[Bâtiment] La Grande Bibliothèque

[Galathée]

Moïra eut un petit sourire compatissant.
" Si tu penses que vous peux découvrir et comprendre Luménis dans les livres... Ça ne valait pas la peine de traverser la mer ! s'exclama-t-elle finalement. Y'a rien de mieux que l'expérience. C'est très sunite, ça, l'expérience. Le contact avec le vrai, le réel, le maintenant... Ooooh... Ton paladin est là, et il me regarde avec la mine du gars qui ne s'approchera pas à moins de dix mètres !"
Effectivement, Arthur venait d'entrer dans la cour, couvert de sueur, et hors d'haleine, mais il demeurait à distance respectable, lorgnant Moïra avec une méfiance qu'il ne tentait même pas de déguiser.

[Chandara]

Chandara afficha aussitôt un très large sourire, ravie de revoir enfin *son* paladin même s'il était évident qu'il venait de faire une longue course sous la chaleur écrasante. Comme il semblait de pas devoir s'approcher en présence de Moïra, la Dorrandine se leva et se tourna vers cette dernière pour la saluer avec chaleur :

- C'était très agréable de pouvoir converser un peu avec une authentique sunite. Je vais tâcher de tenir compte de tes bons conseils. Et si je peux passer au temple demain, je saurais au moins qui demander pour te revoir.

Sans réfléchir, elle se pencha pour donner la bise à la prêtresse avant de se demander si ce genre de marque d'affection était permise. Elle rejoindrait ensuite Arthur qui se tenait ostensiblement à l'écart comme si Moïra était susceptible de le mordre et le terrasser par le pouvoir de l'amour.

[Galathée]

La Sunite la regarda, stupéfaite, mais finit par sourire et hausser les épaules.
" Comme vous êtes bizarres, les Dorrandins." remarqua-t-elle avant de s'esquiver vers la sortie.
Arthur fit un pas de côté pour l'éviter, mais elle ne tenta pas de le toucher, préférant gagner la rue. Le jeune paladin regarda approcher Chandara avec une moue inquiète.
" Désolé. J'ai été réquisitionné. Ce genre de choses arrive, malheureusement."

[Chandara]

Chandara profita de l'instant pour satisfaire une impulsion, celle de déposer un très léger baiser sur ses lèvres en guise de réponse avant d'ajouter comme si de rien n'était :

- Ce n'est pas grave si tu disposes un peu de temps libre supplémentaire pour compenser ! Je dois dire que j'aimerais beaucoup me rendre à la taverne de la Bienveillance un jour où un barde se produit. Nous pourrions ainsi danser et rattraper l'occasion perdue à Manost ! Enfin, si cela te dit bien entendu : je ne veux pas être celle qui décide de tous le programme et puis j'aime bien les surprises !

[Galathée]

Arthur parut surpris de la vitesse à laquelle Chandara passait d'une chose à une autre.
" Heu... Danser à la Bienveillance ? Je ne suis pas certain que ce soit... très raisonnable... et convenable... Heu... Il y a toujours beaucoup de monde et... Enfin... Si ça te fait plaisir, j'imagine que ça doit être possible..."

[Chandara]

Chandara marqua un temps d'arrêt pour observer attentivement le visage d'Arthur alors qu'elle tentait de se souvenir des bonnes leçons transmises par Moïra : ne surtout pas brusquer le jeune-homme et éviter de le pousser dans une direction qui n'était pas la sienne. C'était une chose difficile à assimiler quand on était quelqu'un qu'on qualifiait volontiers de tourbillon comme elle mais elle s'efforça aussitôt de corriger le tir d'un ton doux :

- A moins que tu connaisses un meilleur endroit plus convenable. Et nous ne sommes pas obligés de le faire l'un de ces prochains soirs non plus...

C'était un revirement un peu trop brutal aussi ajouta-t-elle d'un ton sincère :

- Après tout, je crois que je vais rester à Luménis bien plus que quelques jours !

C'était mieux... Quoique... A bien y réfléchir, cela pouvait encore plus effrayer le paladin.

[Galathée]

Il ne parut pas s'en inquiéter. Sans doute paraissait-il normal qu'après trois semaines de traversée, elle ne reprenne pas le bateau au bout de deux jours.
" Chandara, je ne danse jamais. J'ai appris ça quand j'étais encore adolescent, chez ma mère... C'est une partie de ma vie qui est... complètement révolue. Donc, non, je ne connais pas d'endroit convenable pour danser. Dans les tavernes, ce sont généralement des danses populaires auxquelles je n'entends rien. Et nous n'avons aucune chance, vu nos statuts respectifs, de nous faire inviter à un bal dans la bonne société."
Il eut un sourire gêné.
" Je ne sais pas bien ce que tu imagines... Comment dansent les paladins manostiens ?"

[Chandara]

Chandara éclata immédiatement de rire sans arrière-pensées en imaginant les membres du Cœur Radieux en train de danser : la scène aurait été des plus cocasses mais n'avait vraiment aucune chance de se produire, surtout à présent que la guerre était passée par là pour faire triompher les militaires et les esprits revanchards. La jeune-femme s'épongea les yeux et répondit d'un ton malgré tout toujours amusé :

- S'il y en a pour danser, ils doivent se déguiser pour le faire dans la clandestinité mais je me disais que c'était bien plus la coutume dans ta ville. Bah, ce n'est pas si important !

[Galathée]

" Comme tu voudras, dit Arthur en haussant les épaules. Je ne voulais pas te démoraliser... Hum. Peut-être que... heu... tes nouveaux amis te donneront des conseils. C'est leur registre, après tout, ce genre de choses..."
Il grimaça.
" A la réflexion, oublie ça. Je doute que leurs suggestions me plaisent."

[Chandara]

Chandara sourit à nouveau joyeusement et se glissa à ses côtés pour lui prendre la main avant de répondre d'un ton guilleret :

- Alors là, je suis certaine que tu serais surpris ! Moïra m'a donné de bons conseils : c'est elle qui m'avait confié te connaître mais c'est bien normal que tu ne te souviennes pas d'elle. Vous avez fréquenté la même école apparemment...

C'était dit sur le ton badin de la conversation mais il y avait toujours une trace de curiosité dans le regard de Chandara, une envie de tout savoir même quand ça pouvait lui jouer des tours et lui porter préjudice.

[Galathée]

Arthur grimaça.
" Ça ne me dit rien. A l'école. Ça remonte il y a un million d'années. Je n'appelle pas ça connaître les gens."
Il avait quand même rougi.
" Et tu demandes vraiment conseil à... une Sunite ? Tu lui parles... de nous ?"
La perspective paraissait l'horrifier.

[Chandara]

Chandara baissa les yeux, craignant d'avoir commis une bévue et que le paladin lui en veuille de ses initiatives. Elle ne voulait bien sûr pas lui mentir, ne serait-ce que par omission mais peut-être pouvait-elle simplement le rassurer de quelques mots doux et sincères :

- Nous avons parlé des luméniens et de nos différences culturelles mais aussi je lui ai demandé quelques conseils personnels. Rassure-toi : elle a été charmante. Les Sunites sont libéraux, oui mais leur réputation est très surfaite de ce que j'ai pu constater aujourd'hui. Je suis aussi allé à leur temple ce matin... J'espère que tu ne vas pas en prendre ombrage...

Elle paraissait cette fois sincèrement inquiète de sa réaction.

[Galathée]

Il haussa les épaules.
" Je te l'ai dit... Je ne veux absolument rien en savoir. C'est ta quête, pas la mienne, et je ne veux pas interférer. Ce que j'en pense... Ça n'a pas d'importance. Mais je trouve ça bizarre d'avoir déjà besoin de conseils... Normalement, c'est quand les choses ne fonctionnent pas, qu'on cherche des conseils... Mais soit. Comme je l'ai dit, je serais bien le dernier à essayer de te contraindre à quoi que ce soit."

[Chandara]

Chandara comprit au travers des mots du paladin qu'elle avait tout de même jeté le trouble même s'il s'en défendait. Elle releva donc la tête pour plonger ses grands yeux dans les siens pour lui faire passer toute sa sincérité :

- Je lui ai demandé conseil car je n'ai pas confiance en moi en fait... D'une part, je sais que je suis souvent maladroite dans mes rapports aux autres. Tu ne peux pas le nier : on a vu dans quel guêpier je suis douée pour me fourrer quand je laisse parler mes impulsions. Et d'autre part, je n'ai encore jamais eu de petit ami alors je voulais ne pas commettre trop d'erreur avec toi. Parce que c'est très important pour moi que tu te sentes bien avec moi.

[Galathée]

Arthur pinça les lèvres et posa les mains sur ses épaules.
" Tu ne crois pas que... tu te mets un peu trop la pression ? Je veux dire... les gens autour de nous... ils... font les choses comme ils le sentent. Moi non plus, je ne suis pas très sûr de moi. Mais je n'irais jamais demander conseil à un Sunite ! A un ami, peut-être, quelqu'un de proche... mais pas à quelqu'un qui se dit professionnel de l'amour... Tu ne crois pas que c'est un peu... artificiel ? Je ne sais pas... pour moi... être avec quelqu'un, ce n'est pas comme faire la cuisine... Il n'y a pas de recettes."

[Chandara]

Le contact des mains chaudes du paladin fit accélérer les battements de son cœur et elle eut soudain envie de se laisser aller simplement dans ses bras sans plus se soucier de rien. Mais elle ne voulait pas non plus donner l'impression de fuir une conversation aussi importante aussi prit-elle le temps de la réflexion avant de répondre :

- Faire les choses comme je le sens... C'est aussi le conseil qu'ils m'ont donné, tu sais. Je devrais vous écouter mais j'ai parfois un peu peur de mal faire. Sans doute moins quand tu es là à mes côtés et que j'ai l'impression que je peux m'appuyer sur toi, comme maintenant.

Elle n'esquissa pas un mouvement mais son regard indiquait combien elle avait envie qu'il la serre au moins un instant dans ses bras, peu importe la foule des passants.

[Galathée]

Il le fit, doucement, pendant quelques secondes, avant de la relâcher.
" Je crois que tu t'en es sortie toute seule comme une grande, jusqu'ici. Il ne faut pas s'appuyer sur moi : nous pouvons cheminer de concert, c'est beaucoup plus... juste."
Il sourit.
" Je crois que je ne comprends pas comment une fille comme toi peut manquer de confiance. Ou alors je n'arrive pas à y croire."

[Chandara]

Ce bref contact et ces mots lui firent un bien fou qui dessina un sourire ravi sur un visage apaisé.

- J'aime l'idée de progresser à tes côtés : on peut se soutenir l'un l'autre. J'ai beaucoup plus confiance en mon avenir depuis que je t'ai rencontré en tous cas : tu ne peux pas te retirer ça.

Elle déposa une bise sur sa joue, lui adressa un nouveau sourire et changea à nouveau de sujet à sa façon coutumière :

- Qu'est-ce que tu as envie de faire maintenant ?

[Galathée]

Avant de répondre, il la dévisagea un moment, un léger sourire sur les lèvres, puis d'un doigt, lui toucha la joue pour repousser une mèche rousse qui s'y était aventurée.
" Je ne sais pas. Tu m'attendais, je suppose... As-tu trouvé ce que tu voulais dans la bibliothèque ? Je peux emprunter quelque chose pour toi, si tu veux le ramener à la commanderie. Je crains que les étrangers ne puissent emporter de livres sans un garant local."

[Chandara]

Chandara frémit de plaisir au léger contact sur ses cheveux : elle n'était pas peu fier de l'effet qu'ils semblaient avoir sur le jeune-homme plus encore que sur les Sunites qu'elle avait côtoyé plus tôt dans la journée. D'humeur joueuse, elle répondit avec joie à sa proposition :

- Je vais avoir besoin d'occuper une partie de mes journées alors c'est une très bonne idée ! Et j'en ai une autre : je voudrais que tu choisisses toi-même le livre que tu emprunteras pour moi : un livre que tu as aimé lire, peu importe le thème ! Tu veux bien faire ça pour moi ?

[Galathée]

Arthur grimaça.
" Oh non... Ne me demande pas une chose pareille, Chandara, murmura-t-il. Ça va me prendre une heure... C'est le genre de décision que je suis incapable de prendre... Demande-moi de te choisir une épée ou un cheval, mais pas un livre... Je n'ai pas de goût pour ces choses ! "

[Chandara]

Si Chandara était déçue par cette absence de prise de risque, elle n'en montra rien et se contenta une nouvelle fois de sourire au jeune-homme sans perdre son attitude amusée alors qu'elle répliquait d'un ton faussement sérieux :

- Alors tu ne me laisses pas le choix : je vais devoir me rendre très discrètement dans ta chambre pour emprunter l'un de tes livres. Enfin, si tu en as !

[Galathée]

Il ne put s'empêcher de sourire, cette fois.
" Tu vas être très déçue, si tu cherches un livre dans ma chambre. Cela dit, vu la taille, et ce que j'y stocke, tu auras vite fait le tour."
Il secoua la tête.
" Mais il doit y avoir une petite bibliothèque dans la commanderie. Rien que des livres techniques, religieux ou historiques, mais si tu veux vraiment t'occuper... Peut-être qu'une paladine peut s'intéresser à ce genre de choses."

[Chandara]

Le sourire de Chandara se fit beaucoup plus mutin et son ton badin quand elle répliqua à cette réponse qu'elle avait certainement attendue :

- J'emprunterai un livre dans votre bibliothèque alors mais je viendrai aussi dans ta chambre - à tout hasard - car je sais que je ne serai pas déçue : ça me donnera toujours une bonne excuse pour envahir un peu ton espace et repérer où tu te caches dans ce grand bâtiment ! Tu es certain d'avoir envie de prendre ce risque ?

[Galathée]

" En fait... Je ne crois pas que ce soit très... convenable... Nous pourrions avoir des ennuis avec mes supérieurs... Je veux dire... Il y a des choses qui... Hum. Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée. Vraiment. En plus, c'est l'endroit le plus inintéressant du monde. Ma chambre, je veux dire. Et après mon retour de Dorrandin, j'ai failli retourner en dortoir... J'ai eu de la chance que Sire Othon prenne ma défense... Je pense que... J'aimerais autant ne pas risquer. Certains de mes pairs ronflent horriblement, tu sais."

[Chandara]

Chandara ne manqua pas - une nouvelle fois - de rire joyeusement car elle soupçonnait un revirement qui n'avait pas grand chose à voir avec les risques bien réels encourus par sa proposition de visite. De bonne volonté, elle s'empressa toutefois de le rassurer :

- Ne t'en fais pas, je ne comptais surtout pas m'attarder à une heure indue ! Mais j'ai bien envie de voir où tu vis. Je suis certain que Sire Othon ou Sire Armand n'en prendront pas ombrage !

[Galathée]

" En fait... Je ne fais que dormir dans cette pièce. Et elle est sans doute semblable à la chambre que tu occupes en ce moment. Très simple, un lit, une table, un broc. Je me lève, je me rafraichis, et je sors. Enfin, je m'habille, aussi. Mais c'est tout. Je n'ai pas grand chose d'autre à découvrir. Je ne suis pas un esthète, je te l'ai déjà dit. C'est juste l'endroit où je dors."
Il eut une légère grimace.
" Bon, si tu dois absolument le voir, j'imagine que ce n'est pas un problème. Mais franchement... soit tu seras déçue, soit... il ne te faut vraiment pas grand chose."

[Chandara]

La jeune-femme ne quitta pas son visage des yeux pendant de longues secondes comme si elle cherchait à déterminer s'il cherchait à minimiser son intérêt pour son lieu de vie pour éviter de se retrouver dans une situation gênante. Mais Arthur était l'honnêteté et la sobriété incarnée aussi n'avait-elle aucun mal à croire ses propos.

- Peut-être que je pourrai te donner quelques conseils de décoration alors : il est temps que tu aies une femme dans ta vie, répliqua-t-elle finalement gaiement, mi sérieuse, mi amusée.

[Galathée]

Son visage refléta alors davantage de confusion puis il tenta d'esquisser un sourire, mais il paraissait tout à fait incertain de ce qu'il devait en penser. Il s'éclaircit la gorge.
" Rentrons-nous à la commanderie, alors ? Ou préfères-tu... je ne sais pas... profiter encore un moment du soleil ?"

[Chandara]

Chandara lui attrapa à nouveau la main et se cala à côté de lui en essayant de lui transmettre sa joie via un sourire charmant :

- Peut-être qu'on pourrait aussi passer par le théâtre de la ville si ça ne nous écarte pas trop de notre chemin : on pourrait se renseigner sur les prochains spectacles !

Cette idée la réjouissait sincèrement malgré leur première mauvaise expérience, dans un autre contexte, dans une autre ville.