[Lieu] La Vallée Fertile

[Galathée]

" Et si c'est un peu des deux ? demanda Dothiel.
— Les religieuses ne vous seront d'aucune aide, grommela Elwyn. Elles ne valent pas mieux que ceux qui nous pourchassent. Elles n'accepteront jamais que vous soustrayez des promises de Chauntéa à sa garde.
— Qu'elles soient sympathiques ou diaboliques, elles vont nous faire perdre beaucoup de temps." dit Braen.

[Taliesin]

-Nous les préviendrons simplement qu'il vaudrait mieux pour elles ne pas rester sur notre passage. Si elles obtempèrent, nous aurons évité une effusion de sang inutile. Si elles sont fanatisées au point de vouloir se sacrifier, et bien... tant pis. De toute façon, si elles sont au courant de ce qui se pratique dans ce bâtiment et si elles pensent réellement qu'une divinité bonne comme Chauntéa peut cautionner pareils agissements, elles sont un peu perdues pour la cause.

[Galathée]

" Que savez-vous de ce qui se passe dans ce bâtiment ?" gronda la princesse sans le regarder.
Dothiel haussa les épaules et poussa la porte.
Ils furent tout de suite éblouis par de nombreuses torches : comme l'avait annoncé l'elfe, il y avait un attroupement devant le bâtiment.
Et comme elle l'avait craint, s'il était composé, en grande partie, de femmes en chemise de nuit, il y avait aussi deux hommes avec elles, qui firent aussitôt volte face.

[Taliesin]

-Vous deux, plus un geste où vous êtes morts ! lança-t-il aux hommes.
Sans doute ses compagnons, Braen surtout, avec son arbalète, seraient-ils capables de les abattre au moindre geste suspect.
-Et vous, mesdames, écartez-vous : nous ne vous voulons aucun mal mais nous ne vous laisserons pas nous barrer la route, reprit-il d'un ton à peine plus doux.
Si cette tentative pour éviter le pire échouait... Tant pis, il faudrait recourir à la force pour passer.

[Galathée]

Les deux hommes ne se laissèrent pas intimider et marchèrent aussitôt vers les elfes. Dans le groupe des femmes, une quarantaine au bas mot, la stupéfaction régnait sur le visage, une stupéfaction aussitôt remplacée par l'effroi.
" Sacrilège ! s'éleva une première voix.
— Sacrilège ! s'exclama une seconde.
— La malédiction de la déesse est sur nous !"
Il était impossible pour les cinq elfes de se tenir dans l'embrasure de la porte tous ensemble, et Dothiel et Taliesin étaient devant, bouchant le passage à Caenlin et Braen. De toute façon, atteindre les deux prêtres sans toucher les femmes qui se trouvaient autour aurait demandé une adresse spectaculaire doublée d'une chance tout aussi remarquable.

[Taliesin]

Il devait sortir, pour laisser de la place à ses compagnons.
Il devait sortir et... sans emmener Cordélia avec lui : il fallait qu'il garde les mains libres pour pouvoir se battre ou incanter, le cas échéant.
Il faudrait donc revenir la chercher avant la grande évasion... Cela ne lui plaisait pas mais, au moins, à l'intérieur, elle serait en relative sécurité.
-Le sacrilège, ce n'est pas notre présence ici, dit-il d'une voix forte tout en faisant un pas en avant avec l'intention de se décaler ensuite sur la droite. Le sacrilège, c'est l'incarcération dans ce bâtiment de la princesse Elwyn, venue dans la vallée pour commémorer les traités entre votre peuple et le sien et qu'on a enlevée après avoir massacré sa garde. Le sacrilège, c'est aussi l'incarcération de mon amie Cordélia, victime d'un rapt dans les bois de l'ouest. Croyez-vous réellement que la bienveillante Chauntéea cautionne les enlèvements, les séquestrations, les meurtres ?
Il n'espérait pas vraiment les convaincre : il voulait juste focaliser l'attention sur lui et laisser un peu de temps à ses alliés pour se déployer.

[Galathée]

Effectivement, personne ne l'écoutait : les femmes répétaient à l'envi que leur présence était sacrilège, tandis que les deux hommes hésitaient sur la marche à suivre, manifestement conscients que la présence d'un public fourni leur offrait une certaine protection. Taliesin bougea vers l'avant, permettant à Braen de sortir. Mais il ne fit pas feu pour autant. Difficile de savoir ce qu'un geste malheureux provoquerait : la foule, même désarmée, pouvait aisément les submerger. De surcroît, il était apparu un détail qui, jusque là, leur avait échappé : un bon nombre des prêtresses étaient enceintes, et parmi elles, certaines n'avaient pas douze ans. Bref, difficile, même pour le coeur le plus aguerri, de se résoudre au carnage.

[Taliesin]

Ce qui se passait ici était encore pire que ce qu'il avait imaginé. Tout comme le niveau d'embrigadement de ce qu'il fallait bien nommer des captives...
Mais il devait absolument faire quelque chose, et vite, sous peine que tout soit perdu.
Conscient qu'un combat serait par trop risqué - pour eux comme pour les malheureuses qui les environnaient -, Taliesin se fendit d'une ultime tentative pour éviter le bain de sang : il incanta aussi rapidement et discrètement que possible.

Taliesin --> Manipulation des sons --> Taliesin

Enfin, il recommença à parler. Sa voix, cependant, avait radicalement changé : elle était tonitruante, assourdissante, terrible et... féminine.
-Sacrilège, oui ! Sacrilège que cette abbaye qui se prétend mienne ! Sacrilège que ces faux prêtres qui bafouent mon nom ! Sacrilège, vous aussi, qui vous soumettez à leur joug impie ! Mais cela ne durera plus : mon courroux va s'abattre et ces elfes, mes envoyés, en seront l'instrument !

[Galathée]

L'intervention de Taliesin sema le trouble dans le groupe de femmes, dont les cris se firent moins véhéments. Cependant, l'un des deux hommes, le plus âgé, renchérit aussitôt.
" Imposture ! Sortilège ! La Mère ne s'adresserait jamais à nous au travers d'elfes, créatures qui rejettent son enseignement sacré !"
Sa voix n'était pas aussi forte que celle de Taliesin mais celui-ci avait fait le silence en intervenant, aussi le prêtre fut-il entendu de tous. La plupart des femmes acquiescèrent à ses paroles.

[Taliesin]

Sa réponse ne se fit pas attendre.
-Silence, blasphémateur ! Plus jamais tu ne me souilleras en me donnant le nom de mère, toi qui ne m'a jamais servie ! Plus jamais tu ne profaneras mon enseignement, toi qui ne l'a jamais suivi ! Je te maudis, comme je maudis tes comparses ! Bientôt, ton corps ne sera plus que poussière, et jamais ton âme ne sera admise en mon jardin ! Quant à vous...
Il se tourna vers les prêtresses.
-Jusqu'ici, victimes vous étiez. Mais si plus longtemps vous soutenez ces blasphémateurs, alors complices vous serez ! Libérez-vous dans l'instant de leur joug et vous aurez droit au pardon. Restez-leur soumises et vous subirez également ma malédiction. Vous étiez esclaves : à présent vous êtes libres ! Choisissez votre destin et assumez-en les conséquences !

[Galathée]

HRP : N'oublie pas que tes interlocuteurs peuvent t'interrompre...

" Il ment ! s'exclama aussitôt le prêtre. C'est un sortilège elfique ! Il prétend être la Mère mais il ne l'est pas ! Jamais Chauntéa ne s'incarnerait dans un mâle, un elfe de surcroît ! "
Les femmes étaient de plus en plus troublées. Certaines étaient d'ailleurs en train de quitter le rassemblement, pour une destination impossible à déterminer. Quelques unes pleuraient. D'autres conservaient un masque d'effroi ou de fureur.
" Profitons de la confusion, souffla Braen dans son dos. Tu ne les convaincras pas comme ça, c'est trop leur demander."

[Taliesin]

HRP : Je ne l'oublie pas Mais si à l'écrit, la tirade paraît longue, c'est bien plus court à l'oral !

Ne pouvant répondre à cause du sortilège, il fit signe à Braen et aux autres de se mettre en mouvement. Lui-même allait continuer un moment la diversion, en espérant que ses compagnons penseraient à emmener Cordélia.
-Plutôt m'incarner dans un elfe que dans des monstres tels que toi et tes acolytes ! Qu'en des êtres méprisables coupables de duperie, d'enlèvement, de meurtre, de viol, d'asservissement !
Il s'avança en direction du clerc et en profita pour incanter rapidement.

Taliesin --> Splendeur de l'aigle --> Taliesin

Déjà, il reprenait.
-En permettant à la princesse de retourner auprès des siens, j'évite que n'éclate une guerre, j'évite que ne soit massacré jusqu'au dernier habitant de la vallée. Car je refuse que des innocents pâtissent de vos crimes sans nom. De ces crimes, c'est vous qui répondrez. Vous seuls.

[Galathée]

HRP : de là à faire une incantation complète sans être interrompu, tu tentes le fiélon En plus c'est déjà la deuxième ! Je suis un trop gentil MJ

Les hommes avaient profité de l'incantation du barde pour se carapater parmi les femmes. Celles d'entre elles qui étaient encore là paraissaient toujours désorientées. Taliesin avait beau parler avec une voix de femme et être magnifique, il proférait de telles absurdités qu'il devait paraître tout juste éventuellement convaincant. D'autant qu'il était effectivement elfe et de sexe masculin, deux traits peu liés au culte chauntéen. Mais les elfes en avaient profité pour quitter le couvert du bâtiment, emportant Cordélia et Lucie, et filer entre deux maisons voisines. Tous, sauf la princesse, bien sûr, qui était partie droit dans la foule des prêtresses rassemblées.

[Taliesin]

HRP : Je veille à ne lancer que des sorts demandant une action simple, soit moins d'un round

Dieux, comment pouvait-on être à ce point entêté ?
A bien des égards, la princesse ne valait guère mieux que les "prêtresses" totalement décérébrées par leur asservissement. Mais ce n'était guère étonnant, au fond, vu son humeur suicidaire... Quoi qu'il en soit, hors de question de la laisser agir comme une imbécile : des centaines de vies en dépendaient. Il se lança donc à sa suite, bien décidé à la rattraper et à l'assomer au besoin.

[Galathée]

Elwyn était rapide et décidée, se faufilant entre les femmes sans ralentir, et Taliesin dut hâter le pas pour espérer la rattraper. Mais sur son passage, certaines femmes tombèrent à genoux et bientôt des mains s'accrochèrent à ses vêtements. D'autres s'écartèrent, prises de peur ou revêtant des expressions de dégoût. La princesse jeta un oeil derrière son épaule et un sourire narquois se dessina sur ses lèvres. Le barde était en train d'être pris à son propre piège...

[Taliesin]

Le barde sentit la fureur monter en lui : comment cette femme pouvait-elle à ce point stupide ?
-Je vous félicite, Elwyn, lui lança-t-il, acerbe, de sa voix terrible. À cause de votre égoïsme et de votre aveuglement, ce qu'ont enclenché les profanateurs de l'abbaye se produira : d'abord, les gens de la vallée seront massacrés par votre peuple. Puis, lorsque cela se saura, ce sont les vôtres qui tomberont. Vous ne valez pas mieux que vos ravisseurs. Je vous souhaite donc de retrouver Aegon vivant : ainsi verrez-vous, sur son visage, le poids de vos agissements.
Il doutait que cette ultime tentative porte ces fruits. Mais au moins aurait-il essayé : si cela ne fonctionnait pas, il abandonnerait la princesse à son propre sort. Elle ne méritait pas qu'il risque sa vie pour elle.

[Galathée]

Comme il l'avait craint, elle n'obtempéra en rien. Elle avait déjà pris une saine avance lorsqu'elle se retourna pour lui adresser un petit signe de la main et disparut au coin d'une grange. Taliesin, désormais, était encerclé par une dizaine de prêtresses qui tentaient de le toucher et réclamaient sa bénédiction. Les autres s'étaient dispersées ou continuaient de l'invectiver. Plus loin, quelque chose rougeoyait... Peut-être un début d'incendie dans la zone de l'entrepôt...

[Taliesin]

Il eut une pensée pour les malheureuses qui y demeuraient enfermées : elles auraient sans doute bien plus mérité d'être sauvées que cette irrécupérable cruche de princesse. Mallheureusement, il ne pouvait rien pour elles et s'il n'y prenait pas garde, il ne pourrait bientôt plus rien pour lui-même.
Il reporta donc son attention sur les femmes qui l'environnaient et, lorsqu'il s'adressa à elle, sa voix, toujours aussi puissante, recelait une profonde bienveillance, une touchante douceur.
-Mes enfants, l'heure est grave : un grand péril menace cette abbaye, que j'espère ramener dans mon giron, et cette vallée, où je compte nombre de fidèles. Pour éviter que cette terre souillée par les profanateurs ne soit détrempée de sang, j'ai besoin que mon instrument quitte ces lieux. Aidez-le et je ne vous oublierai point, car vous vous serez montrées dignes de la bonté que j'enseigne à mes fidèles.

[Galathée]

Les femmes parurent désorientées à nouveau.
" Sortir ? Mais il n'y a pas de sortie, dit l'une d'entre elles.
— Nous faisons fructifier la vie ici, et rien qu'ici. Pour la Vallée.
— Restez avec nous, Mère, même si vous avez choisi... cet étrange vaisseau."

[Taliesin]

Si la stupidité crasse d'Elwyn aboutissait à sa capture et donc à son trépas, ce qui semblait de plus en plus probable, il n'était pas impossible qu'il supplie les faux Chauntéens de lui accorder un infime sursis, juste le temps qu'il la tue de ses propres mains...
-Je le regrette mais je ne puis m'attarder ici : bien des fidèles ont besoin de moi, en ce monde et en d'autres. Pour autant, je ne vous abandonnerai pas : mon vaisseau poursuivra la tâche que je lui ai assignée. Du moins, il le fera s'il parvient à quitter ces murs. Sans cela... Les profanateurs continueront leurs méfaits et vous tueront sans doute, pour que vous ne puissiez témoigner de leurs crimes. Puis la mort s'abattra, ici, dans la vallée, dans les forêts alentours...

[Galathée]

Parmi les femmes, certaines se mirent à pleurer, d'autres tombèrent à genoux pour supplier l'apparition, mais aucune ne lui suggéra de solution. Il n'y avait pas de sortie, pas de moyen de quitter les lieux, ou en tout cas, s'il existait, elles ne le connaissaient pas. D'autres prêtresses vinrent relever et entraîner les plus désespérées des suivantes de Taliesin. Il se récolta au passage plus d'un regard noir.
" Alors, créature impie, as-tu terminé de répandre ton fiel ? Si tu étais vraiment habité par la déesse, tu n'aurais pas besoin de quémander ta route à des malheureuses." l'apostropha alors l'une des femmes les plus âgées.

[Taliesin]

Il la foudroya du regard.
-Si tu savais ne serait-ce qu'une once de vérité à mon sujet, il y a longtemps que tu aurais compris que ce qui se passe ici est en totale contradiction avec mon dogme. Comment pourrait-il en être autrement, puisqu'il s'agit d'actes contre-nature ?
Il secoua la tête.
-Mais qu'importe : hors de ma route, complice des blasphémateurs. Continue donc à cautionner leurs agissements tant que tu le peux encore : l'heure du jugement viendra et, alors, tu comprendras ton erreur. Mais... il sera trop tard.
Sur ce, faisant mine de ne plus regarder personne mais demeurant malgré tout sur ses gardes, il entreprit de se diriger vers la porte de la deuxième enceinte : avec un peu de chance, il pourrait se servir de la corde de la poulie pour la franchir.
Il ne partait pas le cœur léger : il aurait aimé sauver la princesse, sauver les autres captives, sauver même ces prêtresses asservies par d'ignobles crapules. Mais tout cela était hors de son pouvoir : il devrait se contenter de la libération de Cordélia - si elle se confirmait - puis mettre le plus de distance possible entre lui et cette région maudite.
Non, décidément, il ne pourrait rien faire pour éviter que la situation ne dégénère. Et sans doute personne ne pouvait-il l'éviter.

[Galathée]

Ses paroles n'impressionnèrent pas la vieille prêtresse : s'il conservait la voix tonitruante qu'il avait décidé d'adopter, son sortilège de splendeur de l'Aigle avait pris fin, le laissant à nouveau trop elfique et trop mâle pour convaincre les plus fanatiques... ou les plus sagaces. Aucune d'entre elles ne s'interposa mais il y eut bientôt du mouvement du côté de l'enceinte intérieur et Taliesin comprit qu'il allait avoir de la visite. Marcher nonchalamment jusqu'aux portes ne serait plus longtemps une option.

[Taliesin]

Taliesin s'abstint de presser le pas : cela aurai brisé le peu d'effet résultant encore de sa manœuvre et, probablement, déclenché une poursuite. Au lieu de cela, il incanta.

Taliesin --> Invisibilité --> Taliesin

C'est seulement une fois protégé des regards indiscrets qu'il se hâta en direction de la porte. Si on avait pris des précautions pour les empêcher d'utiliser le système de poulie, il ne lui resterait plus qu'une ultime solution : convoquer une créature volante et lui demander de le mener hors de l'abbaye.

[Galathée]

Il disparut ainsi des regards et put se hâter, traversant des petits groupes de prêtresses inquiètes, d'autres curieuses, les dernières épouvantées. Il y avait un nombre non négligeable de petites filles parmi elles, mais même chez les plus jeunes des enfants, il ne semblait y avoir aucun garçon.
Enfin...
Tout en cheminant, l'elfe eut le regard attiré par une gamine qui observait l'incendie de loin, vêtue d'une tunique blanche froissée qui lui descendait jusqu'aux talons. Il la vit, continua sa route, puis la lumière se fit dans son esprit... Elle ressemblait quand même drôlement à Marius, l'orphelin qui avait, un moment, fait partie du voyage vers cette vallée maudite.
Mais la route vers les portes semblait dégagée, d'un autre côté...

[Taliesin]

Le barde en resta pantois. Cette découverte ne collait pas avec tout le reste, si bien qu'il commençait à ne plus rien comprendre à ce qui se tramait ici. Il pouvait juste soupçonner que c'était plus horrible encore qu'il ne l'avait imaginé jusqu'ici.
Après un instant d'hésitation, il se dirigea droit vers le gamin, désireux d'en avoir le cœur net. Certes, ce n'était pas très prudent, mais s'il y avait moyen d'effacer en partie l'échec consécutif à la décision stupide de la princesse...
-Marius, c'est bien toi ? demanda-t-il à l'enfant sans se départir de son invisibilité mais en ayant retrouvé sa voix normale. T'ont-ils également enlevé ?

[Galathée]

Le gosse poussa un cri de surprise et bondit en arrière, son regard effrayé balayant l'espace vide devant lui.
" Où est-ce que tu es ?" demanda-t-il finalement.

[Taliesin]

-Chuuut... fit-il, aussi calmement que possible. J'ai dû me rendre invisible pour m'enfuir : les prêtres veulent me tuer, ils n'ont pas apprécié que je vienne libérer une amie.
De son point de vue, cela suffisait, en matière d'explication.
-Si tu veux quitter cet endroit, et je pense sincèrement que tu devrais le quitter, je peux t'emmener avec moi. Mais il faut que tu te décides rapidement : je ne peux pas m'attarder, sans quoi je serai un homme mort avant longtemps.

[Galathée]

" Je viens." dit Marius sans hésiter.
Il tendit le bras pour attraper le barde. Il avait sans doute visé en fonction de la voix et agrippa un morceau de son manteau. Cela sembla le satisfaire car il sourit doucement. Son visage se renfrogna cependant.
" Mais je vais pas dans un orphelinat, je te préviens !"

[Taliesin]

La promptitude avec laquelle le gosse avait accepté le laissa presque pantois quoique, au fond, cela n'était guère étonnant.
-Ne t'en fais pas à ce sujet.
Si Marius pouvait raconter ce qui se passait ici, s'il les aidait à mettre un terme aux agissements de ces monstres, nul doute qu'on trouverait une meilleure solution, pour lui.
-Le mieux, c'est que tu montes sur mon dos : ce sera plus pratique pour moi et, surtout, tu devrais devenir également invisible.
Et il s'efforça de le guider. Ensuite... Direction la sortie.