[Quête] Ce que les vagues ne sauraient effacer

[Chandara]

Voilà qui était fort fâcheux mais Chandara disposait évidemment de vêtements de pluie et l'absence d'arbre tout comme le chemin carossable et plat écartaient l'idée de danger lié à l'orage. Elle demanda à Quentin s'il possédait lui aussi un manteau au cas où la pluie se fasse tenace sinon elle pourrait toujours lui dégotter une couverture parmi les siennes pour le protéger un tant soit peu avant qu'ils ne trouvent un abri de fortune.

[Taliesin]

Quentin avait évidemment un manteau. Un manteau qui avait connu des jours meilleurs, que le temps avait usé, mais qui paraissait encore tout à fait apte à le protéger des éléments.
Éléments qui semblaient tout prêts à se déchaîner d'une façon spectaculaire.
En effet, une dizaine de minutes plus tard, il n'y avait plus une tâche de bleu dans le firmament : seulement des nuages qui étaient en train de prendre une teinte jaunâtre qui n'augurait rien de bon...

[Chandara]

En temps ordinaire, Chandara aurait lâché la bride à Lune de Miel qui essayait instinctivement de se hâter mais elle devait tenir compte que Quentin et son équipage ne pourraient pas progresser plus vite. Il ne restait donc qu'à se rapprocher pour s'abriter un tant soit peu de la brise et à faire le dos rond. Encore une fois, malgré la vigueur des éléments, elle ne se sentait pas tout à fait en danger et n'avait de toute façon aucun autre choix que d'avancer en espérant que la prochaine courbe leur dévoilerait une destination prometteuse.

[Taliesin]

-Vous devriez lâcher la bride à votre destrier, finit cependant par dire Quentin. Vous aurez peut-être la possibilité d'atteindre un endroit abrité avant que ça n'éclate. Et il ne faut surtout pas vous en faire pour moi : ce ne sera ni la première, ni la dernière fois qu'un orage éclate au-dessus de ma tête.
Il semblait vraiment détendu, malgré le temps qui se faisait sans cesse plus menaçant.

[Chandara]

La paladine répondit gaiement à cette proposition :

- Quel sens du sacrifice : on crairait entendre l'un de mes confrères paladins ! Non, cette fois, je ne vais pas te laisser tout seul profiter de ce bain involontaire. Je n'accèlererai que si nous voyons une destination et uniquement pour préparer le camp en t'attendant.

[Taliesin]

Mais de refuge, toujours point : uniquement la côte, parfois rocheuse, parfois sablonneuse ; et, de l'autre côté de la route, uniquement le bois, parfois clairsemé, parfois dense.
Sans presque en avoir conscience, ils pressèrent pas, tandis que le vent se levait, s'abattait en violentes bourrasques, tandis qu'au loin retentissaient désormais les roulements du tonnerre.
Puis il y eu un autre bruit, reconnaissable entre tous.
Celui de la grêle.

3. Le ciel s’obscurcit, prend une inquiétante teinte jaunâtre. L’orage éclate. Mais ce n’est pas de la pluie qui tombe : ce sont des grêlons, énormes

[Chandara]

Chandara réagit aussitôt en usant de deux sortilèges - un pour Quentin et un autre pour elle-même - visant à les protéger.

Chandara -> Bouclier de la foi

La manoeuvre était destinée à leur laisser le temps de récupérer deux couvertures supplémentaires qu'ils pourraient tenir au-dessus de leur tête pour amoindrir le choc des grêlons.

[Taliesin]

Après l'avoir observée avec curiosité tandis qu'elle lançait son sortilège, Quentin lorgna cependant du côté des bois.
-Peut-être qu'on devrait aller s'abriter là-bas... Je sais bien que se mettre sous un arbre pendant un orage n'est pas très recommandé, mais il me semble que ça vaut surtout pour les arbres isolés, alors que là, il y en a quand même beaucoup...
Il semblait en tout cas désireux de préserver son âne.

[Chandara]

Cette solution n'était certainement pas parfaite mais il n'y avait aucune meilleure alternative. Chandara s'empressa donc de suivre la proposition suggérée par Quentin et de les orienter vers les arbres les plus proches. Elle aussi tenait à tous les préserver, il lui semblait que c'était de sa responsabilité. Et s'il en était besoin, elle recourrait encore à ses sortilèges le temps qu'ils se mettent à couvert.

- Tu as raison, nous nous protègerons tous les cinq des chutes de branche en tendant ces couvertures sous le couvert des arbres.

[Taliesin]

La grêle les rattrapa avant qu'ils ne se soient mis à l'abri, les martelant copieusement. Heureusement, les arbres n'étaient pas loin et ils purent bientôt profiter de leur ramure, auquel ils ajoutèrent les couvertures.
Ainsi purent-ils, tout en étant plutôt bien protégés, observer à loisir les éléments déchaînés, tandis que les grêlons, qui tombaient drus, couvraient d'un manteau blanc l'herbe alentour. Certains d'entre eux étaient impressionnants, atteignant la taille d'un poing serré.
Mieux valait, ceux-là, ne pas les ramasser sur le coin de la figure...

[Chandara]

Chandara remercia Quentin pour sa bonne idée car ils auraient pu se retrouver à découvert et risqué d'être sérieusement blessés. La paladine demeura attentive aux risques qu'ils courraient encore sous la couverture arborée mais elle était tout de même soulagée et annonça avec une joie un peu surjouée :

- Au moins, avec toute cette glace, nous ne manquerons pas de fraîcheur pour le reste de l'après-midi ! et nul n'était besoin de mouiller nos vêtements pour cela.

[Taliesin]

-Vous avez influencé le climat pour qu'il vous donne raison, voilà tout. Et si je puis me permettre, c'est de la triche.
La grêle persista à tomber plusieurs minutes durant. Si elle s'était abattue sur une zone agricole, les ravages auraient été terribles pour des paysans qui, à coup sûr, auraient perdu la quasi totalité de leur révolte. Mais, heureusement, point de champs ou de vergers à l'horizon.
Enfin, le phénomène cessa.
Aussi vite qu'il avait commencé.

[Chandara]

Chandara s'amusa de la remarque de garçon en notant avec ironie qu'elle n'était pas druide et que le pouvoir des paladins se dirigeait naturellement vers l'influence des gens plutôt que des éléments naturels. La paladine préféra attendre encore quelques minutes à l'abri pour vérifier que le ciel se dégageait véritablement avant de consentir à reprendre la route : ils n'étaient guère pressés par le temps et mieux valait ne plus se faire surprendre en rase campagne par ce genre d'averses.

[Taliesin]

Les nuages poursuivirent leur course vers le nord, comme chassés par un ciel bleu conquérant où trônait, toujours haut, un éblouissant soleil estival. Ainsi revinrent, avec une rapidité déconcertante, lumière et chaleur, tandis que les grêlons, manteau blanc éphémère, commençaient déjà à disparaître.
Chandara et Quentin purent donc reprendre leur marche, dans une touffeur qui, bientôt, n'eut rien à envier à celle de la matinée.
Ils avaient progressé deux bonnes heures lorsqu'ils atteignirent un pont de pierre dont l'arche unique enjambait une modeste rivière. C'est ce moment que choisit le chat, jusqu'alors invisible, pour se manifester. Apparaissant sur le côté gauche de la route, il poussa un miaulement puis, faisant volte face, commença à s'éloigner tranquillement. Non sans jeter, de temps à autres, un regard en direction des voyageurs.

[Chandara]

Chandara fut à nouveau amusée par l'apparition et le comportement de l'étrange félin et se tourna vers Quentin pour lui faire un clin d'oeil complice. Sans avoir à consulter le garçon, elle dirigea les pas de Lune de Miel dans la même direction que le chat : il avait piqué sa curiosité et elle avait bien l'intention de voir ce qu'il souhaitait leur montrer.

[Taliesin]

Ils se mirent donc à s'enfoncer dans les terres, longeant la rivière sur une berge que le pied de l'homme n'avait pas foulé depuis des lustres, s'il l'avait jamais foulé : en effet, il y poussait une végétation si dense qu'elle ne tarda guère à ralentir considérablement leur progression.
Cela ne gênait guère leur guide, évidemment, qui continuait à avancer tout en les observant régulièrement, pour s'assurer qu'ils le suivaient bien. Dix bonnes minutes s'écoulèrent ainsi sans qu'ils n'aient rien atteint de particulier et sans que le curieux félin ne fasse mine de s'arrêter.

[Chandara]

Chandara ne tarda pas à mettre pied à terre pour mieux dégager la voie et guider Lune de Miel sur ce terrain difficile. Pour l'heure, elle répugnait à renoncer à sa présence agréable et à son soutien mais elle devrait peut-être revoir son jugement si la végétation se faisait plus drue encore et si les berges devenaient vraiment glissantes.

Sa curiosité envers la découverte faite par le chat était cependant trop vive pour qu'elle renonce elle-même et se décide à faire demi-tour.

[Taliesin]

Ce ne fut pas nécessaire.
Certes, la végétation demeura très dense et le terrain se fit plus accidenté. Mais l'itinéraire qu'empruntait le chat demeurait praticable.
Peut-être s'agissait-il des vestiges d'un sentier ?
Quoi qu'il en soit, dix minutes plus tard, ils parvinrent à destination, découvrirent ce que le félin souhaitait leur montrer.
Il s'agissait d'une combe enserrée, sur trois côtés, par l'abrupte paroi rocheuse d'une colline escarpée. De celles-ci jaillissaient plusieurs ruisselets qui, après avoir formé des manières de petites cascades, se rejoignaient dans un bassin de pierre apparemment aménagé - c'est de celui-ci que s'écoulait la rivière dont ils avaient remonté la berge.
Sur le côté le plus éloigné dudit bassin s'élevait une statue de femme encore fort belle malgré l'érosion. Elle semblait régner sur ces lieux baignés de soleil que gazonnait, par ailleurs, une douce herbe verte où poussaient, de-ci, de-là, des fleurs qui paraissaient fraîchement écloses, malgré la saison.

[Chandara]

Cet endroit était sublime - et la sensibilité exacerbée de la paladine Sunite - renforçait encore ce jugement. La jeune femme retira aussitôt ses bottes pour sentir l'agréable tapis de végétation sous ses pieds et se dirigea d'un pas tranquille en direction de la statue. Que ce lieu ait été dédié à la déesse de la beauté ne l'étonnerait guère et, dans tous les cas, c'était un sanctuaire que ne renierait pas Sunie. Elle s'intéresserait ensuite au bassin qui constituerait un lieu parfait pour adresser une prière à sa divinité. Et peut-être - dans un tel lieu - parviendrait-elle à convaincre le jeune Quentin de se joindre à ses dévotions ?

[Taliesin]

Impossible de savoir si ce dieu avait été dédié à une divinité et, si oui, si celle-ci appartenait en panthéon humain ou elfique : la statue ne comportait plus suffisamment de signes distinctifs.
Quant au bassin, taillé dans une belle pierre blanche, il était profond de quatre bons pieds et empli d'une eau cristalline, aussi pure que transparente.
-Alors ?
Quentin, toujours chaussé, avait rejoint la paladine.
-Que pensez-vous de la trouvaille de mon ami ?

[Chandara]

Le regard de la paladine passa du garçon au chat pour revenir finalement sur son interlocuteur, avec un sourire ravi :

- J'en pense qu'il a beaucoup de goût et qu'il doit avoir un penchant mystique pour trouver ce genre de coin de paradis. Nous aurions d'ailleurs grand tort de ne pas y faire honneur. Je n'ai pas encore vraiment prié aujourd'hui et cet endroit est parafit pour cela : souhaiterais-tu te joindre à moi ?

[Taliesin]

-Eh bien...
Quentin se gratta la tête, pensif.
-Je ne suis pas Sunite, mais si vous le proposer malgré tout, c'est que ça ne doit pas poser de souci... Et j'imagine que ça n'est pas trop compliqué, qu'il y a juste une prière à réciter... Mais il faudra que vous m'en appreniez les paroles, parce que je n'en connais pas d'appropriées.

[Chandara]

Chandara esquissa un nouveau sourire - non pas triomphant mais plutôt réjoui - et se tourna vers le jeune musicien avec l'intention de le rassurer :

- Nous ne sommes pas vraiment attachés aux paroles du moment qu'elle sont sincères. Si tu veux, tu pourras répéter après moi mais ce n'est pas le plus important. Le plus important est de penser à de jolies choses que tu as vues ou que tu souhaites voir. Oh, et nous prions dans l'eau pour nous débarasser de nos impuretés, ce geste revêt beaucoup de signification. J'espère que cela ne te dérange pas.

[Taliesin]

Quentin haussa les épaules.
-Je ne suis pas allergique aux baignades, vous avez pu le constater.
Il l'observa quelques instants avant d'ajouter :
-Si ce sont là les seules conditions, ça devrait aller.

[Chandara]

Chandara hésita un instant - cherchant ses mots pour ne pas effaroucher le garçon - avant de répondre avec toujours autant de commisération :

- Eh bien, comme tu le sais peut-être, Sunie aime nous contempler tout entiers. Et c'est particulièrement le cas lors des prières que nous lui adressons.

[Taliesin]

-Ah. Les rumeurs disaient donc vrai.
Il se frotta le menton.
-Hum.
Il se gratta la tête.
-Hum hum.
Il sourit.
-Allez, je suis sûr qu'il existe des dérogations pour les profanes ! Pour les non initiés !

[Chandara]

Chandara secoua la tête en simulant la déception mais répondit d'un ton conciliant et raisonnable :

- Personne n'est obligé à rien évidemment. Nous ne faisons qu'encourager les initiés à se libérer de leurs inhibitions pour ressentir pleinement sa présence. Il n'y a aucune raison de se cacher à moins d'avoir vraiment trop peu confiance en soi et c'est aussi ce que nous cherchons à transmettre au travers de nos cérémonies. Et franchement, cela n'a rien d'un jugement ou de quoique ce soit de ce genre. Après, je sais qu'il faut un peu plus de temps à certains mais tous sont contents d'avoir vaincu leur crainte après coup !

[Taliesin]

Quentin eut une moue dubitative.
-Tous, vraiment ?
Il haussa les épaules.
-Après, ça n'est pas forcément une question de peur ou de manque de confiance en soi. C'est aussi une question de... bonnes manières... Enfin, je veux dire, vous êtes quand même une fille, alors je me vois mal...
Geste vague.

[Chandara]

Chandara se garda bien de rire pour ne pas risquer de braquer le garçon mais tint tout de même à répondre à ces remarques :

- Oh, les Sunites ont des manières, eux aussi : ils ne déambulent pas nus à la moindre occasion comme on peut l'entendre ou le lire trop souvent. Seulement, nous tenons à certains rituels en accord avec nos principes. Et celui de montrer sans juger ou être jugé sinon par la déesse en est un que nous tâchons de respecter. A la Commanderie, j'ai vu toutes sortes d'hommes ou de garçons sans que cela soit gênant alors il ne faut pas te mettre martel en tête pour cela !

[Taliesin]

-Ce doit être un curieux endroit que la commanderie... fit Quentin, songeur.
Puis il haussa les épaules.
-Mais désolé, je vous retarde, avec tout ça... Ne vous détournez pas plus longtemps de vos dévotions : ce serait dommage. De mon côté, eh bien... Je vais y réfléchir, disons.