[Lieu-dit] Le parc verdoyant de Lumenis

[Galathée]

" Non, ce n'est pas dangereux, voyons... Quand je disais une jungle, je voulais juste dire pour les plantes... Il n'y a jamais eu de grands reptiles ou de fauves comme ils peuvent en avoir en Maztica. Même pas de ces horribles araignées velues grandes comme une main. Autrefois, quelqu'un avait essayé d'y acclimater des oiseaux, cela dit... Mais ils se sont tous envolés, je pense. Il ne doit plus y rester guère que des papillons... Et c'est ouvert au public, oui. Au moins une partie... Je crois que ça faisait partie de l'accord entre la ville et la personne qui a repris le site."
Il la prit par la main et l'entraîna vers une des extrémités de la structure. Elle renvoyait la lumière du soleil, rutilante. En approchant, ils virent une petite file de badauds qui se pressaient devant la porte, et une petite femme à la peau brune qui les laissait entrer au goutte à goutte.
" Bienvenue en terre mazticane ! leur annonça-t-elle avec entrain quand ils furent devant elle. Bon voyage dans notre jungle ! Je vous rappelle qu'il est interdit de cueillir les fleurs, de jeter des détritus à terre ou de nourrir les caïmans."
Elle leur décocha un clin d'oeil avant de les inviter à entrer.

[Chandara]

La jeune-femme était excitée comme une puce à l'idée de ce tout nouveau dépaysement et elle ne manqua pas de remercier leur hôtesse de les laisser ainsi se lancer dans cette aventure végétale. Une fois qu'ils furent entré dans l'atmosphère chaude et moite de la serre, Chandara ne résista pas à l'envie de déposer un baiser sur la joue de son compagnon et de déclarer à voix basse :

- Je n'aurais jamais rêvé début de séjour aussi merveilleux ! Essayons de trouver ces terribles mais exotiques caïmans, quoique ça puisse être !

[Galathée]

" Je crois qu'elle disait ça pour plaisanter... Ce sont des sortes de reptiles avec plein de dents... un peu comme des requins de rivière, mais avec la peau plus dure... J'espère très sincèrement qu'il n'y en a pas vraiment... Nous ne sommes même pas armés."
Ils avancèrent sous les palmiers et les lianes, dans une atmosphère étouffante. Ils furent d'ailleurs très rapidement couverts de sueur, l'un et l'autre. Après quelques mètres dans la serre, ils découvrirent la véritable raison de leur présence en ces lieux : les fleurs. Il y en avait des dizaines, de couleurs différentes, agencées en grappes ou en solitaire, partout, poussant dans la mousse ou à même le tronc d'arbres étranges. Toutes avaient une structure de pétales complexes, comme des visages miniatures, avec grandes oreilles et chapeaux. C'étaient, selon Arthur, des orchidées.

[Chandara]

La touffeur des lieux ne gênait pas Chandara outre mesure de même que la présence très hypothétique de prédateurs terrifiants : ce devait être, comme le pensait le jeune-homme, une plaisanterie qu'elle n'avait pas su relever. Non, elle passait un moment incroyable passant de découverte en découverte, curieuse de cette flore parfois exubérante ou simplement étrange. Quant aux orchidées, les fleurs la laissèrent tout bonnement ébahie de par leur beauté complexe, leur fragilité, leurs couleurs incomparables.

- C'est splendide, murmura simplement la jeune femme d'un ton proche de la vénération. Puis, prise d'une impulsion, elle entraîna Arthur derrière un massif de fleur à l'écart de la "piste" principale et ajouta comme si c'était là un simple constat justifiant ce qui suivit :
- C'est tranquille, ici... Ensuite de quoi et sans lui laisser l'opportunité de réagir, elle se jeta à son cou avant de l'embrasser sur les lèvres avec une certaine avidité.

[Galathée]

Le jeune homme lui rendit son baiser, l'enlaçant à la taille, puis se raidit et la repoussa doucement, empourpré.
" Chandara, je..."
Il secoua la tête, pinçant les lèvres.
" Vous êtes merveilleuse mais... "
Il se trouva à court de mots.
" Je suis heureux de vous retrouver, après tous ces mois de séparation mais... Je ne sais pas... Je me sens... Je ne sais pas. Ne m'en veuillez pas."

[Chandara]

Tout avait si bien commencé, Arthur lui rendant sa passion et son affection avant d'enflammer tout à fait ses sens quand elle sentit ses mains enserrer sa taille. Mais l'interruption de leur baiser n'en fut que plus brutale, la laissant en pleine confusion. Elle n'osa pas même relever les yeux, se sentant responsable de la réaction du paladin, se sentant un peu honteuse d'avoir été par trop entreprenante, de l'avoir poussé dans ses retranchements peut-être. Peut-être aussi n'était-il soudain plus aussi sûr de ses sentiments à son égard. Pourtant elle avait cru que c'était le cas avec le baiser qu'il lui avait volé. Au bord des larmes pour avoir gâché le moment merveilleux qu'ils partageaient jusque-là, elle répondit d'une toute petite voix :

- Je suis désolée... Je n'aurais pas dû.

[Galathée]

" Non. Enfin si. Enfin... Chandara..."
Il posa la main sur sa joue, les lèvres pincées.
" Je ne veux pas que nous brûlions les étapes, c'est tout... J'ai l'impression... Nous avions pris de bonnes résolutions..."

[Chandara]

Ce Sunite devait avoir raison au sujet des paladines de son pays tout compte fait... Mais pourtant elle se sentait quelque part changée depuis qu'elle avait accosté à Luménis, comme si elle était soudain devenue une autre personne, comme si les conséquences et les interdits n'étaient pas les mêmes dans cette ville de liberté et de lumière. Arthur avait raison néanmoins et elle ne voulait pas lui imposer un rythme qui n'était pas le sien. Elle ne voulait pas regretter non plus d'avoir pu s'enflammer trop vite, de gâcher la douceur et le plaisir de leur cour galante. Elle passa une main sur son visage autant pour en chasser la sueur que la marque de ses doutes puis relava la tête pour esquisser un sourire contrit.

- C'est vrai : nous avons pris de bonnes résolutions et je vous remercie de me les faire tenir. Comprenez juste que c'est difficile pour moi tant vous avez du charme. Mais je vais faire un effort, c'est promis !

Et comme pour affirmer cet accord - ou pas - elle l'embrassa rapidement sur la joue avant de s'écarter de lui.

[Galathée]

Il poussa un bref soupir et opina du chef.
" Merci, Chandara. Mais..."
Il la dévisagea un instant, incertain.
" Pensez-vous... comme petit pas, je veux dire... que nous pourrions nous tutoyer ? J'ai l'impression, parfois, que... cela nous maintient artificiellement à distance. Comme dans un livre."

[Chandara]

Chandara le dévisagea à son tour comme si elle cherchait à mesurer ce que faire cette suggestion lui avait coûté. Oui, c'était un petit pas, mais un pas dans la bonne direction, une petite barrière sociale qui tombait, une mesure qui les rapprocherait. Elle esquissa un sourire amusé et répondit d'un ton léger :

- J'en serais ravie. J'attendais que tu le suggères...

Cela sonnait tout de même étrangement mais le sentiment de s'exposer un peu davantage n'était pas désagréable.

- Dois-je comprendre que tu es adepte de ce genre de lectures ?

[Galathée]

Arthur sourit.
" Pas du tout. Mais quand j'étais adolescent... avant-hier, en fait, si on y réfléchit bien... j'ai beaucoup lu. Un peu tout ce qui me passait sous la main... Donc j'ai lu aussi... des textes un peu ampoulés... Hum. Mais je ne voulais pas dire que tu parlais de manière ampoulée, pas du tout, hum."
Il rougit.
" On voit que tu viens d'une bonne famille, c'est tout. Moi, depuis que je suis à la commanderie, j'ai perdu cette manière de tourner mes phrases qui marquaient mon origine sociale... et je dois dire que je trouve ça plutôt libérateur. Je ne crois pas que ça veut dire que je réfléchis moins à ce que je dis... enfin si, mais ça, je le faisais déjà avant, raconter n'importe quoi. La preuve à l'instant."

[Chandara]

Chandara éclata de rire, sincèrement amusée par le sens de l'autodérision que manifestait le paladin.

- Mais moi j'aime bien quand tu racontes n'importe quoi ! Il faudra tout de même que je t'emmène un jour visiter mon chez moi pour t'ôter ces illusions ! J'ai eu plus de chances que la moyenne c'est vrai et j'ai été bien instruite peut-être mais je suis une fille de cultivateurs, une fille de la campagne ayant découvert la civilisation sur le tard !

[Galathée]

" Alors peut-être que c'est pour ça que tu fais si attention à la manière dont tu parles... Peut-être que la civilisation t'a fait prendre conscience qu'il y avait moyen de parler autrement... et parler mieux. Ce qui est un leurre, quand on y réfléchit bien. C'est ce qu'on dit qui compte, même si la manière... d'accord, il y a de meilleures manières que d'autres, sans doute."
Il s'était remis à marcher parmi les plantes et les orchidées, entraînant la jeune femme par la main.
" Bref. Je suis heureux que nous nous tutoyions. C'est moins guindé."

[Chandara]

La jeune femme s'était laissé entraîner avec joie par la main et elle répondit d'un ton joyeux :

- J'en suis heureuse aussi. Surtout si ça contribue à te mettre à l'aise !

Elle aussi se sentait étonnamment plus légère, d'autant que cela avait constitué une parfaite diversion suite à son initiative un peu malheureuse. Changeant de sujet, elle désigna les plantes qui les entouraient de toute part :

- Non mais tu imagines un pays entier recouvert de cette végétation ? J'ai entendu dire qu'ils n'y poussait pas de vignes mais qu'ils avaient des plants donnant du café et même du chocolat. J'en ai goûté une fois, à Manost. Mais on n'en y trouve très peu...

[Galathée]

" On trouve pas mal de choses de Maztica à Luménis. Sur le marché du port, surtout... C'est une ville très ouverte et très commerciale, même si le gros de la population est originaire, à quelques générations près, de Féérune... Evidemment, pour les gens de Maztica, Luménis doit être une cité un peu inquiétante... Leur dieu du soleil est un monstre assoiffé de sang, si j'ai bien compris le peu que j'en sais... Du coup, ils ont un peu de mal à comprendre qu'on puisse le vénérer ici... Mais en fait, il n'y a quasiment pas de Mazticans en ville : les marchands troquent avec eux sur les côtes de leur continent puis reviennent dare-dare ici..."
Il sourit et entraîna Chandara jusqu'à la sortie de la serre. La chaleur sèche du parc leur parut presque fraîche en comparaison de l'étuve qu'ils venaient de quitter.
" Mais si tu aimes le chocolat, je devrais pouvoir t'en trouver."

[Chandara]

Retrouver le parc et sa douceur relative était agréable après avoir visité la serre exotique et Chandara espérait que leur route croiserait une autre fontaine pour qu'elle puisse se rafraîchir un peu le visage. Pour l'heure néanmoins, la perspective avancée par Arthur était encore plus attirante encore :

- Oh oui, j'ai adoré ça quand j'en ai goûté à Manost. Certains trouvent le chocolat un peu amer mais je dois avouer que ça ne me dérange pas personnellement. Mais ne va pas tenter l'impossible pour m'en dégotter, hein ! Surtout que ça ne doit pas être donné même dans une ville aussi ouverte que Luménis.

[Galathée]

" Je dois dire que je n'en ai aucune idée... Je n'en ai presque jamais consommé... Je me contente volontiers de ce qu'on trouve au réfectoire de la commanderie, je dois dire. J'ai mangé suffisamment de plats raffinés pour toute une vie, et je n'ai jamais été très porté sur la nourriture."
Ils étaient l'un et l'autre en sueur, après leur passage dans la jungle.
" Bon, mais je pense vous avoir montré la plupart des curiosités du parc... Si vous le désirez, nous pouvons retourner à la commanderie pour que vous puissiez vous installer. Il est déjà tard, malgré la lumière."

[Chandara]

Visiblement, Arthur éprouvait encore des difficultés à la tutoyer naturellement mais Chandara se garda bien de le lui signaler : ces choses viendraient en leur temps et elle se sentait maintenant suffisamment assurée des sentiments qu'il éprouvait pour elle pour laisser le temps au temps.

La suggestion du jeune-homme fit sens d'autant qu'elle se ressentait maintenant de son long voyage et de la journée riche en émotions et en découvertes. Elle répondit d'un ton doux :

- Je suis très heureuse de cette visite au parc : elle a dépassé toutes mes espérances. Nous aurons tout le temps de découvrir les autres merveilles de la cité dans les prochains jours. En tous cas quand tu auras des moments de liberté. Mais pour l'heure, j'aspire à un bain si c'est possible... Puis à une belle soirée à la commanderie.

[Galathée]

" Un bain ? fit Arthur avec une grimace. Misère, Chandara... La commanderie n'est pas une auberge ! Si tu es habituée à ce genre de choses et que tu ne peux pas t'en passer... Il est encore temps de réserver une chambre dans une auberge... Il y en a de très acceptables dans le quartier... Enfin, pas forcément bon marché..."
Il avait recommencé à marcher vers la sortie.
" Je crains que nous n'ayons qu'une salle d'eau commune... Il y a des baquets dedans, note bien... Peut-être que je pourrais trouver un moyen de t'en faire apporter un... mais les chambres sont loin d'être vastes... Je ne suis pas certain qu'il y entrerait."

[Chandara]

Chandara se sentit soudain très bête et rougit instantanément avant de chercher à corriger ses propos :

- Non, ne t'en fais pas : quand je parlais de bain, c'était à ça que je pensais. Je n'ai pas des goûts de luxe pour tout !

Elle ajouta cependant d'un ton un peu intimidé :

- Par contre je n'ai pas trop l'habitude des salles mixtes et j'imagine que c'est le cas chez vous... Enfin, je m'y ferai : cela fait trop longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de me débarbouiller correctement.

Malgré tout, la possibilité de se retrouver éventuellement nue devant Arthur la rendait un peu nerveuse.

[Galathée]

Arthur rit joyeusement.
" C'est la même salle d'eau pour les hommes et les femmes, mais nous ne la partageons pas en même temps, ne t'en fais pas, dit le paladin avec un sourire calme. Il y a une petite plaquette de bois pour indiquer par qui elle est occupée... On n'est pas chez les Sunites, quand même !"

[Chandara]

Chandara poussa un soupir de soulagement sans chercher à le dissimuler puis, la tension évacuée, elle se laissa gagnée par l'hilarité du paladin et répliqua joyeusement :

- Tant mieux alors ! Mais je me fais vraiment l'effet d'être une inculte et je crois que je vais vite avoir besoin d'un cours détaillé de vos coutumes si je ne veux pas passer pour une idiote tout juste débarquée de sa campagne lointaine !

C'était dit sans dépit mais la jeune-femme serait sans doute heureuse de passer des heures avec Arthur pour discuter des habitudes de vie à Luménis.

[Galathée]

Arthur haussa les épaules.
" Tu es une étrangère, tu vas de toute façon découvrir nos manières de faire... Personne ne s'attendra à autre chose, il ne faut vraiment pas que tu t'inquiètes."
Ils étaient à nouveau sur le chemin principal.
" Mais nos coutumes n'ont rien d'étrange... Enfin, je ne crois pas. Tu verras que la commanderie est grande, mais actuellement deux ailes sont inoccupées. Autrefois, nous étions une bonne centaine... avant que je n'arrive, en fait. Aujourd'hui, nous sommes une vingtaine... Du coup, on a condamné pas mal de couloirs, histoire de ne pas les entretenir pour rien."

[Chandara]

Une ombre passa : ainsi donc la commanderie était encore bien loin d'avoir recouvré son lustre d'antan. Mais les Lathandrites n'étaient rien moins que des nostalgiques et le groupe soudé qu'elle avait vu à l'entraînement lui faisait penser que leurs lendemains seraient meilleurs. Et voilà qu'elle se mettait à penser en Lathandrite après avoir passé quelques heures avec l'un d'entre eux ! Elle déclara avec un certain optimisme :

- Je suis certaine que vous finirez par les rouvrir : j'ai observé tes compagnons d'armes dans la cour et j'ai écouté tout ce que tu m'en as dit. Vous m'avez accueilli chez vous alors que je suis étrangère. Vous formez une famille soudée et heureuse et elle ne demande qu'à s'agrandir. Il faut simplement attendre et ne rien changer à votre attitude.

[Galathée]

" Je sais bien, dit Arthur avec un sourire tranquille. Je ne m'inquiète pas. Mais aller de l'avant ne signifie pas négliger l'arrière. Nous devons grandir de ce qui est arrivé à notre ordre. Mais comme je le disais, je suis parfaitement serein : j'ai toute confiance dans les hommes qui nous guident."
Ils étaient arrivés en périphérie du parc et se glissèrent parmi les badauds pour regagner les rues du beau quartier.

[Chandara]

Une fois le parc atteint, la jeune-femme se mit à errer sans but précis en tête. Elle avait bien du mal à s’imprégner de la douceur bucolique des lieux comme lors de sa première visite et ce phénomène devait être autant attribuable à l’absence d’Arthur qu’aux questions qu’avait suscitées sa conversation avec Sire Othon près du temple de Sunie.

La jeune-femme passa devant les premiers vendeurs sans que les bonnes odeurs ne réveillent sa faim : elle avait l’estomac bien trop noué pour cela. Alors, sans même y réfléchir, elle se dirigea vers un des bancs isolés pour s’y asseoir simplement. De là, elle avait vue sur le Belvédère et ses belles statues mais elle ne regardait pas vraiment dans cette direction, absorbée dans ses pensées. Quoiqu’en ait dit Sire Othon, il valait sans doute bien mieux qu’elle trouve une chambre en ville : aussi difficile que ce soit, elle ne voulait pas moucher l’étincelle merveilleuse qui animait Arthur comme elle avait elle-même perdue la sienne.

[Galathée]

Elle n'était assise que depuis quelques secondes quand quelqu'un vint s'asseoir à côté d'elle. C'était une jeune femme un peu plus âgée qu'elle, aux longs cheveux blonds tressés et piquetés de fleurs rouges. Elle portait une robe de la même couleur, mais ce n'était manifestement pas une prêtresse de Sunie, car celle-ci était beaucoup plus couvrante que ce qu'aurait porté un clerc. Peut-être était-elle juste une fidèle, ou alors était-ce un hasard... Le rouge n'était, après tout, pas réservé aux servants de la dame aux cheveux de feu.
" Ne laissez pas moucher la flamme." dit-elle finalement.

[Chandara]

Absorbée dans ses pensées, Chandara avait laissé l’inconnue s’asseoir à côté d’elle en ne voyant que ses jolis cheveux blonds arrangés avec goût. Elle sursauta légèrement quand les paroles de son aînée firent si étrangement écho aux siennes. Elle redressa alors la tête et tourna vers l’inconnue un regard légèrement humide mais pénétrant. La jeune-femme n'était peut-être pas clerc Sunite mais elle n'en était pas moins belle et habillée avec goût :

- Pardonnez-moi ? De quelle flamme parlez-vous ?

Peut-être avait-elle mal entendu ses paroles. Peut-être avait-elle rêvé tout éveillée.

[Galathée]

" De celle qu'un rustre a tenté d'étouffer, dit la blonde sans se démonter. Mais si elle brûle, vigoureuse, elle se moquera bien des oiseaux de mauvaise augure, des écueils et des tempêtes. C'est à cela qu'on reconnait un véritable amour. Rien ne peut le contraindre, rien ne peut le briser. En cela, l'épreuve n'est pas celle qu'on croit."

[Chandara]

Cette fois, il n'y avait plus aucun doute : l'inconnue venait bien du temple de Sunie et elle avait surpris la conversation avec Sire Othon. Chandara ne pouvait pourtant pas en vouloir à la blonde dont la démarche visait à la rasséréner. Elle se contenta de répondre :

- Merci. Cela me remonte le moral. Mais Sire Othon est loin d'être un rustre : il veut le bien pour mon aimé, tout comme moi. Et il doit me voir comme une écervelée à peine débarquée qui voudrait détourner un paladin de sa vocation.