[Lieu] Respelm

[Soraes]

Le sourire de la barde s'était esquissé devant l'ait éberlué de Bran, mais quand Eldrina arriva et proposa de protéger le paladin, Soraes éclata franchement de rire. En constatant que la question de l'hébergement continuait à se poser, elle décida de rassurer Bran :
- Mais oui, Eldrina a raison. Nous n'allons pas tout déranger pour une nuit. Et je n'ai aucun doute que vous vous montrerez chevaleresque, ne faites pas cette tête.
Elle partit à la suite d'Eldrina qui avait l'air de bien connaître les lieux.

Au moment du dîner, Soraes, tiraillée par la faim, était davantage occupée à se nourrir qu'à écouter les conversations, et ce n'était que d'une oreille qu'elle entendit les échanges d'Aidan et de Marvin. Les conversations sur la forêt maudite et les connaissances d'Eldrina éveillèrent son attention, et ce fut de bon cœur qu'elle participa enfin à la conversation, une fois bien repue.
Evidemment, la barde accepta de jouer quelque chose à ses compagnons. Son choix se porta sur la légende de la blonde des roches, une fable qui venait de loin, précisa-t-elle. C'était une histoire bien différente de celle qu'elle avait contée la dernière fois.

Elle entama une douce litanie à la mandoline, aux accents mélancoliques. Lady Mynella, une jeune roturière avait été enlevée par le seigneur des roches afin de l'épouser. Il l'avait recluse dans sa tour de granit, et avait dû repartir à la guerre sans avoir pu prononcer ses vœux. Mynella était prisonnière et ne vivait que dans la terreur du retour de son seigneur, réputé comme le souverain le plus barbare qui existât. La blonde lady vivait dans la terreur de se marier, de voir son mariage consommé, sa virginité souillée. Alors qu'elle se penchait chaque jour à la tour de granit, ses longs cheveux blonds ondulants dans le vent, brouillant sa vue autant que ses larmes, elle ne le voyait jamais arriver. Et chaque jour qui passait empirait ses craintes. Et chaque nuit le sommeil la quittait un peu davantage. Alors, un matin, n'y tenant plus, devenue folle par la terreur de l'attente, elle se hissa par la fenêtre de la tour de granit, et se laissa choir sur les pics rocheux de la falaise où le château avait été bâti. Ses cheveux blonds ondulèrent longtemps encore dans le vent, avant qu'une colombe apporte le message que le seigneur des roches avait péri à la bataille.

Soraes entonna les dernières notes, d'une voix brisée. C'était un chant somme toute classique, mais elle gageait que cette légende leur était inconnue.

[missElder]

La rôdeuse était plutôt amusée de retrouver la table et la cuisine d'Aïdan, si peu de temps après l'avoir quittée. Le prêtre lui était finalement sympathique, sous ses dehors bourrus, et il fallait reconnaître que sa cuisine, bien que sans artifices - dont, au reste, elle n'était guère coutumière - était tout à fait comestible.

Elle écouta la discussion entre Marvin et Aïdan avec attention, toujours curieuse de se renseigner un peu sur le fonctionnement de Luménis, en particulier toutes ces histoires d'administration et de hiérarchie. Elle se souvenait à peu près des explications de Sam sur ces histoires d'aubemestre et de Conseil, et reconnut le nom d'Alaric: c'était un des deux hommes auxquels elle avait parlé, au temple, lorsqu'ils lui avaient demandé d'aider Marvin à enquêter. Et cette histoire de disparition la laissait perplexe. Un homme aussi important et connu de tous pouvait donc disparaître soudainement sans que personne ne sache où il était ? Elle avait pourtant l'impression que la ville était le lieu où tout le monde se voyait tout le temps, et sentait pour sa part constamment des yeux posés sur elle quand elle marchait dans la rue. Enfin, elle n'était pas un grand prêtre de Lathandre, et puis cette histoire semblait plus complexe qu'il n'y paraissait. Et pas très joyeuse, vu la tête que faisaient ses camarades lathandrites.

Elle avait répondu d'un ton timide, mais sans trop d'hésitations à leurs questions, et s'était peu à peu détendue au cours de la conversation. Elle était en terrain connu. Elle leur avait surtout parlé des récits que lui avait faits son maître, n'ayant jamais eu affaire aux morts-vivants de la Forêt; lui, en revanche, connaissait relativement bien la géographie des lieux, les endroits à éviter, les raccourcis, et comment s'échapper aisément. Il lui avait montré une partie de ces chemins et ces lieux, mais la plupart de ses connaissances restaient assez théoriques étant donné qu'il s'efforçait de leur faire éviter ces lieux - à deux, simples rôdeurs, alors qu'elle était encore jeune, il préférait se montrer prudent. Comme l'avait hélas prouvé sa mort, il avait eu raison sur ce point ...

Mais l'heure était aux récitals, et la jeune femme chassa aussitôt ces pensées un peu sombres de son esprit. Elle avait adoré celui de la veille et ne doutait pas qu'elle serait toujours aussi conquise. Bon, il fallait reconnaître qu'elle était un public très facile en la matière, mais peu importe. Elle se laissa vite captiver par la chanson, mais cette fois elle garda les yeux bien ouverts et fixés sur la barde. L'histoire était assez tragique, et les accents mélancoliques créaient une atmosphère assez unique. Elle se surprit même à grimacer à plusieurs reprises - elle n'aurait rien détesté plus que d'être enfermée dans une tour, sans liberté, sans possibilité d'agir, de bouger, d'exister. L'histoire se finit plutôt tragiquement, et elle ne savait trop que penser de cette fin. C'était néanmoins très beau, et elle était heureuse d'avoir la chance d'être accompagnée par une barde pendant quelques jours. Le silence fut total pendant quelques secondes après la fin du récital de Soraes, et elle n'avait nulle envie de le rompre, pas plus que de se faire remarquer; aussi se contenta-t-elle d'un sourire appréciateur et un peu ému. Une belle manière de finir une soirée, à son humble avis.

[Voyageuse]

Un silence absolu accueillit la fin de l'histoire de Soraes. Tous paraissaient plongés dans leurs pensées, et l'air mélancolique de chacun prouvait qu'il étaient sans doute quelque part au pied d'une tour à contempler des cheveux dorés.
Bran finit par rompre le silence, les yeux brillants de sincérité... ou peut-être d'émotion ?
- C'était magnifique...
- Un peu trop triste pour moi, remarque Aïdan de sa voix bourrue. Mais très bien quand même, bien sûr... surtout la musique, enfin je veux dire l'air de la chanson...
Il était clair qu'il n'avait guère l'occasion d'apprécier des talents bardiques dans son petit village loin de tout.
Tout le monde convint que le petit récital était très beau, que la barde avait parfaitement su mettre en valeur la mélancolie de l'histoire et ménager ses effets, captivant tout l'auditoire. Bran lui réclama avec enthousiaste une autre chanson, mais Marvin dut les rappeler à l'ordre : il était tard et la journée du lendemain, au cours de laquelle ils entreraient dans la forêt maudite, serait éprouvante...


Le lendemain les trouva frais et dispos, rassemblés autour de la table du petit déjeuner, moins d'une heure après le lever du soleil. Les deux clercs et le paladin avaient pris le temps de saluer l'aube et d'accomplir leurs dévotions, recevant un peu de la puissance de leur dieu tutélaire, avant de rejoindre les deux jeunes femmes à table. Elles eurent l'impression de deviner une sorte d'aura brillante, autour de chacun d'eux, qui s'estompa cependant rapidement.
Le petit déjeuner était simple mais consistant : thé, lait, pain à volonté, fromages, oeufs, miel et confitures, et même une espèce de gruau d'avoine très nourrissant... mais à vrai dire pas forcément très goûteux.
- Je pense qu'il faut qu'on discute de notre organisation pour la suite du trajet, lança Marvin, engloutissant une énième tartine de miel. J'ai regardé l'aiguille ce matin : elle pointe droit sur la forêt. Et la traversée n'aura rien d'une partie de plaisir...
- Je peux partir un peu en avant, en reconnaissance, si vous voulez ! lança Bran immédiatement.
- Hum... Ca peut se justifier, oui. Tu saurais détecter la présence de forces maléfiques à distance... mais il n'y a pas que des morts-vivants dans cette forêt. Il em semble qu'y a aussi, et heureusement, des dangers bien plus communs... Et tu n'es pas forcément la personne la plus à même de détecter ce genre de danger...
Le clerc s'était tourné vers les jeunes filles, et plus particulièrement vers Eldrina, interrogateur.

[missElder]

La rôdeuse appréciait la simplicité et la quantité du petit déjeuner fourni par Aïdan, à l'image du caractère bourru et entier du prêtre qui les hébergeait. Ils allaient avoir besoin d'énergie pour la journée qui s'annonçait et elle prit soin de manger à satiété, sans pour autant bâfrer outre mesure : il valait mieux éviter les lourdeurs de la digestion en plein milieu de la journée, et elle allait avoir besoin de tous ses réflexes s'ils s'engageaient dans la forêt. Elle acquiesça ensuite à la suggestion implicite de Marvin.

- Oui, vous avez raison je pense, autant ne pas s'enfoncer tout de suite et ensemble dans la forêt alors que nous ignorons notre destination ... Nous ne sommes pas loin de la partie de la forêt dans laquelle nous... enfin je vivais. Il est plus prudent d'essayer de repérer d'abord les écueils possibles, et ils sont nombreux. Outre les animaux, tanières d'ours, nid d'araignée, la forêt en elle-même recèle beaucoup de choses dangereuses : les ruines à l'atmosphère malsaine, les recoins sombres, les brigands aussi parfois, même s'ils n'empruntent que des itinéraires très précis.

Elle fit une pause qui lui laissa le temps de perdre l'assurance qu'elle avait momentanément ressentie en se sentant en terrain connu.

- Hum, bien sûr, je ... je ne pourrai pas tout prévoir, et puis il y a les morts-vivants ... En la matière, je sais juste me faire discrète et les éviter, alors bon ... mais en tout cas, je veux bien me charger d'un peu de reconnaissance, oui. Je ne peux pas prétendre connaître cette forêt, je crois que personne ne le peut vraiment, mais je sais à quoi m'attendre et comment réagir. Vu ce que nous allons chercher - elle restait vague en raison de la présence d'Aïdan, mais elle avait présents à l'esprit ces histoires d'adeptes de Shar et d'objets divins, choses qui ne respiraient pas vraiment la tranquillité - un peu de prudence supplémentaire ... enfin, ça ne fait jamais de mal.

[Soraes]

La barde avait l'habitude de susciter tous types de réactions, mais elle sourit au commentaire d'Aidan, et se sentit touchée par la réaction de Bran. Soraes s'apprêtait à entonner un nouveau récital, voire à demander un pichet de bière pour se rincer le gosier, mais Marvin les rappela à l'ordre, et ils prirent tous bien vite le chemin de leurs lits.

Le lendemain, Soraes s'était éveillée bien après que le clerc et le paladin eurent quitté la chambre. Il lui sembla même qu'ils n'avaient jamais partagé la même pièce tant la barde avait dormi d'un sommeil lourd. Ils rejoignirent les deux filles au petit déjeuner. Ce dernier s'avéra copieux, pour le plus grand plaisir de la barde qui aimait commencer la journée avec un solide repas… et qui aimait poursuivre et finir la journée avec un solide repas également.
La discussion porta très vite sur l'organisation de la journée. Quand Eldrina commença à énumérer les dangers potentiels de la forêt, Soraes ne put s'empêcher de ressentir une pointe d'excitation à l'idée de croiser des ruines, des ours, voire des brigands.
- Effectivement, il faut être vigilant et c'est une bonne idée que Bran et Eldrina partent en reconnaissance, mais… Ne pensez-vous pas que ça fragiliserait notre groupe de se scinder même momentanément en deux groupes de deux ?

[Voyageuse]

Marvin et Bran avaient écouté avec beaucoup d'attention les explications d'Eldrina, le paladin acquiesçant régulièrement, approbateur.
Il hocha également la tête à la remarque de Soraes.
- Vous n'avez pas tort... Il serait certainement imprudent de vous laisser trop isolés, Marvin et vous. Vous seriez trop exposés...
- Je ne pensais pas forcément à deux groupes vraiment distincts, précisa Marvin. Mais il me semble qu'un éclaireur pourrait être une bonne chose. Je pensais surtout à Eldrina, en l'occurrence. Plus précisément, je pense qu'il faudrait s'arrêter régulièrement pour que tu détectes le mal dans la direction que nous nous apprêtons à suivre. Ensuite, si tu juges qu'il n'y a pas de danger, Dame Eldrina pourrait avancer discrètement, en éclaireuse, pour vérifier qu'il n'y a pas non plus de créatures agressives ou de pièges naturels... Et nous suivrons à quelques dizaines de mètres derrière elle.
- Mon sort ne détecte le mal qu'à une vingtaine de mètres...
- Oui, c'est pas faux... et la végétation sera dense donc les dangers dissimulés... Mais il faut tout de même qu'Eldrina prenne un peu d'avance. Elle est la seule à avoir la discrétion nécessaire pour repérer les créatures des bois et elle saura détecter les obstacles cachés...
- Alors restons tous les trois une quinzaine de mètres derrière elle lorsqu'on n'aura pas de visibilité. Je saurai détecter s'il y a une menace près d'elle. mais il va falloir avancer très lentement... Qu'en pensez-vous ? ajouta-t-il en se tournant vers les deux jeunes filles. Est-ce que cette organisation vous convient ?

[Soraes]

Soraes hocha la tête en signe d'acquiescement aux remarques de Marvin. Mais au fur et à mesure qu'il parlait, elle sembla tiquer. Sans laisser à la rôdeuse le temps de répondre, la barde objecta :
- Eldrina est seule juge… mais… j'avoue que l'idée de la choisir comme éclaireuse me dérange. Je ne saurais l'expliquer, et pourtant, je n'ai pas de meilleure idée, alors je suppose que cette solution est la meilleure pour que notre groupe puisse avancer au mieux… Et puis une quinzaine de mètres, ce n'est pas si énorme, finalement…
La barde avala un morceau de fromage avant d'ajouter :
- Mais excuse-moi Eldrina, c'est à toi de décider…
Elle se sentit bizarrement gênée d'avoir montré ainsi sa répugnance à laisser la rôdeuse partir légèrement en avant et s'exposer en première ligne aux éventuels dangers.

[missElder]

La rôdeuse avait écouté avec attention les remarques de Soraes et Bran ainsi que la suggestion de Marvin, et elle avait pris le temps de réfléchir à l'organisation que cela supposerait avant d'émettre une réponse définitive; l'intervention de la barde la prit donc d'autant plus au dépourvu et elle resta un instant sans voix, la remarque la laissant autant perplexe que gênée. Est-ce que. Mais. Est-ce qu'elle était en train de dire qu'elle s'inquiétait pour elle ? C'était un peu. Oh. Elle n'avait pas l'habitude. Elle ne savait trop qu'en penser.

- Oh ... je... Oui ... Elle passa sa main dans ses cheveux d'un geste maladroit et essaya de reprendre contenance. Je n'ai pas d'autre proposition non plus, et puis... bon, ça me paraît... Enfin... On peut aussi envoyer Bran en éclaireur mais comme il ne connaît pas la forêt, il risque de moins... Euh... Il y avait certes le problème des créatures surnaturelles qu'ils pourraient rencontrer, et en la matière elle n'était pas très adaptée, mais elle se demandait si le paladin, peu habitué à se déplacer en forêt, ne risquerait pas le cas échéant d'être repéré facilement. Elle lança un regard à Soraes, toujours décontenancée. C'était. C'était gentil de sa part. C'était sans doute pour cela qu'elle se sentait aussi prise de court: elle ne s'y attendait absolument pas et ne savait pas du tout comment réagir. Elle finit par lui adresser un sourire et conclut: Mais je vous promets d'être prudente.

[Voyageuse]

- Alors, faisons ainsi, conclut Bran, prenant peu à peu de l'assurance. Protéger ses compagnons, c'était son domaine. Eldrina partira plusieurs mètres en avant pour les pièges les plus communs... et je m'occupe de détecter l'aura maléfique des morts-vivants et autres abominations. Je pense que vous devriez avancer juste derrière moi, Dame Soraes, et... et Marvin fermera la marche. Vous avez.. je ne sais pas... des armes, une armure ? Au cas où on nous attaque par derrière?
- J'ai une espèce de cuirasse, je vais la mettre. Et j'ai la protection de Lathandre... et les sortilèges qui vont avec. Ne vous en faites pas... mais si tout le monde a fini de déjeuner, je crois qu'il est temps de nous mettre en route...
- Je vous souhaite un bon périple, fit Aïdan, qui s'était absenté pendant leur discussion et pointait à nouveau son nez dans la cuisine. Soyez très prudents dans la forêt maudite. Ah, et évitez de passer sur le territoire du Peuple libre, ajouta-t-il avec un clin d'oeil à l'adresse d'Eldrina. Ils pourraient croire que vous voulez leur chercher des noises... Ou vous reprocher la disparition d'Enzo... Ou vous demander si vous avez vendu "leurs" objets maudits. Rien de bien grave, mais vous m'avez l'air pressés et ils vous feraient perdre du temps.
- De toute façon, à partir de maintenant, vous êtes notre guide, Eldrina !
Il leur faudrait encore une bonne vingtaine de minutes pour préparer leurs montures, charger leur cheval de bât, et se mettre en route. Leur prochain petit déjeuner serait certainement bien moins agréable que celui-ci...

hrp : vous pouvez continuer la conversation ou nous mettre en route... au choix !

[Soraes]

Il était plus qu'évident que Soraes avait mis Eldrina mal à l'aise. Mais cette dernière les assura de sa prudence, et si ça ne suffit pas à calmer complètement les inquiétudes de la barde, elle se promit néanmoins de faire semblant d'avoir confiance, afin de ne pas éveiller sa gêne à nouveau. Et si de prime abord elle avait jugé la présence de Bran un peu superflue, elle réalisait qu'elle se sentait soulagée de pouvoir se reposer un peu sur lui pour leur sécurité.
Aux mots d'Aïdan, la curiosité de Soraes s'éveilla :
- Le peuple libre ? Ce sont les habitants de la forêt ? questionna-t-elle.

Mais Marvin n'avait pas tort, il était temps de se mettre en route.

[missElder]

HRP: Je suis en concours de vendredi qui vient (le 25) au vendredi suivant, je ne serai donc pas disponible pendant ce temps... J'ai un peu résumé la discussion pour que nous puissions nous mettre en route sans attendre mes posts, du coup. Je reviens ensuite. Désolée !

La rôdeuse avait finalement hâte qu'ils se mettent en route. Non qu'elle s'attende à une partie de plaisir, mais cette effervescence juste avant le départ ne faisait qu'ajouter aux inquiétudes qu'ils pourraient avoir, tout autant qu'il retardait le moment de l'entrée en matière, et elle était pressée de ne plus se sentir dans cette situation d'incertitude.

Elle eut un sourire à la question de Soraes. Pour une fois que c'était elle qui avait une histoire à raconter!

- Pour le Peuple Libre, je peux t'expliquer, si tu veux... ça nous occupera le temps de se mettre en route.

Elle se sentait malgré tout un peu fébrile en commençant à s'occuper des derniers préparatifs, et se disait que cela permettrait peut-être de lui changer les idées, et, tout en s'occupant des aspects pratiques du départ, d'empêcher ses pensées de vagabonder trop. Elle fit donc à Soraes un résumé un peu maladroit de ce qu'elle savait du Peuple Libre, perdant parfois le fil de son discours, s'arrêtant de temps en temps pour vérifier ce qu'elle faisait, ou revenir à son propos. Toujours est-il qu'elle parvint à expliquer que le Peuple Libre était un groupe de personnes qui vivaient dans la forêt, en nomades, et si le terme de "peuple" était un grand mot, ils formaient en tout cas une communauté soudée qui partageait ses coutumes propres, notamment en matière d'éducation des enfants, de rapport à la liberté. Ils avaient eu des accrochages avec les habitants de Respelm, et Eldrina eut une grimace en repensant à Lucia, la mère d'Asna. Le Peuple Libre était loin du ramassis de voleurs violents qu'on pouvait croire, même s'ils veillaient farouchement à leur indépendance et ne portaient pas les villageois dans leur coeur.

- Bon, quand je les ai rencontrés, ils étaient quand même un peu... un peu agressifs. Ils n'aiment pas les ... quel mot déjà ? Gadja, gadji, quelque chose comme ça. Les étrangers. Mais bon, il y avait tous ces problèmes avec les objets maudits alors je comprends que... Enfin, ça s'est arrangé. C'est comme ça que j'ai rencontré, je ne sais pas si tu... Elle rougit. Elle avait toujours un peu de mal à s'adresser aux gens directement et à les tutoyer. Enfin, tu vois, Soraes, les deux enfants à l'auberge, Enzo et Asna? C'est de là que vient Enzo... et les parents d'Asna n'aiment pas trop ça... qu'elle fréquente un garçon du Peuple Libre. C'est un peu compliqué, leur situation... Euh, celle du Peuple Libre je veux dire. Enfin celle des enfants aussi. Enfin, on verra. Enfin je, voilà. C'est vrai que les croiser rendrait tout ça compliqué, on ne sait pas trop... ce qu'ils en penseraient, tout ça. Et puis vu qu'Enzo s'est enfui à Luménis... Oh, mais ils avaient un barde...

Elle eut un sourire un peu rêveur en repensant au barde qu'elle avait rencontré. Il était charmant. Évidemment, puisque c'était un barde, et que les bardes n'étaient pas tout à fait du même monde. Mais il était temps de revenir au moment présent, et elle se rendit compte avec horreur qu'elle avait beaucoup trop bavardé. Elle. Bavarder. Par les dieux. Elle toussota.

- Je euh je hem, je crois que je suis prête. A partir.

[Voyageuse]

Pendant qu'Eldrina exposait à la barde ce qu'elle savait sur le Peuple Libre tout en mettant la dernière main à ses bagages, Bran s'était esquivé discrètement de la pièce, les laissant seules avec Marvin qui en profita pour bourrer sa pipe de tabac et tirer quelques bouffées. Le vieux clerc, son sac fait, écoutait distraitement les explications de la rôdeuse. Il savait tout cela, sans doute, par les rapports compulsés au Temple de Lathandre de Luménis, recelant le compte rendu de la mission effectuée l'année précédente par un jeune demi-elfe du nom de Kasumi.
Il parut émerger d'un songe lorsque la rôdeuse annonça qu'elle était prête à partir, et se dressa brusquement sur son séant.
- Oui, vous avez raison, il est temps... Je pense que Bran nous a préparé nos montures...

Le paladin, en effet, les attendait au-dehors avec leurs chevaux soigneusement harnachés, en grande discussion avec Aïdan. Lorsqu'ils les rejoignirent, ils devinèrent que la conversation portait sur la forêt Maudite et les dangers qu'elle recelait, les deux hommes échangeant quelques informations et avis sur différents morts-vivants et les façons de les combattre. Le paladin, visiblement, connaissait son affaire. Le clerc en profita pour conseiller à Eldrina de passer un peu plus au sud que le sentier qu'elle avait suivi lors de son arrivée à Respelm une éternité plus tôt, pour éviter les zones du peuple d'Enzo.

Juste au moment de partir, La rôdeuse aperçut Lucia qui jaillissait de la maison voisine du temple et se précipitait vers eux, pour lui fourrer d'office un gros sac de toile dans les bras. Il contenait un quart de jambon sec, du pain frais, du fromage, du miel, et même quelques légumes frais, les premiers de la saison. De quoi agrémenter un peu leurs prochains repas.

Et c'est ainsi qu'ils se mirent en route, après encore quelques salutations, et quelques effusions de la part de Lucia qui semblait avoir du mal à laisser partir Eldrina. Face à eux se dressait la sombre masse de la forêt maudite, à moins d'un quart de lieue.

HRP : postez la suite là-bas...

[Voyageuse]

Quête : Mission

Encore une petite demi-heure de chevauchée, et il se trouva devant l'une des entrées du village. Nul n'y montait la garde, et les ruelles étaient certainement désertes à cette heure tardive. La petite place centrale où se trouvait le temple de Lathandre n'était pas loin, mais l'idée de pénétrer au sein du village angoissait quelque peu Première Neige, qui lui suggéra mentalement l'idée de se séparer : elle pouvait aller dormir en forêt. Certes, personne ne la remarquerait à une heure aussi tardive, mais il n'était pas certain qu'Aïdan, le clerc, voie d'un bon oeil la présence d'une louve dans son temple. Si toutefois il s'y trouvait...

[Kasumi]

Kasumi souhaita une bonne nuit à sa fidèle compagne et lui donna rendez-vous au lendemain : il était bien conscient de l'avoir mis mal à l'aise le midi à Peyregorde et rien ne justifiait de recommencer à présent. Il s'engagea donc avec seulement Ombrage dans le village et se souvint qu'effectivement, sa meilleure option était de frapper à la porte du temple local. Il se pouvait même que ce soit l'endroit où il avait le plus de chance d'obtenir des nouvelles de l'ancienne prêtresse de Mielikki sensée habiter à la sortie du village.

[Voyageuse]

Une voix maugréa à l'intérieur du temple, et une petite porte s'ouvrit sur le côté. Kasumi reconnut immédiatement Aïdan, avec sa barbe broussailleuse et son crâne dégarni, qui fronça un instant les sourcils, fouillant dans sa mémoire, avant de sourire.
" Je ne remettais plus votre nom, excusez-moi. Kasumi. Entrez donc ! Ah, oui, c'est vrai que vous avez une monture, aussi... Écoutez, entrez et installez-vous, je vais emmener votre cheval chez une voisine, je reviens dans une minute !"

[Kasumi]

Kasumi ne put s'empêcher de sourire, un peu surpris mais tout à fait ravi de cet accueil. Au retour du clerc, il lui fit remarquer d'un ton léger qu'il ne semblait pas même intrigué de le revoir débarquer après tout ce temps !

Toutefois, il devait bien reconnaître que cet accueil chaleureux lui faisait chaud au cœur et qu'il ne regrettait pas une minute son choix d'avoir poussé jusqu'à Respelm pour y passer la nuit.

[Voyageuse]

Le clerc sourit en entendant sa remarque.
" Je n'espérais plus votre visite depuis longtemps ! Les gens vivant dans la capitale ont trop souvent tendance à oublier le reste du continent, pourquoi feriez-vous exception après tout ? Je plaisante bien sûr... Et puis, vous aviez sûrement d'autres missions qui vous entraînaient ailleurs. Mais donc, puisque vous voici à nouveau dans la région, est-ce une nouvelle fois à la demande des autorités ? A ma connaissance, il ne se passe rien de particulier dans les environs pourtant. Certes, il y a l'activité habituelle de non-morts dans la forêt elle-même, mais rien qui change de l'ordinaire. Et puis, si ça avait été pour cette raison, ils auraient envoyé des paladins..."

[Kasumi]

Kasumi accompagna son hôte dans le temple avant de répondre d'un ton joyeux mais ne sachant pas vraiment par où commencer tant sa vie avait été animée et même bouleversée depuis son dernier passage dans le secteur :

- Croyez-le ou non mais j'ai passé l'essentiel de mon temps très loin de la capitale ces derniers mois. Je reviens d'ailleurs d'un voyage en Féérune et c'est un peu la raison de ma présence dans les environs : je cherche à trouver un ancien bosquet sacré et si cette recherche est couronnée de succès, je pense à m'installer dans la région avec ma fiancée.

Il avait bien conscience de devoir laisser un peu de temps au clerc pour digérer toutes ces informations aussi lui laissa-t-il reprendre son souffle et la parole.

[Voyageuse]

" Oh..."
Le clerc demeura silencieux quelques instants, assimilant les informations, tout en se laissant tomber sur une chaise et en invitant son invité à en faire autant.
" Vous installer dans les environs ? s'exclama-t-il finalement. Voila qui est une bonne nouvelle ! Et j'ignorais que vous aviez une fiancée... Et quel rapport avec cette histoire de bosquet sacré ? Je veux dire... Votre installation parmi nous est conditionnée à la découverte de ce bosquet ?"

[Kasumi]

Après cette journée plutôt éprouvante, Kasumi accepta avec joie l'invitation à s'asseoir tout comme celle de développer son histoire :

- Mes fiançailles sont récentes pour ne rien vous cacher. Et nous avons repéré un très joli pied à terre à quelques heures d'ici. Mais je me dois de trouver le bosquet pour l'avoir promis à un ancien sylvanien : je ne ferais pas un très bon rôdeur si je manquais à ma parole sur ce point ! Et si mes recherches sont couronnées de succès, je devrai probablement rester quelque temps non loin pour m'en occuper. Alors si ce n'est pas dans le secteur, je crois que nous serons forcé de nous installer ailleurs au moins temporairement.

[Voyageuse]

" Je comprends mieux, acquiesça le lathandrite. Et si ce n'est pas trop indiscret, puis-je savoir où se trouve le pied-à-terre que vous avez repéré ? Je sais qu'il y a quelques cabanes et bergeries dans les environs, je peux vous mettre en relation avec leur propriétaire si vous êtes intéressés... mais d'ailleurs, où se trouve donc votre fiancée ?"
Tout en parlant, il s'était levé et fouillait dans un placard à la recherche de deux verres et d'un peu d'eau-de-vie qu'il déposa sur la table.

[Kasumi]

Kasumi espérait que le clerc lui proposerait de manger un morceau pour accompagner l'alcool mais il était probable qu'il ait déjà dîné puisqu'il se levait avant l'aube... Et pendant qu'il les servait, il s'empressa une nouvelle fois de répondre à sa question :

- C'est une ancienne cabane de rôdeur près d'un hameau nommé Peyregorde : vous connaissez ? Et ma belle doit s'y reposer : le voyage l'a rudement éprouvé, j'en ai peur. Enfin, elle m'aurait certainement accompagné par bravoure si son médecin personnel ne lui avait intimé l'ordre de rester un peu allongée pour se remettre.

Il ne disait pas l'essentiel mais son air rêveur était certainement très évocateur.

[Voyageuse]

Le clerc ne saisit pas l'allusion.
" Un médecin, à Peyregorde ? Je ne vois pas vraiment... Mais si elle est souffrante, il vaut mieux qu'elle se repose en effet. Mais donc... Peyregorde, ça n'est pas tout à fait la porte à côté, c'est à une bonne journée de marche tout de même, même si je sais bien que vous allez plus vite avec votre monture. Je suppose donc qu'il y a une raison à votre visite, autre que la volonté de prendre des nouvelles ? En rapport avec cette histoire de bosquet sacré ?"

[Kasumi]

Kasumi eut un sourire énigmatique en rebondissant sur la remarque du prêtre :

- Ce n’est pas vraiment un médecin en fait mais plutôt une sage-femme…

Il leva son verre pour trinquer avec Aïdan avant de répondre à son autre question :

- Pour le reste, vous avez parfaitement raison : même si ça me fait plaisir de venir vous voir, je cherche en fait à entrer en contact avec une ancienne prêtresse de Mielikki qui aurait déménagé dans le secteur après avoir vécu des années à Peyregorde. Vous ne la connaîtriez pas, par hasard ?

[Voyageuse]

Le clerc avait souri à la mention d'une sage-femme, mais il revint aussitôt au sujet de la visite de Kasumi, après avoir trinqué et bu quelques gorgées.
" Une ancienne prêtresse de Mielikki ? Je ne vois guère que la vieille Hortense... enfin, je suppose que c'est elle. Je ne suis pas là depuis suffisamment d'années pour l'avoir connue prêtresse, mais j'ai entendu dire qu'elle l'était autrefois, en effet. Elle n'en parle jamais, cela dit, et je n'ai pas cherché à insister sur le sujet... Elle habite à une heure de marche d'ici. Vous pensez qu'elle pourrait vous aider au sujet de ce bosquet ?"

[Kasumi]

Le demi-elfe avait bu lui aussi une gorgée pour le principe mais il répugnait à trop s’alcooliser alors qu’il n’avait absolument rien dîné et s’était contenté d’un repas frugal à la mi-journée. Il hésitait tout autant à solliciter de lui-même un en-cas de la part de son hôte pour ne pas abuser de son hospitalité. Mais puisque le clerc venait de lui confirmer la présence de l’ancienne prêtresse, il préféra ne pas détourner la conversation vers ces considérations :

- C’est bien d’elle dont il s’agit oui ! Et je pense qu’elle pourrait m’économiser de longues recherches si je parviens à la convaincre de parler de cette époque douloureuse. D’après certains villageois, elle saurait où est localisé le bosquet que je cherche.

[Voyageuse]

" S'il y a un bosquet sacré dans les environs, en tant que prêtresse de Mielikki, elle le connaîssait sûrement, en effet. Les clercs de cette obédience ont certains rites périodiques associés aux bosquets sacrés, de ce que j'en sais en tout cas. C'est donc le meilleur interlocuteur que vous puissiez trouver, en effet, si elle veut bien vous y aider."
Il resservit un peu de liqueur à Kasumi, sans paraître songer un seul instant que celui-ci n'avait pas dîné.
" C'est ce dernier point qui peut s'avérer délicat. Il est très difficile pour un clerc de perdre son dieu..."

[Kasumi]

Son estomac parla pour lui en se rappelant un peu bruyamment à sa présence et le rôdeur s'excusa, un peu gêné mais en profitant pour signaler qu'il n'avait pas encore pris le temps de dîner. Il changea toutefois aussitôt de sujet pour ne pas risquer de mettre Aïdan dans l'embarras :

- Je n'ose imaginer ce que cela peut signifier pour une personne aussi proche et dévouée au service d'un dieu de le perdre... Et vous êtes donc mon meilleur interlocuteur en la matière : peut-être auriez-vous des conseils à me prodiguer sur la manière d'aborder Hortense et les bévues à ne pas commettre. Je ne voudrais ni la froisser ni me l'aliéner par maladresse.

[Voyageuse]

Le prêtre se fit songeur. Plutôt que de répondre immédiatement, il se leva et fouilla dans la pièce voisine pour en rapporter un peu de pain, de saucisson et du fromage.
" Je n'ai pas grand-chose à vous proposer, s'excusa-t-il. Mais il reste des fraises en dessert. Quant à votre question..."
Il soupira.
" Je n'ose même pas imaginer ce que c'est que de perdre son dieu. Je crois que c'est une éventualité à laquelle tout prêtre se refuse à songer un seul instant. Ça doit être un vide immense, une perte de tout ce qui faisait sens dans votre vie. Un choc bien plus grand encore que celui qu'on éprouve à la perte d'un enfant ou d'un conjoint... Mais donc, je ne sais trop que vous conseiller. Et je ne connais guère Hortense, je ne la vois pour ainsi dire jamais. Je la soupçonne de m'éviter un peu, justement parce que je suis clerc..."

[Kasumi]

Kasumi remercia le prêtre pour ce qu'il lui avait amené et l'assura que c'était déjà amplement suffisant et généreux de sa part avant d'en revenir à leur sujet principal. Le lathandrite ne lui avait pas vraiment fourni d'éléments exploitables pour éviter de commettre quelque impair et s'assurer de la collaboration d'Hortense. Mais il lui semblait tout de même important de chercher à en apprendre davantage pour éviter de se lancer totalement dans l'inconnu :

- Je n'ai pas vraiment obtenu d'éléments et j'imagine que la chose est trop personnelle pour en discuter donc vous n'êtes nullement tenu d'y répondre mais sauriez-vous ce qui a amené à cette rupture ? Juste pour savoir si elle serait susceptible de soutenir ma quête ou si elle risque au contraire de se braquer que je puisse l'entreprendre.