[Lieu] Les collines Rouges

[ZOLTAN]

Pabon, reparti immédiatement voir ses jeunes copains halfelins, malheureusement ils s'étaient éparpillés et la recherche fut plus compliquée malgré la grandeur modeste du village.

Sans le faire exprès, il surprit en furetant, certaines bribes de conversations entre les halfelins qui ne l'avait pas vu. Ce n'était pas la crainte, ni une suspicion exagérée qui prédominait, c'était l'espoir que quelque chose allait arriver pour améliorer la situation actuelle.

Pabon se promis de demander à ces amis quelle était cette fameuse situation, quand une légère tape sur le dos et un chuchotis de Rafie, le firent retourner à la clairière. Immédiatement on vit un chapeau oscillant dangereusement sur un moulinement rapide de 2 petites jambes.

[Kasumi]

Une fois arrivé à la clairière, la voix de Rufie se fit entendre sans aucune surprise :

- Bien, tu as fait forte impression : on ne parle plus que de ce "nouveau jeune étrangeret ses histoires" à la taverne. Je n'aurais pas choisi l'approche de la célébrité mais ta technique a ses avantages : si tu te rends là bas, attends-toi à un interrogatoire en règle mais sans doute pas à de l'hostilité. Tout de même, tu devrais réunir quelques-uns de tes soutiens par prudence. Cela ne devrait pas être très compliqué de les convaincre de t'accompagner.

[ZOLTAN]

- Je les avait presque retrouvé quand tu m'a interrompu, mais tu as raison, un peu de soutien n'est pas inutile. A tout à l'heure dans la taverne.

Il refila à fond de train, le chapeau oscillant, vers le village.
Décidément pensa Rufie, Pabon avait besoin d'une bonne leçon de discrétion, et ce ne serait pas du luxe.

Peu de temps après, il entrait dans la taverne escorté par les 3 jeunes bavards halfelins, les regards se tournèrent vers lui et le silence se fit. Pabon compris que cela ne durerait pas et se prépara à la premier question.

Torshar Boisvert ressorti du repère des voyous halfelins avec quelques réponses.
Jimmy avait comprit qu'il devait être bavard s'il voulait que Torshar lui donne l'antidote d'un poison qu'il avait soi-disant avalé plus tôt dans la matinée. C'était du bluff mais cela avait bien marché, la réputation de Torshar avait son utilité parfois.
Il entreprit de retrouver Frago le justicier afin de lui indiquer sa prochaine étape, cela avait marché une fois, pourquoi pas deux.

[Kasumi]

Toutes les conversations s'étaient brusquement interrompues à son entrée mais, à peine Pabon eut fait quelques pas en direction du comptoir flanqué par son escorte que plusieurs halfelins âgés l'entourèrent à leur tour et plusieurs d'entre eux se mirent à parler en même temps sans vraiment faire attention à lui :
- Quel toupet de se présenter ainsi !
- Et tu préfèrerais qu'il se cache comme les deux autres ?
- Oui, qu'est-ce qu'ils viennent faire aux Colline Rouges ?

Le halfelin derrière le comptoir leva une main pour ramener le silence et la petite foule se dispersa pour laisser le passage aux jeunes. Alors seulement, il inrevint à son tour :

- On nous a rapporté que tu aurais de la famille par ici. Pourtant personne ne t'a jamais vu aux Collines Rouges... Voyons, tu dois avoir juste l'âge pour une pinte alors viens t'asseoir et nous raconter ça.

***

Ils avaient eu une bonne inspiration en venant ici : le maître cherchait des informations sur ces dissidents halfelins et ils avaient entendu cette histoire de communauté bizarre isolée. Ils avaient pris l'initiative de venir enquêter. Et ainsi être les premiers à rapporter de précieuses informations qui leur vaudraient les honneurs dans la guilde. Et sans doute aussi une belle somme rondelette. Les halfelins du coin étaient méfiants mais ce n'étaient que des paysans : il suffisait d'attendre la nuit pour tromper leur vigilance et enquêter.

[ZOLTAN]

Pabon répéta l'histoire qu'il avait déjà raconté aux jeunes, mais sans les fioritures épiques et avec un léger mensonge: il n'avait plus vu son accompagnateur magicien depuis Evendum car il avait des recherches à faire. Techniquement il avait peu vu Rafie après tout.
Il attendit patiemment les questions qui ne tardèrent pas et y répondit sans paraitre gêné le moins du monde.
Il montra même quelques billets rédigés par sa probable famille pour convaincre les habitants de rouges collines.

L'effet de la pinte de bière commençait à lui chauffer les joues et les oreilles, il pris sur lui de ne pas pousser la chansonnette pour attendre le verdict des clients de la taverne. Il pourra toujours le faire si tout se passe bien.
Hélas, Pabon ne pouvait admettre que sa manière de chanter ne contribuait pas à ce que tout se passe bien.

Frago et Grunt se rendaient à l'auberge non loin de la crique du croc, où 2 halfelins auraient "mis la pagaille" il y a peu.
Frago avait eu ce renseignement par le même halfelin à la cape verte déjà rencontré à Antelucas. Ce dernier semblait les suivre et cela commençait à inquiéter Frago qui n'aimait pas que quelqu'un regarde derrière son dos.
L'attitude de Grunt prouvait qu'il était passé il y peu sur ce chemin. Ils étaient sur la bonne piste pour retrouver ce Pabon.
Frago accèlera le train de son cheval, Grunt suivait en courant sans problème.

[Kasumi]

Pabon se sentit de plus en plus à son aise à mesure du déroulé de son histoire : le public semblait moins ouvertement hostile mais peut-être cette impression était-elle faussée par le taux d'alcool particulièrement élevé de la production de la brasserie artisanale locale. Certes, la bière avait goût de navet mais le jeune halfelin manquait de points de référence pour émettre une critique oenologique précise.

Au final, la prise de risque sembla payante car plusieurs anciens qui n'avaient pas tardé à accompagner sa dégustation se proposèrent pour examiner les documents apportés par Pabon. Les commentaires et conjectures commençèrent à fuser, aussitôt démenties ou corroborés voire les deux à la fois.

[ZOLTAN]

Le ronron de la discussion commençait à faire son effet, Pabon avait du mal à en garder le fil et ses yeux devenaient vitreux.
Il sentit un pincement ferme dans la partie charnue de son anatomie située à l'arrière et en dessous de la ceinture.
Il se retourna mais ne vit personne. Son cerveau analysa ce fait, mais l'alcool aidant, Pabon ne fit pas le rapprochement avec une tentative de Rufie de le garder éveillé. Il regarda les protagonistes du débat et déclara:

- Ils sont vraiment agressifs les rats par ici ! Y'en a un qui m'a mordu la fesse.

Un silence se fit à cette remarque saugrenue, un des halfelins fit semblant de visser son nez avec sa main ce qui déclencha l'hilarité générale. Pabon rigola avec les autres satisfait avoir fait une bonne plaisanterie sans avoir vu le geste signifiant qu'il était pompette.
L'un d'entre eux lui donna une grande claque dans le dos ce qui fit chuter son chapeau. Pabon semblait être adopté par l'assemblée.

[Kasumi]

On lui proposa d'emblée un autre verre et Pabon constata que la réserve des débuts n'avait plus court : tous ou presque s'étaient mis à écouter et à boire, voire à commenter les échanges à défaut de fournir des réponses au halfelin. L'alcool continua de faire son effet et Pabon eut soudain la sensation que sa tête étaiot sur le point de se dévisser de son cou. Le bourgmestre-tenancier se hâta pour l'attraper avant qu'il ne s'effondre de son tabouret.

La suite fut très flou : on le mena vers un escalier où ses jambes peinèrent à le porter. Il crut comprendre que l'on ferait des recherches sur les papiers qu'il avait laissé... Et il se réveilla sur un lit défait avec un mal de crâne carabiné.

[ZOLTAN]

Il avait un mal fou à décoller sa langue de son palet, et quand il réussi enfin à ouvrir les yeux qui semblait collé comme sa langue, il ne reconnaissait rien de se qu'il voyait autour de lui.
Il se gratta longuement les cotes et la tête puis entreprit de descendre du lit avec un minimum de dignité. Accroché au bord du lit, il resta sans bouger un long moment et accrocha par hasard sa main au pendentif invisible.
D'un œil glauque il tenta de distinguer ce qu'il avait dans la main, rien.
Péniblement il réussit enfin à ouvrir les deux yeux en même temps, toujours rien.
Sans plus de réflexion il cria Rufiiie, sa tête manqua d'exploser. Il en resta là pour tout exercice physique, son cerveau n'étant pas en état de marche, il attendit que quelque chose se passe; sans bouger, parler ou réfléchir.

[Kasumi]

Les draps qui le recouvraient certainement pendant la nuit avaient roulé en boule au sol et il ressentit une certaine fraîcheur sur sa peau nue. Un examen douloureux lui apprit qu'on l'avait dépouillé de tous ses vêtements ou presque. Pour ce qui l'en savait, peut-être les voleurs avaient aussi emporté son cerveau et sa volonté. Il en était là de ses réflexions quand une voix familière se fit entendre, très proche, trop proche de son oreille :

- ON SE RRREVEILLE LA DEDANS !

[ZOLTAN]

Pabon lâcha le lit pour se boucher les oreilles, se faisant, sa tête bascula sur le lit, rebondit et entraîtra tous le reste vers l'arrière. C'est donc un halfelin assit par terre, complètement désorienté et passablement hébété qui découvrit le maudit corbeau responsable de sa situation actuelle.

- Doucement Charbon, j'ai mal à la tête... Ils m'ont tout volé ou tout est ranger quelque part ? j'ai un peu froid. Où est Rufie ?

Charbon sautait d'une patte sur l'autre, ce qui montrait son amusement de la situation mais n'arrangeait pas la vision approximative de Pabon.

[Kasumi]

Le maudit volatile prit encore une seconde un plaisir sadique à lui sauter sur la tête pour y sautiller conscienceusement avant de se mettre prudemment hors de portée et lui répondre d'un ton moqueur :

- Tu as l'air aussi frais qu'un hareng laissé à l'abandon sur un étal pendant quinze jours ! Tu ne te rappelles vraiment rien ? Comment tu as t'es effondré à la troisième pinte ? Comment les gentils halfelins t'ont amené à cette chambre en te soutenant comme un sac ? Ni de la jolie halfeline qui s'est occupée de te mettre à l'aise ? Oh, elle sera très déçue ! Et sinon... toutes tes affaires sont dans ce coffre.

Il désigna d'un mouvement de bec un meuble à l'autre bout de la petite chambre.

[ZOLTAN]

Pabon était à la fois soulagé de n'avoir pas été volé et embarrassé qu'une halfeline soit mêlée à cet épisode peu glorieux.
Il entreprit de s'habiller avec ses affaires rangées dans le coffre, il ne manquait rien. Puis se retourna vers Charbon:

- Tu ne m'as pas dit où était Rufie !

Frago et Grunt revenaient bredouille de la crique du croc, il faut dire qu'un 1/2 orque beuglant le non de Pabon, ça n'insiste pas les contrebandiers à faire des confidences. Ils étaient repartis sur le chemin menant vers le nord, le seul qu'ils n'avaient pas encore emprunté. Ce chemin longeait une forêt assez importante côté ouest et menait à un lieu désigné par l'aubergiste comme "les collines rouges".

[Kasumi]

Charbon se dandina d'une patte sur l'autre avant de répondre, penaud, à la question :

- Le Maître ne partage pas toujours ses intentions avec son si fidèle serviteur ! Il a dit qu'il partait s'occuper de pèlerins inattendus et que je devais veiller sur toi. Il a aussi mentionné des espions et un sanctuaire en ruine à l'est du village mais c'était assez confus. Il ne m'a pas donné de détail mais il a dit que tu saurais le retrouver dès qu'il en aurait terminé.

[ZOLTAN]

- La clairière ! Allons y ! Pabon s'arrêta juste avant d'ouvrir la porte.
- Charbon il serai bien que tu disparaisses, les halfelins de l'auberge risque d'être surpris de me voir avec toi.
Le corbeau disparu et Pabon descendit dans la salle commune de l'auberge. Quelques remerciements plus tard et quelques quolibets bienveillants, il sorti prétextant un besoin de "prendre l'air" et pour dissipé son mal de tête.

Arrivé à la clairière, Pabon entrepris de compléter son journal intime sous les yeux d'un Charbon qui se tenait sur une branche afin de surveiller toute incursion surprise. Pabon se doutait bien que les jeunes halfelins devaient le chercher pour qu'il leur conte les détails de son aventure, et avait fait en sorte de les éviter, mais ils connaissaient ce petit bois car c'est eux qui lui avaient indiqué l'emplacement.

Le plus gros problème c'était qu'il avait faim et cela était plus fort que l'état nauséeux que tout un chacun aurait ressenti après une bonne cuite.

[Kasumi]

Une voix brisa le silence, faisant sursauter le halfelin :

- Tu en as mis du temps, dis donc : j'espère au moins que c'est la petite Rosie qui t'a retardé au lit !

Quand Pabon se tourna dans la direction de la voix, il dut être surpris d'y voir Rufie qui avait troqué son invisibilité pour une forme translucide évoquant un fantôme. Devançant sa question surprise, le dieu entreprit d'expliquer sa situation :

- Désolé de ne pas pouvoir être présent autrement que par projection mais je vais devoir te demander encore un petit service : c'est assez gênant... Je suis enfermé, vois-tu... Et il me faudrait un bon voleur pour venir me libérer...

[ZOLTAN]

- Si c'est être discret et crocheter une serrure alors d'accord, mais je suis pas un voleur ! Bon, quelques documents mais pas d'argent !

Pabon sauta du tronc d'arbre abattu où il se trouvait et enchaîna vers l'apparition:

J'espérais que tu m'apportes à manger mais ça attendra. Où te trouves tu ?

Une rapide analyse de l'impact du médaillon sur la physiologie de ceux qui le portent, donne ce constat:
porté par le vieux prêtre de Brandobaris, il lui a apporté soins et longévité
porté par la mère de Pabon, il lui a apporté la fécondité qui lui manquait
porté par Pabon, il lui a apporté une protection contre les effets magiques hostiles

Personne ne sait d'où il tire sa puissance, mais le fait que Pabon soit né grâce à son intervention expliquerai peut-être qu'il soit encore plus lié à l'halfelin et puise une partie de son énergie.
Cela expliquerait l’appétit excessif et son besoin de se reposer plus important.
Son dynamisme naturel et l'enchaînement de ses aventures ajoutaient à ce déséquilibre.

Rufie en était arrivé à ce niveau de réflexion et se promis d'en parler à Oghma, un des rares dieu en qui il avait confiance pour garder un secret tant les choses n'étaient pas avérées, car là évidement il devenait le plus gros bavard de la création.
Entre le dieu de la discrétion et le dieu du savoir, tout n'était pas simple, mais c'était plus un jeu qu'une guerre.

Seul leur moyen de s'exprimer était en totale opposition, mais ils étaient aussi curieux et avide d'informations l'un que l'autre. Leur neutralité face aux événements déchirants les autres dieux, les poussaient à échanger leurs avis quitte à mettre en commun ces fameuses informations encore partielles. Cette attitude complice leur avait sauvée la mise plus d'une fois, Oghma et Brandobaris n'étaient pas sans ennemis parmi les dieux.
L'un révélait ce que certains auraient voulu rester secret, l'autre mettait son nez partout et surtout dans ces fameux secrets.
Ils sont en fait, le chien et le chat qui mange dans la même gamelle, et souvent cette dernière appartenait à une autre divinité.
...
Et puis Oghma adorait voir et commenter les entourloupettes de Brandobaris. Une sorte de divertissement sans risque et par procuration.

Cette fulgurante analyse faite, Rufie répondit enfin à Pabon.

[Kasumi]

Rufie semblait avoir du mal à conserver son flegme habituel quand il répondit d'une voix décontenancée sinon paniquée :

- Où je suis est malheureusement la question la plus simple : je suis au milieu du sanctuaire bâti sous les Collines Rouges. "Quand" je suis est légèrement plus problématique : je - ou plutôt mon moi du passé - me suis piégé dans la gemme d'âme de mon temple. J'ai voulu la réactiver mais elle a a aspiré mon essence.

Conscient que ces informations risquaient de prendre du temps à être intégrées par son jeune protégé, le dieu marqua une longue pause avant de lui donner des instructions plus précises :

- Ecoute, il faut que quelqu'un me rejoigne dans la salle centrale pour mener un petit rituel de rien du tout : il y aura juste quelques serrures complexes à crocheter, un ou deux menus pièges à éviter et peut-être aussi un gardien dont il ne faudra pas attirer l'attention. Je suis sûr que tout cela est dans tes cordes ! Oh, et bien sûr, deux concurrents à devancer mais ils sont bien moins malins que tu ne l'es et ils ne disposent pas de ton talisman !

[ZOLTAN]

Pabon mis un certain temps à comprendre la situation, mais réagit ensuite avec enthousiasme.

- Ne t'inquiète pas, j'arrive ! Euh, où est l'entrée du temple ? Tu comprends, je voudrais pas attirer l'attention des deux autres en demandant à l'aubergiste ou un autre. En plus c'est pas dit qu'ils me répondent sans interrogations gênantes pour nous deux.

[Kasumi]

Rufie appréciait les soucis de discrétion - inhabituels pour Pabon - et ne fit cette fois aucun mystère pour indiquer comment se rendre à l'entrée du temple souterrain : D'après lui, il comportait plusieurs issues dont la plupart débouchaient dans le hameau. Il y en avait cependant une, bine plus discrète, qu'il pourrait trouver dans la cave d'une cabane à la périphérie des Colines Rouges.

A l'aide de ses indications précises ainsi que de l'aide d'un précieux éclaireur incarné par Corbeau, le jeune halfelin parvint sans trop de peine à une masure décrépite visiblement abandonnée depuis des lustres. Il y localisa une trappe en trébuchant sur son bord à demi relevé et se rendit ainsi dans une cave manifestement bien plus ancienne que le bâtiment de surface.

On y trouvait de nombreux bas reliefs gravés finement sur les murs taillés à même la colline. Dès qu'il fit quelques pas dans la pièce, une série de torches et de bougies s'illuminèrent d'un éclat bleutépour lui révéler davantage de détails : un autel érigé au centre de la pièce carré sur lequel étaient négligemment disposés des coupes en or débordant de gemmes précieuses, de petites statuettes en métaux rares et des empilements précaires de monnaies étrangères. Un véritable trésor de roi !

Le médaillon de Pabon se mit à vibrer furieusement quand il s'en approcha encore, signe d'un danger imminent. Mais il n'avait plus qu'à tendre la main pour s'emparer de la fortune qui lui permettrait de vivre grassement durant le reste de ses jours...

[ZOLTAN]

Pabon regarda le trésor tentateur mais n'y toucha pas.
Son Papou et sa Mamou lui avaient légué déjà une fortune en joyaux qu'il avait récupéré lors de son dernier passage à leur logis.
C'était bien caché dans la doublure de son sac à bretelles qu'il portait sur son dos.
De plus ce n'était pas drôle de prendre ces objets alors que personne ne semblait les surveiller, au moins les autres fois dans la grotte de la crique du croc ou à la caserne d'Evendum, il y avait l'excitation du danger.

Les bas reliefs l'intéressaient beaucoup plus, et il découvrit rapidement le symbole recherché, l'empreinte de pas de Brandobaris qui figurait aussi sur la pierre de son médaillon. Il posa ses doigts sur les orteils mais rien ne se passa.

- Essaye avec tes orrrteils ! croassa Charbon

Pagon ôta sa botte et sa chaussette et appliqua son pied sur l'empreinte stylisée, un pan de mur glissa sur le côté, révélant un passage secret dont les torches s'allumèrent comme pour la pièce où il était. Les recommandations de la voix de Rufie lui revinrent en mémoire: les pièges.
C'est donc prudemment qu'il se mis en route dans le passage.

[Kasumi]

HRP : l'aventure ne serait pas excitante sans un peu de risque : peux-tu me jeter un dé 20 ?

Le passage secret avait révélé un couloir débouchant sur une salle circulaire qui semblait cette fois plus bâtie que creusée. Il y avait des dalles au sol et les murs étaient parfaitement lisses quoique largement poussiéreux. En plus de l'issue qu'il venait d'emprunter, trois autres couloirs partaient à intervalles réguliers. Au centre de la pièce se tenait fièrement une statue plus vraie que nature représentant Brandobaris. Ou en tous cas, l'avatar qu'il incarnait depuis qu'il était apparu à Pabon. La statue pointait malicieusement du doigt deux directions contradictoires : celle de gauche et celle du fond. En outre, le médaillon que portait le halfelin se mit à nouveau à vibrer, penchant vers le couloir de droite.

[ZOLTAN]

HRP: 8

Pabon fit une courbette ironique à la statue puis se dirigea vers la droite. L'inclinaison du médaillon confortait le choix qu'il avait fait, sachant la rouerie de Rufie. Il redoubla cependant de prudence, si c'était le bon couloir, il devait être truffé de pièges à la hauteur des adeptes de Brandobaris. Son long apprentissage chez les bateleurs l'avait préparé à la recherche et au désamorçage des pièges mais ces derniers étaient surement plus rustiques que ceux qui l'attendaient.

- Rufie, t'es là ? cria t-il dans le passage en espérant une réponse encourageante.

[Kasumi]

HRP : argh, un maudit 3 !

Le seul bruit su'il obtint en réponse fut un cliquetis inquiétant et le grattement d'une dalle de pierre - que rien ne distinguait jusuque-là de ses voisines - s'enfonçant juste sous son pied. Pabon vécut une seconde d'angoisse avant qu'un son de ressort cassé n'apaise sa tension et que la dalle retombe mollement sans autre effet. Il y avait eu un piège ici. Mais soit était-il déjà désamorçé, soit était-il trop usé et mal entretenu pour avoir fonctionné comme prévu par son concepteur.

Rappelé à l'ordre par cet événement malgré tout sans conséquence, Pabon put éviter instinctivement deux autres pièges du même ordre avant d'arriver dans une nouvelle salle comportant trois nouvelles issues en plus de celle d'où il provenait. Ici trônait une nouvelle statue du dieu chapardeur. Sa main gauche indiquait sans doute possible le couloir de droite. L'ennui était cette fois que son autre bras avait été brisé net et gisait au sol.

S'agissait-il d'un effet secondaire de cette dégradation, le médaillon que le halfelin portait autour du coup ne vibra cette fois pas pour lui indiquer le bon choix entre le couloir de gauche et celui du fond.

[ZOLTAN]

Pabon opta pour le couloir du fond. Il rencontra deux pièges qu'il désamorça sans trop de difficulté, cela l'inquiéta, c'était trop facile.

Un peu plus loin, alors qu'il observait de près une dalle empoussiérée, une série de fléchettes passèrent au dessus de sa tête, un halfelin debout aurait été transformé en pelote d'épingles.
Conscient du danger, il continua prudemment et aperçu la fin du couloir débouchant sur une pièce éclairée. Il prit sur lui pour ne pas s'y précipiter. Un mouvement insolite s'opéra lors qu'il quitta la dalle sur laquelle il se trouvait et le sol du couloir se déroba devant lui révélant un énorme trou noir jusqu'à la pièce. Il lui était impossible d'aller plus loin.

- Rufie, t'es là ?

Comme il n'y avait toujours pas de réponse, il tourna la tête vers Charbon perché sur son sac à bretelles:

- Tu ne pourrais pas voler et voir où est ton maître ?

[Kasumi]

Le corbeau hocha la tête dans une attitude qui singeait parfaitement les humains avant de s'envoler à tire d'aile. Il virevolta au-dessus du gouffre avant de repartir par le couloir dans le dos du halfelin.

Avant que ce dernier ait pu le rappeler ou lui emboîter le pas, des voix se firent entendre en-dessous de lui :

- Fais gaffe Tifus ou tu fous les pieds, le plafond vient juste de s'effondrer !
- Hey, c'est pas ma faute : tout ce clapier est complètement moisi. On ne trouvera rien d'intéressant par ici !
- Tais-toi et avance : on approche du but. Le maître sera fier de nous et nous récompensera. Si seulement tu ne nous fais pas tuer avant.

[ZOLTAN]

Pabon était partagé. D'un côté, il était tenté de les suivre discrètement en descendant dans le trou du plancher, d'un autre côté, attendre Charbon pour rejoindre Rufie avant ces sbires appartenant sûrement à la main rouge.

Il décida qu'il y avait suffisamment de pièges pour ne pas rajouter la difficulté de suivre discrètement des espions, il attendit donc le corbeau.

Entre temps un compagnon de Jimmy Dent-creuse, avait discrètement rejoint Torshar Bois-vert pour lui livré une information.
C'était un espion glissé dans le groupe de la main locale, mais qui travaillait en fait pour la main rouge. Il informa Torshar qu'une opération d'infiltration était en court dans une région du nord susceptible d'être la cachette des halfelins recherchés.
Il n'avait pas d'autres détails mais indiqua l'endroit où son chef avait trouvé refuge dernièrement.
Torshar décida de s'y rendre le lendemain. Il était mécontent de n'avoir pas été accueilli comme il se doit à son arrivée au port, mais il pouvait comprendre qu'une situation particulière puisse l'avoir empêché. Une mise au point s'imposait.

[Kasumi]

Le corbeau se fit attendre, faisant douter Pabon d'avoir pris la bonne décision. Mais, au moment où il allait se raviser, le volatile réapparut et vint se percher sur son épaule. De sa voix croassante, il lui fit un rapport circonstancié : Rufie se trouvait au centre de son propre temple et il avait découvert un raccourci pour que Pabon puisse s'y rendre en devançant ses adversaires.

Le corbeau se proposa de lui montrer le chemin, faisant rebrousser chemin au halfelin avant de lui désigner un loquet derrière une tapisserie mitée. Un passage étroit et sombre - peu engageant au possible - permit à Pabon de s'enfoncer dans les profondeurs de la construction. L'obscurité était telle que Pabon devait s'en remettre au toucher pour garder sa trajectoire et son équilibre dans ce chemin encombré de gravats. Ses efforts finirent toutefois par payer de succès lorsqu'il se heurta contre une nouvelle lisse verrouillée par un autre loquet.

Là, dans une lumière bleutée s'ouvrait une grande salle circulaire à plusieurs niveaux, bien plus vaste qu'il n'aurait pu s'y attendre. Des marches faisant tout le tour de la grande salle permettait d'atteindre une grande esplanade au centre de laquelle trônait un autel entouré de quatre pilliers. La source de la lumière bleutée était évidente : une sorte de bouclier relié aux autres piédestaux la dispensait tout en retenant captive, une silhouette qui se contorsionnait en vain. Pabon y reconnut aussitôt la forme familière de son divin compagnon de voyage.

[ZOLTAN]

Pabon monta les escaliers et arrivé au niveau de Rufie n'eut que cette réflexion:

- Ben crotte alors ! Comment t'as fait ton compte ?

[Kasumi]

Rufie mit un moment à redresser la tête pour croiser le regard de Pabon. Et quand il répondit, sa voix semblait ralentie, hachée et provenir de très loin :

- Ah... Pabon, enfin là ! ...été piégé... Brandobaris. Tu... un moyen... les piliers.

La silhouette de Rufie s'agita encore une fois comme pour éprouver la solidité de ses chaînes éthérées par pure frustration mais il finit par renoncer, impuissant.