[Lieu] Temple de Sunie

[Galathée]

Mais Chandara ne put saluer le clerc : il s'était éclipsé pendant qu'elle parlait au paladin. De la même manière, la jeune femme qui avait combattu était en train de rassembler leur matériel et elle leur accorda tout juste un regard quand ils sortirent. Les portes fenêtres de la salle donnaient directement dans les jardins et ils descendirent entre les buissons fleuris sur une pelouse verdoyante en dépit de l'été. Le compagnon de Chandara la guida jusqu'à un banc de pierre, sur lequel veillait un elfe de marbre, la mine pensive. Le paladin s'assit à côté de la Dorrandine, sans la presser, même s'il ne lâcha qu'à sa main qu'à la dernière seconde.
" En quoi puis-je vous être utile, Dame ?"

[Chandara]

L’ancienne paladine avait bien du mal à ne pas se laisser distraire par les merveilles cachées du jardin sunite. Mais elle devait aussi s’avouer qu’elle les regardait en partie pour ne pas regarder de trop près son tout nouveau compagnon. Et pourtant il se dégageait de lui une force d’attraction à laquelle il était bien difficile de résister. Elle tourna donc son regard vers le sien et dut chercher ses mots pendant plusieurs secondes avant de reprendre la parole :

- Eh bien… Vous devez d’abord savoir que j’ai été paladine autrefois. De Helm…

La précision lui avait paru importante même s’il devait bien se douter qu’elle n’avait pas été Sunite comme lui.

- Je suis arrivée hier de Manost pour retrouver un être qui m’est très cher… Un paladin lui aussi. Mais je m’égare : je voulais profiter de mon séjour pour rencontrer des Sunites et plus particulièrement quelqu’un comme vous qui pourrait me parler de la Dame. Je ne voudrais pas vous méprendre : je ne suis pas certaine de savoir moi-même ce que je cherche mais je me cherche, justement… Et je n'ai pas trouvé en Dorrandin de culte qui puisse me parler. Je n'avais pas grand chose d'Helmite déjà. Mais je m'embrouille.

Dieux ce qu'elle se sentait confuse et nerveuse !

[Galathée]

Le paladin se redressa et croisa les bras, l'observant une seconde, le visage toujours ouvert et souriant.
" Dame, je suppose que vous savez que... on ne choisit pas vraiment un dieu comme une paire de gants. Enfin... le commun des mortels a cette tendance, mais servir, c'est autre chose... C'est quelque chose qui vous prend aux tripes et qui vous bouleverse. En cela, Sunie n'est pas moins exigeante que vos dieux austères."
Il pinça les lèvres.
" Vous vous cherchez un nouvel élan. Pourquoi pensez-vous qu'il pourrait se trouver chez Sunie ?"

[Chandara]

Chandara baissa les yeux, se souvenant des paroles échangées avec Sullyan et même Arthur qui lui avaient tenu des discours similaires en d’autres occasions.

- Je ne voulais pas vous donner cette impression. Et je me doute que Sunie est tout aussi exigeante que les autres dieux. Je ne veux pas que vous croyez que je cherche à toute force à redevenir paladine. Même si la présence et le but que cela me conféraient me manquent au plus haut point. Je voulais juste chercher à en savoir davantage, à mieux vous comprendre. Sunie est tellement lumineuse et pourtant d’aucuns la juge frivole, ne voient que sa beauté et ses amours et la dénigrent pour cela. Dans mon pays, être jolie – et même être une femme - vous prédestine à ne rien être d’autre. Et pourtant Sunie a une place de choix dans le panthéon, elle suscite l’adoration et l’émerveillement de nombreux fidèles aussi dignes que vous ou Kenan. Peut-être que je me fais de fausses idées et ce ne serait pas étonnant puisque je suis grandement inculte en la matière mais Sunie m’attire car elle rayonne, encourage les autres à se dépasser, protège tout ce qui est beau et bon. Il y a tant à protéger et ils sont si rares sont ceux qui accordent de l’importance à ce genre de choses par chez moi. Et pourtant ma famille et mes amis m’y ont donné goût. La guerre, la destruction, la découverte d'un compagnon m'en ont fait prendre conscience.

Elle avait débité tout cela sans se poser de question, emportée par son propre enthousiasme et oublieuse qu’elle s’adressait à quelqu’un qui en savait tellement plus qu’elle sur le sujet que ses propos devaient lui paraître parfaitement stupides et naïfs.

[Galathée]

" Vous savez... Chauntéa aussi protège ce qui est bon et beau. Et Lathandre également, bien sûr. Ce dernier est certainement bien plus porté sur le dépassement de soi, aussi, qui n'est que marginalement sunite. Nous vénérons la beauté et l'amour, car nous pensons qu'ils sont fondamentaux... reflets de l'âme... Mais Sunie est frivole, changeante et capricieuse. Magnifique, évidemment. Formidable. Merveilleuse. Mais ce n'est pas une idéaliste comme l'est le Seigneur du Matin... Sunie n'est pas portée sur les lendemains qui chantent. Ils sont incertains, fragiles, souvent bien décevants. Tandis que ce dont nous pouvons jouir à l'instant, ce que nous pouvons contempler, toucher, tenter... C'est bien plus fascinant et riche. Et bien plus malin aussi, même si les Lathandrites vous diront le contraire."
Il haussa les épaules.
" Nous autres, paladins de Sunie, sommes forcés d'être un peu plus sérieux que nos amis clercs... pour qu'ils aient, justement, eux et les fidèles de la déesse, toute la latitude de profiter de ses largesses sans danger. Mais nous ne sommes pas vraiment des paladins comme vous devez en connaître... Nous nous soucions peu des grands tracas du monde. Nous cherchons surtout à défendre la beauté et l'amour, dès qu'ils sont menacés."

[Chandara]

La jeune-femme l’avait écouté attentivement, essayant d’intégrer cette philosophie qui lui était étrangère. Inconsciemment, Chandara s’était détendue, s’était redressée, s’était un peu ouverte à ces paroles qui auraient pu apparaître comme décourageantes. Sullyan le lui avait affirmé : elle devait s’ouvrir au monde, le laisser venir à lui, ne pas forcément rechercher activement à l’orienter ou à l’interpréter. Comme c’était à nouveau un exercice difficile ! Elle osa cependant poser une nouvelle question, sans plus essayer d’orienter le débat :

- Vous protégez ce qui est beau, vous encouragez à en jouir et à en profiter aujourd’hui. Mais ne recherchez-vous pas également à faire éclore de nouvelles merveilles là où vous portent vos pas ? Comme les fidèles de Chauntéa sans doute, comme ceux Lathandre aussi. Je me suis laissé dire que vous encouragiez le talent créateur. C’est une chose qui me semble si secondaire à Manost ce qui la rend terne. La beauté s’y cache : elle existe mais elle ne se montre pas. Je trouve cela triste et c’est aussi ancré en moi, dans mon éducation. La pudeur et la retenue sont érigées en vertu par chez moi. Ici, vous semblez tellement plus libres… J'en ai un peu assez de devoir me cacher pour être prise au sérieux : c'est peut-être un peu égoïste mais si personne ne montre la voie, que restera-t-il de beau à Manost quand les militaires auront tout étouffé ?

[Galathée]

Le paladin eut une grimace.
" Attendez... Vous brûlez les étapes... Se vouer à Sunie est une chose... devenir une sorte de... missionnaire divine en est une autre. Qu'on le veuille ou non, la religion est affaire de politique. Vous n'avez pas besoin de vous affilier à une religion si votre objectif est d'encourager la création artistique dans votre cité d'élection. N'importe qui peut le faire. Et je doute que les Sunites jouissent d'une quelconque immunité diplomatique à Manost... Vous seriez sans doute même plus efficace en agissant sans vous revendiquer d'un ordre."

[Chandara]

Une nouvelle fois, ses propos avaient semble-t-il dépassé sa pensée et elle révélait sa tendance à inquiéter même les inconnus par son impulsivité… La jeune-femme posa une main sur celle du paladin avant de répondre d’un ton doux et déterminé :

- Ne vous inquiétez pas : je suis consciente d’être une trop petite personne pour agir à l’échelle d’une si grande ville et j’ai peur que la période y soit tout sauf propice. Je me contentais de répondre à votre question et vous dire l’une des choses que j’admire le plus chez les fidèles de votre dame aux cheveux de feu. Et aussi ce que je voudrais être mais on n’est pas toujours qui on voudrait être et on ne peut pas toujours tout sauver…

Elle se leva et esquissa un sourire charmant mais un peu triste :

- Vous m’avez donné à réfléchir : je dois vous remercier pour le temps que vous m’avez consacré mais je n’ai pas le plaisir de connaître votre nom.

[Galathée]

" Et je ne connais pas le vôtre, dit le paladin en retenant la jeune femme par la main. Je me nomme Séverin. Je serai toujours ici si vous avez d'autres questions."
Il pinça les lèvres.
" Je vous sens proche de Sunie... mais en même temps lointaine... Vous aspirez à des idéaux que nous autres Sunites estimons... inaccessibles. Je ne suis pas certain que nous pouvons vous apporter ce que vous cherchez, ni que Sunie peut s'exprimer en vous... Mais je n'ai pas la vérité absolue en ces matières, loin de là... Réfléchissez et revenez-nous, dame..."

[Chandara]

Le sourire de Chandara s’élargit et elle ne chercha aucunement à fuir le contact. Quelques minutes à peine en compagnie de Séverin lui avaient prouvé que le paladin était bien plus profond qu’il n’y paraissait de premier abord. Déjà parce qu’il avait eu l’honnêteté de ne pas chercher à lui vendre de fausses promesses. Elle se sentait déjà bien plus à son aise en sa compagnie. Elle serra sa main le temps de répondre avec un ton plus enjoué :

- Il faut parfois viser de grandes choses pour réussir à en accomplir de toutes petites. Et je peux vous assurer que je reviendrai ici même si ce n’est pas pour trouver l’amour de Sunie.

Elle balaya le jardin du regard, s’attarda sur le bâtiment tout proche et se tourna à nouveau vers le paladin avec un sourire :

- Cet endroit est un peu intimidant mais aussi très agréable et je m’y sens bien, je crois. Je suis enchantée d’avoir fait votre connaissance, Séverin. Et puisque vous la gentillesse de le demander, je m’appelle Chandara.

[Galathée]

Séverin sourit et baisa à nouveau sa main, avant de la lâcher.
" Dame Chandara, que la flamme a gratifié de sa beauté, c'était un honneur pour moi. Je guetterai votre retour comme la femme du marin perchée sur le récif. Ne vous fourvoyez pas en route."
Il s'était levé et s'inclina courtoisement.

[Chandara]

Chandara partit d’un rire joyeux à ces paroles exagérées puis elle releva fièrement la tête et répondit d’un ton avenant :

- Je m’étais laissé dire que les Sunites étaient charmants, courtois et tant d’autres choses encore mais je me rends compte à présent à quel point c’était en dessous de la vérité ! Il me tarde déjà de savoir ce que j’apprendrai lors de ma prochaine visite. Portez-vous bien d’ici là, Sieur Séverin !

Elle ne lui laissa pas le loisir de répondre avant de se tourner à nouveau vers le temple et de s’éloigner d’un pas souverain, un sourire aux lèvres. Et puisqu’elle avait encore du temps avant de chercher de quoi déjeuner, elle prévoyait de repasser par le sanctuaire et de s’y attarder pour adresser une prière sincère à Sunie. Peut-être aurait-elle ainsi l'occasion de recroiser Kenan pour le remercier lui aussi.

[Galathée]

Il y avait d'autres clercs dans la nef, mais aucun n'était Kenan. Il y avait aussi nettement plus de fidèles que lors de son premier passage, et elle se fondit aisément dans la masse. Elle remarqua que certains des visiteurs, après avoir prié, allaient glisser des petits morceaux de parchemin pliés sous les pieds de la statue colossale. L'atmosphère était feutrée, emplie de murmures, et des parfums fleuris flottaient dans l'air.

[Chandara]

La jeune-femme se glissa devant la statue où elle esquissa une révérence gracile avant de joindre les mains et d’adresser une prière silencieuse à la présence qui imprégnait ces lieux de sa bienveillance. Une demande qui ne lui était pas destinée personnellement contrairement à certains des mots que les fidèles glissaient sous son effigie :

Belle entre toutes, puissiez-vous protéger à jamais vos fidèles et les garder des horreurs de ce monde. Gracieuse Sunie, puisses-tu continuer à rayonner dans leurs cœurs et leurs âmes ! Merci pour l’accueil que vous m’avez réservé à travers Kenan et Séverin.

Apaisée par cette prière, elle gagna discrètement la sortie du temple pour retrouver la chaleur du soleil. Peut-être porterait-elle finalement ses pas vers le parc qu’elle avait appris à connaître la veille afin d’y trouver à manger.

[Galathée]

Chandara se dirigea donc au travers des jardins jusqu'à la rue. Au moment où elle se glissait hors du domaine de Sunie, elle aperçut une grande silhouette qui cheminait vers la commanderie et qui la vit à peu près en même temps. C'était Sire Othon, le grand paladin lathandrite qui l'avait accueillie la veille. Il s'immobilisa et la dévisagea avec un petit sourire en coin.
" Misère." se contenta-t-il de dire, manifestement amusé.

[Chandara]

Il était difficile de ne pas se considérée comme étant prise en faute et la première réaction de Chandara fut de baisser les yeux et de rougir devant le regard du colosse. Mais elle se reprit bien vite, analysant tardivement le sourire bienveillant de l’officier. Elle n’avait rien fait de répréhensible et il devait le savoir aussi bien qu’elle alors autant ne pas lui inspirer de fausses idées :

- Bonjour Sire Othon, fut tout ce qu'elle trouva à dire en retour d'un ton bien plus sérieux que lui. Elle jeta un regard vers les jardins et le temple de la Dame se dressant derrière avant d'ajouter d'un ton qui se voulait léger mais qui laissait tout de même transparaître une bonne dose de son inquiétude :

- N'allez surtout pas croire que je suis une espionne Sunite infiltrée dans votre commanderie, surtout !

[Galathée]

" Vu votre allure, vous seriez une espionne bien maladroite. Mais cela dit, c'est un peu ce que vous êtes, à aller tourner la tête d'un jeune homme qui ferait mieux de se concentrer sur ses devoirs plutôt que de poursuivre les papillons."
Il avait dit cela sans agressivité, mais elle ne pouvait pas non plus être complètement certaine qu'il plaisantait.

[Chandara]

Chandara rougit à nouveau - se sentant cette fois franchement prise en faute. Elle crut bon de défendre sa relation avec Arthur avec sincérité et douceur même si elle avait à cœur de ne pas s’aliéner l’officier bienveillant qui lui avait tout de suite plu :

- Croyez bien que je ne cherche pas à m’interposer entre Arthur et ses devoirs sacrés. J’en comprends et j’en mesure toute l’importance mais les voies du cœur sont parfois irrésistibles. Nous devons tous les deux voua apparaître comme des enfants découvrant la force de ces sentiments mais croyez bien que je ne me joue pas de lui si c’est ce qui vous inquiète : je ne le ferai jamais, je l’aime sincèrement même s’il est trop tôt pour le lui dire en ces termes.

Non, elle n’oserait certainement pas le lui dire sous peine de le voir fuir à nouveau au-delà des mers et pourtant – à sa façon – elle était certaine des sentiments qu’elle éprouvait. Kenan, Séverin et tous les Sunites du monde n’y changeraient rien.

[Galathée]

" C'est bien ce qui m'inquiète : vous êtes aussi persuadée de l'aimer. Mais vous êtes des enfants, l'un et l'autre."
Il secoua la tête.
" Un vrai paladin n'a qu'un élan, dans la vie : son dieu. Tout le reste est secondaire. Parfois soutien, parfois frein, mais secondaire. En cela, les paladins ne sont pas faits pour aimer, ou alors en demi-teinte. Or, rares sont les femmes — et les hommes, je suppose — qui se contentent de demi-teintes. Il vient toujours un moment où le devoir s'interpose. Mais vous êtes trop jeunes pour le savoir, vous et lui. Vous pensez que vous mesurez les choses, mais vous êtes naïfs. C'est le propre de la jeunesse, sûrement. Ça n'en rend pas la chute moins douloureuse."

[Chandara]

Le visage de la jeune-femme avait soudain perdu toute sa gaieté et une bonne partie de ses couleurs. Sire Othon était tout sauf malveillant : il pensait au bien d’Arthur. Et il était un homme de grande expérience, il avait donc certainement raison. Mais le cœur de Chandara se révoltait à l’idée même d’y croire : comment l’affection qu’elle lui portait pouvait-elle être secondaire ? Comment pourrait-elle se mettre en travers de son devoir alors qu’elle aspirait à le soutenir et à l’aider à se réaliser ?

Elle était trop bouleversée pour exprimer ce qu’elle ressentait en cet instant et cela n’aurait de toute façon fait que conforter Sire Othon dans ses propos. Pour autant, elle se sentit obligée de répondre non sans une certaine tristesse :

- Vous connaissez Arthur mieux que moi et si vous pensez que ma présence est susceptible de lui nuire, je peux prendre des dispositions pour quitter la commanderie dès aujourd'hui. Mais ne me demandez pas de ne plus le voir ou de ne plus l’aimer, j'en serais incapable…

[Galathée]

" Oh non, Dame, restez donc parmi nous, dit le paladin avec un léger haussement d'épaules. Certains voudraient sans doute préserver Arthur à tout prix, mais de mon point de vue... Il a l'âge où l'étoffe se révèle vraiment. S'il n'a pas la force de caractère de devenir un véritable preux de l'Aster aujourd'hui, vous nous rendez service, et à lui, en le mettant en lumière. En cela, c'est une épreuve comme une autre. Mais j'en ai trop dit et ce n'est jamais que mon opinion. Je ferais mieux de me mêler de mes affaires."

[Chandara]

Sire Othon avait peut cherché à la ménager elle mais on aurait difficilement pu faire réponse plus démoralisante de son point de vue : le paladin la considérait comme un obstacle ou une épreuve à surmonter pour Arthur si ce dernier voulait poursuivre sur la voie à laquelle il avait voué sa vie. Etait-elle un danger ? Devait-elle renoncer à ses sentiments et à lui pour éviter de lui nuire ? Désormais, vivre à la commanderie lui semblait bien plus difficile car elle n’arrêterait plus de se poser ce genre de questions et de se demander qui parmi les preux pensait de la même façon que le colosse. Elle avait tout d’abord songé à suivre ce dernier avant leur conversation mais elle revint à sa toute première idée : elle avait besoin de songer à tout ça et peut-être la quiétude du parc lui permettrait de digérer la conversation. Elle prit donc congé de Sire Othon en lui souhaitant bonne journée d’une voix faible et sans conviction puis elle se détourna la tête basse.

[Galathée]

Le paladin ne chercha pas à le retenir et continua sa route vers la commanderie. Quant à la jeune femme, elle put sans difficultés mettre le cap sur le Parc voisin. Il faisait désormais presque chaud et de nombreux promeneurs avaient fait leur apparition. Certains semblaient avoir une destination précise, d'autres flânaient, simplement, et des petits vendeurs ambulants circulaient déjà en haranguant le client potentiel. Sous le soleil radieux, la nature déployait ses merveilles...

HRP : je te laisse faire la transition vers le parc... et choisir où ta paladine se rend exactement, si elle a quelque chose derrière la tête...

[Galathée]

Quête : Un autre appel

Arrivant de la commanderie, Chandara atteignit les abords du Temple de Sunie. C'était un après-midi parfait pour les servants de la déesse rousse : il faisait bon, ils pouvaient profiter de la quiétude enchanteresse de leurs jardins sans devoir se garder des rayons du soleil, et tout le domaine résonnait de chants, de rires et de conversations, sur fond de bruissement des fontaines. Personne n'en gardait l'accès, la grille était grande ouverte, et Chandara put pénétrer sur le chemin de sable blond sans que personne ne l'interpelle. Elle réalisa bientôt que les fidèles et les clercs étaient nombreux à se presser dans les allées : de l'amour, il y en avait sans nul doute, mais de l'intimité, pas beaucoup...

[Chandara]

Elle n'était heureusement pas vraiment venue chercher cette dernière mais elle faillit néanmoins faire demi-tour en songeant qu'il y avait très peu de chance qu'elle trouve quelqu'un d'assez disponible pour lui rendre le service dont elle avait parlé avec le prêtre Kenan. Toutefois, il aurait été fort impoli de quitter ainsi les lieux sans même avoir cherché à saluer les figures qu'elle avait apprises à reconnaître : Moïra, Kenan donc et peut-être même Séverin, le plus que charmant paladin de la Rose Rubis.

Dans le pire des cas, profiter de son passage pour saluer la statue magnifique de la Dame ne lui coûtait rien et elle aurait encore largement le temps de s'en aller vaquer seule à ses achats par la suite. Elle s'avança donc l'esprit léger sur l'allée menant au temple en cherchant à apercevoir un visage connu.

[Galathée]

De fait, les clercs étaient pour la plupart occupés à compter fleurette ici ou là, et elle devrait certainement se forcer à entrer en interaction avec quelqu'un si elle voulait obtenir autre chose que des regards alanguis et des saluts murmurés. Et si elle voulait trouver l'une de ses connaissances, il faudrait assurément qu'elle la cherche activement. Mais la salle principale du Temple était beaucoup plus tranquille et elle put se recueillir devant la statue sans gêner personne : il y avait du monde dehors et dans les couloirs, mais la nef ne recueillait pas de suffrages...

[Chandara]

Chandara se recueillit plusieurs minutes, admirant et découvrant à chaque instant de nouveaux détails qui rendaient la statue de la déesse si magnifique qu'elle peinait à s'en détourner. Mais elle se secoua finalement en se donnant pour objectif de gagner les jardins et de se rendre à l'arrière du temple, à l'endroit où elle pensait que se trouvait la porte vers la salle d'entraînement des paladins. Si elle ne croisait personne de connu sur le trajet, elle se déciderait enfin à tourner ses pas vers les rues commerçantes de la ville.

[Galathée]

Elle marchait depuis un moment entre les massifs de fleurs épanouies, dont les parfums capiteux flottaient en nuages invisibles, quand elle croisa la route d'un homme presque nu, accroupi au milieu de l'allée. Il avait noué une étoffe autour de ses reins et semblait chercher quelque chose dans les buissons. Il se releva cependant à son approche et elle reconnut le Sunite qui l'avait interpelée — elle et Arthur — lors de leur première promenade.
" Ah ! Vous voilà ! Mais vous m'aviez promis d'apporter votre marteau !"

[Chandara]

Chandara se serait probablement aussitôt détournée de ce spectacle quelque peu indécent - en tous cas en n'importe quel autre endroit de la ville - si elle n'avait pas été rongée par la curiosité en reconnaissant le prêtre qui l'avait abordée dans le parc.

Là où d'autres auraient peut-être pris leurs jambes à leurs cou, elle s'approcha quelque peu timidement. Elle s'efforçait de ne pas poser trop ostensiblement son regard sur des choses qui l'auraient rendu pivoine mais elle sentait malgré cela que la température avait gagné plusieurs degrés : mais où était donc passé ce fichu vent agréable de tantôt ?

Et quand il la reconnut et l'aborda, elle fut secrètement réjouie qu'on se souvienne d'elle mais, les yeux un peu écarquillé, elle peina à trouver ses mots pour lui répondre :

- Mon marteau ? Oh non, je l'ai laissé à la commanderie : il serait déplacé dans un tel endroit ! Mais ce n'est assurément pas lui que vous recherchez, n'est-ce pas ?

[Galathée]

" Je ne sais pas, répondit le clerc. Peut-être vous aurait-il donné de la contenance, ou du courage quand il en faut... Est-ce que pour une paladine, ce genre de gourdin n'est pas une forme de... poupée rassurante qui donne l'impression d'être en sécurité dans les endroits les plus sinistres ? Pas que le Temple de Sunie soit sinistre, bien sûr, et pas que vous risquiez d'en avoir physiquement besoin ici. Du courage, par contre... Il en faut souvent quand on s'aventure hors de sa zone de confort."