[Bâtiment] La Commanderie des Paladins de Lathandre

[Chandara]

Chandara sourit de la remarque qu'elle avait parfaitement interprétée et s'amusa à répondre d'un ton léger :

- Je prends soin des livres, ne vous en faites pas ! En tous cas la plupart du temps, foi de Cojumite !

Puis elle lui emboîta gaiement le pas en espérant avoir tout de même un peu de choix même si elle s'attendait à trouver une majorité de traité sur la foi lathandrite ou les devoirs de l'Ordre de l'Aster. Ce serait toujours un moyen de les comprendre un peu mieux l'un et l'autre...

[Galathée]

Le grand paladin la précéda dans le couloir puis ralentit pour rester à sa hauteur.
" Qu'est-ce qu'un Cojumite ? demanda-t-il, très sérieusement. Ça sonne un peu comme le nom d'un champignon sauvage... mais j'imagine que ce n'est pas ça."

[Chandara]

Chandara ne put s'empêcher d'éclater de rire devant cette nouvelle petite maladresse touchante et elle répondit d'un ton léger à la question :

- C'est comme ça que s'appellent les habitants de ma ville en fait ! Donc je retiens que je suis un petit champignon sauvage dangereux pour les livres, c'est bien ça ?

Elle avait dit ça avec humour, sans chercher à mettre le paladin mal à l'aise, bien au contraire.

[Galathée]

Le paladin sourit.
" Petit, je n'aurais pas dit, non, dit-il sans se démonter. Champignon non plus. Mais fleur sauvage, ça pourrait coller. Une petite ancolie des montagnes, quelque chose comme ça. Ou un coquelicot. Mais les fleurs ne savent pas lire, donc la comparaison a ses limites."
Il poussa une porte et ils entrèrent dans une salle de classe bien rangée, une dizaine de bancs alignés, chaises poussées en dessous. Il y avait, comme promis, une petite bibliothèque proposant une trentaine de livres à la tranche usée. Comme Chandara l'avait deviné, tous étaient religieux ou techniques.

[Chandara]

Sensible aux compliments, le teint de la jeune-femme se rapprocha de celui du coquelicot comme pour donner un peu de corps à la comparaison et elle suivit le Lathandrite jusqu'à la petite bibliothèque sans plus rien ajouter. Après avoir parcouru les tranches des livres du regard, elle reprit néanmoins la parole pour interroger le paladin :

- Y en a-t-il un que vous me conseillerez ? Mon objectif est de connaître un peu mieux vos façons et vos aspirations.

[Galathée]

" Hum. Je dois dire que ça fait longtemps que je ne me suis plus plongé là-dedans..." dit-il.
Il parcourut les livres du bout d'un doigt, songeur.
" Il y a les Serments de la Lumière. C'est un livre de théologie écrit par un aubemestre de Féérune, il y a deux ou trois siècles, je ne sais plus bien. Et puis il y a la Voie de l'Aster... C'est un livre d'histoire. En fait, nos véritables textes sacrés sont... réservés à ceux qui appartiennent à notre ordre. J'imagine que c'est un peu fatal."

[Chandara]

Ces deux titres convenaient tout à fait à la jeune-femme : elle ne s'était pas attendu à découvrir une étude des us et coutumes des paladins luméniens ou un recueil d'anecdotes en se rendant dans leur propre réserve de livres après tout ! Elle répondit donc d'un ton enthousiaste :

- Est-ce que je peux emporter les deux ? Et ne risquent-ils pas de manquer si je les garde par devers moi pendant deux ou trois jours ?

[Galathée]

" Non, prenez-les. Nous pouvons laisser un petit mot signalant que vous les avez empruntés, cela dit. C'est sans doute le plus convenable."
Il alla chercher un morceau de parchemin dans une étagère et il inscrivit le titre des deux livres, d'une écriture un peu maladroite mais parfaitement lisible.
" Je ne connais pas votre prénom."

[Chandara]

Si elle avait été d'un naturel soupçonneux - ce qui était loin d'être le cas - la jeune-femme aurait certainement pensé que le paladin n'avait inventé cette histoire de mot que pour connaître son nom. Cependant, elle était à des lieues de le penser et elle n'y aurait de toute façon vu aucun mal aussi répondit-elle sans rechigner :

- Chandara. Et puis-je m'enquérir du vôtre ?

[Galathée]

Il parut surpris qu'elle lui retourne la question.
" Deverell, répondit le paladin. Je suis l'instructeur de cavalerie, ici, à la commanderie."
Il inscrivit le nom de la jeune femme sur le morceau de parchemin puis le déposa sur le bureau du professeur, pour l'heure absent.
" Ça m'a fait un choc de retrouver ce vieux Filu. Quand Arthur l'a embarqué, j'ai pensé que je n'en entendrais plus jamais parler. Cet animal précieux... Beaucoup de jeunes chevaliers ont fait leurs premières galops sur son dos. Je vous remercie de nous l'avoir ramené."

[Chandara]

Ainsi donc son histoire avait plus ou moins fait le tour de la commanderie : cette perspective la fit sourire tout comme les remerciements du paladin instructeur. La jeune femme serra précieusement les livres dans ses mains avant de répondre d'un ton joyeux :

- J'espère que Filu pourra apprendre à d'autres novices les joies de l'équitation. A moins que vous ne le mettiez à la retraite ? En tous cas c'est lui qui m'a guidé chez vous depuis les quais : il devait vraiment être content de rentrer au bercail !

[Galathée]

" Je n'ose imaginer à quoi il a dû être confronté dans une zone de guerre... N'importe quel endroit où on est bien nourri, bien soigné, bien logé, doit paraître formidable en comparaison... Mais je ne pense pas que nous le confierons à un nouveau cavalier, non. Par contre, pour apprendre les bases de l'hippologie, il restera sûrement un partenaire de choix. Je ne crois pas, de toute façon, qu'il soit encore mûr pour un exil campagnard... Vous en avez pris grand soin, en tout cas. Il est en pleine forme pour un animal de son âge. Vous savez manifestement y faire."

[Chandara]

C'était un magnifique compliment - surtout de la part de quelqu'un qui devait avoir un contact privilégié avec les chevaux - et le visage de Chandara était maintenant rayonnant. Elle n'avait trouvé Filu que tardivement et l'essentiel du temps qu'ils avaient passé ensemble avait été à bord d'un navire mais oui, elle pensait en avoir pris soin convenablement, passant au moins une heure en sa compagnie tous les jours pour le rasséréner.

- J'en côtoie depuis que je suis toute petite et j'ai toujours aimé les chevaux, en effet. Et je vous remercie du compliment !

[Galathée]

" Vous le méritez." dit le jeune homme, avec sérieux.
Il la regarda ensuite un instant, sans rien dire, avant de paraître reprendre ses esprits.
" Mais vous avez vos livres, et je dois retourner aux écuries."
Il se dirigea précipitamment vers la sortie.

[Chandara]

Chandara le regarda sortir, quelque peu incrédule de le voir s'esquiver aussi rapidement. Pour sa part, elle jeta un dernier regard à la salle de classe avant de se diriger à son tour vers le couloir. Il devait se faire relativement tard aussi abandonna-t-elle l'idée de se rendre au parc pour lire mais elle choisit tout de même de se rendre à la cour d'exercice avec l'intention de s'asseoir sur un muret à l'ombre pour entamer ses lectures.

[Galathée]

Elle n'eut aucun mal à trouver de l'ombre, et pour cause : le soleil avait décliné et il ne touchait plus qu'une partie de la cour, abandonnant le reste aux chevaux et à ceux qui les pansaient. Il ne faisait pas frais pour autant, ni noir, mais il ne fallait plus craindre la violence de l'astre diurne. La jeune femme put donc sans difficulté se trouver un muret et s'installer pour sa lecture...

[Chandara]

Chandara avait choisi un endroit où elle pouvait à la fois garder un œil sur l'entrée du bâtiment principal et sur celle de l'écurie dans l'espoir de surprendre son bel Arthur dès qu'il serait relevé de ses corvées. Elle choisit sans vraiment hésiter d'entamer la lecture de l'ouvrage à portée historique pour connaître un peu mieux les distinctions du noble ordre auquel appartenait son compagnon.

[Galathée]

L'ordre de l'Aster était, comme la plupart des ordres de paladins, originaire de Féérune, et c'est donc dans ce cadre que débuta la lecture de la paladine. S'il y avait des chapitres traitant d'Hélonna, ils n'étaient pas apparents en parcourant la table des matières, et il était probable qu'une région si reculée, si modeste, de Toril n'y figure que dans une note de bas de page. Elle n'avait lu qu'une dizaine de pages quand une silhouette se pencha sur elle.
" C'est l'heure du repas... si ça vous intéresse." dit Sullyan avec un sourire.

[Chandara]

Chandara referma son livre et releva la tête pour sourire à la paladine :

- C'est gentil à vous d'être venue me prévenir ! Quand je lis, j'ai souvent tendance à oublier tout ce qui se passe autour de moi mais je dois reconnaître que je suis affamée !

Comme pour donner plus de corps à sa déclaration, elle se leva souplement et se mit en marche avec enthousiasme tout en s'assurant que Sullyan la suivait.

[Galathée]

Sullyan la suivit donc jusqu'au réfectoire où elles s'installèrent dans une compagnie similaire à la veille. Aucune trace d'Arthur pour l'heure, mais il faisait sans doute le service, comme la veille.
" Alors, demanda Geoffroy d'emblée. Vous êtes allées chez les Sunites ?"

[Chandara]

Chandara sursauta sur sa chaise, surprise par la question. Son premier mouvement fut de l'attribuer à une indiscrétion de Sire Othon avant de se morigéner en se souvenant qu'elle avait elle-même évoqué la perspective d'une visite lors du souper de la veille. Elle avait rougi, immanquablement et elle n'osa pas regarder directement le paladin qui l'avait interrogée en répondant :

- Oui, je suis allé visiter leur temple ce matin. Et j'ai rencontré une autre Sunite à la Grande Bibliothèque cet après-midi : ils semblent qu'ils soient présents partout en ville !

Evidemment, elle savait qu'on avait bien plus de chances d'en croiser en provoquant ces rencontres et les recherchant quelque part.

[Galathée]

" Ils sont partout quand on est une jolie rousse qui n'a pas encore d'allégeance, si je puis me permettre, intervint Kyle. Si vous étiez moins avenante, ou déjà affiliée quelque part, ils ne vous tourneraient pas autour. Ce n'est pas très surprenant que vous les attiriez. J'imagine que vous leur avez dit que vous étiez une ancienne paladine... à la recherche d'un nouvel élan. Ils ne vont pas vous lâcher. Que vous vous tourniez vers quelqu'un d'autre... Cela offenserait leur déesse."
Sullyan faillit rire.
" On peut dire que c'est direct.
— Mais c'est vrai, non ?
— Sans doute un peu, oui.
— Je n'ose pas imaginer toutes les horreurs qu'ils doivent raconter sur les Lathandrites, du coup." reprit Geoffroy.

[Chandara]

Chandara ne manqua pas de rougir visiblement à ces compliments directs de la part de Kyle mais elle en était aussi fière et releva la tête. Elle préféra néanmoins se défendre de ce que les Sunites pouvaient raconter sur ses hôtes plutôt que de relever les paroles de Kyle et Sullyan :

- Oh, ils ne racontent rien de bien méchant. En tous cas, pas à moi ! Bon, ils ne cachent pas qu'ils ont des visions différentes de la vie et de la manière d'en profiter mais je ne vous apprends rien, évidemment.

Toutefois, le fait que les Sunites puissent envisager de la recruter lui faisait étrangement chaud au cœur même s'il ne s'agissait là que d'une simple hypothèse sans grand fondement.

[Galathée]

" Moi je dois avouer que l'idée qu'on puisse placer tant de valeur sur l'apparence extérieure des gens me... laisse pantois, dit Kyle. Dans le genre superficiel, on ne fait pas mieux.
— Tu dis ça à cause de ton nez, dit Geoffroy, facétieux.
— Qu'est-ce qu'il a mon nez ?
— Et bien...
— Il est très bien, mon nez. Mais effectivement, je n'aurais aucune chance avec les Sunites. Sauf pour récolter leur commisération. Or je pense que je ne fais pas un si mauvais paladin.
— C'est tant pis pour eux et tant mieux pour nous, voilà tout !"

[Chandara]

Chandara était touchée par la camaraderie qui réunissait les Lathandrites et se traduisait par de petites plaisanteries sans conséquences. Il était visible qu'ils formaient une équipe soudée et fraternelle. Une chose d'autant plus attirante qu'elle ne l'avait jamais trouvée à l'Ordre du Cœur Radieux de Manost. Pour le peu de temps où elle y avait été affiliée en tous cas. Elle intervint à son tour d'un ton joyeux mais sincère :

- Je crois que vous avez tous trouvé la voie qui vous convenait le mieux quand je vous vois ainsi. Et n'allez pas me faire dire ce que je n'ai pas dit : vous seriez tous assez beaux pour être Sunites !

[Galathée]

" Quelle faute de goût !" s'exclama Geoffroy en riant.
Sullyan acquiesça.
" Si les Sunites vous recrutent, ils devront commencer par vous déciller. Ils ne sont pas partisans des mensonges, même pour faire plaisir. Au contraire : savoir trier le beau du moins beau est une compétence critique."

[Chandara]

Chandara rit gaiement et répliqua aussitôt d'un ton plaisantin :

- Oh, mais ils sont aussi doués pour encourager tout un chacun à se faire beau et peut-être me confieraient-ils cette mission d'ailleurs ! Alors, d'ici là, je crois que je vais prendre quelques notes pour vous dispenser les meilleurs conseils en temps voulu ! après tout, vous avez tous des atouts qu'il convient de mettre en valeur. Mais bon, je vais m'exercer sur Arthur si ça ne vous dérange pas !

[Galathée]

" Pauvre Arthur, fit Kyle en levant les yeux au ciel. Comme si son allure était quelque chose dont il devrait se soucier. Il a déjà bien assez de sujets d'inquiétude comme ça... Il ne lui manque plus que de se casser la tête sur l'ordre de sa coiffure chaque matin. Ce garçon ne fera pas de vieux os.
— Mieux vaut lui que moi, dit Geoffroy en riant.
— Je crains que vous ne trouviez les paladins de l'Aster assez hermétiques aux conseils de beauté des Sunites. Par principe, pour commencer."

[Chandara]

Le ton des paladins était amusé et léger, signe encourageant qu'ils n'étaient au moins pas hermétiques à son humour. La jeune-femme choisit donc de poursuivre dans la même veine en répliquant joyeusement :

- Bon, c'est vrai qu'il a des cheveux un peu indisciplinés mais ça contribue aussi à son charme ! Et je crois que je n'aurais pas beaucoup d'autres conseils à lui donner alors il devrait survivre malgré tout : il est résilient !

[Galathée]

" Vous parlez de moi, dit alors une voix sur sa droite, légèrement horrifiée.
— Nous parlons même de ta coupe de cheveux, pauvre ami." dit Geoffroy, tandis qu'Arthur se glissait parmi eux.
Il parut sincèrement alarmé.
" Je ne suis pas certain que je veux savoir.
— Allons, ne sois pas inquiet. Ta belle ne peut simplement pas s'empêcher de nous vanter ton charme."
Le jeune paladin regarda Chandara tout en devenant coquelicot.
" Les Sunites aiment le rouge, c'est une chance."