[Quête] Ce que les vagues ne sauraient effacer

[Chandara]

Chandara dut effectivement en convenir mais ne manifesta pas plus de trace de déception que le jeune garçon :

- Oui, il n’y a que dans les mauvaises histoires que les héros marchent tout droit et tombent d’emblée sur le trésor. Au moins cette issue ne nous trottera plus dans la tête : allons vite vérifier si le passage d’en face nous réserve de plus belles surprises !

En fait de trésor, le voyage lui paraissait tout aussi plaisant que la destination et l’aboutissement de leur exploration.

[Taliesin]

Ils regagnèrent donc l'intersection puis s'enfoncèrent dans le tunnel de droite.
Durant quelques minutes, sa relative étroitesse ne leur posa guère de problèmes. Mais peu à peu, insensiblement, elle s'accentuait. Et bientôt, ils arrivèrent à un point où Chandara devrait se faufiler si elle voulait encore progresser. Quentin, lui, pourrait continuer à évoluer à peu près librement... Pour autant, il s'était arrêté, consultant la paladine du regard.

[Chandara]

Si la paladine n’était plus horrifiée comme autrefois quand elle devait se faufiler dans des passages étroits, elle n’était pour autant plus aussi à l’aise que lorsqu’ils arpentaient les larges galeries précédentes. Pour autant, s’il y avait véritablement des découvertes à faire, c’est bien dans ces boyaux plus difficiles d’accès qu’ils avaient le plus de chances d’en obtenir la primeur. Dès lors, la jeune femme se mit à examiner les parois et le plafond du tunnel avec plus d’attention : tant qu’ils semblaient suffisamment solides pour ne pas risquer de s’éroder à leur passage, elle continuerait sa progression. Et il serait toujours temps de s’arrêter si elle éprouvait des difficultés à avancer.

[Taliesin]

Le tunnel - quoiqu'il faille désormais plutôt parler de boyau - ne paraissait pas le moins du monde sur le point de s'écrouler : nulle part Chandara ne vit de rocher désolidarisé des autres, d'amoncellements en équilibre précaire.
Voilà pour la bonne nouvelle.
La mauvaise, en revanche, c'était que le passage se faisait sans cesse plus bas, sans cesse plus étroit. De plus en plus souvent, la paladine était obligée de se courber, d'avancer de côté. Et même Quentin finit par être contraint à quelques contorsions.
Enfin, fint un moment où il fut le seul capable de continuer sans risque de se retrouver coincé...

[Chandara]

Le laisser poursuivre seul étant relativement dangereux et n’ayant pas de sens, la jeune femme s’arrêta – de toute façon elle n’avait pas le choix – et suggéra à son acolyte :

- Nous allons devoir faire demi-tour, j’en ai bien peur : je ne pourrai pas avancer beaucoup plus et c’est moins amusant si on ne peut pas rester ensemble.

Ce n’était qu’une proposition raisonnable et si cela disait vraiment à Quentin de continuer quelques mètres encore, elle le laisserait faire et l’attendrait ici. Dans le cas contraire, il leur restait toute une galerie à explorer avec sans doute bien des découvertes valant le détour.

[Taliesin]

Le jeune musicien se tourna vers elle et se fendit d'un sourire teinté d'espièglerie.
-Je pense que vous craignez aussi que ce soit risqué pour moi de continuer tout seul. Mais soyez rassurée : je n'ai pas plus envie que ça de me faufiler dans une crevasse et de me retrouver bloqué. Du coup, rebrousser chemin ne m'ennuie pas du tout. Par ailleurs, on dit souvent que les aventuriers ne vont jamais tout droit, alors que c'est tout droit que se trouve le plus intéressant... Nous verrons si cela se vérifie.

[Chandara]

La bonne humeur du garçon avait la vertu de chasser ses moindres doutes aussi la paladine lui rendit un sourire parfaitement sincère avant d’avaliser la suite du programme qu’il venait de proposer : en route donc vers ce qu’il convenait de nommer le couloir principal et la nouvelle descente qui les attendait. En espérant que cette dernière ne serait pas plus rude que les précédentes et que la fortune leur sourit.

[Taliesin]

S'il y eut bien dans ce nouveau tunnel quelque passages fort raides, ils s'avérèrent brefs et ne constituèrent donc en aucun cas de véritables obstacles. Le reste du temps, le sol égal continuait à descendre en pente douce, s'enfonçant sans cesse davantage dans les entrailles de la terre.
Il faisait franchement frais, désormais, et l'humidité était palpable.
Par ailleurs, ils entendirent bientôt le clapotis de l'eau...

[Chandara]

Chandara ne regrettait pas vraiment d'avoir abandonné ses vêtements qui, mouillés, auraient encore renforcé la sensation de fraîcheur. Elle demanda à son jeune acolyte s'il n'avait pas trop froid avant de continuer son chemin. La jeune femme commençait néanmoins à se demander si le réseau continuerait longuement à être praticable avec la profondeur grandissante. En effet, les risques qu'ils repassent durablement sous le niveau de la mer étaient importants. Les clapotis d'eau semblaient concrétiser cette appréhension mais la jeune femme avançait toujours avec entrain, confiante en leur capacité de natation tant qu'il ne fallait pas retenir trop longuement leur respiration.

[Taliesin]

Quentin l'assura que tout allait bien et ils poursuivirent tranquillement leur descente.
Bientôt, le seul sous leur pieds se fit humide, glissant.
La mer montait-elle parfois jusqu'ici ?
C'était possible.
Car, peu après, ils débouchaient sur une immense caverne, large mais surtout haute, dont la partie inférieure était complètement inondée. Ainsi une étendue d'eau d'apparence fort profonde s'étendait-elle devant eux...
Y avait-il une zone émergée de l'autre côté ?
Malheureusement, la torche ne portait pas assez loin pour qu'ils puissent le dire.

[Chandara]

La paladine regrettait un peu ne pas pouvoir bénéficier d'une sourcede lumière plus intense car ce lac souterrain et la caverne qui l'abritait devaient vraiment valoir le coup d'oeil. Toujours était-il que la jeune femme ne comptait pas rebrousser chemin contre un peu de natation. Avant de se mettre à l'eau, elle longerait tout de même la rive pour déterminer s'il n'y avait aucun passage praticable sur les bords de la caverne. Ensuite de quoi elle se proposerait pour partir en éclaireur et chercher une nouvelle plateforme au-delà du lac.

[Taliesin]

Ses vérifications ne prirent guère de temps.
En effet, Chandara constata bien vite que Quentin et elle se trouvaient sur une manière de promontoire, relativement étroit et large d'à peine une vingtaine de mètres. Au-delà de ces limites, la roche descendait abruptement dans les flots.
Bref, aucun moyen d'aller plus loin sans se mouiller.
-Vous voulez vraiment nager dans le noir ? s'étonna le jeune musicien quand elle lui fit part de son projet. Parce que la lumière de la torche ne va pas très loin, tandis que l'eau, elle...

[Chandara]

Chandara dut convenir que c'était sans doute dangereux et qu'ils étaient en effet mal équipés pour poursuivre longuement leur exploration. Pour autant, c'était bien le dernier tunnel qu'ils pouvaient emprunter et qu'ils n'avaient pas encore fouillé et il était donc très frustrant de renoncer à le faire. Elle s'approcha tout de même du bord et essaya de trouver un endroit praticable d'où il serait facile de sortir de l'eau tout en réfléchissant à sa réponse :

- Tu as raison : j'ai peur que ta torche ne suffise pas cette fois. Et nous ne pourrions pas faire de feu même si nous trouvions du combustible à cause de la fumée que cela génèrerait. Non, il nous faudrait plutôt une lanterne et peut-être une sorte de radeau sur laquelle l'arrimer. A moins que tu aies d'autres idées ?

[Taliesin]

Le petit musicien fronça les sourcils, concentré.
-Peut-être qu'il y a des caches avec des choses utiles, ici où là. En tout cas, il y en avait une dans la caverne juste avant que cela devienne trop sombre pour avancer sans lumière.
Il désigna la torche.
-C'est là que je l'ai trouvée. Avec un briquet à amadou que j'ai laissé sur place. Mais du coup, je me dis qu'il doit y en avoir d'autres. Mais où ? Mystère. Il peut très bien y en avoir une juste au-delà de l'eau comme ne pas y en avoir du tout. Bref, c'est hasardeux.

[Chandara]

Chandara sentit bien que le garçon n'avait pas plus envie qu'elle de renoncer et cela la remotiva car il était encore tôt après tout !

- Bonne idée : cherchons un peu dans cette salle si on ne pourrait pas découvrir une autre de ces caches puis je tenterai tout de même d'avancer un peu à la nage et tu m'éclaireras depuis la rive. Il sera bien temps de faire demi-tou si cela ne donne rien.

Avant de se lancer dans sa recherche, elle comptait bien adresser une prière à sa déesse pour solliciter sa bénédiction et peut-être une inspiration.

[Taliesin]

Mais le promontoire ne dissimulait aucune cache : cinq bonnes minutes de fouilles minutieuses les en convainquit. S'il y en avait dans les parages, elles se trouvaient soit plus haut dans le couloir, soit... de l'autre côté de l'eau.
Eau dans laquelle, fidèle à son plan, Chandara finit par s'engager. Sans être glaciale, elle était malgré tout plutôt froide ce qui, combiné à l'atmosphère frisquette de la grotte, ne rendait pas la baignade très agréable.
Quoi qu'il en soit, la paladine avança. Bientôt, elle sortit de la zone éclairée par la torche. Bientôt, celle-ci ne fut plus qu'une petite flamme, à bonne distance derrière elle.
Et elle n'avait toujours pas atteint l'autre bord.

[Chandara]

Chandara haussa la voix pour avertir Quentin que tout allait bien pour elle et qu'il ne devait pas s'inquiéter. Elle espérait que cela suffirait à révéler sa position et à le rassurer alors qu'elle se risquait à aller encore un peu plus loin en nageant avec prudence. Elle était toutefois réaliste : elle ne pourrait pas continuer beaucoup plus longtemps avec ce froid qui lui engourdissait les muscles et le noir total qui pouvait à tout moment dissimuler un obstacle.

[Taliesin]

Une minutes, deux minutes s'écoulèrent encore sans que ses mains ne rencontrent aucun rebord.
L'étendue d'eau était large. Peut-être trop large pour être franchie dans ces conditions.
Chandara songeait donc à rebrousser chemin lorsqu'enfin, elle atteignit des rochers.
Des rochers sur lesquels elle put aisément se hisser.
Avait-elle atteint l'autre côté de la caverne ? S'agissait-il, simplement, d'un îlot ?
Elle ne pouvait encore le dire...

[Chandara]

Complètement aveugle dans cette obscurité totale, la jeune femme prit prudemment pied sur le promontoire de pierre et joua des pieds et des mains pour tenter de s'assurer de l'absence d'obstacle et de la taille de la zone praticable. Une fois qu'elle se serait assurée de ne pas risquer chute ou bosse, elle se retournerait vers son point d'origine, espérant repérer la lueur de la torche et peut-être évaluer la distance qui l'en séparait. La première chose faire seraitde toute façon de prévenir Quentin qui devait commencer à s'inquiéter.

[Taliesin]

La torche, quoique petite, demeurait parfaitement discernable, de même que son porteur. Quant à la distance qui les séparait, elle était difficile à évaluer : quelques dizaines de mètres, c'était certain. Il fallut donc à Chandara et à Quentin criers à plein poumons pour communiquer, leurs appels se répercutant en multiples échos par toute la caverne : mais ils y parvinrent.
Lorsqu'elle reprit ses tâtonnements, la paladine ne fut pas longue à découvrir qu'elle se trouvait sur un petit promontoire assez semblable à celui qu'elle avait quitté avant sa traversée. Il longeait une paroi rocheuse dans laquelle s'ouvrait un autre couloir. Légèrement ascendant, semblait-il.

[Chandara]

Avant toute chose, la paladine se mit à tâtonner contre le mur dans l'espoir d'y trouver une cache comme celle qu'avait découverte Quentin. En effet, si ce dernier souhaitait la rejoindre, il paraissait nécessaire de lui fournir une nouvelle source de lumière ne serait-ce que parce qu'il devrait abandonner l'actuelle de l'autre côté du passage inondé. S'il n'y avait rien et qu'un rapide examen du couloir ascendant n'était pas davantage couronné de succès, il faudrait certainement renoncer à une exploration immédiate. Etre curieuse et désireuse de découvrir ce qui se cachait encore dans cette grotte était une chose : être irresponsable en mettant leur sécurité en péril en était une autre.

[Taliesin]

Pas de cache sur le promontoire.
Et pas non plus dans le couloir. Du moins le crut-elle de prime abord.
Mais elle s'apprêtait à renoncer lorsque ses mains trouvèrent les contours d'une niche. A l'intérieur, un paquet de toile huilée renfermant ce qui, au toucher, semblait bien être des torches.
Et c'était le cas, constata-t-elle en le déballant. Il y avait même un briquet à amadou.

[Chandara]

Il était difficile de ne pas y voir un signe de la providence et de la bénédiction de leur expédition. Qui que furent les pourvoyeurs ayant disposé ce précieux matériel d'exploration, ils agissaient présentement pour la cause de sa déesse et Chandara les en remercia silencieusement. La toile permettrait même de mettre à l'abri une ou deux torches pour traverser les passages inondés mais le plus urgent était d'allumer une torche et de demander à Quentin de laisser la sienne en arrière et de la rejoindre. Elle lui éclairerait le chemin de son mieux et ne doutait pas de ses capacités à la rejoindre sans trop de mal.

[Taliesin]

Quelques minutes plus tard, le garçon l'avait rejointe.
Sa torche brillait toujours au loin, sans doute fichée dans quelque anfractuosité de la paroi. Quant à lui, même s'il semblait avoir un peu froid suite à sa traversée, il était toujours d'attaque pour la suite de l'exploration. Il expliqua même, quand Chandara lui fit part de sa découverte, que c'était exactement le genre de paquet qu'il avait lui-même trouvé, au début de leur périple.

[Chandara]

A l'instar de son compagnon, Chandara avait pris garde à n'y puiser que le strict nécessaire - une seule torche - tout en ayant l'assurance de pouvoir retrouver la cache plus tard et y puiser d'autres ressources s'ils venaient à en manquer. Mais puisque ces détails logistiques étaient maintenant réglés et qu'ils avaient toute liberté pour poursuivre leur aventure, la jeune femme indiqua à Quentin la direction du nouveau couloir et prit le temps de lui demander si le bain ne l'avait pas trop refroidi. La bénédiction de Sunie la protégeait contre ce genre de contingences mais elle était toute prête à prendre soin de son nouvel ami et ainsi éviter qu'il ne tombe malade.

[Taliesin]

-Vous en faites pas pour ça : l'eau froide, j'ai l'habitude. Contrairement à l'eau chaude, en fait.
Il se fendit d'un sourire mutin avant de poursuivre.
-A mon avis, ce sont les gens d'ici qui ont mis ces caches en places : la grotte a souvent été explorée. Et puis, si elles dataient du temps des pirates de la légende, l'humidité aurait fini par les rendre inutilisables...

[Chandara]

Chandara était parvenue à la même conclusion : si les grottes étaient assez connues pour que Quentin en ait entendu tant de bien, il n'était pas si étonnant que quelques personnes bien intentionnées aient disposé ces torches. peut-être avant tout pour leur usage personnel mais tant que cela profitait du même coup à tous les visiteurs que leur renommée avait atteints... Dans tous les cas, c'est avec une impatience renouvelée que la paladine suivit son jeune acolyte dans le nouveau couloir. Plus difficile d'accès, il serait sans doute encore mieux préservé.

[Taliesin]

Après une courte marche dans le tunnel qui monta tout du long, mais de manière modérée, ils firent leur entrée dans une salle presque aussi vaste que la précédente. Pas le moins du monde inondée, elle était riche en stalagmites et en stalactites, nombre d'entre elles s'étant réunies pour former de véritables colonnes. Elles conféraient à l'endroit les majestueuses et imposantes allures d'une grand nef : pour un peu, on se serait cru dans un temple souterrain érigé à la gloire de quelque dieu oublié.

[Chandara]

La jeune femme écarquilla les yeux de surprise et demeura un moment en admiration devant cette magnifique découverte. Puis, sur un rire quasiment enfantin, elle se mit à avancer entre les piliers en y faisant jouer la lumière de sa torche : leurs efforts pour atteindre cette salle étaient récompensés à la hauteur de ses attentes et elle avait bien l’intention de prendre le temps d’apprécier à leur juste valeur la beauté des concrétions naturelles.

[Taliesin]

-Attendez... fit Quentin après avoir, lui aussi, pris le temps d'admirer la salle.
Il la rejoignit en quelques enjambées.
-Si je puis me permettre, cela fait déjà longtemps que nous sommes dans les grottes : à mon avis, la marée est donc en train de remonter. Alors, peut-être vaudrait-il mieux rebrousser chemin tant que nous le pouvons encore et revenir une autre fois pour terminer l'exploration. Après, la seule conséquence ennuyeuse de se retrouver bloqué ici pour une demi-journée, c'est de sauter un repas, ce qui n'est pas bien méchant. Mais voilà, au cas où, je préférais vous en parler.