[Lieu] La Vallée Fertile

[Galathée]

Le groupe se scinda : Braen, Rodolphe et Maric restèrent dans l'escalier, s'installant sur les marches, tandis que Taliesin, Amrod et Cordélia redescendaient à l'étage précédent.
Amrod ne s'éloigna que de quelques pas et sortit un morceau de parchemin sur lequel il se mit à griffonner. Le barde nota qu'il dessinait la mosaïque des plafonds. Cordélia musarda un peu plus loin, remontant le couloir comme une promeneuse tranquille.
" A mon avis, il ne reste pas d'artefacts magiques dans ces étages, sans quoi Wilmarin serait réveillé et nous surveillerait."

[Taliesin]

-C'est probable, je le crains... acquiesça-t-il. Mais admettez que l'ornementation vaut à elle seule le détour. Et puis, je suis certain que Wilmarin vous laissera examiner de belles pièces et même conserver certaines d'entre elles.
Mais peut-être pas les plus rares ou, en tout cas, les plus magiques.

[Galathée]

" Honnêtement... Ce n'est pas mon souci principal. Je suis là pour... éviter que les humains ne soient complètement spoliés, je suppose. La cité va avoir besoin de rentrées financières pour reconstruire tout ce qui a été détruit et... éviter que la reconversion ne tourne au drame social. Je n'en tirerai rien, personnellement. Mais ce n'est pas l'idée. Et j'espère que Wilmarin videra les lieux de tout ce qui représente le moindre risque entre de mauvaises mains."
Il sourit et reprit son croquis.
" Ces motifs sont fascinants... Il y a une sorte de... jeu sur la spirale, décliné à l'envi...
— C'est des tombes, en fait, ici." remarqua Cordélia, plus loin dans le couloir.

[Taliesin]

-Oh...
Il la rejoignit pour voir les tombes en question.
-Du coup, faisons attentions à là où nous mettons les pieds : mieux vaut ne pas jouer les profanateurs de sépultures...
On ne savait jamais, l'endroit pouvait être protégé par des esprits gardiens...

[Galathée]

Les tombes étaient au nombre de trois, disposées côte à côte dans une pièce circulaire. Elles avaient une forme ovoïde plutôt que rectangulaire et on discernait l'endroit où le couvercle était posé sur la caisse. Il n'y avait pas de gisants, mais des pots ornementés avaient été disposés autour de chaque base. La poussière rendait le tout gris et presque duveteux.
" Enfin, c'est peut-être juste des coffres, ou des tables... mais on dirait quand même des tombes."

[Taliesin]

-Je suis d'accord et je vais donc soigneusement m'abstenir d'y toucher.
Ne pas y toucher, cependant, cela ne voulait pas dire ne pas regarder. Ainsi, s'avançant de quelques pas avec autant de respect que possible, il se mit à observer tant les tombes que les vases, en quête de gravures, de symboles susceptibles de l'éclairer quant à leur nature. Il doutait d'en apprendre beaucoup, puisqu'il n'avait compris goutte à ce qu'il avait vu jusqu'ici ; mais cela ne coûtait rien d'essayer.

[Galathée]

Il n'y avait effectivement pas grand chose à en apprendre. Comme les plafonds, les sarcophages étaient semblaient décorés de formes géométriques, surtout rondes et spirales, mais il était difficile d'en juger sous l'épaisse couche de poussière, et comme ni Taliesin, ni Cordélia n'osèrent tendre la main, il fallut s'en contenter. Amrod était arrivé à leur hauteur mais il demeura en dehors de la pièce.
" Il suffirait de pousser un couvercle et on saurait enfin à quoi ils ressemblent, ces... natifs."

[Taliesin]

-Sans doute, oui, et j'avoue que la perspective d'assouvir ma curiosité à ce sujet n'est pas pour me déplaire. Toutefois, je crois vraiment plus prudent, et plus respectueux, de n'en rien faire : nos peuples respectifs n'aimeraient pas que des aventuriers profanent ainsi les sépultures de nos morts...
Il avait toujours bien à l'esprit ce qui s'était passé lors de son périple vers la Vallée fertile.

[Galathée]

" Je sais, dit Amrod avec un léger sourire. C'était un commentaire, pas une intention. Et même si je n'avais aucun respect pour les morts d'autrui... Il doit bien y avoir une raison pour laquelle personne ne sait à quoi ils ressemblent."
Cordélia ressortit en frissonnant et regagna le couloir. Un peu plus loin, ils découvrirent une nouvelle cage d'escaliers qui s'ouvrait au milieu de l'étage et qui grimpait en une spirale serrée. Elle ne semblait pas protégée, du moins à première vue.
Un nouveau courant invisible traversa les lieux, un déplacement d'air à peine perceptible, comme si une porte avait claqué au loin. Cette fois, Cordélia éternua, ce qui la fit rougir d'embarras.

[Taliesin]

-Cela fait deux fois que je ressens un étrange phénomène, dit-il à ses compagnons, ne voyant pas de raison de leur cacher la vérité. C'est comme une sorte de courant d'air très bref, très ténu... Je pense que c'est ce qui t'a fait éternuer, Cordélia. Et j'en déduis que cet endroit n'est pas aussi désert qu'il en a l'air, ou qu'il y a plus de magie à l’œuvre que nous ne le pensions. Je propose donc que nous rejoignions nos compagnons... et que nous tentions d'éveiller Wilmarin.
Cela semblait le plus prudent, malgré le risque de provoquer l'ire du vieux sage.

[Galathée]

Amrod et Cordélia s'entreregardèrent, le premier inquiet, la seconde ravie, mais ils obtempérèrent et rejoignirent le gros du groupe. Rodolphe et Braen bavardaient, Maric semblait prier.
" Est-ce que tu ne crois pas que c'est simplement un courant d'air ? demanda Braen quand Taliesin lui eut expliqué ses intentions. Wilmarin risque d'être... Enfin, peu importe. Tant que tu en prends la responsabilité..."
Il s'efforça de décrocher le hibou, se prit un coup de bec de somnambule, puis le tendit, tout emplumé, au barde.

[Taliesin]

Il l'installa précautionneusement sur son épaule puis se mit à lui parler.
-Maître Wilmarin, nous aurions grand besoin de vos lumières. Cet escalier est barré par une barrière magique contre laquelle nous n'osons rien tenter, par peur de nuire à notre mission. D'autre part, je ressens de temps à autres un étrange courant d'air qui me paraît tout sauf naturel, ce qui ne manque pas de poser question...
Courte pause.
-Sinon, je tenais à vous dire que les enfants ont beaucoup apprécié leur séjour en votre demeure, au point que je n'ai pu qu'accepter leur insistante demande d'y retourner pour les six mois à venir... Je leur ai également promis qu'ils deviendraient vos apprentis, ne vous quitteraient plus d'une semelle et participeraient à toutes vos recherches.
Qui ne tente rien n'a rien !

[Galathée]

Le hibou s'ébouriffa et pendant un moment, il sembla que rien d'autre ne devait se produire. Puis il y eut un bref éclair de lumière, Taliesin ressentit une vive mais courte douleur à l'épaule et Wilmarin surgit.
" Si vous me laissez les gosses, j'en fais des statues. Je vous ai déjà prévenu. Amrod sera sans doute assez stupide pour me les acheter.
— Ah c'est gentil, ça." grommela le marchand.
Le vieil elfe jeta un coup d'oeil autour d'eux et hocha la tête.
" Pas mal, vous avez bien avancé." dit-il, en commun cette fois.
Il s'approcha de la barrière magique et tendit la main.
" Je peux l'enlever mais... gaspillage !" dit-il avant de se tourner vers le petit groupe.
Son regard s'attarda sur les trois humains, comme s'il pesait quelque chose, puis se tourna vers Taliesin.
" Vous avez trouvé l'escalier spirale ? On peut l'emprunter. Mais sans les torches."
Il avait parlé en elfique, cette fois.

[Taliesin]

Pas peu fier de son coup, Taliesin s'efforça néanmoins de demeurer impassible.
-Nous avons découvert un escalier en forme de spirale, oui. Et je pourrais sans mal créer magiquement de la lumière pour compenser celle des tarches. Toutefois, si c'est dans les ténèbres qu'il nous faut le gravir, il suffira de former une file indienne, de se tenir par l'épaule pour que nos compagnons humains s'en tirent. répondit-il dans la même langue.

[Galathée]

" Dans le noir, voilà. Je ne crois pas qu'ils aimeraient avoir les yeux bandés.
— Sûrement pas, en effet." lâcha le prêtre avec humeur.
Cordélia pouffa.
" Tout le monde parle elfique sauf moi, en somme, dit l'officier.
— Pas moi non plus. Mais j'ai compris : noir et aussi yeux." fit Cordélia.
Wilmarin avait l'air contrarié de ne pouvoir s'entretenir en aparté avec Taliesin.
" Vous parlez le sylvestre ?
— Qu'est-ce que c'est, qu'on ne peut pas voir ? demanda Cordélia. Un super trésor ?"
Amrod noya son visage dans ses mains tandis que Braen riait joyeusement.

[Taliesin]

Taliesin avait acquiescé à la question du vieux sage. Toutefois, lorsqu'il reprit la parole, ce fut en commun.
-Je n'ai aucune idée de ce que Wilmarin veut que vous ne voyiez pas. Mais comme notre mission première reste de vaincre les cultistes et de libérer les otages, et comme il est notre meilleur allié pour ce faire, je serais d'avis de respecter ses consignes même si nous ne les comprenons pas.
Dans l'immédiat, le reste était accessoire.

[Galathée]

Tout le monde était forcé d'en convenir, même si le prêtre et l'officier semblaient peu goûter à cette subite ségrégation. Wilmarin retourna dans le couloir de l'étage inférieur et les conduisit jusqu'au pied de l'escalier en spirale. Il reprit la parole, en commun également.
" Nous allons monter..."
Il fit un geste de colimaçon.
" Longtemps. Le passage est étroit mais avec des... des bords, il n'y a pas moyen de tomber. Vous allez voir... des lumières... et aussi la température va bouger. Il faut continuer à monter. On va faire... haut comme trois étages sans palier. Et on va éteindre les torches, parce que le feu... mauvais en cet endroit."
Il regarda le petit groupe.
" Braendoril, tu vas derrière avec la fille. Taliesin, avec moi. Les autres, c'est égal. Questions ?"

[Taliesin]

Taliesin se contenta d'opiner du chef.
Il s'interrogeait plus que jamais sur la nature des phénomènes brièvement évoqués par Wilmarin, se demandant si, au final, ce n'était pas pour les protéger qu'il demandait aux humains d'éteindre leurs torches. Toutefois, ce n'était pas le bon moment pour satisfaire sa curiosité : il fallait avancer et, à moins qu'il ne soit nécessaire de rassurer ou d'encourager certains de ses compagnons, il obtempérerait simplement.

[Galathée]

Ils mouchèrent les torches puis s'engagèrent sur l'escalier. Pendant les premières minutes, il ne se passa rien de spécial. Les marches étaient assez hautes, signe sans doute que les mystérieux constructeurs de ce complexe n'étaient pas de petite taille. Il faisait noir de noir, même pour un regard d'elfe, car il n'y avait aucune source de lumière au centre de la terre. Puis, petit à petit, la silhouette de Wilmarin apparut, nimbée d'une lumière orangée, comme une brume d'incendie, vers laquelle ils progressèrent petit à petit. Le froid des souterrains fut subitement empli d'une chaleur torride, humide, suffocante. Derrière lui, Taliesin entendit Rodolphe jurer et Maric murmurer une courte prière à sa déesse. Il crut entendre Cordélia rire joyeusement. Ils entrèrent dans la brume et, par réflexe, le barde dut fermer les yeux à cause de l'éclat aveuglant de la lumière.
" Nous allons traverser la source du pouvoir de la butte, lui dit Wilmarin en sylvestre, à mi-voix. Les humains en perçoivent moins que nous... sans doute parce qu'ils sont moins en phase avec l'énergie de ce monde. Le fait que quelqu'un, dans l'abbaye, soit capable d'user de cette énergie me fait penser que nous n'avons pas affaire qu'à des humains. Cela dit, il suffirait d'une créature capable d'y puiser avec doigté pour que la puissance soit accessible aux autres."
La lumière s'était atténuée et Taliesin discerna mieux l'escalier et son prédécesseur, qui continuait à grimper. Leur escalier semblait perdu au centre d'une immense salle obscure, dans laquelle dansaient, pour l'instant, des flammèches orangées, surtout en dessous d'eux. Il se mit brusquement à pleuvoir autour d'eux, sans qu'ils soient mouillés, cependant, protégés par des parois transparentes qui entouraient l'escalier, et un roulement de tonnerre retentit quelque part au-dessus d'eux.
" Nous ne risquons rien."

[Taliesin]

Il acquiesça silencieusement.
Tout ce qu'il voyait, entendait, ressentait... cela l'impressionnait et l'émerveillait à la fois. Certes, il se doutait que la colline cachait une source de pouvoir, mais il n'aurait pas imaginé qu'elle revête pareille forme, pareille ampleur. Quant à sa nature exacte, elle lui semblait naturelle, élémentaire ; dès lors, il était à déplorer qu'on l'ait employée à mauvais escient, et il valait sans doute bien mieux que, dans le futur, plus personne ne puisse s'en servir, malgré les merveilles qu'elle aurait pu aider à accomplir entre de bonnes mains.
Et dans l'immédiat, il ouvrait grand les yeux et les oreilles, décidé à ne pas en perdre une goutte, à en apprendre le maximum.

[Galathée]

Un éclair illumina toute la pièce, arrachant un cri de surprise à tous les membres de la colonne. Taliesin en demeura aveugle pendant quelques secondes ensuite, les yeux éblouis. Devant lui, Wilmarin ne s'était pas arrêté. La vue lui revint peu à peu tandis que le roulement du tonnerre s'éloignait. Le vent soufflait autour d'eux et les parois transparentes étaient martelées de sable. Pendant une seconde, l'elfe eut l'impression de deviner un visage dans la tempête qui faisait rage au dehors. La pluie tomba à nouveau et il fut de plus en plus difficile de voir au dehors de la cage d'escalier car une boue épaisse coulait tout autour, masquant la pièce gigantesque.
" Notre présence agite les énergies. Celui qui s'y abreuve va percevoir quelque chose. Espérons qu'il ne sache en faire sens."

[Taliesin]

-Espérons-le, oui... murmura-t-il.
Dans le cas contraire, les conséquences risqueraient d'être dramatiques.
Et de songer, alors, qu'il aurait peut-être été plus indiqué d'emprunter l'escalier après avoir pris le temps de désactiver la barrière magique. Mais il n'en dit rien : ce n'était pas le moment de remettre en cause les décisions de leur guide. Non, il fallait se fier à lui.

[Galathée]

L'ascension se poursuivit et la boue se détacha des parois pour aller virevolter dans ce qui ressemblait à une petite tornade. Quand Taliesin baissa les yeux, il vit que le fond de la salle paraissait en feu et de lourdes volutes de fumée s'élevaient vers eux. Pourtant, il faisait froid, et le givre couvrit les parois autour d'eux. Cordélia, plus bas, éternua à nouveau.
" Sorcellerie." souffla Rodolphe, dans l'ombre de Taliesin.
Ils grimpaient déjà depuis un moment et Wilmarin disparut soudain à la vue de l'elfe: et pour cause, ils avaient atteint le palier supérieur où, après quelques secondes, le sage ralluma une torche.
" Nous y sommes presque."
Le petit groupe se rassembla petit à petit sur le sol de pierre d'un nouveau couloir. Le sommet de l'escalier semblait baigné de ténèbres : on n'y voyait aucune trace de ce qu'ils venaient de traverser. Rodolphe paraissait soulagé, Cordélia arborait son habituel sourire et Braen était tout à fait détendu. Maric, de son côté, lorgnait vers l'escalier avec une expression pensive. Amrod, enfin, avait les yeux légèrement écarquillés, comme s'il n'avait pas encore complètement rejoint la réalité.
L'endroit qu'ils avaient atteint ne paraissait pas très différent de l'étage qu'ils avaient quitté plus tôt : poussiéreux, il ne paraissait pas plus occupé que les précédents.

[Taliesin]

-Eh bien, sacrée expérience... commenta-t-il.
Lui aussi peinait à revenir à l'instant présent, à écarter - temporairement - de ses pensées tout ce qui s'était produit alors qu'ils traversaient la source de pouvoir et toutes les interrogations qu'elle avait fait naître en lui. Il allait pourtant bien falloir qu'il y parvienne, car le temps pressait peut-être...
-Prêts à vous remettre en route ? demanda-t-il donc à ses compagnons.

[Galathée]

Ils prirent le temps de boire un peu et Amrod distribua des en-cas composés de pain au miel fourré de fruits secs, un délice qui revigora le plus las d'entre eux.
" A votre avis, maître, à quel niveau sommes-nous de l'abbaye ? demanda Cordélia au vieux sage, profitant de la pause.
— Nous sommes au quatrième niveau souterrain. Le troisième sera également protégé, je pense, car il n'est pas aisément accessible à qui en ignore l'existence. Mais les deux niveaux supérieurs ont été découverts il y a des siècles, avant même l'arrivée des humains sur Hélonna. Ils sont relativement rustiques et il est possible que les cultistes ne s'en servent que comme caves mais... les divinités mauvaises aiment souvent l'ombre, les grottes, ce genre de choses, donc s'il y a réellement une source divine à ces maléfices, ils pourraient aussi y être très nombreux."

[Taliesin]

Se faufiler jusqu'à la surface sans attirer l'attention, que ce soit en faisant preuve de discrétion ou en éliminant promptement les cultistes se trouvant sur leur passage, cela n'aurait décidément rien d'évident. Il faudrait pourtant qu'ils y parviennent : sinon, les otages en pâtiraient, c'était à peu près certain... Heureusement, Wilmarin était avec eux, lui qui connaissait si bien le complexe que c'était à croire qu'il l'avait déjà visité de fond en comble. Une chance, en l'occurrence...

[Galathée]

La petite équipe remonta le couloir vers la droite jusqu'à atteindre une nouvelle cage d'escaliers, sans protection cette fois, qu'ils empruntèrent pour gagner le dernier étage sûr. Comme l'avait annoncé Wilmarin, ils retrouvèrent la poussière et les signes d'abandon qui leur étaient désormais familiers. Le vieil elfe parut hésiter un moment sur la direction à suivre, mais finit par opter pour la gauche, les entraîna jusqu'à un cul de sac et puis les invita à pénétrer dans une salle ronde, aux murs richement ornementés de pierres multicolores. Il s'approcha de l'un des murs et se mit à le scruter intensément. Satisfait de son examen, il se tourna vers le groupe.
" Nous allons utiliser une sorte de téléporteur. Il va nous amener directement dans la pièce supérieure. Je ne sais pas ce qui s'y trouve. Braendoril, tu passes le premier.
— Formidable." dit l'elfe en dégainant ses deux épées.
Il s'avança et l'ermite posa une main sur son épaule, murmurant quelques mots. Le cuisinier alla ensuite prendre position au centre de la pièce. Wilmarin manipula quelque chose sur le mur et une brusque bourrasque se leva autour d'eux. Une seconde plus tard, Braen avait disparu. Les yeux de Wilmarin se révulsèrent, puis il revint à lui.
" La voie est pratiquement libre." annonça-t-il avec une légère grimace.
Il invita les autres membres du groupe à se positionner à divers endroits de la pièce, évitant de les placer au centre, et un coup de vent plus tard, ils étaient tous dans la salle supérieure. Il apparut immédiatement à Taliesin que celle-ci, contrairement à la précédente, était utilisée fréquemment. Bien qu'il y fasse sombre, on devinait des meubles poussés contre les murs*— de hautes étagères pleines de livres*— et une longue table au centre de la pièce. Braen était à la porte, scrutant l'extérieur via le trou de la serrure.

[Taliesin]

Au moins étaient-ils fixés, à présent : les cultistes utilisaient les deux niveaux supérieurs du complexe, et pas uniquement comme cave. L'opération allait donc changer de nature, pour devenir une véritable infiltration : sans doute ses sortilèges d'invisibilité allaient-ils se révéler utiles...
Toutefois, avant de proposer quoi que ce soit, il se tourna vers Wilmarin. Il devait disposer d'informations utiles - et si ce n'était pas le cas, il avait assurément les moyens de les obtenir...

[Galathée]

Le vieil elfe incanta et une poussière argentée se leva autour d'eux avant de retomber. Taliesin ne reconnut pas parfaitement le sortilège mais il savait que c'était quelque chose en lien avec le son.
" Nous allons nous poser dans cette pièce. Amrod, tu vas y rester, avec... la fille.
— Je m'appelle Cordélia.
— Je la protégerai. Les autres... Combien de cultistes avez-vous tués ?"

[Taliesin]

-Je ne me souviens plus du nombre exact... Peut-être une demi-douzaine près de la maison ou nous avons retrouvé Cordélia, la princesse et d'autres prisonnières...
Il se tourna vers Braen, dont la mémoire était peut-être plus précise à ce niveau. Sans compter que ses camarades et lui avaient pu faire d'autres victimes au cours de leur évasion.