[Quête] Ce que les vagues ne sauraient effacer

[Chandara]

Chandara ne masqua pas une moue de déception – se disant que c’était une façon diplomate pour Quentin de refuser de se joindre à elle. Mais elle ne se décidait pas à le brusquer – sa déesse l’aurait certainement réprouvé et elle doutait de l’efficacité de méthode coercitives pour convaincre.

- Comme tu veux, Quentin. Je vais rester ici de toute façon, si tu changes d’avis.

[Taliesin]

Quentin lui sourit.
-Oh, vous inquiétez pas, je ne vais pas trop m'éloigner. Par contre, je m'efforcerai d'être discret : déranger un paladin pendant qu'il se recueille, cela ne se fait pas !
Il recula d'un pas.
-A plus tard !
Et de détaler.

[Chandara]

La paladine esquissa une moue boudeuse et observa le garçon s'enfuir comme s'il avait le diable aux trousses. Elle fût tentée de lui répondre qu'elle ne mordait pas mais il était inutile de le conforter davantage dans sa pudibonderie - qu'elle soit le résultat d'un jeu ou de réelles inhibitions. Chandara procéda donc à ses dévotions qui absorbèrent bien vite toute sa concentration alors qu'elle ouvrait son âme à sa déesse aimante.

[Taliesin]

Elle en fut distraite quelques minutes plus tard par un discret bruit d'éclaboussures.
Tournant la tête, elle remarqua que l'auteur en était Quentin, qui avait discrètement pénétré dans le bassin.
S'était-il plié à la coutume sunite ? Peut-être, mais c'était difficile à dire : il était immergé jusqu'aux épaules et le soleil se reflétant sur les eaux du bassin lui offrait une protection non négligeable. Ce dont il avait assurément conscience.

[Chandara]

Chandara esquissa un sourire ravi en direction de Quentin et ne put s'empêcher de laisser courir son regard sur la berge à l'endroit où il avait laissé, bien en évidence, tous ses vêtements. Le scélérat s'était débrouillé pour préserver sa pudibonderie mais elle ne pouvait pas lui en vouloir puisqu'il rendait tout de même hommage à Sunie !

La paladine reprit ses prières avec une motivation encore accrue sans chercher à déranger le garçon : il fallait qu'il prenne encore confiance en lui - il ne fallait pourtant pas le brusquer - mais il semblait sur la bonne voie.

[Taliesin]

Quelques minutes plus tard, elle fut à nouveau tirée de son recueillement.
Cette fois, ce fut par une exclamation étouffée du jeune musicien.
Lui jetant un regard, elle vit qu'il arborait une mine passablement catastrophée en fixant intensément la berge.
Suivant son regard, elle découvrit que les affaires qu'ils y avaient laissées s'étaient comme volatilisées.

[Chandara]

Si Chandara avait un temps envisager de faire bisquer - par jeu - son jeune acolyte en menaçant de récupérer ses vêtements, elle fut la première surprise par le tour que semblaient prendre les événements. Sans gêne, comme à l'acoutumée, la paladine sortit de l'eau pour se rapprocher de l'endroit où leurs affaires auraient dû se trouver : s'il y avait un danger, elle se devait de le découvrir avant que Quentin puisse se mettre en danger. Que s'était-il donc passé, y avait-il des traces à proximité ?

[Taliesin]

Mais il n'y avait pas la moindre trace visible.
Et il ne semblait pas y avoir, non plus, de danger aux alentours : Lune de Miel, à quelque distance de là, semblait totalement paisible. D'ailleurs, les lieux étaient toujours emprunts de la même quiétude.
-Je suis sûr que c'est un coup monté ! s'exclama alors Quentin.

[Chandara]

Il était tout naturel que le garçon pense qu’il y avait anguille sous roche mais Chandara entendit répondre immédiatement pour ne laisser aucune place au doute :

- Pas du tout ! Mes affaires aussi ont disparu et je n’ai rien remarqué. En plus, il ne semble d’ailleurs pas y avoir de traces.

Se pouvait-il que ce lieu magnifique ait pu être enchanté ? Ou qu’il ne soit pas aussi inoccupé qu’il en avait l’air ? Pour en avoir le cœur net, la paladine se dirigea jusqu’à sa monture pour l’interroger : avait-elle remarqué une présence ou un détail sortant de l’ordinaire ?

[Taliesin]

Eh bien... Non.
Il faut dire qu'elle n'avait guère été attentive, s'abandonnant comme les humains à la quiétude du lieu. Peut-être avait-elle entendu un bruissement mais ce n'était pas sûr et, de toute façon, elle n'avait pas cherché à en connaître la cause : elle n'avait en effet rien perçu d'inquiétant ou de menaçant.
Bref, Chandara ne pourrait obtenir aucun éclaircissement de la part de sa monture.

[Chandara]

Voilà qui était tout de même assez problématique : si quelque-chose parvenait à s'approcher assez près d'eux pour leur voler leurs effets sans pour autant éveiller leur attention, Chandara se sentait relativement vulnérable. Elle était pourtant gonflée de sérénité par ses prières quotidiennes et elle se voyait de toute façon mal s'éloigner du bassin dans sa tenue actuelle. La paladine n'avait donc d'autre choix que de poursuivre les recherches alentours. Et peut-être de recruter le jeune Quentin pour l'aider si elle parvenait à le convaincre :

- Quentin, nos vêtements de devraient pas être très loin : je les retrouverai plus vite si tu viens m'aider à fouiller ces buissons.

[Taliesin]

-Heu...
L'idée ne semblait guère l'enthousiasmer.
-C'est que... Enfin... Hum...
Il se gratta la tête, concentré, puis claqua subitement des doigts.
-Je sais ! Je vais fouiller le bassin ! Si ça se trouve, nos affaires sont tombées au fond !
Sauf que si c'était le cas, ils s'en seraient déjà rendus compte.

[Chandara]

Chandara secoua la tête et répondit d'un ton toutefois compréhensif et chaleureux au jeune garçon :

- Il y a peu de chances qu'il s'y trouve quoique ce soit : tu devrais plutôt fouiller ces buissons de l'autre côté mais fais attention,

C'était une voie de sortie qu'elle jugeait charitable car il se situait à l'endroit opposé oùelle fouillait elle-même en quête d'indice. Elle avait aussi dans l'idée de vérifier dans les fontes de Lune de Miel que rien d'autre n'ait été dérobé à la faveur de leur distraction.

[Taliesin]

Quentin soupira.
-Je vais voir ce que je peux faire, maugréa-t-il finalement.
Et de s'éloigner vers l'autre bord du bassin tandis que Chandara reprenait ses inspections.
Contrairement aux autres, celle des fontes s'avéra payante : couvertures, vêtement de rechange, matériel, tout s'y trouvait, exactement comme la paladine l'y avait mis. Elles n'avaient donc pas été visitées, ce qui était déjà un bon point.

[Chandara]

Par jeu et pour prendre Quentin à son propre piège, la paladine fut un instant tentée d'annoncer que leurs autres vêtements avaient eux aussi disparus. Mais un paladin ne mentait jamais et la jeune femme n'avait aucune envie d'inquiéter son jeune ami. Elle déclara donc avec enthousiasme :

- Si tu veux te rhabiller, tu as une tenue qui t'attend ici. A moins que tu ne préfères que je te l'apporte ?

Elle-même entreprit de se sécher puis se choisirait une nouvelle tenue légère avant de se mettre à la recherche de leurs vêtements précédents.

[Taliesin]

-Oh, bonne nouvelle, pour nos affaires, fit la voix d'un Quentin désormais hors de vue. Mais vous embêtez pas, je viendrai prendre les miennes.
Courte pause.
-Oui, vous embêtez vraiment pas : il vaut mieux, à mon humble avis, poursuivre les recherches et élucider ce grand mystère !

[Chandara]

La jeune femme ne tint compte que d'une partie de la réponse de Quentin. Elle prit grand soin de se revêtir et d'ajuster sa mise avant de récupérer un ensemble assorti dans les fontes du garçon et de déclarer avec emphase :

- Cela ne me dérange pas du tout, regarde, voilà, je te pose le tout sur ce rocher avec une serviette. Il ne faudrait pas que tu prennes froid !

Elle s'éloigna ensuite pour fouiller la zone environnante à la recherche de leurs affaires mais pas suffisamment pour ne pas pouvoir vérifier si le chenapan viendrait récupérer les vêtements qu'elle lui avait sortis.

[Taliesin]

Sans doute ne s'était-elle pas assez éloignée au goût d'un Quentin qui ne reparut point.
Mais, en vérité, il n'en eut pas vraiment besoin.
En effet, un matou fort charitable bondit sur le rochet, prit dans sa gueule une partie des effets qu'y avait déposé la paladine et s'en fut les apporter à son compagnon de route, où que celui-ci soit caché.

[Chandara]

Chandara manifesta sa frustration en tapant une fois du pied et en poussant un soupir avant de se détourner tout à fait. Au moins était-elle assurée que Quentin ne prendrait pas froid à cause de sa pudibonderie mais, pour le reste, c'était partie remise.

La paladine décida de se rapprocher du point d'intérêt le plus évident de la clairière, la statue. C'était un bon endroit pour commencer les recherches de leurs affaires disparues.

[Taliesin]

Leurs effets disparus ne se trouvaient point près de l'antique statue et un examen de celle-ci n'aida guère Chandara dans sa quête. Elle put seulement constater, à nouveau, que si le temps avait érodé, effacé les détails, il n'avait en rien nui à l'élégance, à la beauté de l’œuvre. Peut-être même l'avait-il rendue plus universelle qu'à l'origine.
-Vous avez découvert quelque chose ? demanda joyeusement Quentin en s'approchant.
Bizarrement, à présent qu'il avait pu enfiler une nouvelle tenue, il paraissait beaucoup plus détendu.

[Chandara]

La Sunite se détourna de son examen minutieux pour reporter son attention sur le jeune garçon.

- Rien de probant non, j'admirais cette belle statue. Et de ton côté ? Jevois que tu as retrouvé d'autres vêtements...

Y avait-il une trace de reproche dans cette remarque ? Il aurait fallu bien la chercher dans le ton doux et détaché de la jeune femme.

[Taliesin]

-Oui, ils sont venus à moi comme par magie, répondit tranquillement Quentin. Cet endroit est décidément bien étrange.
Il observa à son tour la statue avec attention.
De même que le chat, d'ailleurs, qui choisit cet instant pour faire sa réapparition.
-Vous pensez que ce sont des ruines humaines ? Ou elfiques ? En tout cas, ça devait être un lieu important pour qu'on ait bâti tout ça.

[Chandara]

Chandara haussa un sourcil pour appuyer sa première remarque : elle avait pourtant bien vu le chat emporter les vêtements dans sa gueule. Mais soit il avait été très discret, soit il était encore plus spécial qu'elle n'en avait déjà l'impression. C'était un mystère qu'elle entendait résoudre - par plaisir - mais il ne servait à rien de se presseren la matière. Elle préféra donc se concentrer sur l'autre aspect soulevé par le garçon :

- C'est difficile à dire. Mais je crois que ce n'est pas le plus important. Ce qui importe est la beauté qui imprègne ces lieux. Cela me donne envie de les préserver et je ferai mention de leur découverte auprès de mon Ordre. Peut-être sauront-ils me renseigner ?

[Taliesin]

-Ça paraitrait logique. D'accord, on peut passer à côté de cet endroit sans le voir, mais il n'est quand même pas si caché que ça. Alors ce serait étonnant que votre Ordre n'en ait jamais entendu parler.
Quentin jeta un regard autour de lui.
-Bon, mais il nous reste à retrouver ce fameux vol...
Il s'interrompit brusquement.
-Heu, ce fameux emprunteur, corrigea-t-il. Ou au moins ce qu'il nous a emprunté. Non parce que ma garde-robe n'est quand même pas illimitée...

[Chandara]

Chandara s'amusa du changement subit de qualificatif pour désigner celui qui les observait peut-être en ce moment même : tout était effectivement possible dans un lieu qui semblait enchanteresque voire même enchanté comme cette clairière au bassin. Elle répondit d'un ton plaisantin :

- Tu as raison, nous devrions le retrouver et le convaincre de nous rendre nos biens. Et mieux vaut ne pas l'effrayer. Je pense même que s'il a pris la peine de voler nos vêtements, nous serions inspiré de ne plus en porter au cas oùce soit chose sacrilège dans cet endroit.

Cette fois, elle n'avait aucune intention de joindre le geste à la parole mais cette petite joute l'amusait.

[Taliesin]

Quentin acquiesça et, lorsqu'il répondit, ce fut avec le plus grand des sérieux.
-Cela se peut, en effet, et je vous obéirais sur l'heure, si je ne craignais que nos effets, à nouveau, s'évadent vers quelque ailleurs... Par conséquent, et au risque d'endurer votre ire, je crois bien que je vais m'abstenir.
Et, sourire en coin, de se fendre d'une courbette.

[Chandara]

La paladine s'esclaffa et applaudit joyeusement devant tant d'astuce et d'audace. Chandara s'amusait et se réjouissait une nouvelle fois du comportement plein de confiance de son jeune acolyte mais aussi de son talent de représentation.

- Voilà qui devrait plaire à notre esthète chapardeur ! Mais peut-être faut-il songer à une autre offrande ? Il nous reste quelques vivres notamment.

[Taliesin]

Il opina du chef.
-Oui, sans compter que nous devrions pouvoir reconstituer nos réserves demain. Alors si vous jugez cela utile, ce n'est certainement pas moi qui vais vous contredire : je n'y connais goutte, en ces matières.
Il sourit.
-Et puis, qui sait ? Ce sera peut-être le meilleur moyen de récupérer nos affaires.

[Chandara]

La paladine entreprit aussitôt de mettre son idée à exécution et récupéra quelques victuailles diverses - un fruit, un morceau de fromage et même un peu de jambon séché - dans ses réserves. Elle déposa le tout sur le rocher où elle se souvenait avoir laissé ses affaires quelques minutes plus tôt, dans l'espoir que le chapardeur serait intéressé et toujours dans les environs. Elle recula ensuite de quelques pas en affichant une attitude qui se voulait amicale.

[Taliesin]

Quentin adopta la même attitude et demeura tout aussi immobile qu'elle.
Une minute passa.
Puis deux.
Puis dix.
Toujours aucun signe du chapardeur.
Et l'offrande n'avait pas bougé d'un iota.