[Lieu] Les Commerces du Port

[Voyageuse]

Le temple d'Illmater était quasiment à l'opposé de la ville, dans les quartiers plus que modestes de l'est de la cité. Ils coupèrent par le grand parc verdoyant, longèrent un bassin où des enfants profitaient des joies de la baignade sous l’œil un peu blasé de leurs mères. Il faisait terriblement chaud en cet après-midi d'été, et les secteurs ombragés du parc étaient particulièrement fréquentés. Mais ils n'avaient ni le temps, ni l'envie, de s'y arrêter.
Ils rejoignirent donc, bien trop vite, la pierre surchauffée des rues principales du quartier est.

[Althéa]

Amélie avait vérifié au moins deux fois l'adresse et la boutique en question était telle que lui avait décrite son père. Il n'y avait aucun doute possible et pourtant, elle n'était pas rassurée. Et quelque par un peu triste. Aller choisir toute seule les pigments était le signe que son père ne serait pas toujours à ses cotés. Elle sortit la lettre qu'il avait rédigé pour son "vieux partenaire".

"Allez, je suis grande maintenant ...", murmura-t-elle.

Angèle posa une main rassurante sur son épaule.

"Tu vas très bien te débrouiller.
- Je pense, oui ...," souffla-t-elle.

Grandir, c'était accepter que le temps passe, emportant avec lui les visages aimés. Elle se revit avec son père dans leur atelier. Elle, assise à califourchon sur le grand tabouret sur lequel il l'avait hissée pour lui donner l'impression d'être plus grande, écarquillant les yeux devant la surabondance de couleurs qu'il tirait d'immenses sacs arrivés par bateau en provenance de Luménis. A l'époque, le nom de cet endroit lointain la faisait rêver. Selon elle, il était peuplé de créatures enchanteresses, gardé par mille dragons et autant de pirates. A l'époque, elle se présentait la boutique comme une salle mystérieuse regorgeant de trésors. Elle était fière de son papa qui bravait régulièrement tous les dangers pour approvisionner l'atelier avec ce qui constituait l'âme de leurs vitraux. Chez les Malone et fille, on misait énormément sur la couleur.

A présent, elle se trouvait devant la boutique qui l'avait tant fait rêver étant enfant. Elle ne fut pas déçue, seulement amusée de constater à quel point ses songes de petite fille avaient transformé la réalité. Elle inspira profondément histoire de se calmer et poussa la porte.

[Galathée]

La boutique était lumineuse mais de taille étonnamment réduite. Nul gros sac à l'horizon, seulement de grandes tables divisées en petits casiers, dans lesquels reposaient les mille couleurs, classées par tons, les verts ici, les bleus là, les jaunes, les rouges et les noirs de nuit, les bruns et les gris, les oranges et les violets. A son entrée, une jeune femme leva les yeux de derrière le comptoir et la dévisagea d'un air inquisiteur.
" Je peux vous aider ?"

[Althéa]

Pas de grands sacs tout comme elle n'avait pas croisé de dragons ou de pirates pendant la traversée. L'enfance avait tendance à augmenter les proportions qui s'amoindrissaient à mesure que l'on grandissait soi-même. Et ce n'était pas un vieux monsieur qui se tenait derrière le comptoir mais une jeune femme. Pourtant, les couleurs étaient là, aussi vives et nombreuses que dans ses souvenirs. Quant au propriétaire de la boutique ... Amélie se sentit anxieuse. Peut-être que le "partenaire" de son père avait fait faillite et avait été obligé de vendre, ou peut-être que ...

"Bonjour, je cherche Joachim Parmentier, hasarda-t-elle, est-ce qu'il ... travaille toujours ici ?"

[Galathée]

" Oui, mais pas aujourd'hui, dit la jeune femme, avec un sourire curieux. Est-ce qu'il y a une raison particulière pour laquelle vous vouliez le voir ? Je connais nos marchandises presque aussi bien que lui et je peux vous renseigner. Mais vous pouvez aussi lui laisser un message."

[Althéa]

Amélie ne put réprimer un soupir de soulagement avant de se reprendre. A coté d'elle, Angèle sourit rassurée. Elle aussi avait envisagé le pire.

"Désolée, je suis venue de la part de mon père Guilhem Malone de Cojum pour choisir des pigments. Il le connaît depuis longtemps. D'ailleurs, c'est au près de lui que nous achetons presque toutes nos couleurs. Il n'a pas pu venir cette fois parce qu'il est trop - elle n'aimait pas parler de la vieillesse de son papa - fatigué. Mais il m'a confié une lettre pour lui."

Elle se demanda si la jeune femme qu'elle était en face d'elle était sa fille ou un autre membre de sa famille.

[Galathée]

La jeune fille sourit.
" Je pense que j'ai entendu parler de votre père. Vous faites des vitraux, n'est-ce pas ? Mon père — Joachim Parmentier — est également un peu fatigué, comme vous dites, c'est la raison de son absence."
Elle tendit la main.
" Mais je peux lui transmettre la lettre de votre père. Et si vous avez besoin de pigments... Ils sont tous là."

[Althéa]

Hrp : c'est une idée super jolie que ce soient les filles des deux coté qui prennent le relais. Merci (f)

Amélie hocha la tête avec un sourire. Ainsi, la fille de Joachim Parmentier prenait aussi le relais de son coté. Elle se sentit émue de voir que l'histoire créait une autre boucle.

"Oui, c'est nous. Mon père ne jure que par votre boutique en matière de couleur. Je vous avoue qu'elle m'a toujours fait rêver. Et quand je vois tous ces pigments, je me dis que sa réputation n'était en rien usurpée. Tout a l'air magnifique et je crois ... Je crois que je vais avoir du mal à choisir. Pour la lettre, je pense que mon père serait très heureux de savoir que vous l'avez transmise au vôtre. Il aurait été heureux de venir le voir en personne. Au fait, je m'appelle Amélie."

L'enthousiasme était revenu.

[Galathée]

" Flore." dit la jeune femme en lui serrant la main.
Elle fit un geste circulaire en désignant les tiroirs ouverts.
" Je transmettrai votre courrier, pas de soucis. Mais je ne peux pas choisir pour vous..."

[Althéa]

"Enchantée."

Amélie avait serré chaleureusement la main tendue. Elle avait donné la lettre, certaine qu'elle était en de bonnes mains. Un nouveau partenariat commençait. Ce qui ne l'empêchait pas de se sentir quelque peu intimidée. Ferait-elle d'aussi bons choix que son père en matière de couleurs ? La réussite de leurs futurs vitraux en dépendrait. Grosse responsabilité pour ses petites épaules.

Mais déjà, elle s'avança, poussée par la curiosité et les teintes magnifiques qu'elle entrevoyait. Et cela tombait bien, elle avait besoin d'à peu près toutes les teintes primaires. Il lui restait à définir les nuances.

"C'est ... magnifique. Exactement comme je me l'imaginais."

Derrière elle, Angèle observait, imperturbable.

"Au fait, je vous présente Angèle, mon ... chaperon."

Cette dénomination risquait de la poursuivre encore longtemps.

[Galathée]

Flore acquiesça, le visage neutre, n'imaginant manifestement pas qu'il s'agissait d'humour. Après tout, les gens qui évoluaient dans la sphère manostienne étaient connus pour être sérieux, et il ne paraissait sans doute pas très étonnant qu'une jeune femme seule à Luménis soit accompagnée de quelqu'un pour veiller à ce qu'elle n'aille pas s'amouracher d'un beau Luménien. Ce qu'elle ne pensait, impossible de le savoir, mais elle salua Angèle sans hostilité.
" Je vous laisse regarder. Je suis dans des calculs comptables compliqués, il faut que je continue. Vous le constatez, le classement est assez classique..."

[Althéa]

Flore avait pris la plaisanterie au sérieux. Cela en disait long sur la façon dont les dorrandins étaient perçus. Amélie eut un sourire d'excuse en direction de son aînée qui répondit par un haussement d'épaules. Mieux valait être pris pour un chaperon qu'un ... gardien de prison.

"Je compatis, murmura Amélie en s'approchant des casiers tant convoités, mon père essaye aussi de m'initier à la comptabilité. Pour le moment, c'est assez fastidieux."

C'était un des aspects de la gestion de l'atelier qu'elle appréciait le moins. Elle s'approcha des casiers consacrés aux bleus. La couleur qu'elle et son père employaient le plus dans leurs vitraux et qui était un peu leur marque de fabrique.

[Galathée]

HRP : je n'y connais rien en pigments, alors il ne faut pas trop m'en demander

Il en existait plus d'une cinquantaine de différents, des plus brillants, des plus ternes, des plus clairs et des plus foncés. Ils étaient heureusement disposés en fonction de leur teinte, du plus pâle au plus sombre, de gauche à droite, puis en fonction de leur degré de rouge et de jaune, de haut en bas. Certains portaient des noms charmants : myosotis, ciel d'été, bleu glacier, eau de source, turquoise, saphir, bleuet, outremer, pigeon, luménien, azur, crépuscule, fleur de maïs, firmament, acier, sarcelle ; d'autres simplement des numéros. Il était difficile de savoir ce que chaque pigment donnerait dans du verre... mais c'était la spécialité d'Amélie, aussi n'y trouverait-elle nul obstacle...

[Althéa]

Hrp : moi non plus, mais on va faire comme si

Amélie regarda avec plus d'attention chaque nuance de bleu. Une couleur trop timide ne ressortirait pas avec le mélange, un grain trop gros ne s'incorporerait pas, des grains trop fins seraient trop vite broyés et asphyxiés par le reste du mélange. Amélie sélectionna trois teintes de bleus dont un tirant vers le turquoise et un autre vers la nuit. Elle alla ensuite du coté des jaunes et se décida pour un presque brillant, un orangé et un bouton d'or. C'était une de ses teintes préférée quand elle était petite. Elle s'arrêta sur un vert bleuté puis un vert de prairie sous le soleil et un vert émeraude. Elle fit un crochet par un gris nébuleux et un gris orageux. Elle choisit ensuite un rouge rubis, un bordeaux audacieux et un rose couleur chair pour les visages. Elle se décida devant un roux automnal et un plus vif, à l'image des cheveux de Marvin. Elle choisit aussi un pourpre solennel et un tendre violine, puis un ocre orangé, un violet gourmand comme une belle prune, un rouge carmin et un de crépuscule, un marron terre, un noir charbon.

Le manque d'assurance avait laissé la place au regard de professionnelle, experte et passionnée. Ses yeux étaient sérieux, mais elle souriait, heureuse de se trouver dans son élément.

[Galathée]

Ça faisait un sacré nombre de pigments.
" Il vous les faut en quelle quantité ? demanda Flore. Parce que... ça pèse vite lourd, si vous en avez besoin de beaucoup... Ou alors je les fais expédier par la voie habituelle ? Je suppose que c'est encore le plus simple. Nos convoyeurs sont sérieux, vous en avez fait l'expérience."

[Althéa]

Cela faisait un bon nombre de pigments. Un nombre augmenté par le fait qu'ils n'avaient pas pu s'approvisionner à cause de la guerre et la qualité des produits. Mais le père et la fille avaient depuis longtemps prévu la dépense.

"Comme d'habitude oui, dit Amélie avec un sourire après avoir statué sur la quantité dont elle avait besoin, dans tous les cas, c'est magnifique. Vous avez une telle variété. Mon père m'a toujours dit que votre magasin était empli de trésors. Mais je crois qu'il était encore loin du compte."

Pour le paiement, c'était aussi comme d'habitude. Une somme d'argent remise au porteur dans une banque de Luménis où un compte était régulièrement approvisionné à cet effet.

"Je pense que je vais revenir souvent."

Un vœux pieu du moins pour le moment. Elle commençait à s'attacher à cette cité et aux merveilles qu'elle offrait sans distinction de genre et sans contrôle.

[Galathée]

HRP : désolée pour le retard, IRL très chargée...

" Vous avez tant de clients ? s'étonna Flore. C'est vrai que vous êtes parmi les rares Dorrandins qui commandent chez nous... Ça me donne l'impression qu'il n'y a pas beaucoup d'amateurs de... couleurs de votre côté de la mer. Mais c'est l'image que tout le monde en a, je suppose, et bien sûr vous devez avoir vos propres marchands de pigments à Cojum ou à Manost."

[Althéa]

Amélie hocha la tête. La réputation de Manost avait traversé la mer. Mais Manost n'était pas la seule cité de Dorrandin et ne le serait jamais. Du moins, elle l'espérait ...

"Nous avons beaucoup de clients à Cojum. Les gens font appel à nous pour des gros travaux comme les grands bâtiments. Ensuite, les gens qui passent devant font appel à nous pour leurs maisons. Du moins, c'est souvent comme ça que ça marche. A Manost, c'est totalement différent, surtout depuis la fin de la guerre. Les gens évitent d'afficher trop de couleurs sur eux ou sur leurs maisons. S'il y a des vitraux, ils sont réservés aux parties privées. Et depuis le nouveau décret, seuls les hommes sont autorisés à exercer. Donc ça limite beaucoup le nombre d'artisans. Les deux villes sont totalement différentes l'une de l'autre."


Inutile de préciser dans laquelle elle préférait se trouver.

[Galathée]

" J'avais dans l'idée que le vitrail était un art onéreux... Qu'il n'y avait pas beaucoup de gens pour pouvoir se payer ce genre de choses... Les nobles, les bourgeois, les temples, les institutions... A Luménis, c'est comme ça, mais c'est une ville gigantesque, alors il y a une masse critique. Cela dit, je ne crois pas qu'il y ait plus de trois personnes qui exercent votre métier en ville. Cojum est donc une grande ville ?"

[Althéa]

"Oui, Cojum est une grande ville. Pas autant que Luménis ou Manost mais une grande ville. Elle est totalement différente de Manost. Il y a une université et une tour de mages, une multitude de bâtiments officiels et des temples. Nos plus gros clients sont les mages. Il arrive très souvent que les expériences des étudiants fassent voler les vitres en éclats. Chaque fois, nous essayons de leur fournir le verre le plus solide possible mais il y en a toujours quelqu'un qui tente une expérience plus risquée que les autres ... Chaque fois, l'intendant de la guilde vient nous voir avec son petit sourire contrit. C'est une sorte de plaisanterie qui dure depuis des années. Et il y a aussi des artisans d'autres corporations pour qui posséder des vitraux est un signe que les affaires marchent bien."

Elle était fière de se souvenir que l'atelier de son père se portait bien.

[Galathée]

" Quelle idée de mettre du vitrail plutôt que de simples vitres... Ces mages doivent être drôlement riches." dit Flore avec une grimace.
Elle haussa les épaules.
" Mais les mages sont toujours riches, vu les prix exorbitants qu'ils demandent pour leurs services."
Elle sourit.
" Je ne savais pas que Cojum était une si grande ville. Elle a l'air prospère. J'ose espérer qu'elle n'a pas trop souffert de la guerre... J'imagine que ce genre de cité doit attirer les convoitises de Melandis, surtout que si mes souvenirs géographiques sont bons, Manost n'est pas vraiment en première ligne..."

[Althéa]

Hrp : Bravo pour le Nano

"Les mages sont énormément respectés et la magie est encouragée contrairement à Manost où elle est crainte. Un bon nombre de mages de Cojum ont participé à la guerre contre Mélandis. Et un bon nombre n'est pas revenu."

Elle marqua une pause, se rappelant les heures sombres durant lesquels elle avait craint de voir Marvin appelé sous les drapeaux de la cité du vigilant. Elle avait assisté au départ de ceux qui s'étaient enrôlés et au retour d'un tout petit nombre.

"Cojum est une place stratégique et assez difficile d'accès, ce qui explique que les mélandiens ont toujours eu du mal à l'atteindre. Pendant la guerre, nous avons hébergé un bon nombre de réfugiés."

Après la guerre, la vie avait repris doucement. Et la ville, contrairement à Manost s'était parée de couleurs pour célébrer la vie.

[Galathée]

" Mais... vous n'êtes pas sous la juridiction manostienne ? Ils vous laissent vraiment vivre comme vous l'entendez ?"
Elle sourit.
" C'est tant mieux. Surprenant, mais tant mieux. Je suppose que c'est déjà tellement le bordel chez eux qu'ils n'ont pas le temps de s'occuper de la province... Vous devez recevoir des réfugiés manostiens, maintenant, je suppose."

[Althéa]

"Je ne sais pas vraiment pourquoi mais à Cojum, nous sommes préservés de l'influence manostienne. Peut-être parce que nous sommes trop isolés de par le relief. J'ai l'impression que le conseil manostien ne s'est jamais vraiment intéressé à nous à part pour le vin. A part ça, ils nous laissent tranquilles. Et oui, c'est tant mieux."

Mais tout n'était pas permanent et elle savait que pour l'instant, les habitants de Cojum avaient de la chance de vivre loin de la rigidité manostienne.

"Pour le moment, peu de gens quittent Manost. J'ai l'impression que les gens qui ont toujours habité la cité refusent de la quitter, comme s'ils s'étaient accoutumés à elles."

Angèle hocha la tête. Le rigorisme avait instauré de manière très insidieuse et progressive. Maintenant, beaucoup ne juraient que par lui. Surtout depuis la fin de la guerre.

[Galathée]

" Alors je suppose que c'est pour un mieux. Si cela plait aux gens, je veux dire. Ça semble assez dingue, pour un Luménien, mais j'imagine que le contraire est vrai. Quand c'était la dictature, ici, dans les premiers temps, tous ceux qui avaient les moyens de fuir l'ont fait. Après, c'est devenu impossible. Mais ce n'était pas un changement insidieux, c'était une révolution. Même si beaucoup de gens, qui en avaient marre du pouvoir corrompu, ont cru que ce serait formidable. Les gens sont parfois bêtes... Un tyran a rarement l'intérêt du peuple en tête. Ou alors pas longtemps."
Elle haussa les épaules.
" Mais tant mieux pour Cojum. C'est rare, les cités riches où les gens sont tous contents. Sans doute devriez-vous parler de son modèle. Vous feriez des émules. Evidemment, ça dépend toujours des ressources à disposition. Le vin, c'est pas mal."

[Althéa]

"C'est peut-être à cause du vin que nous sommes toujours contents, plaisanta Amélie que la constitution empêchait de boire plus d'un verre d'alcool, avec un peu de chance les gens se réveilleront à Manost."

Elle échangea un regard avec Angèle qui haussa les épaules. Oui, un réveil était certes possible. Mais ensuite ? Amélie pensait-elle que le gouvernement pointé du doigt retirerait ses décrets et ses lois avec des excuses ?

Il faudrait que les habitants de la cité du vigilant apprennent à désobéir.

[Galathée]

Flore n'en pensait pas davantage — elle n'avait pas l'expérience de Dorrandin, après tout, et sans doute pas de raison particulière de s'y rendre — et laissa Amélie finaliser sa commande. Elle lui tendit un parchemin pour qu'elle écrive les noms et les quantités nécessaires de chacun des pigments, la guida pour certaines teintes qui avaient tendance à se dénaturer dans le verre, pour en choisir d'autres, souvent plus franches à l'oeil nu, mais qui réagiraient mieux à la lumière.
Si leurs emplettes étaient terminées, Angèle et Amélie n'avaient plus qu'à musarder jusqu'à la fin d'après-midi, avant de rejoindre la demeure des Soeurs Novembre.

[Althéa]

Amélie s'était laissée guider par Flore, modifiant à chaque fois ce qu'elle lui indiquait. Elle avait totalement confiance en son expertise. Puis elle nota en s'appliquant les numéros de chaque couleur. La transaction terminée, elle remercia chaleureusement la jeune femme en lui promettant de revenir bientôt.

Elles se retrouvèrent de nouveau oisives. Il était encore trop tôt pour retrouver les soeurs Novembre. Aussi prirent-elles sans vraiment se concerter la direction duparc verdoyant.

[Voyageuse]

quête : influenceurs...

Le soir était tombé lorsque Gabriel, suivi par Swan qui ne le lâchait pas d'une semelle, quittèrent les quartiers nord de la cité pour pénétrer dans les ruelles autrement plus chaleureuses de la zone portuaire.
Il y avait tout d'abord le secteur des artisans, avec des menuisiers, un tailleur de pierre, la devanture d'un forgeron vantant ses armes ; un peu plus loin, Gabriel savait qu'il trouverait la taverne de la Bienveillance, la plus grande auberge de la ville. Quelque part, plus loin sur leur droite, se trouvaient la grande esplanade, dominée par le temple de Waukyne qui abritait le marché quotidien, ouvert à toute heure du jour et fort tard dans la soirée. Au-delà du marché, à l'ouest, se trouvait le port lui-même, avec le quai d'embarquement, le débarcadère, la capitainerie et les douanes. Et droit devant eux s'étendait la zone commerciale, immense, et incroyablement fréquentée même à cette heure tardive -surtout à cette heure tardive.
" Où va-t-on?" questionna Swan, intrigué par le projet de Gabriel, et visiblement un peu perdu dans cette foule.

[Cendres]

Gabriel s’arrêta de marcher et s’adressa à Swan en le tenant par les épaules.
« Swan, tu es barde…oui,… j’ai une idée pour signifier à Anita que je suis à Lumenis. Mais pour cela, saurais-tu composer une chansonnette qui touche le cœur des hommes sur le thème d’une amitié sans faille entre un familier et une rôdeuse ?
Ce familier doit-être une chouette nommée Aquila,… La rôdeuse et Aquila ont été séparées lors d’une bataille contre des esclavagistes ithilliens… Mais, pleine d’espoir, Aquila chante et survole toutes les nuits, la cité de la lumière pour la retrouver…
Qu’en-penses-tu ? Tu pourrais chanter à la taverne de la Bienveillance… ? »