[Bâtiment] Le Bastion des Arts

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

-Tous les objets doivent-ils servir à quelque chose ?
-Tous les mystères doivent-ils être éclaircis ?
-Toutes les questions doivent-elles obtenir une réponse ?
Les fées étaient d'humeur mutine, pas de doute là-dessus.
-Si tu leur demande ce que c'est le truc au fond de l'eau, je peux te le dire : c'est une sorte de portail, intervint Alexandre, en commun.

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

« Ha, je suppose que c’est par là que va venir la maîtresse de ces fées. Ou pas, on verra bien. »
Silmandel allait passer à autre chose mais il réalisa subitement quelque chose et s’adressa de nouveau à Alexandre, l’air faussement inquisiteur.
« Mais dit donc, toi, tu en sais des choses, petit malin. Qu’as-tu appris d’autres d’intéressants, juste pour savoir ? »

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

-Tu sais, même si on a bien progressé, communiquer avec les fées reste pas évident. Mais bon, c'est vrai, j'ai appris deux trois petits trucs intéressants. Peut-être que je te les raconterai à l'occasion, si tu es gentil.
Sourire mutin.
-Très gentil.

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

« Ho, je vois. »
Sourire taquin. Silmandel s’adressa aux fées.
« Pourriez-vous me rendre un service ? Mon compagnon adore les chatouilles, seulement il n’ose pas vous le dire. Je vous serais très reconnaissant si vous pouviez lui en offrir. »
Ho, c’était vil ! Quoi que pas tant que cela. Sa prime idée était d’envoyer le gamin à l’eau.

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

-Croyez-vous vraiment pouvoir nous duper par de si grossiers mensonges ?
-Vous cherchez juste à vous servir de noous pour vos représailles envers ce jeune homme.
-Oui, nous voyons clair dans votre jeu ! Mais comme nous sommes serviables...
Ainsi l'infortuné Alexandre fut-il la proie de chatouilles appuyées durant une bonne minute.
-Alors ça, ça se paiera... fit-il, haletant, quand l'assaut eu cessé. Et je ne te dirai rien ! Rien de rien !

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

« Allons, sois raisonnable. Tu sais très bien que tu ne peux pas gagner contre moi. »
Il fit un geste, comme s’il allait donner de nouvelles instructions aux fées, comme s’il allait sonner la charge... mais il se ravisa.
« On se bâtera une autre fois. C’est que je ne voudrais pas interrompre plus que ça ton activité. Elle semblait te convenir. »
Cette fois il était sérieux. Si l’enfant insistait pour le "défier", c’était qu’il voulait changer d’occupation, auquel cas le chat-garou n’avait plus de raison de lui épargner ses filouteries et autres moyens d’oppositions loufoques.

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

Alexandre opina vigoureusement du chef.
-Tout à fait ! Allez, à présent, sois un gentil petit chat et retourne donc t'amuser pendant que les grandes personnes travaillent, répondit-il d'un ton mi-paternel, mi-moqueur.
Sur ce, il lui tourna le dos et recommença à faire des signes dans le vide, sans doute à destination des fées. Fées dont les belles lueurs ne furent pas longues à réapparaître.

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

Ha, le sale petit sacripant ! Silmandel hésita à passer à l’offensive, mais finalement, il ne dit rien et se contenta d’observer le garçon, ses gestes et les lueurs des fées. Ils ne resteraient pas ici longtemps, enfin il fallait l’espérer. Si "vengeance" il devait y avoir, ce serait pour plus tard. Le chat-garou étant dans l’eau depuis un moment se décida à sortir. Ruisselant, il s’étira puis s’allongea dans l’herbe, bras croisés derrière la tête. Il se délecta de la caresse du soleil sur son pelage et ne tarda pas à somnoler. La l’oisiveté, voilà un loisir nouveau pour lui. Nul doute qu’il lui venait de son côté animal. Cependant, à l’instar de cet animal, il demeurait vigilant de ce qui l’entourait, ne serait-ce que pour en profiter.

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

Le temps passa. Dans un ciel sans nuage, le soleil poursuivit sa course et, lentement, les ombres se modifièrent. Pour le reste, rien ne changea et lorsque son acolyte interrompit à nouveau son conciliabule silencieux avec les fées, de longues heures les séparaient encore de la nuit.
-Nager t'a crevé ou bien le fait d'être en Féérie te rend tout timide ? s'enquit-il. Moi, je m'attendais à te voir essayer de franchir le portail !

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

Silmandel dressa une oreille, prouvant qu’il ne dormait pas, ce qu’on aurait presque pu croire.
« Franchir le portail ? L’idée m’a traversé l’esprit, effectivement. Seulement, j’ignore où il conduit, encore que ce ne soit pas un problème mais une motivation. Non, le problème, c’est que j’ignore si je pourrai le traverser de nouveau pour revenir ici. On s’est déjà égaré dans un plan, ce serait fâcheux si je me retrouvais de surcroît séparé de toi et encore plus perdu. Tu ne penses pas ? »

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

-Bah, tu pourrais te dire que je suis en bonne compagnie avec les fées, que tu sais toi-même très bien te débrouiller et que de totue façon, lorsque la Dame arrivera, elle sera en mesure de régler tout ce qui ne va pas. Mais oui, tu as raison, mieux vaut être prudent.
Il sourit.
-Et de toute façon, tu n'aurais pas pu franchir le portail.

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

Silmandel se redressa sur son séant.
« Ha, petit coquin, tu es tout content de connaître des choses que j’ignore. Et bien tu sais quoi ? Je suis content que tu sois content. Alors tout va pour le mieux. »
Et il se recoucha, nonchalant, avant d’ajouter :
« Mais ça se payera en temps utile. »
Ricanement.

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

-Ah là là, quel fieffé jaloux tu fais ! Le pire, c'est que je t'ai proposé de partager ces secrets avec toi, pour peu que tu sois gentil, et que tu as répondu à mon offre généreuse par une odieuse attaque...
Il secoua la tête.
-Mais allez, comme je t'aime bien, je vais te donner un ultime conseil : ne me menace pas. Sinon, mes amies les fées se feront un plaisir de t'infliger un juste châtiment.

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

« Mais mon très cher enfant, je ne te menace pas. En effet, si je te menaçais, je laisserai sous-entendre qu’il se pourrait que je me venge plus tard si tu refusais de faire ceci ou cela. Là je dis que je vais me venger plus tard, ce n’est pas conditionnel, c’est donc une prédiction, pas une menace. »
Oui, c’était de la mauvaise foi, oui ce n’était pas sérieux, et oui, c’était amusant que d’ainsi jouer sur les mots.
« En plus, tu me peine, je suis toujours gentil avec toi. »

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

-C'est vrai. Sauf quand tu ne l'es pas, c'est à dire presque tout le temps. La preuve : tout à l'heure, alors que j'étais bien tranquille et que je venais de te faire une super proposition, tu as demandé aux gentilles fées de s'acharner sur moi. Et à présent, tu me promets une vengeance totalement injustifiée...
Il croisa les bras.
-Pas sûr que je rentre à Melandis avec toi, tout compte fait. Non, peut-être que je vais rester avec les fées qui, elles, ne passent pas leur temps à me persécuter et m'enseignent plein de choses passionnantes.

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

« Ho, tu me vexe ! s’indigna Silmandel. Moi qui n’ai de cesse que de penser à te distraire pour que jamais tu ne connaisses l’ennui, moi qui suis ton fidèle ange gardien prêt à mourir devant un dragon s’il le faut, moi qui me voue corps et âme à ton enseignement magique afin de t’ouvrir les portes de la gloire... être traité ainsi ! Non, vraiment... Et bien puisque c’est comme ça, je boude, na ! »
Et il tourna ostensiblement la tête au garçon, croisa les bras et ne bougea plus.

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

-Pareille comédie ne mérite qu'une réponse !
Le silence s'abattit, s'éternisa une, peut-être deux minutes.
Puis, subitement, l'elfe fut assailli de chatouilles.
-Retour à l'envoyeur, dit Alexandre qui n'avait pas bougé de sa place. Et justice est faite.
L'assaut, intense, ne s'éternisa guère.

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

Silmandel s’y était à moitié attendu. Il résista tant bien que mal, puis, une fois l’assaut terminé, fut bon joueur.
« Effectivement, nous voilà à égalité. Une fois de plus. Mais dis-moi, comment fais-tu pour leur parler ? Par geste ? C’est un langage propre aux fées ? » demanda-t-il, mû par une franche curiosité.

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

-C'est un secret ! répondit le gamin, l'air mystérieux.
Mais il se fit plus sérieux.
-Elles me parlent dans ma tête. Enfin, elles me montrent des images et j'essaie de leur répondre par des pensées et par des gestes. Au début, c'était laborieux mais maintenant, on s'en sort mieux.

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

« Une forme de télépathie... fascinant. Et qu’as-tu appris d’intéressant ? »
Il avait demandé cela presque machinalement, car la question restait en suspend depuis un moment, il était donc plus qu’aisé de s’en saisir. Cependant, une autre idée pris le dessus. Silmandel ajouta, intrigué :
« Et pourquoi tu leur a montré ton pendentif ? »

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

-Elles voulaient le voir.
Retour de l'air mutin et des bras croisés.
-Mais je ne dirai rien de plus dans l'immédiat ! Je t'ai déjà offert gracieusement une réponse, c'est bien suffisant et tu devrais déborder de reconnaissance !

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

« Très bien, comme tu voudras. »
Silmandel se rallongea, bras sous la tête, afin de continuer à profiter du soleil. Il savait où, immanquablement, négocier avec Alexandre allait mener. C’est qu’il était devenu familier de ces petits jeux. Seulement, ce n’était pas le bon moment pour s’y adonner, alors il optait pour une stratégie réellement redoutable : ne rien faire. Il supposait que le garçon avait envie de dire ce qu’il avait appris, le contraire serait quand même décevant, aussi en ne lui demandant rien, il le poussait à aller de l’avant. Et en attendant, le chat-garou se prélassait.

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

Quelques minutes passèrent avant que son acolyte ne reprenne la parole d'un ton jovial.
-Comme la Dame pourrait arriver à tout instant, tu devrais peut-être renfiler quelque chose...
Sauf que ses affaires, l'elfe s'en rendit compte, semblaient s'être volatilisées.

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

Silmandel, à nouveau, se redressa sur son séant. L’absence de ses affaires l’embêta quelque peu. La dame n’allait probablement plus tarder et il pensait se présenter à elle comme il s’était présenté à tout le monde jusqu’à présent, c’est-à-dire en tant qu’elfe habillé. Il estima très vite que si jamais il ne les retrouvait pas, mieux valait demeurer sous sa forme actuelle. Après tout, on pouvait sans doute tolérer plus aisément qu’un être à l’apparence aussi animale demeure dans le plus simple appareil, mais était-ce pour autant convenable ? Il tourna la tête vers Alexandre mais préféra finalement parler aux fées.
« Savez-vous où sont mes habits ? »

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

-Bien sûr que nous le savons.
-Ils sont là où vous les avez laissés.
-Ne les voyez-vous pas ?
Force lui fut de constater que ses effets avaient fait leur réapparition...

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

Silmandel cligna des yeux. Effectivement, ils étaient là. Ho, ça, ça ressemblait à une farce.
« J’aurais pourtant juré que... M’enfin, tout va bien. »
Il se leva et, ne se fiant plus à ses yeux, vérifia s’il pouvait toucher ses affaires. S’il le pouvait, il retrouverait son apparence initiale et les enfilerait.

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

Ses effets étaient bien tangibles. Il put le constater non en les touchant, car cela lui fit impossible, mais en les entendant se déplacer pour lui échapper, en voyant l'herbe ployer sur leur poids. Cependant, ils s'étaient déjà immobilisés, juste hors de sa portée.
-Quelque chose ne va pas ? s'enquit Alexandre, l'air intrigué.

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

Bien. Maintenant, les choses étaient claires. Silmandel se tourna vers Alexandre et, l’air songeur, lui demanda :
« C’est toi qui arrive à faire ça ? Ça ressemble à de la manipulation à distance. »
Il donnait en apparence l’impression d’avoir réendossé son rôle de professeur, le but étant d’avoir une réponse honnête, réponse qui au demeurant l’intéressait effectivement dans son cadre de formateur à la magie. Il espérait un oui, cela prouverait des progrès considérables. Mais bien sûr, un oui désignerait aussi le garçon comme coupable. Et il n’était pas certain, cette fois, que le chat-garou se laisserait faire. Après tout, s’il se retenait, ce n’était que pour éviter de distraire l’enfant dans ses échanges avec les fées. Discutait-il encore ?

[Taliesin]

[Interlude : Ailleurs]

Alexandre sourit de toutes ses dents.
-Oui !
L'instant suivant, il se faisait un tantinet plus sérieux.
-En fait, c'est notamment de ça qu'on a discuté, avec les fées. Pendant que tu te baignais, elles m'ont donné des conseils, je me suis exercé... Et maintenant, j'arrive à peu près à déplacer des trucs. Bon, après, faut pas trop s'emballer non plus : peut-être que c'est plus facile d'utiliser la magie, ici, peut-être que ça redeviendra difficile quand on rentrera... Mais voilà, comme ça, tu vois que tes efforts n'ont pas été vains !

[Manfred]

[Interlude : Ailleurs]

« Tu m’en vois ravi, sincèrement. Je pense qu’on peut aisément conclure que tu as eu ta leçon de magie de l’après-midi. Mais... Dis-moi, cher, très cher Alexandre, crois-tu pouvoir te moquer de moi impunément ? »
Le ton de Silmandel, au départ enjoué, c’était fait de plus en plus malicieux. Parallèlement, il s’approchait, les mains croisées dans le dos, d’une démarche féline. Il s’immobilisa jusqu’à se trouver quasiment nez à nez avec l’enfant. Ils avaient à peu près la même taille, cela tombait bien. Il lui sourit en coin.
« Ho, tes vêtements sont plus là ! Ho, ils sont là ! Ho, ils sont plus loin ! Flagrant délit de moquerie ! Ça me fait penser à un truc. Certes, tu as eu ta leçon de magie, mais as-tu eu ton bain ? Hein, dis-moi ? »
Il avait travaillé sa mise en scène. Son sens du spectacle, toujours.