[Quête] La Lune Noire

[Manfred]

En s’approchant d’avantage, Louve commença à sentir la chaleur irradiant du petit cratère, une chaleur étrangement électrisante. Des fourmillements lui parcoururent le corps, assez pour qu’elle ne puisse que les remarquer, pas excessif pour que ce soit désagréable. Au contraire, c’était stimulant. La petite gemme étincelante au fond du trou avait quelque chose de fascinant. La toucher n’était cependant pas une bonne idée, eut égard les fluides flammes courant sur sa surface.
« Elle doit valoir une fortune », murmura Boniface.

[Louve]

Louve ne savait pas trop ce que signifiait "une fortune" mais pour elle la pierre était belle ... Et peut-être dangereuse si on la touchait. Elle se baissa donc pour ramasser une longue branche dont elle se servit pour tâter l'objet étrange.

Elle ne tenait pas à se brûler ou encore pire finir désintégrée pour avoir voulu satisfaire sa curiosité.

[Manfred]

Contrairement à ce que la logique pouvait laisser croire, la branche ne prit pas feu alors même qu’elle touchait les flammes si fluides, quasi translucides, léchant la surface de cette pierre tombée du ciel. Et lorsque Louve ramena la branche à elle, elle put en tâter l’extrémité et constater que celle-ci était froide. Boniface le constata aussi, ce qui le motiva à descendre directement au fond du petit cratère. Il se pencha sur le caillou étincelant, avança la main, hésita à poursuivre, mais finalement osa saisir la pierre. Il l’admira, la manipula, aussi précautionneux qu’admiratif.
« C’est dommage qu’on ne sache plus où est Malagate car elle aurait peut-être su ce que c’était que ça. C’est magique, forcément. Des flammes qui ne brûlent pas... On peut, peut-être, essayer de trouver d’autres pierres. Qu’en dis-tu ? »

[Louve]

En le voyant prendre la pierre Louve sentit une inexplicable pointe de colère l'envahir. Ou de jalousie peut-être ... Elle n'avait pas vraiment la notion de possession ou de bien matériel parce qu'elle ne manquait jusqu'à présent de rien. Mais ce caillou tombé des étoiles ... Elle avait envie de l'avoir. Elle tendit la main, l'air incertain.

"Est-ce que tu peux me le donner juste quelques minutes ? J'aimerais bien le toucher moi aussi. Juste un peu."

C'était beau et ... précieux ... Pas pour le fait que ce morceau de ciel devait valoir beaucoup d'argent. Mais en avoir un à soi ...

"S'il te plaît."

[Manfred]

Boniface ne lui donna pas la pierre et Louve sut, à son regard, à son empressement à la ranger dans son sac, qu’il la considérait désormais comme sa propriété exclusive. Cependant, il réitéra sa proposition :
« On devrait vérifier si d’autres de ces machins sont tombés dans les parages. Comme ça, toi-aussi, tu pourrais en avoir. »
Ils avaient vu au moins une autre commette tomber, pas dans la forêt en revanche, plus loin. Il faudrait marcher, suivre les traînées étoilées avant qu’elles ne s’estompent, en un mot, se dépêcher.

[Louve]

Louve pinça les lèvres sans s'en rendre compte. Elle voulait une pierre mais affronter Boniface ne servait à rien. Elle avait besoin de lui pour rejoindre la ville et se faire une place. En attendant, elle voulait posséder l'un de ses cailloux brillants. Alors oui, il fallait qu'ils se dépêchent.

La tête levée vers le ciel elle chercha la traînée lumineuse la plus proche. D'autres personnes avaient sûrement observé le phénomène et risquaient de se mettre en quête. Se serait peut-être l'occasion de chasser un peu.

[Manfred]

Pour trouver un nouvel impact de comète, il fallut bien du temps, bien des efforts. Les traînées étoilées étaient éphémères et les cratères plutôt modestes. Les deux garous, après avoir parcouru plusieurs kilomètres dans divers directions, finirent par dénicher une autre pierre tombée des cieux, pierre que tenait maintenant Louve dans ses mains. Le joyau avait des couleurs plus froides que celui de Boniface : du bleu, du vert, du violet. Bleues étaient aussi les flammes quasi invisibles qui couraient sur sa surface. Au toucher, le minéral était lice et tiède. La peau picotait légèrement à son contact. Mis à part cela, il n’y avait guère plus à constater. C’était une très belle pierre. Le rat-garou la regardait avec envie, oubliant sans doute déjà qu’il en possédait déjà une. Il finit par se détourner. Les environs étaient déserts et la pluie d’étoiles filantes touchait à son terme. Poursuivre cette chasse au caillou paraissait difficile.

[Louve]

Si Boniface avait tenté de prendre l'autre pierre elle se serait interposée avec force. Heureusement, il s'était montré raisonnable. Louve admira donc son morceau de ciel avec une certaine jubilation. Il était beau et elle le voulait. Qu'en ferait-elle ? Qu'est-ce que cela lui apporterait-il de plus dans sa vie ? Elle n'en avait aucune idée mais les questions importaient peu.

C'était peut-être ce qu'il lui fallait pour symboliser de fort jolie manière la nouvelle étape qui s'offrait à sa vie. Elle ne serait bientôt plus Louve des quatre vents, Louve la sauvage mais Louve la mélandienne.

Elle se pencha donc et se saisit du minerai, les yeux brillants de convoitise.

[Manfred]

Il fallut ensuite songer à retrouver un coin ou dormir. Lorsque se fut fait, la lune était déjà bien haute dans le ciel nocturne. Le jour suivant arriva, le voyage reprit. Les pierres tombées du ciel avaient refroidi. Elles ne brillaient plus que dans le noir et seulement d’une faible lueur. Elles n’émettaient plus de flammes spectrales. Mais elles restaient de splendides pierres, de couleur sombre et aux étranges reflets. Montées en pendentif, elles seraient du plus bel effet, suggéra un jour Boniface. Un jour, oui, car les jours s’étaient mis à défiler. Et les deux lycanthropes poursuivaient vers la fameuse cité du chaos. Sur leur trajet, ils entendirent des rumeurs selon lesquelles il y avait eu, partout dans la région, lors de cette fameuse nuit, bien des phénomènes inexplicables, phénomènes qui parfois persistaient quelque peu, mais tout semblait progressivement rentrer dans l’ordre. Lors des rares moments de pauses, le rat-garou apprenaient à la louve-garou quelques petites choses utiles en société. Il insistait notamment sur l’utilité de la lecture et de l’écriture. Il expliqua que les illettrés étaient très nombreux, même en ville, et que de ne pas en être un permettait de se placer au-dessus de la masse. En retour, Louve apprit à Boniface quelques techniques de chasse qui ne manquerait pas de le rendre un peu plus indépendant dans les territoires sauvages. Peu à peu, autour d’eux, le paysage changeait. Un jour, Boniface déclara qu’ils avaient pénétré dans l’empire Melandien. Il demanda alors à sa collègue où elle désirait se rendre. Lui allait droit à la capitale, Melandis, mais il connaissait, pas trop loin de cette dernière, le bois aux Gobelins qui pouvait l’intéressé. En somme, il lui demandait si elle voulait ou non changer de vie.

[Louve]

Louve hésita un moment. Bien sûr, la vie de tueuse totalement libre risquait de lui manquer mais que si elle voulait retrouver son état sauvage elle n'aurait qu'à franchir les limites de la cité. Quelque chose lui hurlait que la situation ne marcherait pas dans l'autre sens. Si elle ne suivait pas Boniface, elle pourrait tirer un trait sur l'opportunité de se rendre à Mélandis. Pour sa première entrée en ville elle avait besoin d'être accompagnée, parrainée en quelque sorte. Le vieux lui avait appris la vie au grand air, comment découvrir les sources, à compter et lire. Boniface prendrait pour un temps la relève. Du moins elle l'espérait.

Elle se sentait à la fois excitée et un peu circonspecte de ce qu'elle allait découvrir derrière les hauts murs de la ville. Peut-être que cela ne lui plairait pas en fin de compte. Mais au moins, elle serait allée au delà de ses limites et elle aurait vu.

[Manfred]

Louve avait pris sa décision. Boniface se contenta d’acquiescer et tous deux reprirent la route vers cette fameuse cité. Une chose était certaine, la jeune femme allait sous peu pénétrer dans un autre monde. Allait-elle s’y faire ? L’avenir allait le dire.

HRP : fin de la quête.
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