Au nord de Melandis, les aîtres du Peuple Oublié

[Alexiel]

Alexiel partageait la fatigue du voleur quant à ces mystères à répétition ; en outre, il ne se sentait pas vraiment l'âme d'un messager, et il trouvait gonflé de la part de ce menteur et lâcheur (...qui leur avait récemment affirmé les conduire jusqu'à Eldurvellir, fallait-il le rappeler) de croire qu'ils allaient faire ses menues corvées alors qu'il les plantait là.

L'intervention du bainite lui sembla, une fois n'est pas coutume, belle et bonne. Si l'autre s'obstinait dans les faux-fuyants, ils pourraient toujours ramasser le fameux testament sur son cadavre et y chercher des réponses, mais il risquait d'y avoir des tâches...

Le chevalier noir se contenta de hocher la tête en esquissant un demi-sourire de mauvaise augure.

[Eldurvellir]

- Je suis Eldurvellir.

La voix du mage se remit à trembler.

- Toute magie a été annihilée. Y compris celle qui maintenait ma jeunesse. Et ceci, dit-il en brandissant le manteau rouge sombre, est le manteau d’une druidesse de ma connaissance.

Une druidesse de ma connaissance ! enfin… songea t-il. Ma première maîtresse après le sort de rajeunissement, la plus douce femme, la plus tendre… Sans qu’il s’en rendît compte, les larmes coulèrent enfin.

- Si son manteau est là… Alors elle n’est pas loin. Je dois la retrouver. Absolument.

Il sursauta , non pas à cause de la secousse qui venait de faire trembler le sol, mais à cause de ce tout ce qui découlait de sa vieillesse. Plus d’amour, plus d’avenir, ou si peu. Que me vaut désormais une femme, aussi rare et précieuse soit-elle ?

Il frémit derechef et plaça lentement le manteau sur ses épaules.

[Aramus Korvin]

"Dépèche toi de retrouver ce que tu cherche Mage,Car je suis venu avec une coreligionnaire exprès pour toi...*d'un ton d'autant plus menaçant.*Si tu dois mourir cela ne sera point ici,Comme dis précédament,Je te ramenerais a Mélandis en te trainant si nécessaire!'*Ton d'autant plus sec et sans concession.*

En temps normal,Le croisé Bainite laisserait ce vieillard a son triste sort,Mais l'église du Tyran suprême avait besoin de ses talents...Le tuerait t'ils a la tache ou pas était le cadet de ses soucis,Il devait le ramener a la cité du Chaos...Peu importe ce qui arriverait a ce mage par la suite et il en avait cure...Sa seconde priorité était de retrouver Ashana....quitte a rameuter un petit groupe de coreligionnaires pour la ramener....

[Alexiel]

Alexiel n'en croyait pas ses oreilles. Eldurvellir voulait rester ici, dans une zone de magie morte, au péril de son reliquat de vie pour... ça ? Y avait-il une seule femelle sur leur route qui ne lui ait pas retourné le cerveau ? Il réprima un rictus de dégoût.

"Ce manteau existe peut-être en plusieurs exemplaires, et surtout il peut avoir été posé là il y a des années. Ici et sous cette apparence, vous n'êtes qu'un vieillard débile et stupide qui va finir écrasé sous une pierre, et nous avec. Sortez et vous récupérerez tous les sorts de divination de la terre... sans compter les moyens de la reconquérir. Retrouvez rapidement votre bon sens, mage, ou je m'en vais."

[Eldurvellir]

- Oui… De toute façon la vie et le bonheur sont faits pour être foulés aux pieds… Allons !

Il était temps. Des cris d’angoisse commençaient à se faire entendre. Visiblement la magie détruite permettait l’engloutissement du village dans des profondeurs encore plus sinistres et angoissantes que celles dans lesquelles il était jusqu’à présent parvenu à survivre.

Une faille courut le long du couloir où ils se trouvaient ; ils n’eurent que le temps de courir éperdus, droit devant eux, échappant à mille malheurs sismiques, comme si l’horreur reconnaissait les siens et savait les épargner.

Ils parvinrent enfin dans une salle hérissée de stalagtites. Sur la droite, un couloir très étroit luisait, orné des mêmes petites barrettes lumineuses que le groupe avait trouvé sur son chemin avant d’arriver dans l’étrange village. Ils le prirent et se trouvèrent dans une seconde salle, plus grande et parfaitement circulaire.

Eldurvellir soufflait, épuisé.

- Ralentissons… Nous sommes… Sur le chemin du retour… Là…

Il montra du doigt l’étrange dispositif : au centre de la pièce ronde, un vide noir presque palpable.

- C’était le cône de lumière qui nous a permis de descendre jusqu’au village. Eteint.

Le mage soupira.

- Messire Aramus, j’espère que vous connaissez une autre sortie.

Un curieux cri, long et grinçant, retentit.

- Cela semble venir du vide… Serait-ce la clef de notre mystère ?
- P’tit mago, tu m’agaces. On peut pas sortir par le haut, donc on descend. On va voir. S’il y a là-dessous leur foutue salamandre géante ou Ao sait quoi, on va voir ! on a des couill…
- Certes. Mais qu’en pensent les autres ?

Fhiongan et Eldurvellir se tournèrent vers leurs compagnons. D’eux dépendraient la décision.

Au loin, les cris faiblissaient. Ils se turent bientôt. Et ce monde souterrain n’attendit plus que la parole d’Aramus et d’Alexiel.

[Aramus Korvin]

"De toute manière nous ne pouvons visiblement faire autrement,je vous suis..."

Déclara le croisé Bainite,Il n'avait pas fait tout ce chemin pour rien de toute manière,Mais néenmoins,le sort de la prêtresse l'inquiétait,mais une chose a la fois et en son temps....

[Alexiel]

Alexiel haussa les épaules. Il n'était pas du genre à risquer sa peau pour la beauté du geste, mais en l'occurrence, les options leur manquaient. Ils n'allaient tout de même pas rester là à attendre de se faire écraser !

"Allons éteindre quelques cris."

Rien que d'y penser, cela lui passait un peu son humeur.

[Eldurvellir]

Fhiongan n'attendit que pour la forme. A peine les paroles d'Alexiel achevées qu'il était au bord du précipice circulaire qui avait autrefois abrité l'extraordinaire lumière.

- Je ne vois rien. P'tit mago, tu avais bien des torches il me semble ?

Fouillant sa besace, Eldurvellir en sortit briquet et deux torches.

- Voici... Ces... dames ont naturellement emporté les leurs.
- Ces foutues femelles, tu veux dire !

Le bandit lâcha un rire peu sonore, mais auquel répondit un nouveau hurlement prolongé dans le lointain.

- On nous attend, les gars...

Il alluma les torches, en prit une et examina les possibilités d'accès.

- Il y a des marches, semble t-il... Assez abruptes, mais praticables.

Prudemment, Fhiongan descendit.

- C'est bon. Le danger existe certainement, mais pas tout de suite. Allez, les gars !

Eldurvellir descendit, lentement, le pas devenu plus hésitant. Le bandit soupira et ses pensées filèrent vers de sombres idées. Mon pauvre p'tit mago, j'aurais de la peine s'il faut se débarrasser d'un type qui nous retarde...

- Fhiongan, sache que je lis en toi comme dans un livre ouvert...
- Au moins ça prouve que tu sais lire !

Face à eux, les marches continuaient, tournant en colimaçon et descendant toujours. Brandissant leurs torches, les deux hommes se demandèrent jusqu'où cet escalier abrupt et sombre continuait.

- Holà, messires ?

Alexiel et Aramus virent le nez du mage dans la lumière douce de la torche. Il ne leur restait plus qu'à descendre à leur tour.

[Aramus Korvin]

"Je vais mener la marche...Tant que quelqu'un avec une torche reste prêt de moi,Tout ira bien..."

Déclara Aramus qui prit le début de la marche et prendre le début de l'escalier en colimaçon,Il valait mieux qu'un des deux combattants mène la marche...Si jamais des créatures viendraient a se dévoiler...

[Alexiel]

Les torches et ses compagnons ne l'ayant pas attendu pour descendre, Alexiel n'avait d'autre choix que d'emboîter le pas. Il crispait un peu la main sur sa garde tout en dévalant les degrés sans hâte excessive. Le semi-elfe ne redoutait pas grand chose de l'obscurité, son alliée - il faut bien que cela serve à quelque chose d'être sharite - mais en revanche il ne savait trop que penser des dispositifs magiques de l'endroit et des hurlements monstrueux des sous-sols. Y aurait-il bien une espèce de salamandre en ces lieux ? S'il s'agissait d'une créature draconique ou simplement de quelque pouvoir équivalent, leurs chances de survie étaient minces. Elles auraient été faibles avec un groupe complet et valide, alors que dire d'un groupe sans clerc et d'un mage sans magie...

[Eldurvellir]

Ils marchèrent longtemps, ou tout au moins la marche leur parut longue : l’étrange escalier en colimaçon n’était pas régulier, mais formé de marches biscornues, dissymétriques ; parfois une stalagmite saugrenue les obligeait à se serrer vers le centre ou le mur extérieur. Par endroit, une espèce de large trou dans le mur les faisait douter : un nouveau couloir ? Dans tous les cas, il fallait tenter quelques mètres.

Fhiongan, qui portait une besantine, râlait beaucoup : c’était lui qui devait tester ces pseudo-couloirs, les deux guerriers étant trop encombrés de leur armure et Eldurvellir trop affaibli pour être utile. D’autres fois, c’était une stalagtite qui les obligeait à se contorsionner.
Les cris s’étaient mués en un râle étrange, qui ne permettait pas de localiser leur ennemi et les forçait à s’arrêter fréquemment pour tendre l’oreille.

Enfin, l’escalier se resserra : un trou plus large se présenta face à eux, alors que les marches désormais étroites et abruptes mais plus régulières continuaient de descendre sur une spirale tournant encore et toujours.
D’un accord tacite, le groupe entra dans le nouveau couloir qui s’offrait à eux. Large et plus praticable que les précédents, il leur permettait de se tenir debout. Enfin. Il faisait encore plus sombre, mais la vision humaine était malgré tout possible grâce aux torches.

Le râle animal qui jaillit aurait fait sursauter les moins nerveux, mais Eldurvellir fut le seul à tressaillir.

- Arrêtons-nous ! je ne plaisante pas, il faut considérer ce que nous allons trouver et décider d’un plan en conséquence. La ruse risque fort d’être ici plus que jamais nécessaire, si notre adversaire est puissant.


[HRP : suggestions audacieuses et folles bienvenues, amusez-vous !]

[Alexiel]

Alexiel jeta un regard inquiet en direction d'Aramus. Comme chacun sait, la ruse est exactement la qualité première des bainites, tout particulièrement quand ils portent des armures de plaques. Néanmoins leur nouvelle escorte ne réagit pas tout de suite, laissant au semi-elfe le temps de se râcler la gorge.

"Bien sûr, maugréa-t-il enfin. Utilisons les sorts d'illusion que nous n'avons pas, et envoyons notre plus beau mage affublé de sa plus jolie robe dans l'espoir que le monstre le prendra pour épouse ! Une chouette diversion."

Un silence glacé accueillit la suggestion.

"Ou alors, l'individu compétent part en reconnaissance."

[Eldurvellir]

Eldurvellir resta interdit. Froidement, il laissa tomber :

- Faites. Persuadez Fhiongan d’aller en reconnaissance, avec les fleurs que vous nous lancez. Je vous souhaite bien du courag…

Le bandit, rigolard, l’interrompit.

- Vous tenez la forme, les gars !

Il toisa le guerrier et ricana.

- Allez, avoue que tu as les foies.

[Aramus Korvin]

La remarque du voleur envers l'un des deux combattants commença doucement mais surement a allumer un début de colère froid chez Aramus...C'est ce coupe bourse qui parle de courage?Alors qu'ils sont partis dans les tréfonds obscurs avec une escorte d'autant plus minimun et avec peu de matériel...Les divinités se rient souvent des suicidaires...Mais le croisé avait une chose a faire...

"Bien que je connaisse pas ce guerrier,Sire Alexiel n'a pas tort...Le mage est dépouillé de ses dons...Nous n'avons pas de prêtres...Et il semblerait..."Mon ami"...Que ta cuirasse de peau soit le seul rempart façe a des crocs ou des griffes aiguisés...Alors ne me parle pas de peur...Cette dernière est forte utile a de nombreuses choses...Comme de faire souiller les pentalons des faibles comme de les faire travailler comme si le fouet claquait sur leur dos...et sans que ce dernier se mette a claquer...Hors la situation me parait fort simple...Nous sommes un groupe réduit et avec des capacités d'autant réduits..Aller au danger tête baissée me parait davantage être de la folie suicidaire plutôt que du courage...Si tu tiens tant a gaspiller ta vie parce que tu désire montrer que tu est brave...Vas y,Fait donc...Si tu tiens encore a vivre...Apprend a avancer avec prudence et profil bas...Nous ne pouvons faire autrement..."

Déclara un Aramus qui tourna légérement sa tête casquée vers le voleur avant de poursuivre en avant de façon plus lente et prudente...

(HRP:Sorry pour l'attente!)

[Eldurvellir]

- Sérieusement, les gars... Z'avez vu où on en est ? Terviger... tergis... hésiter, ça sert à quoi ? Donc si votre cerveau est trop ramolli pour avoir une quelconque idée, avançons.

Fhiongan tourna son regard vers le mage, qui lui répondit par un haussement d'épaules.

- Si on crève, ça sera la faute de n'avoir pas eu une seule idée, potable ou non.
- Calme, p'tit mago ! tu veux un plan, en voilà un : on avance jusqu'à ce qu'on voie le truc qui fait peur au preux guerrier...

Le bandit n'eut pas le temps de continuer ses sarcasmes. Un appel retentit, faible mais parfaitement audible.

Une ombre svelte apparut à la droite du groupe et se faufila près d'Alexiel.

- Eh bien messire Alexiel, permettez-moi de vous assurer de mon soutien !

Melusia se tenait devant eux, presque souriante. Fhiongan retint de justesse une nouvelle plaisanterie douteuse. Le renfort était bienvenu.

[Aramus Korvin]

Allons donc...Une femme qui surgit de nulle part...Entre le coupe bourse suicidaire et la nouvelle venue...Aramus commence a se dire que Lui et Ashana ont peut-être fait tout ce chemin pour peu de gain...Néenmoins...Si elle était d'une aide bienvenue,pourquoi pas...

"Et qui est tu femme?J'espère que tu as une utilité qui peut-être bienvenue..."

Déclara le croisé de baine a la nouvelle venue et qui désormais n'était plus vraiment d'humeur a être diplomate.

[Alexiel]

Alexiel commençait à être sérieusement échauffé par les déblatérations inutiles de leur paire tout aussi inutile de "leaders" : pas de sorts pour l'un, refus d'utiliser ses compétences pour l'autre, et à part critiquer, pas la moindre idée intéressante non plus. Ils ne leur servaient vraiment à rien, et quand on ne sert à rien, dans l'esprit d'un chevalier noir, on mérite de crever. Le semi-elfe en était là de ses ruminations quand la prêtresse Melusia surgit on ne sait d'où, apportant une diversion bienvenue à ce qui risquait fort de tourner au règlement de comptes. Alexiel eut un sourire involontaire. Il était plutôt satisfait de la revoir, en fait - son départ prématuré tantôt lui ayant laissé un goût d'inachevé bien désagréable. Il n'empêche que sa présence ici et maintenant avait tout du coup de théâtre le plus improbable : comment avait-elle suivi leur trace ? Comment avait-elle pu se frayer un chemin jusqu'à eux quand ils n'avaient pu en trouver un pour la surface ?

"Son soutien sera le bienvenu, n'en doutez pas, Aramus. Je vous présente Melusia, prêtresse de Kelemvor. Elle s'était jointe à nous tantôt, au village des ogres."

[Eldurvellir]

- Je vous dois des explications, certainement… Il semblerait que la magie qui protégeait l’outreterre mélandienne soit défaillante : les sorts qui en interdisaient l’accès n’existent plus. J’ai donc pu descendre par une des cheminées tortueuses qui guident le feu de la terre vers l’extérieur.

Melusia sourit à Alexiel.

- Après avoir accompagné messire Aramus et dame Ashana, je suis revenue au campement où un petit groupe du village avait rejoint les autres ; dame Hazuni était en train de soigner le blessé et je n’étais visiblement plus d’aucune utilité ; j’ai donc pris le parti de vous retrouver. Mais dites-moi, sire Aramus, je ne vois pas dame Ashana ? J’espère qu’il ne lui est rien arrivé ! et messire Eldurvellir ?

Le vieux mage se crispa, malgré son soulagement à savoir qu’il existait une sortie accessible.

[désolée pour les coups de théâtre répétés, qui masquent l'indigence de mon imagination (au niveau - 10 actuellement)]

[Féérune]

Absence du mardi 28 février au lundi 6 mars pour cause de vacances.

Vous avez donc le temps ! Eldurvellir reprendra en mars, après vos réactions et les réponses de vos PJ.

[Aramus Korvin]

"J'ai été séparé de Dame Ashana,J'ignore comment elle va,Bien je ne puis l'espérer pour maintenant..."

Répondit un Aramus qui ne pensait pas que Mélusia les aient suivis,mais qu'importe,il n'allait pas cracher sur une aide de plus et qui pourrait s'avérée salvatrice...il n'y avait plus qu'a espérer que sa coreligionnaire soit saine et sauve...Mais c'était une chose qui était pour l'instant au second plan...le plus important était de survivre...Et de sortir de ce bourbier en un seul morceau.

[Alexiel]

Donc ils se connaissaient ? La première réaction d'Aramus avait pourtant laissé penser le contraire... Bah, peut-être le bainite n'avait-il pas prêté grande attention à sa compagnie. Alexiel nota dans un recoin de son esprit qu'il existait une certaine dame Ashana portée disparue, et l'oublia tout aussi vite: ils avaient d'autres soucis pour le moment que de se raconter leurs aventures. Quant à expliquer à Melusia ce qu'était devenu Eldurvellir, il s'en garda bien... Elle finirait bien par remarquer la loque humaine qui complétait leur groupe - relique qui s'était montrée, une fois n'est pas coutume, d'une admirable discrétion durant toute cette dernière discussion.

[Féérune]

Je vous dois des excuses, j'ai essayé de me remotiver mais l'inspiration est un peu bloquée et mon temps part sur de nouveaux chemins...

Si vous voulez continuer l'aventure, ne tuez pas Eldurvellir trop méchamment... J'avais des idées, mais je ne parviens pas à les organiser.

Si cela intéresse quelqu'un, je peux transmettre la petite suite pour le magasin d'Eldurvellir à Talie, et tout le monde pourra utiliser la boutique si nécessaire.

A bientôt, ailleurs

[Eldurvellir]

Leur aventure prit fin brutalement. Ils ne surent jamais exactement comment ils parvinrent à sortir... La montagne de feu décida de leur sort. Le cri étrange des profondeurs se prolongea, s'intensifia. lorsque la terre se mit à trembler. Un souffle puissant les lança vers l'avant, en direction du cri, en direction de la bête étrange, en direction de la terreur pure.

La cape d'Eldurvellir s'accrocha à une pierre aigue, l'obligeant à se réfugier dans une anfractuosité tandis que ses compagnons étaient entraînés au loin.

Melusia s'était agrippée à Alexiel, se serrant contre lui. Fhiongan et Aramus filèrent tout droit et le bandit pensa vraiment leur dernière heure arrivée.
Le souffle ralentit et Melusia hurla :

- Là, la cheminée de pierre ! elle mène à l'extérieur !

Le souffle s'étant calmé, Fhiongan parvint à attraper une stalagmite proche de la cheminée. Juste à temps ! le souffle redevint plus puissant et un grondement leur apprit que l'eau souterraine se mettait de la partie.

Comment parvinrent-ils à sortir ? La poussée de l'air, celle de l'eau ? Heureusement cette dernière n'arriva qu'après leur ascension de la cheminée, sous pression comme le bouchon d'un vin pétillant un peu trop secoué. Ils furent malmenés, bringuebalés et heurtés tout le long de leur ascension, mais parvinrent à peu près saufs en haut de la cheminée.

La montagne trembla encore et cracha une immense gerbe d'eau brûlante ; ils n'eurent que le temps de courir, les guerriers à peine ralentis par leur équipement tant le stress les aiguillonnait. Ils dévalèrent la montagne et coururent se mettre à couvert en forêt où ils retrouvèrent leurs montures.
Il était temps. Après l'air, après l'eau brûlante, ce fut le feu. La lave dévala bientôt le chemin qu'ils venaient de fuir, crachant un immense et étrange animal : la Salamandre de Feu était vaincue, non par les aventuriers, mais par les éléments.

Fhiongan regarda ses compagnons. Ah ils étaient beaux ! armures cabossées, traits rougis et enflés là où les pierres de la cheminée avaient frappé et éraflé...

Eldurvellir ? Eldurvellir a disparu ! en son for intérieur, le bandit songea que c'était une belle mort, glorieuse, et qui évitait au mage redevenu vieux de pénibles explications et une fin de vie décrépite.

Ils montèrent en silence sur les chevaux et se dirigèrent vers le village.

[Eldurvellir]

Quête : L'Héritage d'Eldurvellir

Fhiongan décida alors de faire demi-tour.

C'était une vision de désolation : des blocs de pierre expulsés de l'intérieur de la terre, ensanglantés pour certains d'entre eux. Il était clair que les habitants de l'outreterre étaient morts déchiquetés par les tremblements de terre successifs.

Fhiongan resta un moment au milieu des décombres sanglantes, cherchant désespérément une trace de son ami Eldurvellir. Ses recherches demeurèrent vaines. Eldurvellir est resté là-dedans, écrasé par les roches, certainement... Pauvre petit mago... Enfin... Vu son état sénile, ça vaut mieux...

Continuant à fureter un peu à l'entour, il ne trouva qu'horreur. Une jeune femme et son enfant gisaient à terre, la femme probablement morte. Il s'approcha et constata l'absence de pouls. Un léger souffle provenait du petit, manifestement blessé. Fhiongan pensa d'abord l'achever, mais le teint olivâtre de l'enfant, ses cheveux très clairs, lui rappelèrent Eldurvellir. Ah je suis trop bon, tiens... Mais ça peut servir, un chiard... Si je veux attendrir la dame Hazuni, bénéficier d'un petit dédommagement... Il prit l'enfant, l'enveloppa dans sa cape et se mit en route vers le village.

Aramus et Alexiel s'éloignaient sans l'attendre. Il pensa les rappeler, puis se ravisa. A quoi bon ? Un son de galop lui fit lever la tête. Deux cavalières surgirent d'entre les arbres touffus. Il reconnut dame Hazuni et Melusia.

- Messire Fhiongan ! c'est bien vous... Vous avez réussi !

Le bandit contemplait la "salamandre de feu" morte, sans réaliser ce qu'il voyait.

- Où sont les autres ?

Le ton froid de la clerc lui rappela les détails de l'aventure.

- Nous avons réussi... Oui, probablement... Mais à quel prix... Et cependant Aramus et Alexiel sont partis. Et la prêtresse de Baine, l'avez-vous vue ? Et la jeune Chance, qui nous a quitté plus tôt ?

Il pensa à Ambre Tristelune et Dzerr Epeire, qu'ils étaient parvenus à sauver.

- La tieffeline n'est pas repassée au village. J'ai soigné les elfes que vous avez réussi à extraire des profondeurs de la terre.

Elle soupira, puis reprit :

- Il y a eu un nouveau tremblement de terre, suivi d'un glissement de terrain. Le village a souffert, mais moins que nous l'aurions craint. Un de nos jeunes chasseurs parti pour voir l'étendue des dégâts en forêt... Enfin, peu importe. Où est messire Eldurvellir ?

Fhiongan, surpris, sentit les larmes lui monter aux yeux. Quel crétin je fais ! pleurer pour un p'tit mago !

- Il... Il a disparu dans l'outreterre mélandienne...
- Alors il ne reviendra pas... Je suis désolée, messire Fhiongan.
- Et moi donc !

En silence, ils repartirent vers le village.

- Dame Hazuni !

Béroalde apparut, sur sa jument alezane.

- Les avez-vous trouvés ? mon Vellir ?
- J'ai de mauvaises nouvelles, ma dame. Eldurvellir est resté dans l'outreterre... L'effondrement... Il n'y a pas échappé...
- Non ! non !
- Je regrette...

Fhiongan avait à peine fini ces paroles qu'un pleur léger se fit entendre.

- Ah ! et j'ai récupéré ça...

Il montra un petit enfant inanimé, d'environ un an, qui semblait gravement blessé.

- Ah ! donnez-le moi vite, que je le soigne !

Dame Hazuni prit l'enfant et lança un sort de soin. Puis un deuxième. Un troisième permit enfin d'obtenir un résultat. L'enfant remua doucement.

- Il faut le mettre au chaud rapidement. Retournons au village, l'état de cet enfant réclame encore des soins. Savez-vous où se trouve ses parents ?
- Non... Enfin, si. Sa mère est étendue, morte, à quelques pas de là.

Allant sur l'endroit désigné par Fhiongan, dame Hazuni ne put que confirmer la mort de la mère.

- C'est bien triste... Que faisait cette femme ici ? On ne le saura probablement jamais...

Ils repartirent au village. Béroalde pleurait doucement, bouleversée.

[Eldurvellir]

Fhiongan, sur le chemin, se traitait d'imbécile. Même pas foutu d'avoir fait les poches de la mignonne, là-bas... Faudra que j'y retourne... Le cadavre sera pourri... Non mais quel crétin, oublier les bases mêmes du métier !

Continuant la route, ses pensées prirent un tour plus précis. Va falloir que je gère tout le bazar de la disparition du p'tit mago... La gosse, Perline, elle sera dans tous ses états... Faudra lui trouver une nouvelle place... Dame Béroalde m'aidera... Bon sang de bois, j'espère que les autres m'ont laissé un bout de prime... Sinon je bouffe comment, moi ? Evidemment, je peux laisser la Hazuni guérir le chiard, et je le vend après... Ca se vend, les chiards, mais à cet âge faut trouver l'acheteur motivé. Il est trop petit pour en faire quelque chose d'utile... Cinq ans, à la rigueur, on les fait se faufiler dans les maisons cossues pour piquer des trucs... A partir de treize-quatorze ans, s'ils sont beaux, on peut les louer aux bordeaux, ou les mettre sur le trottoir pour un bon petit rendement...

Fhiongan jeta un coup d'oeil à l'enfant. Y'a pas, il a le teint et les cheveux de mon cher p'tit mago. Marrant.

- Messire Fhiongan ?

Béroalde avait amené sa jument près de lui.

- Oui ?
- Comment était Eldurvellir quand vous l'avez quitté ?
- Comment, heu...
- Oui, était-il heureux, confiant en la vie, je ne sais pas moi... Je veux juste savoir le plus possible de lui...
- Dame Béroalde, je ne saurais dire...

Fhiongan se sentait fort mal à l'aise. Comment expliquer à la superbe barde ce qu'était devenu son Vellir chéri ? Un vieil homme usé, fatigué, près de la mort. Un homme désabusé, qu'elle n'aurait même pas regardé si elle l'avait croisé ! un homme fini.

- Je ne sais pas, dame Béroalde... Je... J'ai du mal à en parler... Peut-être plus tard...

Ils continuèrent quelque temps côte à côte, sans parler.

[Eldurvellir]

Lorsqu'il fallut s'arrêter pour une halte, dame Hazuni était très inquiète.

- L'enfant va vraiment mal. Melusia, aidez-moi.

Elles lancèrent encore des sorts de soins et réussirent à relancer le processus de guérison.

- Il est possible qu'il ait été touché par la salamandre de feu... Et donc empoisonné... Il risque de rechuter.

Fhiongan soupira. On joue vraiment de malchance... Et je n'ai aucune fiole de soin sur moi. Le p'tit mago les avait toutes sur lui. Une odeur sure lui apprit que dame Hazuni avait entrepris de changer l'enfant. Il se pencha, intéressé. On va savoir si c'est une fille ou un garçon...

C'était une petite fille. Une très jolie petite fille. Le cerveau fertile de Fhiongan se mit à envisager un avenir glorieux pour lui-même et l'enfant. Un bel avenir, si elle devient aussi belle que son minois actuel laisse présager. Elle pourra séduire les richards, se faire introduire dans leur turne, et voler tout ce qui est valable... Plus besoin de jouer les bêtes coupe-bourse ! ainsi pensait le bandit, fidèle à son aimable caractère.

Dame Hazuni finit par langer l'enfant dans son foulard tandis que Melusia, fronçant le nez, se décidait à laver le lange dans le ruisseau voisin.
Béroalde fixait l'enfant d'un air incrédule.

- Qu'y a t-il, dame Béroalde ?
- La petite... Elle ressemble à Vellir...
- Le chagrin vous trouble, ma chère Béroalde...
- Non ! elle a le même teint, les cheveux si clairs...

A ce moment, dame Hazuni souleva l'enfant pour nouer le foulard autour de sa taille. Un objet glissa de son vêtement, une chemise de laine épaisse trop grande pour elle.

- Qu'est ce donc ? Un carnet...

Béroalde prit le carnet et l'ouvrit.

- Ne tardons pas, je vous prie. L'enfant n'est pas sorti d'affaire, nous ne devrions pas tarder.

La barde referma le carnet et le mit dans sa poche. Melusia tordait le lange pour l'essorer et acquiesça.

Les femmes remontèrent à cheval. Fhiongan tarda un peu, en aidant galamment Béroalde. Amabilité qui lui permit de récupérer le carnet avec toute la dextérité professionnelle requise. Enfin il remonta à cheval.

- Mes dames, je m'en vais fermer la marche... Histoire de m'assurer que nous ne sommes pas suivis par quelque malfrat...
- Croyez-vous, messire Fhiongan...? Enfin, faites à votre idée...

Le bandit répondit par un large sourire et l'on reprit le chemin vers le village.

[Eldurvellir]

Fhiongan, bien tranquille à l'arrière, commença à parcourir le carnet trouvé sur l'enfant. Ce n'était pas chose aisée que de lire sur un cheval lancé au petit trot, et il dut abandonner. Vint cependant un passage accidenté où les chevaux ne pouvaient que passer au pas. Fhiongan en profita pour rouvrir le carnet et lire :

Journal pour ma fille Eldine

Cher homme qui est venu, m'a aimée et a permis ta naissance ! toi ma fille, mon petit ange, un jour nous retrouverons ton père. Tu as ses traits, tu as sa peau délicatement teintée, tu as ses cheveux si clairs et lumineux...

Trucs de gonzesses... Bon, "Eldine", ça rappelle bien quelque chose... Fhiongan faillit bel et bien se faire prendre, lorsque Béroalde le héla :

- Fhiongan ! vous lambinez ! allons !
- Euh ! j'arrive !

Il jura et fit aller son cheval à un trot soutenu.

- Vous aviez quelque chose en main...
- Ah ! oui, le carnet que vous avez fait tomber.
- Merci ! c'est le carnet qui était dans le vêtement de la petite.
- Ouais.

Fhiongan commença à siffloter, tout en calant le trot de son cheval sur celui de la jument de Béroalde. J'allais pas continuer à lire ce truc, ça non ! les trucs de bonnes femmes, hein... Mais bon, Eldine, ça ressemble vaguement à Eldur... Ah ! je vois mon p'tit mago partout... Et si c'était Edwin Odeimachin, là, le père... Oh bordeau de cul pourri !

Ils arrivèrent enfin au village. Fhiongan pensa un bref instant décliner l'invitation de dame Hazuni pour se rendre directement à l'auberge, mais se ravisa. Elle compte parmi les patrons de ce bled, après tout. Mieux vaut traiter avec elle... J'ai sauvé la chiarde, ça sera porté à mon crédit...

[Eldurvellir]

Fhiongan accompagna donc ces dames, impatient d'apprendre si les primes promises avaient déjà été données à Alexiel et Aramus Korvin. L'autre, là, la tieffeline, elle a déjà eu du pognon... Brave p'tit mago... Il a donné son pognon à la voleuse de l'équipe... Ah, si c'est pas du comique, ça ! il serra machinalement ses lèvres, qui tremblaient.

Melusia le remarqua et s'approcha de lui.

- Fhiongan, je suis désolée... Eldurvellir était votre ami, je sais qu'il vous manque... Elle faillit dire "rappelez-vous comment il était et combien il vous estimait" mais se rendit compte que le mage n'avait laissé à la fin de sa vie que l'image d'un vieil homme triste et désabusé.

- Oui... Merci.

La voix du bandit se raffermissait. Il faillit même protester pour obtenir autre chose que le thé offert par dame Hazuni, mais un autre sujet se présenta à son esprit.

- Dame Béroalde... J'aurai besoin de votre aide... Il faudra gérer les affaires d'Eldurvellir...
- Ne craignez rien, Fhiongan, nous ferons cela ensemble. L'homme de loi qui avait été en charge de l'achat de la maison nous aidera.

Dame Hazuni chargea sa servante de nourrir l'enfant et lui trouver du linge propre.
A son retour, un long silence s'était installé. On but le thé toujours en silence. Béroalde sortit le carnet trouvé sur l'enfant et le parcourut. Un instant plus tard elle s'exclamait :

- Eldurvellir ! l'enfant ! c'est son enfant ! oh !

Elle s'était levée d'un bond.

- Il a un enfant ! je suis heureuse ! il est encore un peu vivant, il a un enfant !
- Béroalde, je vous en prie, calmez-vous.

Dame Hazuni courut jusqu'au buffet et en sortit une petite fiole.

- Buvez, cela vous fera du bien.

La barde but lentement la potion tendue par la prêtresse. Et se calma d'un coup.

- Merci...
- Je comprends votre sentiment, mais il faut que vous restiez calme. Nous devons voir ce qui sera le mieux pour la petite fille.
- C'est tout vu, Hazuni... Ce sera ma fille.
- Vous ne savez pas, Béroalde... Cette enfant et sa malheureuse mère étaient probablement attendues quelque part, peut-être dans leur famille... Il faudra la trouver, cette famille...
- En attendant, si tant est qu'on retrouve des grands parents ou des oncles et tantes, je la prends avec moi.
- Ne serait-il pas plus judicieux qu'elle reste ici ? Si famille il y a, elle est près d'ici, certainement.
- Je ne pense pas. Je crois que cette femme voulait présenter l'enfant à son père... Peut-être trouverons-nous un indice en lisant le carnet...

Béroalde l'ouvrit de nouveau et le feuilleta. Fhiongan, quant à lui, examinait discrètement la pièce, notant ça et là quelques bibelots précieux. Une habitude de voleur bien né.

[Eldurvellir]

Dame Hazuni parla, coupant court aux observations du bandit.

- Messire Fhiongan, vous avez réussi votre mission. Pour le moment, je n'ai aucune nouvelle de vos autres compagnons... Vous comprendrez donc que je ne vous paye que votre part. Ils peuvent revenir et demander leur dû... J'avoue que je suis très étonnée qu'ils ne soient pas revenus au village ! peut-être un scrupule dû au fait que le chef de votre groupe ne soit plus de ce monde... Je l'ignore.
- Ouais... Je m'y attendais. Mais du coup, pourquoi ne pas me donner la part d'Eldurvellir, hein ?
- Tout simplement parce que cet argent appartient à son héritière, la petite Eldine.
- Ah ouais. Mais elle a fait quoi pour mériter le fric, la chia... la petite ?
- Rien, je vous l'accorde, mais Eldurvellir a rempli la mission. Lui aussi, même s'il en a payé le prix fort. Ne discutez pas, je vous prie, vous feriez insulte à sa mémoire.
- Ah... Pratique, l'honneur d'un mort, hein ?

Dame Hazuni lui jeta un regard sévère, mais Fhiongan ne souriait pas. La tristesse marquait de nouveau son visage.

- Enfin ! la petite sera riche... J'attends quelques années et je lui ferai du charme ! mon pauvre p'tit mago...

Sans mot dire, dame Hazuni quitta la pièce. Elle revint quelques minutes plus tard, une bourse de cuir à la main.

- Tenez, messire Fhiongan. Vous deviez toucher quatre cents pièces d'or, j'ai rajouté deux cent pièces d'or qu'Eldurvellir avait négociées pour lui-même. Il comptait aussi sur ce vase de Kara-Tur, mais j'ai la faiblesse de vouloir le garder... Il reviendra à Eldine quand je ne serai plus, je m'y engage.
- Ouais ! merci, dame Hazuni.
- Je pense, Fhiongan, que vous pourriez être utile à la petite Eldine. Pas maintenant, elle est bien trop jeune, mais lorsqu'elle sera plus âgée... Elle aura besoin de savoir qui était son père, et vous le connaissiez depuis longtemps...
- Ouais. Bonne idée. Mais je ne pense pas rester longtemps à Melandis.

Ben non. Si je me fais pincer à faire un truc pas clair dans cette ville, j'ai vu comment ils traitent les voleurs maladroits ! Fhiongan pensa brièvement aux fourches de fer qui ornaient les remparts, où les cadavres pourrissaient pour la plus grande joie des vautours et l'édification des criminels potentiels. Et si on n'est pas tué, y'a quelques autres joyeusetés... Je fais partie de ceux qui se débrouillent bien, mais on ne sait jamais !

[Eldurvellir]

Béroalde prit la parole, prosaïque :

- Nous partirons demain... Cela vous va t-il, Fhiongan ?
- Ah ? Oui...
- J'emmène le jeune Roetir... Melusia, nous accompagneriez-vous ?
- Oui. Je dois prendre un bateau pour la Porte de Baldur, où je suis attendue pour régler la succession de ma soeur Sombria...
- Oh ! mes condoléances...
- Je ne l'ai pas beaucoup connue, à part quand nous étions enfants. J'ai deux demi-soeurs, elle et Lysandria, plus âgées que moi. La vie nous a vite séparées, toutes deux ont quitté la maison très jeunes.
- Ah...
- Dame Béroalde, il faut nous assurer que l'enfant est capable de voyager.
- Elle le sera.
- Comment pouvez-vous en être si sûre ?
- C'est la fille d'Eldurvellir. Elle sait déjà où est son devoir. Elle sera aussi fiable que lui. Et Melusia sera là pour les soins, en cas de problème.
- Bien... J'espère que cette petite vous portera chance, Béroalde. Je peux naturellement vous héberger cette nuit...
- Ah ça c'est gentil, dame Hazuni ! mais je dois tout de même faire un saut à l'auberge, essayer de savoir si mes lâcheurs de compagnons ont laissé un message pour moi... Et je ferais bien, du coup, de dormir à l'auberge...
- C'est certain, mon cher Fhiongan, vous serez mieux là-bas quand vous vous serez copieusement torché...
- Vous lisez en moi comme dans un livre ouvert, Béroalde !

Fhiongan faillit se taper virilement les cuisses, mais retint son geste. Dame Hazuni sourit.

- Ne poussez pas les agapes trop loin, messire, si vous comptez partir tôt demain.
- Evidemment. Je tiens bien la cuite, vous savez ! question d'expérience.
- Je n'en doute pas.