[Lieu] La Vallée Fertile

[Galathée]

" Attendez une seconde." dit le demi-elfe, après quoi il alla s'entretenir quelques secondes avec les hommes postés au bas des portes.
Il revint ensuite vers Taliesin et le guida d'un signe dans les rues, non sans jeter un coup d'oeil un peu inquiet vers Baptiste.
" Vous ne voulez pas qu'on aille déposer votre fils chez moi, avant ? Ce n'est pas un moment à laisser les enfants dehors."

[Taliesin]

Il rit, non sans un soupçon d'amertume.
-Oh, moi, je le sais bien : Mais à l'instar de son frère, il refuse de rester à l'abri. Par conséquent, si nous le déposons chez vous, il s'enfuira sitôt que nous aurons le dos tourné et je n'aurais alors non plus un seul, mais deux fils livrés à eux-mêmes dans la nature. Or, j'aime autant éviter cela...
Aveu de faiblesse assez lamentable, mais il fallait se rendre à l'évidence : les deux gamins avaient totalement cessé de lui obéir ou même, simplement, d'écouter ce qu'il disait.

[Galathée]

Mais Baptiste semblait intrigué.
" Je veux bien aller chez vous." dit-il au demi-elfe.
Puis il se tourna vers Taliesin.
" Seulement si tu me préviens avant de faire... prendre des initiatives."

[Taliesin]

Pris au dépourvu, Taliesin décida finalement de ne pas chercher à comprendre ce retournement de situation - sans quoi, il risquait fort de déduire que le gamin cherchait à lui donner tort quoi qu'il advienne.
-Soit.
Il se tourna vers Amrod.
-Faisons donc un crochet par votre demeure. Et, d'avance, navré pour le contretemps.

[Galathée]

" Ne vous en faites pas... Je suis loin d'être un maillon indispensable de cette crise... Comme je vous l'ai dit, je m'occupe de l'intendance, quasi exclusivement... Ils se passeront de moi sans heurts."
Il leur désigna une rue qui longeait la base de la butte.
" Curieusement, plus on est près de la source, moins on risque. Sans doute craignent-ils de se brûler les orteils."
Il se tourna vers Taliesin.
" Si vous avez d'autres questions... ou besoins... c'est le bon moment."
Une lueur écarlate fusa au-dessus d'eux dans un crépitement de mauvaise augure, mais alla s'écraser loin, hors de vue, quelque part dans la cité.

[Taliesin]

Le barde croisa mentalement les doigts pour que personne ne se soit trouvé au point d'impact.
-Je n'ai plus de question dans l'immédiat. En revanche, concernant les besoins... Comme nous n'avons pas mangé depuis un bon moment, je vous saurais gré s'il vous était possible de faire préparer un repas pour Baptiste. Moi-même, je me contenterai de quelque chose à grignoter sur le trajet vers la place du marché.
Rien que de parler de sa faim poussait son estomac à se manifester.

[Galathée]

" Nous trouverons de quoi vous rassasier, n'ayez crainte."
Amrod vivant dans le nord de Champsdor, ils atteignirent très rapidement sa villa magnifique, dissimulée derrière son imposant rideau d'arbres. La demeure et son parc étaient intacts, protégés par un faible rayonnement bleu, d'origine très certainement magique. Le demi-elfe franchit cette barrière sans frémir, tout comme ses invités, mais Taliesin perçut néanmoins un certain froid et ressentit un très léger vertige, pendant quelques secondes.
Ils gagnèrent la porte et entrèrent. La maison était silencieuse, endormie, et le fracas de la ville paraissait étrangement distant. Un serviteur surgit cependant au coin du couloir, en vêtements de nuit.
" Va te recoucher, Valère, c'est seulement moi."
L'homme acquiesça, embarrassé, et redisparut aussi rapidement qu'il était apparu.
" Je vais vous mener aux cuisines. Vous vous débrouillerez. En temps normaux, Braen est territorial, mais je pense que vu les circonstances, il ne dira rien."

[Taliesin]

Il sourit.
-Nous verrons. Mais comme nous nous entendions plutôt bien, j'ai bon espoir !
Aucun de ses camarades n'avait donc trépassé au cours de l'opération commando. C'était une excellente nouvelle, même s'il regretterait toujours que leurs objectifs n'aient pas été atteints.

[Galathée]

HRP : désolée, j'ai pas de temps pour l'instant, ça reviendra à la normale fin de semaine prochaine

La cuisine était déserte : Braen devait, lui aussi, se trouver au feu.
Mais il y avait de quoi se bricoler un casse-croûte et Taliesin put sans peine se préparer le nécessaire avant de rejoindre Amrod au rez de chaussée. Baptiste, de son côté, musardait dans les couloirs, en examinant les multiples objets étranges que le marchand avait exposé. Il revint vers le barde quand celui-ci reparut de son expédition culinaire.
" Bon, mais tu promets de revenir me prévenir si tu décides de tenter quelque chose de... disons... risqué ?"

[Taliesin]

HRP : Aucun souci !

Au moins saurait-il le môme provisoirement en sûreté...
-C'est promis. De ton côté, passe mon bonjour à Cordélia quand tu la croiseras.
Sur un geste d'au-revoir, il s'apprêta à emboîter le pas au sieur Amrod. Il était curieux de voir de quelle manière ses supérieurs l'accueilleraient et quel genre de tâches ils songeraient à lui confier.

[Galathée]

En bon local, Amrod connaissait les chemins de traverse de Champsdor et il leur traça une trajectoire dans les rues sans jamais les faire approcher d'un brasier ou les mener à une mauvaise rencontre. Comme Taliesin, il percevait aisément l'environnement dans la pénombre, même si le ciel virait au bleu plus clair vers l'est. Le jour se lèverait très bientôt.
Ils parvinrent sur la place qu'avait traversée le barde un peu plus tôt et le marchand se présenta à la porte de l'auberge. Cette fois, les gardes s'écartèrent et ils laissèrent Taliesin passer en feignant de ne pas le reconnaître.
La salle à manger de l'établissement était quasi déserte : une seule table, vaste, était occupée, par une carte des lieux. Six personnes devisaient, pour moitié des humains, pour moitié des elfes. Parmi ces derniers, deux étaient manifestement issus de la Lorien, le troisième était Braen. Aucun des trois humains n'était connu de Taliesin, mais deux portaient un uniforme, pas le troisième. Tous étaient relativement jeunes, à l'échelle humaine.
Ils levèrent les yeux sur les nouveaux venus, mais en revinrent aussitôt à leur carte, à l'exception du cuisinier, qui se fendit d'un sourire un peu ironique.

[Taliesin]

Le sourire qu'il lui adressa en retour était pour sa part uniquement amical.
-Content de te revoir, dit-il en le rejoignant. Jusqu'à ce que je retrouve Amrod, il y a une heure peut-être, je craignais fort qu'il te soit arrivé malheur, ainsi qu'aux autres. Heureusement, il n'en est rien.

[Galathée]

" On ne s'en est pas trop mal sortis, non." répondit Braen sans se départir de sa bonne humeur.
Les autres personnes présentes autour de la table avaient levé les yeux et les dévisageaient, relativement interdits.
" C'est le quatrième membre de notre commando. Celui qu'on avait perdu là-haut. Je suppose que ça fait un otage de moins à récupérer."
Les elfes comme les humains acquiescèrent sans sourire.
" Est-ce que vous avez des informations sur l'état de leurs forces, là haut ? Leur nombre, peut-être ?" demanda un des jeunes officiers.

[Taliesin]

-Je vous dirai volontiers ce que je sais, mais je crains de ne pas en avoir vu beaucoup plus que Braen et les autres. Après notre séparation, n'ayant pas réussi à les retrouver, j'ai décidé de me replier rapidement, d'autant que j'avais libéré un otage.
Il fouilla dans ses poches et en tira la carte obtenue grâce au pipeau.
-Je peux aussi vous donner ce plan de l'abbaye, même si je me doute que vous en connaissez déjà parfaitement l'agencement.

[Galathée]

" Non, la carte que tu as détaille aussi l'agencement de la partie intérieure, dit Braen. Or les Chauntéens du cercle extérieur n'en connaissent rien en dehors du temple principal, qu'ils rejoignaient via un espèce de corridor à travers la zone des femmes, une seule fois par an. Donc c'est utile. Même s'il reste le problème d'arriver jusque là. Ils sont assiégés et ils se comportent comme tels. Cela rend les choses compliquées. Certains... estiment qu'il faut sacrifier les prisonnières pour les empêcher de se renforcer. D'autres... n'ont pas le même avis."
Il n'était nul besoin de savoir lire les esprits pour deviner que les elfes étaient partisans d'une intervention musclée, tandis que les humains espéraient sauver leurs semblables.

[Taliesin]

-Je comprends. La secte fait peser une menace mortelle sur la vallée et il faut s'en débarrasser au plus vite. Pour autant, renoncer à sauver tant d'otage est un prix bien lourd pour la nécessaire victoire...
Il soupira.
-L'idéal serait de monter un commando pour qu'il s'infiltre dans l'abbaye, détruise leurs ressources magiques voire accomplisse des assassinats ciblés. Mais j'imagine que vous avez déjà envisagé la chose.
Réunir les compétences nécessaires à pareille opération, surtout avec les occupants des lieux sur leurs gardes, cela ne devait rien avoir d'évident. L'elfe se prit alors à regretter de n'avoir pu percer le mystère des étranges ruines, dans les bois : peut-être leur pouvoir se serait-il avéré utile, en la circonstance...

[Galathée]

" Est-ce qu'on ne pourrait pas... creuser ? proposa un des humains. Cette fichue abbaye est perchée sur une colline, il doit y avoir moyen de passer par l'intérieur... Est-ce que les gosses ne parlent pas de grottes, d'ailleurs, sur la face nord de l'éminence ?
— A ce prix-là, autant arriver par les airs ! dit un elfe en haussant les épaules
— Le souci c'est que nous n'avons aucune idée de l'endroit où se trouvent les prêtresses, remarqua Braen. Dans leur cercle habituel, dans le coeur de l'abbaye... Nous ne savons même pas si elles sont vivantes.
— Elles ont plus de valeur vivantes, donc il faut supposer qu'elles le sont." intervint un des humains.

[Taliesin]

Il demeura pensif quelques instants.
-Cette idée de grottes serait à fouiller : disposer d'un moyen discret de pénétrer dans l'abbaye, d'un moyen ignoré des cultistes, ce serait un atout considérable. Envoyer sur place des espions serait aussi intéressant, même s'il faudrait qu'ils soient d'une discrétion hors pair ou qu'ils disposent de sortilèges comme l'invisibilité.
Il se tourna plus particulièrement vers les elfes.
-Je serais également d'avis de solliciter l'aide de maître Wilmarin : il faudrait rééquilibrer les forces en matière de magie.

[Galathée]

Les elfes le regardèrent, interdits.
" Maître... Wilmarin ? dit finalement l'un d'eux. Je ne crois pas que... ce genre de petit drame puisse l'intéresser beaucoup."
Braen paraissait songeur.
" Mais la princesse est à l'intérieur. Ça pourrait peut-être marcher.
— Ça m'étonnerait qu'il étende ses services à une ville humaine. Il est tout juste susceptible de se téléporter à l'intérieur, de faire sortir Dame Elwyn, et de rentrer chez lui."

[Taliesin]

Le barde sourit.
-Je pense qu'il est davantage prêt à aider qu'on ne le croit.
N'avait-il pas accepté la présence prolongée de petits humains en son domaine ? N'avait-il pas, de surcroit, veillé davantage sur eux qu'il n'avait bien voulu le laisser entendre ?
-Mais s'il faut l'encourager... Peut-être l'abbaye renferme-t-elle de vieux livres, de vieux artefacts susceptibles de piquer sa curiosité : si les habitants de Champsdor sont prêts à le laisser les examiner, il n'est pas impossible qu'il accepte de nous prêter main forte pour libérer les lieux.

[Galathée]

Les elfes demeuraient tout à fait sceptiques. Les humains n'avaient aucune idée de ce dont ils parlaient.
" Qui est ce... Maître Wilmarin ? demanda finalement celui qui semblait être leur porte-parole, à moins qu'il ne soit simplement le plus curieux.
— Un elfe, répondit laconiquement Braen. Du genre qui est né bien avant l'arrivée du premier être humain sur les rives d'Hélonna."
La réponse ne parut rassurer personne autour de la table.
" Irez-vous lui demander ?"

[Taliesin]

-Eh bien, à moins que vous ne pensiez que je puisse être plus utile ici, je veux bien aller tenter de négocier avec lui. Vu la puissance magique de nos adversaires, avoir de quoi leur répondre sur le même plan paraît indispensable... Il faudrait juste que vous m'autorisiez à lui promettre l'accès à l'abbaye : je pense vraiment que cela pourrait le motiver.
Refaire un énième aller-retour, ce n'était pas exactement enthousiasmant. Mais ce n'étaient pas ses maigres sortilèges qui pouvaient changer la donne ici...

[Galathée]

" Je ne vois pas ce que nous ferions de ce qui se trouve dans cet endroit maudit..." dit un des humains.
Son voisin, un peu plus âgé, mais tout aussi militaire, paraissait moins enthousiaste.
" Il me semble néanmoins que si nous autorisons votre... mage elfe à accéder à l'abbaye, il faudrait qu'un des nôtres soit présent. Un érudit humain.
— Quel érudit humain ? Ils sont tous dans l'abbaye, railla Braen.
— Je n'en sais rien. Quelqu'un. Nous ne pouvons pas... laisser des artefacts potentiellement destructeurs...
— ... tomber aux mains des elfes, je le devine." termina le cuisinier.

[Taliesin]

-Allons : quelles que soient vos réticences, admettez que ça ne pourrait pas être pire que ce qui passe actuellement, puisque tout ce que renferme l'abbaye est aux mains d'une secte plus qu'hostile... Mais j'imagine qu'il sera toujours possible de trouver un arrangement : maître Amrod, par exemple, dont la loyauté à Champsdor n'est plus à prouver, pourrait accompagner maître Wilmarin... Concernant ce dernier, souvenez-vous que les affaires du monde ne l'intéressent plus guère, d'où la difficulté à le convaincre de nous aider : c'est un érudit qui s'intéresse aux artefacts antiques non pour s'en servir, mais pour les étudier, découvrir leur histoire comme l'histoire de ceux qui les ont fabriqués.

[Galathée]

Amrod sursauta, surpris d'être pris à partie dans leur discussion.
" Heu..." se contenta-t-il de dire.
Les humains le dévisageaient, incertains.
" Je peux envoyer un message à Maître Fenrir, peut-être que c'est mieux ?"
Les humains grimacèrent.
" Amrod fera l'affaire, je suppose." trancha leur porte-parole, mais les autres ne paraissaient pas convaincus.

[Taliesin]

S'il n'en montrait rien, Taliesin était agacé de constater qu'ils continuaient à ergoter. D'un autre côté, il avait conscience du chemin parcouru : en d'autres circonstances, sa proposition se serait vu opposer une fin de non recevoir catégorique et, plus largement, une coopération avec les elfes aurait été tout bonnement inenvisageable.
-Très bien : je vous remercie de m'avoir donné votre aval. Je comprends que ce soit difficile, mais dites-vous que si cet argument convainc maître Wilmarin, nous aurons une chance de l'emporter en sauvant tous les otages. Oh, et si cela peut vous rassurer davantage le concernant... Sachez que durant notre enquête sur la secte et notre opération commando dans l'abbaye, c'est à sa garde que j'avais laissé mes deux fils, lesquels sont des petits humains : il a pris grand soin d'eux.

[Galathée]

" Mais vous êtes un elfe." remarqua un des humains avec un sourire un peu crispé.
Et Taliesin venait aussi avec la recommandation du capitaine Voronwë, ce qui n'était pas exactement le cas de la cité. Il lui faudrait compter sur la curiosité de l'ermite, assurément.
" Bon, j'imagine que je vais devoir vous trouver un cheval." remarqua Amrod, le ton léger.

[Taliesin]

-Cela pourrait effectivement m'aider, au moins pour rallier la lisière de la forêt...
Son coursier fantôme aurait été plus rapide, mais il aurait semé la terreur dans la vallée, ce qui n'était sans doute guère recommandé, surtout au regard des circonstances.
-Hum, par contre... Si maître Wilmarin accepte de nous aider, je devrai probablement ramener ici le gosse que j'ai sauvé de l'abbaye, ainsi que le petit faune auquel je cherche une famille... Seriez-vous d'accord pour qu'ils séjournent temporairement chez vous ?

[Galathée]

Amrod eut un sourire.
" Je vais finir par ouvrir une auberge. Mais oui, je ne vais pas les laisser à la rue, toute cette ribambelle, ne vous en faites pas. Ça donnera du travail à mes serviteurs pendant mon absence, et rien de tel que les occuper pour calmer les esprits. Ça ne pourra pas être pire que Dothiel et Caenlin, de toute façon."
Il lui indiqua la porte.
" Les chevaux sont en périphérie, cela dit. Nous avons rassemblé tout le bétail le plus loin possible de la butte, vu ce qui en tombe."

[Taliesin]

Le barde acquiesça.
-Par contre, il faut que je fasse un crochet par chez vous pour prévenir Baptiste. Si je ne le fais pas, il partira bille en tête et j'aime autant éviter, surtout que je n'ai toujours pas retrouvé son frère.
Lequel faisait probablement partie des otages, désormais.