lui lancer.

"Au cas où ce détail vous intéresserait, ça vous coûtera cinq pièces d'argent.
- Payables tout de suite, j'imagine, demanda un homme à coté de la tieffeline.
- A votre avis ...
- Hé bien les voici."

L'homme qui venait d'offrir le repas à Ulysse devait avoir une quarantaine d'années. Grand et quelque peu voûté, les cheveux ondulés et dorés, les vêtements de bonne facture. Il dénotait quelque peu dans la taverne mais ne semblait pas s'en rendre compte. Il sourit à la tieffeline comme si de rien n'était.

[Echo]

Chance se tourna vers l'homme assis près d'elle, soulagée que la tenancière se soit éloignée d'eux mais surtout surprise par le geste de l'inconnu. Avaient-ils donc l'air si miséreux pour que quelqu'un les prenne en pitié ? Elle ne s'était jamais considérée comme une réfugiée mais c'était à croire que ce mot était écrit sur son front. Peut-être que c'est cela qui motivait l'hostilité de la tenancière, à bien y réfléchir.

Une fois la surprise passée, elle lui rendit son sourire.

- Merci, souffla t-elle.

[Althéa]

"A votre service.", répondit l'homme avec un petit sourire.

Petit silence et il lui demanda.

"Puis-je me joindre à vous ? J'ai moi aussi commandé un de leur fameux lapin et je n'ai pas très envie de le manger seul."

Il eut un clin d'oeil en direction d'Ulysse.

"Bien sûr, si le jeune homme est d'accord."

Et le petit garçon fit signe que oui. Apparemment, il suffisait de lui donner à manger pour le corrompre.

[Echo]

Après l'assentiment de son petit protégé, Chance hocha elle aussi la tête.

- Avec plaisir. Vous réchaufferez peut-être un peu l'atmosphère de cette taverne.

Elle laissa l'inconnu s'installer à côté d'eux. Bien que toujours souriante, la tieffeline commençait à se demander si cet acte de gentillesse ne cachait pas quelque chose. Quoi que cet homme attendait d'eux, elle espérait qu'il ne tarderait pas à le faire savoir.

- J'imagine que vous êtes nouveau en ville ?

Il dépareillait tellement dans cet endroit qu'elle ne pouvait pas imaginer qu'il n'y soit pas tombé par hasard, tout comme elle.

[Althéa]

L'inconnu la gratifia d'un sourire amusé.

"Non, je suis ce qu'on pourrait appeler un local et je viens souvent ici. Vous en revanche vous m'avez l'air d'être fraichement arrivée en ville et peut-être cherchez vous du travail ... Et peut-être avez-vous les capacités que je recherche. Mais bien sûr, je peux me tromper totalement."

Il tendit une main à la jeune femme.

"Au fait, je me nomme Floréal. Ne riez pas, c'est juste que me parents avaient de l'imagination ..."

[Echo]

Nous y voilà...

Chance sourit avec plus d'intensité lorsqu'il lui dit son nom, mais rien dans ses yeux ne ressemblait à de la moquerie.

- Vous pouvez m'appeler Chance, répondit-elle en lui serrant la main. Et voici Ulysse.

Elle imaginait sans peine que seul un certain type de clientèle fréquentait cette taverne et que c'était précisément là ce qu'il cherchait ici.

- Quelles sont exactement les capacités que vous recherchez ? Le fait que vous soyez obligé de venir ici pour trouver une personne qui fera l'affaire n'augure rien de bon, si je puis me permettre.

Heureusement pour lui, Chance n'était pas très difficile à motiver avec un peu d'argent. Cet l'homme l'avait-il donc deviné rien qu'en la regardant ?

[Althéa]

Le dénommé Floréal sourit plus franchement.

"Donc enchanté Chance. Les qualités que je recherche sont une certaine discrétion et du sang froid."

Il ajouta un peu plus bas.

"Ha oui, et pourquoi pas certaines capacités pour le crochetage mais c'est peut-être trop demander."

[Echo]

Les paroles de Floréal furent suivies d'un silence, silence pendant lequel Chance sembla réfléchir à la proposition, ménageant un petit suspens. La réponse était déjà toute trouvée, bien entendu, mais elle refusait de donner l'impression d'être à ce point désœuvrée.

- Ce n'est pas trop demander, répondit finalement la tieffeline avec un sourire mutin. Et vous avez maintenant toute mon attention.

[Althéa]

L'homme sourit, comme si elle venait de lui annoncer qu'elle savait changer le plomb en or.

"C'est magnifique. Voila ... Mon commanditaire a perdu des documents de la plus haute importance mais on lui a comme qui dirait dérobés. Nous ne savons pas vraiment où ils se trouvent mais nous avons quelques pistes. L'idée serait d'aller fouiller dans les lieux supposés et de nous les rapporter. Cela vous semble-t-il dans vos cordes ? Il va de soi que vous serez bien rémunérée. Assez pour vous sortir du besoin, vous et votre fils."

[Echo]

Chance hocha pensivement la tête. Floréal était avare de détails mais elle n'en avait pas vraiment besoin pour effectuer un travail aussi simple. Au fond, elle se moquait bien d'être du bon côté de la barrière, que ces documents retournent ou non à leur légitime propriétaire, car il avait marqué un point : elle avait besoin d'argent, ne serait-ce que pour payer le prochain repas d'Ulysse.

- Je pense que c'est dans mes cordes en effet. Et... pourrais-je espérer une petite avance ?

[Althéa]

"Bien sûr. Cela va de soi."

Il sortit une bourse de la poche intérieure de son manteau et la déposa sur la table juste devant la jeune femme.

"Au cas où vous voudriez compter, vous trouveriez soixante pièces d'or. Le double vous attend à la réception des documents. Mon commanditaire tient beaucoup à les retrouver ..."

A coté de Chance, Ulysse suivait la conversation, les yeux écarquillés.

[Echo]

Chance observa la réaction d'Ulysse avec un sourire amusé. Elle aurait sans doute l'occasion de lui glisser un mot ou deux à propos de ce qu'il venait d'entendre un peu plus tard. Pour le moment, elle était plus intéressée par les détails de ce travail. Elle soupesa la bourse sur la table et la fit disparaître dans les pans de sa cape.

- Il les retrouvera. Où dois-je commencer les recherches ? Et à quoi reconnaîtrai-je les documents ?

[Althéa]

"Le premier lieu où vous devrez chercher est le repaire de personnes de la pire espèce. Il résident dans ce que nous appelons communément à Manost "la maison carrée". Méfiez-vous d'eux car ils sont prêts à tout pour protéger leurs secrets. Quant aux documents, il s'agit en fait d'un journal. Il a la taille d'un petit ouvrage et porte une reliure de cuir rouge. Il est petit mais extrêmement précieux."

Floréal sourit au petit garçon avant de lui dire.

"Ce que je demande à ta maman est un secret. Tu ne devras en parler à personne, d'accord ?"

[Echo]

- Je suis sûre qu'Ulysse sait garder un secret, dit-elle en adressant un clin d'oeil à l'enfant. De plus, nous allons simplement aider quelqu'un à retrouver ce qui lui appartient, c'est une cause tout à fait noble.

Elle se retint d'ajouter que c'était là un travail digne d'un paladin car cela revenait à insulter l'intelligence du garçon. Voilà qui effacerait peut-être cet air effaré de son visage, ou qui l'atténuerait seulement quelque peu. Et si ce n'était pas le cas, Chance espérait que la perspective de dormir ailleurs que dans un camp de réfugiés ce soir lui ferait oublier tout ça.

Ceci dit, elle reporta son attention sur le mystérieux Floréal.

- Avez-vous des suggestions sur la façon dont je devrais m'y prendre ? Quelles sont exactement les activités de ces... individus de la pire espèce ?

S'introduire furtivement dans un bâtiment et y voler quelque chose n'était pas vraiment sorcier en théorie. En pratique, si ces personnes étaient prêtes à n'importe quoi pour garder leurs secrets comme le disait Floréal, le bâtiment dans le lequel elle était censée s'introduire avait du être pensé pour lutter efficacement contre les voleurs, autrement dit les tuer. Chance préférait les euphémismes dans ce genre de situation, elle évitait ainsi de se mettre la pression.

Un déguisement serait donc peut-être plus adapté pour cette mission, mais pour avoir un déguisement convainquant, elle devait savoir exactement ce que cachait cette fameuse "maison carrée".

[Althéa]

Floréal eut l'air amusé par les questions de Chance mais répondit sérieusement.

"Pour tout cela, je vous laisse carte blanche. Sachez seulement que si vous étiez prise ou tuée, nous nous nierions toute rencontre avec vous. Les autorités manostiennes ne plaisantent pas avec les voleurs. Chez nous, il n'existe pas de concept de "seconde chance". Mais quelque chose me dit que nous n'arriverons pas à ces extrêmes et que cette mission va se dérouler sans encombre. Mon commanditaire a réclamé les documents pour dans une veille. Cela vous laisse amplement le temps de prévoir vos manœuvres."

[Echo]

Amplement le temps, amplement le temps... Il était marrant, lui. Elle aurait préféré se familiariser davantage avec la ville avant de passer aux choses sérieuses. Malheureusement pour elle, elle n'était pas en position de réclamer quoi que ce soit, cette avance sur sa récompense finale était déjà beaucoup, surtout si on considérait qu'elle n'avait pas encore passé plus d'une heure en ville.

- Très bien, répondit-elle lentement. Comment dois-je prendre contact avec vous une fois que ce sera terminé ?

Il fallait aussi qu'elle confie Ulysse à Elzen quelque temps. On n'entrait pas par effraction dans un bâtiment truffé de pièges avec un enfant sur le dos.

[Althéa]

Floréal répondit avec une amabilité toute contrôlée.

"Vous ne prendrez pas contact avec moi. C'est moi qui prendrai contact avec vous. Je serai en quelque sorte votre déva gardien. Bien sûr, vous veillerez à ne pas attirer les soupçons sur vous en restant au même endroit. Je vous dirais aussi de rester discrète mais j'ai comme l'impression que vous l'êtes déjà. Avez-vous d'autres questions ou d'autres désidérata avant que je ne vous laisse profiter de votre repas ?"

[Echo]

Livrée à elle-même une fois à l'intérieur du bâtiment.

Aucune initiative personnelle pour prendre contact avec le commanditaire.

Bien, toutes ces règles ne lui étaient pas étrangères. A Manost comme à Melandis, les choses devaient sensiblement se dérouler de la même manière ; il y avait peut-être simplement un risque supplémentaire lorsque l'on se faisait pincer dans cette ville de paladins, et encore, elle n'en était pas certaine. Dans tous les cas, le ton professionnel de Floréal lui fit considérer sa mission avec plus de sérieux qu'au début de leur échange. Elle n'avait aucune raison de songer à un échec, et pourtant elle se surprit à le faire. Le manque avait tellement pesé sur son moral ces derniers jours qu'elle se sentait parfois incapable de réussir quoi que ce soit. C'était là une raison de plus de se lancer, elle le savait.

Les dernières questions qu'elle posa à Floréal concernant le travail n'étaient que des détails, comme l'endroit exact où se situait le mystérieux bâtiment où elle était censée s'introduire.

[Althéa]

Floréal répondit avec son amabilité toute professionnelle que la maison carrée était située non loin du port de Manost et qu'elle l'identifierait sans aucun mal. Puis il se leva avant de laisser sur un.

"Mademoiselle, je vous souhaite bonne chance pour mener à bien votre mission. Quelque chose me dit que vous ne me décevrez pas."

Quand il fut parti, Ulysse resta un long moment silencieux avant de marmotter.

"En fait, il te demande d'entrer dans une maison qui n'est pas à toi ! Mais ce n'est pas bien !"

[Echo]

Elle salua poliment Floréal avant que celui-ci ne quitte l'auberge. Comme elle s'y était à moitié attendu, Ulysse faisait des histoires. Pour Chance, un travail était un travail, et si ledit travail était en adéquation avec ses capacités alors c'était encore mieux. Elle n'avait eu aucune raison de refuser et plein de raisons d'accepter. Mais Ulysse était un enfant, pire encore, c'était un enfant qui voulait devenir paladin, il ne pouvait pas comprendre. Chance le considéra la mine songeuse un long moment, hésitante quant à la conduite à tenir ; elle n'aimait pas cette lueur de désapprobation dans son regard et était tentée de lui servir des tas de mensonges pour la voir disparaître. Mais Ulysse était diablement intelligent pour un marmot, elle avait la sensation que lui mentir ne servirait à rien. Alors elle fit ce qu'elle faisait de mieux : fuir.

- Il n'a pas l'air pressé de se faire dévorer, ce ragoût de lapin, commenta t-elle au bout d'un moment, éludant sciemment la remarque du garçon.

[Althéa]

Le gamin sembla se souvenir pendant quelques minutes de l'existence relative du ragoût dans son assiette, le temps que Chance pense s'en être tirée à bon compte avant de répondre avec une grimace.

"Il a un drôle de goût le lapin. C'est peut-être du chat ou alors un très vieux lapin. Il est tout dur. Et toi, tu veux faire des choses interdites. Je n'aime pas ça mais je crois qu'il faut qu'on gagne de l'argent. Mais il faut pas que tu te retrouves en prison."