[Lieu] Commanderie de l'Ordre de la Rose Rubis d'Antelucas

[Althéa]

Maelys obéit aussitôt. Prenant Elie par la main elle la guida jusqu'à la porte. Chandara devant elle découvrit un sombre escalier en colimaçon s'enfonçant dans les ténèbres. Il exhalait d'en bas un courant d'air froid chargé de relents de moisi.

Par contre, outre le bruit des insectes s'agglutinant dans la pièce d'à coté et celui de leurs respirations précipitées elles n'entendirent aucun bruit.

[Chandara]

Rassurée sur le fait que ses deux compagnes la suivraient sans qu'elle n'ait à s'en inquiéter, la paladine put concentrer l'essentiel de son attention sur le passage qui s'offrait à elles. Cela semblait être le seul chemin pour fuir le danger immédiat et cette idée ne lui plaisait pas mais elle était déterminée à avancer, à trouver la source de tout le mal qui exsudait de cette maison et à le combattre au nom de sa déesse.

Quelques semaines plus tôt, elle aurait probablement hésité à la vue de l'étroit et sombre passage mais elle avait désormais en elle et dans son lien sacré avec Sunie la force de lutter contre ses peurs. C'est pourquoi elle parvint à s'engager avec prudence dans l'escalier, l'arme au point et en prenant le temps d'en tester les marches avant de s'y appuyer.

[Althéa]

Les marches étaient solides ce qui ne les empêcha pas de craquer sinistrement. Elle entendit l'écho se répercuter bien plus bas. Derrière elle, Eli murmura.

"Je n'aime vraiment pas ça du tout. J'ai l'impression que nous allons descendre dans les neuf enfers."

[Chandara]

Chandara se devait de diffuser une certaine assurance de part son rôle de paladine de l'Ordre de la Rose Rubis. La jeune femme en elle était pourtant peu rassurée à l'idée de se risquer dans les tréfonds de cette demeure maudite et de devoir confronter ses fragiles pouvoirs renaissants à une menace terrible. Adressant une prière silencieuse à sa déesse, sa voix déterminée la surprit elle-même lorsqu'elle répondit :

- Courage : nous y porterons la lumière qui n'aurait jamais dû déserter ce lieu !

[Althéa]

L'escalier descendit un long moment et il sembla à Chandara qu'il allait bien en dessous de la surface de la terre. Enfin, la botte de la jeune femme rencontra une surface de terre meuble. L'air putride était chargé de miasmes humides. Le son de leur respiration décuplé par l'écho leur fit penser au grognement d'une créature en maraude. Mais elles ne distinguèrent rien à part un vaste couloir creusé dans la terre.

Il faisait beaucoup plus froid et malgré l'été au-dehors les trois femmes exhalaient en respirant un panache de fumée. Mais quelque chose disait à la paladine qu'elle se trouvait sur la bonne voie.

[Chandara]

Même si c’était probablement inutile hormis rassurer ses compagnes et elle-même, la paladine rompit le silence oppressant pour prodiguer un conseil :

- Restons sur nos gardes. Nous touchons au but. La priorité est de sauver l’enfant si nous le trouvons mais ne nous laissons pas distraire.

Plus déterminée qu’effrayée par ce couloir humide qui l’aurait – il y a peu – privée de tous ses moyens, la jeune femme accéléra le pas en redressant fièrement la tête, assurée qu’elle était d’accomplir la volonté de sa déesse bien aimée.

[Althéa]

Elle sentit que son courage galvanisait les femmes derrière elle. Elles avancèrent toutes les trois presque cotte à cotte. Au bout d'un moment, Eli murmura.

"Depuis toujours on a présumé de l'existence de ces souterrains. Certains disent que c'est là que le seigneur local retenait les enfants qu'il enlevait. Personne n'a été en mesure de le prouver vu qu'ils n'ont jamais été découverts. Peut-être qu'avec le temps les temps ont cédé et entrouvert le passage. Mais le fait que nous l'avons découvert ... Je pense que nous avons eu de la chance. Sunie et Tymora sont avec nous."

[Chandara]

Chandara s'autorisa un sourire en portant la main à son cœur avant de murmurer en retour :

- Oui, je le pense : Sunie est avec nous, nous ne devons pas en douter. Notre ennemi est puissant et il ne faut pas le sous-estimer mais nous avons la justice de notre côté. Espérons simplement que votre hypothèse est la bonne et que nous retrouverons l'enfant ici avant qu'il ne soit trop tard pour lui.

Car malgré l'abomination à mettre hors d'état de nuire à nouveau, la paladine n'avait pas oublié le but de sa mission et la confiance qu'une mère et une sœur avaient placée en elle.

[Althéa]

Comme pour lui répondre, le plafond de la salle commença à scintiller au dessus-d'elle comme parsemé d'un milliard d'étoiles. Maelys murmura émerveillée.

"C'est magnifique."

Eli après s'être fait expliquer le phénomène ajouta.

"Et tragique aussi. On raconte que ce les larmes de tous les enfants enfermés se sont déposées ici. La légende dit qu'elles s'éclaireront sur le passage d'une personne susceptible de les libérés. On dit aussi qu'à force de rêver à leur libération ils ont créé un trésor caché ici."

[Chandara]

C'était effectivement un spectacle émouvant et Chandara se demanda d’où Eli tenait ces informations et elle espérait de tout cœur – ce qui avait beaucoup de signification pour une Sunite – qu’il y avait un peu de vrai dans cette légende. Pas pour ce qui concernait les larmes et le trésor bien sûr mais plutôt que cela pouvait signifier qu’elle et ses compagnes seraient à même de les libérer de leur triste condition. Les enfants devaient rire et jouer, non se lamenter et pleurer. Et elle se sentait le devoir de redresser ce tort terrible qui leur avait été fait.

[Althéa]

A mesure qu'elle marchait, les larmes s'illuminaient, formant au dessus de la paladine un chemin de lumière. Elle entendit quelques murmures intrigués, vit même quelques petites ombres dans l'obscurité. Elle ne perçut en revanche aucune menace. Le monstre qui vivait là avait minimisé le pouvoir des enfants et de la paladine envoyée par Sunie.

Au bout d'un moment, Chandara aperçut une alcôve qui se dessinait sur sa droite mais il lui était encore impossible de voir ce que cachait le renfoncement.

[Chandara]

Chandara avait redressé fièrement la tête comme pour attirer un regard favorable de la déesse qu’elle servait et adorait. Tout au long du couloir, elle murmurait des prières destinées à apaiser les esprits des enfants en les recommandant à sa divinité formidable et aimante.

Peu à peu, en constatant les résultats de ses oraisons, sa voix gagnait en force et en assurance mais elle ralentit sa progression à l’approche de l’alcôve : redoutant un danger, elle passa prudemment la tête pour vérifier que l’anfractuosité ne constituait aucun risque d’embuscade.

[Althéa]

Elle ne remarqua pas d'embuscade. Et son intuition lui apprit vite qu'il n'y avait rien à craindre. Au contraire ... Il émanait de cette alcôve quelque chose de beau, d'innocent de préservé. Il sembla même à la paladine qu'un chœur d'enfant chantait tout près de son oreille une mélodie pour elle seule. Là, dans ce renfoncement au cœur de cet endroit rongé par la perversion elle entrevit une armure.

Elle brillait à l'image des larmes comme si elle avait été faite à partir du même matériel et peut-être était-ce le cas. Fait curieux, l'armure sur le poitrail était sertie de deux roses entrelacées. A coté sur un râtelier d'arme reposait une épée. Les enfants avaient choisi leur champion pour les sortir de la nuit de laquelle on les avait plongés.

[Chandara]

Un instant interloqué par cette trouvaille inattendue, la paladine demeura coite un bon moment sans tout à fait comprendre comment ces magnifiques objets avaient pu se retrouver en ce lieu. Comme si elle doutait encore de leur réalité, elle tendit une main pour toucher la cuirasse finement ornementée, éprouva le grain du métal formant les roses. C’était incontestablement une des plus belles œuvres du genre qui lui ait été donné d’admirer, rivalisant avec les productions exposées dans l’armurerie de la commanderie, les pièces forgée par les artistes forgerons les plus renommés d’Antelucas et réservées aux parades des maîtres paladins.

Et ce n’était pas tout, la rapière qui était exposée à côté de la cuirasse reprenait les motifs floraux propres à son ordre. Chandara ne résista pas à l’impulsion de s’en saisir. La poignée s’adaptait parfaitement à sa main, l’équilibre était total, le poids idéal. La jeune femme ne fut presque pas surprise de constater que le pommeau de nacre rose figurait ses armoiries personnelles. Comment était-ce possible ? Elle aurait été bien en peine de répondre rationnellement à cette question mais elle son cœur lui dictait qu’il s’agissait d’un cadeau. Un cadeau empreint de confiance et d’affection.

Reposant la lame avec l’appréhension de la voir disparaître, elle se tourna vers Maelys pour lui demander son aide pour dégager et essayer la merveille qu’elle avait l’intention de porter fièrement pour défendre la cause sacrée des enfants.

[Althéa]

Mais l'armure ne disparut pas, bien au contraire. Elle sembla un peu plus brillante au moment où Chandara posa sa main dessus. La matière de l'armure n'était pas aussi froide que le fer et semblait moins dense. Elle n'en paraissait pas moins solide. En enfilant l'armure, elle se rendit compte de sa légèreté et de sa maniabilité. L'épée quant à elle était légère et brillait elle aussi.

A l'instant où elle la leva, la jeune femme crut entendre un cri de joie. Les âmes des enfants prisonniers reconnaissaient leur champion. Maintenant, elle pouvait aller terrasser le monstre infâme qui hantait les lieux.

[Chandara]

Les yeux de Chandara brillaient d'un plaisir qu'elle n'avait pas vraiment l'intention de contenir alors que Maelys l'aidait à boucler les sangles de la cuirasse. La pièce d'armure s'adapta sans peine à son torse comme si elle avait été façonnée tout spécialement pour elle. La paladine ceignit les brassards reprenant les motifs floraux qui l'accompagnaient et fut prise de l'impulsion d'esquisser un pas de danse pour éprouvait la souplesse retrouvée de ses mouvements. C'était presque comme si elle ne portait pas d'armure, comme si elle pouvait aisément reproduire la pureté et l'harmonie des séances d'entraînement. Le fait est que cette armure la portait vers un équilibre euphorisant. Elle se sentait à la fois légère et protégée, comme lorsqu'elle ouvrait son cœur à sa déesse. Comme si elle pouvait reproduire un peu de cette relation de confiance avec cette armure. Comme si elle était investie.

Quant à la rapière, c'était comme si elle retrouvait une vieille amie perdue de vue mais qui lui était naturel de manier. Comme si elle était tout entière adaptée à son style de combat tout en finesse et en arabesque mais empreinte de l'efficacité de la justice. Le chant des enfants semblaient faire écho à un chœur de novices encourageant leurs héros. Une larme de joie perla sur la joue de la jeune femme avant qu'elle ne s'exprime enfin dans un élan d'enthousiasme communicatif :

- Allons-y ! Ne les décevons pas !

Et elle n'avait l'intention de décevoir personne : ni sa déesse, ni la mère et la sœur inquiètes, ni les enfants qui comptaient toutes et tous sur elle.

[Althéa]

En marge de l'alcôve, la magie du lieu laissa la place aux ténèbres profondes. C'était peut-être par contraste mais les ténèbres semblaient beaucoup plus profondes et quelque part organiques. De nouveau, un profond sentiment d'abattement menaça de s'abattre sur la paladine. Elle se sentit épiée, scrutée, évaluée.

A la bienveillance et l'espoir des enfants succédaient la malveillance et la perversion. Le fait que les petits prisonniers aient pu créer une chose si belle en ce lieu semblait à présent relever du miracle ou d'un rêve éveillé. Mais l'armure était bien là et sa présence positive imprégnait l'esprit de la paladine.

Soudain, dans un fracas de fer et de bottes un colosse en armure noire s'avança. Contrairement à la paladine, il portait un casque. Seuls étaient visibles ses yeux rougeoyant à la lumière des torches.

[Chandara]

Mais Chandara se sentait bien trop imprégnée par sa mission d'inspiration divine pour se laisser impression par le déferlement de noirceur qui menacer d'entraver sa progression. Puisant au contraire de la résolution dans le mal qu'il fallait combattre et repousser, la paladine s'avança d'un pas puis de deux en affichant un visage toujours souriant.

Ce n'était pas qu'une posture de façade bien qu'elle restât attentive et concentrée sur le danger. C'est d'ailleurs cette résolution et cette concentration qui lui permis de ne pas flancher face à la menace bien réelle et concrète qui se ruait sur elle. Sur elles.

Elle ordonna à Maelys et Eli de se reculer, de se tenir à l'écart tandis qu'elle même avançait avec souplesse. Elle murmura le nom de sa déesse. Elle se fendit d'un pas long, exécuta un pas de côté, presque une arabesque stylisée. Elle n'était en rien ralentie par sa nouvelle armure contrairement à son opposant. Elle n'avait pas l'intention de parer l'attaque ou de la confronter : elle voulait la réorienter, l'éviter avant de contre-attaquer en profitant de la finesse de son arme pour s'insinuer dans les défauts de son armure.

[Althéa]

Le guerrier ou plutôt ce qui semblait se présenter comme tel semblait être tout le contraire. Grand, massif, il semblait taillé dans le roc. Dans une main, il tenait un marteau de guerre et dans l'autre un bouclier. Lui n'irait pas dans la finesse. Il se rua sur Chandara, brandissant son arme au dessus de sa tête dans le but de l'écraser.

La paladine remarqua d'emblée qu'il était lent et peu agile.

[Chandara]

Par le passé, Chandara se serait probablement battue dans un style proche de celui du colosse en armure. Mais elle avait tiré un trait sur ce passé et s'était entraînée plusieurs heures par jour pendant des semaines pour se débarrasser de ses anciens défauts. Avec Sire Imletith, elle s'était peu à peu familiarisée avec un style de combat tout en finesse et en fluidité, un style auquel elle avait pris goût au point qu'il lui devienne naturel.

Après un coup d'œil pour s'assurer que Maelys et Eli étaient suffisamment éloignées pour ne pas servir de cible à son adversaire, elle effectua une feinte pour l'inciter à abattre son arme à un endroit où elle ne se trouverait déjà plus quand il aurait frappé. La créature étant surnaturelle, il était inutile de chercher à la fatiguer comme elle l'aurait fait avec un guerrier humain et vivant. Non, elle cherchait simplement à éviter le coup pour se replacer et contre-attaquer dès qu'une ouverture se présenterait. Elle le faisait avec le sourire pour plaire à sa déesse et peut-être aussi décontenancer son adversaire.

[Althéa]

Maelys et Eli étaient restées en retrait, immobiles. Le guerrier quant à lui était lent, il labourait l'air avec son marteau inlassablement. Chaque fois qu'il frappait, il exhibait son vaste poitrail pour lever son marteau au dessus de sa tête. Si Chandara était assez rapide, elle pouvait trouver une ouverture de ce coté là.

Par contre, la manœuvre était risquée car elle risquait de recevoir un coup très rude si elle n'était pas assez rapide.

[Chandara]

Chandara avait l'intention d'affaiblir la créature avant de se risquer à un assaut frontal par trop risqué. Elle tourna donc autour de lui avec célérité et souplesse et, à chaque fois que le colosse abattait son arme, elle essayait de le contourner pour l'atteindre au flanc ou sous l'aisselle moins bien protégée que le torse. C'était périlleux - elle le savait - mais elle trouva un rythme qui semblait couler dans ses veines tant il lui était naturel. Attaque, esquive, pas de côté, tout était réalisé avec une grande harmonie et avec efficacité. C'était comme si sa déesse l'inspirait dans cette bataille qui était la première qu'elle avait à mener depuis son adoubement.

[Althéa]

Son courage finit par payer. Elle reçut tout de même un coup sur l'épaule au moment où le guerrier abattit son bras qui faillit lui faire perdre connaissance mais elle surmonta la douleur et donna un coup d'estoc dans l'aisselle.

La brute s'abattit d'un coup et la paladine parvint tout juste à se pousser pour qu'il ne l'écrase pas dans sa chute. Son épaule l'élançait douloureusement mais elle avait vaincu.

[Chandara]

Chandara n'avait perdu le sourire qu'une fraction de seconde malgré la douleur vive qui lui vrillait l'épaule. Elle avait vaincu ! Elle avait fait honneur à Sunie et peinait à contenir une certaine euphorie qu'elle jugeait trop précoce.

La jeune femme se dégagea en pointant toujours sa rapière en direction de l'ennemi qu'elle venait d'abattre. Elle prit une longue aspiration sans quitter le colosse des yeux pour vérifier qu'il ne risquait pas de se relever puis elle examina son épaule meurtrie. Le coup puissant qu'elle n'avait pas su éviter aurait dû lui broyer l'os mais elle semblait s'en tirer avec une simple contusion, miracle qu'elle mit sur le compte de la résistance extraordinaire de sa toute nouvelle cuirasse.

- Cette chose était coriace. Mais ne nous y trompons pas : son maître sera encore plus dangereux. Je sens son influence toute proche.

[Althéa]

Le coup sur l'épaule avait laissé une vilaine marque à présent violacée sur l'épaule de Chandara mais la cuirasse avait en effet absorbé le coup. C'est ce que constata Maelys avec un certain soulagement. Derrière elle, Eli qui était restée silencieuse depuis un bon moment prit la parole.

"Nous ne t'avons pas tout dit sur le spectre qui hante ce lieu. Je pense que le moment est venu de t'en dire d'avantage. Du moins si Maelys est d'accord.
- Je le suis.", murmura la jeune femme.

Elle leva les yeux sur la paladine et celle-ci vit que tous les doutes la concernant s'étaient envolés. Ce fut elle qui raconta.

"Mon père était un chasseur de spectres. Chaque fois qu'on avait besoin de lui, il se présentait dans l'endroit hanté et débarrassait le lieu. C'est ainsi qu'il a découvert l'existence des Trois Pères. Ce sont trois anciens mages nécromants qui pour braver la mort ont développé d'horribles pouvoirs. Ils se sont installés dans trois lieux qu'ils ont perverti. Le premier, celui que l'on surnomme le Père des larmes est celui que tu as vaincu dans la crypte sous le moulin durant la guerre. Le deuxième, le Père des Ténèbres se tapit dans un manoir non loin de Mélandis mais nous ne savons pas où il se trouve exactement. Quant au troisième, le Père des Innocents, qui se cache ici on dit que c'est le plus ancien et le plus puissant. C'est lui qui a fait tuer mon père. J'ai repris le flambeau comme j'ai pu. Et j'ai rencontré Eli sur ma route qui était elle-même à la recherche de ces monstres. Leur règne de terreur n'a que trop duré. Nous allons mettre fin à cela."

[Chandara]

Le combat qui s'annonçait exigeait une bonne préparation et une pleine condition physique : Chandara devait mettre toutes les chances de son côté et c'est pourquoi elle usa d'une petite partie de son pouvoir curatif pour soulager sa contracture à l'épaule. Et elle avait écouté avec une grande attention les explications délivrées par Maelys. Elle se sentait honorée de sa confiance et répondit avec douceur :

- Merci de partager ces souvenirs avec moi : cela signifie beaucoup. Et oui, nous allons faire justice à votre père, à tous ces pauvres enfants. Je vous le promets. Nous sommes trois. Nous sommes préparées. Nous avons notre cœur et toute notre force. Mais avant d'affronter ce monstre, que pouvez-vous me dire de lui, des capacités dont il faudra se méfier ?

[Althéa]

Maelys eut un bref sourire et répondit aux remerciement de la paladine par un signe de tête.

"Il est connu pour plonger ses ennemis dans un immense désespoir. Certains ont mis fin à leurs jours avant d'avoir combattu. On dit aussi que son manoir donne sur le plan de Gisombre et que c'est là qu'il va puiser sa force. Je pense que nous aurons à aller là-bas pour l'affronter. C'est un endroit très dangereux."

[Chandara]

Gisombre ? Chandara n'était pas du tout familière avec la notion de plans. Durant sa formation, elle avait bien entendu appris à combatte les extérieurs maléfiques mais aller les affronter chez eux était une toute autre histoire. Combattre le désespoir était bien davantage dans ses cordes et elle se tourna vers ses deux compagnes :

- Je vous fais toute confiance pour me guider vers la racine du mal. Pour le reste, ne vous éloignez pas de moi : Sunie nous protègera même dans les plans ! Si cette créature immonde ne a choisi de s'y terrer plutôt que de nous affronter, nous la poursuivrons et nous la mettrons hors d'état de nuire si nous restons soudées.

[Althéa]

"Si nous voulons aller dans l'autre plan je vous attendrai de ce coté. Je ne veux pas vous ralentir.", souffla Eli.

Elle avait parlé d'un ton calme comme à son habitude mais ses compagnes de route virent à quel point elle était déterminée. Maelys se tourna vers Chandara en attente d'une réponse à donner. Elle-même semblait hésiter sur la conduite à tenir. Après tout, Eli n'avait-elle pas raison ?

[Chandara]

Chandara se tourna dans leur direction et s'approcha de son amie et lui posa une main sur l'épaule :

- Gisombre a l'air d'être un endroit très dangereux. Mais ce manoir l'est également. Si tu préfères ne pas m'accompagner, je ne t'en voudrais pas le moins du monde mais je ne peux pas non plus te laisser seule ici. Et en plus tu ne nous as jamais ralenties jusque-là !

Elle était parfaitement sincère et elle craignait un peu de ne pas pouvoir veiller sur son amie si elles n'affichaient pas un front commun. D'un autre côté, aller seule affronter le monstre permettrait de ne pas les exposer mais elle n'était soudain plus aussi sûre d'être de taille.