[Lieu] La campagne luménienne

[Aknoll]

Aknoll réfléchissa quelques secondes mais décida d'occulter quelques aspects de son caractère. -Non et je ne compte pas m'en trouver une. Je préfère ne pas avoir d'attache pour ne manquer a personne si il m'arrive malheurs. Cela était en partie vrai mais Aknoll pensa qu'ils ne pourraient pas comprendre si il leur expliquaient la vraie raison.

[Kasumi]

Ses compagnons se contentèrent de hausser les épaules à cette révélation avant que Brus n'exprime plus clairement son opinion :

- Ne pas avoir d'attaches est une bonne chose quand on est aussi jeune que toi ! Et ça évite de passer à côté de bien des occasions sur la route tout en évitant les gros ennuis au retour. Mais penses-y tout de même pour tes vieux jours !

[Aknoll]

-Ne t'inquiète pas je n'écarte pas cette possibilité. Et puis qui sait ce que l'aventure nous réserve. Aknoll se perdit dans ces pensées suite à cette discussion. Peut être le destin lui ferait trahir sa promesse?

[Kasumi]

Ni Brus ni Fendel ne remirent ce sujet délicat sur le tapis et Aknoll put donc profiter plus sereinement de la suite du voyage et laisser libre cours à ses réflexions. Ils atteignirent le village de Crique-Rousse en fin de journée et Brus entreprit aussitôt de faire la tournée des commerces pour y livrer les marchandises qui provenaient de l'intérieur des terres.

- Bon, normalement, on devrait récupérer une petite cargaison de poissons pour finir et la ramener à Luménis. Je m'occupe de négocier ça mais je vais avoir besoin de l'un de vous pour charger les barriques. Que diriez-vous que l'autre aille demander au bourgmestre s'il peut nous loger ? Ce sera toujours mieux que dormir sous la charrette pour une fois !

[Aknoll]

-Je suis d'accord pour un peu de confort. Pour ma part je préfèrerais me charger des barriques. En attendant que ses compagnons se décident Aknoll s'émerveilla sur la flore locale.

[Kasumi]

Fendel s'éloigna alors d'eux pour se diriger vers la maison du bourgmestre pendant qu'Aknoll continuait leur progression vers les quais. Le cocher arrêta le véhicule devant un petit entrepôt jouxtant le front de mer et demanda au demi-orc de l'attendre.

Moins de cinq minutes plus tard, il revenait en compagnie d'un villageois dégageant une forte odeur de poisson.

- Tout est réglé : on va ramener trois tonneaux de poisson. Thomas va t'aider à les charger !

Ce ne fut pas une mince affaire car les tonneaux étaient encore plus lourds que les caisses mais, une demi-heure plus tard, le demi-orc et l'autochtone étaient parvenus à bout de la tâche. Brus choisit ce moment pour refaire son apparition, tenant une bouteille à la main.

- Je crois qu'on a bien mérité une petite pause, qu'est-ce que tu en dis ?

[Aknoll]

-Je pense aussi qu'une petite pause ne nous ferais pas de mal. Aknoll alla s'assoir pour reprendre son souffle.

[Kasumi]

Brus avait pensé à emporter des gobelets et Fendel les rejoignit juste à point nommé. La bouteille s'avéra contenir une bière brune bien corsée mais qui s'avéra tout à fait rafraichissante après les efforts consentis.

Cependant, l'air fraichissait en cette fin d'après-midi et le ciel commençait déjà à se teinter d'une myriade de nuances colorées au large. Il s'agissait une nouvelle fois d'un spectacle à couper le souffle mais ils allaient sans doute devoir se mettre bientôt à l'abri. La bonne nouvelle était que Fendel était parvenu à convaincre le bourgmestre de les héberger pour la nuit.

[Aknoll]

Aknoll resta un moment devant ce spectacle mirifique à observer ce ciel aux couleurs bigarrées tout en buvant cette bière qu'il trouva tout à fait à son goût. Aknoll suivrait ensuite ses compères quand il partirait chez le bourgmestre.

[Kasumi]

Le départ intervint sans doute bien trop tôt à son goût mais ce fut compensé par un nouveau repas des plus alléchants et une excellente nuit de sommeil offerts par leurs hôtes d'un nouveau soir. La soirée et la nuit avaient défilé une nouvelle fois à toute vitesse et les trois compères avaient repris la route alors que le soleil se levait encore.

- Bien dormi les gars, lança Brus depuis son siège.

- Si nous hâtons le rythme et réduisons la halte du soir, nous serons à Luménis demain soir mais peut-être que vous n'êtes pas aussi pressés ?

[Aknoll]

-Eh bien cela m'arrangerais bien d'arriver assez vite à Lumenis car la belle étoile à son charme mais le bon lit douillet aussi.

[Kasumi]

D’un commun accord mais pour des raisons diverses, le trio accéléra donc l’allure sans pour autant risquer d’épuiser l’animal tirant la charrette. Ils mangèrent sur le pouce à midi et progressèrent encore une heure après le coucher de soleil ce soir-là. La route plate et la bonne nuit de sommeil qu’ils avaient passée à Crique-Rousse leur permirent de ne pas trop se ressentir de ces efforts supplémentaires.

La nuit suivant ne fut marquée par aucun incident ce qui leur permit de reprendre la route, relativement frais et dispos dès l’aube suivante. C’est ainsi qu’ils arrivèrent en fin d’après-midi en vue de la capitale. Ne restait qu’à se rendre aux entrepôts pour y toucher leur salaire puis rechercher un autre emploi ou – qui sait – une nouvelle aventure.

HRP : je te laisse poster aux entrepôts. Je te récupèrerai là-bas pour enchaîner sur ta prochaine quête alors n’hésites pas à résumer ce que tu fais ensuite en ville dans le même sujet.

[Galathée]

Quête : Equité

Laissant Rohan derrière, Astrée repartit donc vers Luménis. Elle devrait traverser le Pont des Trois Sires, bien sûr, qui recelait lui aussi son lot de souvenirs, puis elle atteindrait la campagne tranquille qui environnait la grande cité hélonnienne. En attendant, Prince galopait tranquillement, ralentissant parfois pour aller se repaître de fleurs dans les prairies voisines, mais au fur et à mesure qu'ils progressaient surgirent des clôtures, et la densité de population sur la route augmenta. Quand vint l'heure de s'arrêter, Astrée avait l'embarras du choix en matière de fermes proches... Les bosquets tranquilles, par contre, étaient rares. Surtout en cette saison où bien des voyageurs optaient pour la belle étoile.

[Voyageuse]

Astrée décida de s'éloigner nettement de la route principale, espérant trouver un coin de nature un peu plus calme, moins fréquenté. Elle se disait que la plupart des voyageurs ne souhaitaient pas forcément perdre du temps en long détours, alors qu'elle-même, en l'occurrence, avait tout son temps. Elle obliqua donc au hasard, empruntant un petit chemin sur la gauche, espérant s'éloigner d'une demi-lieue. Il y aurait peut-être un peu moins d'habitations, un peu plus d'arbres, et surtout, beaucoup moins de voyageurs. Mais si les fermes restaient trop nombreuses, ou si elle ne parvenait pas à trouver un endroit où se cacher pour dormir en relative sécurité, en hauteur dans son hamac, elle irait frapper à une porte. Plus ils approchaient de Luménis, et moins la campagne lui paraissait sûre.

[Galathée]

Elle finit, dans la pénombre, par dégoter un petit bosquet sympathique pour y placer son hamac. Il y avait des fermes non loin, mais suffisamment pour qu'elle risque peu d'être dérangée. Elle distinguait tout juste la lumière d'une fenêtre ou l'autre, dans les ténèbres. La nuit se déroula sans heurts, il faisait presque bon, et il ne plut pas. Au petit matin, elle fut réveillée par le chant des oiseaux et put regagner la route avant qu'un fermier ne la rencontre sur le chemin et ne s'interroge sur ce qu'elle faisait hors des sentiers battus...

[Voyageuse]

Astrée ne s'inquiétait pas vraiment des réactions des paysans alentours. A force de vivre seule dans ses montagnes, elle avait un peu oublié l'attachement des paysans à leur terre, à leurs biens. La notion de propriété privée lui semblait totalement secondaire, presque incongrue lorsqu'il s'agissait d'un territoire. C'était quelque chose de moins prégnant chez les montagnards qui allaient d'alpage en alpage. Et pour elle, la terre était à tous. Elle ne faisait que passer, elle veillait à ne rien abîmer, et elle estimait n'avoir rien à se reprocher.
Si elle croisait le propriétaire d'un verger ou d'un potager, elle lui demandait la permission de cueillir quelque chose, proposait même un paiement ou un troc éventuel. Mais si personne n'était en vue, elle estimait ne causer aucun tort en dormant à la belle étoile, et guère plus en prenant une pomme au passage. Après tout, c'était la nature, bien plus que le propriétaire des lieux, qui produisait les fruits. Pour les légumes, effectivement, on pouvait considérer qu'il y avait un travail plus important de l'homme pour les obtenir. Et des légumes, il y en avait beaucoup dans les environs, ce qui signifiait beaucoup de paysans attachés à leur propriété. Ce n'était donc pas le moment de se faire remarquer par un acte qui serait considéré comme du chapardage.

Elle se contenta de regagner la route principale par le chemin le plus court. Elle n'était pas vraiment pressée de gagner Luménis. Mais elle se rendait compte, en traversant cette campagne trop peuplée, que la montagne et ses vastes étendues inhabitées, ou même la Trouée, lui manquaient déjà. Elle ne ferait certainement pas durer son séjour par ici.

[Galathée]

Astrée reprit donc son périple sur la route qui menait vers la capitale. Désormais, elle ne voyageait plus vraiment seule : c'était la belle saison et de nombreux voyageurs descendaient de la Trouée vers la ville, et inversement. Elle vit trois hommes convoyer un troupeau d'une cinquantaine de boeufs, vraisemblablement destinés à un lieu d'abattage, elle vit des marchands transportant tout et n'importe quoi, des cavaliers pressés, certains en uniforme, des familles qui cheminaient en chantant des chansons.
De fil en aiguille, au rythme du galop tranquille de son cheval couleur miel, elle atteignit le Pont des Trois Sires.

HRP : tu connais mieux l'endroit que moi, n'hésite pas à faire la transition

[Voyageuse]

Quête : Mission

Les vastes étendues herbeuses de la Trouée, désormais loin derrière eux, manquaient cruellement à Jeannot. La route, à moins de deux jours de la capitale, était trop fréquentée pour pouvoir y piquer un galop digne de ce nom, et les champs alentours semblaient tous cultivés avec soin : il était hors de question d'y galoper à fond de train. L'adolescent dut prendre son mal en patience, mais on devinait sa nostalgie, et, sans doute, son angoisse à l'approche de leur destination.
Sylvia, quant à elle, avoua qu'elle n'avait jamais vu autant de hameaux, aussi rapprochés. Sa région natale, aux frontières des Marches d'Argent et de la Haute-Forêt, était beaucoup moins peuplée. Elle découvrait pour la première fois la campagne péri-urbaine, avec ses prés, ses champs, ses trop rares bosquets, et, partout, une nature domestiquée, mise au service de l'homme. Et Kasumi devinait que ses sentiments étaient mitigés.

[Kasumi]

Kasumi se doutait bien qu'il faudrait un certain temps d'adaptation à Sylvia pour se faire aux zones plus peuplées d'Helonna. Le choc serait également plus rude une fois arrivés à Luménis même mais il avait tout de même envie que sa fiancée puisse voir la capitale de ses propres yeux et il ne s'inquiétait pas que cela puisse ne pas vraiment lui plaire puisqu'il avait l'intention de retourner bien vite vers la forêt, à la recherche du bosquet décrit par Celd et peut-être d'un endroit où ils pourraient s'installer plus durablement. Pour l'heure, il lui adressa un sourire encourageant et fit en sorte de toujours progresser à ses côtés pour la rassurer et l'accompagner dans cette découverte.

[Voyageuse]

Première Neige les rejoignit dans l'après-midi, mais la campagne alentour ne lui plaisait guère. La queue basse, elle marchait aux côtés de Kasumi, espérant sans doute ne pas attitrer l'attention des fermiers locaux. Du reste, ceux-ci semblaient, sans y regarder de trop près, la confondre avec un chien.
Le soir les rattrapa aux abords d'un petit village semblable aux autres. La route qu'ils suivaient était moins fréquentée que celle passant par le Pont des Trois Sires, aussi n'y trouvait-on pas de grande auberge. Mais les voyageurs étaient suffisamment nombreux pour que la taverne locale aie quelques chambres à louer pour la nuit. Dans cette campagne trop peuplée, les bois étaient de plus en plus rare, et trouver un coin de nature tranquille où passer la nuit s'avérerait difficile. Pas impossible, néanmoins, pour peu qu'ils s'éloignent de la route. C'était clairement l'option que préférait Jeannot, mais encore fallait-il qu'ils se sentent suffisamment en sécurité pour dormir dans une campagne si fréquentée. Sylvia, quant à elle, n'affichait pas de préférence nette, mais laissa entendre que dormir dans un lit n'était pas une perspective désagréable...

[Kasumi]

Le rôdeur opta cette fois pour la solution qui paraissait plus simple, plus rapide et plus confortable même si elle était aussi susceptible de poser problème à Jeannot et surtout à Première Neige. Si la louve n'était pas acceptée dans le village, il faudrait malheureusement qu'elle se débrouille par elle-même mais - si la laisser une nuit dans ces zones peuplées déplaisait au rôdeur - ce serait aussi loin d'être la première fois. Kasumi fit donc part de sa décision et commença à diriger sa monture vers la taverne en espérant qu'il ne serait pas trop tard pour réserver au moins une chambre.

[Voyageuse]

Première Neige fit elle-même son choix : elle préférait se trouver un coin de nature plutôt que dormir sous un toit. Elle s'éloigna en quelques bonds, envoyant mentalement à Kasumi des images de chasse sous la lumière argentée de la lune.
La taverne, à cette heure-ci, était bondée, mais il s'agissait apparemment surtout de gens des environs trinquant ensemble à la fin de leur journée de travail. Le tenancier étant un peu débordé, ils durent patienter à la seule table de libre, dans un angle de la salle. Lorsqu'il trouva enfin le temps de venir s'enquérir de leurs souhaits, il leur annonça avec une grimace qu'il restait un peu de place dans l'écurie, mais une seule chambre de libre.
" Elle est grande, précisa-t-il, je peux y ajouter un troisième couchage...
- Sinon, je peux dormir à l'écurie", proposa spontanément Jeannot.

[Kasumi]

Bien que la perspective de se retrouver seul à seule avec Sylvia était tentante, le rôdeur n'avait pas envie d'imposer à Jeannot des conditions de couchage moins bonnes que les leurs alors même qu'il n'avait pas déjà suivi son choix de chercher un abri en rase campagne. Il refusa donc poliment l'offre de leur jeune compagnon en arborant un sourire rassurant :

- Nous allons plutôt partager la chambre à trois pour cette nuit. Hors de question de te laisser dans l'écurie alors que nous sommes bien au chaud Sylvia et moi.

Il se doutait que cela ne ravirait sans doute pas la jeune-femme mais elle comprendrait aussi ses raisons.

[Voyageuse]

Sylvia ne fit aucun commentaire. Elle n'avait pas beaucoup parlé durant cette journée de voyage, un peu songeuse. Peut-être à cause de la campagne si différente de ce qu'elle connaissait, peut-être pour d'autres raisons. Elle semblait un peu fatiguée, peut-être le contre-coup de ce long voyage à cheval - elle n'avait pas l'habitude.
Elle mangea néanmoins avec appétit, sourit aux plaisanteries enfantines de Jeannot, et écouta distraitement les notes qu'un jeune musicien du coin tentait de tirer de sa flûte. Personne d'autre ne semblait y prêter la moindre attention, du reste : les clients étaient trop occupés à boire, manger, rire et parler fort.

Ils décidèrent d'un commun accord de monter se coucher de bonne heure, mais Jeannot ne semblait pas convaincu. Le jeune adolescent semblait passionné par les récits épiques contés par un petit groupe d'aventuriers à la table voisine, mentionnant un dragon d'ombre trouvé dans les Rocheuses du même nom. S'apercevant de son intérêt, l'un des convives lui avait tendu une pinte de bière qu'il avait avalée bien trop vite, et il avait l'oeil hagard et le rire facile de celui qui a un peu trop bu et ne demande qu'à recommencer.
" Y peut rester, si vous voulez, l'gamin... On veillera sur lui, vous en faites pas !"
Mais l'allure du bonhomme, qui devait avoir avalé une demi-douzaine de pintes sans le moindre effort, n'inspirait décidément pas confiance dans ses talents éventuels d'ange gardien.

[Kasumi]

Et Kasumi savait combien il était facile de profiter de la crédulité d'un jeune garçon - qui plus est quelqu'un volontairement ouvert et enthousiaste comme Jeannot - aussi se fit-il un devoir de refuser poliment la proposition et de rappeler doucement leur compagnon à la raison :

- Navré mais il faut vraiment que nous allions tous nous coucher : nous devons partir très tôt demain et une longue route nous attend encore. Allez, Jeannot, il est malheureusement temps d'y aller !

Il espérait - mais il en doutait fortement - que le garçon se montrerait raisonnable et l'écouterait mais il ne pouvait malheureusement guère insister s'il se dérobait.

[Voyageuse]

" Mais... Moi j'ai pas sommeil !"
C'était vraisemblablement la vérité.
" Et puis, de quoi tu as peur ? Que je me couche trop tard ? Ma Merveille elle saurait me porter même si je dors en selle !
- Oui, mais si j'ai bien compris, on arrive à Luménis en fin de journée... Que dira ta tante si tu dors debout ?, intervint Sylvia.
- Ah... Heu... Et si je reste juste un petit moment ?" Sans me coucher tard ?

[Kasumi]

Kasumi n'était pas tout à fait convaincu que le garçon sache se montrer raisonnable une fois livré à lui-même. Une des solutions aurait été qu'il se propose de rester lui aussi pendant une heure mais ça lui aurait encore plus sûrement envoyé le signal qu'il ne lui faisait pas confiance et se sentait obligé de le chaperonner. Il décida donc de prendre le risque même s'il avait de sérieux doutes qu'il s'efforça de masquer de son mieux :

- Tu peux rester encore une heure mais pas au-delà sinon tu seras crevé demain matin à l'heure du réveil ! et attention à la bière : elle est un peu traîtresse par ici.

Advienne désormais que pourrait...

[Voyageuse]

L'adolescent fut absolument ravi de la réponse de Kasumi. Sylvia, quant à elle, grimaça, mais ne dit rien.
Ils montèrent donc tous les deux dans leur chambre, laissant Jeannot dans la salle commune, en compagnie du groupe d'aventurier qui plaisantaient gaiement à propos de trolls et de gobelins. Ce choix avait l'avantage de leur ménager un moment en tête à tête. Sylvia, que le brouhaha de la salle commune avait un peu fatiguée, soupira d'aise en s'allongeant entre les draps frais, et se blottit avec délices dans les bras de son compagnon. La chambre était propre et confortable, et l'aubergiste, comme annoncé, avait ajouté pour Jeannot un lit étroit contre l'un des murs. Ils l'entendraient certainement rentrer s'il respectait les délais annoncés.
Après un temps de massage, un temps de mots doux, un temps de tendresse, Kasumi sentit sa compagne sombrer rapidement dans le sommeil. Jeannot n'était pas encore rentré, mais l'heure ne devait pas encore être écoulée... Et il finit par se sentir sombrer, à son tour.

Il se réveilla à demi, un peu plus tard, dérangé sans doute par le bruit que faisaient d'autres clients en montant dans leur chambre. Jeannot n'était toujours pas rentré, comme il le redoutait. Il y avait encore du bruit dans la salle commune, il le devinait plus qu'il ne l'entendait. Mais il commençait à se faire réellement tard, même s'il avait du mal à juger combien de temps il avait dormi.

[Kasumi]

Kasumi s’était malheureusement attendu à ce que les événements prennent cette tournure mais il n’avait pas vraiment eu le choix : il aurait dû se montrer bien plus ferme s’il avait vraiment voulu parvenir à arracher Jeannot à la perspective d’une soirée bercée de récits d’aventure et de bière. Cependant, puisque que le garçon était loin d’avoir respecté ses consignes et qu’il commençait malgré tout à s’inquiéter de son sort, il se leva sans un bruit en prenant garde de ne pas réveiller Sylvia et entreprit de vérifier la troisième couche : si Jeannot ne s’y trouvait pas, il se rhabillerait pour aller le chercher en espérant le trouver dans la salle commune.

[Voyageuse]

Il n'eût pas à aller jusqu'à la salle commune : il croisa l'adolescent dans le couloir, hésitant, la démarche incertaine et l'oeil vitreux. Il semblait ne plus vraiment se souvenir de là où était leur chambre, et il empestait l'alcool. Il leva vers le rôdeur un regard perdu, sans le reconnaître tout de suite, et plissa les yeux avant de sourire.
" Ah, c'est toi ? Je ne trouvais plus..."
Il ne termina pas sa phrase, comme s'il avait oublié ce qu'il était en train de dire. Puis, se souvenant subitement de ses engagements, il baissa le front, tout penaud.
" J'ai... j'ai dépassé l'heure ?"