[Bâtiment] La Commanderie des Paladins de Lathandre

[Galathée]

" J'en suis heureux pour vous." dit sobrement le commandant, d'un ton qui paraissait sincère, lui aussi.

[Chandara]

Chandara ne voyait pas bien quoi ajouter. Elle aurait pu affirmer qu’elle était désolée d’avoir déçu les espoirs qu’on avait peut-être placés en elle mais ça aurait été incroyablement déplacé. Alors, elle se commença par sourire au paladin si digne et si courtois et finit par répondre simplement :

- Rien n’est encore fait, je le crains. Mais y a-t-il un moyen pour vous remercier de votre bienveillance à mon égard ?

[Galathée]

" Ce n'est pas nécessaire. Evitez juste de colporter que nous recevons des voyageurs. Je crains que ce n'ait été... qu'une exception qui confirme la règle."
Il eut un sourire embarrassé.
" Je vous souhaite une bonne continuation, Chandara, sous la lumière que vous avez choisie."

[Chandara]

Chandara comprenait tout à fait cette demande : son séjour avait dû causer bien de l’embarras et elle le regrettait. Elle sentait aussi que le paladin souhaitait prendre congé. Elle répondit donc une dernière fois pour prendre congé :

- J’éviterai de le faire bien sûr. Merci pour vos encouragements et j’espère sincèrement que nous serons amenés à nous revoir dans d’autres circonstances. Puisse la lumière ne jamais vous manquer, Sire Armand !

Il était maintenant temps de rejoindre les autres convives et son cher Arthur qui devait se ronger les sangs en imaginant la teneur de leur conversation.

[Galathée]

Arthur était effectivement tendu et il parut soulagé qu'elle reparaisse. Néanmoins, sans doute son inquiétude ne disparaitrait-elle que lorsqu'il aurait pu contempler les retombées de la conversation auprès de son supérieure hiérarchique... Lorsqu'elle se rassit, il se pencha sur elle.
" Je pense que ce serait sans doute bien que nous y allions... J'ai une grosse journée demain, c'est la veille du départ..."

[Chandara]

Chandara se doutait que cette sortie était en partie motivée par la crainte de lui voir prendre d’autres initiatives mais elle n’y était pas du tout opposée. Elle répondit donc au jeune-homme par un sourire tranquille :

- Comme tu veux : c’est vrai qu’il commence à se faire tard !

Elle s’attendait néanmoins à ce qu’Arthur accepte de la raccompagner ce qui prolongerait un peu cette agréable soirée. Mais avant cela, elle tenait à dire au revoir à ceux qu’elle avait côtoyés durant son séjour.

[Galathée]

Arthur alla l'attendre à la sortie pendant qu'elle faisait ses adieux aux paladins qu'elle avait rencontrés. Tous se montrèrent chaleureux et lui souhaitèrent bonne chance, même si Sullyan dut empêcher les garçons de sortir des plaisanteries douteuses sur les Sunites. Quand elle en eut terminé, elle eut la confirmation de ce qu'elle avait supposé : Arthur n'avait bien entendu pas l'intention de la laisser traverser tout le quartier seule.
" Je crains d'avoir une journée fort chargée demain, dit-il. Mais on peut se retrouver le soir, si c'est ce que tu avais prévu... Je devrais avoir l'autorisation, vu que c'est ma dernière soirée en ville."

[Chandara]

La jeune-femme lui adressa un sourire chaleureux et réjoui en retour avant de répondre d’un ton joyeux :

- C’est d’accord ! Je passerai te chercher vers huit heures ou j’enverrai quelqu’un te porter un message si je dois surveiller mes préparatifs… Et ne te mets surtout pas martel en tête : tout ce que j’ai prévu sera très sage !

Son sourire rêveur pouvait éventuellement la démentir mais elle tablait tout de même sur le fait qu’Arthur lui ferait confiance.

[Galathée]

" Je te crois." répondit le jeune homme tandis qu'ils gagnaient la rue.
Il avait décidé de lui faire confiance, ou en tout cas, de ne pas se dédire.
" Pense juste que... heu... c'est mieux si je tiens en selle le lendemain."
Il eut un sourire nerveux.
" Pas que je craigne de ne pas y arriver, cela dit, évidemment."

[Chandara]

La jeune-femme prit le parti de rire de la remarque même si la perspective de leur séparation n’avait rien de réjouissante :

- Et moi qui pensais t’emmener danser et boire dans chaque troquet de la ville jusqu’au petit matin ! Je vais devoir changer mes plans !

L’air de rien, elle était tout de même touchée de la confiance affichée par Arthur : elle avait conscience de ne pas toujours être la personne la plus sensée ou la plus raisonnable mais le soutien de son compagnon lui faisait beaucoup de bien.

[Galathée]

Arthur eut un léger sourire.
" C'est ce que vont faire une partie de mes pairs, dit-il. C'est une sorte de tradition : une nuit de débauche avant la mission. Enfin, de débauche... pour des paladins de l'Aster, ça reste très léger."
Il haussa les épaules.
" Mais comme officiellement, je suis toujours puni... Ce serait très malvenu de ma part."

[Chandara]

Le regard de Chandara se fit pénétrant et mystérieux pendant quelques secondes avant qu’elle ne réponde d’un ton léger :

- Ah ! Je savais bien que vous saviez vous amuser, vous aussi ! Mais rassures-toi : on ne dira rien à personne ! De toute façon, je ne pense pas que l’on croisera tes compagnons là où j’ai l’intention de t’emmener ! Ce ne sera pas vraiment une punition cela dit…

Son sourire s'élargit et son regard brilla d'une lueur mutine alors qu'elle se coulait sous son bras.

[Galathée]

Il parut à nouveau alarmé, bien qu'il fit de son mieux pour le dissimuler. Ils continuèrent leur route en dépassant le Temple de Sunie, dans les jardins duquel la fête semblait loin d'être finie. Arthur ralentit une seconde et se tourna vers elle.
" Tu ne veux pas... continuer ta soirée là ? Je comprendrais, vu ton choix."

[Chandara]

Chandara ralentit à son tour et hésita quelques secondes avant de répondre d’un ton tranquille :

- C’est tentant mais la journée a été longue et je veux me lever tôt demain aussi.

En réalité, elle n’avait pas très envie de passer le reste de sa soirée sans Arthur - elle n'imaginait pas un seul instant qu'il propose de l'y accompagner. Sa curiosité et ses élans attendraient bien deux jours : pour le moment, elle entendait profiter de chaque instant qu’elle pouvait voler avec son compagnon.

[Galathée]

Ils continuèrent donc leur route, bras dessus, bras dessous, et finirent par atteindre le quartier du port. Quelques minutes plus tard, ils bifurquaient dans la jolie rue tranquille qui abritait les Songes de la Dryade.

[Kasumi]

Interlude : une invitation de Chandara

Sur les coups de sept heures, un jeune homme arborant la livrée de l'une des compagnies de commis de la ville se présenta aux portes de la commanderie des paladins de Lathandre. Il hésita quelque peu en apercevant les portes gardées par deux novices mais s'approcha finalement avant de demander d'une voix un peu embarrassée :

- Hum, j'ai un colis à remettre en mains propres à Sire Arthur.

[Arthur de Faisanlys]

" Sire Arthur ? s'étonna un des novices en faction, un grand garçon de seize ans, avant de ricaner.
— Arthur est dans la cour, dit l'adolescente à côté de lui, tout en lui donnant un coup de coude. C'est le grand blond avec un surcot jaune et les cheveux un peu trop longs qui rebiquent."
Et c'était effectivement là que se trouvait Arthur, affairé à vérifier la ferrure d'une douzaine de chevaux alignés. Il se redressa à l'entrée du messager. Il était couvert de poussière.

[Kasumi]

Le jeune messager était visiblement impressionné de pénétrer dans l'enceinte de l'une des institutions les plus fameuses de Luménis et il ne put manifestement pas s'empêcher de promener un regard plein de curiosité vers tous les recoins de la cour.

En apercevant celui qui était selon toute vraisemblance le destinataire de son message, il en revint néanmoins à sa mission et se dirigea vers lui tout en évitant de s'approcher des chevaux avec une certaine circonspection.

- Sire Arthur, je présume ? J'ai un paquet à vous remettre...

Le commis tenait à la main une boîte rectangulaire de cinquantaine de centimètres de long pour quinze de haut. Il attendait manifestement sa réponse avant de le lui remettre.

[Arthur de Faisanlys]

Arthur dévisagea le messager avec circonspection.
" J'imagine que c'est moi, oui."
Il se demandait bien qui diable pouvait lui faire parvenir un paquet. Ça devait être la première fois de sa vie, pratiquement, qu'il recevait pareil présent.

[Kasumi]

La réponse hésitante sembla parfaitement convenir au jeune commis. A moins que ce ne soit la perspective de s’éloigner au plus vite des imposants chevaux qui le regardaient d’un œil torve. Toujours est-il qu’il ne fit aucune difficulté pour lui tendre le paquet et le saluer sans demander son reste.

L’objet semblait relativement léger mais ne comportait aucune inscription ayant pu lever le mystère sur sa provenance ou son contenu. Il n’y figurait en fait que le nom de son destinataire dans une écriture neutre mais appliquée « Sire Arthur, Commanderie de l’Ordre de l’Aster de Luménis ». En somme, la seule manière d’être fixé serait bien d’ouvrir la boîte maintenue fermée par un simple ruban.

[Arthur de Faisanlys]

Bon, et bien, il ne lui restait plus qu'à l'ouvrir. Il était un peu gêné, cependant, et il jeta un coup d'oeil aux alentours pour s'assurer que personne ne regardait dans sa direction. Personne, sauf les chevaux, bien sûr. Et Deverell, qui était embusqué derrière le troisième. Ce dernier se redressa et lui jeta un regard compatissant.
" Va te planquer, va ! Je m'occupe de rentrer la compagnie."
Arthur lui sourit, pivoine, balbutia des remerciements pratiquement inaudibles, puis alla s'asseoir sur le muret pour dénouer le ruban.

[Kasumi]

La boîte contenait deux choses : la première était une tunique solide mais aux broderies fines et discrètes et à la couleur bleu orage. Le vêtement semblait de très bonne qualité sans pour autant paraître ostentatoire. Au fond de la boîte se trouvait le second objet : une petite carte sur laquelle était inscrit le message suivant :

Cette couleur t'ira à ravir ! Rends-toi au belvédère à huit heures !

L'écriture était élégante et appliquée mais le message ne comportait aucune signature.

[Arthur de Faisanlys]

C'était l'oeuvre de Chandara, évidemment. Il aurait dû s'en douter depuis le début. Evoquer la jeune femme le fit rougir davantage, et il resta immobile quelques secondes, à la fois touché et extrêmement inquiet. Il avait peur, c'était indéniable, de ce qu'elle avait pu inventer. Mais elle avait du goût, et il était curieux, aussi, mine de rien. Il n'avait qu'une idée imprécise de l'heure qu'il était mais décida de ne pas prendre de risques : il emporta la tunique à l'intérieur, la déposa dans sa chambre et fila à la salle d'eau.
Une fois récuré, il s'habilla, un peu inquiet de ce que penseraient ses compagnons s'ils le croisaient dans pareille tenue, puis fila dans le couloir et franchit les portes de la commanderie aussi vite que possible, direction le Belvédère... et tant pis s'il était en avance, après tout. Il pouvait bien attendre.

[Galathée]

Arrivant des Portes, Taliesin avait suivi le mur, devenu grille, du Parc Verdoyant. Même en matinée, il y avait déjà du monde dans les allées tranquilles du poumon vert de la cité, mais aussi de plus en plus de passants dans la rue, aussi le barde dut-il rester attentif à ne bousculer personne. Mais Tempérance, fidèle à son patronyme, était peu troublée par la foule autour d'elle. Abrutie par la température, aussi.
Les Taudis se firent peu à peu moins délabrés, moins sales, et graduellement, les maisons s'espacèrent, les pavés s'égalisèrent, les arbres se disciplinèrent, et l'elfe atteignit les beaux quartiers. Un peu plus loin, dans l'ombre du dôme rose du sanctuaire lathandrite se trouvait la commanderie, plus austère, dont les portes béaient sur la cour de sable. Bien entendu, deux novices montaient la garde. Un garçon et une fille, d'environ quinze ans. Ils avaient l'air... très peu réveillés.

[Taliesin]

Le barde les aurait bien laissés à leur somnolence mais... il se vit mal pénétrer dans l'enceinte comme si de rien n'était.
-Bonjour, les salua-t-il poliment. Je me nomme Taliesin et un membre de votre ordre, Jacob d'Eredhun, m'a écrit pour me demander de me présenter à la commanderie, à propos d'une affaire sur laquelle il ne m'a donné aucun détail... Pourriez-vous me dire à qui je dois me présenter, s'il-vous-plait ?

[Galathée]

Les deux adolescents le dévisagèrent, un peu interdits.
" Jacob d'Eredhun ? dit la fille, une brune aux allures de garçon manqué. Tu savais qu'il venait d'Eredhun, Jacob, toi ?
— Non, répondit le garçon, un blond qui n'avait pas encore la musculature adéquate pour porter des plates. Mais y'a qu'un Jacob.
— Il est pas là, Jacob, cela dit. Il est à Lunaros.
— Mais vous pouvez peut-être quand même entrer... Peut-être que quelqu'un sait quelque chose.
— Il faudrait en référer au commandant.
— C'est ton tour.
— Pffff."
Elle releva les yeux vers l'elfe.
" Suivez-moi, alors. Vous pouvez attendre dans la cour pendant que je vais le prévenir. Mais faut mettre pied à terre."
Et elle entra à l'intérieur, quittant l'ombre de l'arcade pour déboucher dans la lumière. Personne ne s'entraînait pour l'heure : le soleil était juste au-dessus de l'esplanade de sable, mais trois chevaux étaient debout dans l'ombre des écuries. Un homme était plié en deux, inspectant les sabots du premier, un énorme destrier gris pommelé. L'apparition de Tempérance dans leur domaine fit hennir les animaux — des étalons très intéressés — et le palefrenier se redressa pour regarder le visiteur. Taliesin le reconnut aussitôt : c'était Deverell, le paladin qu'il avait sauvé aux arènes de Mélandis, dans des circonstances dont ils n'avaient probablement pas très envie de se souvenir, ni l'un ni l'autre.

[Taliesin]

L'elfe lui sourit, le salua de la main puis regarda aux alentours, en quête d'un endroit où attacher Tempérance - s'approcher avec elle semblait tout sauf indiqué. Sinon, il faudrait que Deverell le rejoigne pour qu'ils puissent discuter. Peut-être serait-ce la meilleure solution, d'ailleurs. Car qui sait ? Le paladin ne souhaitait peut-être guère échanger avec lui, en raison des mauvais souvenirs que sa présence risquait de lui rappeler...

[Galathée]

Taliesin ne se trompait pas : le paladin resta à distance, hésitant manifestement sur la conduite à tenir. Mais ils étaient désormais seuls dans la cour et les étalons s'agitaient, donnant de la voix pour manifester tout leur intérêt à Tempérance. La jument était peut-être en chaleur. Quoi qu'il en soit, Deverell quitta le chevet de ses bêtes et s'approcha.
" Venez, je vais vous montrer où la mettre." dit-il à Taliesin quand il fut à sa portée.
Il désigna l'autre bout de la cour et un petit appentis, hors de vue des trois destriers.

[Taliesin]

-Très bien. Merci.
Et, respectant ses hésitations, il le suivit sans rien ajouter, sans lui imposer une conversation. Pour autant, son attitude ouverte et amicale disait assez qu'il n'aurait rien contre échanger quelques mots.

[Galathée]

Le paladin demeura silencieux tandis qu'ils marchaient vers le fond de la cour. Son malaise restait perceptible, rien qu'à sa démarche. Ils tournèrent le coin derrière l'écurie, hors de vue des étalons, et Deverell désigna l'auvent. Il s'éclaircit la gorge.
" Vous pouvez la mettre là en dessous, elle sera à l'abri du soleil. Je lui apporterai de l'eau."
Il n'ajouta rien, ne s'éloigna pas pour autant, manifestement toujours incertain quant à quoi faire de lui-même.