[Commerce] Les Songes de la Dryade

[Chandara]

Chandara l'écouta avec une grande attention, surprise d'apprendre qu'il existait de telles lignees de fractures sur Helonna et désireuse d'en savoir plus sur la ville et la région où elle allait passer les prochains mois sinon bien plus. Et bien que Llewellyn ait affirmé ne pas se soucier de ces questions, elle se risqua tout de même à demander :

- J'imagine que la guerre menée en Dorrandin n'a pas vraiment assaini la situation. Mais j'imagine que ça signifie qu'il n'y a pas de guerre ouverte en votre ville et Luménis ? D'après ce que j'en ai entendu, j'ai l'impression que le général Maelwedd ne s'y serait pas risqué. Mais je peux me tromper bien sûr...

[Galathée]

Llewellyn haussa les épaules.
" Comme je vous l'ai dit, je ne m'intéresse pas à ces questions... et je n'en ai d'ailleurs pas le droit. Et sûrement pas d'en parler avec une ressortissante d'une autre nation, encore. Mais il n'y a pas de guerre ouverte, non. Pour le reste, je ne sais pas qui prévoit quoi, et c'est très bien comme ça."

[Chandara]

Chandara ne chercha pas à insister : d’une part, elle ne voulait pas mettre son interlocuteur mal à l’aise et d’autre part il commençait à se faire tard pour ce genre de discussions sérieuses.

- C’est sûr qu’il vaut mieux laisser ces questions aux dirigeants : il y a déjà tellement à faire avec nos propres prérogatives ! Et je dois vous trouver bien assommante pour quelqu’un qui veut se vouer à Sunie !

[Galathée]

" Non, en fait, à la réflexion, vous correspondez assez bien à l'image que je me fais d'une future paladine de Sunie."
Mais il n'en dit pas davantage.
" Et toi, Max, tu ne vas rien dire ?
— Moi je ne suis pas du tout aussi extravagant que toi."
Il sourit d'un air blasé.
" Je suis juste étudiant à l'université de la magie. Luménien. Rien de sulfureux."

[Chandara]

Chandara était restée un peu dubitative de la remarque de l’Ithillien mais elle lui était gré de relancer un peu la conversation et surtout d’impliquer le troisième larron qui était effectivement resté bien silencieux jusque-là. Elle se tourna vers lui avec un sourire d’encouragement :

- De ce que m’en a dit mon frère, ce genre de profession est parfois sulfureuse : au sens propre ! Je suis certaine que vous avez quelques anecdotes à nous conter.

[Galathée]

Il eut une grimace, puis un haussement d'épaules.
" Rien de très spectaculaire. La magie est parfois capricieuse. Les choses explosent, ou prennent une forme imprévue... Ce genre de choses. Je suis étudiant en troisième cycle... Mes erreurs de jeunesse sont depuis longtemps remisées au placard des souvenirs. Mes travaux actuels sont très propres, très contrôlés... et je le crains, peu passionnants pour le commun des mortels. Je travaille sur les sorts d'invocation et en particulier ceux qui génèrent... de la brume."

[Chandara]

Chandara manifesta tout de même son intérêt pour la question et répondit avec entrain :

- A quel usage avez-vous l’intention d’employer vos sortilèges ? C’est vrai que la brume est un bon camouflage mais je crois que ce n’est pas du tout une tactique qu’approuverait mes compagnons Sunites. Se cacher est presque un tabou si j’ai bien compris.

[Galathée]

" Je n'ai pas l'intention de les utiliser. Je travaille dessus. Ce n'est pas la même chose, dit le jeune homme avec un sourire. Je ne suis pas... une sorte de mage de bataille... L'application pratique de mes recherches, ce n'est vraiment pas mon souci. Je cherche à comprendre, à perfectionner, à développer... pour d'autres, je suppose. Mais là encore, ce n'est pas le fond. Le fond, c'est le savoir...
— D'où notre association accidentelle." ajouta Llewellyn en souriant.

[Chandara]

Chandara avait beau être avant tout une femme d’action, elle pouvait comprendre cette aspiration au savoir et à la connaissance. Après tout, on ne pouvait pas passer par Cojum et ne pas en garder un certain goût pour ces aspects… Elle réagit toutefois avec sa spontanéité coutumière :

- Vous vous êtes bien trouvé : vous avez l’air complices tous les deux ! Et c’est une bonne chose de mon point de vue.

[Galathée]

Les deux hommes se dévisagèrent.
" Complices de petit déjeuner dans une pension pleines de vieux barbons...
— Tu oublies les dames du premier."
Ils levèrent les yeux au ciel de concert.
" Nous nous sommes rencontrés il y a huit jours.
— Neuf depuis quelques minutes, si tu veux mon avis."

[Chandara]

Elle ne s’était pas rendu compte qu’il était si tard mais il fallait bien reconnaître que c’était tout à fait possible : l’agréable compagnie, la conversation et l’alcool aidant, elle avait un peu perdu le fil du temps qui passait. Mais elle devait se lever relativement tôt le lendemain et elle tenait à être en forme aussi était-il plus raisonnable de prendre congé :

- L’ambiance a vraiment l’air excellente ici en tous cas ! Mais je crois qu’il est temps pour moi de me coucher…

HRP : j’aimerais bien placer un petit élément après le réveil de Chandara si tu en es d’accord.

[Galathée]

HRP : pas de soucis : je la mets dans sa chambre, et tu gères endormissement, nuit et réveil, dans ce cas

Les deux hommes la saluèrent : ils ne semblaient, de leur côté, pas pressés d'aller dormir. Elle put donc gagner le premier étage — les marches de bois craquaient légèrement — et gagner la Chambre des Roses qui lui avait été attribuée plus tôt. Elle retrouva le charmant décor, le lit confortable et tout l'espace qui lui était dévolu. L'auberge était silencieuse : on n'entendait aucun des voisins, pas plus que la salle commune.

[Chandara]

Chandara se mit aussitôt au lit - des idées plein la tête pour le lendemain – mais tout de même assez fatiguée pour trouver rapidement le sommeil. D’autant plus aisément que la literie était extrêmement confortable et la couette moelleuse et douillette.

***

La démarche lui avait tout d’abord semblé bien étrange. Chandara s’était d’ailleurs sentie un peu ridicule de solliciter Amaranthe à son réveil pour obtenir de l’eau fraîche et du savon. Mais elle avait trouvé la chambre des roses déjà équipée d’une psyché et d’un petit bassin pour les ablutions et était respectueuse de ce genre de traditions. Par-dessus tout, elle tenait à accomplir cet acte en y mettant les formes. Elle sentait qu’il était temps pour elle de franchir un premier pallier et de montrer son attachement et son dévouement à la déesse qu’elle avait choisi de prier. Plusieurs jours plus tôt, elle était tombée sur un passage décrivant ce petit rituel à la Grande Bibliothèque et l’avait lu plusieurs fois. Tout d’abord avec une certaine incrédulité puis pour en retenir tous les détails.

Elle vérifia que tout était en place puis verrouilla la porte de sa chambre en un geste guidé par la pudeur mais aussi et surtout par la volonté de ne pas être interrompue. Elle entrouvrit alors les volets pour laisser entrer la lumière matinale et se plaça devant la psyché positionnée pour recueillir les premiers rayons matinaux.

Elle se concentra ensuite sur le reflet qu’elle renvoyait tout en se dévêtant complètement. Si elle se sentit à nouveau un peu mal à l’aise de s’observer ainsi sous toutes les coutures, la démarche lui parut très vite revêtir une signification plus mystique : la Dame exigeait de ses fidèles qu’ils prennent soin d’eux-mêmes, qu’ils soient fier de ce qu’ils étaient et de leur apparence qui reflétait la profondeur de leur âme.

Chandara se surprit à sourire et à prendre plaisir à se découvrir elle-même. Elle sentait qu’elle n’avait pas à rougir de son apparence, bien au contraire. Certes, l’utilisation de son marteau avait laissé certains stigmates sur sa silhouette mais cela faisait partie de son vécu, de sa trajectoire et elle savait que son corps s’affinerait pour s’adapter à son nouveau style de combat. Elle passa un long moment debout devant le miroir en s’amusant à prendre différentes expressions avant d’avancer pour tremper ses pieds dans le petit bassin d’eau claire.

Puis, procédant avec application à ses ablutions, elle adressa de ferventes prières à Sunie, louant sa beauté, le plaisir qu’elle avait à observer les beautés qui parsemaient le monde, la joie qu’elle ressentait de l’accueil qui lui était fait à chaque fois qu’elle se rendait au temple, le plaisir qu’elle éprouvait à s’entraîner avec les paladins de l’Ordre de la Rose Rubis et – par-dessus tout – elle remercia la déesse de lui avoir permis de découvrir l’amour, ce sentiment qui illuminait sa vie depuis quelque temps et lui donnait de délicieux vertiges dont elle n’aurait jamais soupçonné l’existence.

Evoquant dans son esprit les souvenirs récents de sa matinée à la plage avec Arthur et de ce qu’elle avait ressenti en l’admirant en douce, elle sentit qu’elle perdait un peu pied, qu’elle était déconcentrée et qu’elle avait oublié les mots qu’elle venait tout juste de prononcer. Elle ferma alors les yeux un instant - juste le temps de prendre une profonde inspiration. En les rouvrant, il lui sembla que le reflet du miroir avait subtilement changé. Loin de repousser cette impression fugitive ou d’essayer de la comprendre, elle la laissa prendre corps en se concentrant sur ce qui avait attiré son attention.

C’est alors que, sous ses yeux ébahis, elle s’observa dans le miroir mais non plus dans la chambre qu’elle louait à l’auberge. Elle se voyait désormais assise au milieu de plusieurs statues magnifiques de femmes aussi nues qu’elle en cet instant, s’exposant dans le plus simple appareil avec une expression de défi mêlée de fierté dans le regard. Mettre des mots sur ce qu’elle ressentit alors était bien difficile et elle ne chercha pas vraiment à le faire. Entre sa surprise totale et le profond sentiment de bien-être qui l’envahit, son visage s’illumina aussitôt et elle se trouva bien plus belle qu’elle ne s’était jamais vue…

La vision s’effaça aussi vite qu’elle était apparue et pourtant… Et pourtant restaient de délicieuses sensations qui la transfiguraient de l’intérieur. Elle se sentit habitée d’une énergie et d’une détermination qu’elle n’avait plus ressenties depuis des années. Euphorique et totalement incrédule, elle peina à réaliser que la Dame avait daigné poser un regard sur elle. Qu’elle l’avait jugé digne d’accomplir une tâche. Que la déesse la mettait à l’épreuve et qu’elle avait envie de ne pas la décevoir. Qu’elle avait besoin de se montrer digne de l’amour de Sunie...

***

C'est forte de cet élan et donc rayonnante qu'elle sortir de sa chambre pour se rendre au rez-de-chaussée et partager le petit-déjeuner - chaudement recommandé par Amaranthe - avec les autres locataires de l'établissement.

[Galathée]

Quand Chandara arriva dans la salle commune, tous les convives étaient installés à la longue table qui jouxtait le comptoir. Il s'y trouvait les deux vieux monsieurs, tous pimpants, dévorant du gruau avec enthousiasme, deux jeunes femmes, une blonde, une brune, qui mangeaient du pain, et le mage, Maxence, l'air passablement fatigué. De l'Oghman, nulle trace. Amaranthe voletait de l'un à l'autre, vérifiant que chacun avait ce qu'il lui fallait. Elle lui décocha un large sourire en l'apercevant, et lui désigna sa place, entre un des vieux et le magicien. Une autre place était encore intacte, signe que Llewellyn devait toujours dormir.
" Vous êtes resplendissante : la nuit vous a bien servie ! s'exclama l'aubergiste. Que puis-je vous proposer ? Plutôt pain, plutôt gruau ? Je peux aussi vous faire une omelette... Il y a des fruits, mais ça ne vous soutiendra pas la journée."

[Chandara]

Chandara salua avec un grand enthousiasme tous les convives qu’elle avait eu l’occasion de rencontrer la veille puis se présenta aux deux femmes avec force sourire avant de gagner la place que lui avait réservé Amaranthe. Elle se sentait décidément sur un petit nuage et la remarque de l’aubergiste lui fit comprendre que cela se voyait. Qu’importait, elle en était plutôt fière et c’est donc avec entrain qu’elle répondit à sa question :

- J’ai vraiment passé une très bonne nuit ! Et pour ce qui est du petit déjeuner, ces charmants messieurs m’ont vivement conseillé de gouter à vos gelées. Avec quelques fruits peut-être…

[Galathée]

Chandara fut ainsi servie de pain et de gelée, et Amaranthe la laissa choisir parmi les pêches, abricots et melons disposés sur la table. Les deux vieillards la cuisinèrent sur son opinion concernant les mûres, les myrtilles et les cerises. Maxence prit congé le premier et quitta l'auberge. Léda et Danaé, qui étaient deux soeurs négociantes en alcools fins, étaient sur le point de quitter Luménis, aussi passèrent-elles un certain temps avec Amaranthe pour régler les détails de leur départ. Enfin, Chandara demeura à table avec les deux vieillards.

[Chandara]

Chandara avait répondu fort diplomatiquement qu’elle aimait les deux gelées et que, quelque part, on appréciait plus l’une et l’autre en les mangeant en même temps plutôt qu’en faisant un choix. Et après s’être bien régalé d’un petit déjeuner qui avait décidément répondu à toutes ses attentes, elle prit congé des deux vieillards et de la tenancière. Elle ressentait plus que jamais le besoin de se rendre au temple de Sunie : pour y suivre l’entraînement des paladins d’abord mais aussi et surtout pour annoncer à Soren la décision qu’elle avait prise.

[Galathée]

Quête : Un autre appel

Quittant larue déserte, Chandara regagna donc la chaleur accueillante de la petite salle commune de l'auberge. Il y brûlait une petite flambée, et les deux vieux monsieurs qu'elle avait rencontrés la veille jouaient aux cartes dans un coin. La tenancière vint immédiatement à sa rencontre, tous sourires, mais un peu inquiète aussi.
" Chandara ! Comment allez-vous, ma chérie ?"

[Chandara]

Arthur était parti et elle en prenait pleinement conscience en cet instant. Elle n'avait plus à se retenir pour faire bonne figure pour faciliter le départ de son compagnon et l'encourager. La sollicitude et la bienveillance d'Amaranthe brisa en un battement de cœur le carcan de ses émotions qu'elle avait si péniblement bâti pour se protéger de cette séparation. Elle sentit alors une vague de tristesse la frapper durement et effacer son sourire de circonstance. Elle ressentit un vertige et ses lèvres tremblèrent au moment de répondre :

- Je... Je crois que j'aurais besoin d'une infusion.

Pâle succédané. C'est bien d'Arthur à ses côtés dont elle avait besoin. De la chaleur de son sourire. De la douceur de ses mots. De la tendresse de ses gestes. Et elle en serait privée pendant des mois !

[Galathée]

Amaranthe la guida jusqu'à une petite table près de la fenêtre, loin des deux vieillards qui lui avaient pourtant lancé des invitations.
" Pauvre petite. Votre galant est parti, je vois. C'est le lot des marins et des soldats, je le crains."
Elle lui tapota la main.
" Je reviens avec votre infusion."
Et elle s'esquiva vers sa cuisine, gourmandant la paire de barbons au passage.

[Chandara]

Amaranthe était vraiment fine psychologue et avait tout de suite compris la cause de son trouble sans chercher à l'assommer de questions qui n'auraient fait que remuer son chagrin. Au lieu de cela, elle lui offrait ce dont elle avait le plus besoin : le calme et serein réconfort d'une boisson chaude, d'une attitude amicale et d'un peu de compassion. Décidément, elle avait beaucoup à apprendre au contact de la tenancière. Car savoir réconforter les peines de cœur allait bientôt faire partie de sa vocation. La jeune-femme murmura un merci dans son dos qui pour être un peu faible et misérable, n'en était pas moins profondément sincère.

[Galathée]

La tenancière revint peu après et déposa une tasse devant la jeune femme. A l'odeur, Chandara devina qu'elle y avait versé un doigt d'alcool. Amaranthe avait aussi disposé des biscuits fourrés sur une petite assiette et elle lui lança un regard plein de commisération.
" Allons, buvez ça. Si vous avez besoin de compagnie, les garçons ne tarderont plus à rentrer : ils sont allés voir un spectacle à l'Amphithéâtre et je pense qu'au grand dam de Llewellyn, Maxence a des travaux pratiques demain. Sinon, je peux vous préparer un bain chaud, si vous préférez être un peu toute seule..."

[Chandara]

L'attention était tout à fait touchante et Chandara ne manqua pas de remercier une nouvelle fois Amaranthe en piochant l'un des biscuits sur l'assiette. Et même si l'infusion la tentait aussi, elle préférait attendre qu'elle ait un peu refroidi avant de la boire. Quant à rester seule, très peu pour elle :

- C'est gentil pour le bain mais je préfère attendre ici : même si j'irai sans doute me coucher un peu plus tôt qu'hier.

Elle avait déjà repris un peu de couleur, sensible à l'accueil chaleureux qui lui était accordé. En revanche, elle redoutait un peu le moment de retourner dans l'intimité de sa chambre : sa nuit ne serait sans doute pas très sereine. Et comme pour mieux repousser ce moment, elle se tourna vers la table où jouaient Mingus et Galeran et leur demanda d'un ton un peu plus ragaillardi :

- A quoi jouez-vous ?

[Galathée]

Ils se tournèrent.
" A une version absolument incompréhensible de la Frivole.
— A la version officielle !
— Officielle dans ton bledouille !
— Scandale !"
Amaranthe s'approcha, poings sur les hanches.
" Allons, messieurs."

[Chandara]

Chandara souffla un peu sur son infusion pour la refroidir et y avaler une gorgée puis elle se leva, bien décidée à ne pas rester dans son coin à se morfondre. Elle devait bien reconnaître que les deux vieillards étaient amusants et converser autour d'un jeu était exactement ce qu'il lui fallait pour ne pas trop s'appesantir sur le départ d'Arthur :

- Je ne connais pas ce jeu mais je suis certaine que vous êtes tous deux d'excellents professeurs ! Que diriez-vous de m'apprendre à jouer ? Si vous n'avez rien contre une novice bien sûr !

[Galathée]

" Venez donc vous installer, mon chou, dit le premier en tapotant le siège à côté de lui.
— Ah non ! Venez chez moi, Chandara, il n'y connait rien, lui..."
La porte s'ouvrit sur les deux plus jeunes hommes dans leurs manteaux. Ils bavardaient, manifestement de la pièce qu'ils venaient de voir, mais s'interrompirent en entrant.
" On joue ! s'exclama Llewellyn en s'approchant. Le scandale ! Personne ne m'a invité !
— Tu triches comme un Ithilien, fripouille !
— Tricher comme un Ithilien ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
— Ça veut dire que tu es fourbe et que tu frappes l'adversaire dans le dos !"
Le jeune homme croisa les bras, puis sourit.
" C'est vrai. Je joue comme ça. Je peux venir quand même ?"

[Chandara]

Chandara ne voulait frustrer ou privilégier aucun des deux vieillards aussi s'était-elle sagement installé entre eux deux, sur un des côtés non occupés de la table. Une fois installée, elle accueillit les nouveaux venus avec un sourire avenant et prit sur elle de répondre à Llewellyn :

- Bien sûr que vous pouvez vous joindre à nous ! Mais vous devez savoir que je ne sais pas jouer et que ces deux gentilshommes se proposaient de m'apprendre.

Elle adressa un clin d'œil amusé aux deux principaux intéressés comme pour mieux s'assurer qu'ils ne refuseraient pas l'entrée en lice des autres joueurs.

[Galathée]

" On joue à quoi ?" demanda Llewellyn en s'installant d'autorité.
Mingus et Galeran grommelèrent pour le principe, mais ne s'y opposèrent pas. Maxence, de son côté, leur souhaita la bonne nuit et ne se laissa pas convaincre de rester : il avait effectivement des travaux pratiques le lendemain.
Les cartes furent distribuées et les deux vieillards commencèrent à se disputer le droit d'expliquer les règles à Chandara, si bien que ce fut finalement l'Oghman qui s'en chargea, arguant qu'ainsi, aucun des deux ne remportait la joute. La Frivole était un jeu simple, rapide, et la paladine n'eut aucun mal à en saisir les ficelles.

[Chandara]

Chandara se concentra sur l'énoncé des règles avant de se laisser très rapidement absorber par leurs parties répétées. Elle se souciait peu de gagner car l'essentiel était bien ailleurs : faire un peu mieux connaissance tout en s'amusant ! Ceci étant dit, elle était toujours ravie de pouvoir briller au moins de temps à autre aussi jouait-elle tout de même avec application, guettant les occasions de surprendre ses adversaires dans la bonne humeur.

[Galathée]

Ils jouèrent joyeusement pendant une bonne heure. La Frivole était un jeu qui laissait la part belle au hasard, aussi gagnèrent-ils et perdirent-ils presque tous autant. Comme annoncé, Llewellyn trichait allègrement, mais de manière peu discrète, s'attirant les foudres des vieillards, scandalisés qu'un chantre de la Vérité puisse se montrer aussi retors.
Amaranthe vint finalement interrompre leur partie, alors que Mingus commençait à pencher dangereusement et que Galeran avait manifestement du mal à garder les yeux ouverts.