[Bâtiment] La Commanderie des Paladins de Lathandre

[Galathée]

" Bon, ben dans ce cas, autant nous mettre en quête immédiatement. Je crois que plus vite nous aurons libéré la chambre, mieux ce sera."
Il reprit la selle sur son épaule et se dirigea vers les écuries. Il ne lui fallut que quelques minutes pour remplacer son fardeau à sa place.
" Mais il faut d'abord qu'on se débarrasse de ces paquets. Autant les mettre avec le reste de tes affaires, ce sera plus simple pour le déménagement, ensuite."

[Chandara]

Chandara l'avait suivi dans les écuries sans hésiter :

- Oui, je ne voudrais pas abuser de l'hospitalité de ta consœur !

Et, une fois de retour dans la cour, la jeune femme - qui ne perdait pas le nord pour un sou - suggéra de tout placer dans sa propre chambre le temps qu'ils aient trouvé une pièce où l'installer. A nouveau une excuse pour avoir le privilège de jeter un œil à ses quartiers même si elle ne l'exprimait pas.

[Galathée]

Soit Arthur était vraiment naïf, soit au contraire, il ne l'était pas du tout. Il ne mordit en tout cas à l'hameçon et lui dit qu'ils pouvaient tout laisser dans la chambre de la paladine le temps qu'ils effectuent leurs recherches : elle n'irait pas se coucher avant plusieurs heures, de toute façon.
Ils partirent ensuite vers le bâtiment désaffecté. Il était un peu sinistre et sentait le renfermé, mais il était relativement propre, signe qu'on dépoussiérait au moins le couloir de temps en temps. Arthur expliqua à Chandara que c'était une punition réservée aux novices qui avaient vraiment fait de grosses bêtises. Ils n'allèrent pas très loin : Arthur poussa la première porte qu'ils rencontrèrent et elle donnait sur une petite pièce qui avait été une chambre, immanquablement. Il n'y restait qu'une vieille table, mais c'était assez grand pour y installer une couche.
" Bon, je propose que tu ailles chercher tes affaires... Je vais nous trouver un balai... et un matelas, aussi."

[Chandara]

Mais avant d'obtempérer, Chandara estima que les lieux étaient suffisamment calmes et isolés pour ne pas risquer d'y être dérangé. Elle profita donc de passer juste à côté du paladin en quittant la petite pièce pour déposer un baiser sur ses lèvres et lui adresser un clin d'œil. Elle gagna ensuite le couloir et le remercia de ses efforts pour assurer son confort avant de se diriger nonchalamment vers la sortie du bâtiment.

[Galathée]

Quelques minutes plus tard, la jeune femme avait pu ramener ses affaires, et Arthur ne tarda pas à reparaître, lui aussi, avec un seau et un balai. Il commença par ouvrir la fenêtre puis abandonna à nouveau la Dorrandine, pour revenir un peu plus tard avec un matelas enroulé.
" On dirait une cellule, commenta-t-il avec une grimace. Tu es certaine que tu ne veux pas aller à l'auberge ? Ce sera quand même nettement moins sinistre. Il doit y avoir des araignées partout, ici... Mais j'imagine qu'une paladine ne craint pas les araignées."
Avisant la fenêtre, il soupira.
" Bon, il faut que je déniche quelque chose pour faire rideau, sinon tu auras tout de suite droit à trois heures de sommeil."

[Chandara]

Mais Chandara était vraiment certaine de son choix, bien décidée à rester aussi près que possible d'Arthur pour ces quelques jours qui leur restaient avant leur longue séparation. Elle répondit à sa grimace par un petit sourire tranquille et prit le balai qu'il avait amené pour tenter de redonner un semblant de vie à cette chambre abandonnée.

- De toute façon ce n'est que pour dormir et je ne me sens vraiment pas de m'installer à l'autre bout de la ville et de ne plus pouvoir déjeuner avec toi.

Il faudrait bien s'y faire mais tant qu'Arthur était encore en ville, elle ne s'en sentait vraiment pas le courage d'autant que ça la forcerait à passer une bonne partie de ses soirées seule et loin de lui. Non, elle préférait de loin affronter quelques araignées plutôt que de les troquer contre le confort d'une auberge.

[Galathée]

" Ce n'est que pour quelques jours, c'est sûr." dit le paladin, qui semblait néanmoins très embarrassé du décor.
Puis son visage se figea comme s'il était frappé par la foudre.
" Mais je suis bête."
Il se pencha pour ramasser le matelas et le jeta en travers de son épaule.
" Tu vas dormir dans ma chambre et moi je dormirai avec les novices. Prends tes affaires."

[Chandara]

Le cœur de Chandara s'était emballé l'espace d'une seconde - au beau milieu de la déclaration d'Arthur - mais elle réalisa bien vite que l'espoir qu'elle avait fait naître était mal avisé. Et pourtant elle ne voyait pas comment refuser sa proposition généreuse mais aussi parfaitement sensée. Elle était d'ailleurs très satisfaite de pouvoir enfin voir la chambre de son aimé mais le fait qu'il la déserte par la même occasion gâtait un peu cette bonne surprise.

- Tu es vraiment sûr ? Parce que je ne voudrais pas que tu mettes ta position en péril en retournant avec les novices ! Même pour les quelques soir qui nous restent.

Elle brûlait de lui proposer d'emporter le second matelas dans sa chambre mais elle se doutait de la réponse qu'il aurait... Mais après tout, pourquoi pas : il fallait simplement présenter la chose sous un jour innocent...

- Ou tu pourrais y rester aussi : nous avons déjà bivouaqué ensemble après tout...

Elle avait osé cette remarque d'une toute petite voix tout en réunissant déjà ses affaires comme pour faire diversion.

[Galathée]

" Ce ne serait pas convenable, dit le jeune homme sans hésitations. La situation est déjà assez... compliquée comme elle l'est maintenant, sans que nous prenions ce genre d'initiatives malvenues en plus."
Il haussa les épaules.
" Et ne t'inquiète pas pour ma position... Je ne crois pas que je puisse tomber plus bas après plusieurs mois à peler les carottes et récurer les écuries. Il me faudra un certain temps pour retrouver un certain statut, mais ce n'est pas grave. J'ai ce temps et la mission qui s'annonce est un pas dans la bonne direction."

[Chandara]

Chandara était déçue bien sûr mais insister ou répondre qu'elle se moquait bien de ce qui était convenable ou non en l'occurrence n'aurait pas fait changé d'avis le jeune-homme. Mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que c'était surtout là une excuse pour se protéger d'elle, pour risquer de trop se rapprocher. Et non : cette mission n'était absolument pas un pas dans la bonne direction de ce point de vue !

Il était donc heureux qu'elle ait un peu appris à se maîtriser au cours des derniers mois et qu'elle soit déjà occupée à réunir ses affaires. Au moins cela lui donnait une excuse pour ne pas dire ce qu'elle avait sur le cœur en cet instant.

[Galathée]

Arthur ne fut pas sensible à son changement d'humeur. Il avait déjà commencé à remonter le couloir et il déboucha dans la cour qu'il traversa d'un bon pas. Il n'y avait plus personne en vue, mais on entendait déjà le murmure des conversations s'échappant du réfectoire et une odeur de poisson grillé flottait dans l'air. Le jeune paladin gagna une porte en milieu du corridor suivant et l'ouvrit. La pièce était aussi petite et dépouillée que celle que Chandara avait quittée, mais bien plus propre et aérée. La fenêtre, voilée de lin clair, était cependant fermée et Arthur l'entrouvrit. Il n'y avait rien à ranger car il n'y avait rien à voir : s'il avait des objets personnels, ils devaient être rangés dans son vaste coffre ou dans la petite armoire basse sur laquelle était posé le broc. Le lit était fait, Chandara aurait pu s'imaginer à l'auberge.
" Voilà, ce sera mieux." dit le jeune homme en s'effaçant pour la laisser entrer avec ses paquets.

[Chandara]

L'humeur de Chandara pouvait être aussi changeante que la lune et le court trajet depuis l'autre aile lui avait permis de digérer une partie de sa frustration. Par-dessus tout, elle était consciente des efforts que faisait Arthur pour assurer son confort : il allait jusqu'à sacrifier sa propre chambre et elle ne pouvait qu'en être touchée.
Elle y pénétra donc en ne pouvant s'empêcher de regarder chaque élément avec une curiosité manifeste et se rendit compte qu'Arthur n'avait menti en rien : c'était sobre voire monastique mais soigné et sans doute lumineux aussi. Elle ne voulait toutefois pas gêner le jeune-homme en regardant le tout trop ostensiblement aussi se contenta-t-elle de poser ses affaires au pied du lit et de revenir vers celui qui n'osait manifestement plus entrer dans sa propre chambre du fait de sa présence. Elle ne put s'empêcher de le taquiner au passage :

- Ce sera très bien, merci ! Mais ce serait encore mieux avec le paladin qui va avec !

Après tout, il y avait plusieurs façons de faire passer un message ! Elle ponctua sa remarque en se dressant sur ses pieds pour l'embrasser sur le nez avant d'ajouter gaiement cette fois :

- Viens, nous allons être en retard au dîner !

[Galathée]

Sans prévenir, Arthur l'attrapa brusquement par la taille et l'embrassa fiévreusement sur les lèvres, pressant un instant son corps contre le sien. Il la relâcha aussitôt et s'empourpra spectaculairement.
" Je... heu.. hum... Tu as raison."
Il passa une main rapide sur son visage écarlate, puis partit en direction du réfectoire, le dos rond de honte.

[Chandara]

Chandara en resta abasourdie, les yeux ronds de surprise même après qu'il eut relâché son étreinte. Elle fut parcourue d'un long frisson lorsqu'il s'éloigna, partage entre délice pour ce qui venait de se produire et frustration d'avoir laissé passer l'instant.

Elle pressa le pas pour rattraper le paladin avant qu'il n'atteigne le bout du couloir et - sur un sourire silencieux - passa un bras derrière sa taille et posa sa tête contre son épaule. Il fallait vraiment qu'elle comprenne ce qu'elle avait bien pu faire pour le mettre dans un état pareil. Et s'en souvenir pour recommencer ! Mais il y avait plus urgent : il fallait lui faire comprendre qu'il n'avait absolument pas à avoir honte d'avoir ce genre d'élans.

[Galathée]

Arthur la serra doucement, mais se détacha d'elle pour entrer dans le réfectoire. Celui-ci était comble mais les amis d'Arthur leur avaient gardé des places et ils purent s'installer. On leur servit du poisson grillé et les conversations reprirent autour d'eux. On parlait politique luménienne, cancans, dernières nouvelles d'ici ou de là, majoritairement des choses dont Chandara n'avait pas beaucoup de notions. Mais le repas était délicieux, la compagnie agréable, et bientôt Sullyan interrogea Chandara sur ses emplettes du jour, tandis que Kyle et Geoffroy parlaient de chevaux avec Arthur.

[Chandara]

Après les promesses que le paladin venait d'éveiller, Chandara avait eu du mal à suivre les premières conversations et encore plus à détacher son regard de son compagnon jusqu'à ce que Sullyan l'interroge directement. Un peu rêveuse, l'ancienne paladine se secoua alors pour lui répondre :

- Je suis allé acheté quelques vêtements mieux adaptées à ces chaleurs et je suis aussi parvenue à convaincre une prêtresse Sunite de me conseiller un bon tailleur pour me faire faire quelques jolies robes...

Inutile de souligner qu'elle escomptait ainsi pouvoir les montrer à Arthur.

[Galathée]

" Ça j'imagine qu'effectivement, ça entre dans le champ de compétence des Sunites." remarqua Sullyan avec une légère ironie.
Les hommes, eux, n'avaient rien entendu.
" J'espère pour vous que le tailleur aura terminé avant le départ d'Arthur."

[Chandara]

Son regard se fit à nouveau rêveur alors qu'elle se mettait à imaginer quelle serait la réaction du paladin si elle portait sa belle robe de soirée juste pour lui. Elle ne pouvait qu'espérer que cela pourrait lui plaire et peut-être l'amener à l'embrasser à nouveau comme dans le couloir de sa chambre ? Elle rosit à cette idée et finit par répondre à Sullyan qui attendait certainement qu'elle le fasse :

- Moi aussi, je l'espère. Mais sinon ce ne sera que partie remise pour son retour.

Une façon d'affirmer qu'elle comptait bien être à Luménis quand il se produirait. Il faudrait d'ailleurs qu'elle se renseigne auprès du jeune-homme de la durée de sa mission, s'il avait reçu des informations plus précises depuis le premier soir.

[Galathée]

La paladine parut surprise et sourit.
" Oh ? Vous avez l'intention de vous établir à Luménis ? Les Sunites vous ont-ils séduite à ce point ?" demanda-t-elle.

[Chandara]

Chandara était - quelque part - elle-même surprise de sa propre réponse mais elle n’imaginait tout simplement plus retourner vivre durablement à Manost, loin de l’homme qu’elle aimait et des possibilités qu’elle avait entrevue depuis son arrivée. Elle y avait des amis, certes : elle appréciait notamment beaucoup Amélie qui l’avait accueillie chez elle mais Arthur avait sa commanderie et ne pourrait pas s’en éloigner. En comparaison, ses attaches à elle étaient plus distendues : elle avait toujours vécue en expatriée depuis qu’elle avait quitté sa famille et sa région natale de Cojum, le seul vrai foyer qu’elle ait jamais connu.

D’un autre côté, il était bien trop tôt pour envisager de trouver plus qu’un pied à terre de ce côté du détroit : sa relation avec Arthur était encore naissante et sans doute trop précoce pour engager ce genre de discussion : elle n’avait pas envie de l’effrayer en lui donnant l’impression de vouloir précipiter les choses. Quant à l’attachement qu’elle éprouvait pour la foi Sunite, il fallait bien reconnaître qu’il ne justifiait pas non plus un déménagement.

Et pourtant il lui semblait évident qu’elle ne voudrait être nulle part ailleurs qu’à Luménis le jour du retour de son bien-aimé.

Elle était restée longtemps silencieuse mais avait tout de même esquissé un sourire révélateur avant de se pencher vers Sullyan pour lui répondre sans être entendue par les autres personnes attablées :

- Je dois avouer être séduite… Mais certainement pas que par les Sunites ! Je compte en tous cas prolonger mon séjour au-delà de mes vacances… Mais je devrai tôt ou tard faire l’aller-retour à Manost pour y récupérer bien des choses et y dire au-revoir à quelques amis.

Cela n’engageait à rien… Mais elle était dans une période de sa vie où elle se sentait l’âme vagabonde, où elle avait besoin de se trouver sans penser à rien d’autre qu’à ses besoins et ses désirs. Et peut-être viendrait le temps où elle serait mûre pour reprendre des engagements envers une commanderie ou même bien d’autres choses. Son regard dériva alors vers le paladin absorbé par une conversation où il était question de chevaux, un sujet qui semblait le passionner.

[Galathée]

Le sourire de Sullyan s'élargit. Elle sembla sur le point de dire quelque chose... puis parut renoncer. Elle ouvrit une seconde fois la bouche, secoua la tête, préféra boire.
" Mon conseil... est de ne pas prendre Arthur au dépourvu. Il a déjà bien du mal à se dépatouiller de la situation présente... Ne le surprenez pas, parlez-lui de vos projets... Je ne suis pas sunite, mais ça me semble sage."

[Chandara]

Le sourire de Chandara répondit à celui de la lathandrite et répondit sur le ton de la confidence :

- En effet : ce n'est certainement pas le genre de décisions qu'on peut prendre à la légère et je commence à comprendre qu'il faut y aller par petites touches et en douceur avec lui. Sinon, j'ai bien peur qu'il ne courre plus vite que moi, surtout que j'ai commis l'erreur de lui ramener son cheval !

Son sourire se fit amusé et elle vérifia qu'Arthur ne s'intéressait toujours pas à sa conversation avant d'ajouter, un peu plus sérieuse :

- Bref, je lui parlerai. En amenant la chose par la bande, peut-être. Dans l'idéal, il faudrait qu'il pense que l'idée vient de lui !

[Galathée]

" N'allez pas trop loin quand même. Et réfléchissez bien, vous aussi. Vous êtes encore jeune... Tout planter pour le sourire d'un homme... Je ne suis pas certaine que votre mère approuvera. Mais, une fois encore... Je ne suis pas sunite, et je pense que vous êtes davantage sensible à leurs arguments"
Elle haussa les épaules.
" Ne mets pas tous tes oeufs dans le même panier, disait la mienne, de mère. Je crois que ça rassurerait Arthur, aussi, de savoir que vous avez une vue plus large des choses."

[Chandara]

Chandara finit sa dernière bouchée de poisson avant de prendre le temps de répondre :

- Je sais que ça a l'air d'être un coup de tête et ça l'est peut-être au moins en partie mais je crois que j'en suis à une période de ma vie où j'ai besoin d'explorer de nouveaux horizons pour me relancer d'un point de vue personnel. Et il y a d'autres choses qui m'attirent ici et que je veux prendre le temps de goutter. Mais ça ne signifie surtout pas que je veux renoncer à mes racines : mon père dit souvent qu'on ne va pas bien loin si on n'a pas un pied fermement planté en terre. Bon, mon père dit parfois des choses étranges et c'est son côté viticulteur qui parle sans doute mais c'est important de savoir que j'ai un endroit où retourner si je me rend compte que je fais fausse route.

[Galathée]

Sullyan sourit, l'expression amicale.
" Votre père est un homme sage et il est effectivement bon de savoir qu'on a un endroit où retourner. C'est vrai que vous êtes à un âge où l'aventure est exaltante et vous avez raison de vouloir en profiter. Je craignais juste que vous n'imaginiez ce mouvement que dans le but de vous attacher aux pas d'Arthur... De mon expérience, faire penser à un homme qu'on ne vit que pour lui est la meilleure façon de le faire fuir très rapidement. Mais je pense que vous avez la tête sur les épaules."

[Chandara]

Chandara lui retourna son calme sourire et se fit pensive durant un instant avant de répondre en changeant légèrement de sujet, en partie parce qu'elle s'inquiétait de ce qu'Arthur finisse par les entendre et aussi parce que c'est là des choses qu'elle avait envie d'aborder avec lui avant de faire des plans sur la comète.

- Vous savez, cela fait maintenant près de deux ans que je ne suis plus liée nulle part. Depuis mon exclusion de la commanderie en fait. Et la guerre m'a fait réaliser bien des choses : il est important de vivre et de tenter plutôt que de se cacher. Et de saisir les chances et les belles choses que la vie met parfois à sa portée. Alors peut-être parviendrai-je à trouver ma place ici : en tous cas, c'est un bien bel endroit et rempli de bien belles personnes alors il en vaut bien des autres que j'aie connus.

[Galathée]

Sullyan acquiesça.
" Il est certain que Luménis est un endroit où il fait bon vivre. Et c'est aussi la destination de choix des gens qui veulent refaire leur vie ou changer de cap : Lathandre veille sur eux. Vous trouverez, je pense, pas mal d'opportunités, si vous cherchez à vous relancer. Bien sûr, si vous intégrez un groupe pré-existant, c'est encore plus simple... mais ce n'est en rien obligatoire. De manière générale, c'est une cité qui compte beaucoup d'immigrés... notamment des Dorrandins... et qui a une belle tradition d'accueil. C'est encore plus vrai depuis la dictature..."

[Chandara]

La jeune-femme se retint juste à temps de poser une question idiote en se souvenant de ce qu'elle avait déjà entendu à propos des paladins de l'aster : il ne faisait aucun doute que la guerre civile avait fait des victimes dans toutes les couches sociales et d'aucuns avaient sans doute également préféré fuir la cité après les atrocités qui s'y étaient commises. Elle se contenta donc de répondre d'un ton sincère et chaleureux

- Pour ce qui est de votre tradition d'accueil, j'ai déjà pu en faire l'expérience moi-même. Je n'ai pas ressenti une seule fois qu'on me jaugeait comme d'aucuns font avec les étrangers, même dans vos beaux quartiers. Et c'est sans parler de ce que votre commandant a accepté en me conviant à loger parmi vous durant ces quelques jours. Bien sûr, Arthur n'y est pas pour rien mais à Manost, pareille chose me parait impensable.

[Galathée]

" C'est une grosse fleur qu'il vous fait, même selon nos canons luméniens, je dois bien vous l'avouer, dit Sullyan avec un sourire mutin. Mais notre commandant a toujours eu un petit faible pour Arthur. Nous ne sommes donc qu'à moitié surpris qu'il ait accepté. Cependant, le problème de ce genre de choses est qu'elles font jurisprudence, comme disent les avocats. Je ne serais pas surprise que cette fois-ci soit la seule et l'unique."

[Chandara]

Chandara adopta aussitôt un sourire complice pour répondre à celui de Sullyan dont elle appréciait décidément la conversation. Elle était bien entendu consciente d'avoir bénéficié d'un traitement de faveur - et cela la mettait quelque part un peu mal à l'aise - mais se trouvait aussi près d'Arthur pour son premier séjour luménien était en tous points une bénédiction dont elle remerciait les dieux.

- Je ne peux que donner raison à Sire Armand en ce qui concerne Arthur ! Et ils m'ont effectivement paru très proches. Mais j'imagine que vous l'êtes tous, à la commanderie. C'est une camaraderie qui me manque je dois bien l'avouer. D'autant que ma propension de partir seule en mission m'en a toujours tenu à distance.