[Lieu] La Traversée de la Lorien
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Plus précieux vivants... Ça, ils n'en savaient rien, finalement. Mais la phrase précédente avait suffisamment interloqué Astrée pour qu'elle reste les yeux écarquillés, sans songer à le contredire sur ce dernier point.
" Faudra m'expliquer un jour, pour Nremyn et les hybsils, souffla-t-elle. Mais donc... à plus tard..."
Elle sortit de la coquerie, consciente qu'elle allait se trouver nez à nez avec le capitaine Voronwë, mais sans y accorder vraiment d'importance, la tête un peu embrouillée. Qu'est-ce que voulait dire Palen au sujet de Nremyn et des hybsils ?
" Faudra m'expliquer un jour, pour Nremyn et les hybsils, souffla-t-elle. Mais donc... à plus tard..."
Elle sortit de la coquerie, consciente qu'elle allait se trouver nez à nez avec le capitaine Voronwë, mais sans y accorder vraiment d'importance, la tête un peu embrouillée. Qu'est-ce que voulait dire Palen au sujet de Nremyn et des hybsils ?
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Mais Astrée fut à l'extérieur avant qu'Elros Voronwë n'émerge. Le pont, évidemment, était désert. Palen avait sans doute envoyé Garahel à bonne distance et il ne reviendrait pas de sitôt. Astrée devait décider si elle l'attendait ou si elle retournait vers Ceru, qui devait trouver le temps long, s'il avait seulement attendu qu'elle revienne.
La forêt autour d'eux était pareille à elle-même, obscure, oppressante, et tout à fait indifférente à leur petit drame.
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Elle n'hésita pas un instant : elle devait retrouver Ceru, qui patientait depuis trop longtemps déjà. Avec un peu de chance, sachant qu'elle devait discuter avec des elfes, il s'attendait à ce qu'elle ne revienne pas trop vite et était toujours en train de l'attendre. Les elfes avaient la réputation de palabrer longuement avant de parvenir à une décision... Peut-être à tort, elle n'en savait rien. Quoiqu'il en soit, si le cerf ne l'avait pas attendue, elle aurait bien du mal à rejoindre les hybsils.
Elle se glissa donc dans le sous-bois, espérant tout de même avoir la chance de croiser Garahel. Ce serait préférable, certainement. Mais ce n'était pas sa priorité. Il lui fallut quelques secondes pour se souvenir que cette forêt était dangereuse, hostile, et qu'elle devait être sur ses gardes... ne pas marcher sur de la mousse rouge, ne pas casser de branche, et une demi-douzaine d'autres conseils du même acabit. Toutes ces précautions en tête, elle se dirigea, approximativement, vers l'endroit où elle avait laissé le cerf.
Elle se glissa donc dans le sous-bois, espérant tout de même avoir la chance de croiser Garahel. Ce serait préférable, certainement. Mais ce n'était pas sa priorité. Il lui fallut quelques secondes pour se souvenir que cette forêt était dangereuse, hostile, et qu'elle devait être sur ses gardes... ne pas marcher sur de la mousse rouge, ne pas casser de branche, et une demi-douzaine d'autres conseils du même acabit. Toutes ces précautions en tête, elle se dirigea, approximativement, vers l'endroit où elle avait laissé le cerf.
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Elle retrouva aisément trace de son passage : il avait labouré le sol et arraché l'écorce de plusieurs arbres en y frottant ses bois. Il y avait, en contrepartie, un peu plus de fleurs sur le sol que dans son souvenir. En approchant, elle dérangea un écureuil qui fila dans les hauteurs. Ceru était un peu plus loin, dans une tache de soleil, comme pour s'emplir de chaleur. Il faisait pourtant déjà franchement étouffant.
Il posa ses yeux jaune sur elle alors qu'elle approchait. Ses oreilles s'agitèrent. Pendant un moment, il ne dit rien. Puis il étendit la tête comme s'il allait bramer, avant de se raviser.
Qu'ont dit les elfes ?
Il posa ses yeux jaune sur elle alors qu'elle approchait. Ses oreilles s'agitèrent. Pendant un moment, il ne dit rien. Puis il étendit la tête comme s'il allait bramer, avant de se raviser.
Qu'ont dit les elfes ?
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Ce n'est qu'en voyant Ceru qu'elle se souvint de ce qu'il lui avait dit concernant ses... appétences sexuelles. Elle espérait que sa manie de déchiqueter l'écorce des arbres, ou son envie subite de bramer, n'étaient pas liées à ça... Mais non, il valait mieux ne pas y songer. Pourtant, elle y pensait, fatalement. Parce qu'elle connaissait ces signes, au fond d'elle : c'était ceux d'un cerf en rut. Elle le savait très bien.
Elle refusa de s'attarder sur cette idée. Il était capable de se maîtriser, il l'avait dit... et il ne lui avait fait aucun mal jusque-là.
Jusque-là.
N'y pense pas.
Elle s'en approcha, précautionneusement, essayant de ne pas laisser transparaître son malaise.
"Beaucoup de choses", répondit-elle à sa question.
Par quoi devait-elle commencer ?
" Nous ne savons pas assez de choses sur nos adversaires. On n'a pas la certitude absolue qu'ils sont encore dans leur barge... ni qu'elle est bien là. On ne le sait que par témoin interposé. Il faut donc qu'on vérifie ça, qu'on les localise précisément. Et surtout... on ne connaît pas leurs intentions. Il faudrait pouvoir les espionner, ou capturer l'un d'eux pour le faire parler. Pour savoir ce qu'ils préparent exactement... Et peut-être trouver comment les piéger. Parce que l'objectif, c'est vraiment de pouvoir les capturer et les remettre à la justice. Nous ne voulons pas les tuer."
Elle refusa de s'attarder sur cette idée. Il était capable de se maîtriser, il l'avait dit... et il ne lui avait fait aucun mal jusque-là.
Jusque-là.
N'y pense pas.
Elle s'en approcha, précautionneusement, essayant de ne pas laisser transparaître son malaise.
"Beaucoup de choses", répondit-elle à sa question.
Par quoi devait-elle commencer ?
" Nous ne savons pas assez de choses sur nos adversaires. On n'a pas la certitude absolue qu'ils sont encore dans leur barge... ni qu'elle est bien là. On ne le sait que par témoin interposé. Il faut donc qu'on vérifie ça, qu'on les localise précisément. Et surtout... on ne connaît pas leurs intentions. Il faudrait pouvoir les espionner, ou capturer l'un d'eux pour le faire parler. Pour savoir ce qu'ils préparent exactement... Et peut-être trouver comment les piéger. Parce que l'objectif, c'est vraiment de pouvoir les capturer et les remettre à la justice. Nous ne voulons pas les tuer."
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Le cerf resta silencieux et secoua la tête.
Honnêtement, les pourquoi, les comment, ce sont tes affaires. Dis-moi ce qu'il faut faire et les hybsils s'en chargeront. Mais s'ils sont en danger, ils tueront ces humains et je les laisserai faire. Une vie est une autre. La mienne, la tienne, la leur, elfes, hybsils, humains. J'ai une dette envers toi et je t'aide à sauver tes amis. Mais sauver tes ennemis, c'est tout autre chose.
Honnêtement, les pourquoi, les comment, ce sont tes affaires. Dis-moi ce qu'il faut faire et les hybsils s'en chargeront. Mais s'ils sont en danger, ils tueront ces humains et je les laisserai faire. Une vie est une autre. La mienne, la tienne, la leur, elfes, hybsils, humains. J'ai une dette envers toi et je t'aide à sauver tes amis. Mais sauver tes ennemis, c'est tout autre chose.
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Astrée resta silencieuse un moment, assimilant ses paroles.
" Je comprends..."
Ce qu'il disait était tout à fait logique. Si les hybsils étaient en danger, il était normal qu'ils se défendent. La vie des hybsils passait avant celle des humains, vu les circonstances.
" Je ne veux pas mettre les hybsils en danger, de toute façon... ou le moins possible. Ils n'ont pas à mourir pour des elfes. Et puis, si ça tourne au massacre, cela pourrait aggraver les tensions entre elfes et humains, peut-être provoquer une guerre... que les humains gagneraient, au détriment de la Lorien. On ne doit pas prendre ce risque. Je ferai tout pour l'éviter."
Mais il s'en moquait, il l'avait dit. C'était à elle de faire attention aux conséquences de ses choix. Et vu son manque d'expérience de ce genre de mission... elle n'était pas sûre de ne pas provoquer une catastrophe.
" Je comprends..."
Ce qu'il disait était tout à fait logique. Si les hybsils étaient en danger, il était normal qu'ils se défendent. La vie des hybsils passait avant celle des humains, vu les circonstances.
" Je ne veux pas mettre les hybsils en danger, de toute façon... ou le moins possible. Ils n'ont pas à mourir pour des elfes. Et puis, si ça tourne au massacre, cela pourrait aggraver les tensions entre elfes et humains, peut-être provoquer une guerre... que les humains gagneraient, au détriment de la Lorien. On ne doit pas prendre ce risque. Je ferai tout pour l'éviter."
Mais il s'en moquait, il l'avait dit. C'était à elle de faire attention aux conséquences de ses choix. Et vu son manque d'expérience de ce genre de mission... elle n'était pas sûre de ne pas provoquer une catastrophe.
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Ces choses dépendant rarement d'une seule personne.
Le cerf se dirigea vers les fourrés dans lesquels il traça son chemin, sans l'inviter à monter sur son dos.
Je tuerai des humains. Il le faut. Mais je peux ne pas tous les tuer. Si tu en as besoin. Mais on ne peut pas être sentimental, pour survivre en Lorien. La forêt ne le permet pas.
Le cerf se dirigea vers les fourrés dans lesquels il traça son chemin, sans l'inviter à monter sur son dos.
Je tuerai des humains. Il le faut. Mais je peux ne pas tous les tuer. Si tu en as besoin. Mais on ne peut pas être sentimental, pour survivre en Lorien. La forêt ne le permet pas.
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Il ne s'embarrasserait pas de scrupules, c'était évident.
" Ce serait sûrement mieux si on parvient à ne tuer personne... Mais effectivement, je doute d'y parvenir. Ils sont dangereux, et eux ne feront sûrement pas de cadeaux."
Pourquoi disait-il qu'il devrait forcément tuer des humains ? Et qu'elle devait, finalement, se contenter du fait qu'il ne les tue pas tous ?
" Et puis, ça dépend de ce qu'on apprendra concernant leurs intentions. Si jamais elles ne sont pas aussi mauvaises qu'elles en ont l'air... Mais je n'y crois guère. Quoiqu'il en soit, dans tous les cas, il est vraiment important que plusieurs survivent, pour pouvoir être interrogés par la justice."
Elle le suivit dans les fourrés, presque soulagée, finalement, de ne pas monter sur son dos et de garder ses distances. Ou peut-être devait-elle s'en inquiéter, plutôt, si cela signifiait qu'il contrôlait moins ses pulsions.
Non, elle ne devait pas y penser.
" Ce serait sûrement mieux si on parvient à ne tuer personne... Mais effectivement, je doute d'y parvenir. Ils sont dangereux, et eux ne feront sûrement pas de cadeaux."
Pourquoi disait-il qu'il devrait forcément tuer des humains ? Et qu'elle devait, finalement, se contenter du fait qu'il ne les tue pas tous ?
" Et puis, ça dépend de ce qu'on apprendra concernant leurs intentions. Si jamais elles ne sont pas aussi mauvaises qu'elles en ont l'air... Mais je n'y crois guère. Quoiqu'il en soit, dans tous les cas, il est vraiment important que plusieurs survivent, pour pouvoir être interrogés par la justice."
Elle le suivit dans les fourrés, presque soulagée, finalement, de ne pas monter sur son dos et de garder ses distances. Ou peut-être devait-elle s'en inquiéter, plutôt, si cela signifiait qu'il contrôlait moins ses pulsions.
Non, elle ne devait pas y penser.
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Il progressa de son pas régulier, rapide, et la forêt s'ouvrit comme pour lui laisser un passage, sans qu'il ait à batailler contre les ronces, les lianes ou les broussailles. Dans son sillage, Astrée parvenait tout juste à avancer avant que la Lorien ne se referme sur eux, impénétrable et hostile. Voilà une piste que personne ne pourrait suivre, assurément, du moins tant que Ceru ne décidait pas de labourer le sol ou d'écorcher un arbre.
Il la guida, ainsi, pas à pas, jusqu'aux hybsils, qui n'avaient pas bougé de leur clairière et se dressèrent, tous en même temps, lorsqu'ils atteignirent leur cachette. Ceru demeura en périphérie du cercle, silencieux, tandis que les centaures graciles observaient Astrée de leurs pupilles fendues.
Il la guida, ainsi, pas à pas, jusqu'aux hybsils, qui n'avaient pas bougé de leur clairière et se dressèrent, tous en même temps, lorsqu'ils atteignirent leur cachette. Ceru demeura en périphérie du cercle, silencieux, tandis que les centaures graciles observaient Astrée de leurs pupilles fendues.
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Astrée ne se sentait pas très à l'aise. La situation était... complexe. Et quelle que soit la façon dont elle considère les choses... elle détestait l'idée que les hybsils soient contraints de l'aider contre leur volonté.
Elle hésita, les voyant tous tournés vers elle. Elle n'était pas la bienvenue, certainement. Et c'était compréhensible.
Elle poussa un soupir et s'approcha de celui qui semblait être leur chef. Il fallait qu'elle lui explique... ou qu'elle essaie, au moins.
" Je..."
Trouver les mots n'était pas si simple.
" je voulais vous dire que... je suis désolée que ça se passe ainsi. Je voulais juste vous trouver, pour vous demander votre aide, vous proposer un échange de service... Mais je n'avais pas prévu que vous y seriez contraints. Et j'en suis désolée."
Elle hésita, les voyant tous tournés vers elle. Elle n'était pas la bienvenue, certainement. Et c'était compréhensible.
Elle poussa un soupir et s'approcha de celui qui semblait être leur chef. Il fallait qu'elle lui explique... ou qu'elle essaie, au moins.
" Je..."
Trouver les mots n'était pas si simple.
" je voulais vous dire que... je suis désolée que ça se passe ainsi. Je voulais juste vous trouver, pour vous demander votre aide, vous proposer un échange de service... Mais je n'avais pas prévu que vous y seriez contraints. Et j'en suis désolée."
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Le petit centaure rayé haussa les épaules.
" Nous n'aidons pas les elfes. Ce sont des tueurs. Tu n'aurais pas pu nous convaincre. A présent, dépêche-toi de faire ce que tu dois, car nous voulons repartir au plus vite."
Les autres ne dirent rien, l'un grattant le sol de son sabot, l'autre agitant les oreilles, le troisième la queue, les derniers fixant Astrée sans ciller, comme s'ils étaient prisonniers de filets invisibles.
" Nous n'aidons pas les elfes. Ce sont des tueurs. Tu n'aurais pas pu nous convaincre. A présent, dépêche-toi de faire ce que tu dois, car nous voulons repartir au plus vite."
Les autres ne dirent rien, l'un grattant le sol de son sabot, l'autre agitant les oreilles, le troisième la queue, les derniers fixant Astrée sans ciller, comme s'ils étaient prisonniers de filets invisibles.
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Elle ferma brièvement les yeux. Au moins, elle l'avait dit, même si ça ne servait à rien. Et elle savait désormais qu'elle n'aurait pas pu les convaincre en négociant.
Mais après tout, si Tymora, ou Mielikki peut-être, avait voulu qu'elle rencontre Ceru, c'était qu'il devait y avoir un sens à tout cela. Qu'il fallait en passer par là pour sauver les elfes. Même si c'était contre nature. Ou alors, peut-être qu'elle devait renoncer, ne pas contraindre les hybsils à faire quelque chose qu'ils réprouvaient, ne pas risquer de sacrifier des vies hybsils pour sauver des vies elfes..
Réfléchis autrement. S'il s'était agit d'animaux sans intelligence, aurais-tu ça aussi grave, de se servir d'eux pour sauver les elfes ?
Et bien... oui, elle aurait trouvé cela injuste. Peut-être un peu moins grave, mais injuste. Mais d'un autre côté, sacrifier deux ou trois vies pour en sauver des dizaines ou des centaines, si cette épidémie se révélait une menace pour tous les elfes de la Lorien, c'était un sacrifice acceptable... et même nécessaire.
Sauf qu'elle aurait pu, aussi, décider d'attendre l'arrivée des secours, pour ne pas faire courir de risques aux hybsils. Rien ne prouvait que la situation nécessite une action urgente... Mais rien ne prouvait le contraire, non plus. Ils n'en savaient pas assez.
" J'aimerais que vous partiez en reconnaissance. Je cherche à savoir où se trouvent les humains, et où se trouvent leurs prisonniers... huit elfes et un humain, probablement. Ils ont laissé une piste, pas très loin d'ici. Elle remonte vers l'amont de la rivière en s'en éloignant, puis elle se sépare en deux, vers le nord et vers le sud. J'ai besoin de savoir où va la piste vers le nord, si elle rejoint la route, ou si elle rejoint plutôt des cabanes où se trouveraient les humains... ou bien les elfes prisonniers. Ensuite, du côté sud, je sais qu'elle rejoint la rivière. Il y a là-bas, probablement, leur barge, et les humains sont censés s'y trouver, peut-être une douzaine. J'aimerais juste que vous puissiez vérifier si c'est vrai, s'il y a bien une barge avec des humains... et peut-être aussi des elfes. Mais sans prendre aucun risque pour vous, bien sûr. Ils ont mis des glyphes de garde. Peut-être que vous pouvez approcher par un autre accès... ou même observer depuis l'autre rive."
Mais après tout, si Tymora, ou Mielikki peut-être, avait voulu qu'elle rencontre Ceru, c'était qu'il devait y avoir un sens à tout cela. Qu'il fallait en passer par là pour sauver les elfes. Même si c'était contre nature. Ou alors, peut-être qu'elle devait renoncer, ne pas contraindre les hybsils à faire quelque chose qu'ils réprouvaient, ne pas risquer de sacrifier des vies hybsils pour sauver des vies elfes..
Réfléchis autrement. S'il s'était agit d'animaux sans intelligence, aurais-tu ça aussi grave, de se servir d'eux pour sauver les elfes ?
Et bien... oui, elle aurait trouvé cela injuste. Peut-être un peu moins grave, mais injuste. Mais d'un autre côté, sacrifier deux ou trois vies pour en sauver des dizaines ou des centaines, si cette épidémie se révélait une menace pour tous les elfes de la Lorien, c'était un sacrifice acceptable... et même nécessaire.
Sauf qu'elle aurait pu, aussi, décider d'attendre l'arrivée des secours, pour ne pas faire courir de risques aux hybsils. Rien ne prouvait que la situation nécessite une action urgente... Mais rien ne prouvait le contraire, non plus. Ils n'en savaient pas assez.
" J'aimerais que vous partiez en reconnaissance. Je cherche à savoir où se trouvent les humains, et où se trouvent leurs prisonniers... huit elfes et un humain, probablement. Ils ont laissé une piste, pas très loin d'ici. Elle remonte vers l'amont de la rivière en s'en éloignant, puis elle se sépare en deux, vers le nord et vers le sud. J'ai besoin de savoir où va la piste vers le nord, si elle rejoint la route, ou si elle rejoint plutôt des cabanes où se trouveraient les humains... ou bien les elfes prisonniers. Ensuite, du côté sud, je sais qu'elle rejoint la rivière. Il y a là-bas, probablement, leur barge, et les humains sont censés s'y trouver, peut-être une douzaine. J'aimerais juste que vous puissiez vérifier si c'est vrai, s'il y a bien une barge avec des humains... et peut-être aussi des elfes. Mais sans prendre aucun risque pour vous, bien sûr. Ils ont mis des glyphes de garde. Peut-être que vous pouvez approcher par un autre accès... ou même observer depuis l'autre rive."
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L'hybsil fit un pas en arrière puis le groupe se forma autour de lui et ils parlèrent, rapidement, en sylvestre. Mâles et femelles semblaient occuper le même rang et ils s'interrompaient les uns les autres sans qu'il y ait de hiérarchie détectable. Certains paraissaient agités, d'autres calmes, de temps en temps un regard vif se perdait dans la direction d'Astrée avant de revenir au conciliabule. Ils mirent un certain temps à trouver un accord, ensuite la moitié d'entre eux, en nombre égal mâles et femelles, quittèrent les lieux, laissant un peu moins de dix hybsils en arrière. Ceux-ci, évitant l'humaine, allèrent vers Ceru et babillèrent un moment dans leur langage flûté, avant de filer à leur tour. Demeurèrent Astrée et le cerf noir, qui se coucha dans l'herbe.
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Rester seule en compagnie d'un cerf en rut... il y avait plus confortable, comme situation. Astrée se répéta qu'il ne lui voulait aucun mal, qu'il avait une dette envers elle, qu'elle ne risquait rien... et elle parvint à peu près à s'en convaincre. Mais pas au point de s'approcher de lui plus que nécessaire.
Elle finit par s'asseoir, elle aussi, au pied d'un arbre, à quelques toises de lui. Elle n'était pas complètement sereine. Elle se souvenait de la crainte dans le regard de Garahel, de Palen lui répétant qu'il s'agissait d'une créature extrêmement dangereuse. Pourtant, il lui paraissait bienveillant. Difficile, ou peut-être impossible, à comprendre, mais plutôt bienveillant. Envers elle en tout cas. Il était en revanche indifférent aux autres. Les morts qu'il pourrait provoquer ne semblaient pas lui peser sur la conscience.
Au fur et à mesure que les minutes passaient sans qu'il se passe rien d'inquiétant, ses craintes laissaient place à la curiosité. Qui était-il ? Est-ce qu'il avait un lien avec les hybsils, qui expliquait qu'il s'en fasse obéir ainsi, ou bien pouvait-il faire de même avec toutes les créatures de la Lorien ? Des questions qu'elle avait envie de poser, mais sans oser. Ce n'était certainement pas le genre de créature qu'on peut se permettre d'importuner par une curiosité malvenue.
Elle se souvint de ce que Nremyn lui avait dit, il y avait plusieurs jours déjà -une éternité. Ne pas poser de questions, mais observer... regarder, écouter... comprendre par ses propres sens. A propos de Nremyn... que voulait dire Palen au sujet de Nremyn et des hybsils ? Elle espérait qu'il n'était pas du genre à vouloir s'en prendre à la corne magique des femelles... mais elle l'imaginait mal faire cela. En même temps, elle le connaissait trop peu pour en juger.
" Ceru... Je me demandais... Il n'y a que les hybsils qui vous obéissent ainsi ? Il n'est pas possible d'en faire autant avec les humains ?"
Elle finit par s'asseoir, elle aussi, au pied d'un arbre, à quelques toises de lui. Elle n'était pas complètement sereine. Elle se souvenait de la crainte dans le regard de Garahel, de Palen lui répétant qu'il s'agissait d'une créature extrêmement dangereuse. Pourtant, il lui paraissait bienveillant. Difficile, ou peut-être impossible, à comprendre, mais plutôt bienveillant. Envers elle en tout cas. Il était en revanche indifférent aux autres. Les morts qu'il pourrait provoquer ne semblaient pas lui peser sur la conscience.
Au fur et à mesure que les minutes passaient sans qu'il se passe rien d'inquiétant, ses craintes laissaient place à la curiosité. Qui était-il ? Est-ce qu'il avait un lien avec les hybsils, qui expliquait qu'il s'en fasse obéir ainsi, ou bien pouvait-il faire de même avec toutes les créatures de la Lorien ? Des questions qu'elle avait envie de poser, mais sans oser. Ce n'était certainement pas le genre de créature qu'on peut se permettre d'importuner par une curiosité malvenue.
Elle se souvint de ce que Nremyn lui avait dit, il y avait plusieurs jours déjà -une éternité. Ne pas poser de questions, mais observer... regarder, écouter... comprendre par ses propres sens. A propos de Nremyn... que voulait dire Palen au sujet de Nremyn et des hybsils ? Elle espérait qu'il n'était pas du genre à vouloir s'en prendre à la corne magique des femelles... mais elle l'imaginait mal faire cela. En même temps, elle le connaissait trop peu pour en juger.
" Ceru... Je me demandais... Il n'y a que les hybsils qui vous obéissent ainsi ? Il n'est pas possible d'en faire autant avec les humains ?"
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Je peux influencer l'esprit de bien des créatures, mais pas celui des humains, ni celui des elfes, en tout cas pas au sens où tu l'entends. J'ai pu t'influencer pour que tu me viennes en aide, alors que ce n'était pas dans ton intérêt, mais les circonstances étaient critiques. Je pourrais probablement contrôler une humaine... à des fins particulières... mais pas davantage. Et pas des esprits réfractaires à la forêt. Toi, tu es différente. Tu as envie d'être ici. Cela te rend vulnérable aux pouvoirs de la Lorien. Au mien aussi.
Physiquement, il n'avait pas bougé, mais elle le sentait curieusement proche, comme s'il n'y avait pas que sa voix qui se projetait en elle, mais autre chose, de plus... corporel... alors même qu'il était toujours couché à distance respectable.
Physiquement, il n'avait pas bougé, mais elle le sentait curieusement proche, comme s'il n'y avait pas que sa voix qui se projetait en elle, mais autre chose, de plus... corporel... alors même qu'il était toujours couché à distance respectable.
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Astrée n'était pas surprise d'être plus sensible que d'autres aux pouvoirs des créatures de la Lorien : cela lui semblait plutôt normal, pour une druidesse. Mais ce qu'elle ressentait en l'écoutant, de façon presque physique, était pour le moins inquiétant. Elle songea que même simplement lui parler pouvait peut-être devenir dangereux. Et elle voyait très bien, trop bien, ce qu'il voulait dire en parlant de contrôler une humaine à des fins particulières. Elle ne voulait pas en entendre davantage... et ne pas en savoir davantage là-dessus. Il y avait un noeud, soudain, dans son estomac.
Il lui avait pris quelque chose, se souvint-elle, le soir où elle l'avait sauvé... hier soir, en fait, même si cela lui semblait incroyablement loin. Qu'avait-il pris ? Est-ce que ça la rendait encore plus... vulnérable à son pouvoir, comme il disait ?
Elle s'obligea à ignorer la sonnette d'alarme qui tintait dans un recoin de son cerveau, pour revenir à des considérations concrètes et immédiates. Il pouvait donc la contrôler, elle... mais il ne pouvait pas contrôler les humains de la barge, ce qui aurait pourtant solutionné tous leurs problèmes. Cependant, ce n'était pas la seule idée qu'elle avait en tête en posant la question, et elle voulait être certaine d'avoir bien compris les limites du pouvoir de Ceru.
" Il faudrait qu'on essaie de capturer un ou plusieurs des humains... en faisant en sorte que les autres ne soupçonnent rien et n'aillent donc pas chercher des noises à mes amis elfes dans leur barge. Ils ne sont pas en état de se défendre. Si je comprends bien ce que vous dites... vous ne pouvez pas influencer leur esprit. Ni pour attirer l'un d'eux dans un piège, ni pour faire en sorte que les autres y voient une attaque d'un prédateur et renoncent à partir à sa recherche?"
Il lui avait pris quelque chose, se souvint-elle, le soir où elle l'avait sauvé... hier soir, en fait, même si cela lui semblait incroyablement loin. Qu'avait-il pris ? Est-ce que ça la rendait encore plus... vulnérable à son pouvoir, comme il disait ?
Elle s'obligea à ignorer la sonnette d'alarme qui tintait dans un recoin de son cerveau, pour revenir à des considérations concrètes et immédiates. Il pouvait donc la contrôler, elle... mais il ne pouvait pas contrôler les humains de la barge, ce qui aurait pourtant solutionné tous leurs problèmes. Cependant, ce n'était pas la seule idée qu'elle avait en tête en posant la question, et elle voulait être certaine d'avoir bien compris les limites du pouvoir de Ceru.
" Il faudrait qu'on essaie de capturer un ou plusieurs des humains... en faisant en sorte que les autres ne soupçonnent rien et n'aillent donc pas chercher des noises à mes amis elfes dans leur barge. Ils ne sont pas en état de se défendre. Si je comprends bien ce que vous dites... vous ne pouvez pas influencer leur esprit. Ni pour attirer l'un d'eux dans un piège, ni pour faire en sorte que les autres y voient une attaque d'un prédateur et renoncent à partir à sa recherche?"
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Tu as dit que ces humains avaient enlevé des elfes. Ils connaissent la forêt. Soit ils ont des elfes parmi eux, soit ils ont pris le temps d'extraire le savoir d'autres créatures. Tu les sous-estimes en imaginant qu'ils renonceraient à poursuivre un prédateur. Ils le traqueraient jusqu'à le trouver, jusqu'à brûler et détruire la forêt qui l'habite. Est-ce que tu cherches ?
Il ferma ses yeux jaunes.
Je ne peux de toute façon pas influencer les esprits de la sorte. Je peux séduire une de leurs femmes et la convaincre qu'elle a envie de ma semence. Si elle est réceptive à la forêt. Ce qui n'est pas le cas des gens qui la haïssent.
Il ferma ses yeux jaunes.
Je ne peux de toute façon pas influencer les esprits de la sorte. Je peux séduire une de leurs femmes et la convaincre qu'elle a envie de ma semence. Si elle est réceptive à la forêt. Ce qui n'est pas le cas des gens qui la haïssent.
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" Il est probable qu'ils détestent la Lorien. Mais je n'en ai pas de certitude. Peut-être pas tous."
S'il... séduisait une des femmes, comme il disait... Jusqu'où irait-il ? Jusqu'à assouvir son désir ? Ou bien se maitriserait-il ? Si ça n'était pas une elfe, il pouvait se maîtriser. Mais elle avait la désagréable impression de jouer avec le feu. Et une fois qu'il considérerait ne plus lui être redevable, qu'est-ce qui l'empêcherait d'en faire autant avec elle, de... la convaincre... de ce qu'il disait ? Rien, certainement.
Sans doute vaudrait-il mieux, pour elle, qu'il ne paye jamais complètement sa dette. Ce qui voulait dire qu'elle devait renoncer à son aide, dès que ce serait possible. Mais pas tout de suite, cependant. Pas tant qu'ils n'en savaient pas plus.
Elle laissa échapper un soupir.
" Il faut... soit que je libère mon ami prisonnier, si on parvient à le repérer. Soit que je capture un ou plusieurs d'entre eux pour les amener aux elfes. Il faut qu'on sache leurs intentions. Mais pour capturer l'un d'entre eux, il faut le faire sortir de leur barge, s'ils y sont. Si vous pouviez attirer une de leurs femmes au-dehors... mais juste l'attirer pour qu'on la capture, rien d'autre... ce serait le moins risqué. Sinon, il faudra qu'on déclenche un glyphe de garde."
S'il... séduisait une des femmes, comme il disait... Jusqu'où irait-il ? Jusqu'à assouvir son désir ? Ou bien se maitriserait-il ? Si ça n'était pas une elfe, il pouvait se maîtriser. Mais elle avait la désagréable impression de jouer avec le feu. Et une fois qu'il considérerait ne plus lui être redevable, qu'est-ce qui l'empêcherait d'en faire autant avec elle, de... la convaincre... de ce qu'il disait ? Rien, certainement.
Sans doute vaudrait-il mieux, pour elle, qu'il ne paye jamais complètement sa dette. Ce qui voulait dire qu'elle devait renoncer à son aide, dès que ce serait possible. Mais pas tout de suite, cependant. Pas tant qu'ils n'en savaient pas plus.
Elle laissa échapper un soupir.
" Il faut... soit que je libère mon ami prisonnier, si on parvient à le repérer. Soit que je capture un ou plusieurs d'entre eux pour les amener aux elfes. Il faut qu'on sache leurs intentions. Mais pour capturer l'un d'entre eux, il faut le faire sortir de leur barge, s'ils y sont. Si vous pouviez attirer une de leurs femmes au-dehors... mais juste l'attirer pour qu'on la capture, rien d'autre... ce serait le moins risqué. Sinon, il faudra qu'on déclenche un glyphe de garde."
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Ceru avait toujours les yeux fermés. Il paraissait dormir.
Je pourrais vous la livrer. Après. Pas avant. Une fois que le sortilège est lancé, il n'y a pas de marche arrière possible. Ni pour elle, ni pour moi.
Son poil s'agita d'un frisson, d'un deuxième.
Mais il faut que je tue aussi. Un humain, un hybsil, un elfe, ça n'a pas d'importance. Mais autant que ce soit un humain.
Je pourrais vous la livrer. Après. Pas avant. Une fois que le sortilège est lancé, il n'y a pas de marche arrière possible. Ni pour elle, ni pour moi.
Son poil s'agita d'un frisson, d'un deuxième.
Mais il faut que je tue aussi. Un humain, un hybsil, un elfe, ça n'a pas d'importance. Mais autant que ce soit un humain.
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Astrée sentit une sueur glacée lui couler dans le dos. Pourquoi devait-il tuer ? Elle n'osa pas poser la question. Et... en y réfléchissant froidement... s'il devait y avoir un mort, il valait mieux que ce soit un humain, oui.
" Vous aurez sûrement l'occasion de tuer des humains, de toute façon. On ne se sortira de cette situation pas sans combat, c'est une certitude."
Quant à l'autre problème, il était tout aussi épineux, voire davantage. Elle s'imaginait mal le laisser attirer une femme dans ses filets pour... se reproduire avec elle, comme il disait. Comment pourrait-elle laisser sciemment faire une chose pareille ?
Pour le laisser assouvir ses pulsions et le détourner de toi.
C'était une option à considérer. Parce qu'il fallait qu'il tue, disait-il... mais il fallait aussi qu'il s'accouple, c'était évident dans son comportement. Peut-être que les deux étaient liés, après tout. C'était une créature étrange.
Cependant, il n'avait pas précisé ce qu'il entendait par "après". Elle ignorait combien de temps durait le sortilège. S'il ne s'achevait qu'après qu'il se soit reproduit... et que la femme ait donné naissance à sa progéniture -des hybsils ?-... ce serait trop long, de toute façon.
Comment peux-tu réfléchir si froidement à des choses pareilles?
C'était un moyen comme un autre de ne pas songer au fait qu'elle pourrait être elle-même la victime de ce sortilège.
Elle poussa un soupir. Il valait peut-être mieux utiliser le glyphe de garde... même d'un point de vue purement pragmatique, même en faisant abstraction du fait qu'elle rechignait à le laisser violer une humaine, ce serait la solution la plus efficace et la plus rapide. Et puis de toute façon, il n'était pas certain qu'il puisse attirer l'une de ces femmes.
Mais si elle utilisait le glyphe de garde... elle espérait qu'un hybsil n'y laisserait pas sa peau. Ou bien devait-elle se laisser piéger ? Que risquait-elle ?
" Vous aurez sûrement l'occasion de tuer des humains, de toute façon. On ne se sortira de cette situation pas sans combat, c'est une certitude."
Quant à l'autre problème, il était tout aussi épineux, voire davantage. Elle s'imaginait mal le laisser attirer une femme dans ses filets pour... se reproduire avec elle, comme il disait. Comment pourrait-elle laisser sciemment faire une chose pareille ?
Pour le laisser assouvir ses pulsions et le détourner de toi.
C'était une option à considérer. Parce qu'il fallait qu'il tue, disait-il... mais il fallait aussi qu'il s'accouple, c'était évident dans son comportement. Peut-être que les deux étaient liés, après tout. C'était une créature étrange.
Cependant, il n'avait pas précisé ce qu'il entendait par "après". Elle ignorait combien de temps durait le sortilège. S'il ne s'achevait qu'après qu'il se soit reproduit... et que la femme ait donné naissance à sa progéniture -des hybsils ?-... ce serait trop long, de toute façon.
Comment peux-tu réfléchir si froidement à des choses pareilles?
C'était un moyen comme un autre de ne pas songer au fait qu'elle pourrait être elle-même la victime de ce sortilège.
Elle poussa un soupir. Il valait peut-être mieux utiliser le glyphe de garde... même d'un point de vue purement pragmatique, même en faisant abstraction du fait qu'elle rechignait à le laisser violer une humaine, ce serait la solution la plus efficace et la plus rapide. Et puis de toute façon, il n'était pas certain qu'il puisse attirer l'une de ces femmes.
Mais si elle utilisait le glyphe de garde... elle espérait qu'un hybsil n'y laisserait pas sa peau. Ou bien devait-elle se laisser piéger ? Que risquait-elle ?
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Ceru ne répondit rien, la laissant face à ses prises de décision difficiles. Il paraissait désormais presque endormi, grand cerf sombre dans la broussaille. Du sang noir lui mouillait toujours l'épaule, collant ses poils en plaques coagulées. Autour d'eux, la forêt bruissait comme à son habitude, il n'y avait plus la moindre trace des hybsils, ils auraient tout aussi bien pu les avoir abandonnés. Mais Astrée savait qu'il n'en était rien. Ils reviendraient tôt ou tard, pour attendre ses ordres... s'ils n'étaient pas décimés par leurs ennemis, bien sûr, sans espoir de retour.
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Astrée avait confiance dans la capacité des hybsils à mener une reconnaissance sans se faire prendre. Ils étaient incroyablement discrets, et connaissaient la forêt comme leur poche. Ils étaient avertis qu'ils espionnaient des humains dangereux, qu'ils avaient posé des glyphes de garde, et ils seraient sur leurs gardes. Non, tout irait bien pour eux, et ils reviendraient d'ici quelques petites heures, peut-être, avec des informations utiles, elle l'espérait. Et puis, ces humains n'étaient pas plus dangereux que les autres prédateurs de la forêt... même si certains les considéraient comme les plus dangereux de tous. La Dorée, en particulier, avait dit quelque chose de ce genre...
La Dorée... Elle n'arrivait toujours pas à savoir quoi penser de cette elfe. Son aide providentielle avait été bienvenue, mais était presque trop providentielle, ce qui pouvait la rendre suspecte. Et elle lui avait, sciemment sans doute, donné un faux remède. Dans quel but ? Était-elle avec les humains qu'ils recherchaient ? Dans ce cas, elle était bonne comédienne... mais ce n'était pas à exclure, même si elle ne voyait pas pourquoi elle s'allierait avec ces humains. Ou bien n'avait-elle rien à voir avec tout cela ? Mais dans ce cas, pourquoi lui donner un faux remède ? Elle semblait assez bien connaître cet endroit de la Lorien, elle avait vu les hybsils, savait qu'il y avait des elfes sauvages de l'autre côté... Ce qui laissait penser qu'elle était bien d'ici. Mais elle avait paru particulièrement intéressée par la maladie, ce qui pouvait aller dans le sens d'une complicité avec les humains, si, comme Palen le supposait, ils cherchaient à étudier comment se comportait ce mal.
Elle ne parvint pas à trancher, ni dans un sens, ni dans l'autre. Elle resterait méfiante, si elle devait la croiser à nouveau, et lui dévoilerait le moins de choses possible.
Elle songea que ce serait une bonne chose de la voir, pour lui demander quel était l'effet du glyphe. Ceru, peut-être, pouvait la localiser ? Il sentait les présences féminines à distance, apparemment. Mais justement, c'était une femme elfe, et Ceru pouvait être dangereux pour elle. Quoique, à la réflexion, il devait s'intéresser uniquement aux femmes en âge de procréer. Elle n'osa pas, néanmoins, lui poser la question. Elle avait la désagréable impression que lui parler pouvait renforcer son appétence sexuelle. Simple impression, sûrement... mais il valait mieux qu'il dorme, c'était plus sûr.
Elle continua à s'interroger quelques minutes encore sur la Dorée, puis ses pensées dévièrent, à nouveau, vers le cerf noir... et ce qu'elle risquait, elle, dans cette histoire. S'il décidait de s'en prendre à elle, il lui serait probablement impossible de l'empêcher. Mieux valait ne même pas y songer, et juste faire en sorte de ne jamais en arriver là.
Puis, à nouveau, elle tourna et retourna dans sa tête le dilemme concernant la façon de faire sortir un humain de la barge. Sans vraiment le résoudre. Il faudrait pourtant décider, tôt ou tard...
La Dorée... Elle n'arrivait toujours pas à savoir quoi penser de cette elfe. Son aide providentielle avait été bienvenue, mais était presque trop providentielle, ce qui pouvait la rendre suspecte. Et elle lui avait, sciemment sans doute, donné un faux remède. Dans quel but ? Était-elle avec les humains qu'ils recherchaient ? Dans ce cas, elle était bonne comédienne... mais ce n'était pas à exclure, même si elle ne voyait pas pourquoi elle s'allierait avec ces humains. Ou bien n'avait-elle rien à voir avec tout cela ? Mais dans ce cas, pourquoi lui donner un faux remède ? Elle semblait assez bien connaître cet endroit de la Lorien, elle avait vu les hybsils, savait qu'il y avait des elfes sauvages de l'autre côté... Ce qui laissait penser qu'elle était bien d'ici. Mais elle avait paru particulièrement intéressée par la maladie, ce qui pouvait aller dans le sens d'une complicité avec les humains, si, comme Palen le supposait, ils cherchaient à étudier comment se comportait ce mal.
Elle ne parvint pas à trancher, ni dans un sens, ni dans l'autre. Elle resterait méfiante, si elle devait la croiser à nouveau, et lui dévoilerait le moins de choses possible.
Elle songea que ce serait une bonne chose de la voir, pour lui demander quel était l'effet du glyphe. Ceru, peut-être, pouvait la localiser ? Il sentait les présences féminines à distance, apparemment. Mais justement, c'était une femme elfe, et Ceru pouvait être dangereux pour elle. Quoique, à la réflexion, il devait s'intéresser uniquement aux femmes en âge de procréer. Elle n'osa pas, néanmoins, lui poser la question. Elle avait la désagréable impression que lui parler pouvait renforcer son appétence sexuelle. Simple impression, sûrement... mais il valait mieux qu'il dorme, c'était plus sûr.
Elle continua à s'interroger quelques minutes encore sur la Dorée, puis ses pensées dévièrent, à nouveau, vers le cerf noir... et ce qu'elle risquait, elle, dans cette histoire. S'il décidait de s'en prendre à elle, il lui serait probablement impossible de l'empêcher. Mieux valait ne même pas y songer, et juste faire en sorte de ne jamais en arriver là.
Puis, à nouveau, elle tourna et retourna dans sa tête le dilemme concernant la façon de faire sortir un humain de la barge. Sans vraiment le résoudre. Il faudrait pourtant décider, tôt ou tard...
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Près d'une heure s'écoula avant que les hybsils ne reviennent, et quand ils le firent, ils n'étaient qu'une petite dizaine et rapportaient du gibier, des fruits, des champignons et d'autres plantes. Ils ne prêtèrent attention ni à Astrée, ni à Ceru et se mirent à préparer leur nourriture. Les autres, ceux qui étaient partis les premiers, en ce compris leur chef, n'étaient pas encore rentrés, mais les autres ne paraissaient guère s'en inquiéter.
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Astrée ne s'en préoccupa pas davantage. Ils avaient deux directions à explorer, sur plusieurs lieues peut-être. Il leur faudrait quelques heures.
Elle comprenait maintenant que le plus petit groupe était simplement parti à la recherche de ravitaillement. C'était, finalement, logique. Ils avaient besoin de se sustenter... et elle aussi. Mais elle n'oserait pas leur demander des provisions. Elle avait déjà du mal à accepter qu'ils soient contraints de l'aider, alors si en plus ils devaient la nourrir... Non. Elle se contenterait de galettes et des quelques fruits qui lui restaient, pour ce soir.
Quoiqu'il en soit, l'arrivée des hybsils lui permit d'échapper un moment à l'anxiété qui l'envahissait. Après tout, il était inutile de se préoccuper de la façon de faire sortir les humains de leur barge tant qu'elle n'était pas sûre qu'ils y soient, ni de ce qui se passerait avec Ceru tant que les choses sérieuses n'avaient pas commencé. Elle songea, juste un instant, que tout être humain sensé fuirait sans doute au plus vite une situation aussi risquée. Mais elle ne l'envisagea pas une seconde.
Lasse de se poser des questions sans réponse, elle cessa d'échafauder des plans et hypothèses stériles, et préféra observer un moment les hybsils. C'étaient des créatures étranges, dont elle n'aurait jamais soupçonné l'existence... et cela fournissait un dérivatif agréable à ses pensées trop anxieuses.
Elle comprenait maintenant que le plus petit groupe était simplement parti à la recherche de ravitaillement. C'était, finalement, logique. Ils avaient besoin de se sustenter... et elle aussi. Mais elle n'oserait pas leur demander des provisions. Elle avait déjà du mal à accepter qu'ils soient contraints de l'aider, alors si en plus ils devaient la nourrir... Non. Elle se contenterait de galettes et des quelques fruits qui lui restaient, pour ce soir.
Quoiqu'il en soit, l'arrivée des hybsils lui permit d'échapper un moment à l'anxiété qui l'envahissait. Après tout, il était inutile de se préoccuper de la façon de faire sortir les humains de leur barge tant qu'elle n'était pas sûre qu'ils y soient, ni de ce qui se passerait avec Ceru tant que les choses sérieuses n'avaient pas commencé. Elle songea, juste un instant, que tout être humain sensé fuirait sans doute au plus vite une situation aussi risquée. Mais elle ne l'envisagea pas une seconde.
Lasse de se poser des questions sans réponse, elle cessa d'échafauder des plans et hypothèses stériles, et préféra observer un moment les hybsils. C'étaient des créatures étranges, dont elle n'aurait jamais soupçonné l'existence... et cela fournissait un dérivatif agréable à ses pensées trop anxieuses.
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HRP : me suis trompée dans mon compte d'hybsils. Il y en a huit dans chaque groupe.
Les hybsils se mouvaient toujours avec rapidité, comme s'ils étaient perpétuellement aux aguets, mais leur visage n'exprimait aucune émotion particulière. Parmi les huit qui venaient de rentrer, trois étaient plutôt noirs, trois plutôt roux et deux des femelles étaient de couleur brune, plus ternes. Tous étaient vêtus jusqu'à la taille, dans une étoffe qui ne ressemblait ni à du cuir, ni à du tissu ordinaire, mais qui paraissait souple et solide, et épousait chacun de leurs mouvements. Certains nettoyèrent les fruits et les plantes, d'autres écorchèrent le menu gibier qu'ils avaient rassemblé, petits oiseaux, petits rongeurs, principalement, et les derniers s'attaquèrent à la préparation d'insectes, surtout des coléoptères, de ce que put en voir Astrée. Ils communiquaient en sylvestre, à une vitesse qui rendait leurs propos incompréhensibles, et qui empêchait Astrée d'en saisir le moindre mot.
Les hybsils se mouvaient toujours avec rapidité, comme s'ils étaient perpétuellement aux aguets, mais leur visage n'exprimait aucune émotion particulière. Parmi les huit qui venaient de rentrer, trois étaient plutôt noirs, trois plutôt roux et deux des femelles étaient de couleur brune, plus ternes. Tous étaient vêtus jusqu'à la taille, dans une étoffe qui ne ressemblait ni à du cuir, ni à du tissu ordinaire, mais qui paraissait souple et solide, et épousait chacun de leurs mouvements. Certains nettoyèrent les fruits et les plantes, d'autres écorchèrent le menu gibier qu'ils avaient rassemblé, petits oiseaux, petits rongeurs, principalement, et les derniers s'attaquèrent à la préparation d'insectes, surtout des coléoptères, de ce que put en voir Astrée. Ils communiquaient en sylvestre, à une vitesse qui rendait leurs propos incompréhensibles, et qui empêchait Astrée d'en saisir le moindre mot.
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HRP : je pensais pas que leur nombre exact avait une si grande importance...
Astrée essaya en vain de reconnaître quelques mots, mais son niveau de sylvestre était insuffisant. Même Garahel avait dit qu'il n'y comprenait rien, alors qu'il apprenait le sylvestre depuis sûrement plus longtemps qu'elle. Elle renonça donc rapidement, et se contenta d'observer ce qu'ils faisaient. Elle se demandait quelle type d'étoffe ils portaient, observa les différences de couleur, les cornes des femelles et les bois des mâles, leur organisation -à la hiérarchie plus ou moins inexistante-. Elle songea que les autres ne seraient pas là avant longtemps encore, et que la journée serait longue. Et qu'elle ferait bien d'en profiter pour se reposer : la chaleur de milieu de journée était éprouvante, et la soirée pouvait être longue s'ils décidaient d'agir dès ce soir...
Pour la millième fois, elle se demanda si elle oserait envoyer un hybsil déclencher le glyphe, ou si elle le ferait elle-même. Si elle avait la certitude de ne pas se retrouver avec une dette insurmontable envers les hybsils, elle enverrait l'un d'eux. Elle se reprocha d'être lâche, et tenta de se convaincre que c'était par pur pragmatisme -ce qui était exact, également. L'idée qui la mettait le plus mal à l'aise était de faire intervenir Ceru et de lui livrer l'une des femmes. En prime, cela impliquait un meurtre... ce qui faisait deux raisons pour vouloir éviter cette option. Envoyer un hybsil était plus raisonnable. Et puis, le glyphe ne devait pas être mortel. La Dorée avait parlé de "piéger" un satyre, pas de le tuer... Et ils n'avaient pas non plus tué Mathieu : ils voulaient faire des prisonniers, les interroger. Ce devait être un sortilège immobilisant l'intrus, peut-être, ou l'endormant. Et les hybsils auraient plus de mal à la transporter, elle, si elle en était victime, qu'à transporter l'un d'eux. Ce qui lui faisait une raison objective d'envoyer l'un des hybsils. Il restait à espérer que l'effet sur une créature si fragile ne soit pas trop violent... Comment être sûre ?
Elle s'adossa à l'arbre près duquel elle s'était assise, et ferma les yeux. La meilleure chose à faire était de cesser de se triturer les méninges et de se reposer un peu.

Astrée essaya en vain de reconnaître quelques mots, mais son niveau de sylvestre était insuffisant. Même Garahel avait dit qu'il n'y comprenait rien, alors qu'il apprenait le sylvestre depuis sûrement plus longtemps qu'elle. Elle renonça donc rapidement, et se contenta d'observer ce qu'ils faisaient. Elle se demandait quelle type d'étoffe ils portaient, observa les différences de couleur, les cornes des femelles et les bois des mâles, leur organisation -à la hiérarchie plus ou moins inexistante-. Elle songea que les autres ne seraient pas là avant longtemps encore, et que la journée serait longue. Et qu'elle ferait bien d'en profiter pour se reposer : la chaleur de milieu de journée était éprouvante, et la soirée pouvait être longue s'ils décidaient d'agir dès ce soir...
Pour la millième fois, elle se demanda si elle oserait envoyer un hybsil déclencher le glyphe, ou si elle le ferait elle-même. Si elle avait la certitude de ne pas se retrouver avec une dette insurmontable envers les hybsils, elle enverrait l'un d'eux. Elle se reprocha d'être lâche, et tenta de se convaincre que c'était par pur pragmatisme -ce qui était exact, également. L'idée qui la mettait le plus mal à l'aise était de faire intervenir Ceru et de lui livrer l'une des femmes. En prime, cela impliquait un meurtre... ce qui faisait deux raisons pour vouloir éviter cette option. Envoyer un hybsil était plus raisonnable. Et puis, le glyphe ne devait pas être mortel. La Dorée avait parlé de "piéger" un satyre, pas de le tuer... Et ils n'avaient pas non plus tué Mathieu : ils voulaient faire des prisonniers, les interroger. Ce devait être un sortilège immobilisant l'intrus, peut-être, ou l'endormant. Et les hybsils auraient plus de mal à la transporter, elle, si elle en était victime, qu'à transporter l'un d'eux. Ce qui lui faisait une raison objective d'envoyer l'un des hybsils. Il restait à espérer que l'effet sur une créature si fragile ne soit pas trop violent... Comment être sûre ?
Elle s'adossa à l'arbre près duquel elle s'était assise, et ferma les yeux. La meilleure chose à faire était de cesser de se triturer les méninges et de se reposer un peu.
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HRP : Hum...
... Ils ont des noms, des classes, des couleurs de poil et des couleurs de texte, Voya, qu'est-ce que tu crois ? (et c'est même pas une blague !)
Astrée sombra dans un sommeil agité, peuplé de rêves éclatés, pénibles, d'images de corps mourants, d'hybsils au grand galop, de flèches, d'un cerf noir, immense, s'approchant d'elle pour la couvrir de son désir, de chocs sur la rivière, éclaboussures, course effrénée dans les bois, de cris désespérés, torturés, de sangs et de corps à nouveau, éventrés, dégorgeant leurs viscères, d'yeux révulsés, d'arbres en flammes, s'écroulant avec fracas, d'odeurs pestilentielles, de cadavres encore, calcinés, pourris, noirs ou blanchâtres, verts, qui se retournaient ventre à l'air sur les flots grondants de la Sylvestre, et des plumes d'oiseaux, et des hurlements de bête, l'eau glacée d'une cascade, quelque chose de poisseux sous les doigts... du poil... de la boue... un coeur dégoulinant, encore pulsatile... La Dorée... Nremyn... Le chef des hybsils dardant ses yeux jaunes sur elle, le souffle rauque de Ceru, le brame du cerf, l'ébranlant des épaules aux cuisses, de la poitrine à l'entrejambe et...
Elle s'éveilla dans un cri étouffé. Devant elle, les hybsils vaquaient toujours, fébriles. Le soleil traversait vaillamment les frondaisons. Peut-être s'était-il écoulé une heure... peut-être plus... peut-être quelques minutes seulement. Ceru n'avait pas bougé mais il l'observait de ses pupilles fendues, illisible dans son animalité.

Astrée sombra dans un sommeil agité, peuplé de rêves éclatés, pénibles, d'images de corps mourants, d'hybsils au grand galop, de flèches, d'un cerf noir, immense, s'approchant d'elle pour la couvrir de son désir, de chocs sur la rivière, éclaboussures, course effrénée dans les bois, de cris désespérés, torturés, de sangs et de corps à nouveau, éventrés, dégorgeant leurs viscères, d'yeux révulsés, d'arbres en flammes, s'écroulant avec fracas, d'odeurs pestilentielles, de cadavres encore, calcinés, pourris, noirs ou blanchâtres, verts, qui se retournaient ventre à l'air sur les flots grondants de la Sylvestre, et des plumes d'oiseaux, et des hurlements de bête, l'eau glacée d'une cascade, quelque chose de poisseux sous les doigts... du poil... de la boue... un coeur dégoulinant, encore pulsatile... La Dorée... Nremyn... Le chef des hybsils dardant ses yeux jaunes sur elle, le souffle rauque de Ceru, le brame du cerf, l'ébranlant des épaules aux cuisses, de la poitrine à l'entrejambe et...
Elle s'éveilla dans un cri étouffé. Devant elle, les hybsils vaquaient toujours, fébriles. Le soleil traversait vaillamment les frondaisons. Peut-être s'était-il écoulé une heure... peut-être plus... peut-être quelques minutes seulement. Ceru n'avait pas bougé mais il l'observait de ses pupilles fendues, illisible dans son animalité.
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Astrée se réveilla trempée de sueur, frissonnant de terreur, et s'efforça de chasser ces images affreuses de son esprit. Sans y parvenir vraiment. Elle songea qu'elle n'aurait jamais dû vouloir se reposer dans un moment pareil, pas avec une telle angoisse dans le cœur. Tant qu'elle restait éveillée, elle savait juguler la peur, la maintenir à distance en se concentrant sur des problèmes rationnels, sur des choix, des décisions, des faits. Mais une fois plongée dans le sommeil, tout ce qu'elle cherchait à maintenir enfoui au fond d'elle s'était précipité dans son esprit pour le remplir de cauchemars affreux. Elle se réveillait encore plus angoissée qu'elle ne s'était endormie.
Le simple fait de croiser le regard de Ceru, juste à son réveil, la plongea malgré elle dans un abîme de terreur. Elle referma les yeux, se demandant s'il lisait en elle -il avait affirmé que non...-, puis s'il était responsable d'une partie de son cauchemar. Elle était persuadée que oui. Il pouvait projeter ses pensées en elle de façon tellement puissante, presque physique... C'était lui qui lui avait partagé ses pulsions, sûrement...
Elle s'assit et entoura ses genoux de ses bras, recroquevillée, cherchant à retrouver son calme, évitant de regarder vers le cerf. Elle se souvint s'être dit que n'importe quel humain sensé fuirait à toutes jambes. Mais là, tout de suite, elle en était incapable. Il fallait qu'elle se calme... et qu'elle résiste à cette terreur. Elle n'avait pas le droit d'abandonner, les elfes comptaient sur elle.
Il ne fallait surtout pas se rendormir... ce qui ne risquait pas d'arriver vu son état.
Le simple fait de croiser le regard de Ceru, juste à son réveil, la plongea malgré elle dans un abîme de terreur. Elle referma les yeux, se demandant s'il lisait en elle -il avait affirmé que non...-, puis s'il était responsable d'une partie de son cauchemar. Elle était persuadée que oui. Il pouvait projeter ses pensées en elle de façon tellement puissante, presque physique... C'était lui qui lui avait partagé ses pulsions, sûrement...
Elle s'assit et entoura ses genoux de ses bras, recroquevillée, cherchant à retrouver son calme, évitant de regarder vers le cerf. Elle se souvint s'être dit que n'importe quel humain sensé fuirait à toutes jambes. Mais là, tout de suite, elle en était incapable. Il fallait qu'elle se calme... et qu'elle résiste à cette terreur. Elle n'avait pas le droit d'abandonner, les elfes comptaient sur elle.
Il ne fallait surtout pas se rendormir... ce qui ne risquait pas d'arriver vu son état.
- Galathée
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Ceru se leva et sortit de la clairière, s'enfonçant dans les broussailles épineuses de son pas tranquille, englouti, en une seconde, par la forêt. Les hybsils s'étaient couchés pour la plupart et devisaient en mangeant. Ils n'avaient rien cuit, sans doute de peur d'allumer un feu. De temps en temps, un regard se posait sur Astrée pour s'en abstraire avant qu'elle n'ait pu le croiser. Ils étaient vifs comme de petits oiseaux, insaisissables.
Puis soudain, tous en même temps, ils se figèrent, pendant une seconde, avant de reprendre leur repas. Il y eut, un peu plus tard, des bruissements dans les fougères et un premier groupe de quatre hybsils parut. Il était composé de deux mâles — armés d'arcs l'un et l'autre, un roux à rayures jaunes, un brun sombre — et deux femelles, une parfaitement noire, qui tenait un bâton ouvragé, aux magnifiques cornes en forme en lyre, et une brun terne, qui n'avait que deux petits picots sur la tête, et un visage beaucoup plus expressif que les autres. Les hybsils bavardèrent un moment entre eux, les derniers arrivés acceptèrent de quoi boire, les mâles se couchèrent. Les femelles discutèrent un moment, en jetant de nombreux coups d'oeil à Astrée, puis s'avancèrent côte à côte vers elle.
" Nous avons remonté la piste qui va vers le nord, dit l'hybsile noire. Il n'y a rien au bout. Une petite clairière. On y distingue encore des pas, la trace de quelque chose de lourd. Les arbres disent que des humains sont venus puis partis. Qu'il y avait une caisse et un elfe, aussi. Mais tout a été emporté."
Puis soudain, tous en même temps, ils se figèrent, pendant une seconde, avant de reprendre leur repas. Il y eut, un peu plus tard, des bruissements dans les fougères et un premier groupe de quatre hybsils parut. Il était composé de deux mâles — armés d'arcs l'un et l'autre, un roux à rayures jaunes, un brun sombre — et deux femelles, une parfaitement noire, qui tenait un bâton ouvragé, aux magnifiques cornes en forme en lyre, et une brun terne, qui n'avait que deux petits picots sur la tête, et un visage beaucoup plus expressif que les autres. Les hybsils bavardèrent un moment entre eux, les derniers arrivés acceptèrent de quoi boire, les mâles se couchèrent. Les femelles discutèrent un moment, en jetant de nombreux coups d'oeil à Astrée, puis s'avancèrent côte à côte vers elle.
" Nous avons remonté la piste qui va vers le nord, dit l'hybsile noire. Il n'y a rien au bout. Une petite clairière. On y distingue encore des pas, la trace de quelque chose de lourd. Les arbres disent que des humains sont venus puis partis. Qu'il y avait une caisse et un elfe, aussi. Mais tout a été emporté."
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