[Bâtiment] Les entrepôts

[Kasumi]

En allant chercher sa paie, Aknoll avait reçu des indications sur les endroits où se rendre pour trouver du travail. Son précédent employeur aurait lui aussi été tout à fait prêt à le rembaucher étant donné le succès du premier voyage. Cependant, il paraissait évident que le demi-orc recherchait autre chose. Cela lui ferait au moins une solution de repli en cas de coup dur...

[Voyageuse]

Quête : De Pierres et d'Or Pur.


Leur marche un peu erratique depuis la Taverne de la Bienveillance avait amené Kmir et Maëvion au beau milieu d'immenses baraquements de bois. Le quartier, à cette heure-ci, était loin d'être désert : de nombreux chariots circulaient, transportant des caisses de toute taille, manquant parfois se heurter, ce qui entraînait immanquablement une floppée de jurons de l'un ou l'autre des conducteurs.
" C'est là", fit Maëvion à voix basse, en indiquant du menton un entrepôt semblable à tous les autres.
Trois gardes se trouvaient devant la porte -ce qui n'avait rien d'anormal : c'était le cas de la plupart des autres entrepôts. Ils supervisaient le chargement de plusieurs caisses de bois sur deux charrettes.

[Kmir Tailleroc]

« Poursuivez, Maevion, ne nous arrêtons pas en vue de l’entrepôt, il ne faut pas attiré l’attention. »
Kmir réfléchissait. La situation pouvait être moins grave qu’il ne l’aurait cru, mais il ignorait combien de temps le bijou allait rester sur place. Pouvait-il attendre la nuit où il pourrait laisser libre court à ses talents de voleur ?
« Stoppons ici et faisons le point. Que pouvez-vous faire avec votre magie ? J’ai pour ma part quelques tours dans mon sac, mais je ne pourrai pas passer devant les gardes sans être vu. De surcroît, si je pénètre seul dans cet entrepôt, je vais mettre un moment à localiser l’objet. Il faudrait qu’on puisse y entrer à deux. »

[Voyageuse]

Le jeune mage hésita.
" Je peux rendre l'un de nous invisible, ou même tous les deux... mais si je nous rend tous les deux invisibles, je n'aurai plus les capacités de relancer un nouveau sortilège de localisation d'objet une fois à l'intérieur. Je peux aussi nous faire léviter pour atteindre une ouverture par le toit. Il y a souvent des fenêtres en hauteur pour faire rentrer la lumière, dans ce genre d'entrepôt... mais ce n'est pas discret, et le problème sera le même : si j'utilise ce sort deux fois, je ne pourrai plus localiser l'objet. Je peux aussi nous déguiser, c'est moins coûteux en magie. Ou bien créer certaines illusions pour détourner l'attention des gardes, mais sans garantie que ça fonctionne..."

[Kmir Tailleroc]

« Le mieux serait d’attendre la nuit, mais en avons-nous le temps ? C’est probablement un risque qu’on ne peut pas prendre. Je vais faire le tour du hangar, vérifier les voies d’accès. S’il y en a une qui me semble atteignable par mes propres moyens, vous n’auriez qu’à me rendre invisible après avoir localisé plus précisément l’objet. Du moment que je sais à peu près où chercher, c’est jouable. Attendez-moi là, je ne vais pas être long. »
Sur ce, Kmir se concentra et, devant les yeux du demi-elfe, changea d’apparence.

Kmir > Déguisement > Kmir

Le voilà sous les traits d’un gamin des rues, tout ce qu’il y avait de plus classique. Ils ne devaient surtout pas attirer l’attention, voilà pourquoi il n’hésitait pas à puiser dans ses ressources surnaturelles. Il s’en alla. Il n’en aurait que pour cinq petites minutes. Il allait surtout s’intéresser aux fenêtres en hauteur qui, à priori, il pouvait atteindre en escaladant, exercice auquel il était particulièrement doué. Après, si bien sûr il y avait plus pratique, il serait preneur. Il pouvait faire sauter une serrure, mais pas s’affranchir de la surveillance d’un garde.
Lorsqu’il aurait fait le tour, il reviendrait vers Maevion. Du moment qu’une voie d’accès se prêtait au plan, celui-ci serait simple : le magicien n’aurait qu’à s’approcher du hangar, son sortilège de détection déjà lancé, il en apprendrait un maximum sur la localisation du bijou, le tout sans se faire remarquer, donc en procédant hors de vue des gardes. Puis, il n’avait qu »à rendre invisible Kmir qui se chargerait du reste.

[Voyageuse]

Les rues étaient fréquentées, mais personne ne prêtait vraiment attention à un enfant... sauf quelques gardes qui fronçaient les sourcils, se demandant peut-être ce qu'il faisait au milieu de ce quartier où n'habitait personne, s'il était missionné par ses parents ou s'il errait en quête d'un mauvais coup... Il sentit quelques regards s'arrêter sur lui, le suivre un moment des yeux. Mais personne ne chercha à lui adresser la parole ou ne fit mine de s'approcher de lui.
Il découvrit, à l'arrière du bâtiment, quelques baies en hauteur, juste sous les toits, laissant passer la lumière au travers de papier huilé. Un fin grillage venait en renforcer la solidité. Il pourrait certainement en venir à bout sans difficulté, et les fenêtres étaient suffisamment larges pour qu'il puisse passer. Il fallait juste espérer que personne ne lève les yeux vers les toits tandis qu'il serait à l’œuvre : le bruit du métal que l'on cisaille, et du papier huilé qui se déchire, serait couvert par les bruits de circulation de la rue, mais une ouverture là-haut, une fois découverte, attirerait l'attention.
Il n'y avait pas, en revanche, d'autre entrée : le seul accès au niveau du sol était la grande porte à double battants où on chargeait les charrettes.

[Kmir Tailleroc]

Kmir revint vers le demi-elfe et lui fit part de ses constatations.
« Passer en hauteur me semble jouable. Localisez l’objet le plus précisément possible pour me faciliter la vie, puis rendez-moi invisible. Je m’occupe du reste. Ho, hé, dès que je suis entré, ne restez pas à proximité de l’entrepôt. On se retrouve à la Bienveillance. »
Voler, il faisait très bien ça tout seul.

[Voyageuse]

HRP : Est-ce que Kmir est toujours déguisé ?

Le mage acquiesça.
" Comme vous voulez."
Il lança à nouveau son sortilège de détection d'objets, et se rapprocha du bâtiment avec une mine concentrée. Une mine désinvolte aurait été plus prudente, sans doute, mais la concentration était nécessaire à son sort. Il prit garde à ne pas indiquer de direction, à ne pas faire de geste suspect, et commença à contourner le bâtiment pour affiner ses sensations.
Cette fois-ci, cependant, leur présence attira l'attention de gardes qui surveillaient l'un des bâtiments voisins.
" Vous cherchez quelque chose ?", les apostropha l'un d'eux avec un air suspicieux.
Maëvion, toujours concentré, ne semblait pas avoir conscience qu'on s'adressait à lui.

[Kmir Tailleroc]

HRP : oui. Le sort dure une heure et ne nécessite aucune concentration.

« Heu, oui, Monsieur », répondit Kmir, toujours sous les traits de ce gamin des rues.
Par chance, il s’était donné un aspect pas forcément très fringuant. Il avait adopté une voix un peu plus fluette également, ce qui ne dépendait pas de l’illusion. Ce n’était pas la première fois qu’il imitait un gamin, parce que ce n’était pas la première fois qu’il utilisait ses illusions de cette manière. Sa voix, cependant, restait un peu grave. Pour l’expliquer, il toussa. On pouvait ainsi croire qu’il avait la gorge un peu prise. Puis, il poursuivit :
« On cherche quelqu’un. Il nous avait donné rendez-vous ici, mais… »
Il regarda de gauche, de droite, s’approcha du garde. Son but, capter son attention pour que Maevion puisse poursuivre.
« D’ailleurs, vous l’auriez peut-être vu. On cherche un grand type, un peu plus grand que vous. Peau tanné, cheveux brun un peu long, avec une solide carrure et un super tatouage en forme d dragon des mers. Sur l’épaule le tatouage. C’est mon oncle. Il est passé par ici ? Il aurait dû nous attendre. »
De nouveau, il toussa.

[Voyageuse]

Le garde se gratta la nuque en fronçant les sourcils.
" Heu... non... Ça ne me dit rien..."
Maëvion poursuivait son chemin, lentement, concentré. Ses yeux revenaient sans cesse vers le mur du bâtiment, ce qui pouvait paraître un peu suspect, mais le garde regardait Kmir.
" C'est quoi son nom, à c'toncle ?"
Maëvion, lui, tournait au coin de la rue, disparaissant à la vue du garde et de Kmir.

[Kmir Tailleroc]

« Antoine Bravet, Monsieur. Il est marin. »
Maevion ayant disparu, Kmir n’avait plus besoin d’entretenir la conversation. Il devait cependant prendre congé du garde sans paraître suspect.
« Si jamais vous le voyez, vous pouvez lui dire qu’on l’a attendu ? Moi, c’est Clément, Monsieur. Clément Bravet. »
Bien sûr, les noms étaient totalement inventés. Si le garde n’avait plus rien à ajouter, le faux enfant se contenterait de remercier et de s’éloigner pour retrouver Maevion. Fichtre, il n’avait pas imaginé que le mage serait aussi repérable. Mais tant pis, le pire semblait avoir été évité.
Restait cependant le plus dur : le vol.

[Voyageuse]

Le garde, un peu interloqué, finit par grimacer un sourire et promettre de transmettre le message s'il voyait le dénommé Bravet. Et Kmir put s'éloigner sans encombre, tournant à son tour dans la ruelle où avait disparu son soi-disant père. Maevion était déjà en train de contourner l'angle suivant, revenant à leur point de départ. Il poursuivit son chemin au-delà des limites de l'entrepôt, sans ralentir sa démarche, mais son regard se détourna enfin du mur. Kmir le rejoignit plus loin dans la rue, et ils poursuivirent encore jusqu'à être totalement hors de vue de l'entrepôt. Ils avaient atteint une sorte de placette où des caisses vides étaient entreposées, pour la plupart hors d'usage, sans la moindre surveillance.
" Voilà, expliqua le mage en prenant un crayon à mine de graphite et une feuille de papier. Ce rectangle, presque carré, c'est l'entrepot, De ce côté, les grandes portes, à l'opposé, les baies par lesquelles vous allez entrer. Le rubis se situe là, tout à droite de l'entrée, à deux toises environ du mur de façade, et presque contre le mur de droite -quand on regarde depuis l'entrée. Donc à gauche, pour vous, quand vous arriverez. Il n'est pas au niveau du sol, mais entreposé à une toise à peine de hauteur... Un petit peu plus haut que vous, vous devriez l'atteindre les bras levés."

[Kmir Tailleroc]

« Beau travail. Je ne m’attendais pas à une localisation aussi précise. On va partir ensemble de ce coin. On a été vu ensemble, il faut donc donner le change. Puis, à l’abri des regards, vous me rendrez invisible. Retournez à la Bienveillance, je m’occupe du reste. »
Un cambriolage, de jour, avec des gardes à proximité, c’était culoté. Mais le gnome avait toujours aimé le chalenge. De surcroit, les risques lui semblaient calculés. Entrer était facile, il ne devrait pas passer plus de quelques minutes à l’intérieur. Ce n’était en plus pas la première fois qu’il allait œuvrer invisible. Les potions d’invisibilité faisaient parfois parties de ses outils, rarement certes, mais au moins, ce ne serait pas une découverte.

[Voyageuse]

Le demi-elfe acquiesça, sans protester ni proposer d'attendre à proximité. Sans doute parce que Kmir semblait sûr de lui... ou plus probablement, parce qu'il était épuisé. Malgré son teint éclatant -au sens propre-, il avait les traits tirés, et le regard parfois un peu flou.
Ils s'éloignèrent tous deux en direction du nord-est, jusqu'à se trouver en périphérie de la zone des entrepôts. Le secteur était moins surveillé, mais pas désert pour autant. Il était difficile de s'y dissimuler. Maevion hésita, puis entraina le gnome vers la gauche.
" Vous voyez les arbres, là-bas ? Il y a une sorte de bosquet qui a poussé pendant la guerre civile. C'est devenu un raccourci pratique et ombragé pour rejoindre le port de pêche, de l'autre côté. Et une bonne cachette pour les mômes."
De fait, l'endroit n'était pas très fréquenté, et, sitôt franchis les premiers arbres, les deux comparses se trouvèrent à l'abri des regards.
" Je vais lancer le sortilège. Vous avez une heure devant vous, une fois invisible, rappela le mage. Il faudra faire vite... et soyez prudent, surtout. Je n'ai pas envie de devoir aller expliquer votre présence à la garde..."

[Kmir Tailleroc]

« Une heure… Très bien, Je n’étais plus très sûr de la durée. Ce sera bien assez, n’ayez crainte. »
Techniquement, il ne volait pas quelque chose, il récupérait un bien volé. L’entrepôt devait appartenir à des contrebandier, à moins que l’entreprise marchande ignore se fournir via des voleurs, mais le gnome n’y croyait guère. Dernière option, le vol et la revente supposée n’étaient le fait que de quelques individus malhonnêtes travaillant dans une guilde honnête. Kmir lui-même avait fait partie de ce genre de personne.
Peu importait au fond. Le gnome allait accomplir ce pour quoi il était le meilleur. La seule différence, c’était qu’il n’allait pas le faire pour l’or ou pour les sensations fortes, mais pour se sauver la vie, à lui et à d’autres.
Être livré à la garde ne l’inquiétait pas. Non, ce qui serait largement plus embêtant, ce serait d’être attrapé par des gens n’ayant surtout pas envie de se tourner vers la garde.

[Voyageuse]

Le demi-elfe incanta, brièvement, et une énergie bleutée l'envahit. Il posa sa main sur l'épaule du gnome, et celui-ci eut la sensation d'être traversé par une vague glacée.
" C'est bon, vous pouvez y aller. Bonne chance..."

Revenir sur ses pas ne lui prit que quelques petites minutes. Les rues étaient toujours aussi encombrées, mais étant invisible, son seul souci était de ne pas être heurté par inadvertance par un cavalier ou un convoi.
Devant l'entrée principale, le charrette était toujours en place, et deux hommes armés étaient occupés à la charger, apportant des caisses depuis l'intérieur de l'entrepôt. Leur tenue n'était pas celle des gardes de la ville, et évoquait plutôt les membres d'une milice privée. Il n'était pas impossible de se faufiler par là, à condition d'être parfaitement discret et de ne pas se retrouver nez à nez avec l'un des hommes. La ruelle à l'arrière du bâtiment était moins fréquentée, et escalader le mur jusqu'aux fenêtres ne présentait guère de difficulté pour un grimpeur entraîné comme lui.

[Kmir Tailleroc]

Kmir n’hésita pas. Il tenta de passer par la porte. Il le fit pour deux raisons : éviter de laisser une trace de son passage et aller vite. Il craignait que ces hommes n’emportent le bijou.
Pour passer, il devait bien sûr être silencieux, mais ça, il savait faire. Il s’apprêta à suivre de près un des miliciens qui entrait pour aller chercher une caisse. Sitôt la porte franchie, il allait se décaler hors du passage.

[Voyageuse]

Personne ne se rendit compte de sa présence alors qu'il pénétrait dans l'entrepôt à la suite de l'homme.
Il se trouva devant un vaste espace, entièrement rempli d'étagères montant à deux ou trois toises de hauteur. Elles supportaient des caisses de toute taille, de toute forme. On y trouvait également des amphores, entassées à même le sol, et quelques tonnelets. Plusieurs escabeaux étaient à disposition des manutentionnaires pour atteindre les marchandises les plus en hauteur. Et quatre hommes s'activaient à l'intérieur, deux d'entre eux s'occupant de récupérer les caisses que les deux autres chargeaient ensuite.
Suivant les indications du mage, il se dirigea vers la droite. Le rubis se trouvait probablement sur la rangée d'étagères qu'il avait à sa gauche alors qu'il progressait, tout au fond de l'entrepôt.
Malheureusement pour lui, un escabeau se trouvait juste devant l'étagère en question. Un homme était en train de s'emparer d'une caisse, heureusement trop haute pour correspondre à l'emplacement indiqué par le mage.

[Kmir Tailleroc]

Kmir se positionna de telle sorte que l’humain ne vienne pas le percuter en redescendant avec sa caisse. Puisque celle-ci n’était pas la bonne, le gnome pouvait tranquillement attendre que le type s’en aille avec.
La bonne caisse était-elle encore là ? Kmir allait sans doute avoir très peu de temps pour l’ouvrir et la fouiller, le temps en fait que l’homme donne sa charge et revienne. Ça semblait trop court. Le neutraliser ? Impossible, ça se remarquerait trop vite.
Attendre, donc, attendre pour voir si l’homme, par chance, n’allait pas aller plus loin avec son escabeau.

[Voyageuse]

L'employé descendit avec précaution les marches de son escabeau, portant à bout de bras une caisse apparemment légère.
Kmir, qui s'était un peu décalé, n'avait qu'une vue imparfaite des lieux. Il était trop petit pour voir clairement les objets disposés sur les étagères. Il lui semblait néanmoins qu'il y avait tout un amoncellement de boites de petite dimension, ainsi que deux grosses caisses identiques à celle transportée par l'inconnu. Il y avait aussi, apparemment, des espaces vides, qui correspondaient peut-être à des marchandises déjà chargées.
L'employé s'éloigna d'un pas rapide, tendit son fardeau à l'un de ses coéquipiers et revint aussitôt vers l'escabeau. Il remonta pour attraper plusieurs petites boites. Celles-ci se trouvaient, malheureusement, dans le secteur indiqué par Maëvion. Un autre manutentionnaire vint lui prêter main-forte.
" On prend toutes les boites ?
- Non, seulement celles avec les numéros 1 à 12. Et la grosse caisse qui est là."
Deux trajets leur furent nécessaires pour transporter, à deux, les boites en question, puis le premier revint chercher la caisse de bois, plus lourde et plus encombrante. Il restait encore un bon nombre de colis sur l'étagère, mais Kmir ne pouvait pas être certain que le rubis s'y trouvait toujours. Et le temps de trajet était beaucoup trop court pour qu'il puisse en profiter sans risque : il risquait de se retrouver coincé par le retour du manutentionnaire.
Heureusement, celui-ci finit par déplacer l'escabeau de deux ou trois toises, se rapprochant de l'entrée. Il restait cependant dans la même allée et pouvait s'apercevoir d'un mouvement d'objet s'il tournait la tête dans sa direction.
" Tu prends encore ces trois caisses, là, et moi je m'occupe des dernières, tout au fond. On en voit le bout..."

[Kmir Tailleroc]

Ho misère ! Pourquoi il avait fallut que les manutentionnaires débarquent dans l’entrepôt avant lui ? Tout aurait déjà été réglé sans ça. Et maintenant, le pire, c’était qu’il ne savait plus où était le bijou. Toujours sur l’étagère ou chargé avec le reste ?
Il devait savoir. Il entreprit donc de doucement vérifier ce qu’il pouvait au niveau de l’étagère. Déplacer un minimum de chose, il allait s’y efforcer. Bien sûr, si jamais il trouvait ce qu’il convoitait, il allait le récupérer. Il fallait que Timora soit avec lui…

[Voyageuse]

Le rayonnage était trop haut pour qu'il puisse voir ce qui s'y trouvait. Mais les employés avaient libéré une place relativement importante, ce qui lui permit d'escalader la structure et de s'asseoir là où se trouvait précédemment l'une des grosses caisses. Recroquevillé pour ne pas se cogner la tête, les jambes pendantes dans le vide, il put s'installer aussi confortablement que possible pour commencer à ouvrir, discrètement, les emballages qui se trouvaient à sa portée. Il restait une grosse caisse de bois, et un amoncellement soigneusement ordonné de boites numérotées. Le plus simple était de prendre une boite à la fois, et de la dissimuler derrière la pile pour l'ouvrir sans que l'employé s'en aperçoive. La seule difficulté était de déplacer chaque boite sans attirer l'attention de l'employé.

Les premières boites qu'il ouvrit, de petites tailles, contenaient toutes des assortiments de pierres précieuses ou des petits bijoux, mais pas celui qu'il cherchait. L'une d'elle, un peu plus grande, contenait une magnifique dague ouvragée sertie de pierres précieuses. C'était une arme d'apparat qui n'était certainement pas destinée à être utilisée, malgré son tranchant. Puis il trouva une impressionnante parure de perles et de diamants : collier, bracelets et bouches d'oreilles assorties.
" Hey... J'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui a bougé là-bas..."
La voix du garde reflétait un mélange d'incrédulité et de suspicion. Il s'approcha d'un pas hésitant.

[Kmir Tailleroc]

Un réseau de trafiquant, ça ne faisait plus aucun doute…
Kmir n’avait vraiment pas intérêt de se faire pincer. Seulement voilà, il venait d’attirer l’attention. Il mémorisa rapidement les boîtes qu’il devait encore vérifier, ne toucha plus à rien, et tenta silencieusement de regagner le sol. Étant tout de même lourd, il devait le faire au profit d’un autre bruit pour être absolument sûr de ne pas être entendu. S’il y parvenait, il allait se faire petit, dans un coin, juste le temps de pouvoir achever sa vérification.
Sinon, ce serait fort fâcheux car il n’aurait plus de bonnes alternatives.

[Voyageuse]

Malheureusement pour Kmir, la remarque du garde avait entraîné un silence total de la part de ses camarades, qui, tous, scrutaient l'endroit où il se trouvait. Autant il avait été facile de grimper sur l'étagère en profitant des bruits de pas et de caisses qu'on déplaçait, autant il devenait très risqué de descendre. Les rayonnages étaient solides, prévus pour supporter le poids de caisses aussi lourdes que l'était Kmir. Mais ils étaient en bois, et on n'était jamais à l'abri d'un craquement lorsqu'on changeait subitement le poids qu'ils supportaient. En l'absence d'autres bruits, il devait se déplacer tout doucement.
Mais l'employé n'avait que quelques pas à faire pour se retrouver près de Kmir, et celui-ci n'avait pas assez de temps pour descendre. Le garde était déjà là, scrutant d'un air suspicieux l'empilement de boites.
" C'est bizarre, j'ai l'impression qu'elles n'étaient pas rangées tout à fait comme ça tout à l'heure...
- Y'a personne, Manu, assura son camarade qui s'était mis à longer le rayonnage par l'allée suivante. C'était peut-être une bestiole...
- J'vois pas d'bestiole. Puis une bestiole aurait bouffé les emballages.
- Elle a p'têt pas eu le temps ?
- Je sais pas..."
Il tendit les mains vers les boites, à quelques pouces seulement du genoux de Kmir. Il les déplaça machinalement pour les ouvrir avant de les ranger à nouveau.
" Y'a rien d'anormal ?
- Non, elles ont l'air d'être intactes.
- Alors viens, qu'on termine..."
L'employé resta quelques minutes sur place, suspicieux, puis s'éloigna à regrets, pour revenir aux dernières caisses qu'il devait transporter. Mais il jetait désormais des coups d'oeils réguliers à l'emplacement des boites. Et le temps qui s'écoulait jouait en défaveur de Kmir.

[Kmir Tailleroc]

C’était pas passé loin…
Kmir avait eut son lot de situations tendues, mais quand même, là, ça c’était joué à quelques centimètres. Il n’était pas sorti d’affaire pour autant. Normalement, il aurait lâché l’affaire, ça devenait bien trop dangereux, mais si le bijou lui échappait, il était condamné. Il devait finir de vérifier les boîtes pour le trouver ou être certain de devoir suivre le chargement.
Il observa le garde suspicieux, profita des bruits pour descendre, changea d’allée. Il se rendit en fait bien plus loin dans l’entrepôt. Il choisit une caisse dans un rayonnage et la plaça en plein passage. Puis il retourna vers les boîtes à vérifier. D’ici peu, on allait voir cette caisse ou mieux, se casser la figure à cause d’elle. Le gnome espérait profiter de la diversion pour finir de faire ce qu’il avait à faire. Il procéderait rapidement, l’objectif étant de pouvoir vider les lieux.
Certes, ce n’était pas une situation idéale, il allait encore faire monter d’un cran la suspicion des personnes présentes, mais il estimait impossible de pouvoir mener à bien sa tâche dans les temps sans se faire pincer s'il n'avait pas recours à une ruse.

[Voyageuse]

La ruse fonctionna comme il l'avait prévu. Certes, personne ne se cassa la figure -la caisse n'était peut-être pas dans l'allée qu'ils étaient en train d'emprunter- mais au bout de quelques minutes, alors que Kmir venait de rejoindre son poste, l'un des gardes aperçut la caisse et poussa un juron.
" Qui est le con qu'a laissé cette caisse ici ?"
Comme espéré, tous les hommes s'approchèrent pour juger de la situation, chacun se récriant qu'il n'avait jamais touché à cette caisse.
Kmir put en profiter pour reprendre son examen attentif des boites, que plus personne ne regardait. Il découvrit encore de petits bijoux, des pierres précieuses, une collection d'émaux, un diadème.
" Il doit y avoir quelqu'un caché par ici. Marcel, va fermer les portes. On va fouiller tout l'entrepôt. Et on va l'trouver !"
Le ton indiquait clairement que l'intrus allait passer un très mauvais quart d'heure.
Il restait à Kmir cinq ou six boites encore à ouvrir.

[Kmir Tailleroc]

Si Kmir pouvait prendre toutes les boîtes restantes sans être encombré, il allait le faire et il les rendrait ainsi invisible. Puis, il tenterait de quitter l’entrepôt avant que les portes ne soient fermées. Ça, c’était le meilleur plan.
Si prendre toutes les boîtes n’était pas possible, alors tant pis, il finirait de les vérifier et se laisserait donc enfermé. Il sortirait par ailleurs, probablement en atteignant une des fenêtres en hauteur.

[Voyageuse]

Il était possible de porter quatre boites sans difficulté : les deux plus petites pouvaient être mises dans des poches, et il prendrait deux grandes boites sous ses bras. En transporter davantage nécessitait de recourir à un empilement relativement instable à bout de bras, donc de marcher avec précautions, lentement... et l'un des gardes, près de la porte, était déjà en train d'avancer la charrette, tandis qu'un autre décrochait la corde qui maintenait le premier battant ouvert. S'il voulait avoir une chance de sortir par les portes, il devait filer immédiatement et laisser deux boites. Mais tant qu'il était invisible, il ne risquait rien à se laisser enfermer pour examiner tranquillement son butin. Le sort, toutefois, ne durerait pas indéfiniment. Il devait lui rester un bon quart d'heure, peut-être vingt minutes.
Deux des gardes parcouraient déjà les allées, en commençant là où il avait laissé la caisse dans le passage, donc plutôt loin de lui. Mais ils étaient attentifs, silencieux, concentrés, et détecteraient le moindre bruit suspect.

[Kmir Tailleroc]

Kmir décida de prendre quatre boîtes, puis de sortir. Il en laissait deux et espérait ne pas jouer de malchance au point que le bijou se trouve dans l’une d’entre elles. S’il parvenait à sortir sans encombre, il allait chercher une cachette à proximité du chargement, voir carrément sur le chargement lui-même. Fouiller les boîtes, s’en débarrasser, puis suivre le chargement, c’était le plan. Or, pour suivre le chargement, le mieux, c’était de se planquer dedans, avant ou après avoir fouillé les boîtes transportées.

[Voyageuse]

Il arriva au portail in extremis, à l'instant où le garde décrochait le second battant. Il put se glisser par la porte entrebâillée, de justesse. Il vit le garde interrompre son mouvement et froncer les sourcils, plissant les yeux, en tendant une main devant lui. Il avait dû sentir le courant d'air dû à son passage. Mais il était passé, c'était l'essentiel.
Juste devant lui, la charrette était prête à partir. L'un des manutentionnaires tendit une dernière caisse au garde qui fermait la porte, et celui-ci l'empila par-dessus les autres avant de monter à l'avant.
Tant qu'il était invisible, il était facile à Kmir de se hisser à l'arrière, où personne ne le verrait. Les caisses de bois, de taille inégales, étaient empilées sur trois niveaux. En s'y prenant avec précautions, il parviendrait sans doute à libérer un espace suffisant, entre deux caisses, pour s'y dissimuler. Il aperçut les petites boites semblables à celles qu'il avait fouillées, liées ensemble avec de la ficelle, et bien calées à l'étage supérieur, entre deux grosses caisses de bois.
S'il voulait grimper à bord, il devait se décider très vite, car l'attelage s'apprêtait visiblement à se mettre en branle.