[Bâtiment] La Maison de Silmandel

[Manfred]

Cette fière maison bourgeoise, haute d’un étage, aux murs blancs, aux toit d’ardoise pentu et aux hautes fenêtres en ogives appartenaient à un commerçant versé dans les poteries exotiques. La guerre contre Manost l’ayant ruiné, nul ne sait vraiment ce qu’il est devenu. Ce qui est sûr, c’est que sa demeure a été mise en vente et que c’est un certain Silmandel Songevent qui l’occupe désormais.

L’intérieur de l’édifice est plutôt spacieux, relativement bien rangé et entretenu, et conserve quelques traces de son ancien propriétaire. Ici un vase aux motifs elfiques, là, une statuette aux traits étranges... La pièce la plus importante du rez-de-chaussée est indéniablement le salon avec sa grande cheminée de marbre, sa table de bois massif et sa bibliothèque que Silmandel commence à peine à repeupler d’ouvrages sur le théâtre, la littérature ou les mystères de Toril. La chambre du maître des lieux se trouve au premier. Le bâtiment compte aussi un grenier encombré de bric-à-brac ainsi qu’une cave où le vin se conserve plutôt bien.

La porte de la maison donne sur une large rue pavée et généralement assez fréquentée. Il existe une porte arrière, donnant sur une ruelle. Elle était à la base réservée aux domestiques, mais il n’y en a plus.

[Taliesin]

-Pas mal...
Tel fut le premier commentaire d'Alexandre après que Silmandel leur ait fait faire, à sa sœur et lui, la visite guidée de sa nouvelle acquisition.
Le premier commentaire... mais pas le dernier.
-Par contre, c'est pas très grand, il n'y a pas de jardin, il n'y a pas de passage secret... Bref, on a baissé en gamme, depuis la dernière fois ! Franchement, tu devrais troquer cette maison contre celle que tu as cédée à Asmomidéus.
Sourire espiègle. Clémentine, elle, leva les yeux au ciel.

[Manfred]

« Mais c’est que notre Alexandre commence à avoir des goûts de prince, rigola Silmandel. Si tu préfères l’autre maison, tu peux y retourner. Après tout, vous vous entendez bien, Asmodéus et toi », ajouta-t-il, sourire en coin.
Il se retourna vers Clémentine, passant à un registre plus sérieux.
« Comme tu as pu le constater, il y a assez de chambres pour nous tous. C’est plutôt bien situé... bref, vous serez mieux ici qu’à la guilde, enfin, selon moi. Petit bonus appréciable : c’est garanti sans fantôme. »
Après tout ce qui s’était passé, inviter Clémentine et son frère à vivre ici, avec lui, lui avait semblé tout naturel.

[Taliesin]

-Tu t'es trouvé une très belle maison, acquiesça-t-elle. Cependant, le fait qu'après nous avoir déjà tant aidés, il te faille de surcroit nous héberger, même si je sais que c'est de bon cœur... Cela m'embarrasse un peu.
Elle secoua la tête puis esquissa un sourire.
-Enfin, c'est effectivement la meilleure solution dans l'immédiat. En particulier pour Alexandre : la guilde abrite des gens bien, c'est sûr, mais elle regroupe aussi pas mal de canailles et j'aime autant l'en tenir à distance. Sans compter qu'il est sans doute nécessaire que tu poursuives sa formation... Bref, pour les alternatives, on en rediscutera quand j'aurai pu mettre un peu plus d'argent de côté. Et d'ici là... Merci.

[Manfred]

« Et bien, l’affaire est entendu ! répondit, enthousiaste, Silmandel. Pour Alexandre, sa formation magique est probablement achevée. Il a acquis les bases, le reste est instinctif. Enfin, je suppose. »
Il se croyait ensorceleur, et Alexandre élu divin, ils se révélaient être des sorciers. Il avait accepté l’idée sans difficulté, mais n’en demeurait pas moins que niveau enseignement, cela changeait la donne. Ou pas. C’était en tout cas troublant de parler d’un domaine à la fois nouveau et familier. Bref, il fallait méditer la chose.
« Mais je pourrais toujours lui donner quelques conseils. Sans compter que je pourrais lui apprendre d’autres petits trucs utiles. Sait-il compter, lire et écrire ? Je peux lui apprendre l’elfique et le nain, des langues utiles. »

[Taliesin]

Clémentine fit mine de s'offusquer et répliqua, mains sur les hanches.
-Penses-tu vraiment qu'ayant mon frère sous ma responsabilité, j'aurais pu négliger son éducation ? Le condamner à l’illettrisme ? Si c'est le cas, alors c'est que tu me connais mal ! Je lui ai appris à lire, à écrire, à compter, et je pense que son niveau est tout à fait correct pour un garçon de son âge.
-Deux plus deux égal cinq ! intervint alors l’intéressé, l'air aussi studieux que concentré. Et cinq, ça s'écrit s i n k.
Voilà qui lui valut un regard assassin de la part de son aînée.

[Manfred]

« C’est bien ce que je pensais, fit un Silmandel mimant le professeur critique. C’est peut-être à toi, Clémentine, que je vais devoir apprendre toutes ces choses fort utiles. »
Il recula d’un pas, comme pour éviter un coup, puis ajouta, de nouveau sérieux :
« Allez donc vous installer. Moi, je pense que je vais me charger d’une ou deux dernières formalités. »
Habitué des séjours en auberges, puis plus récemment, d’être logé à la guilde ou au théâtre, le sorcier n’était guère un expert en cuisine et en tâche ménagères. Il n’avait pas de temps à perdre avec cela estimait-il de surcroit. Aussi envisageait-il de s’entretenir avec Fagin afin que celui-ci lui recommande une personne de confiance qui pourrait assumer le rôle de domestique. Silmandel avait les moyens financier pour payer un salaire respectable au candidat, pourquoi s’en priver ?
Cette initiative, il n’allait pas en parler à Clémentine. Il savait qu’elle pouvait elle-même assurer ce rôle, qu’elle le ferait en guise de dédommagement pour l’ébergement, et cela le dérangeait. La cuisine, le ménage, ce ne serait pas pour elle et il la mettrait sous peu devant le fait accompli.

[Taliesin]

Lorsque, s'étant rendu à la guilde des voleurs, il entretint Fagin de la question des domestiques, cela l'amusa beaucoup : ce n'était pas une demande très courante ! Cependant, il admit que ce n'était pas tout à fait la première fois qu'on la lui soumettait : un ou deux de ses collaborateurs s'étaient en effet mis en quête de serviteurs dignes de confiance et propres à garder le secret quant à leurs activités. Par conséquent, le maître des lieux affirma qu'il verrait ce qu'il pouvait faire.
Plusieurs jours s'écoulèrent sans que Silmendel ne reçoive de ses nouvelles. Toutefois, un beau matin, on toqua énergiquement à sa porte. Lorsqu'il ouvrit, il se retrouva face à face avec un vieillard de haute taille, aux larges épaules et au costume ancien mais impeccable.
-Alfred Pennyworth, se présenta l'inconnu. Je viens pour l'annonce.

[Manfred]

« L’annonce ? s’étonna tout d’abord Silmandel. Ha oui, mais bien sûr, entrez ! » ajouta-t-il juste après en s’effaçant pour laisser passer le vieil homme.
Vieux mais énergique. Était-ce une bonne chose pour un domestique ? Sans doute que oui. C’était la première fois qu’il se retrouvait dans la situation de potentiel employeur. Y avait-il des conventions ? Des choses à absolument demander ? Déjà, il savait que c’était Fagin qui lui envoyait cet inconnu et cela simplifiait déjà les choses. L’elfe prit le parti de se comporter naturellement.
« Puis-je vous offrir quelque chose à boire ? » demanda-t-il, affable.

[Taliesin]

L'homme fronça légèrement un sourcil, comme s'il ne s'était pas attendu à pareille proposition ou comme si elle lui semblait étrange.
-S'il vous sied, répondit-il très poliment.
Il avait d'excellentes manières. Et un sacré maintien. En vérité, à côté de lui, il n'était pas très difficile de passer pour le serviteur et non plur le maître...

[Manfred]

Silmandel ne se troubla pas mais déclara néanmoins :
« Vous savez, jamais encore je n’ai eu de domestique. Ma situation est récente alors ne vous étonnez pas si je n’ai pas les manières d’un bourgeois. »
Du reste, il n’était pas certain de vouloir les acquérir. Il conduisit cet Alfred dans le salon, l’invita à s’assoir et déclara posséder de la bière et du vin, tout deux de qualité. La cave était bien fournie. Le précédent propriétaire avait dû vendre les bouteilles et les fûts avec la demeure, n’ayant peut-être pas les moyens de les écouler autrement.
« Ou alors, j'ai de l'eau, ou rien du tout, c'est comme vous voulez. Mais il est sans doute plus agréable de discuter autour d'un verre. »

[Taliesin]

Alfred marqua une nette hésitation, balançant sans doute entre le respect des règles de l'étiquette et le respect de celles, plus simples, de la courtoisie.
-Je n'aurais rien contre un verre de vin et je vous en remercie, dit-il finalement.
Son regard scrutateur ne cessait d'observer les lieux tout comme leur propriétaire. De ce qu'il en pensait, en revanche, il ne laissait rien transparaître.

[Manfred]

Silmandel s’absenta un instant et revint chargé d’une bouteille et de deux coupes. La bouteille, il l’avait entamé hier et l’avait trouvé fort bonne. Il servit les coupes, en tendit une à Alfred, puis s’assit avec la seconde. Son expression joviale fut contrebalancée par un regain de concentration. Il était attentif à ce vieil homme à qui il s’apprêtait peut-être à confier des choses d’importances.
« Bien, par où commencer... »
Il prit une gorgée de vin, reposa sa coupe. Il n’avait certes pas les manières pompeuses des bourgeois, mais il compensait par la grâce proverbiales des elfes.
« Par vous, sans doute. Qui êtes-vous Maître Pennyworth ? Qu’avez-vous fait, que savez-vous faire ? »

[Taliesin]

-Je suis majordome, expliqua-t-il sans donner davantage de détails, estimant sans doute que Silmandel savait à quoi correspondait cette fonction. Depuis plusieurs décennies, j'ai l'honneur d'avoir servi plusieurs éminentes personnalités de l'aristocratie mélandienne.
Il ouvrit sa sacoche et en tira une pile de documents qu'il lui tendit.
-Voici mes lettres de recommandation.
Toutes étaient fort élogieuses : rien à redire à ce niveau. En revanche, en dehors d'une seule, rédigée par un vicomte très âgé sur le point de mourir de vieillesse, elles émanaient non pas des employeurs eux-mêmes, mais de leurs proches, signalant que jusqu'au trépas de ses maîtres, le sieur Pennyworth les avait fidèlement et impeccablement servis.

[Manfred]

Silmandel prit le temps de parcourir chaque lettre. Il finit par les compter puis par les redonner à Alfred.
« Et bien, vous avez une sacrée carrière, Maître Pennyworth. Je suis bien peu de chose au regard de ceux que vous avez servi. J’espère néanmoins que mes proches n’auront pas de si peu la charge d’accroître votre collection. »
Petit sourire entendu.
« Je me demande néanmoins si vous n’êtes pas trop qualifier pour travailler à mon service. À la base, j’ai besoin d’un serviteur, pas d’un majordome. Pour vous sentir à votre place, sans doute vous faudrait-il des subalternes. Je peux éventuellement envisager d’engager par exemple une femme de ménage, ce serait encore dans mon budget, d’autant plus que son service serait loin d’être à plein temps. En revanche, il reste la cuisine... »
Il laissa sa phrase en suspens.

[Taliesin]

-Je puis vous présenter une cuisinière fort douée et des femmes de chambre aux excellentes références. Ainsi que des palefreniers, des jardiniers, des valets de pied, des cochers...
Il répondait avec le même sérieux, voire la même solennité qu'il affichait depuis son arrivée.
-Lorsque je trouve une nouvelle place, j'ai l'habitude de recommander à mon employeur, si le besoin s'en fait sentir, des personnes avec qui j'ai pu travailler et en qui j'ai une totale confiance. Ainsi les deux parties sont-elles gagnantes.

[Manfred]

« Intéressant. Je n’aurai assurément pas besoin d’autant de monde, mais je garde cela dans un coin de mon esprit. »
Silmandel se remit à évaluer Alfred d’un regard attentif. Après un temps de silence, et une nouvelle gorgée de vin, il déclara :
« Je suis absent, et la femme qui vit à mes côtés également. Il n’y a à la maison que vous et un enfant auquel je tiens particulièrement. C’est la nuit, vous vous apprêtez à vous coucher lorsque vous entendez l’une des vitres du rez-de-chaussée voler en éclats. Quelqu’un entre, allure belliqueuse et épée au poing. Que faites-vous ? »

[Taliesin]

Alfred haussa les épaules.
-Le nécessaire, à savoir l'appréhender, lui tirer les vers du nez, le garder sous clef jusqu'à votre retour, afin que vous décidiez de son sort.
Sur ses paroles, prononcées avec un calme et un naturel déconcertants, il but à son tour un peu de vin.
-Eh, bien sûr, prendre des mesures pour qu'une nouvelle vitre soit installée, ajouta-t-il.

[Manfred]

« Vous savez vous battre correctement ? demanda encore Silmandel, désireux d’approfondir le sujet. Une formation militaire peut-être ? »
Y avait-il, dans le maintiens exemplaire d’Alfred, l’héritage martial de l’armée ? Ce n’était pas impossible. Mine de rien, le gaillard en imposait, et son calme, plus encore. Si le sorcier parvenait à avoir l’assurance de protéger Alexandre même lorsqu’il vaquerait à ses occupations, cela jouerait une part importante dans sa décision.

[Taliesin]

Alfred acquiesça.
-En effet : formation et expérience militaire. Même si tout cela est bien loin derrière moi, j'ai toujours pris soin de me maintenir à niveau. Quand on exerce des fonctions telles que les miennes, mieux vaut être en bonne forme physique et... prêt à toutes les éventualités.

[Manfred]

Silmandel acheva son verre en silence. Puis, après une dernière réflexion, il déclara :
« Je vous remercie pour ces précisions. Revenez demain matin. J’aurais pris ma décision. »
Il allait raccompagner Alfred à la porte, toujours aussi jovial, et en lui laissant bien sûr finir son propre verre. En vérité, il était pratiquement certain qu’il allait prendre ce majordome à son service. Il allait juste se demander combien d’autres domestiques il pouvait raisonnablement payer. N’étant pas habitué de ce genre de calcul, il préférait être seul pour les accomplir.

HRP : tu peux sauter au lendemain si tu veux.

[Taliesin]

Alfred acquiesça, imperturbable.
-Très bien, messire.
Sitôt son verre terminé, ce qui ne prit qu'un instant, il le suivit jusqu'à la porte, le salua puis s'éloigna de son pas martial. Bientôt, il avait disparu au coin de la rue.

[Manfred]

Silmandel, pour la première fois de sa vie, se lança dans l’élaboration d’un budget. Cela lui rappela quelque peu son enfance, lorsqu’il voyait son père, assis à son bureau, occupé à couvrir de chiffres des parchemins. À présent, c’était lui qui était assis à la table, s’essayant à des calculs heureusement point trop difficiles. Lui n’avait qu’à gérer le salaires de sa toute première domesticité, pas à assumer un commerce de poterie elfique en relation avec de grandes villes de Féérune.
Clémentine le trouva ainsi. Il lui servit une excuse préparée à l’avance pour garder secret son projet. La jeune femme n’insista pas, mais elle devait déjà se douter qu’il manigançait quelque chose. Jusqu’à présent, il ne s’était jamais spécialement intéressé à l’argent.

Quoi qu’il en soit, il arriva à la conclusion que ses revenus, octroyées par la guilde pour qui il travaillait toujours, étaient suffisants pour prendre à son service Alfred et deux domestiques. Il lui faudrait une cuisinière, forcément, et un homme à tout faire pour le ménage, le linge, la literie. Oui, ainsi, sa demeure ne serait plus une charge et Alexandre aurait de la compagnie. De la compagnie et de la protection. Ce serait parfait.

Satisfait, le sorcier rangea le document où il avait inscrit ses calculs, puis alla vaquer à des activités plus légères. La nuit tombée, après sa transe elfique, il quitta une fois de plus son domicile, ne revenant qu’au petit mâtin.

[Taliesin]

A l'heure dite, on frappa à la porte.
Extrêmement ponctuel et toujours aussi solennel, Alfred Pennyworth se tenait sur le seuil.
Il entra à l'invite de Silmandel et le suivit jusqu'au salon où, imperturbable, il attendit le verdict.

[Manfred]

Silmandel ne fit pas durer inutilement le suspens.
« Et bien, Maître Pennyworth, j’accepte de vous prendre à mon service. Vous et deux domestiques que je vous charge de trouver. Vous m’aviez dit avoir des personnes à l’esprit, il serait dommage de s’en priver. En votre qualité de majordome, vous superviserez ces deux personnes. La première sera chargée de la cuisine. La seconde, du reste : linge, ménage, literie. »
Il poursuivit, adoptant les détails de l’affaire, notamment le salaire. Il se découvrait à ce niveau une volonté d’être précis et honnête. Si quelqu’un avait besoin d’un logement, une mansarde au grenier pouvait faire l’affaire. Il y avait aussi une chambre d’ami qui, elle, pouvait être réservée à Alfred.

[Taliesin]

Silmandel découvrit alors que, finalementt, sa nouvelle demeure ne serait pas trop vaste.
Car s'il voulait, en plus d'Alfred, deux domestiques à plein temps, cela ferait trois personnes à loger : nombre de serviteurs, en effet, vivaient sous le même toit que leur employeur.
Le majordome - son majordome, désormais - lui expliqua toutefois que comme la maisonnée était peu nombreuse, il pouvait lui trouver une cuisinière qui ne viendrait qu'au moment des repas. Pour la bonne à tout faire, en revanche, il paraissait difficile de recourir au même genre de solution.

[Manfred]

Voilà qui était parfait. La cuisinière ne serait pas logé à domicile, la bonne à tout faire aurait la mansarde et Alfred, la chambre d’ami.
La chose entendue, Silmandel montra ladite chambre au majordome. Il pouvait dors et déjà en disposer. Il lui fit ensuite visiter le reste de la demeure, sans oublier la mansarde qui était dans un état fort respectable. Nul doute qu’elle servait du temps de l’ancien propriétaire.
Alexandre et Clémentine reviendraient aux environs de midi. Le sorcier n’était pas contre l’arrivée rapide de la cuisinière sans quoi il allait devoir une fois de plus improviser pour le repas, mais il en était quand même capable, il disait cela d’avantage sur le ton de la plaisanterie.
En tout cas, il allait rester à domicile durant la journée. Il pouvait donc recevoir les nouveaux domestiques lorsqu’ils se présenteraient.

[Taliesin]

Alfred, avec son sérieux coutumier, répondit que, pour le repas de midi, cela lui paraissait difficile : rien que de temps d'aller la trouver et de revenir, et l'heure serait sans doute passée. En revanche, pour le repas du soir, cela lui semblait beaucoup plus faisable, quoique pas tout à fait certain. Et dans tous les cas, tout devrait être réglé pour le lendemain. Du moins, si les personnes qu'il lui présenterait lui convenaient.
Et, sur ce, il s'éclipsa pour accomplir sa prime mission.

[Manfred]

Silmandel se lança dans des activités fort banales. Un peu de tranquillité de temps en temps n’était pas pour lui déplaire. Il avait mis la main sur quelques ouvrages qui attisaient sa curiosité. Il allait aussi finir de ranger le grenier.
Il ressentait le besoin de régler tout ce qu’il y avait à régler concernant la maison. Après, il n’aurait plus à s’en soucier. Seuls compteraient les contrats de la guilde, les pièces du Bastion des Arts et sa singulière activité nocturne sous les traits d’un personnage qu’il s’efforçait de construire petit à petit.

[Taliesin]

Le sieur Alfred Pennyworth s'était montré lucide : il lui fut bien impossible de revenir avec la cuisinière à temps pour le repas de midi.
En revanche, il fit preuve d'efficacité en se présentant avec elle, mais aussi avec la femme de chambre, au milieu de l'après-midi.
La première, Adélaïde, âgée mais encore vigoureuse, avait les cheveux gris fer et la mine sévère. La seconde, Mathilde, était encore fort jeune et son apparence ordinaire était à l'aune de son attitude discrète. Toutes deux disposaient d'excellentes références, sans compter bien sûr la recommandation du majordome.