[Salle] La prison

[Taliesin]

-A moins que le procureur ne reprenne l'avantage, auquel cas nous devrons espérer qu'elles aient lieu. Mais je me fie à Henri et s'il dit que ça se passe plutôt bien, alors je le crois.
Il sourit.
-Et de ton côté, comment ça va ?

[Galathée]

" Ça va, j'essaie de ne pas me ronger les sangs... dit-elle. Henri m'a accueillie chez lui, son épouse est aux petits soins, j'ai été me promener avec Antoine... Je m'en sors, tu ne dois pas t'en faire. Je crois que les garçons vont venir d'ici quelques jours. Je ne te les amènerai pas, mais je pense que nous avons besoin d'être un peu ensemble, tous, près de toi."

[Taliesin]

Il se contenta d'acquiescer. En réalité, cela l'ennuyait que Galathée se soit installée à Luménis, laissant les enfants derrière elle : il lui semblait qu'ils avaient besoin de son soutien, de sa présence, Victor et les jumeaux en particulier, et qu'être privés de leurs deux parents devaient être encore plus rude. Mais il se garda bien de juger, cependant : la rôdeuse devait gérer ce pénible épisode comme elle le sentait. Et puis s'ils étaient finalement réunis d'ici quelques jours...

[Galathée]

" Et les jumeaux vont bien, ajouta-t-elle. Henri a des enfants un peu plus âgés, alors ils ont plein de matériel. C'est un peu le grand luxe, mais c'est reposant, je dois bien l'avouer... Bref, tu ne dois pas t'inquiéter pour moi. Je ne suis vraiment pas à plaindre. Et je sais que nos amis veillent, de surcroît. Tout ira bien. Il faut juste être patient."

[Taliesin]

Il sourit.
-Nous le serons. Et puis, nous avons passé déjà trois jours...
Seulement trois jours, en vérité. Il avait l'impression que cela faisait des lustres qu'il croupissait ici tant la ferme et ses occupants lui semblaient lointains, irréels... Si son épouse n'était pas venue le voir comme elle le faisait aujourd'hui, il aurait presque pu croire que tout cela, toute cette lumière et toute cette chaleur n'étaient qu'un songe.

[Galathée]

" Henri dit que les choses pourraient aller très vite... Tu n'auras donc ni le temps de maigrir, ni le temps de faire des graffitis sur les murs."
Elle posa les mains de part et d'autre de son visage.
" Tu n'as toujours besoin de rien ? Je t'imagine fixant le vide... Je n'aime pas ça."

[Taliesin]

L'elfe soupira.
-Je sais que ce n'est pas l'idéal. Mais d'une part mes pensées sont toutes tournées vers l'avenir, ce qui est plutôt positif, et d'autre part je ne vois absolument pas quoi faire d'autre. J'y songeais tout à l'heure, d'ailleurs : aurais-je des livres que je n'arriverai pas à lire, aurais-je une plume que je ne saurais quoi écrire, tant les circonstances ne sont pas exactement propres à favoriser l'inspiration. Pour autant, tu ne dois pas t'en faire : ça restera rude jusqu'au bout mais c'est déjà moins pire qu'hier ou avant-hier.

[Galathée]

Galathée opina du chef.
" Je devrais t'apporter des chaussettes à repriser, en fait. Ça t'occuperait les mains pendant que tu rêvasses."
Elle lui sourit.
" Mais tu peux commencer à réfléchir à la fête de notre mariage... Tu seras le maître des cérémonies, après tout !"

[Taliesin]

-Pourquoi moi ? J'ai déjà organisé des fêtes, certes, mais elles étaient destinées à autrui, j'étais un simple prestataire de services.... Sans compter que mes clients me donnaient des consignes précises, la plupart du temps ! Bref, si je suis le maître de cérémonie, tu en seras la maîtresse et je compterai sur ton implication dans tous les préparatifs.
Il lui sourit.
-C'est ça où la préparation de nos futures expéditions à Antelucas et Maztica t'incombera entièrement.

[Galathée]

" Finalement, nous pourrions demander à un de nos amis de s'en charger... N'as-tu pas un barde parmi tes connaissances ? Un confrère qui pourrait faire ça bien ? Non, j'imagine que non... Métier trop concurrentiel. Je n'oserais pas confier la chose à ce sacripant de Guéric, mais peut-être en désignant tout un collège d'organisateurs nous en sortirons-nous..."
Elle leva les yeux au ciel.
" Moi, organiser une cérémonie. Tu es tombé sur la tête, j'imagine."

[Taliesin]

-Pourquoi cela te paraît-il à ce point impossible ? Je suis bien devenu fermier et j'y ai bien pris goût, moi le barde itinérant dont la vie se partageait entre les routes, les salles d'auberge et, de temps à autre, quelque riche demeure... De plus, nous ne sommes pas obligés d'organiser quelque chose de démesuré : le but est quand même que nous soyons à l'aise... Et il faudrait déjà commencer par déterminer qui nous inviterons : m'est avis que même si nous visons large, le nombre des convives restera limité et que, par conséquent, la tâche nous paraîtra tout de suite moins compliquée.

[Galathée]

" Je pense simplement que lorsqu'on est au coeur de la fête, on a moins le temps de s'en occuper... Déléguer est donc la voie à suivre, et je suis certaine que nous trouverons des volontaires... Cela nous permettra de ne penser qu'à nous."
Elle lui fit un clin d'oeil.
" Mais nous pouvons attendre le début de l'été... Je pense que nous aurons d'abord besoin de nous remettre de nos émotions... et tu pourras me faire part de tes envies pour le futur. Tu parles de la ferme mais honnêtement, je ne t'y vois pas à long terme..."

[Taliesin]

-Oh ? Et où me vois-tu donc ? s'enquit-il, sincèrement curieux.
Pour l'heure, c'était à la ferme qu'il avait envie d'être et nulle part ailleurs. Elle avait pris la succession de leur petite maison à l'orée de la Lorien, était devenue ce foyer dont sa vie itinérante l'avait privé, ce foyer qu'il n'avait plus eu depuis qu'il avait quitté le toît de ses parents adoptifs. Certes, il savait que, de temps à autre, il aurait envie de faire des voyages. Néanmoins, il n'imaginait pas s'installer en un autre endroit.
Sauf, bien sûr, si vivre sur le territoire luménien s'avérait trop éprouvant.

[Galathée]

" Ça, je n'en sais rien, dit-elle avec un calme sourire. Mais pas en train de manier la faux ou la charrue, ça c'est certain. Tu es un artiste, un aventurier... Tu auras fait le tour des charmes de la vie champêtre en un an maximum, j'en mettrais ma main à couper."
Elle haussa les épaules.
" Mais j'oublie que tu es un elfe... Un an pour toi, c'est trois clignements de cil... Moi... Moi j'aurai envie de vivre avec notre famille. Les enfants, toi et moi. J'aime beaucoup Guillhem, mais... j'ai envie de faire l'expérience de notre couple. Voilà. Sur les routes ou ici, à Luménis, c'est autre chose..."
On frappa discrètement à la porte.
" Mais c'est le sujet d'une autre discussion. Je t'aime."
Elle l'embrassa sur les lèvres.

[Taliesin]

-Je t'aime aussi, souffla-t-il après avoir prolongé le baiser.
Pour l'heure, il ne s'imaginait pas vivre à Luménis : la plupart des lieux de la cité étaient liés à des mauvais souvenirs et il y avait trop de gens qui savaient ce qu'il avait fait pour qu'il puisse être vraiment à l'aise. Néanmoins, il comprenait la rôdeuse et était d'autant plus prêt à faire un effort qu'une vie itinérante n'était pas l'idéal pour des enfants, surtout en bas-âge.
-A très vite, ajouta-t-il en se levant.
Il se préparait déjà au terrible sentiment de solitude qui l'accablerait sitôt revenu dans sa cellule. Heureusement, il y aurait les plantes pour lui assurer une nuit de repos... et d'oubli.

[Galathée]

Une fois la rôdeuse partie, Taliesin fut ramené à sa cellule. On lui apporta son souper, mais il n'y avait pas de plantes fournis avec le ragoût du jour. Le garde lui rappela que son avocat devait encore passer le voir et lui conseilla de ne pas se coucher trop rapidement. Effectivement, il terminait son assiette lorsqu'Henri se présenta. Il le laissa cependant finir à son aise et alla l'attendre dans la petite salle habituelle. Quand Taliesin y arriva, Henri y avait allumé une petite flambée agréable.
" Un verre de vin ?" demanda-t-il.

[Taliesin]

Il aurait aimé pouvoir sombrer sans tarder, afin de clore cette journée et d'entamer la suivante : ainsi le temps serait-il passé plus vite. Cependant, si son avocat avait tenu à lui rendre visite, c'est qu'il y avait une bonne raison.
-C'est gentil mais je ne préfère pas, répondit-il, courtois.
Vu son état d'esprit, vu qu'il continuait à ne guère manger, il se méfiait de l'effet que pourrait produire l'alcool sur lui. De surcroit, comme il avait déjà tendance à être terriblement maladroit avec Henri, mieux valait qu'il garde ses esprits.

[Galathée]

" Tant pis, dit l'avocat en se servant. C'est un bon crû pourtant, mais je ne vous force à rien."
Il lui tendit une petite bourse pleine d'herbes, pour qu'il puisse dormir aisément.
" Je voulais un peu vous parler de demain. Je sais que je vous ai pris au dépourvu avec certains de mes témoins du jour, et je voulais être certain que vous ne m'en vouliez pas d'avoir agi de la sorte. J'ai quelques personnes un peu moins proches de vous en réserve, désormais : une prêtresse d'Ilmater, notamment, mais les circonstances de votre rencontre m'ennuient un peu... Une nouvelle révolte dont vous êtes plus ou moins la cheville ouvrière... C'est un peu enquiquinant. Et puis nous avons le dénommé Martin, mais il a l'air de vous en vouloir terriblement, et j'ai peur qu'il fasse pire que bien en témoignant. J'ai donc plus ou moins l'intention de me montrer attentiste pour la suite. Seskan de la Réunion pourrait témoigner, mais il n'apportera rien de plus que Constance, et il vous connait moins bien. Il y a votre ami Guéric, bien sûr. C'est une possibilité simple, mais le procureur me retournera à nouveau les mêmes arguments, j'ai le sentiment que ce sera inutile."

[Taliesin]

Le barde avait blêmi tout en sentant son cœur se serrer.
Ainsi donc ils avaient attrapé Martin. Dieux, celui-ci avait pourtant mérité tout sauf de finir dans les geôles luméniennes... Et si en plus on lui avait mis la main dessus pour qu'il témoigne au procès, rien d'étonnant à ce qu'il le haïsse.
Un instant, il oublia sa propre détresse et songea à celle du jeune homme sur qui, décidément, le sort s'acharnait sans la moindre once de pitié. Toutefois, il lui fallut vite revenir à la réalité et il choisit de répondre sur un tout autre point.
-S'il s'agit de l'Ilmate à laquelle je pense, elle dira effectivement que j'ai partie liée avec un autre soulèvement. Le soulèvement d'elfes sur lesquels des Melandiens pratiquaient des expériences et qui allaient finir écorchés et dépecés vifs avant que leurs divers organes ne soient vendues dans des boutiques spécialisées. Alors si je puis me permettre... Si d'aventure le procureur venait à utiliser ces faits contre moi, je crois qu'il y aurait fort à douter de sa moralité. Il me semble en effet qu'avoir aidé ces gens à découvrir la vérité et à éviter ce destin atroce est plutôt louable... Au besoin, je pourrais décrire ce qui se passait dans les salles d'extraction, la manière dont on les maintenait en vie tandis qu'on les débitait morceau par morceau, vu que ceux-ci avaient un prix plus élevés s'ils étaient prélevés avant le trépas de leur propriétaire...

[Galathée]

" Je suis au courant de cette histoire et de ses détails, par Kerun. Il a remis un rapport circonstancié sur la plupart des choses qui se sont déroulées en Dorrandin, vous l'imaginez sans peine. Votre rôle dans ces événements est donc connu... dans certains cercles. Mais ce sont là des informations qui n'ont pas été rendues publiques, et le juge, ainsi que le procureur, en ignorent effectivement l'existence. Ce qui s'est déroulé après votre départ d'Hélonna ne figure pas en détail dans le dossier. En tout cas, à partir de Mersant. Les activités de vos amis étaient clandestines, et la présence d'un agent des forces luméniennes sur le terrain potentiellement... comment dire... problématique. Bref, cette affaire d'elfes exploités est... à double tranchant, je pense. Personne ne vous a jamais reproché d'avoir soulevé les esclaves mélandiens, non plus. Mais les gens ont peur des retombées, si vous décidiez de traquer l'injustice à nouveau. Ce n'est pas l'objet du procès, bien sûr, mais c'est un trait de caractère qui vous poursuit."

[Taliesin]

-Qui me poursuivait, corrigea-t-il doucement. Dans le cas des elfes, je n'ai pas vraiment eu d'autre alternative et personne n'aurait pu simplement s'enfuir, à moins d'être sinon fondamentalement mauvais, au moins terriblement égoïste et insensible. Quant à ce que j'ai accompli ensuite à Melandis... J'ai simplement saisi l'opportunité de réparer une infime partie de mes erreurs et de leurs conséquences. Pour le reste, je vous l'ai déjà dit : plus jamais on ne me prendra à me mêler de ce genre d'affaires, à m'immiscer dans pareilles situations... J'aspire uniquement à vivre avec les miens, de la manière la plus simple et paisible qui soit. Cependant, je conçois qu'on ne me croira jamais sur ce point.
Comme on ne le croirait jamais pour tant d'autres choses. Ou, plutôt, comme on aurait tant de présupposés envers son caractère, ses aspirations... Raison de plus, peut-être, pour quitter ces terres.
Mais il y avait préoccupations plus immédiates.
-C'est dommage que les événements dorrandins ne puissent être évoqués. Sinon, je vous aurais suggéré de solliciter sire Deverell, le paladin que j'ai contribué à libérer : comme sa foi et son code d'honneur lui interdisent de mentir, même le procureur n'aurait eu d'autre choix que d'admettre son témoignage comme une indubitable vérité... Enfin, tant pis. Ce qui m'ennuie davantage, c'est que comme toutes les personnes susceptibles de parler en ma faveur sont soit des amis, soit des proches, soit des gens que j'ai aidés, le procureur réfutera invariablement leurs dires. Dans de telles conditions, comment faire avancer le procès ? Nos témoins n'y aideront pas, pas plus que les siens, vu que nous pouvons mobiliser des arguments similaires à leur encontre : ils ont des raisons de me détester et sont donc susceptibles d'arranger la réalité. Bref : ne sommes nous pas bloqués ? Ne faudrait-il pas en venir à des mesures telles que sonder mon aura où lire mes souvenirs, mes pensées ?

[Galathée]

" La justice luménienne répugne à l'usage de ces méthodes... invasives. Et elles sont faillibles. Un homme de votre expérience pourrait tromper un sortilège de ce type. Et le bien, le mal... Ma foi, ils sont tellement... carrés, certaines fois. De surcroît, même si vous aviez aujourd'hui une aura pure, comment juger de la couleur qu'elle avait au moment des meurtres ? Passer du bien au mal n'est pas forcément signe de démence. Non, je ne suis pas certain que cela nous aiderait beaucoup. Quant à sonder vos souvenirs... Vous accepteriez réellement une telle... violation de votre intimité ? Je n'ai jamais accepté qu'on y soumette mes clients, dans aucun cas de figure. Brrrr, rien que d'y penser... Vous devriez me convaincre, je dois l'avouer."
Il pinça les lèvres.
" Et j'ai songé au paladin... mais je ne pense pas qu'il puisse nous apporter davantage que le capitaine Lamalice. Comme vous l'avez bien dit, nos arguments sont clairs. Je pense que nous aviserons en fonction de ce que le juge nous apporte demain... Ensuite... Rappelez-vous qu'un procès se gagne à la tchatche, comme on dit parfois. Je ferai mon plaidoyer, le procureur son réquisitoire, et le juge tranchera. En notre faveur. Parce que le procureur ne peut pas réfuter votre état de démence. Tous les indices pointent dans cette direction, même si vous même refusez de l'accepter."

[Taliesin]

-Je ne refuse pas de l'accepter : je doute simplement et j'ai besoin d'être convaincu. Quant au fait que mes pensées puissent être sondées, j'étais sérieux : d'une part cela fait bien longtemps que je ne m'attache plus la moindre importance en tant qu'individu, d'autre part je dois aux miens de sortir libre de ce procès et ferai donc le nécessaire pour que cela advienne. Cependant, comme je vous l'ai déjà dit, je m'en remets entièrement à votre jugement concernant notre stratégie, le déroulement du procès... Bref, agissez comme vous le jugez bon. De mon côté, je veillerai à garder l'attitude qui convient à ma situation. Je crois ne pas m'être trop mal débrouillé, jusqu'ici.

[Galathée]

" Vous vous êtes très bien débrouillé jusqu'ici, mais je pense que vous ne devez pas craindre de laisser perler vos émotions quand elles affleurent. Les gens qui ont dit du bien de vous, aujourd'hui... Vous auriez pu davantage montrer que ça vous touchait. Apparaître insensible, froid et contrôlé, cela peut aussi vous desservir. Vous êtes sensible, vous êtes repentant, ces choses doivent se sentir... Mais peu importe. Vous faites ce que vous pouvez, et vous le faites bien, c'est déjà ça. Pour le reste, ne me dites pas que vous ne vous accordez pas d'importance en tant qu'individu. Je me souviens de votre colère, dans certaines de vos discussions... Vous vous en accordez peut-être moins qu'autrefois, mais votre amour propre est loin d'être éteint."
Il sourit.
" Bon. Mais je sais que si les choses devaient en arriver là, vous êtes éventuellement d'accord pour des moyens invasifs de vous sonder. Rien que l'offre pourrait suffire, en ces matières. Mais je ne pense pas que nous en arriverons là."

[Taliesin]

Il fut tenté de répondre qu'il ne s'agissait pas d'amour propre mais de souci de vérité, sachant que si on lui imputait des fautes qui n'étaient pas siennes, que si on ternissait encore davantage son image, cela aurait un impact sur sa femme, ses enfants, ses amis... Mais il renonça, se souvenant de leur conversation du milieu de journée : il n'avait pas besoin de convaincre son avocat de quoi que ce soit, celui-ci ferait son travaille quoi qu'il pense de lui.
-Même si nous devions en arriver là, ce n'est vraiment pas le genre de choses qui m'inquiète, répondit-il simplement. Tout ce qui compte pour moi, c'est que ce procès connaisse une issue favorable et, en la matière, je me fie totalement à vous.

[Galathée]

Henri paraissait peu convaincu mais il ne chercha pas à pousser Taliesin dans ses derniers retranchements. Il se contenta de lui souhaiter la bonne nuit et de prendre congé, après quoi les gardes vinrent le ramener à sa cellule et l'avocat regagna l'extérieur. Comme la veille, les plantes opérèrent des miracles et Taliesin put glisser aisément dans un sommeil profond, réparateur et sans rêves. A nouveau, un garde dut venir l'arracher aux limbes au petit matin, et après un rapide petit déjeuner, il fut à nouveau convoyé vers le Palais de Justice.

HRP : si quelqu'un a le temps de faire la transition jusque là d'ici à demain... Il ne faut pas hésiter ! Je ne suis pas sûre que j'aurai le temps ou l'occasion de poster avant jeudi...

[Galathée]

Quête : Les Squelettes du Placard
Epilogue : Exorcisme

Il leur fallut à nouveau près d'une heure pour relier le palais de justice et la prison. Une fois rendu, Taliesin fut convoyé jusqu'à sa cellule. Là, une mauvaise surprise l'attendait : une des cellules vides jusque là était désormais occupée, par un homme qui poussait des hurlements de rage, accroché aux barreaux. Il devait avoir plus de soixante ans, les cheveux gris et longs, dépenaillé, et éructait des malédictions colorées. Les gardes parurent gênés de sa présence, mais ils n'en laissèrent pas moins le barde dans cette atmosphère tonitruante.

[Taliesin]

Formidable ! D'extrêmement pénible, son incarcération allait devenir tout bonnement insupportable : il avait beau être désolé pour le nouveau captif, force était de constater que ses hurlements, à la longue, auraient de quoi rendre fou même quelqu'un ne l'ayant jamais été. Malheureusement, pour cela comme pour tout le reste, il n'avait aucune marge de manœuvre, aucun moyen d'y échapper : il devait prendre sur lui et accepter docilement sa situation, aussi horrible soit-elle. Se réconfortant en se disant que les plantes lui permettraient au moins de dormir - sans elles, cela aurait été impossible -, il tenta sans grand espoir de se réfugier dans la transe elfique.

[Galathée]

Effectivement, il lui fut impossible de trouver suffisamment de sérénité pour glisser dans la Rêverie. Les vociférations du nouveau prisonnier s'étaient faites particulièrement scatologiques, et il ne manquait pas d'imagination. Le voisin de Taliesin perdit patience le premier.
" Je crois que je vais commettre un meurtre, dit-il. J'imagine que j'aurai des circonstances atténuantes."

[Taliesin]

-C'est possible mais, comme un doute subsiste, mieux vaudrait prendre votre mal en patience, répondit-il, amical. Si elle ne l'est déjà, la direction ne tardera pas à être informée et à agir en conséquence, ne serait-ce qu'en donnant quelques plantes apaisantes à notre voisin.
Le barde était bien moins calme qu'il ne le laissait voir. Ces cris lui portaient terriblement sur les nerfs et il se demandait s'il ne s'agissait pas là d'une manœuvre du procureur : s'il avait été capable, lors de la dernière audience, d'invoquer un hypothétique retour de Nwalk pour réclamer son emprisonnement, était-ce si absurde de l'imaginer plaçant un dément dans une cellule voisine de la sienne pour tester ses capacités de résistance ?