[Bâtiment] Amphithéâtre de Lumenis

[Galathée]

" Il serait peut-être préférable que le voeu ne se réalise pas : nous serions ainsi à égalité." dit Arthur avec un léger sourire.
Il la ramena vers le bas de la ville, retraçant leur parcours à l'envers.
" Nous ferions mieux de rentrer. Je serai sûrement attendu aux cuisines pour la préparation du souper."

[Chandara]

Chandara le suivit sans discuter et en prenant à nouveau place tout à côté de lui pour permettre au jeune-homme de passer un bras sur son épaule pendant qu'elle-même tenait son ombrelle pour les protéger tous les deux du soleil. En chemin, elle osa poser une question qui la tarabustait un peu, signe que ses pensées avaient décidément la faculté d'aller dans tous les sens :

- Dis, tu crois que Sire Othon prendrait mal si je lui demandais de participer à certains de vos entraînements ? J'ai un peu peur de me rouiller un peu et puis je suis curieuse !

[Galathée]

" Je devrais lui demander, dit Arthur. Je ne sais pas dire comme ça... Tu n'es pas de la commanderie, et si nos pairs étrangers sont parfois intégrés à nos activités... Tu es une civile... Je ne suis pas certain qu'il verra ça d'un très bon oeil. Bon, il me permettra sans doute de m'entraîner avec toi, si c'est une question d'être rouillée..."
Il eut un sourire.
" Pour le reste, je ne peux vraiment rien promettre. La situation est un peu inédite, et je pense que tout le monde est un peu... embarrassé."

[Chandara]

Ses efforts furent récompensés d'un sourire rayonnant de la part de la jeune-femme qui répliqua avec enthousiasme :

- Oh, mais j'adorerais m'entraîner avec toi ! Et pour le reste, si tu penses que ça pose problème à Sire Othon, je comprendrai et je ne voudrais pas que tu insistes. C'est juste que m'entraîner avec tout le groupe aurait été une façon de m'intégrer un peu plus et m'aurait moins donné l'impression d'être une touriste en visite.

[Galathée]

" Chandara... La commanderie est... un lieu de vie et de travail. Tu ne peux pas t'y intégrer si tu n'es pas des nôtres. Les soldats du fort ne s'entraînent pas avec nous, les gardes de la caserne non plus... De temps en temps, un paladin d'Eredhun ou de Lunaros nous rend visite, mais ce sont des... paladins de l'Aster. Ce que tu veux... n'a pas de sens. Tu seras toujours une invitée... Sauf si... tu te joins à notre ordre."

[Chandara]

La jeune-femme garda le silence un moment, plongée dans les réflexions où l'avaient jeté la réponse du paladin. Mais Chandara étant Chandara, elle ne tarda pas tant que ça à répondre non sans un certain entrain :

- Peu importe, ça me parait important de m'intégrer parmi vous même si je demeure une étrangère à votre ordre. Cela n'engage à rien et je pense que ça montrera aux autres que je sais m'impliquer. Et qui sait si on n'en tirera pas partis vous et moi ?

[Galathée]

Pendant une seconde, il sembla qu'Arthur allait ajouter quelque chose, mais il n'en fit finalement rien, reportant son regard sur la ville qui se déployait devant eux tandis qu'ils redescendaient vers le parc. Le soleil tapait toujours dur mais l'ombrelle de Chandara leur offrait un peu d'ombre. Ils s'arrêtèrent aux abords de l'espace vert pour acheter des jus de fruits puis regagnèrent ses allées populaires. Malgré la brise, malgré les grandes ramures des arbres, il faisait terriblement chaud. Arthur finit par diriger la jeune femme vers une fontaine, déjà prise d'assaut par de nombreux promeneurs, et ils se glissèrent parmi les personnes assises sur le bord. L'eau était claire et peu profonde et de nombreux enfants s'ébattaient sous les jets que crachaient une série de statues aux formes maritimes. Le jeune paladin retira ses bottes et laissa pendre ses pieds dans l'onde avec un soupir de soulagement.

[Chandara]

Chandara - absolument ravie - s'empressa de l'imiter en retirant ses bottes avant de le rejoindre : l'eau était effectivement fraîche et soulageait par cette chaleur caniculaire. Puis, comme si elle ne l'avait pas fat exprès, elle décala un pied pour frôler la cheville du paladin en arborant un air parfaitement innocent quoique le sourire qui fleurissait au coin de ses lèvres n'y était pas un instant plus tôt.

[Galathée]

Arthur lui jeta un regard aigu, mais il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit, car un gamin d'environ huit ou neuf ans passa devant eux en courant et les éclaboussa copieusement dans sa course. L'eau jaillit jusqu'au visage de la paladine, la trempant allègrement. Et malgré la chaleur, elle était glacée...

[Chandara]

Chandara poussa un cri de surprise et sursauta pour se retrouver aussitôt dans les bras du paladin à ses côtés. Incroyable comme elle eut instantanément bien plus chaud à se retrouver ainsi au contact des vêtements humides de son compagnon.

Elle se reprit au bout de quelques instants et s'écarta à contrecœur avant qu'il ne devienne aussi rubicond qu'elle-même en cet instant.

- Oh, désolée !

C'était ce qu'il y avait de plus proche d'un mensonge pour une ancienne paladine...

[Galathée]

" Il n'y a pas de mal." dit Arthur, manifestement embarrassé.
Les gosses continuaient leur poursuite dans l'eau glacée et quelqu'un les rappela à l'ordre, peut-être une de leurs mères. Ils concentrèrent alors leurs jeux de l'autre côté des statues de dauphins et de sirènes. Le soleil eut tôt fait d'effacer toute trace de la mésaventure. Le jeune paladin n'ajouta rien, se contentant de goûter à la fraîcheur de l'eau et au murmure des conversations autour d'eux.

[Chandara]

Et Chandara - une fois n'étant pas coutume - le laissa goûter à cette instant paisible sans chercher à l'asticoter et en gardant le silence, se contentant de se détendre à son tour et de goûter calmement à sa proximité avec Arthur tandis que l'eau de la fontaine les rafraîchissait. Elle ouvrit alors ses sens aux nombreux sons agréables du parc : les oiseaux, les enfants en train de jouer et de rire, les conversations paisibles des passants. Et elle sut immédiatement pourquoi cet endroit lui plaisait tant en dehors du fait que c'était la cité de son aimé : Luménis était un lieu où régnait la paix, bien loin des conflits et des intrigues qui secouaient le continent de l'autre côté de la mer. C'était un lieu où l'on pouvait se ressourcer, souffler pour reprendre un nouvel élan.

[Galathée]

Arthur demeura silencieux un moment, puis sembla sortir de son songe.
" Remettons-nous en route, dit-il en pivotant de l'autre côté de la fontaine. Je vais être en retard."
Il sourit à la jeune femme tandis que le soleil leur séchait rapidement les pieds. Ils renfilèrent ensuite leurs bottes et repartirent dans le parc, vers le sud et la commanderie.

[Chandara]

Chandara dut elle aussi s'arracher à ses songes paisibles mais quand Arthur donna le signal de départ, elle avait retrouvé tout son dynamisme et elle remit ses bottes pour reprendre leur marche. La halte avait contribué à les rafraîchir mais le soleil réchauffait encore beaucoup l'atmosphère en ce milieu d'après-midi.

- Tu as raison : autant rentrer pour que je puisse te réserver tout un autre après-midi. Et ils donnent le spectacle quasiment tous les jours alors on pourra y aller dès que tu seras libre !

[Galathée]

Arthur marcha un moment, le front un peu plissé, comme s'il réfléchissait intensément.
" Dis-moi... si ce n'est pas trop douloureux, bien sûr... comment ça se passait, à la commanderie de Manost ? Vous étiez... libres d'aller et venir ? Vous aviez des... des congés ? J'avais dans l'idée que l'ordre du Coeur Radieux était encore plus organisé que le nôtre, mais je commence à me poser des questions... Vous aviez des invités, aussi ? Les compagnes ou compagnons de tes pairs vivaient directement dans la commanderie ?"

[Chandara]

Chandara se fit songeuse le temps de se replonger dans une période révolue pour elle pour réunir ses souvenirs puis elle répondit le plus sincèrement possible :

- Rares étaient les paladins à évoquer leur vie sentimentale et je sais que quelques-uns étaient mariés mais l'accès à la commanderie ne leur était pas permis sauf en de très rares occasions. En fait, ceux qui voulaient vivre avec leur conjoint ou leur époux avaient un logement en ville. D'ailleurs, une bonne partie des paladins accomplis mais n'occupant pas des postes de premier rang ne vivaient pas directement à la commanderie en fait : c'était plus un lieu de réunion, de cérémonie et d'entraînement pour les novices qu'un lieu de vie comme peut l'être celle de ton ordre.

[Galathée]

Arthur acquiesça.
" Les paladins mariés ne rentrent chez eux que deux soirs par veille, chez nous. Le reste du temps, ils vivent à la commanderie. Leurs conjoints sont admis au repas de midi, exceptionnellement, mais ni le soir, ni le matin. C'est une vie presque monastique... On dit souvent que les paladins errants parviennent à mieux se débrouiller... ou qu'ils deviennent errants justement dans ce but... de pouvoir vivre davantage avec leur partenaire..."

[Chandara]

La conversation était grave et sérieuse mais elle réjouit néanmoins Chandara : Arthur semblait vouloir parler d'avenir à sa façon. De leur avenir possible. En tous cas c'est ainsi que la Dorrandine avait envie de l'interpréter. Deux soirs par semaine et peut-être parfois des périodes un peu plus longues s'ils avaient la chance de repartir en opération ensemble. Cela pouvait paraître peu, une demi mesure aurait jugé un Sunite. Mais c'était déjà beaucoup plus que ce qu'elle avait jamais eu et même davantage qu'elle avait rêvé partager avec quelqu'un jusqu'à récemment. En tous cas, la jeune-femme se fit beaucoup plus pensive au cours des minutes qui suivirent.

- J'étais prévenue : les devoirs d'un paladin passent avant beaucoup de choses. Mais je crois qu'ils ne sont pas incompatibles avec une vie moins monastique. Au moins de temps à autre. Et toi, tu en penses quoi ?

[Galathée]

" Je ne crois pas qu'être paladin signifie se priver de tout, non... A mon avis, tant qu'on regarde dans la même direction, ce n'est pas un problème..."
Il pinça les lèvres.
" Mais je nous trouve un peu jeunes pour déjà... enfin... je ne sais pas... Je me rends bien compte que les choses sont finalement plus compliquées ici qu'elles ne l'étaient en campagne. C'était la guerre, mais nous étions... libres, quelque part. Et davantage dans notre élément. En ce qui me concerne, en tout cas."

[Chandara]

Chandara s'arrêta de marcher et le retint pour qu'il se tourne vers elle avant de lui adresser un petit sourire timide et l'observa un instant avant de répondre d'un ton doux :

- Oui, c'est plus difficile car nous sommes tous les deux tournés vers l'action je crois. Mais ça ne signifie pas que les défis n'en seront pas intéressants, bien au contraire. Et puis je dois bien reconnaître que je ne m'attendais pas que nous ayons passé déjà tant d'étapes en quelques heures à peine. J'avais un peu peur que tu ne souhaites pas poursuivre ce qui s'est esquissé en Dorrandin. Mais quand je te vois maintenant, je n'ai plus peur, bien au contraire.

[Galathée]

Il lui sourit, puis se détourna.
" Et pourtant... J'ai l'impression que nous brûlons peut-être ces étapes... Je n'en sais rien. Je suis heureux de te voir à Luménis, bien sûr... mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi compliqué... Je ne suis pas certain que je suis fait... pour tout ça... flâner et bavarder... J'ai l'impression que... je dois jouer une sorte de rôle... et que je ne suis pas très doué."

[Chandara]

Chandara eut bien du mal à garder son sourire joyeux et son expression se fit quelque peu plus grave tandis qu'elle cherchait à analyser cette réponse du paladin : que trouvait-il si difficile ? Etait-elle trop présente au point de l'étouffer ? Cherchait-elle à le pousser dans une direction qui n'était pas la sienne. Ses conversations avec Sire Othon et les Moïra, son absence de confiance en elle-même pour ce qui était d'entretenir une relation amoureuse formaient un mélange détonnant et elle dut reprendre un instant son souffle avant de pouvoir maîtriser sa voix pour ne pas laisser paraître ses incertitudes :

- Je ne veux pas que tu joues un rôle. Aucun prétexte ne le justifie : c'est à toi et uniquement à toi que je me suis attachée alors tu n'as qu'à être toi. Avec tes défauts et tes qualités. Et je ne veux pas non plus que tu te sentes obligé de flâner ou me faire la conversation...

Elle avait perdu un peu de son timbre de voix à ces derniers mots. Et un peu plus que cela peut-être car elle préféra détourner le visage.

[Galathée]

Il perçut son désarroi car il s'arrêta et la serra brusquement contre lui.
" C'est juste... je n'ai jamais fait ces choses. Et depuis que je suis rentré... Je passe mes journées à faire la lessive, à préparer à manger, à nettoyer ici ou là, à enseigner aux novices... Je suis un peu à côté de moi-même, sans doute. Ce n'est pas lié à toi. C'est juste que... Je ne suis pas sûr d'avoir grand chose de la personne que tu as rencontré autrefois... pas pour l'instant, en tout cas."

[Chandara]

Chandara se raccrocha à lui, se serrant contre sa poitrine avec abandon comme si ce contact pouvait tout arranger, l'aider à surmonter n'importe quelle épreuve. Elle se dressa pour poser sa tête au creux de son épaule pour répondre d'un ton doux :

- Moi non plus je ne sais pas comment m'y prendre. Mais quand je suis avec toi je me sens bien, heureuse. Que tu parles ou non - d'ailleurs je sais que je peux bien parler assez pour deux - que tu sois un valeureux et preux qui se dresse contre cavaliers fantômes et mélandiens ou que tu te contentes de faire la lessive ou quoique ce soit d'autre. Quoique tu en penses, je sais que tu es exactement le même homme qu'en Dorrandin : je n'ai pas besoin de te voir agir pour savoir ce qui se cache en toi, ce dont tu es capable malgré ton inexpérience quand ça vaut vraiment la peine.

[Galathée]

Il acquiesça et l'embrassa doucement sur les lèvres, sans fièvre, mais sans la relâcher, pendant quelques secondes.
" Je crois que je n'arriverai jamais à me convaincre que tu as traversé la mer pour me revoir. Je sais que ce n'est pas l'unique raison, qu'il y aussi ta quête spirituelle, mais quand même... Je vais finir par me réveiller. Mais jusque là, autant profiter de l'aventure, je suppose."
Il s'écarta d'elle.
" Mais je dois vraiment rentrer !"

[Chandara]

Chandara avait goûté autant à son baiser qu'à ses mots formidables et doux. C'est donc à nouveau tous sourires qu'elle pressa le pas pour rester à sa hauteur sans le ralentir. Sa réponse fit certainement moins d'effet puisqu'elle courait à demi mais elle déclara néanmoins avec une grande sincérité :

- Alors nous sommes embarqués dans un même rêve, tous les deux ! Et si c'est le cas, je n'ai pas envie de me réveiller.

[Galathée]

Ils traversèrent ensuite le parc à vive allure, slalomant entre les promeneurs moins pressés. Arthur guidait Chandara d'une main ferme, veillant cependant à ne pas l'obliger à courir. Ils gagnèrent la sortie un peu hors d'haleine, débouchèrent dans la rue et ralentirent sur les pavés. Avec la température, ils étaient à présent l'un et l'autre baignés de sueur. Sans doute ne serait-il pas inutile de passer par la salle d'eau une fois qu'ils auraient atteint la commanderie...

HRP : je double-poste

[Voyageuse]

Quête : Mission


Une file d'attente impressionnante s'étirait déjà devant l'entrée principale de l'amphithéâtre. La rumeur courait qu'il n'y avait plus qu'une centaine de places à vendre, et le nombre de personnes présentes dépassait certainement les deux cent cinquante, aussi des grondements de mécontentement se faisaient-ils entendre. Un héraut longea la file d'attente pour annoncer que compte tenu de l'affluence, la pièce serait jouée à nouveau le lendemain et le surlendemain, ce qui calma quelque peu les mécontents.
Heureusement pour eux, les rôdeurs avaient déjà pris leurs billets dans l'après-midi, et ils se dirigèrent vers la seconde entrée, d'où on les introduisit dans l'immense amphithéâtre. Sylvia laissa courir son regard sur les gradins aux courbes harmonieuses, tout en suivant le mouvement général. Ils se retrouvèrent sur les hauteurs, assez loin de la scène, mais Kasumi savait que l'acoustique était excellente et que chacune des places jouissait d'une bonne vue sur le spectacle. Ils verraient et entendraient parfaitement, pour peu que leurs voisins -un couple bruyant qui récoltait des regards noirs- finissent par se taire.

Le spectacle s'avéra suffisamment passionnant pour capter l'attention même des plus dispersés des auditeurs. C'était une parodie, dans laquelle chaque église était personnifiée par un animal -lui-même joué par un acteur masqué. Chauntéa était une vieille vache, Lathandre un jeune taureau, Séluné une chouette, Ilmater un petit chien, Mielikki une jeune biche, Sylvanus un ours brun, Malar une panthère noire, Shar un loup, Talos un grizzli, Loviatar une tigresse, Cyric un renard... Il n'y avait que quatre acteurs, mais ils passaient d'un rôle à l'autre avec tant de professionnalisme qu'on avait la sensation qu'ils étaient douze, comme les dieux qu'ils représentaient. Et ceux-ci, et à travers eux leurs églises, en prenaient pour leur grade : on les voyait se chipoter comme des enfants pour se partager une galette surnommée Toril, et chaque dieu apparaissait sous un jour peu agréable, qu'il soit représenté comme cupide, faible, stupide ou cruel.

A l'entracte, Kasumi entendit des spectateurs dire que la pièce avait été interdite à Erhedun. Les discussions autour d'eux allaient bon train, entre ceux qui estimaient inacceptable de personnifier ainsi des dieux, ceux qui trouvaient la chose franchement drôle, ceux qui voulaient interdire ou ceux qui défendaient la liberté d'expression. Sylvia, elle, avait franchement rit, surtout lorsqu'Ilmater avait été ridiculisé, trop faible pour reprendre un bout de galette à Lathandre.
" Et bien, ils n'y vont pas de main morte, commenta-t-elle. Entre Lathandre égocentrique, Chauntéa myope et passive, Ilmate pleurnichard, Sylvanus agoraphobe mais qui fait trembler Malar, Mielikki qui le suit partout comme un toutou servile... Ca fait du bien, de temps en temps, de pouvoir se moquer des dieux ! Enfin, je ne sais pas ce que tu en penses..."

[Kasumi]

Kasumi trouvait le tout très amusant et les attaques à l'encontre des travers des dieux plutôt innocentes et bien loin d'être choquantes. Il lui arriva cependant de grimacer à une ou deux reprises quand Mielikki étaient prise à partie mais cela ne l'empêchait certainement pas de trouver la pièce plaisante et distrayante. Il profita de l'entracte pour aller leur chercher à boire à la buvette la plus proche tout en répondant à Sylvia qu'elle avait eu une idée excellente en voulant venir à la représentation.

[Voyageuse]

Il trouva sans peine des parts de tarte et une bière, mais il lui fallut patienter d'interminables minutes pour être servi. Lorsqu'il revint, la rôdeuse essuyait les avances maladroites d'un jeune mage -à en juger par sa robe- qui rougit et disparut bien vite en voyant reparaître le rôdeur. Il avait dû escompter que la rôdeuse était seule.
La pièce se poursuivit au départ dans la même veine, chacun des dieux faisant des coups en douce -ou plus directs- aux autres, dans un jeu de plus en plus cruel, et de plus en plus absurde. la galette passait de main en main, chacun finissait par en croquer un bout, par marchandage ou de force, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Les acteurs semblaient s'acharner particulièrement sur la cupidité de Cyric, la faiblesse d'Ilmater, la naïveté de Lathandre, la lenteur de Chauntéa. Autant dire que les dieux principaux de Luménis étaient relégués à une image d'incapable qui devait faire grincer bien des dents dans le public. Les dieux des bois s'en tiraient plutôt mieux.
" Ce n'est pas moi qui irait plaindre les Ilmates, fit remarquer Sylvia à la fin. Je déteste ce dieu ! Mais je suis contente qu'ils n'aient pas été trop rudes avec Mielikki, tout de même. Il faut dire qu'il n'y a pas grand-chose à lui reprocher... A part, peut-être, d'être dans l'ombre de Sylvanus."