[Lieu] Rohan

[Arthur de Faisanlys]

Ce qu'il lui fallait, c'étaient des couvertures... pour autant que les flammes aient encore la taille d'être étouffées. Il faisait froid dans la Trouée, et même si les chevaux natifs de la contrée étaient relativement résistants, il devait bien y avoir moyen de trouver de quoi les protéger quelque part dans la sellerie. S'il n'y avait rien, ma foi... Arthur n'était pas complètement certain de savoir ce qu'il ferait. Ménager une ouverture de fortune dans le mur voisin n'était sans doute pas complètement réaliste...

[Elzen]

Sans plus prêter attention aux diablotins, Arthur entreprit donc de fouiller à la recherche de couvertures ; et il en trouva effectivement un nombre suffisant. Lorsqu'il se retourna, cependant, il ne put que constater que ce n'était plus la peine de tenter quoi que ce soit : l'épaisse barrière de flammes avait purement et simplement disparu. De même, d'ailleurs, que les trois créatures – y compris celle qu'ils avaient assommé.
Les lieux affichaient toujours clairement les traces de leur passage, entre cassures et brûlures ; mais elles n'étaient tout simplement plus là. Ne restait à l'intérieur que le lad qui, semblant ne rien avoir encore remarqué, était fort occupé à calmer les chevaux ; et à l'extérieur, une chaîne de gens portant bassines et marmites pleines d'eau qui l'observaient, stupéfaits.

[Arthur de Faisanlys]

Comme pour ajouter à l'incongruité de la scène, Arthur ferma alors les yeux quelques secondes. C'était sa technique — imparfaite mais nécessaire le concernant — pour imprimer durablement l'apparence des petites créatures dans sa mémoire. Forme des cornes, de la queue, silhouette, couleur, il fallait qu'il parvienne à en conserver un maximum d'informations s'il voulait avoir une chance de les identifier. C'était dommage pour celui qu'il avait assommé, mais dans le même temps, c'étaient manifestement des êtres dotés de magie, et c'était quelque chose qu'il ne pouvait pas maîtriser. L'écurie était toujours debout, les chevaux indemnes, ce n'était pas rien. Enfin... La première chose à faire était sans doute, à présent, de vérifier que la structure du bâtiment était saine. Ensuite, il pourrait s'inquiéter de la source de cette petite crise.

[Elzen]

L'écurie avait souffert, mais, moyennant quelques réparations, elle tiendrait le coup. On s'y attela.
Les chevaux, pour leur part, n'avaient effectivement pas trop souffert, et ne tardèrent pas à être calmés.

Quelqu'un demanda des précisions sur ce qui s'était passé à l'intérieur. Le lad fit une description de ce qu'il avait vu dans laquelle transparaissait une certaine admiration pour le calme et l'assurance du jeune paladin : au yeux du môme, il passait assurément pour un héros.
« Diablotin », ou autres vocables apparentés à ce type d'extérieurs, était ce qui semblait venir à l'esprit de tous pour désigner les créatures qu'ils avaient vu – qui, non, ne semblaient pas être une espèce locale de rats. Les habitants de Rohan n'étaient pas plus habitués que lui à ce genre de visites ; mais quelqu'un évoqua la possible présence d'un spécialiste du sujet dans une autre auberge de la ville.

En supplément des réparations, il fallait remettre de l'ordre. Plusieurs paires de bras furent mobilisées à cet ordre. On proposa d'instaurer un tour de garde pour s'assurer que les créatures ne reviendraient pas dans la nuit. Il y eût quelques volontaires. Les gens du lieu ne manquaient pas d'une certaine efficacité.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur, bien sûr, se proposa pour aider. La surveillance et les réparations n'étaient pas sa spécialité, mais il n'était pas non plus incapable de donner un coup de main là où c'était nécessaire, et tant que la délégation de Lunaros ne pointait pas son nez, il n'avait rien de mieux à faire. Aussi proposa-t-il ses services à l'aubergiste, soucieux de servir à l'endroit où on l'estimerait le plus efficace.

[Elzen]

On lui répondit qu'il avait déjà fait beaucoup – sans pour autant refuser son aide. On lui affecta donc un tour de garde, lui laissant le soin de choisir ce qui lui convenait le mieux.

La nuit fut calme, sans nouvel incident. Était-ce grâce à la vigilance des veilleurs ou bien les créatures n'avaient-elles pas eu l'intention de revenir ? Cela, il était difficile de l'affirmer avec certitude.
Au matin, la garde vint constater l'incident. On le pira de rester à disposition le temps d'examiner les lieux – sur lesquels les réparations avançaient. Manifestement, les soldats locaux tombaient des nues, n'ayant eux-mêmes aucune expérience du genre de créatures qui était survenu la veille. Arthur put les observer de loin pendant qu'ils examinaient les lieux, puis interrogeaient le lad, mais il les devinait aisément désarmés devant un tel incident.

Au bout d'un moment, son tour vint ; et on le pria de détailler ce qu'il avait fait et observé, de manière aussi précise que possible – sans doute plus par habitude que par réelle conviction que ce serait utile.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur s'exécuta. Comme il avait pris le temps de bien mémoriser l'apparence des créatures, il tâche de leur restituer au mieux ce qu'il avait pu observer, tout en regrettant de ne pas être doué en dessin. Il était bien conscient du malaise des gardes, mais ne voyait pas bien comment les aider. Il se souvint néanmoins de cet expert dont quelqu'un avait parlé, résidant dans une taverne de la ville, et tenta de les aiguiller dans cette direction... Tout en veillant à ne pas les vexer. Il savait que la plupart des gens ne supportent pas qu'un inconnu leur apprenne à faire leur travail...

[Elzen]

HRP : à moins que les murs des templiers ne laissent passer le wi-fi, ceci est mon dernier message d'ici à dimanche soir ou lundi.

L'information sembla nouvelle pour les soldats, qui la prirent en considération avec intérêt, et demandèrent des précisions. Hélas !, le paladin ne savait que ce qu'il avait entendu la veille, au détour d'une conversation, et n'était même plus sûr de qui exactement avait évoqué cela. On lui répondit toutefois que cette piste serait creusée – s'il y avait réellement, quelque part en ville, quelqu'un qui était susceptible d'y voir plus clair qu'eux, cela serait vraisemblablement très utile.

« En échange » de sa participation, Arthur reçut quelques bribes d'informations sur les deux événements précédents. Rien de tellement plus précis que ce que la rumeur avait déjà amené jusqu'à lui, mais, pour autant qu'on en savait jusque là, ce pouvait être le fait des mêmes créatures. La facilité avec laquelle elles avaient disparu la veille au soir, du moins, les désignait comme fort probablement capables de s'être introduit en deux autres lieux sans effractions visibles, et ce qu'elles avaient fait dans l'écurie les montrait fort enclines à saccager tout pour le plaisir.
D'un certain côté, sa présence semblait assez appréciée des soldats : pour des gens d'arme, un paladin luménien était sans doute perçu comme une personne de valeur et de confiance – chose toujours intéressante au milieu d'une enquête qui s'avérait très déroutante.

[Arthur de Faisanlys]

Arrivé à la commanderie sur le tard, après des années à s'esquinter les yeux dans l'étude d'un avocat pour faire plaisir à sa mère, Arthur avait fait partie de ces jeunes hommes qu'on avait adoubés rapidement après la dictature morféenne, pour renflouer les rangs d'un ordre dévasté. Il n'avait donc été novice que quelques mois et l'urgence de la guerre civile n'avait pas permis qu'il se forme à autre chose qu'aux armes. Une fois le calme revenu à Luménis, il avait rattrapé un peu d'instruction religieuse, avait perfectionné ses aptitudes en selle, mais s'il s'était promis d'étudier "le reste", il ne l'avait jamais vraiment fait... Une guerre en Dorrandin plus tard, il était obligé de reconnaître que ses connaissances en créatures infernales étaient bien loin d'égaler celles qu'il avait sur le traité commercial Evendum - Luménis ou même les règlements de voirie dans le quartier du gouvernement. Mais il avait pris l'habitude de ne détromper personne : il était paladin, il devait veiller à la réputation de l'ordre. Aussi, à la faveur d'un moment d'oisiveté, décida-t-il de se mettre en quête d'une bibliothèque... peut-être dans le temple de Lathandre local... Il n'était pas certain que les gens de Rohan soient très versés dans les lettres, ce n'était assurément pas leur genre, mais dans le même temps... Il ne voulait pas être pris en défaut.

[Elzen]

Le temple de Lathandre fut donc sa première destination. Hélas !, s'il disposait bien d'une bibliothèque, celle-ci ne semblait pas particulièrement fournie en ce qui concernait le sujet qui l'intéressait. Arthur put trouver quelques informations utiles sur des représentants plus imposants des plans extérieurs, mais sur de petites créatures comme celles qu'il avait vu, peu de choses.

La prêtresse de service, qui s'était montrée discrète en le guidant jusqu'à la bibliothèque du temple, ne posant pas de questions sur l'objet de ses recherches, revint quelques temps après.

« Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ? »

[Arthur de Faisanlys]

Dans ce genre de circonstances, Arthur avait toujours tendance à répondre de manière à se montrer le moins dérangeant possible, soucieux de ne pas accaparer les gens avec ses petits soucis sans importance. Mais il était chez lui, quelque part, dans un temple de Lathandre, et de surcroît, il ne pouvait pas mentir.
" Pas complètement. Mais peut-être que vous pouvez me renseigner... Je cherche un livre sur les extérieurs... mais plutôt les petits formats..."

[Elzen]

La prêtresse parut réfléchir un instant.

« Malheureusement, je crains que les seuls livres portant sur les extérieurs qui ne soient pas dans cette bibliothèque soient des livres d'apprentissage, qui ne vous seront sans doute pas d'une grande utilité. Ce type de créature n'a pas figuré au titre de nos préoccupations premières depuis un certain temps… »

Réponse qui paraissait loin de la satisfaire.

« Mais si vous avez des questions particulières à ce sujet, maître Alurtil pourra sans doute vous renseigner, s'il n'a pas encore quitté la ville. »

[Arthur de Faisanlys]

Maître Alurtil était sans doute le spécialiste dont il avait entendu parler.
" Je ne sais pas si c'est vraiment nécessaire, en fait. C'était plus de la curiosité..."
Il eut un sourire embarrassé.
" Je me dis que... je devrais m'y connaître, simplement. Mais ça ne va pas au-delà."

[Elzen]

« Le mal existe hélas sous trop de formes pour pouvoir les connaître toutes ; mais, Lathandre soit loué, nous pouvons toujours trouver ce dont nous avons besoin au moment où nous devons y faire face. »

La prêtresse l'observait, semblant chercher à évaluer ce dont il avait réellement besoin.

« Si vous le désirez, je peux aller chercher ce qui s'y rapporte parmi nos livres d'apprentissage. Mais vous ne trouverez sans doute pas davantage d'informations que vous n'en avez eu au sein de l'Ordre… »

[Arthur de Faisanlys]

" Hum. Je dois avouer que... lire ce que vous avez... même si c'est très basique... Ce serait déjà quelque chose, je suppose."
Sauf que c'était complètement ridicule. Que ferait-il d'un paragraphe, ou même de quelques pages, sur les diablotins ? Il n'était pas chasseur de monstres, il était paladin. Ce n'était pas complètement la même chose. Et il y avait un expert quelque part, dans la taverne voisine, peut-être. Il ne pouvait pas traîner dans ce temple. Si les paladins de Lunaros arrivaient en son absence...
" Mais je ne veux pas vous déranger..."

[Elzen]

« Un fidèle ne dérange jamais dans le temple de Lathandre, voyons. Et un Paladin encore moins. »

L'attitude de la prêtresse confirmait ses paroles : Arthur était ici chez lui, et tous elle lui montrait l'estime qu'on accorde aux gens partageant la même foi.

« Je vais aller chercher l'un de ces livres. Si vous voulez bien m'attendre… »

Elle s'absenta en effet un moment ; mais ne tarda guère à revenir, en portant dans les mains ce qui ressemblait fort à un manuel d'apprentissage destiné aux cadets, listant sans doute les informations les plus utiles concernant les créatures qu'ils pourraient être amenés à affronter au cours de leur carrière de serviteurs de l'Aube.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur n'avait pas bougé d'un millimètre, demeurant au coeur du sanctuaire de son dieu, tranquille dans la lumière douce. Lorsque la prêtresse revint, il la salua d'un sourire embarrassé.
" Puis-je vous l'emprunter ? Je comprendrais que vous préféreriez que je le lise ici mais... je suis censé attendre des pairs de mon ordre à l'auberge et... s'ils arrivaient en mon absence, mes supérieurs seraient probablement plutôt mécontents... Enfin... Si vous ne voulez pas, je peux rester, c'est pas ça..."

[Elzen]

« Il n'y a aucun problème. Vous le rapporterez quand vous aurez terminé. »

La prêtresse lui tendit le livre – il y avait, de toute façon, bien peu de chances qu'un Paladin, lathandrite qui plus est, commette une indélicatesse.

À moins qu'il n'ait quelque chose à rajouter, ou davantage de questions à poser, Arthur pouvait désormais repartir à l'auberge.

[Arthur de Faisanlys]

Ce qu'il fit.
Il n'était pas beau parleur mais, même s'il n'y prenait que peu de plaisir, il lisait assez rapidement. Aussi, si le groupe de Lunaros n'était pas arrivé en ville, avait-il l'intention de s'installer un moment dans la salle commune de l'auberge pour parcourir le livre de la prêtresse. Ensuite, si le temps le permettait, il faudrait qu'il sorte Phénix pour lui dérouiller les jarrets.

[Elzen]

Le groupe de Lunaros n'était pas arrivé, et le paladin put s'installer tranquillement pour lire.

Le livre ne donnait malheureusement pas de détails très fouillé ; mais il était destiné à apprendre aux novices à identifier les créatures du mal qu'ils pourraient avoir à affronter, et comportait tout de même quelques informations utiles. La description qu'il trouva concernant les diablotins lui évoquait assez fortement les créatures qu'il avait vu la veille. Le livre mentionnait que mettre en fuite ces créatures était souvent plus simple que de les combattre ; mais qu'elles pouvaient néanmoins s'avérer dangereuses, du fait d'une certaine aptitude à se métamorphoser ou à devenir invisible.

Il arrivait au terme de la description lorsqu'un homme – client ou personnel de l'auberge, qui avait participé à l'extinction des flammes – vint le trouver.

« Messire ? »

Il avait l'air essoufflé, et quelque peu inquiet.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur posa son livre et accueillit le nouveau venu d'un sourire qu'il espérait engageant.
" Heu... Oui ? Je peux vous aider d'une manière ou d'une autre ?"
Disant cela, il désigna le banc en face de lui. Le pauvre hère semblait avoir besoin de se poser quelque part.

[Elzen]

L'homme se laissa tomber sur le siège et s'efforça de reprendre son souffle.

« Il y a un autre incendie. Les soldats sont sur place, mais pas moyen d'éteindre les flammes. »

[Arthur de Faisanlys]

Arthur, lui, se leva.
" Un incendie ? où ça ?"
C'était un réflexe plus qu'autre chose : lutter contre le feu, c'était loin d'être sa spécialité. Il y avait des gens dont c'était le métier... et puis certains mages (ou druides ou prêtres, il n'était pas très sûr) savaient invoquer de l'eau. Mais bon, les diablotins étaient des extérieurs mauvais, et ça, c'était supposé être son créneau, alors... Il ne pouvait pas rester assis à bouquiner, de toute façon.

[Elzen]

Son interlocuteur reprenait tant bien que mal son souffle. Il lui indiqua tant bien que mal l'emplacement du nouvel incendie. C'était, plus ou moins, à l'autre bout de la ville – signe que les créatures de la veille, si elles étaient de nouveau responsables, avaient décidé d'aller jouer ailleurs : c'était la première fois qu'un incident se produisait hors de ce quartier.

« On a fait demander… ce type, l'expert… mais il a quitté son auberge il y a quelques heures. Parti par la route d'Eredhùn, apparemment… Il était à pieds, donc on devrait pouvoir le rattraper rapidement avec un cheval. »

Trouver un cheval ne serait sans doute pas une difficulté majeure dans cette ville ; mais prévenir un paladin, qui plus est qui avait déjà mis en fuite ces créatures, semblait avoir été une priorité. Arthur pouvait maintenant proposer d'enfourcher lui-même Phénix pour partir à la recherche de cet expert, ou préférer se rendre sur place pour apporter son aide à lutter contre l'incendie. Difficile de déterminer dans laquelle de ces deux tâches il serait le plus utile…

[Arthur de Faisanlys]

Il était meilleur à cheval, c'était indéniable, mais il n'avait aucune idée de l'allure qu'avait ce fameux expert.
" Vous avez une idée d'à quoi il ressemble, cet homme ? De son nom ? Je veux bien vous le rattraper, mais si je dois arrêter tous les voyageurs qui quittent Rohan... La ville aura déjà eu le temps de brûler trois fois."

[Elzen]

L'homme paru soulagé par la réaction du paladin. Il dût toutefois réfléchir quelque peu pour répondre à la question.

« Je crois que son nom, c'est Alurtil, ou un truc du genre. C'est un nain. Quant à vous donner plus de détails… pour moi, tous les nains se ressemblent. Enfin, si : quand on est à côté de lui, ça fait… une impression étrange. Un peu comme avec vous. Mais pas tout à fait. »

Une tentative maladroite, sans doute, de parler de l'aura d'un paladin.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur n'essaya pas de comprendre ce que l'homme tentait d'insinuer. Ce serait une perte de temps, vu les circonstances.
" Bon, j'y vais." dit-il simplement.
Il gratifia le messager d'une tape maladroite sur l'épaule puis fila à l'extérieur, avec l'intention d'enfourcher Phénix au plus vite (à cru, par exemple, il avait une excellente assiette) et de partir à la poursuite du nain Alurtil. D'autres auraient pu s'étonner qu'un nain soit spécialiste en créatures extérieures, mais Arthur n'avait aucun préjugé de ce genre. La seule espèce dont il se méfiait était la gente féminine.

[Elzen]

Il entendit l'homme remercier pendant qu'il se dirigeait vers l'écurie. Le lad venait finir de s'occuper de Phénix, et salua le paladin au moment où celui-ci enfourcha sa monture.

Arthur put alors mener son destrier jusqu'à la porte nord, puis s'élancer sur la route menant à Eredhùn. À première vue, le nain avait prit quelque peu d'avance. Il n'y avait cependant guère de risques de le confondre avec qui que ce soit d'autre : la route était assez peu fréquentée à cette heure ; et durant les premières minutes de sa chevauchée hors de la ville, il ne croisa que des paysans qui n'avaient sans doute qu'à peine entendu parler des extérieurs.

[Arthur de Faisanlys]

Il ne se découragea pas pour autant et laissa son jeune destrier filer sur la route, profiter du soleil, de l'air frais, après tous ces jours entre les quatre murs de l'écurie. L'animal avait aussi fait l'expérience terrifiante d'un début d'incendie, il devait brûler —*mauvais jeu de mot — de se dérouiller les jambes en toute liberté, dans un environnement qu'il avait peut-être connu poulain. Les meilleurs chevaux de l'île étaient issus de la Trouée et les paladins de l'Aster ne se fournissaient pas n'importe où...
Tout en galopant à la poursuite du nain mystérieux, Arthur songea un instant à Filu, son vieux destrier rouan, que Chandara avait ramené de Dorrandin quelques mois plus tôt... Une pensée mena à une autre, puis à une troisième, il se sentit ému, embarrassé, troublé, rougit, oublia pourquoi il cavalait dans la campagne, et finit par s'arrêter pour reprendre ses esprits une seconde. A ce rythme-là, il allait manquer son objectif. Il reprit donc sa route, moins vive, plus concentrée, ne songeant plus alors qu'à une seule chose : les diablotins, l'expert de taille réduite, et Lathandre, bien sûr, toujours Lathandre.

[Elzen]

À la vitesse à laquelle il allait malgré cette courte halte, Phénix était bien plus rapide qu'un nain n'utilisant que ses pieds. Aussi, quelle que soit l'avance prise par celui qu'il cherchait, Arthur était assuré que la poursuite ne durerait pas éternellement.

Et, de fait, il ne tarda guère à remarquer ce qui pouvait, au premier abord, passer pour une statue de nain posée au bord de la route. Vêtu d'une armure, une masse d'arme pendant à son côté, il tournait le dos à la route, tenant ce qui semblait être une sorte de hallebarde pointée vers les fourrés alentours. Et il ne bougeait pas d'un pouce, comme s'il guettait quelque chose, indifférent à l'arrivée du cavalier.
En l'approchant, Arthur perçut, comme on le lui avait à peu près indiqué, une aura qui semblait très proche de celle d'un paladin. « Mais pas tout à fait », en effet : s'il était assurément un combattant sacré au service du bien, le nain qu'il venait de rattraper n'avait vraisemblablement pas suivi la même voie que lui.