[Lieu] Les habitations du Quartier Ouest

[Chandara]

Mais loin de se réjouir, la paladine devint blême d'inquiétude et de compassion pour le conducteur qui allait forcément avoir bien des ennuis et pour le marchand touché par sa maladresse. Bien qu'elle aurait pu y voir un petit coup de pouce du destin ou des dieux, Chandara se sentit immanquablement responsable de l'incident. Elle sauta hors de la calèche sans un mot à Victoria qui avait encore fort à faire et tâcha d'estimer les dégâts et ceux qui pouvaient éventuellement être reparés. Sans doute aucun sinon l'amour-propre du conducteur distrait...

[Galathée]

Il y avait moyen de récupérer une partie des fruits, pour autant que l'on consente à se mettre à quatre pattes par terre. Cela dit, un tri serait nécessaire entre ceux qui n'étaient plus bons qu'à préparer des compotes et des confitures, et ceux qui pouvaient encore être consommés tels quels. La roue du chariot tiendrait bien jusqu'au temple de Waukyne, mais elle aurait besoin de réparations, tout comme l'étal du marchand. Ce dernier et le cocher étaient désormais face à face et s'invectivaient avec humeur, le premier reprochant au second sa maladresse, le second reprochant au premier d'encombrer la chaussée de sa marchandise. La garde urbaine ne tarderait sans doute pas à arriver, mais pour l'heure, il n'y avait que les badauds et les cris du reste de la suite de Victoria. Celle-ci écrivait tranquillement sur ce qui ressemblait à un morceau de son jupon.

[Chandara]

Autant pour détourner l’attention de cette dernière que par souci que l’incident dont elle se sentait en partie responsable ne s’envenime pas, l’ancienne paladine se dirigea vers les deux hommes se faisant face en espérant que sa présence suffise à les ramener à des manières plus civiles : après tout, elle ne pouvait pas risquer de tacher la robe qu’on lui avait prêté ou même de la déchirer, aussi moche soit elle : il y avait bien eu assez de dégâts comme cela pour toute une journée !

- Allons messieurs, calmez-vous ! Je suis certaine que l’on va trouver un arrangement entre personnes de bonne volonté !

[Galathée]

Les deux hommes parurent surpris de voir débarquer la jeune femme. Le cocher prit les devants.
" J'vous en prie, miss, remontez à bord. Je me charge de cette affaire, nous serons très vite repartis."
Le vendeur de fruits allait rétorquer quelque chose lorsqu'il aperçut des gamins en train de se remplir les poches d'abricots tombés sur le sol. Il se mit à vociférer et les prit aussitôt en chasse. Le cocher prit le coude de Chandara pour la ramener au véhicule.
" Profitons-en..."

[Chandara]

Chandara résista à la pression par instinct : fuir ainsi en douce aurait été indigne d'une paladine d'autant que ça ne servait pas non plus sa cause à court terme. Elle chercha donc à ramener le cocher à une attitude plus honnête :

- Voyons, nous ne pouvons pas nous esquiver comme ça sans avoir dédommagé le marchand : ce serait malhonnête !

D'un autre côté, elle ne voulait pas que l'employé ait des problèmes à cause de cette histoire mais elle ne pourrait plus se regarder en face si elle se mettait à agir comme une délinquante. Déjà que l'épisode avec les gardes du port et son audience la mettait mal à l'aise, elle ne pouvait toute de même pas laisser partir à vaux l'eau toutes ses manières et tous ses principes !

[Galathée]

Comme s'ils avaient entendu ses inquiétudes, les gardes surgirent alors. Ils étaient six, bardés de bleu, et parmi eux se trouvaient... les deux hommes qui l'avaient arrêtée peu avant sur le port, alors qu'elle venait de se jeter à l'eau. Elle réalisa cependant qu'ils ne la reconnaissaient pas.
" Qu'est-ce qui se passe ici ? Encore un accident de roulage !" s'exclama l'homme le plus gradé du groupe.
Le cocher retira son chapeau.
" C'est cet étal qui était en plein milieu du jeu de quilles !
— Votre prédécesseur l'a évité, pourtant.
— Un gosse a traversé sous mes roues !"

[Chandara]

Chandara avait baissé les yeux en reconnaissant les deux gardes : se pouvait-il qu'elle ait si peu de chance !? Mais elle devait visiblement rendre une apparence bien différente de la jeune-femme tout juste sortie de l'eau saumâtre et couverte d'algues car ils semblèrent l'ignorer. Elle s'attendait malgré tout à être reconnue à tout instant et à avoir bien du mal à défendre sa cause devant cette accumulation de coïncidences - surtout si elle prenait la parole - alors elle se garda bien d'intervenir même si elle jeta un regard noir et lourd de reproche au cocher qui essayait de s'en tirer par un mensonge éhonté.

[Galathée]

" Bon, et il est où, le marchand ?
— Il s'est enfui ! La preuve qu'il était dans son tort !
— Mouais. Y'a quand même quelque chose de pas net dans votre histoire. La chaussée est rudement large. Vous avez l'autorisation de l'emprunter, bien sûr, je suppose ?
— Mais j'ai une future mariée dans mon carrosse ! On nous attend au Temple de Waukyne !
— Bah, elle ira bien à pied."

[Chandara]

Il fallait sans doute gagner encore un peu de temps et la dorrandine sentait que la discussion allait tourner court. Elle se décida alors à intervenir, son estime pour le cocher ayant nettement diminué en raison de ses mensonges envers les autorités. Elle répliqua donc avec aplomb :

- Je suis certaine que le marchand ne va pas tarder à revenir : il s'est lancé à la poursuite de quelques gamins qui s'en sont pris à son stock.

La jeune-femme désigna la direction que le commerçant avait prise en espérant que les deux gardes qu'elle connaissait déjà n'allait pas l'identifier à la voix.

[Galathée]

L'un d'entre eux se retourna pourtant, la mine un peu chiffonnée, comme s'il percevait quelque chose d'étrange. Le cocher lança un regard noir à Chandara. Le chef des gardes parut désemparé. Le marchand n'avait pas reparu. Les badauds se pressaient, désormais, curieux, autour d'eux. Puis la foule s'écarta et la matrone qui avait recruté Chandara surgit brusquement.
" Qu'est-ce qui se passe ! Nous sommes tous coincés ! On ne peut pas dégager la voie et bouger ?!"
Le garde se tourna vers elle.
" Il y a eu un accident, Madame.
— Rien à fiche de votre accident !"
Elle dévisagea Chandara avec stupéfaction.
" Qu'est-ce que vous faites là, vous ?!"

[Chandara]

Chandara préféra se détourner du garde pour faire face à la matrone : elle n'était pas vraiment du genre à s'effacer devant une mégère en furie - ce qui l'avait souvent desservie mais on ne se refaisait pas - mais elle adopta tout de même un ton calme pour ne pas risquer d'envenimer une situation qui devenait plus chaotique et confuse à chaque instant :

- J'étais avec la damoiselle Victoria : c'est notre chariot qui a été accidenté comme vous pouvez le voir !

Cette dernière devait enfin en avoir fini de sa rédaction. En tous cas, Chandara espérait que l'arrivée de la matrone ne l'interromprait pas.

[Galathée]

La matrone leva les yeux au ciel.
" Remontez à bord, ce n'est pas la place d'une jeune fille. Vous allez crotter votre robe, dans tous ces fruits et toute cette boue ! Les hommes peuvent bien s'arranger entre eux !"
A bord du carrosse, Victoria lui fit un petit signe. Elle avait manifestement terminé son travail et paraissait contempler la scène avec un certain amusement.

[Chandara]

Puisqu'elle n'avait plus rien à gagner à rester au milieu des gardes qui risquaient de la reconnaître et de lui faire du tort, la jeune-femme obéit docilement à l'injonction de la matrone et vint reprendre sa place aux côtés de Victoria en lui décochant un sourire complice au passage. Elle arrangea alors du mieux qu'elle pouvait les plis de sa robe avant d'arborer une mine aussi naturelle qu'elle pouvait.

[Galathée]

" C'était risqué mais nous avons eu de la chance, commenta Victoria en lui passant un morceau de tissu blanc. Si le chariot s'était renversé, je n'ose pas imaginer dans quel état nous serions."
Elle lui sourit.
" Vous êtes une adepte des solutions drastiques. J'ai de la chance que vous ne m'ayez pas enlevée pour me ramener chez Colin."

[Chandara]

Visiblement Victoria pensait qu'elle avait fait exprès de provoquer l'accident ce qui ne manqua pas de l'horrifier. Elle se défendit donc d'un ton passionné :

- Jamais je n'aurais voulu provoquer un tel chaos voyons : par ma faute, votre cocher ava avoir des problèmes et j'en suis vraiment désolée ! Nous avons eu de la chance qu'il n'y ait pas eu de blessés au moins...

Elle marqua une pause légère, le temps de se prendre conscience de ce que Victoria venait de dire :

- Et je ne vous aurais jamais enlevée contre votre gré ! Mon but est de promouvoir l'amour et c'est le genre de choses qui ne se provoque pas de force. Je voulais discuter avec vous, voir si vous subissiez vraiment ce mariage contre vos sentiments. Si ça avait été le cas, je vous aurais aidé à vous échapper mais je ne vous aurais jamais enlevée !

Son ton était passionné et elle ne se souciait plus vraiment de discrétion quand elle était dans cet état.

[Galathée]

" Vous m'en voyez rassurée." dit Victoria avec le sourire.
Subitement, la matrone se hissa dans leur carrosse, de mauvaise humeur.
" Victoria, ma chère, vous allez devoir changer de carrosse... Quant à vous... Ce pauvre Boris me dit que vous avez voulu lui faire conversation ! Alors qu'il conduisait dans une rue aussi encombrée ! Vous avez perdu la tête, ma fille ? C'est le parfum des fleurs ?"

[Chandara]

Chandara avait rendu son sourire à Victoria : après tout, la jeune-femme était une personne agréable sous bien des angles et elle s'était faisait fort de l'aider à trouver le bonheur. Mais la matrone vint à nouveau mettre son encombrant grain de sel et elle dut revenir à l'incident présent. L'un dans l'autre, elle était rassurée de pouvoir assumer une bonne part de la responsabilité et que le dénommé Boris s'en tire avec le minimum d'ennuis : elle n'avait jamais voulu que son intervention dans la vie sentimentale de Colin provoque de telles catastrophes : au temps pour la subtilité prônée par Sire Séverin et les autres Sunites !

- Oui, je suis désolée : on me dit souvent que je suis une pipelette invétérée. Mais je ne pensais pas à mal : j'espère que Boris n'aura pas d'ennuis par ma faute !

[Galathée]

" Lui, non, mais vous, par contre... Je ne veux pas d'une telle catastrophe ambulante au mariage ! Les dieux savent de quoi vous serez capable dans un temple rempli de gens de bonne famille ! J'aurais dû me douter que Beshaba vous avait mis sur ma route, sous vos atours... agréables. Boris va vous raccompagner au domaine, où vous lui rendrez la robe. Et ne lui causez pas d'ennuis !"
Victoria parut surprise.
" Mais... il va manquer quelqu'un dans la suite !
— L'adage dit qu'il vaut mieux ne pas être accompagné qu'être mal accompagné ! Ne discutez pas et descendez toutes les deux de ce carrosse ! Il n'ira de toute façon plus nulle part !"

[Chandara]

Mais pour qui se prenait donc cette mégère ? Chandara ne lui répondit rien mais le regard qu’elle lui jeta – l’espace d’un instant – aurait sans doute suffi à faire fondre un glacier. Cela dit, elle avait obtenu ce qu’elle était venue chercher et elle ne voulait pas gâcher davantage la journée de la mariée.

Elle n’avait plus besoin de jouer la comédie aussi elle se tourna donc vers cette dernière - fière et altière – et son expression passant instantanément du reproche au sourire :

- Je suis heureuse d’avoir pu faire votre connaissance, Victoria. Même dans ces circonstances. Et je vous souhaite tout le bonheur possible dans votre mariage.

[Galathée]

" Merci. Pour tout." dit la jeune femme avec un petit clin d'oeil.
La matrone dévisagea Chandara avec une grimace peu amène, tandis que Victoria gagnait les quelques marches qui lui permettraient de descendre. Quelques secondes plus tard, le cocher amenait l'équipage de chevaux.
" Vous savez monter ? demanda-t-il à Chandara. En amazone, bien sûr."

[Chandara]

Chandara se sentait rassérénée suite aux quelques mots échangés avec Victoria : savoir qu'elle avait pu lui être utile - même de façon très minime - était un baume au cœur. Cela l'aidait à entrevoir un peu plus sereinement son prochain entretien : la réaction de Colin serait - à n'en pas douter - extrêmement désespérée quoique Victoria ait pu écrire à son intention.

Elle comptait d'ailleurs faire preuve d'indiscrétion en lisant le message dès qu'il serait possible : après tout elle devrait le découvrir de toute façon alors autant s'y préparer dans le but d'aider au mieux le jeune marin. Elle avait même l'intention d'aller consulter ses amis Sunites sur ce qu'il convenait de faire à partir de là : elle appréhendait un peu leur réaction à eux aussi - avait-elle fait le nécessaire avec Victoria ? - mais elle se devait d'obtenir leurs conseils pour le bien de Colin !

Toute à ses pensées, elle se rendit compte un peu tardivement que le cocher lui avait adressé la parole. Elle répondit d'un ton distrait :

- Oui, je sais bien monter ne vous inquiétez pas !

Bon, sa robe mal coupée était un sérieux handicap et elle ne l'aurait pas risquée si elle avait été de meilleur goût mais elle pensait pouvoir la rendre sans l'abîmer : il n'aurait plus manqué qu'elle se crée de nouveaux ennuis en la matière !

[Galathée]

Le cocher dut finalement la porter pour la mettre en selle, ce qu'il fit en poussant moult soupirs excédés. Mais c'était la seule manière de la percher sur le cheval sans déchirer la précieuse robe fuchsia. Ils prirent ensuite le petit trot vers la case départ, se frayant un passage plus difficile dans la foule. Les regards se posèrent cette fois sur Chandara avec incrédulité ou franche hilarité : il faut dire qu'elle avait fière allure, rose pétant, sur sa monture d'apparat. Dès qu'ils furent rendus, le cocher sauta de selle et abandonna la jeune femme à elle-même dans la cour presque désertée. Des marmitons couraient en tous sens, mais sans lui prêter la moindre attention : tout devait être en ordre pour le retour de la noce.

[Chandara]

Attirer l'œil de la foule aurait pu être agréable mais Chandara s'était sentie parfaitement ridicule en portant cette robe de mauvais goût et sur un cheval qui n'était pas adapté à la monte. C'est donc avec un soulagement certain qu'elle arriva au domaine portuaire et descendit de son perchoir inconfortable. Désireuse de ne pas s'attarder outre mesure, elle laissa sa monture au soin du premier marmiton venu avant de se diriger vers l'intérieur avec l'intention de regagner la salle d'eau où elle s'était changée. Il fallait qu'elle récupère les vêtements frustes de Colin, laisse la robe bien en évidence puis quitte le domaine, sa prochaine destination déjà en tête.

[Galathée]

La maison était un vrai dédale et Chandara fut bientôt alpaguée par un serviteur de rang qui s'étonna de la voir crapahuter en solitaire dans les couloirs. Il ne poussa pas le vice jusqu'à lui demander pourquoi elle devait se changer, sans doute craignait-il qu'elle appartienne à quelque famille aisée de la ville, et la conduisit finalement jusqu'à la pièce en question.
Même si la robe avait été franchement laide, le tissu était plus agréable à porter que la toile rêche des frusques de Colin, et Chandara retrouva celle-ci avec quelques désagréments. Quand le serviteur la vit ressortir, il écarquilla des yeux de surprise — il ne s'était manifestement pas attendu à ça — et la convoya jusqu'à l'extérieur le plus vite possible. Elle se retrouva manu militari dans la rue, avec très peu de chance d'obtenir un nouveau laissez-passer pour les méandres du domaine.

[Chandara]

Chandara s’était sentie à la fois vexée et honteuse – un mélange dangereux pour son humeur – lorsqu’elle s’était vue reconduite à la rue sans égards. Elle n’avait pas l’intention de retourner de sitôt au domaine et se rassura en songeant que la situation ne l’exigerait pas – au moins immédiatement – mais elle n’avait pas plus envie de se montrer en public dans cette tenue plus longtemps que nécessaire.

Plutôt que de retourner chez Colin et de lui apprendre la mauvaise nouvelle, elle se précipita donc vers les beaux quartiers avec l’intention de rejoindre au plus vite la commanderie mais en évitant autant que possible les larges avenues où on la verrait. Il lui fallait prévenir Arthur de ses intentions, lire le mot laissé par Victoria à l’intention du pêcheur, consulter les Sunites sur ce qu’il convenait de faire puis retrouver enfin Colin… Mais en tout premier lieu, elle avait l’intention de se changer encore une nouvelle fois d’où son choix de destination !

[Galathée]

Il lui fallut quelques minutes pour se retrouver dans les rues populeuses du quartier du port, mais le domaine du père de Victoria jouxtait les beaux quartiers, aussi retrouva-t-elle rapidement les rues arborées et les grandes villas. Elle était trop au sud, cependant, et emprunta plusieurs rues d'un pas alerte avant d'apercevoir le dôme du temple de Lathandre derrière les toitures chargées des vastes demeures qui jalonnaient son parcours.
Il lui suffit de le garder en ligne de mire et elle déboucha sur la rue qui bordait le sanctuaire et, un peu plus loin, la commanderie...

[Galathée]

Quête : Un autre appel

Quittant le Temple de Sunie et les beaux quartiers, Chandara progressa donc vers les quais et l'endroit où vivait Colin. Malheureusement, elle réalisa rapidement que sa tenue estivale attirait de nombreux regards et que, marchant seule, elle invitait les badauds aux commentaires et sifflements. D'autant que le coin où résidait le jeune homme était loin d'être le plus huppé du quartier. Elle perçut les regards, entendit quelques remarques salaces, mais pour l'heure, personne ne semblait avoir décidé de la suivre ou de lui mettre la main aux fesses... Peut-être était-ce un effet de la chaleur, qui rendait tout un chacun un peu moins énergique...

[Chandara]

HRP : j'ai édité le lapsus de mon post précédent.

La jeune-femme ne se sentait pas parfaitement en sécurité dans ce quartier mais elle ne s'inquiétait pas non plus outre mesure. Si elle ne faisait rien de particulier pour attirer le regard, un peu d'admiration ne l'offusquait certainement pas. Tant que les mains baladeuses restaient à l'écart cependant : elle n'avait pas oublié l'épisode du temple de Waukyne et elle était prête à dissuader ceux qui se montreraient par trop déplacés ou entreprenant mais elle préférait tout de même ne pas en arriver là si cela pouvait être évité. Elle se hâtait donc vers la maison de Colin sans perdre de temps à répondre ou même à jeter plus d'un regard aux hommes un peu trop désœuvrés du quartier.

[Galathée]

Il lui fallut un certain temps pour retrouver la maison du jeune homme : toutes les masures se ressemblaient, dans ce quartier, et toutes exposaient leurs filets pestilentiels aux quatre vents. Heureusement, elle garda la faveur de Tymora et personne ne l'aborda, bien que les regards et les quolibets continuent à fleurir sur ses pas. En fait, même les femmes avaient l'air de voir son passage d'un mauvais oeil. Il faut dire que personne dans le coin n'aurait pu se payer pareils vêtements et que la paladine dénotait donc sensiblement sur l'environnement. Comme il n'y avait pas non plus de boutiques, sans doute s'interrogeait-on sur les raisons de sa présence...
Comme elle tournait un rien en rond, il lui fallut interroger une vieille qui balayait son seuil et l'ancêtre, d'un air à la fois interdit et égrillard, lui désigna la maison où elle pourrait retrouver Colin. Effectivement, Chandara reconnut sa façade décrépite et fut frapper. Personne ne l'invita à entrer mais la porte était ouverte, et elle entendait qu'on s'affairait à l'étage.

[Chandara]

Chandara sentait que son choix vestimentaire était une nouvelle fois parfaitement en décalage avec le lieu où elle avait projeté de se rendre et elle se sentit un peu idiote. D'un autre côté, amener un peu de bon goût dans ce quartier triste et fade n'était pas une si mauvaise chose. Elle se montra polie avec la vieille dame qui l'avait guidée même si ce qu'elle pensait était évident : elle devait songer qu'à l'instar de Victoria, elle était une nouvelle bourgeoise venue s'encanailler avec la jeunesse locale.

En tout état de cause, c'est avec un certain soulagement qu'elle s'engagea dans l'abri tout relatif de la maison de Colin, à nouveau toute à sa mission difficile. On s'affairait en haut et ce pouvait aussi bien être la grand-mère que le jeune-homme mais elle grimpa néanmoins sans hésiter : échanger quelques mots avec l'aïeule ne pourrait - au pire - pas faire grand mal après tout !