[Lieu] Une ruine perdue dans la forêt

[Voyageuse]

Quelque part dans la Forêt Maudite se dresse une étrange ruine, qui du premier coup d'oeil semble sans intérêt particulier. Un simple amoncellement de pierres marque l'emplacement d'anciens murs, au pied d'une petite paroi rocheuse, peut-être simplement ceux d'une habitation aujourd'hui écroulée - la civilisation n'est en effet pas très loin. Mais peut-être cette ruine cache-t-elle d'autres secrets.

*****

Quête : de pierres et d'or pur

Le petit sentier que Bruno et Kmir avaient emprunté était étroit et tortueux, envahi de ronces et de broussailles, de racines traîtresses et de roches anguleuses. Il s'élevait à flanc de colline, pour redescendre au-delà, plus grimper à nouveau sur un autre monticule pierreux, avant de redescendre dans un vallon minuscule, dans une végétation si dense qu'elle cachait presque totalement la lumière vespérale. Des arbres immenses, au tronc noueux et aux branches tourmentées, jaillissaient sur leur passage, semblant presque vouloir leur barrer la route. Et l'étroit sentier changeait si souvent de direction, pour les contourner, qu'il aurait été difficile d'affirmer avec certitude où se trouvait le nord, même pour le svirfnebelin habitué à se diriger dans le dédale des cavernes de l'outreterre.
Ils marchaient depuis plus d'une heure lorsque Bruno s'arrêta. Devant eux se dressait une paroi rocheuse, haute de quelques mètres seulement.
" C'est ici. Ça n'a rien d'impressionnant..."
Au pied de la paroi rocheuse se dressaient les vestiges d'anciens murs, certainement ceux d'un bâtiment quelconque qu'on avait autrefois appuyé contre la paroi. Il n'y avait plus de toit depuis belle lurette, mais les murs en ruines, bien qu'à demi écroulés, demeuraient trop hauts pour que Kmir puisse apercevoir ce qui avait été l'intérieur du bâtiment. Bruno, en revanche, le pouvait certainement.

[Kmir Tailleroc]

Quête : de pierres et d'or pur

En voilà une forêt bien sombre. Kmir n’en attendait pas moins, eut égard sa réputation. Il avait suivi son guide dans un quasi silence. Chiche de mots, mais pas de précautions, les fantaisies du sentier n’avaient pas mis à mal son pas assuré. Mais son orientation vacillante, déjà, le mettait en garde. Non, vraiment, Bruno n’avait pas menti, il aurait eu du mal à trouver seul les ruines.

À présent qu’il les avaient sous les yeux, il n’était guère avancé. La faute à sa petite taille qui limitait ses observations à un simple mur. Il nota cependant la présence de la falaise, contre lequel l’édifice écroulé était adossé.
« Votre collègue demi-elfe suspectait un passage vers l’Outreterre, c’est bien ça ? En tout cas, ces ruines sont peut-être beaucoup plus grandes qu’elles n’en donnent l’impression. Pour ce soir, j’aimerais simplement évaluer leur taille. N’y a-t-il que ce bâtiment ? Point d’autres constructions à proximité ? »

[Voyageuse]

" Il y a une autre construction, tout en haut de la falaise, en plus mauvais état car moins bien protégée contre les intempéries."
Bruno fit un geste vague vers les roches qui les surplombaient. La falaise en question n'était pas très haute, de quelques toises seulement.
" Et surtout, les deux communiquent par l'intérieur de la falaise. On le soupçonnait, parce qu'il y avait un départ d'escalier là-haut, complètement écroulé. Mais à ce niveau on ne voyait rien, pas la moindre ébauche de passage, tout était parfaitement régulier. On a longtemps cherché une porte secrète... Et on a fini par trouver le mécanisme. Derrière c'était un peu décevant, par contre, on n'a jamais trouvé rien qui descende par exemple. Juste le départ d'un escalier qui monte. Mais je sais que Maëvion y a trouvé plusieurs objets intéressants.

[Kmir Tailleroc]

Quête : de pierres et d'or pur

« Hum... Je vois. Il y a déjà un passage secret... La roche, ça nous connaît. S’il y a un passage, je le trouverai. »
Kmir fut traversé par un sentiment d’optimisme. Il n’avait pas menti, fouiller les ruines était tout à fait dans ses cordes. Et il était à peu près persuadé que ce ne serait pas en vain. Il se détourna du mur pour faire face à Bruno.
« Y a-t-il autre chose que vous désirez me montrer ? Si non, je pense qu’on peut retourner à la clairière. Demain, dès l’aube, on débute les choses sérieuses. »

[Voyageuse]

" On pourrait monter là-haut, mais ça n'apportera pas grand-chose, répondit Bruno. Il n'y a pas grand-chose à voir. Ou bien vous pouvez jeter un coup d’œil derrière ces murs en ruine. Mais il n'y a que des herbes folles derrière. On franchira effectivement la porte dérobée demain. Là...."
Il jeta un coup d'oeil au ciel à demi masqué par les feuillages.
" Le soleil sera bientôt couché, et il faut rentrer avant la nuit. Il est effectivement plus prudent de repartir."
Ce qu'ils firent, remontant par l'étroit sentier sur la colline voisine, redescendant ensuite, remontant à nouveau à travers le labyrinthe végétal. Le ciel s'assombrissait, et une légère brume apparaissait au niveau du sol, froide, humide, et étrangement menaçante.
" Cette brume, elle est omniprésente dans ces bois pendant la nuit, expliqua Bruno. Elle permet à beaucoup de créatures malfaisantes de se cacher... Mais heureusement, on est bientôt arrivés. Il faut juste que j'allume une torche pour être sûr de ne pas nous perdre..."
En réalité, il faisait si sombre sous les feuillages qu'un humain ordinaire aurait certainement eu besoin de lumière bien plus tôt.
Bruno batailla un peu avec sa torche, peinant à utiliser son briquet, et finit par tendre le matériel à Kmir.

[Kmir Tailleroc]

Sans faire de commentaire, Kmir alluma la torche, redonna le briquet et attendit que Bruno l’ait rangé avant de lui redonner la torche. Il en était presque venu à oublier que son compagnon avait été frappé par le mal. Dans quel état se trouvait l’aubergiste ? Il se le demanda également.
Il se remit en mouvement, observant la brume malsaine. Il avait l’habitude des lieux glauques, mais il devait reconnaître que cette forêt faisait de l’effet.
Il hésita à dire à Bruno ce qu’il avait constaté à propos de son beau-frère lors du bref passage par le village, mais il s’en abstint. Le début de nuit n’était pas un bon moment pour les nouvelles inquiétantes.
« Je vais tenter de déchiffrer le parchemin qui accompagnait le pendentif. Sait-on jamais, en y mettant le temps, j’y parviendrais peut-être. »

HRP : petite remarque sur la vision dans le noir. Cette dernière, dans les règles, permet de considérer un éclairage faible comme un éclairage ordinaire, et le noir total comme un éclairage faible. Ça décale en fait d’une catégorie. Mais du coup, si mon personnage se trouve dans le noir total, tu peux considérer qu’il voit comme dans la pénombre, ce n’est pas la pleine lumière, des éléments peuvent lui échapper. L’usage d’une torche, dans ce genre de situation, reste donc utile.

[Voyageuse]

HRP : merci !

La clairière était toute proche, et l'âne les y attendait, paisible. La brume, étrangement, n'avait pas envahi les lieux, comme si les taillis de buis avaient freiné son avancée.
" Je vais nous faire un feu pour la nuit, maintenant que j'ai la flamme. C'est un peu à double tranchant : ça signale notre présence à toutes les créatures à la ronde, mais en même temps, c'est une arme efficace contre certaines. L'un dans l'autre... Moi, je préfère l'avoir. Puis faut bien manger un bout !"
Cela laissait le temps à Kmir d'étudier le parchemin. Lequel ne lui apporta guère d'information. Il utilisait l'alphabet drow, avec des runes aux formes modifiées, peut-être d'inspiration elfique, peut-être tout simplement très anciennes. Il pouvait identifier la plupart des runes, les assembler, en tirer des sons, mais cela ne faisait pas sens. Il était possible qu'il y ait un code à utiliser. Ou simplement qu'une autre langue ait été transcrite en runes drow.

[Kmir Tailleroc]

Kmir ne se risqua pas à prononcer à haute voix le texte. Il pouvait s’agir d’une formule magique. Par contre, il s’assura qu’il serait en mesure d’articuler chaque rune si d’aventure il voulait essayer. Ceci fait, il fit rapport à Bruno de son travail, puis rangea le parchemin.
Il s’était étonné de l’absence de brume dans la petite clairière, mais ce devait être bon signe. Quant à allumer le feu, c’était mieux ainsi. De la lumière, de la chaleur, rien de tel pour conserver des pensées saine.
« Si cela vous convient, je monterai la garde durant la seconde partie de la nuit, lorsque le feu se sera éteint, proposa-t-il alors qu’il commençait à manger. À vous la première partie de la nuit. »

[Voyageuse]

" C'est un bon arrangement, acquiesça Bruno. Mais il est préférable de ne pas laisser complètement éteindre le feu, je pense. La brume sera moins envahissante, et surtout on aura de la lumière pour distinguer ce qui se passe : je n'aime pas être trop dans l'obscurité. D'autant qu'en fin de nuit il n'y aura plus de lune. Je m'occuperai de rassembler un peu de bois pendant mon tour de veille, ça m'évitera de m'endormir."
La nuit paraissait paisible, pour le moment. Mais la forêt, tout autour, était comme une présence menaçante, beaucoup trop proche.

[Kmir Tailleroc]

« Entendu. J’entretiendrai le feu », répondit simplement Kmir.
Bruno Desplaces savait ce qu’il faisait. Le gnome se fiait donc à lui. Il observa la forêt et il lui trouva un air de ressemblance avec l’Outreterre. Ce n’avait strictement rien à voir par bien des aspects, mais l’impression confuse d’être environné de danger, la lumière d’un feu et la discrétion d’un lieu pour seules sécurités, c’était des choses qu’on éprouvait sous terre.
Non, il ne fallait pas sous-estimer la forêt maudite. Elle pouvait fort bien cacher des périls qui n’auraient strictement rien à envier à ceux d’en-dessous. Kmir l’avait appris, la surface aussi pouvait être terrifiante. De ce fait, la principale différence avec l’Outreterre, ce n’était pas forcément qu’on pouvait y croiser plus gros, plus méchant, plus puissant ou plus diabolique, non, c’était qu’il y avait beaucoup moins d’endroit sans danger en bas qu’en haut. Si Hélonna avait été sous terre, la Forêt Maudite n’aurait pas été plus terrible, mais elle aurait été plus vaste, la recouvrant presque totalement, enserrant les villes et les villages.
« Ma nuit a été courte, je ne vais pas veiller. »
Il sortit son sac de couchage. Pour dormir, il ne retirerait que ses bottines et sa veste. Son épée courte, ses dagues et son arbalète de poing resteraient à portée de main. En cas de problème, il ne lui faudrait pas longtemps pour réagir.

[Voyageuse]

La nuit précédente avait effectivement été courte, et il sombra rapidement dans le sommeil. Il dormit d'une traite, jusqu'à ce que, quelque part dans un de ses rêves, il se sente saisi par l'épaule. Il ouvrit les yeux sur le visage soucieux de Bruno.
" C'est votre tour de garde, souffla-t-il simplement à voix très basse. Soyez vigilant. Il y a de l'activité dans les bois, quelque part vers l'est. Ils se sont éloignés, et il n'y a pas de menace pour le moment... mais réveillez-moi au moindre doute."
Le feu rougeoyait faiblement dans la nuit : Bruno l'avait entretenu, mais en maintenant la flamme la plus petite possible pour ne pas attirer l'attention.

[Kmir Tailleroc]

Kmir acquiesça d’un signe de tête. En tâchant de ne pas faire de bruit, il s’extirpa de son sac de couchage, remit ses bottines, renfila son manteau, s’assura que toutes ses armes étaient là où il fallait, puis commença sa garde silencieuse. À le voir faire, il était possible de deviner qu’il en avait l’habitude.
Au-delà du faible halo lumineux du feu, feu qu’il allait entretenir, ses yeux perçaient l’obscurité en nuance de gris. Bruno Desplaces pouvait à priori s’endormir tranquillement, le gnome des profondeurs était une sentinelle compétente.

[Voyageuse]

Bruno devait sentir qu'il pouvait avoir confiance en son acolyte, ou, tout simplement, était trop fatigué. Il s'endormit en quelques minutes.
Et Kmir se retrouva seul à veiller, ses yeux perçant les ténèbres autant qu'ils le pouvaient. La lune avait décliné et disparaîtrait très vite derrière le relief, et des nuages commençaient à masquer les étoiles vers l'ouest. Mais pour l'heure, il y voyait suffisamment pour se rassurer : il n'y avait aucun mouvement ni aucun bruit suspect aux alentours. Sa vue, cependant, ne portait pas très loin : la végétation était dense.
Il perçut cependant que l'atmosphère avait changé depuis le début de la nuit. Le signe le plus tangible était la brume, qui, insidieusement, avait commencé à envahir la clairière. Elle y était moins profonde que dans les bois aux alentours, mais s'étendait peu à peu, au ras du sol, jusqu'à hauteur de genoux à peu près, et Kmir avait la sensation qu'elle s'épaississait. Le feu semblait décourager son avancée, et elle s'arrêtait à une bonne toise de celui-ci, juste aux pieds de la couverture de Bruno.

[Kmir Tailleroc]

Foutue brume...
Elle était malsaine. Cette forêt était malsaine. Encore une fois, Kmir se dit qu’elle n’avait rien à envier aux profondeurs tant elle semblait promettre un sort funeste aux inconscients. En plus, le temps se gâtait... Ce n’était pas le moment de prendre un orage sur la tête. Le gnome ajouta du bois dans le feu. Il ne voulait pas que la brume s’approche d’avantage. Bruno devait rester hors de cette chose, lui qui déjà était affecté par le mystérieux mal des ruines.
Ceci fait, Kmir retourna à son post. Il était habitué aux longues attentes, mais se retrouver en un lieu qu’il ne connaissait pas le stressait.

[Voyageuse]

La brume paraissait étrangement tangible, animée par des courants qui la faisaient parfois s'élever en volutes grisâtres. Elle était maintenant trop épaisse pour que les yeux de Kmir la puissent la percer : n'importe quelle petite créature pouvait s'y glisser et s'approcher sans qu'il ne l'aperçoive. Il ne l'entendrait pas davantage qu'il ne la verrait, d'ailleurs : la brume assourdissait les bruits.
Puis il y eut comme un murmure, un souffle dans l'air pourtant immobile. Un bruit flou, ressemblant au son très lointain de pierres qu'on cogne les unes contre les autres, peut-être. Ou plutôt.... à celui des outils des tailleurs de pierre. Un son que Kmir connaissait par coeur. Il y avait des voix, aussi, assourdies, incompréhensibles. Mais elles avaient l'accent snivberflin et lui étaient familières. On aurait dit... peut-être.... son père ?
Le son s'approchait, venant de l'est, étouffé -ou amplifié ?- par la brume.

[Kmir Tailleroc]

Son père ? Cette supposition, un instant, le déconcerta. Mais ce ne pouvait être lui. Son père se trouvait à des kilomètres de là, probablement occupé à tailler des pierres, comme il le faisait depuis des années. Son père, comme tant d’autres gnomes des profondeurs, ne quittaient quasiment jamais l’enclave ou les mines, et surtout pas pour aller gambader à la surface, dans la plus sinistres des forêts. Ce pouvait-il que ce soit un autre svirfnebelin ? Peu probable. Mais c’était troublant, néanmoins.
Troublant et inquiétant. Sans compter cette brume qui devenait réellement menaçante. Kmir secoua son compagnon.
« Monsieur Des places, je crois que la forêt est en train de nous jouer un sale tour. »

[Voyageuse]

Bruno se réveilla en sursaut, mais fut aussitôt alerte, se redressant, ses yeux fouillant l'obscurité. En vain, certainement. La lune avait disparu, les étoiles disparaissaient peu à peu derrière les nuages, et il ne devait rien distinguer.
" Vous avez entendu quelque chose de suspect ?" murmura-t-il avec anxiété.

[Kmir Tailleroc]

« J’ai cru... »
Kmir marqua une hésitation.
« J’ai cru entendre mon père. Là-bas. »
Il fit un signe dans la direction.
« C’est parfaitement impossible. Mais... il y a eut du bruit. Des voix aussi. Et puis la brume, regardez-la. Elle est complètement opaque. N’importe quoi pourrait nous sauter dessus. »
Il espérait ne pas avoir réveillé Bruno pour rien. Quoi que, en fait, si, ce serait préférable.

[Voyageuse]

Bruno acquiesça dans l'obscurité, et murmura.
" Moi, j'avais cru entendre ma grand-mère, décédée depuis un moment déjà. La forêt joue régulièrement ce genre de tour. Comme si elle fouillait nos souvenirs pour nous piéger... Mais je n'ai jamais su ce qui provoquait ce phénomène. Ça.... et la brume."
Kmir, cependant, n'entendait plus rien de suspect. Ni le bruit des tailleurs de pierre, ni ces voix chuchotées par la brume. La brume qui semblait avancer encore...
" Parfois, le phénomène précède une attaque. Pas toujours."
Bruno, tout en parlant, avait lancé un morceau de bois supplémentaire dans les flammes, puis un autre. La brume, pourtant, continua d'avancer.

[Kmir Tailleroc]

« Parfois... c’est déjà trop... » grogna Kmir.
Il se redressa, la main sur la poignée de son épée courte. À cause de cette maudite brume, il n’était plus capable de surveiller. Il en découlait donc un sentiment de vulnérabilité dont il avait horreur. Il était un gnome des profondeurs, la prudence était inscrit au fer rouge dans ses tripes.
« La brume ne recule pas, Monsieur Desplaces. Nous devrions nous tenir prêt à une mauvaise surprise tant que le phénomène dure. »
Il avait beau être stressé, sa voix continuait de débiter avec calme et détachement ses propos.

[Voyageuse]

" Tout à fait", répondit Bruno, tout aussi calmement.
Debout dans l'obscurité, il avait saisi sa masse, et scrutait les alentours sans angoisse apparente. Mais Kmir le devinait néanmoins tendu.
Pendant un long moment, il ne se passa rien. L'atmosphère évoquait, quelque part, le calme qui précède les tornades, usant les nerfs et l'attention. Il n'y avait plus le moindre bruit. A bien y réfléchir, il était inquiétant qu'on n'entende pas le moindre cri d'un animal nocturne.
Puis Kmir entendit à nouveau des sons. Ceux du métal tintant contre une roche. Mais cette fois-ci, ça n'avait rien à voir avec le bruit des tailleurs de pierre ou celui des pics des mineurs. On aurait plutôt dit un frottement. Quelque chose de métallique glissant contre un sol rocheux, peut-être.
" Des squelettes, souffla Bruno. Pas très nombreux, on les entendrait davantage."
Puis le son s'assourdit. Le métal devait frotter sur un sol moins rocheux. Mais ils s'approchaient, c'était certain.
Et soudain, au lieu des squelettes attendus, Kmir vit subitement une silhouette étrange, haute comme un genoux humain, jaillir de la brume et bondir vers lui.

[Kmir Tailleroc]

Kmir s’était attendu à faire face à quelque chose de plus grand que lui, car bien sûr la majorité des humanoïde le dépassait. Voir surgir une créature si petite faillit le prendre de court. Ce furent, une fois de plus, ses réflexes qui jouèrent. Il tenta d’esquiver d’un bond de côté. Dans le même temps, il dégaina son épée.
« Attention ! » dit-il également, pour mettre en garde son compagnon.

[Voyageuse]

Il esquiva l'attaque de justesse : le petit être inconnu, porté par son élan, ne put dévier sa trajectoire et pila à l'endroit où se trouvait la cheville de Kmir l'instant d'avant. Il poussa un étrange glapissement et bondit en arrière pour se réfugier dans la brume avant que l'épée de Kmir ne puisse s'abattre sur lui. Il fut si rapide qu'il évita également la masse de Bruno qui allait s'écraser sur lui. Il disparut sans un bruit dans la brume, guettant sans doute une autre occasion.
" Des saletés, ceux-ci, souffla son compagnon. Une simple morsure peut vous filer une boursoufflante dans les jours qui suivent.... on devient tout vert et bouffi avec pas plus de force qu'un môme. Méfiez-vous."

[Kmir Tailleroc]

Kmir acquiesça. L’épée au poing, il se tenait prêt à un nouvel assaut.
En théorie, il ne devrait pas avoir trop de mal à s’y soustraire. Il était un roublard, il était habitué à éviter les menaces, que ce soit au beau milieu d’un combat ou à l’improviste, à cause d’un piège sournois par exemple. En revanche, puisqu’il se battait sur la défensive, il risquait fort d’avoir des difficultés à contrattaquer. D’abord l’esquive, c’était la priorité, blesser en retour ne se ferait que si l’occasion se présentait.
L’occasion se présentait rarement lors d’un duel.

[Voyageuse]

Le bruit de métal, cependant, s'était fait plus proche, et Kmir vit bientôt des silhouettes surgir de la brume. Ils étaient trois squelettes, au moins, et Bruno n'attendit pas un instant pour abattre sa masse sur le premier d'entre eux. Il y eut une sorte de couinement suraigu et la créature, blessée, recula d'un pas. Les deux autres se déployèrent de part et d'autre, ombres menaçantes à la démarche lente. Ils ne semblaient pas avoir remarqué le gnome des profondeurs, silhouette grise dans l'obscurité. Pas encore, du moins. Toute leur attention était accaparée par Bruno qui avait attaqué le premier.

[Kmir Tailleroc]

Il ne faisait aucun doute que c’était Bruno, avec sa force et sa masse, le plus apte à détruire de telles monstres. La propension du gnome à loger son arme là où ça faisait le plus mal lui était ici inutile. Point d’organe vital à toucher.
« Monsieur Desplaces, choisissez-en un et pulvérisez-le, je distrais les autres ! »
Sur ce, Kmir s’avança pour engager un corps à corps fuyant. S’il pouvait placer quelques coups d’épée, il ne s’en priverait pas, mais ce n’était vraiment pas son objectif. Par ses manœuvres, Bruno ne devait pas se retrouver cerner.
Et la petite créature ? Par Tymora, il fallait espérer qu’elle ne surgirait pas au mauvais moment.

[Voyageuse]

Le squelette le plus proche prit conscience de sa présence et se tourna aussitôt vers lui, délaissant Bruno qui put se concentrer sur ses deux autres adversaires. Il venait de frapper pour la seconde fois celui qu'il avait déjà blessé, et le combat tournerait certainement à son avantage. Mais Kmir n'eût guère le temps d'en voir davantage : il avait besoin de toute sa concentration pour éviter les coups, un peu maladroits mais puissants, que le squelette tentait de lui infliger avec son épée courte. Il parvenait sans grande difficulté à esquiver, et put même tenter une riposte, mais sans parvenir à faire mieux qu'égratigner son adversaire.
Le combat promettait d'être long, ainsi mené, et il fallait compter sur son endurance. Mais avant qu'il puisse se réjouir de sa relative maîtrise de la situation, il y eut un mouvement dans la brume, juste derrière lui cette fois-ci, et une autre silhouette apparut. Une sorte de cadavre ambulant qui puait la charogne. Une goule sans doute.

[Kmir Tailleroc]

Ok, ça commençait à puer cette histoire...
Kmir, au profit d’une nouvelle esquive, prit un peu de distance et se concentra, faisant appel aux dons surnaturels que certains gnomes des profondeurs avaient la chance de posséder.

Kmir > Flou > Kmir

Le svirfnebelin devint flou, sous l’effet d’une illusion, illusion qui au milieu de la brume tombait tout à fait à propos. Il devenait dés lors particulièrement difficile de réussir à le toucher et il retourna donc dans la mêlé, distrayant à la fois le squelette et le cadavre. Pourvu que Bruno ait rapidement raison de ses adversaires.

[Voyageuse]

D'après ce qu'il entendait, ou devinait à la faveur de quelques coups d'oeils, Bruno avait éliminé le premier squelette et s'acharnait sur le second. De son côté, son sortilège était efficace : les coups portés par le squelette étaient particulièrement imprécis et il n'avait aucun mal à les éviter. Il savait qu'il valait mieux ne pas être frôlé, par inadvertance, par la goule -qui pouvait fort bien être un blême d'ailleurs, puisqu'il était difficile de les distinguer. Mais pour l'heure, il maîtrisait parfaitement la situation.
Bruno ne tarda guère à venir en renfort, s'approchant de la goule, sa masse levée... qu'il abattit subitement à quelques centimètres du pied de Kmir. Sur une minuscule créature que le gnome, les yeux levés vers ses adversaires plus grands, n'avait pas vu approcher. Elle gisait désormais au sol, le crâne défoncé. Mais Kmir n'eut pas le temps de s'attarder sur ce spectacle. Une douleur à l'épaule l'interrompit : malgré son sortilège, le squelette venait de l'effleurer de son épée. Une simple entaille sans gravité, mais qui semblait encourager le squelette à redoubler de rage.

[Kmir Tailleroc]

Saleté !
Kmir grogna, oublia l’espèce de lutin et, à présent qu’ils se retrouvaient à deux contre deux, engagea le squelette plus franchement. Au lieu de systématiquement esquiver, reculer, il allait régulièrement parer, bloquer, faire parler l’acier. Il demeurait prudent, il l’était toujours, mais il se battait maintenant comme il le faisait d’ordinaire en duel. Il surprenait souvent ses ennemis qui pensaient pouvoir facilement enfoncer sa garde sous prétexte qu’il était petit. Certes, il ne surprendrait pas la coquille vide qu’il affrontait présentement, mais cette dernière ne devrait pas avoir l’avantage de la force alors que le gnome avait celui de l’adresse, celui aussi de son sortilège.