[Ville] Togoria

[Voyageuse]

" Ah...."
Ce fut tout ce qu'elle trouva à dire, de prime abord. Kara Tur. Elle savait juste que c'était très loin, à l'autre bout de Toril sans doute.
" Heu... Je cherche surtout une chambre.... Et je n'ai jamais goûté la cuisine de Kara Tur. Mais.... je peux essayer, par curiosité."
Après tout, était-ce plus étrange que la cuisine centaure ? Certes, elle avait envie de cuisine du terroir, bien ravigotante après ces journées de voyage. Mais puisqu'elle avait l'occasion de goûter autre chose... Au pire, si c'était immangeable, elle finirait à une autre auberge.
" Par contre, se souvint-elle, j'ai aussi un cheval. Est-ce que vous avez un endroit où il puisse dormir ?"

[Galathée]

" Je n'ai pas d'écurie mais je loue deux stalles chez mes voisins de la Table pour Sept. C'est trois maisons plus loin et leur palefrenier est un gars très compétent. Votre monture s'y trouvera très bien."
Il sourit.
" Si ça vous convient, je peux vous montrer la chambre... Si non, et bien... Ce ne sont pas les auberges qui manquant, à Togoria."

[Voyageuse]

Astrée sourit à son tour.
" Non, c'est bon. Ça ira très bien. Je veux bien voir la chambre et y monter mon sac... J'aimerais la plus calme que vous ayez, si possible", ajouta-t-elle avec un sourire presque d'excuses, un peu gênée d'oser demander la meilleure chambre.
Mais elle avait perdu l'habitude des bruits de la ville.
" Et je redescendrai pour emmener ma monture à l'autre auberge."

[Galathée]

" La ruelle est calme et au deuxième, vous serez tranquille. La chèvre du voisin donne parfois de la voix, mais c'est rare, et c'est jamais la nuit. Bon, parfois il y a des oiseaux dans les corniches, mais ça c'est partout."
Il lui fit signe de le suivre vers une porte dans le fond de la petite salle — huit tables, ni plus, ni moins — et la précéda dans une cage d'escaliers étroite. Malgré l'aspect patiné des marches, Astrée fut surprise de constater que pas une planche ne grinçait. Ils arrivèrent sur un premier palier garni de trois portes, puis continuèrent vers le second, où il n'y en avait que deux. Il poussa celle qui donnait vers l'arrière.
" C'est mansardé mais c'est assez grand." annonça-t-il.
C'était peu de le dire : la pièce était lumineuse, vaste, il y avait un lit de belle taille, une table et deux chaises, un âtre inutile en cette saison, et un baquet de cuivre dissimulé derrière un superbe paravent peint. Les murs étaient recouverts d'un crépi orangé, très discret, et des tableaux représentant des oiseaux ou des poissons esquissés en peu de traits étaient suspendus ça et là.
" Je vous laisse vous poser. Voici la clé. La chambre n'a pas de numéro, mais on ne peut pas vraiment se perdre, je suppose."

[Voyageuse]

Astrée lui adressa un sourire en le remerciant pour la clé.
" C'est certainement la chambre la plus confortable que j'aie vue depuis plusieurs veilles," assura-t-elle.
Elle y serait au calme, et le lit avait l'air incroyablement confortable. Il y aurait peut-être même possibilité d'avoir de l'eau chaude... ce qui était pour elle un véritable luxe ! Le retour à la civilisation avait du bon, au fond.

Elle posa son sac sur une chaise, fit quelques pas, n'osa pas s'asseoir sur le lit avec ses vêtements poussiéreux. Elle s'approcha de la fenêtre, indécise, puis avisa le baquet de cuivre et ressentit un besoin viscéral de se laver.
Mais Prince l'attendait dehors et elle avait tout le temps pour s'installer. Elle redescendit donc l'escalier, rapidement, pour demander où se trouvait exactement l'auberge de la Table pour Sept et à qui elle devait s'adresser là-bas. Et, accessoirement, combien coûtait une nuitée.

[Galathée]

Le prix était modique et son hôte proposa de l'accompagner jusqu'à l'écurie de l'auberge voisine. Mais, quand ils sortirent dans la rue, il n'y avait aucune trace de Prince. Les affaires qu'Astrée avait laissées sur l'animal gisaient sur le sol.
" Par les sept sabres ! On vous a volé votre cheval ! s'exclama le jeune homme, stupéfait. Et on a... laissé vos affaires ? Je suis... alors là... surtout désolé mais... je n'avais jamais vu ça ! C'est pourtant une rue sans histoires... On va appeler la garde !"
Astrée, elle, ne pouvait pas manquer l'abeille ventrue qui avait accepté de ne pas manger les fleurs du balcon et se contentait parfaitement de les butiner.

[Voyageuse]

Astrée jeta un regard noir à l'abeille, écoutant à demi les exclamations du jeune homme.
" Non !, s'écria-t-elle d'un ton alarmé à la mention de la garde. Non.... Pas besoin d'appeler les gardes... Je... c'est...."
Elle se retrouva à bafouiller, maudissant intérieurement les initiatives de son compagnon à quatre pattes - ou ailes selon les moments.
" C'est un fugueur, finit-elle par expliquer. J'ai l'habitude, je vais le retrouver sans problème. C'est pas la première fois qu'il me fait le coup !"

[Galathée]

" Ah..." dit l'aubergiste.
Il jeta un oeil à ce qui restait sur les pavés.
" Je vais rentrer ça, alors, et je vous laisse le chercher ? L'écurie, c'est la porte verte, là... Il suffit de frapper, Wilma viendra vous ouvrir, et vous dites que vous venez de ma part. Là, il faut que je retourne à mes fourneaux... Sinon quand les habitués vont débarquer, j'aurai droit aux quolibets d'usage."
Il sourit.
" Dame..."
Il s'inclina ensuite et disparut à l'intérieur, emportant les rebuts de Prince.

[Voyageuse]

Astrée attendit qu'il soit rentré pour s'approcher de l'abeille. Elle était en colère contre elle-même tout autant que contre lui : il y avait longtemps qu'ils n'avaient pas séjourné en ville et elle aurait dû insister sur le fait qu'il ne devait pas se transformer. Mais elle n'était pas certaine qu'il aurait obtempéré, de toute façon.

Elle explora du regard la ruelle, cherchant un endroit un peu caché, derrière un escalier, une poubelle, un porche, peu importe. Puis elle s'efforça de rentrer en contact avec Prince pour lui demander de bien vouloir reprendre sa forme équine à l'abri des regards.

[Galathée]

Il y avait bien un porche acceptable, mais la ruelle n'était de toute façon pas très fréquentée et les risques sans doute limités. Prince était cependant peu enchanté à l'idée de mettre fin à son gueuleton de nectar, et Astrée dut déployer des trésors de persuasion et promettre qu'ils ne resteraient pas longtemps en ville avant qu'il daigne descendre et retrouver la forme équine.
Ensuite, il la suivit docilement à l'écurie et s'installa dans la stalle que leur désigna la dénommée Wima sans broncher le moins du monde. Il parut même écouter la jeune femme quand elle lui rappela qu'il fallait qu'il reste sage et dans l'écurie.
Mais la chose réglée, Astrée était libre d'aller prendre un bain, manger un morceau ou continuer son exploration de Togoria.

[Voyageuse]

Il restait un peu de temps avant le dîner, et Astrée n'était pas pressée de se retrouver entre quatre murs, aussi confortables soient-ils. Elle jugea qu'elle disposait d'une petite heure et décida de repérer un peu les environs avant de rentrer prendre un bain. Elle espérait notamment trouver un parc, ou quelque chose d'approchant, pour pouvoir se ressourcer un moment le lendemain matin. Elle se souvenait vaguement de l'endroit où trouver une bibliothèque et la plupart des commerces, mais elle n'avait pas pris le temps de rechercher un coin de nature lors de son séjour précédent. Bien sûr, elle pouvait demander au jeune aubergiste, mais il était occupé en cuisine. Autant prendre un peu de temps pour explorer le quartier par elle-même.
Elle partit donc au hasard des rues, essayant de se réhabituer au bruit et au mouvement ambiant.

[Galathée]

Il y en avait, du bruit et du mouvement, même si la fin de journée était probablement moins agitée que la matinée. Mais Astrée ne se sentit pas oppressée, pas dévisagée, par personne, malgré sa mise pour le moins rustique. Togoria méritait sa réputation de cosmopolitisme, et il sembla à la jeune femme que les races anciennes y étaient un peu plus nombreuses que dans les autres petites villes de la région.
Elle retrouva rapidement ses repères car la cité n'était pas très grande et certains bâtiments, notamment le Temple de Lathandre et celui de Tymora, dépassaient des toits comme des bornes destinées à sauver le promeneur égaré.
Astrée trouva sans souci un coin de nature, étonnamment sauvage, dans un grand parc en bordure de la muraille est. On y trouvait d'épais taillis, des rochers anciens, probablement déjà présents avant la construction de la cité, et quelques arbres plusieurs fois centenaire. Un morceau de prairie fleurie bruissait d'abeilles et de papillons. Au centre de cet univers végétal, un petit étang accueillait une douzaine de canards. Il y avait des humains, cependant, petits et grands. Sur des barques dans l'étang, jouant à cache-cache dans les buissons, alanguis sur les pelouses. Car il faisait chaud en cette fin de journée et les lieux étaient manifestement prisés de ceux qui voulaient prendre l'air. Mais il y avait moyen de trouver son bonheur et un peu de tranquillité en évitant les meilleures places...

[Voyageuse]

L'endroit était paisible, agréable, bien qu'un peu trop peuplé. Mais en s'écartant des sentiers principaux, on pouvait y être tranquille, d'autant que le parc serait probablement moins fréquenté le lendemain matin à l'aube.
Pour l'heure, le simple fait de retrouver un coin de verdure lui faisait du bien. Les murs de la ville avaient emmagasiné la chaleur de la journée et elle n'en avait pas l'habitude, ayant passé ces dernières veilles en montagne : l'atmosphère lui semblait étouffante. Elle avait désespérément besoin de fraicheur et elle n'était apparemment pas la seule.
Elle s'éloigna de l'étang trop fréquenté, cherchant plutôt l'ombre des taillis. S'asseoir un moment à l'ombre et rêvasser en écoutant le chant des oiseaux était un programme idéal pour cette fin de journée. Ensuite, quand le soleil aurait un peu baissé, elle rentrerait à l'auberge.

[Galathée]

Hormis un chat curieux et un passage éclair de trois gamins au pas de course, Astrée ne fut pas dérangée et elle put reconnaître la pie, le merle, les choucas et les mésanges qui devisaient dans les arbres au-dessus d'elle. De temps en temps, elle entendait le cri tonitruant des canards, sans doute dérangés par la proximité des promeneurs, mais sinon, l'air bourdonnait d'insectes voyageurs, et le vent, très timide, agitait à peine les branches des arbres. La soirée promettait d'être aussi belle que la journée, et certainement plus chaude que les nuits de montagne. Le soleil ne se coucherait pas avant plusieurs heures, non plus, et Astrée reprit le chemin de l'auberge alors qu'il faisait encore parfaitement jour.
Sur place, elle retrouva la petite salle bien plus remplie qu'au moment où elle l'avait quittée. Il y avait bien une douzaine de convives attablés, et les conversations allaient bon train. Ce n'était pas bruyant, pas étouffant, mais pas tranquille non plus. La cuisine de Kara-Tur attirait manifestement les curieux. Il restait deux tables et si la jeune femme le décidait, elle pouvait sûrement s'installer. L'aubergiste, lui, était bien sûr invisible, mais le fracas en cuisine trahissait sa localisation.

[Voyageuse]

Astrée salua discrètement l'assemblée -d'un bonjour si timide que seul un client attentif aurait pu le remarquer-, et s'engouffra aussitôt dans l'escalier pour monter faire un brin de toilette et se changer : des vêtements propres lui semblaient préférables pour dîner dans un lieu public.
A son retour dans la salle commune, elle s'installa à l'une des deux tables vide, le plus loin possible des autres convives, et attendit sagement que l'aubergiste ait le temps de s'occuper d'elle. Les odeurs étaient toujours aussi étranges, mais puisqu'il y avait d'autres clients, c'est que la nourriture ne devait pas être mauvaise.

[Galathée]

Il n'y avait pas de "plus loin possible", l'auberge était minuscule et toutes les tables étaient voisines les unes des autres. Mais personne ne s'imposa à Astrée et elle put prendre connaissance du menu sur un carré de parchemin déposé sur la table. Elle reconnut les mots canard, porc, boeuf et poulet, des aliments standards, mais les noms qui suivaient, peut-être des aromates ou des légumes, ne signifiaient pas grand chose. Elle était encore en train de décrypter les pattes de mouche de son hôte lorsqu'elle réalisa qu'on l'observait. Une halfeline, haute comme la table, la regardait avec un sourire incertain.
" C'est du charabia, hein ? Le canard est délicieux, mais il faut aimer le sucré-salé. Le porc est délicieux aussi, mais il pique drôlement. Le boeuf est bon, mais il ne faut pas être rebuté par la viande presque crue. Si vous avez peur, alors il faut prendre le poulet."
Elle baissa la voix.
" Si vous avez peur, vous pouvez toujours vous enfuir, aussi. Takeo ne le prend jamais mal."

[Voyageuse]

" Je n'ai pas peur", répliqua-t-elle en souriant.
Dans le pire des cas, elle aurait la gorge en feu et le système digestif en vrac pour quelques heures. Rien de bien grave.
" Je vais éviter le porc, je crains que mon estomac ne soit pas habitué. Le boeuf aussi... Mais je n'ai rien contre le sucré-salé. Le canard. Enfin, sauf si vous pensez que le poulet est meilleur. Je n'y connais rien... Mais le canard, a priori, ça me tente bien."
Il était possible également qu'elle séjourne deux nuits en ville, si ses courses du lendemain s'éternisaient trop, et qu'elle goûte autre chose le lendemain. Si toutefois son estomac survivait à cette dégustation-ci.

[Galathée]

Le canard s'avéra délicieux. La halfeline, qui ne devait pas avoir seize ans, virevoltait dans la salle en servant les convives, engageant la conversation avec chacun d'entre eux. Astrée comprit, aux bribes de conversation qui lui parvinrent, que la plupart étaient des habitués, qui venaient spécialement là pour la nourriture exotique. Certains étaient manifestement des gens riches, d'autres paraissaient de milieu beaucoup plus modeste, mais il régnait une harmonie tranquille dans la salle, à défaut du silence.
" Tout va bien pour vous ? demanda la halfeline. Est-ce que je peux vous servir autre chose ? Un second plat ? Une tasse de thé ? Un dessert ?"

[Voyageuse]

Astrée s'était sentie, peu à peu, plus à son aise, écoutant vaguement les conversation tout en dégustant son canard. C'était très différent des saveurs de pommes aux épices découvertes chez les centaures. Plus fin, certainement, mais elle n'était pas très bonne juge en la matière. En tout cas, c'était délicieux.
Elle sourit à la jeune halfeline.
" Un deuxième plat, non, ça serait trop. Mais je veux bien un dessert et une bonne tasse de thé."
C'était davantage qu'elle n'en avait l'habitude, mais, pour une fois qu'elle soupait dans une auberge, autant en profiter.
" C'était très bon, ajouta-t-elle. Le cuistot est-il de Kara Tur ?".

[Galathée]

" A moitié seulement, dit la halfeline. Sa mère était de Kara-Tur, et son père d'ici. Ils sont revenus après qu'elle soit morte, il y a un an environ. Mais l'auberge est plus récente... et c'est déjà un succès !"
Elle sourit et s'esquiva, pour revenir quelques minutes plus tard avec une petite théière, une tasse et un bol de salade de fruits étranges. Elle ne s'attarda cependant pas car plusieurs des convives prenaient congé et elle dut s'occuper d'eux. Mais à peine une table fut-elle libre que de nouveaux gourmands surgirent de la rue.
" La soirée va être longue, c'est le huitième jour de veille, dit la halfeline à Astrée. Est-ce que vous voulez de l'eau chaude pour prendre un bain ? Ou bien vous préférez vous attarder ? Ça risque d'être assez plein pendant encore... deux bonnes heures."

[Voyageuse]

" Ah..."
Ce n'était pas vraiment une "petite auberge tranquille". Mais cela existait-il en ville ? Même si ce n'était pas Luménis, il y avait certainement de l'animation le soir.
Elle secoua la tête.
" Je ne vais pas m'attarder, non. La journée a été longue. Et je n'aurais rien contre un bain... mais à cette heure-ci vous n'aurez certainement pas le temps de me monter l'eau, il y a trop de clients. Je peux en monter moi-même si vous voulez. Ou attendre que vous ayez plus de temps."

[Galathée]

" Si si, je vais m'occuper de vous. Enfin pas moi. Je vais vous envoyer Cirrus. Il fera ça très bien. Il est timide alors il faut lui parler tout doucement. Juste... Attendez qu'il soit passé pour vous changer, sinon il va se sentir mal."
Elle sourit puis disparut dans l'arrière-salle.
Il ne restait plus à Astrée qu'à regagner sa chambre sous les toits. Comme l'avait promis la jeune halfeline, on vint lui remplir son bain très rapidement. Le dénommé Cirrus était un jeune homme ordinaire, bâti comme un taureau mais d'une timidité maladive, qui s'excusa cinquante fois entre le premier et le dernier seau d'eau qu'il versa à la druidesse. Ensuite, il lui souhaita la bonne nuit et elle eut la certitude qu'il s'était enfui dans les escaliers en courant.

[Voyageuse]

Astrée s'efforça de ne rien dire, rien faire, qui puise mettre mal à l'aise le jeune homme. Qu'ils soit timide et discret lui allait fort bien, et elle ne chercha pas à engager la conversation, se contentant de remercier et de proposer son aide, par politesse.

Pendant qu'il officiait, elle avait vidé le contenu de son sac sur la table, pour en faire un inventaire complet. Il lui faudrait renouveler sa provision de savon, un peu de menu matériel de couture pour repriser ses vêtements, un nouveau crayon à graphite et un morceau de parchemin, de la ficelle, de l'amadou, de la corde et quelques pitons pour l'escalade puisqu'elle se retrouverait en montagne d'ici peu... et bien sûr des provisions. Rassembler tout cela allait l'occuper un certain temps demain. Sans compter qu'elle devait aller consulter des cartes...

Mais pour l'heure, elle sentait la fatigue du voyage dans ses membres et fut enchantée de voir le dernier seau d'eau vidé dans le baquet. Un bain chaud.... ça faisait une éternité qu'elle n'y avait pas goûté. Elle allait pouvoir s'y détendre longuement, se préoccuper de ses cheveux emmêlés et en sortir enfin parfaitement propre..... et dormir dans un vrai lit moelleux ensuite. Un délice !

[Galathée]

Astrée n'entendit pas le moindre bruit provenant de la salle en bas. Comme le lui avait promis l'aubergiste, la chambre se révéla parfaitement calme et la nuit tranquille. Au petit matin, elle fut réveillée par le roucoulement des pigeons dans sa corniche. Il faisait déjà clair, ce qui ne signifiait pas grand chose en plein été, mais elle perçut ensuite le murmure de la ville, distant mais bien présent, qui signifiait qu'au dehors, les Togorians étaient déjà à l'ouvrage... du moins certains.

[Voyageuse]

Elle mit quelques instants à se souvenir du lieu où elle était. Le matelas était si confortable qu'elle avait certainement dormi plus longtemps que d'habitude. Elle s'étira, se leva, s'approcha de la fenêtre pour estimer l'avancée du jour. Il lui sembla qu'il était suffisamment tôt pour qu'elle puisse se rendre d'abord au parc, pour se ressourcer au contact de la nature avant de déjeuner. Elle avait pris l'habitude de méditer peu après l'aube ces derniers mois, et le parc serait plus tranquille à cette heure.
Elle eut une pensée pour Prince, se demandant s'il était resté sagement dans son box comme demandé. Elle irait le retrouver après le déjeuner.

[Galathée]

Quand elle arriva dans la petite salle du rez de chaussée, une table mise l'attendait pour le petit déjeuner. L'aubergiste était en train d'en frotter une autre. Une troisième était occupée par un humain solitaire, qui tournait pensivement dans sa tasse de thé en lisant à un gros livre poussiéreux. Il leva les yeux à son entrée et sourit machinalement.
" Vous êtes sur le départ ? demanda l'aubergiste. Un petit en-cas avant d'affronter Togoria ? Les petits déjeuners sont très ordinaires, je vous le promets.
— Sauf le thé, intervint l'autre convive. Le thé est inimitable."

[Voyageuse]

Astrée sourit. L'odeur qui s'exhalait de la tasse était engageante.
" Je me doute. Celui d'hier soir était délicieux. Mais j'ai l'habitude de sortir respirer un peu pour me mettre en appétit avant de déjeuner, et j'ai envie de profiter un peu de la tranquillité du parc au petit matin... Est-ce que ça dérange si je déjeune dans un petit moment seulement ? Enfin, je veux dire.... Si c'est plus simple pour vous que je déjeune tout de suite parce que tout est prêt, je ne veux pas vous compliquer la vie."

[Galathée]

" Oh non, pas de soucis. Le client est roi, dit l'adage !" s'exclama l'aubergiste.
Le second convive eut un sourire mais s'était déjà replongé dans son livre.
Il ne restait plus à la jeune femme qu'à aller faire sa promenade matinale dans le parc... qu'elle trouva presque désert, à l'exception de quelques enfants, déjà, qui se poursuivaient dans les broussailles, et d'une femme qui semblait promener une paire de grands molosses blancs. Pour le reste, mille oiseaux saluaient le lever du soleil et les criquets chantaient déjà avec énergie dans les hautes herbes. Il ferait, à nouveau, chaud aujourd'hui.

[Voyageuse]

Astrée, qui avait marché d'un bon pas malgré son esprit encore embrumé, ralentit le pas sitôt qu'elle fut dans les allées du parc. Il n'y avait presque personne, cette fois-ci, et c'était appréciable. Elle laissa le calme des lieux l'envahir, inspirant profondément les senteurs estivales, à l'écoute du léger souffle d'air dans les branchages et des trilles matinale des oiseaux. Elle prit le temps de saluer mentalement quelques-uns des arbres vénérables qui s'y trouvaient, et finit par s'asseoir au pied de l'un d'eux, dans un endroit un peu reculé.
Elle n'eut aucune peine à faire le vide dans son esprit pour se mettre au diapason de la nature qui l'entourait. Elle n'était plus qu'une minuscule parcelle de vie semblable à toutes les autres, chacune insignifiante et pourtant importante, se fondant dans un Tout qui la dépassait. Elle ressentait intensément les puissances à l'oeuvre dans la nature, forces de création ou de destruction, mêlant eau et feu, terre et air, et y savait y puiser quelques miettes de pouvoir, accordées avec parcimonie par la Nature à ses serviteurs.

Elle émergea de sa transe matinale le coeur léger et débordante d'énergie. Comme d'habitude. Elle avait faim, l'odeur du thé lui revenait en mémoire, et elle se dirigea d'un bon pas vers l'auberge.

[Galathée]

Quand elle y parvint, la salle n'avait pas changé. L'autre résident était toujours en train de lire, à la fenêtre, et sa place l'attendait toujours. Sans doute alerté par le grincement (léger) de la porte, l'aubergiste surgit cependant à peine l'avait-elle franchie.
" Ah, vous voilà ! fit-il avec un sourire. Qu'est-ce que je peux vous offrir ? Du gruau ? Des oeufs et du lard ? Du pain ? J'ai tout le classique... J'ai renoncé aux petits déjeuners karaturiens : les gens d'ici n'aiment pas le riz aux légumes à l'aurore. Et du thé, je suppose. Mais j'ai du lait de la chèvre du voisin, au besoin."